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Droit Approfondi des Sociétés Commerciales

Mastère Professionnel en Comptabilité/ISB


Enseignante : Chiraz TOUIL
PARTIE 4 : Le droit des valeurs mobilières
La spécificité du marché financier provient notamment des produits échangés désormais
nommés valeurs mobilières. Cette notion est partagée par plusieurs textes juridiques
d’envergure différente comme le CPCC1, le CDR2 et CSC. Le terme VM a laissé la place à un
nouveau concept plus large à savoir « instrument financier ». Les instruments financiers »
répondent à un double objectif celui de partir de la catégorie traditionnelle de VM tout en
incluant un mécanisme d’élargissement apte à satisfaire les nouvelles exigences des marchés.
La notion plus large d’instrument financier est employée par la loi n°2000-35 du 21 mars
2000 relative à la dématérialisation des VM qui suite à une énumération des VM à finit par
l’élargir à travers le terme instruments financiers. L’article premier de cette loi dispose « sont
considérées comme valeurs mobilières, les actions, les actions à dividendes prioritaires sans
droit de vote, les certificats d’investissement, les titres participatifs, les obligations, les
obligations convertibles en actions, les parts des fonds communs de placement en valeurs
mobilières, et les autres instruments financiers négociables sur des marchés organisés. ».

Chapitre 1 : Les caractéristiques communes aux valeurs mobilières

Les VM sont des titres qui ont une nature mobilière, fongible et dématérialisé et qui peuvent
se transmettre par le procédé de négociation.

Section 1 : Le caractère mobilier des VM

§ 1 : Les valeurs mobilières sont des meubles

Les valeurs mobilières sont des meubles même si la société émettrice possède des immeubles
et leurs détenteurs n’ont qu’un droit mobilier incorporel envers ladite société. A cet effet,
l’article 15 du code des droits réels dispose : «sont meubles par détermination de la loi, ( ...),
ainsi que les parts sociales, les actions et les obligations émises par toutes sociétés, encore que
ces sociétés soient propriétaires d’immeubles».

Aussi l'article 404 (nouveau) du code de procédure civile et commerciale dispose : «les
valeurs mobilières sont assimilées, en ce qui concerne les voies d'exécution, aux meubles par
nature».

1
Les articles 404 et suivants règlementant la saisie des VM.
2
Le sous titre 5 du titre premier du livre 4 réservé aux sociétés par actions intitulé des « valeurs mobilières ».

1
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§ 2 : Les VM sont des droits susceptibles de procurer des revenus

S’opposant aux effets de commerce et aux billets de banque, les valeurs mobilières ont une
vocation primordiale de procurer à leur titulaire des revenus fixes ou variables qui peuvent
être des intérêts ou des dividendes.

§ 3 : Les valeurs mobilières sont des biens incorporels


Cette caractéristique signifie que les valeurs mobilières n'ont pas d'existence matérielle. Cette
constatation découle de la dématérialisation des titres. En effet, les valeurs mobilières sont
dématérialisées et sont représentées par une inscription au compte de leur propriétaire.

La personne morale émettrice ou l'intermédiaire agréé délivrera à l'intéressé une attestation


portant sur le nombre de titres qu'il y détient.

Section 2 : le caractère négociable des VM


La négociabilité peut être définie comme étant la qualité attachée à certains titres
représentatifs d’un droit ou d’une créance, qui en permet une transmission plus rapide et plus
efficace que les procédés du Droit civil.

A cet égard, il est utile de distinguer la notion de négociabilité réservée d’une manière
exclusive aux valeurs mobilières de la notion de cessibilité qui est le procédé de transmission
des parts sociales et des parts d’intérêts3. Une valeur mobilière n’est pas uniquement cessible ;
elle est, en outre, négociable4.

La différence entre ces deux notions peut être située à maints niveaux :

D’abord, sur le plan formel, la cession des parts est entourée d’un formalisme exorbitant.
L’exemple des cessions de parts sociales dans les sociétés à responsabilité limitée en est le

3
Sur l’interdiction de négocier des parts :
- Traitant des SNC, l’article 89 du Code des Sociétés Commerciales dispose : «La société ne peut émettre des
titres cessibles ou négociables»,
- Traitant des SARL, l’article 102 du Code des Sociétés Commerciales dispose : «Les parts sociales ne peuvent
être représentées par des titres négociables. Toute décision contraire est nulle».
4
La négociabilité des valeurs mobilières est parfois expressément prévue par la loi. Ainsi :
- L’article 327 du Code des Sociétés Commerciales dispose : «Les obligations sont des valeurs mobilières
négociables qui représentent un droit de créance».
- L’article 296 du Code des Sociétés Commerciales dispose : «Pendant la durée de la souscription, le droit
préférentiel de souscription est négociable lorsqu'il est détaché des actions elles-mêmes négociables».
- L’article 369 du Code des Sociétés Commerciales dispose : «Les titres participatifs sont des valeurs mobilières
négociables».
- L’article 296 du Code des Sociétés Commerciales dispose : «Les actions demeurent négociables après la
dissolution de la société et jusqu'à la clôture de la liquidation».

