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FACULTE DE DROIT ET DES SCIENCES ECONOMIQUES DE

LIMOGES Année universitaire 2022-2023

PLAQUETTE DE TD
DROIT DES AFFAIRES (LES GROUPEMENTS)
LICENCE DROIT 3 - SEMESTRE 5

Organisation du contrôle continu :

Lors de chaque séance de TD, nous nous concentrerons sur un seul


arrêt, pour lequel il vous sera demandé d'en faire un commentaire
entièrement rédigé, ceci pour vous entraîner à la colle et à l'examen où
c'est ce type d'exercice qui sera donné.

Remarque : les fiches étant d’un volume très raisonnable, il y aura une
séance de travaux dirigés la semaine de la colle.

Modalités de notation :

La note de TD sera calculée de la façon suivante : la note de la colle


pour les 2/3 + la note de la meilleure préparation de TD rendue pour 1/3
+ des points bonus de participation orale.

Il vous appartient donc de rendre au minimum un commentaire d'arrêt


dans le semestre, remis à votre guise à la fin du TD au cours
duquel l’arrêt aura été étudié (et pas la semaine d'après...). Aucune
préparation ne sera ramassée autoritairement.

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CONTENU

Séance 1 – Principe de spécialité et personnalité juridique

Séance 2 – La lucrativité

Séance 3 – La question du risque

Séance 4 – Le contrat de société

Séance 5 – Le contrat d’association

Séance 6 – La situation des groupements non personnifiés

Séance 7 – L’exercice abusif du droit de vote

Séance 8 – La responsabilité civile des dirigeants

Séance 9 – Discipline interne

Séance 10 – Transformation et disparition des personnes morales

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SEANCE 1 – Principe de spécialité et personnalité juridique

Travail : Commentez l’arrêt suivant :

Cass. Civ. 2ème 28 janv. 1954 (Gds arrêts Jp civile, tome 1, p. 134, observ. Y. Lequette ; D.
1954, 217, note G. Levasseur ; J.C.P. 1954, éd. G, II, 7978, concl. Lemoine ; Droit social, 1954,
161, observ. P. Durand)

Sur le moyen unique pris en sa seconde branche :

Vu les articles 1er paragraphe 2 et 21 de l’ordonnance législative du 22 février 1945, 1er du


décret du 2 novembre 1945 ;

Attendu que la personnalité civile n’est pas une création de la loi ; qu’elle appartient, en
principe, à tout groupement pourvu d’une possibilité d’expression collective pour la défense
d’intérêts licites, dignes, par suite, d’être juridiquement reconnus et protégés ; Que, si le
législateur a le pouvoir, dans un but de haute police, de priver de la personnalité civile telle
catégorie déterminée de groupements, il en reconnaît, au contraire, implicitement mais
nécessairement, l’existence en faveur d’organismes créés par la loi elle-même avec mission de
gérer certains intérêts collectifs présentant ainsi le caractère de droits susceptibles d’être
déduits en justice ;

Attendu qu’après avoir, en son article 1er, institué des comités d’entreprises dans toutes les
entreprises qu’elle énonce, l’ordonnance susvisée dispose : “le comité d’entreprise coopère
avec la direction à l’amélioration des conditions collectives du travail et de vie du personnel,
ainsi que des règlements qui s’y rapportent” ; “Le comité d’entreprise assure ou contrôle la
gestion de toutes les oeuvres sociales établies dans l’entreprise au bénéfice des salariés ou de
leurs familles ou participe à cette gestion ... dans les conditions qui seront fixées par un décret
pris en Conseil d’Etat” ; “Le décret déterminera notamment les règles d’octroi et l’étendue de
la personnalité civile des comités d’entreprises” ;

Attendu que l’article 21 de la même ordonnance est ainsi conçu :

”Dans les entreprises comportant des établissements distincts, il sera créé des comités
d’établissements dont la composition et le fonctionnement seront identiques à ceux des
comités d’entreprises définis aux articles ci-dessus, qui auront les mêmes attributions que les
comités d’entreprises dans la limite des pouvoirs confiés aux chefs de ces établissements ; “Le
comité central d’entreprise sera composé de délégués élus des comités d’établissements” ;

Attendu que, pour déclarer irrecevable l’action intentée contre le sieur X..., en remboursement
du prix d’un marché de vêtements prétendu non exécuté par le Comité d’établissement de
Saint-Chamond de la Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine et d’Homécourt,
représenté par son Président, le sieur Y..., l’arrêt attaqué énonce qu’un groupement n’a la
personnalité civile que si celle-ci lui a été expressément attribuée ; que le silence de la loi
relativement aux comités d’établissements dans une matière ou une disposition expresse est
indispensable ne peut s’interpréter que comme étant l’expression de la volonté de n’attribuer
la personnalité civile qu’aux seuls comités d’entreprises, l’existence et le fonctionnement des
comités d’établissements devant se confondre avec la personnalité des comités centraux
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d’entreprises et les comités d’établissements ne pouvant contracter ou agir en justice que par
l’intermédiaire de ces derniers ;

Mais, attendu que, d’après l’article 21 précité, la composition et le fonctionnement des


comités d’établissements sont identiques à ceux des comités d’entreprises et ont les mêmes
attributions que ces derniers dans les limites des pouvoirs confiés aux chefs de ces
établissements ; Et attendu que si les dispositions de l’article 1er du décret du 2 novembre
1945, prises en application de l’article 2, alinéa 2 de l’ordonnance législative, ne visent
expressément que les comités d’entreprises, elles impliquent nécessairement reconnaissance
de la personnalité civile des comités d’établissements, celle-ci n’étant pas moins
indispensable à l’exercice d’attributions et à la réalisation de buts identiques, dans le champ
d’action qui leur est dévolu par ladite ordonnance elle-même ; D’où il suit qu’en déclarant,
pour les motifs qu’elle a admis, l’action dudit comité d’établissement irrecevable, la Cour
d’appel a faussement appliqué, et par suite, violé les articles invoqués au moyen ;

PAR CES MOTIFS : CASSE et ANNULE l’arrêt rendu entre les parties par la Cour d’Appel
de Lyon, le 30 octobre 1950, et les renvoie devant la Cour d’Appel de Riom.