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témoin idéal. A cet égard, l’article 110 du CSC exige que la cession des parts sociales soit
constatée par un écrit comportant une signature légalisée des parties. Cette cession obéisse
aux conditions fixées à l'article 109 du CSC relatives notamment à l’agrément des
cessionnaires non associés etc. Au contraire, la négociation des actions est de loin plus simple.
Elle est faite par une modification de l’inscription au compte sur lequel figure l’action.
L’article 315 du CSC dispose : «Les valeurs mobilières sont négociées par leur transfert d'un
compte à un autre».

Ensuite, les effets d'une cession de parts sont limités. On applique le principe selon lequel nul
ne peut transmettre un droit dont il n'est pas lui-même titulaire. Par conséquent si un vice, on
dit aussi une exception, atteint le droit transmis, le cessionnaire n'acquiert qu'un droit
incomplet. Au contraire, en cas de négociation, l'acquéreur devient titulaire d'un droit
nouveau. Les exceptions lui sont inopposables. La négociation offre donc plus de sécurité que
la cession.

Enfin, la cession des parts sociales et des parts d’intérêts est obligatoirement soumise à la
formalité fiscale de l’enregistrement. Quant aux valeurs mobilières émises par les sociétés
anonymes, elles sont soumises, obligatoirement et à peine de nullité de la transaction, à
l’enregistrement à la bourse suivant les conditions édictées aux articles 70 et suivants de la loi
n° 94-117 du 14 novembre 1994, portant réorganisation du marché financier.

Si la «négociabilité des valeurs mobilières» est le principe, certaines valeurs mobilières


peuvent être temporairement non-négociables.

Ainsi, l’article 320 du CSC exige que les actions ne sont négociables qu'après
l'immatriculation de la société au RNE. En cas d'augmentation du capital, les actions sont
négociables à compter de la date et de la réalisation de l’opération d’augmentation du capital.
Sont donc non négociables, les actions émises par la société tant que celle-ci n’a pas acquis sa
personnalité morale ou tant qu’une augmentation de capital est non réalisée.

L’interdiction de négociation s’applique aussi aux actions dont le premier quart n'a pas été
libéré5.

Aussi, les actions d’apport sont temporairement non-négociables sans être inaliénables, leur
cession pouvant être faite selon les procédés du droit civil. En effet, l’article 318 du CSC

5
L’article 187 du Code des Sociétés Commerciales punit d'une amende de 1.000 à 10.000 dinars toute
personne qui aura négocié des actions dont le premier quart n'a pas été libéré, ou avant l'expiration du délai
pendant lequel la négociation est interdite.

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dispose : «Les actions d'apport ne sont négociables que deux ans après la constitution
définitive de la société».

Section 3 : Le caractère fongible des VM


Les valeurs mobilières sont des biens fongibles, c’est-à-dire «choses de genre». Au sein d’une
même émission, les titres sont interchangeables et remplaçables les uns par les autres
indifféremment : Ils ont les mêmes droits. D’ailleurs, c’est cette fongibilité qui permet la
négociation en bourse qui se fait sans distinction entre titres de même catégorie et relevant
d’une même émission.

Section 4 : Le caractère dématérialisé des VM


L’article 2 de loi n° 2000-35 du 21 mars 2000 relative à la dématérialisation des titres
dispose : «Les valeurs mobilières sont dématérialisées et sont représentées par une
inscription au compte de leur propriétaire auprès de la personne morale émettrice ou d’un
intermédiaire agréé. Elles se transmettront par transfert d’un compte à un autre. La personne
morale émettrice ou l’intermédiaire agréé délivrera à l’intéressé une attestation portant sur
le nombre des titres qu’il y détient».

La dématérialisation signifie que les valeurs mobilières n'auront plus d'existence matérielle.»,
En d’autres termes, les titres n’ont plus de support matériel sur lequel s’incorporent les droits.
Les VM sont représentées par une simple inscription au compte de leur propriétaire.

Caractère mobilier Caractère Caractère Caractère négociable


fongible dématérialisé

Les VM constituent un Il s’agit de biens La VM et constatée par Selon l’article 315 CSC, les VM sont
bien au sens de l’article 1 interchangeables une inscription en négociées par leur transfert d’un compte à
CDR. Ce bien c'est-à-dire que compte tenu par la l’autre. Dans le dessein d’exécuter ce
patrimonial a le caractère ces biens peuvent société émettrice ou un transfert d’un compte à un autre, toute société
mobilier pouvant faire être remplacés les intermédiaire agréé. anonyme doit ouvrir un compte pour chaque
l’objet d’un droit ayant uns par les autres. Les VM constituent propriétaire d’une VM qu’elle a émise. Ce
une valeur pécuniaire. Il aussi des titres compte est tenu par la société elle-même si
s’agit précisément de nominatifs constituent elle ne fait pas appel public à l’épargne. Il est
meuble par des biens meubles tenu par un intermédiaire agréé si la société
6
détermination de la loi incorporels. FAPE.

6
Selon l’article 15 CDR « Sont meubles par détermination de la loi, les créances, les droits réels et les actions
portant sur des meubles ainsi que les parts sociales, les actions et les obligations émises par toutes sociétés,
encore que ces sociétés soit propriétaires d'immeubles ».

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Chapitre 2 : Les droits rattachés à chaque type de VM


La lecture des textes en vigueur permet de cerner l’élargissement de la catégorie des VM à
des titres nouveaux créés dans le sillage des marchés financiers. Désormais, la traditionnelle
catégorie de VM coïncide avec une nouvelle composante issue de la création de nouveaux
produits financiers. Aux traditionnels VM classiques ou par nature (section 1) vient
s’adjoindre les VM par assimilation (section 2).

Section 1 : Les valeurs mobilières par nature


On peut distinguer entre trois catégories de VM : les titres de capital, les titres de créance et
les titres hybrides.

§1 : Les titres de capital

Il s’agit de titres offrant à leurs détenteurs une quotité de capital permettant d’avoir la qualité
d’associé. Il s’agit des actions, action à dividende prioritaire sans droit de vote et les
certificats d’investissement.

Paragraphe 1 : Les actions ‫االسهم‬

L’action est représentative d’une fraction du capital d’une société par actions. Elle a une
valeur nominale qui ne peut être inférieure à un 1 DT. Les statuts peuvent prévoir une valeur
nominale supérieure7. Cette valeur nominale n’a d’importance que lors de la constitution.
Une fois la société fonctionne, la valeur nominale cédera la place à la valeur d’émission 8, la
valeur intrinsèque9, la valeur boursière10 et la valeur liquidative11.

7
Article 161 alinéa 2 CSC.
8
La valeur d’émission est la valeur fixée par la société lors de l’opération d’augmentation de son capital. Ainsi,
le nouvel actionnaire doit payer un prix supérieur à la valeur nominale. La valeur s’explique par le
fonctionnement de la société qui a pu créer de la valeur au moins sous forme des réserves constituées. Aussi, la
différence entre le prix d’émission et la valeur nominale est appelé prime d’émission.
9
La valeur intrinsèque ou la valeur mathématique ou vénale de l’action est déterminée par la division de l’actif
net de la société par le nombre de ses actions. L’actif net étant l’actif réel diminué des dettes à l’égard des tiers
y compris le capital social.
10
Il s’agit de la valeur qui ne concerne que les sociétés cotées en bourse pour qui, le mouvement d’offre et de
demande sur le titre donne un prix, le cours de l’action.
11
La valeur liquidative est la valeur de l’action dans la situation particulière de liquidation de la société. C’est
une valeur intrinsèque mais qui fait intervenir d’autres charges que nécessite l’opération de liquidation.

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L’action confère à son titulaire un droit de vote proportionnel par application du principe
selon lequel « une action = une voix ». Le nombre de droits de vote est donc strictement
proportionnel au nombre d’actions détenues. Toutefois, les statuts des sociétés anonymes
peuvent permettre de déroger à cette règle en prévoyant la possibilité d’attribuer un droit de
vote double pour certains actionnaires. L’article 164.12 CSC indique que les statuts doivent
contenir les conditions d’exercice du droit de vote avec, le cas échéant, indication des
dispositions relatives à l’attribution du droit de vote double.

Les actions confèrent des droits identiques pour tout actionnaire. Elles sont librement
négociables sauf clause contraire. Elles sont classées en fonction de la nature de l’apport.
Elles peuvent être de numéraire ou d’apport.

1- L’action de numéraire et l’action d’apport

L’article 316 CSC distingue entre action de numéraire et action d’apport.

L’action de numéraire est celle dont le montant est :

- Libéré en espèce ;
- Libéré par compensation d’une créance à l’occasion d’une augmentation du capital;
- Incorporé au capital par des réserves, bénéfices ou prime d’émission.