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SEANCE 2 – La lucrativité

Travail : Commentez l’arrêt suivant

Conseil d’Etat, 1er octobre 1999 (Gds arrêts Jp fiscale, p. 540 ; D. 2000. 477, note Lenclos ; Dr.
fisc. 2000, no 7, comm. 106, concl. Courtial).

Considérant qu’il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que l’administration
fiscale a estimé que les recettes tirées de la gestion d’une patinoire par l’ASSOCIATION
“JEUNE FRANCE”, ainsi qu’une subvention qu’elle recevait de la ville de Cholet, devaient
être assujetties à la taxe sur la valeur ajoutée ;

Considérant qu’aux termes de l’article 261-7-1° b du code général des impôts, sont exonérées
de taxe sur la valeur ajoutée : “Les opérations faites au bénéfice de toutes personnes par des
œuvres sans but lucratif qui présentent un caractère social ou philanthropique et dont la
gestion est désintéressée, lorsque les prix pratiqués ont été homologués par l’autorité publique
ou que des opérations analogues ne sont pas couramment réalisées à des prix comparables par
des entreprises commerciales, en raison notamment du concours désintéressé des membres de
ces organismes ou des contributions publiques ou privées dont ils bénéficient” ;

Considérant qu’il résulte de ces dispositions que les associations qui poursuivent un objet
social ou philanthropique, sont exonérées de la taxe sur la valeur ajoutée dès lors, d’une part,
que leur gestion présente un caractère désintéressé, et, d’autre part, que les services qu’elles
rendent ne sont pas offerts en concurrence dans la même zone géographique d’attraction avec
ceux proposés au même public par des entreprises commerciales exerçant une activité
identique ; que, toutefois, même dans le cas où l’association intervient dans un domaine
d’activité et dans un secteur géographique où existent des entreprises commerciales,
l’exonération de taxe sur la valeur ajoutée lui est acquise si elle exerce son activité dans des
conditions différentes de celles des entreprises commerciales, soit en répondant à certains
besoins insuffisamment satisfaits par le marché, soit en s’adressant à un public qui ne peut
normalement accéder aux services offerts par les entreprises commerciales, notamment en
pratiquant des prix inférieurs à ceux du secteur concurrentiel et à tout le moins des tarifs
modulés en fonction de la situation des bénéficiaires, sous réserve de ne pas recourir à des
méthodes commerciales excédant les besoins de l’information du public sur les services
qu’elle offre ;

Considérant qu’il résulte des pièces du dossier soumis aux juges du fond que
l’ASSOCIATION “JEUNE FRANCE” dont l’administration ne conteste ni le caractère social
ou philanthropique ni la gestion désintéressée, exploite à Cholet une patinoire dont l’accès est
ouvert non seulement à ses membres, mais aussi à des tiers, parmi lesquels, comme l’a
constaté la Cour, les élèves scolarisés dans les établissements de la ville et des jeunes issus de
milieux défavorisés ; que, pour juger que l’association était passible de la taxe sur la valeur
ajoutée sur les recettes perçues directement des tiers ainsi que sur la subvention versée par la
ville de Cholet, la cour administrative d’appel s’est fondée sur la circonstance qu’il ne
résultait pas de l’instruction que les tarifs pratiqués à l’égard des tiers auraient été dans leur
ensemble inférieurs à ceux pratiqués par des entreprises commerciales qui auraient exploité
un équipement analogue ; qu’en statuant ainsi, sans avoir recherché préalablement si la

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patinoire exploitée par l’ASSOCIATION “JEUNE FRANCE” concurrençait auprès du même
public des équipements identiques exploités dans la même zone géographique d’attraction par
des entreprises commerciales, la cour administrative d’appel a entaché sa décision d’une
erreur de droit ;

Considérant qu’aux termes de l’article 11 de la loi susvisée du 31 décembre 1987, le Conseil


d’Etat, s’il prononce l’annulation d’une décision d’une juridiction administrative statuant en
dernier ressort, peut “régler l’affaire au fond si l’intérêt d’une bonne administration de la
justice le justifie” ; que, dans les circonstances de l’espèce, il y a lieu de régler l’affaire au
fond ;

Considérant qu’il résulte de l’instruction qu’aucun équipement identique à celui de la


patinoire gérée par l’ASSOCIATION “JEUNE FRANCE” n’est exploité concurremment dans
la même zone géographique d’attraction par une entreprise commerciale ; que, par suite,
l’ASSOCIATION “JEUNE FRANCE” dont par ailleurs, ainsi qu’il a été dit, l’administration
ne conteste ni le caractère social ou philanthropique ni la gestion désintéressée, était, en
application des dispositions précitées de l’article 261-7-1° b du code général des impôts,
exonérée de la taxe sur la valeur ajoutée, pour la période allant du 1er janvier 1986 au 31
décembre 1988, sur ses recettes provenant, d’une part, des droits d’entrée acquittés par les
personnes non membres de l’association fréquentant la patinoire et, d’autre part, de la
subvention versée par la ville de Cholet ; qu’il en résulte que le ministre n’est pas fondé à se
plaindre de ce que, par le jugement du 17 novembre 1992, le tribunal administratif de Nantes
a déchargé l’ASSOCIATION “JEUNE FRANCE” de la taxe sur la valeur ajoutée à laquelle
elle avait été assujettie ;

Considérant qu’il y a lieu, dans les circonstances de l’espèce, de faire application des
dispositions de l’article 75-I de la loi susvisée du 10 juillet 1991 et de condamner l’Etat à
payer à l’ASSOCIATION “JEUNE FRANCE” la somme de 12 000 F qu’elle demande au
titre des frais exposés par elle et non compris dans les dépens ;

DECIDE : l’arrêt en date du 9 février 1995 de la cour administrative d’appel de Nantes est
annulé.

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SEANCE 3 – La question du risque

Travail : Commentez l’arrêt suivant

Cour de Cassation, 1re Chambre civile, 17 janvier 2006 (D. 2006, p. 2660, note Bicheron ;
JCP E 2006, 1684, note Lucas ; Rev. sociétés 2006, p. 540, note Legeais)

Sur le moyen unique, pris en ses deux branches :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 14 novembre 2002), que M. X..., en sa qualité d'associé
de la société en nom collectif Promotoit (la SNC), a été condamné à payer à la Banque de
l'économie, du commerce et de la monétique (la BECM), une certaine somme en suite de
l'ouverture de crédit consentie par cette dernière à la SNC qui n'a pu faire face à ses
engagements ; que la BECM a procédé à la saisie des droits que détenait M. X... en sa qualité
d'associé de la société civile immobilière Locaindus (la SCI) ; que les époux X... ont assigné
la BECM en contestation de cette saisie sur le fondement de l'article 1415 du Code civil ;
Attendu que M. et Mme X... font grief à l'arrêt de les avoir déboutés de leur demande de
mainlevée de la saisie pratiquée par la BECM sur les parts sociales détenues par eux au sein
de la SCI alors, selon le moyen :

1 ) que l'article 1415 du Code civil s'applique aux actes par lesquels l'un des époux garantit
personnellement le paiement d'une somme d'argent due par autrui ; qu'en considérant que
l'article 1415 du Code civil n'était pas applicable dans la mesure où M. X... ne s'était pas
engagé en qualité de caution mais uniquement comme associé d'une société en nom collectif
lors même qu'il garantissait ainsi la dette de la société Promotoit, la cour d'appel a violé le
texte susvisé ;

2 ) qu'il résulte de la combinaison des articles 1415 et 1832-2 du Code civil que le
consentement exprès du conjoint à l'engagement de l'autre conjoint doit être spécial ; que
l'information donnée à l'épouse sur un apport de biens communs à une société déterminée
(SCI Locaindus) ne saurait valoir acceptation de celle-ci à un autre engagement du mari relatif
à une autre société (SNC Promotoit) ;

qu'en se déterminant comme elle l'a fait, la cour a violé la combinaison des textes susvisés ;
Mais attendu que c'est à bon droit que la cour d'appel, ayant décidé que M. X... n'avait pas été
condamné en qualité de caution de la SNC Promotoit mais seulement comme associé
responsable des dettes sociales d'une société de personnes, a dit qu'il n'y avait pas lieu
d'appliquer l'article 1415 du Code civil ; d'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi (…)

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SEANCE 4 – Le contrat de société

Travail : Commentez l’arrêt suivant

Cour de cassation, Chambre commerciale, 11 juin 2013 (RTD civ. 2013. 594, obs. Barbier ;
Revue Lamy dr. civ. 2013/109, no 5257, obs. Le Gallou ; Dr. sociétés 2013, comm. 175 , note
Mortier ; Bull. Joly stés 2013, p. 624, note Le Cannu ; JCP E 2013, 1527, note Dondero)

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 14 février 2012), que par acte du 3 avril 2008, M. X...a
promis de vendre à Mme Y...et à M. Z..., qui se sont engagés à les acquérir, une partie des
actions représentant le capital de la société par actions simplifiée Modèles et stratégies, ayant
pour objet la gestion de portefeuilles, dont il était l'actionnaire majoritaire ; que M. X...ayant
refusé, après la levée des conditions suspensives, d'accomplir les opérations nécessaires au
transfert de la propriété des titres, Mme Y...et M. Z...l'ont fait assigner en paiement de
dommages-intérêts ;
Sur le premier moyen :
Attendu que M. X...fait grief à l'arrêt d'accueillir cette demande, alors, selon le moyen, qu'à
l'instar du contrat de société originaire, qui postule l'affectio societatis des associés fondateurs,
la cession partielle de titres sociaux, lorsqu'elle vise pour le cédant à partager le contrôle de sa
société avec de nouveaux associés spécialement choisis à cet effet, exige aussi bien l'existence
d'une affectio societatis de la part du cédant et du cessionnaire, chacun étant appelé à
s'associer et à concourir ensemble à la réalisation de l'objet social ; qu'en l'espèce, M.
X...faisait valoir que la convention de cession n'avait pu se former faute d'affectio societatis
de la part de Mme Y...et de M. Z...; qu'en écartant ce moyen au seul motif que le contentieux
en cause ne concernait pas le contrat de société originaire, les juges du fond ont violé les
articles 1134 et 1832 du code civil ;
Mais attendu que l'affectio societatis n'est pas une condition requise pour la formation d'un
acte emportant cession de droits sociaux ; que c'est donc à bon droit que l'arrêt retient que le
défaut d'affectio societatis en la personne de Mme Y...et de M. Z..., à le supposer avéré, n'a
pas fait obstacle à la formation de la promesse synallagmatique de vente d'actions conclue par
ces derniers avec M. X...; que le moyen n'est pas fondé ;
Sur le deuxième moyen :
Attendu que M. X...fait le même grief à l'arrêt, alors, selon le moyen, que l'affectio societatis
étant requise du cessionnaire de titres sociaux appelé à partager le contrôle de la société avec
le cédant, ce dernier doit être admis à renoncer unilatéralement à l'opération s'il apparaît, une
fois la promesse conclue, que l'affectio societatis fait défaut chez le cessionnaire ; qu'en
décidant le contraire, motif pris de ce que l'affectio societatis ne serait exigée qu'au jour de la
formation du contrat de société, les juges du fond ont violé les articles 1184 et 1832 du code
civil ;
Mais attendu que les conventions légalement formées ne peuvent être révoquées que du
consentement mutuel de ceux qui les ont faites ou pour les causes que la loi autorise ; que
l'absence d'affectio societatis en la personne du cessionnaire de droits sociaux ne constitue pas
l'une de ces causes ; que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi (…)

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SEANCE 5 – Le contrat d’association

Travail : Commentez l’arrêt suivant


Cour de cassation, Chambre commerciale, 20 mai 2010 (Bull. Joly stés 2010, p. 727, note
Libchaber ; JCP E 2010, 1692, note Raynaud ; JCP G 2010, 925, note Planckeel ; Rev. des
contrats 2010, p. 1185, note Péres)

Attendu que la société Sorfoval (le preneur) a conclu le 16 septembre 2000 avec la société
pour l'équipement commercial du Val d'Europe, dite SCI Secovalde (le bailleur), un bail
portant sur des locaux commerciaux situés dans l'espace Val d'Europe Disneyland Paris pour
y exploiter un centre de remise en forme sous l'enseigne Moving ; que le preneur a assigné le
bailleur ainsi que l'association des commerçants de cet espace commercial en annulation de la
clause d'adhésion obligatoire à cette association pendant toute la durée du bail et en
remboursement des cotisations versées ; qu'après avoir annulé la clause litigieuse et condamné
in solidum le bailleur et l'association à rembourser au preneur les cotisations indûment
perçues, la cour d'appel a condamné le preneur à payer à l'association, depuis l'origine du bail
et tant qu'il durera, une somme équivalente aux cotisations prévues au contrat ;