Les actions d’apport sont celles émises pour rémunérer un apport en nature. Cette distinction a
un double intérêt au niveau du délai de libération et du principe de libre négociabilité.

2- La libération et la négociabilité des actions


- La libération des actions

Les actions d’apport doivent être libérées intégralement lors de la souscription12. En revanche,
les actions de numéraire peuvent être libérées du quart seulement lors de la souscription 13. La
libération du reliquat doit intervenir dans un délai maximum de 5 ans soit à partir de la
constitution de la société soit à partir de l’AGE décidant l’augmentation du capital.
Cependant, les statuts peuvent prévoir un délai plus court et exiger par exemple une libération
intégrale dès la souscription ou prévoir des délais de libération avant 5 ans.

12
Article 306 in fine CSC.
13
Article 165 al.1 et art 294 al 3 CSC.

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Le pouvoir d’exiger la libération revient au conseil d’administration ou au directoire14. En cas
de défaillance de l’actionnaire pour libérer le reliquat dans les délais, la société peut exercer
divers recours tels que :

- Suspension des droits des actionnaires : Les actions non libérées cessent à l’expiration d’un
délai d’un mois de la date d’envoi d’une mise en demeure demeurée infructueuse15, de donner
droit à l’accès et au vote dans les AG et sont déduites pour le calcul du quorum. Le droit aux
dividendes et le droit de souscription préférentiel à l’augmentation du capital sont également
suspendus16. Après règlement des sommes dues en principal et intérêt, l’actionnaire peut
réclamer le versement des dividendes non prescrits mais ne peut se prévaloir du droit
préférentiel de souscription à une augmentation de capital, après expiration du délai fixé pour
l’exercice de ce droit17.
- Exécution de droit commun : La société peut aussi agir en paiement de la somme due, des
intérêts et des frais occasionnés. L’action en paiement peut être exercée par le liquidateur de
la société dissoute.
- Exécution boursière : La société peut procéder à la réalisation des titres non libérés en
bourse. Cependant, cette opération ne peut s’accomplir qu’après une mise en demeure
adressée par lettre recommandée avec accusé de réception ou tout autre moyen laissant une
trace écrite restée sans effet pendant un mois. L’autorisation judiciaire n’est pas requise.
L’exécution en bourse pour défaut de libération des actions des sociétés FAPE est faite sous la
responsabilité de la société émettrice et de l’intermédiaire en bourse chargé de la vente selon
deux procédures18 décidées par la bourse. Les sociétés ne faisant pas APE peuvent par la
même occasion, recourir au marché de la bourse pour la réalisation de la dite opération. Le
prix de cession sert à désintéresser la société. Si un reliquat subsiste, la société peut agir
contre le cessionnaire ainsi que contre l’actionnaire défaillant.

L’alinéa 2 de l’article 316 CSC ajoute que, à l’exception de ces actions libérées en espèce, les
actions de numéraire libérées par compensation de créances ou par incorporation des réserves,
bénéfices ou primes doivent être libérées intégralement à la souscription.

14
Article 325 CSC.
15
Article 325 nouveau tel que modifié par la loi n°2019-47 précise que la mise en demeure est faite par écrit
recommandé avec accusé de réception ou tout autre moyen laissant une trace écrite ou ayant la force
probante de l’acte écrit. On a élargi les moyens d’information par lettre recommandé avec accusé de réception
à tout autre moyen laissant une trace écrite.
16
Article 326 CSC.
17
Article 326 CSC.
18
Vente directe sur le marché ou vente aux enchères publiques.

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-La négociabilité des actions

La négociation des actions de numéraire est possible à partir de l’immatriculation de la société


au RNE. Suite à une augmentation du capital, la négociabilité est possible à compter de la
réalisation de la modification des statuts19.

Les actions d’apport ne sont négociables que deux ans à compter de la constitution définitive
de la société20. Par analogie, la même règle peut être transposée lorsque les actions d’apport
ont été émises lors d’une opération d’augmentation de capital.

Par exception à cette règle, l’article 319 CSC prévoit qu’ «en cas de fusion de sociétés par
voie d'absorption ou de création d'une société nouvelle englobant une ou plusieurs de sociétés
préexistantes, ainsi qu'en cas d'apport partiel d'actif par une société à une autre,
l'interdiction de négocier les actions ne s'applique pas aux actions d'apport attribuées à une
société par actions ayant, lors de la fusion ou de l'apport plus de deux ans d'existence et dont
les actions étaient précédemment négociables.

L’interdiction de négocier les actions ne s’applique pas également aux actions de la société
mère ou holding à laquelle les actions ou les parts ont été attribuées suite à une opération de
restructuration d’entreprises visant son introduction à la bourse des valeurs mobilières de
Tunis ».