Sur le moyen unique du pourvoi incident de l'association :


Attendu que l'association fait grief à l'arrêt d'avoir constaté la nullité de la clause litigieuse et
de l'avoir ainsi condamnée in solidum avec le bailleur alors, selon le moyen :
1°/ que la clause d'un bail commercial par laquelle le preneur s'engage à adhérer à une
association de commerçants ayant pour objet, dans l'intérêt commun de ses membres,
d'assurer la gestion des services communs du centre commercial abritant le local pris à bail
ainsi que la promotion publicitaire de ce centre commercial et s'oblige à maintenir son
adhésion pendant toute la durée du bail, n'est pas contraire à la liberté d'association
consacrée par l'article 11 de la Convention européenne des droits de l'homme, dès lors
qu'elle relève d'un engagement volontaire souscrit en considération des avantages que le
preneur escomptait en recevoir ; qu'en affirmant le contraire, la cour d'appel a violé le texte
conventionnel susvisé par fausse application ;
2°/ que l'article 4 de la loi du 1er juillet 1901 ne prohibe que les clauses qui interdisent à
l'adhérent de se retirer en tout temps d'une association « qui n'est pas formée pour un temps
déterminé » ; qu'en jugeant que l'article 12.2 du bail litigieux et l'article 6 des statuts de
l'association étaient également contraires à ce texte, cependant qu'il résultait des
énonciations non contestées du jugement confirmé que l'association avait été constituée pour
une durée déterminée de 75 ans, la cour d'appel a violé l'article 4 de la loi du 1er juillet
1901 par fausse application ;
3°/ que la clause d'un bail commercial par laquelle le preneur s'engage à demeurer, pendant
toute la durée du bail, membre d'une association de commerçants ayant pour objet, dans
l'intérêt commun de ses membres, d'assurer la gestion des services communs d'un centre
commercial ainsi que sa promotion publicitaire, n'enfreint pas davantage la prohibition des
engagements perpétuels, dès lors qu'il est toujours loisible au preneur d'y mettre fin en
cédant son bail à un tiers ou en renonçant à en exiger le renouvellement ; qu'en se
prononçant comme elle l'a fait, la cour d'appel a violé de plus fort l'article 11 de la
Convention européenne des droits de l'homme et l'article 4 de la loi du 1er juillet 1901 ;

Mais attendu que la clause d'un bail commercial faisant obligation au preneur d'adhérer à une
association des commerçants et à maintenir son adhésion pendant la durée du bail est entachée
d'une nullité absolue ; que le moyen n'est pas fondé ;

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Mais sur le premier moyen du pourvoi principal :

Vu les articles 6 § 1, 11 et 13 de la Convention européenne des droits de l'homme ;

Attendu qu'en vertu du dernier de ces textes, toute personne dont les droits et libertés
reconnus par la Convention ont été violés, a droit à un recours effectif ;

Attendu qu'après avoir constaté la nullité de plein droit de la clause du bail et de la clause des
statuts de l'association faisant obligation au preneur d'adhérer et de maintenir son adhésion à
cette association jusqu'au terme du bail, l'arrêt le condamne, sur le seul fondement de l’article
1371 du Code civil et des principes qui gouvernent l'enrichissement sans cause, à payer à
l'association, pour la période antérieure à son arrêt, une somme équivalente aux cotisations
versées et, pour la période postérieure et aussi longtemps qu'il exploitera le commerce, une
somme équivalente aux cotisations qu'il aurait dû acquitter comme membre de l'association ;

Qu'en statuant ainsi, par une décision aboutissant à une reconnaissance théorique, dénuée de
toute effectivité, de la liberté du preneur de ne pas adhérer à l'association, la cour d'appel a
violé les textes susvisés ;
Par ces motifs (...) : Casse et annule, mais seulement en ce qu'il a condamné la société
Sorfoval à payer à l'association des commerçants de l'espace commercial Val d'Europe
Disneyland Paris, pour la période allant du 21 avril 2004 au 14 octobre 2008, une indemnité
dont le montant est égal à la somme des cotisations qu'elle lui a versées pendant la même
période, ordonné la compensation des créances et dit que la société Sorfoval devra, aussi
longtemps qu'elle exploitera un commerce au sein du centre commercial, verser à l'association
des commerçants de l'Espace commercial international Val d'Europe Disneyland, à la fin de
chaque année, une indemnité dont le montant sera fixé selon les modalités de calcul prévues à
l'article 9 des statuts de l'association dans leur rédaction en vigueur au 22 avril 2000, l'arrêt
rendu le 14 octobre 2008, entre les parties, par la cour d'appel de Paris ; (...) les renvoie
devant la cour d'appel de Paris, autrement composée (...).

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SEANCE 6 – La situation des groupements non personnifiés

Travail : Commentez l’arrêt suivant

Cass. Com, 10 juin 2020 (Bull. Joly Sociétés sept. 2020, p. 7, note T.de Ravel d'Esclapon ;
Petites Affiches n° 6/2021, p. 15, obs. D. Gibirila)

Jonction

1. En raison de leur connexité, les pourvois n T 18-16.441 et G 18-20.733 sont joints.

Faits et procédure

2. Selon l'arrêt attaqué (Paris, 2 mars 2018), le 5 avril 2011, MM. L. alias Z., Fabrice A. alias
F., Jason A. alias M. et S. alias N. (les artistes), membres de l'ensemble musical S'Crew, ont
signé un contrat d'artistes avec une structure dénommée Yonéa et Will L'Barge, alias,
respectivement, de MM. F. et M., lesquels ont fondé ultérieurement la société Y & W,
immatriculée au registre du commerce et des sociétés le 13 septembre 2011. M. Z. alias M.
était également membre du groupe S'Crew mais l'a quitté début 2012.

3. Les artistes ont constitué, le 21 février 2013, leur propre société de production, la société
Seine Zoo, qui a conclu avec la société Universal Music France (la société Universal Music)
des contrats de licence d'exploitation portant sur les enregistrements de M. S. et du groupe
S'Crew.