Par ailleurs, les actions demeurent négociable après la dissolution de la société et jusqu’à la
clôture de la liquidation21. Toutefois, la libre négociation peut être limitée par une clause
d’agrément insérée dans les statuts22.
3-Droits rattachés aux actions

Les actions confèrent à leurs titulaires des droits de nature pécuniaire ou extra-pécuniaires.

 Les Droits Pécuniaires

-Droit aux dividendes distribués par la société La part de chaque actionnaire dans les
bénéfices est déterminée proportionnellement à sa participation dans le capital social. Toute

19
Article 320 CSC.
20
Article 318 alinéa 3 du CSC.
21
Article 320 CSC.
22
Si l’article 322 du CSC répute non écrite les clauses d’agrément et de préemption en cas d’exécution en
bourse pour défaut de libération, l’article 321 précise les cas ou la clause ne peut être prévue dans les statuts.
Il s’agit de :
- La succession ou de la cession soit à un conjoint, soit à un ascendant ou descendant.
- La cession des actions d’une société FAPE.

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clause statutaire contraire est réputée nulle23. La loi n°2019-47 du 29 mai 2019 relative à
l’amélioration du climat d’investissement a inséré un alinéa dans l’article 288 CSC qui prévoit
« Tout associé doit recevoir sa part des dividendes dans un délai maximum de trois mois de la
date de la tenue de l’assemblée générale qui a décidé la distribution. Les associés peuvent, en
décider autrement à l’unanimité. Dans le cas de dépassement du délai de trois mois visé, les
bénéfices non distribués génèrent un intérêt commercial au sens de la législation en
vigueur ».

En application des dispositions de l’article 289 du CSC, la société ne peut exiger des
actionnaires la répétition des dividendes sauf dans les cas suivants :

• si la distribution des dividendes a été effectuée contrairement aux dispositions énoncées aux
articles 288 et 289 du CSC,

• s'il est établi que les actionnaires savaient le caractère fictif de la distribution ou ne
pouvaient l'ignorer compte tenu des circonstances de fait.

- Droit aux réserves de la société : L'actionnaire a de ce fait un droit à l’attribution d’actions


gratuites à la suite d’une augmentation du capital par incorporation de réserves.

- Droit de préférence à la souscription des actions de numéraire émises pour réaliser une
augmentation du capital : Selon l’article 296 CSC, «Les actionnaires ont,
proportionnellement au montant de leurs actions, un droit de préférence à la souscription des
actions de numéraire émises pour réaliser une augmentation du capital. Toute clause
contraire est réputée non avenue. » Ce droit préférentiel de souscription est d’ordre public. Il
ne peut y être dérogé par une clause contraire dans les statuts.

Le délai d'exercice du droit de souscription d'actions de numéraire ne peut en aucun cas être
inférieur à quinze jours. Ce délai court à partir de la date à laquelle est annoncé au Journal
Officiel de la République Tunisienne aux actionnaires le droit préférentiel dont ils disposent
ainsi que la date d'ouverture de la souscription et la date de sa clôture et de la valeur des
actions lors de leur émission (Article 301 du CSC).

Néanmoins, l'assemblée générale extraordinaire qui décide ou autorise une augmentation du


capital social peut supprimer le droit préférentiel de souscription pour la totalité de
l'augmentation du capital ou pour une ou plusieurs parties de cette augmentation. Elle
approuve, obligatoirement et à peine de nullité de l'augmentation, le rapport du conseil

23
Article 288 CSC

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d'administration ou du directoire et celui des commissaires aux comptes relatif à
l’augmentation du capital et à la suppression dudit droit préférentiel (article 300 du CSC).

Par ailleurs, les actionnaires peuvent renoncer à titre individuel à leur droit préférentiel de
souscription (article 296 du CSC).

- Droit au remboursement de l'apport lors de la liquidation de la société et droit au boni


de liquidation Le boni de liquidation est réparti entre les associés proportionnellement à leur
participation dans le capital social (article 47 du CSC). Lorsque la liquidation résulte de la
dissolution de la société, les associés peuvent, après le paiement de tous les créanciers,
reprendre les biens meubles ou immeubles objet de leurs apports, sauf stipulation contraire
des statuts (article 46 du CSC).

 Les Droits Extra-Pécuniaires

Les droits non pécuniaires découlent de l’affectio societatis et ont une nature en quelque sorte
politique au sens large du terme. Ils permettent à l’actionnaire d’exercer une influence sur la
haute gestion de la société. On les appelle parfois droits propres ou droits individuels, pour
montrer que l’actionnaire ne peut en être privé par les statuts.

Le principe en matière d’actions est l’égalité des actionnaires, mais ce n’est pas un principe
d’ordre public. Il n’est vrai que pour les actions d’une même catégorie car rien n’interdit à une
société d’émettre des actions appartenant à des catégories différentes. L’article 317 du CSC
considère que les actions peuvent conférer des droits différents à leurs titulaires. Les actions
dotées de droits identiques constituent une même catégorie d'actions.

- L’actionnaire a le droit de faire partie de la société : Il ne peut en être exclu que dans les
cas prévus par la loi. Une exclusion faite en dehors de ces cas constitue une atteinte au droit
de la propriété.

- L’actionnaire a le droit de négocier ses actions : Le principe est que l’actionnaire ne peut
en aucun cas être prisonnier de ses titres. L’actionnaire peut vendre ses titres à un autre
actionnaire ou à un tiers étranger sans avoir besoin d’autorisation.

Cette règle n’est toutefois pas absolue. D’une part, il y a lieu de citer les restrictions légales à
la libre négociabilité des actions telles que l’interdiction de négocier les actions non libérées
du quart, les actions avant l’immatriculation de la société au RNE.

Aussi, on peut prévoir dans les statuts d’une société ne faisant pas APE des clauses
d’agrément et de préemption limitant la libre cessibilité des actions dans le dessein de

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«fermer» la société anonyme. Une clause d’agrément a pour objectif de limiter l’accès à
l’actionnariat d’une société anonyme. Le but est d’éluder l’intrusion de personnes indésirables
dans les rouages de la société. Ce but est légitime lorsqu’il s’agit de sociétés familiales ou de
sociétés dont l’actionnariat est basé sur un équilibre déterminé.

L’article 321 du CSC a autorisé l’agrément des cessions d’actions dans les sociétés ne faisant
pas appel public à l’épargne. L’admission à la cote de la bourse vaut pour la société FAPE
une renonciation de plein droit à toute clause d’agrément et de préemption prévue par ses
statuts.

L’article 321 du CSC dispose : «Sauf en cas de succession ou de cession soit à un conjoint,
soit à un ascendant ou à un descendant, la cession à un tiers d'actions émises par une société
ne faisant pas appel public à l’épargne, peut être soumise à l’agrément de la société par une
clause statutaire».

Cet article appelle les remarques suivantes :

L'article 321 du CSC subordonne la validité de tout agrément de cession d’actions à


l’existence d’une clause statutaire. Il n’est donc pas possible de prévoir l’agrément par le biais
d’un accord extrastatutaire entre actionnaires ou d’une décision collective non portée au sein
du pacte social.

Le non-respect des clauses d’agrément par un actionnaire l’expose à la non-opposabilité de sa


cession envers les tiers. La société ne doit pas procéder aux inscriptions modificatives dans les
comptes de valeurs mobilières qu’elle détient lorsque la procédure d’agrément n’a pas été
respectée. Il demeurera entendu que, comme toute violation des statuts, le fait de porter une
cession non agréée au niveau des comptes de valeurs mobilières engage la responsabilité des
dirigeants. Notons par ailleurs que la validité des cessions d’actions dans le cas où l’agrément
est prévu par les statuts est également subordonnée à l’accomplissement des formalités de
dépôt et de publicité légale. L’article 321 CSC précise les procédures à suivre pour constater
l’agrément. Il prévoit « Si une clause d'agrément est stipulée, la demande d'agrément
indiquant les noms, prénoms du cessionnaire, le nombre des actions dont la cession est
envisagée et le prix offert est « notifiée » à la société.

L'agrément résulte soit d'une notification expresse soit du défaut de réponse dans un délai de
trois mois à compter de la demande. Si la société n'agrée pas le cessionnaire proposé, le
conseil d'administration ou le directoire est tenu, dans un délai de trois mois à compter de la
notification du refus, de faire acquérir les actions soit par un actionnaire, ou par un tiers,

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soit, avec le consentement du cédant, par la société - même. Dans ce dernier cas, le capital
social devra être réduit de l’équivalent de la valeur de ces actions.

A défaut d'accord entre les parties, le prix des actions est déterminé par un expert comptable
inscrit sur la liste des experts judiciaires, désigné par voie de référé par le président du
tribunal de première instance du lieu du siège social. A l'expiration du délai prévu à l'alinéa
précédent, si l'achat n'est pas réalisé, l'agrément est considéré comme donné. Toutefois, ce
délai peut être prorogé par décision « de justice »

- L’actionnaire a un droit de vote et de participation dans les décisions collectives : Ce


droit est proportionnel à la quotité du capital souscrit. Tout actionnaire peut voter par
correspondance ou se faire représenter par toute personne munie d'un mandat spécial (article
278 du CSC).