4. Ayant constaté que des morceaux de musiques enregistrés en 2011 par le groupe étaient
mis en ligne sur le site YouTube en 2013, en vue de faire la promotion d'un album à paraître
sous licence Universal Music, la société Y & W a assigné les artistes en contrefaçon de ses
droits de producteur ainsi que la société Seine Zoo et la société Universal Music en
concurrence déloyale, en présence de M. Z.. La société d'édition musicale et de production
phonographique Because Music, invoquant un contrat conclu le 17 novembre 2011 avec la
société Y & W, portant notamment sur des titres du groupe S'Crew, est intervenue
volontairement à l'instance.

(…)

Examen du moyen

6. Les sociétés Y & W et Because Music font grief à l'arrêt de dire que les artistes et M. S. ne
sont pas engagés vis-à-vis de la société Y & W aux termes des contrats signés le 5 avril 2011
et que la société Y & W ne justifie pas de sa qualité de producteur sur quelque titre que ce soit
du groupe S'Crew ou de M. S., de débouter la société Y & W de l'intégralité de ses demandes
et d'interdire, sous astreinte, aux sociétés Y & W et Because Music d'exploiter directement ou
indirectement différents titres musicaux alors :

« 1/ que la reprise par une société des engagements souscrits par les personnes qui ont agi au
nom de celle-ci lorsqu'elle était en formation peut résulter, après l'immatriculation, d'une
décision prise à la majorité des associés, sauf clause contraire des statuts ; qu'en retenant en

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l'espèce que, faute d'avoir fait l'objet d'une reprise lors de la constitution de la société, par les
statuts ou par acte séparé concomitant, les contrats d'artiste du 5 avril 2011 n'avaient pu être
valablement repris par la société Y & W, en dépit de la délibération prise en ce sens, à la
majorité des associés, par l'assemblée générale extraordinaire du 1 mars 2016, la cour d'appel
a violé l'article 6 du décret n 78-704 du 3 juillet 1978, ensemble les articles 1843 du code
civil et L. 210-6 du code de commerce ;

2/ qu'est rétroactive la reprise par une société des engagements souscrits par les personnes qui
ont agi au nom de celle-ci lorsqu'elle était en formation résultant, après l'immatriculation,
d'une décision prise à la majorité des associés ; qu'en retenant en l'espèce qu'en toute
hypothèse, la reprise par la société Y & W des contrats d'artiste du 5 avril 2011, résultant de la
décision prise à la majorité des associés postérieurement à son immatriculation, « n'aurait pu
avoir d'effet que pour l'avenir », « dès lors qu'aucune rétroactivité n'était stipulée », la cour
d'appel a violé l'article 6 du décret n 78-704 du 3 juillet 1978, ensemble les articles 1843 du
code civil et L. 210-6 du code de commerce ;

3/ qu'une société régulièrement immatriculée peut reprendre les engagements souscrits par les
personnes ayant agi en son nom avant son immatriculation ; qu'en jugeant que la société Y &
W n'avait pu valablement reprendre les contrats du 5 avril 2011, dès lors que ceux-ci avaient
été conclus par une société en formation, la cour d'appel a violé, par refus d'application,
les articles 1843 du code civil et L. 210-6 du code de commerce. »

Réponse de la Cour

7. En premier lieu, après avoir constaté que la société Y & W n'avait été inscrite au registre du
commerce et des sociétés que le 13 septembre 2011, l'arrêt retient qu'elle n'avait pas la
personnalité morale au jour des contrats litigieux, de sorte qu'elle n'avait pas la capacité de
contracter. Il relève ensuite qu'il n'est ni mentionné aux contrats, ni allégué ultérieurement que
les deux personnes physiques signataires, MM. F. et M. ont agi « au nom » ou « pour le
compte » de la société Y & W en formation. La cour d'appel en a exactement déduit que
l'assemblée générale extraordinaire de la société Y & W du 1 mars 2016 n'avait pas pu
régulariser un contrat conclu par une société sans personnalité morale.

8. En second lieu, la cour d'appel ayant retenu que les contrats litigieux avaient été conclus
par une société dépourvue de personnalité morale, les griefs des première et deuxième
branches, qui reposent sur le postulat erroné que les contrats ont été conclus au nom ou pour
le compte de la société, sont inopérants.

9. Par conséquent, le moyen, pour partie inopérant, n'est pas fondé pour le surplus.

PAR CES MOTIFS, la Cour :

REJETTE les pourvois (…)

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SEANCE 7 – L’exercice abusif du droit de vote

Travail : Commentez l’arrêt suivant

Cass. Com. 9 mars 1993 (Revue des sociétés 1993, p. 403, note Ph. Merle ; D. 1993, p. 363, note Y.
Guyon ; JCP G 1993, II, 22107, note Y. Paclot ; JCP E 1993, II, 448, note A. Viandier ; JCP N 1993, II, 293,
note J.-F. Barbieri ; Bulletin Joly sociétés 1993, p. 537, note P. Le Cannu)

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que pour se mettre en conformité avec les dispositions de la loi
du 1er mars 1984 portant à 50 000 francs minimum le capital des sociétés à responsabilité
limitée et imposant aux sociétés existantes d’y procéder avant le 1er mars 1989 sous peine de
dissolution de plein droit, le gérant de la société Alarme Service Electronique a proposé par
consultation écrite des associés une augmentation de capital à hauteur de 50 000 francs ;
qu’un procès-verbal du résultat de cette consultation en date du 24 mai 1985 a constaté que,
faute de majorité qualifiée requise, la décision d’augmentation du capital était rejetée ; que
lors des assemblées générales extraordinaires des 4 janvier et 8 septembre 1988, MM. Joseph
et Marcel X..., porteurs respectivement de 51 et 50 parts sur les 204 représentant le capital
social, ne se sont pas présentés, empêchant ainsi le vote de l’augmentation de capital
demandée, cette fois là, à hauteur de 500 000 francs ; que la société Alarme Service
Electronique les a assignés pour voir dire que l’attitude de ces associés constituait un abus de
droit de la minorité et qu’il y avait lieu en conséquence de l’autoriser à effectuer
l’augmentation de capital envisagée ;

Sur le moyen unique pris en ses première et deuxième branches :

Vu l’article 1382 du Code civil ;

Attendu qu’après avoir retenu à bon droit que M. X... avait commis un abus de minorité en
s’opposant à l’augmentation de capital à hauteur de 50 000 francs qui était légalement requise
et était nécessaire à la survie de la société, l’arrêt, pour décider qu’il y avait eu abus de
minorité, retient également que l’augmentation de capital demandée à hauteur de 500 000
francs était justifiée par les documents produits, que le silence et l’absence de M. X... aux
assemblées générales extraordinaires, bloquant une décision nécessaire de façon injustifiée,
procédaient par leur caractère systématique d’un dessein de nuire aux majoritaires, et par là-
même, à l’intérêt social ;

Attendu qu’en se déterminant par de tels motifs, impropres à établir en quoi l’attitude de M.
X... avait été contraire à l’intérêt général de la société en ce qu’il aurait interdit la réalisation
d’une opération essentielle pour celle-ci, et dans l’unique dessein de favoriser ses propres
intérêts au détriment de l’ensemble des autres associés, et alors qu’elle retenait que les
résultats de la société étaient bons et que celle-ci était prospère, la cour d’appel n’a pas donné
de base légale à sa décision ;

Et sur le moyen unique pris en sa troisième branche : Vu les articles 57 et 60 de la loi du 24


juillet 1966 ;

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Attendu que pour sanctionner l’abus de minorité retenu, la cour d’appel a décidé que son arrêt
valait adoption de la résolution tendant à l’augmentation de capital demandée, laquelle n’avait
pu être votée faute de majorité qualifiée ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors que le juge ne pouvait se substituer aux organes sociaux
légalement compétents et qu’il lui était possible de désigner un mandataire aux fins de
représenter les associés minoritaires défaillants à une nouvelle assemblée et de voter en leur
nom dans le sens des décisions conformes à l’intérêt social mais ne portant pas atteinte à
l’intérêt légitime des minoritaires, la cour d’appel a violé les textes susvisés ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE

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SEANCE 8 – La responsabilité civile des dirigeants

Travail : Faire un commentaire groupé des 2 arrêts suivants

Méthodologie possible :

Intro : phrase d'accroche commune aux deux arrêts ; fiche de JP du 1er arrêt
chronologiquement ; Fiche de JP du 2nd arrêt ; annonce de plan.

Plan :

I- Ce titre reflète les deux solutions. Ces dernières ont quelque chose en commun. Ce
quelque chose sera votre titre.

A- Le titre met en lumière la solution du 1er arrêt (chronologiquement). Dans cette partie,
vous remettez l'arrêt dans son contexte jurisprudentiel ET vous expliquez juridiquement la
solution.

B- C'est la même chose pour le second arrêt.

II- Ici, on est toujours sur les conséquences, mais ici les conséquences des deux arrêts.
Comme pour le titre I, il faut trouver un titre applicable aux deux arrêts.

A- La ou les conséquences du 1er arrêt

B- La ou les conséquences du 2nd arrêt

Document 1 - Cass. Com. 27 mai 2015 (Bull. Joly sociétés 2015. 446, note Brignon ; Dr.
sociétés 2015, no 152, obs. Roussille ; Rev. sociétés 2016. 95, note Rizzo)

Attendu, selon les arrêts attaqués, que M. X... a, lors d'un stage d'initiation au parapente
organisé par la société à responsabilité limitée Montcel loisirs, fait une chute qui lui a
occasionné des blessures ; qu'il a assigné en responsabilité la société Montcel loisirs et appelé
en cause son gérant, M. Y... ; que la société Aviabel, assureur de ce dernier, est intervenue
volontairement à l'instance ;

Sur le moyen unique :

Vu l'article L. 223-22 du code de commerce, ensemble les articles L. 321-1 et L. 321-2 du


code du sport ;

Attendu que le gérant d'une société à responsabilité limitée qui commet une faute constitutive
d'une infraction pénale intentionnelle, séparable comme telle de ses fonctions sociales, engage
sa responsabilité civile à l'égard des tiers à qui cette faute a porté préjudice ;

Attendu que pour mettre hors de cause M. Y..., l'arrêt du 27 juin 2013, après avoir relevé qu'il

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était le gérant de la société Montcel loisirs, responsable des blessures subies par M. X...,
retient qu'il n'est pas démontré que M. Y... ait participé au stage en tant qu'instructeur et
qu'aucune faute personnelle n'est établie à son encontre ;

Attendu qu'en se déterminant ainsi, sans vérifier, ainsi qu'elle y était invitée, si la société
Montcel loisirs était pourvue d'une assurance de responsabilité couvrant son activité
d'enseignement du parapente, une telle assurance étant obligatoire à peine de sanction pénale,
et, dans la négative, si cette carence ne constituait pas une faute, détachable de ses fonctions
de gérant, de nature à engager la responsabilité personnelle de M. Y..., la cour d'appel n'a pas
donné de base légale à sa décision ;

PAR CES MOTIFS [ …] sur les pourvois n° M 14-11.405 et n° U 14-13.689 : CASSE ET


ANNULE, mais seulement en ce qu'il infirme le jugement en tant qu'il a retenu la
responsabilité de M. Y..., l'arrêt rendu le 27 juin 2013, entre les parties, par la cour d'appel de
Chambéry ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l'état où elles se
trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour
d'appel de Grenoble ;

Document 2 - Cour de cassation, civile, Chambre commerciale, 6 mai 2008 (Dr. sociétés
2008, comm. 171, note Coquelet ; D. 2008, jur., p. 2113, note Dondero ; Banque et droit 2008,
no 119, p. 52, obs. Storck ; Rev. sociétés 2008, p. 618, note Poracchia ; Bull. Joly Sociétés 2008, p.
762, note Le Cannu )

Sur le moyen unique, pris en sa première branche

Vu l'article 1992 du code civil, ensemble, l'article 1382 du même code ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que les sociétés Etablissements André Laboulet et Deleplanque
et compagnie ont constitué, avec la société Plant service environnement, une société en
participation dénommée Obtention et environnement, dont la société Plant service
environnement a été désignée comme gérante ; que postérieurement à la décision de
liquidation amiable de la société Obtention et environnement, un redressement fiscal a été
notifié à son liquidateur ; qu'invoquant une faute dans la gestion de la société Obtention et
environnement, le liquidateur, ès qualités et personnellement, ainsi que les sociétés
Deleplanque et compagnie et Etablissements André Laboulet, ont poursuivi la société Plant
service environnement, ainsi que le gérant de cette dernière, M. Z..., en dommages-intérêts ;

Attendu que pour rejeter cette demande, l'arrêt retient qu'à défaut de dispositions légales ou
statutaires spécifiques, le gérant n'est responsable que sur le fondement du droit commun de
l'article 1382 du code civil, à raison des fautes détachables de ses fonctions de gérant ;

Attendu qu'en statuant ainsi, alors que le gérant d'une société en participation, dépourvue de
personnalité morale, est, en sa qualité de mandataire des associés, responsable des fautes
commises à leur égard dans sa gestion, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;

PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE.