- Droit d’éligibilité aux fonctions sociales : Tout actionnaire est éligible aux fonctions de
direction. Parfois même, la qualité d’actionnaire est requise pour l’exercice de certaines
24
fonctions sociales. Ainsi, le PDG et le membre du conseil de surveillance 25doit être
actionnaire. En revanche et sauf clause contraire des statuts, les membres du conseil
d’administration ou du directoire peuvent être choisis en dehors des actionnaires (article 226
du CSC). La qualité d’actionnaire n’est pas, également, requise pour exercer la fonction de
directeur général.

- Droit d’information : Le droit d’information que la loi garantit à l’actionnaire lui permet de
se faire une opinion personnelle sur la gestion de la société. Pour les sociétés faisant appel
public à l'épargne, l'exercice du droit d'information est renforcé par le contrôle du Conseil du
Marché Financier.

-Droit d’agir en justice : Les actionnaires détenant au moins 10% du capital social pourront
demander l’annulation des décisions prises contrairement aux statuts ou portant atteinte aux
intérêts de la société, et prises dans l’intérêt d'un ou de quelques actionnaires ou au profit d'un
tiers (article 290 du CSC).

Une action contre le dirigeant ou les membres de conseil d’administration reste possible en
cas de preuve de faute de gestion ou d’un abus. L’article 200 CSC précise à cet égard que
« Un ou plusieurs actionnaires détenant au moins cinq pour cent du capital s’il s’agit d’une
société anonyme ne faisant pas appel public à l’épargne ou trois pour cent du capital s’il

24
Article 208 CSC.
25
Article 237 CSC.

12
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s’agit d’une société anonyme faisant appel public à l’épargne ou dont la participation au
capital est au moins égale à un million de dinars et n’ayant pas la qualité de membre ou de
membres du conseil d’administration peuvent, dans un intérêt commun, exercer une action en
responsabilité contre les membres du conseil d’administration pour faute commise dans
l’accomplissement de leurs fonctions. L’assemblée générale ne peut décider le désistement à
l’exercice de l’action. Toute clause contraire des statuts est réputée nulle. »

Concernant le groupe de sociétés, la minorité des associés dans une société appartenant à un
groupe dont la participation n'est pas inférieure à dix pour cent peut exercer l'action sociale
contre les associés représentant la majorité dans la société mère, en cas de prise d'une décision
portant atteinte aux intérêts de la société et ayant pour objectif de servir les intérêts de la
majorité au détriment des droits légitimes de la minorité (article 477 du CSC).

Paragraphe 2 : L’action à dividende prioritaire sans droit de vote ‫االسهم ذات‬


‫االولوية في الربح دون حق االقتراع‬

Ce type d’action constitue une variante de l’action ordinaire dans la mesure où elle confère
aussi à son titulaire des droits pécuniaires offrant la qualité d’associé. L’action à dividende
prioritaire sans droit de vote constitue cependant une catégorie particulière d’actions en ce
sens qu’elle crée des inégalités entre les actionnaires. Elle confère à son titulaire un dividende
prioritaire dont la détermination est laissée à la libre convention des parties et calculé à un
pourcentage du capital libéré à déterminer lors de l’émission26, mais qui ne peut en aucun cas
être inférieur au premier dividende au cas où il est prévu par les statuts de la société. Le
porteur de cette VM est exclu du droit de vote tant qu’il recouvre normalement son dividende
prioritaire. Cette position de privilège quant au bénéfice de dividende pourrait attirer un
actionnariat désintéressé de la participation au vote tout en étant animé par esprit purement
mercantile. Ce type d’action peut constituer dans cette mesure une option attirant des capitaux
nécessaires au financement de l’activité sociale.

1- Les conditions d’émission des ADPSDV

Aux termes de l’article 346 CSC, la création d’actions à dividendes prioritaires sans droit de
vote peut être prévue par les statuts. L’exécution de cette option peut être décidée par une

26
Article 350 alinéa 1 CSC

13
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AGE soit suite à une augmentation de capital par la création d’ADPSDV soit par conversion
d’actions ordinaires déjà émises27.

Si la société opte pour la création de ce type d’action, elle doit obéir ces conditions.