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SEANCE 9 – Discipline interne

Travail : Commentez l’arrêt suivant

Cour de cassation, Chambre commerciale, 20 mars 2012 (D. 2012, p. 875, note A. Lienhard ;
JCP E 2012, no 1310, note R. Mortier ; Dr. sociétés 2012, no77, obs. H. Hovasse ; Rev. sociétés 2012, p.
435, note A. Couret ; RTD com. 2012, p. 348, obs. A. Constantin)

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Versailles, 21 octobre 2010), qu'en février 2005, des salariés
exerçant des fonctions de direction au sein des sociétés du groupe Saur se sont vu proposer
d'acquérir des parts de la société civile Finamag, titulaire d'actions de la société Novasaur,
nouvelle société mère de ce groupe ; que M. X..., salarié de la société Saur France, a ainsi
acquis 41 299 parts de la société Finamag ; qu'ayant été licencié pour faute grave le 23
décembre 2005, M. X... a conclu une transaction avec son employeur et a quitté le groupe ;
que par lettre du 23 mars 2006, la société Investisaur, gérante de la société Finamag, a
informé M. X... qu'en raison de la perte par celui-ci de la qualité de salarié d'une société du
groupe, requise pour conserver celle d'associé, elle entendait mettre en oeuvre la procédure
prévue à l'article 16 des statuts en vue de son exclusion partielle par voie de réduction de sa
participation ; que par lettre du 22 juin 2006, la société Finamag a fait savoir à M. X... que sa
gérante avait décidé de procéder au rachat d'une partie de ses droits sociaux ;
Sur le premier moyen :
Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt de l'avoir débouté de sa demande tendant à l'annulation
de cette mesure et au paiement de dommages-intérêts alors, selon le moyen, que les statuts
d'une société civile ne peuvent valablement prévoir qu'en cas de survenance d'un événement
déterminé, un associé pourra faire l'objet d'une exclusion à la discrétion du gérant sans que les
associés soient consultés ; qu'au cas d'espèce, les juges du fond ont retenu que les statuts de la
société Finamag prévoyaient que dans le cas où l'un des associés ne remplirait plus les
conditions requises pour le demeurer, notamment en raison de son licenciement lorsqu'il est
salarié du groupe, il pourrait être exclu en tout ou partie à l'entière discrétion du gérant ; qu'en
estimant que la décision d'exclusion partielle de M. X..., prise par le gérant de la société
Finamag, à la suite du licenciement du premier, était régulière puisque prévue par les statuts et
que les associés n'avaient pas à être consultés à partir du moment où aucune modification des
statuts n'était en cause, quand la décision était nécessairement irrégulière dès lors que les
statuts de la société Finamag devaient être considérés comme nuls en ce qu'ils laissaient à la
discrétion du gérant le pouvoir de prendre une décision d'exclusion à l'encontre d'un associé,
les juges du second degré ont violé les articles 1832, 1848 et 1852 du code civil, ensemble
l'article 1134 du même code ;
Mais attendu qu'ayant relevé que la décision de racheter une partie des droits sociaux de M.
X... à la suite de la perte par ce dernier de la qualité de salarié d'une société du groupe avait
été prise conformément aux statuts de la société Finamag, la cour d'appel en a exactement
déduit que cette décision était régulière, peu important que l'exclusion de l'associé fût une
simple faculté pour le gérant, statutairement investi du pouvoir de la prononcer ; que le moyen
n'est pas fondé ;

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Et sur le second moyen :
Attendu que M. X... fait le même grief à l'arrêt alors, selon le moyen, que l'associé objet d'une
décision d'exclusion doit connaître les motifs de celle-ci et être en mesure de faire valoir
efficacement ses observations sur les motifs de l'exclusion ; qu'au cas d'espèce, en retenant
que M. X... avait pu faire valoir ses observations et qu'il avait eu connaissance du motif de
son exclusion comme étant la perte de la qualité de salarié d'une société du groupe à la suite
de son licenciement, de sorte que son éviction était régulière, quand il résultait par ailleurs de
leurs propres constatations que la perte de la qualité de salarié n'entraînait pas de plein droit
l'exclusion de l'associé concerné, laquelle devait faire l'objet d'une décision prise par le gérant,
lequel avait le pouvoir d'exclure ou de refuser d'exclure l'associé, de sorte que les motifs de
l'exclusion ne pouvaient pas se confondre avec la simple survenance du licenciement de M.
X..., qui n'en était qu'une condition préalable, les juges du second degré ont violé les articles
1832 et 1134 du code civil ;
Mais attendu qu'ayant constaté que le gérant de la société Finamag avait décidé l'exclusion
partielle de M. X... après lui avoir notifié la mise en oeuvre de la procédure prévue en pareil
cas, par une lettre qui précisait le motif de l'exclusion envisagée ainsi que ses modalités et qui
invitait l'associé concerné à présenter ses observations sur ces points, la cour d'appel en a
justement déduit que cet associé n'était pas fondé à se prévaloir de l'inobservation du principe
de la contradiction ; que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

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SEANCE 10 – Transformation et disparition des personnes morales
Travail : Commentez l’arrêt suivant (le second moyen uniquement, le premier n’étant
reproduit que pour une meilleure compréhension du litige).

Cass. 3ème civ., 26 nov. 2020 (RTD com. 2021, p. 147, obs. Lecourt ; JCP E 2021, 1108, note
Touzain : Rev. générale du droit des assurances 1/2021, p. 81, note Mayaux)
Faits et procédure
(…)

2. Selon l'arrêt attaqué (Bastia, 27 mars 2019), M. et Mme F. ont commandé à la société Aixia
Méditerranée, absorbée depuis par la société Aixia France, assurée par la société GAN, la
fourniture et l'installation dans leur maison d'une pompe à chaleur et d'un ballon
thermodynamique. Pour financer ces opérations, ils ont souscrit un emprunt auprès de la
société Sofemo financement, devenue Cofidis.

3. Se plaignant de pannes survenues durant les mois de février et mars 2012, ils ont assigné la
société Aixia Méditerranée, le liquidateur de la société Aixia France et les sociétés Sofemo
financement et GAN en indemnisation des préjudices ou en remboursement du prix payé et du
coût du financement.
Examen des moyens
(…)
Sur le premier moyen,
Enoncé du moyen

5. La société GAN fait grief à l'arrêt de dire que la prestation commandée à la société Aixia
Méditerranée est impropre à l'usage auquel elle était destinée et de dire qu'elle se substituera à
la société Aixia Méditerranée pour le paiement des sommes dues à M. et Mme F., alors « que
les désordres affectant des éléments d'équipement, dissociables ou non, ne relèvent de la
responsabilité décennale que s'ils rendent l'ouvrage impropre à sa destination dans son
ensemble ; que la performance insuffisante d'un élément d'équipement dissociable n'est pas de
nature à rendre l'ouvrage impropre à sa destination dans son ensemble ; qu'en l'espèce, pour
retenir la responsabilité décennale de la société Aixia France et la garantie de la société GAN
assurances, la cour d'appel a considéré, par motifs propres et adoptés, que le nouveau système
de chauffage installé par la société Aixia Méditerranée était inadapté au volume d'air à
chauffer, que l'installateur aurait dû conseiller à ses clients de prévoir un chauffage d'appoint,
et que le mode de chauffage existant ne nécessitait pas l'installation d'une pompe à chaleur
dont le coût en électricité était plus important ; qu'en se prononçant ainsi, tandis que l'absence
des performances attendues de la pompe à chaleur et l'inadaptation de cette dernière à
l'habitation de M. et Mme F. n'était pas de nature à rendre l'ouvrage impropre à sa destination
dans son ensemble, la cour d'appel, qui n'a pas tiré les conséquences légales de ses
constatations, a violé l’article 1792 du Code civil.
Réponse de la Cour

6. Ayant, par motifs propres et adoptés, relevé que M. et Mme F. s'étaient plaints de plusieurs
pannes de la pompe à chaleur survenues durant les mois de février et mars 2012 et retenu que
le volume d'air à chauffer était trop important par rapport à la capacité de la pompe à chaleur,
que le système de chauffage était incompatible avec les radiateurs équipant l'immeuble et qu'il
était inévitable que la pompe à chaleur connût des problèmes durant les périodes de grand
froid, la cour d'appel en a souverainement déduit que les désordres atteignant celle-ci

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rendaient l'ouvrage dans son ensemble impropre à sa destination et relevaient de la garantie
décennale.

7. Le moyen n'est donc pas fondé.


Mais sur le second moyen,
Enoncé du moyen

8. La société GAN fait grief à l'arrêt de dire qu'elle se substituera à la société Aixia
Méditerranée pour le paiement des sommes dues à M. et Mme F., alors « que si la fusion-
absorption transmet à la société absorbante l'actif et le passif de la société absorbée, elle ne
saurait étendre le bénéfice de l'assurance de responsabilité souscrite par la société absorbante
aux faits commis par la société absorbée avant la fusion et modifier ainsi le risque garanti ;
qu'en l'espèce, la cour d'appel a considéré que, « du fait de l'absorption par Aixia France
d'Aixia Méditerranée, le contrat d'assurance [souscrit par Aixia France] trouve bien
application au cas d'espèce », privant ainsi la société Gan Assurances de la possibilité d'«
exciper de la clause selon laquelle le contrat a pour objet de garantir Aixia France en dehors
de toutes autres sociétés filiales ou concessionnaires, quel que soit le statut juridique » ; qu'en
se prononçant ainsi, tandis qu'il résultait de ses propres constatations que le contrat
d'assurance souscrit par la société Aixia France ne couvrait pas la responsabilité de ses
filiales, de sorte que, peu important l'absorption de la société Aixia Méditerranée, la société
GAN assurances n'avait pas à couvrir la responsabilité éventuellement encourue par cette
société au titre de faits antérieurs à la fusion-absorption, au surplus au titre d'une activité qui
n'était pas couverte par l'assurance souscrite par la société Aixia France, la cour d'appel a
violé les articles 1134 (devenu l’article 1103) et L. 236-1 et L. 236-3 du code de commerce. »
Réponse de la Cour
Vu l’article 1134 du Code civil, dans sa rédaction antérieure à celle issue de l'ordonnance du
10 février 2016, et l’article L. 236-3 du Code de commerce :

9. Selon le premier de ces textes, les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à
ceux qui les ont faites.

10. Il résulte du second, dans sa version applicable à la cause, que, en cas de fusion entre deux
sociétés par absorption de l'une par l'autre, la dette de responsabilité de la société absorbée est
transmise de plein droit à la société absorbante.

11. Toutefois, l'assurance de responsabilité de la société absorbante, souscrite avant la fusion,


n'a pas vocation à garantir le paiement d'une telle dette, dès lors que le contrat d'assurance
couvre, sauf stipulation contraire, la responsabilité de la seule société assurée, unique
bénéficiaire, à l'exclusion de toute autre, même absorbée ensuite par l'assurée, de la garantie
accordée par l‘assureur en fonction de son appréciation du risque.

12. Pour dire que la société GAN se substituera à la société Aixia Méditerranée pour le
paiement des sommes dues aux maîtres de l'ouvrage, l'arrêt retient que ceux-ci ont produit une
attestation d'assurance concernant la société Aixia France à effet du 1er janvier 2012, que les
désordres sont survenus en février et mars 2012, à une période normalement couverte par le
contrat d'assurance, et que, même si la société GAN entend se prévaloir de la clause de la
police selon laquelle le contrat a pour objet de garantir la société Aixia France en dehors de
toutes autres sociétés filiales ou concessionnaires, le contrat d'assurance trouve à s'appliquer,
du fait de l'absorption de la société Aixia Méditerranée par la société Aixia France.

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13. En statuant ainsi, la cour d'appel a violé les textes susvisés.

(…)

15. L'intérêt d'une bonne administration de la justice justifie que la Cour de cassation statue au
fond.
Par ces motifs [...] : casse et annule, mais seulement en ce qu'il dit que la société GAN se
substituera à la société Aixia Méditerranée pour le paiement des sommes dues à M. et Mme
F., l'arrêt rendu le 27 mars 2019, entre les parties, par la cour d'appel de Bastia ; [...]

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