1- Elle doit garantir aux titulaires leur droit au dividende. « Lorsque les dividendes
prioritaires «dus» au titre de deux années successives n'ont pas été intégralement versés, les
actions à dividende prioritaire sans droit de vote conservent leurs spécificités tout en
conférant à leurs titulaires le droit d'assister aux réunions des assemblées générales et de
voter, et ne sont pas soustraites de l'ensemble des actions constituant le capital lors de la
détermination du quorum dans les assemblées. Le bénéfice de ces droits subsiste jusqu'à ce
que les dividendes « dus »(1) soient intégralement versés »28. Les titulaires de ce type
d’actions ont droit à un dividende prioritaire qui ne peut être inférieur à un pourcentage du
capital qu'ils ont libéré à déterminer lors de l'émission ni inférieur au premier dividende au cas
où il est prévu par les statuts de la société29.
2- L’ADPSDV à la même valeur nominale que celles des actions ordinaires.

3- La société émettrice des ADPSDV doit avoir réalisé des bénéfices durant les trois derniers
exercices. Selon l’article 347 CSC, « Aucune société ne peut émettre des actions à dividende
prioritaire sans droit de vote que si elle a réalisé des bénéfices durant les trois derniers
exercices ou si elle présente aux porteurs de ces actions une garantie bancaire assurant le
paiement du dividende minimum prévu à l'article 350 du présent code. ». Si la société n’a
justifié durant les trois derniers exercices des bénéfices, elle doit présenter une garantie
bancaire destinée à assurer le paiement du dividende prioritaire. Selon l’article 353 CSC
«Dans le cas où la société bénéficiaire d'une garantie bancaire n'a pas pu réaliser le
dividende minimum, la banque garante verse au profit des détenteurs d'actions à dividende
prioritaire sans droit de vote le dividende minimum sans demander à la société de verser
aucune contrepartie ni exercer, en aucun cas, de recours contre celle-ci. Toutefois la banque
garante conserve ses droits de recours contre les gestionnaires en cas de faute grave de
gestion susceptible de leur être imputée. La garantie bancaire doit cesser lorsque la société
distribue les dividendes « dus » au titre de deux exercices successifs et, dans tous les cas, sur
une période ne dépassant pas dix ans. »

27
Article 347 CSC.
28
Article 352 CSC.
29
Article 350 CSC.

14
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4-La fraction des ADPSDV ne peuvent dépasser le 1/3 du capital social comme le prévoit
l’article 348 CSC dans son alinéa 1.

5-Toutes les actions composant le capital d’une société émettrice des ADPSDV sont
négociable librement. Toute clause contraire est réputée nulle. On en déduit qu’une société ne
faisant appel public à l’épargne ne peut prévoir des clauses d’agrément-préemption si elle
procède à l’émission d’actions à DPSDV30.

2- Les droits conférés pour les titulaires des ADPSDV

Ce type d’action confère des droits pécuniaires ou des droits extra pécuniaires.

- Les droits pécuniaires

Ces droits de nature pécuniaire consistent en un dividende prioritaire et en un droit


préférentiel de souscription en cas d’augmentation de capital.

D’une part, le CSC laisse aux parties le soin de fixer le taux minimum garanti de dividende
prioritaire qu’il ne peut être inférieur à un pourcentage du capital qu’ils ont libéré à
déterminer lors de l’émission ni inférieur au premier dividende au cas où il est prévu par les
statuts de la société31.

Le dividende prioritaire est prélevé sur le bénéfice distribuable avant toute affectation. En cas
d’insuffisance de bénéfices distribuable, celui-ci doit être partagé à concurrence entre les
titulaires d'actions à dividende prioritaire sans droit de vote. Le reliquat non distribué du
dividende prioritaire est reporté sur l’exercice suivant et si besoin sur les exercices ultérieurs.
Ce reliquat est servi avant le paiement de dividende prioritaire au titre de l'année en cours 32.
L’article 350 CSC, précise que l’ADPSDV ne peut donner droit au premier dividende.

D’autre part, l’ADPSDV donne bénéfice à un droit préférentiel de souscription à une


augmentation de capital. En cas d’augmentation de captal par apports en numéraire, les
titulaires de ces actions bénéfice d’un droit préférentiel de souscription dans les mêmes
conditions qu’un actionnaire ordinaire33.

30
Article 348 Alinéa 2 CSC.
31
Article 350 CSC.
32
Article 350 CSC.
33
Article 366 alinéa 1 CSC.

15
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Toutefois, l’AGE peut décider, après avis de l'assemblée spéciale, que les titulaires des
ADPSDV auront un droit préférentiel à souscrire ou à recevoir des actions à dividende
prioritaire sans droit de vote qui seront émises dans la même proportion34.

- Les droits extra pécuniaires

Les titulaires d’ADPSDV bénéficient des mêmes droits reconnus aux titulaires d‘actions
ordinaires tel que le droit à l’information35 ou à l’action sociale36. Cependant, en contre partie
du dividende prioritaire, ils n’ont droit ni à la participation au vote lors des assemblées
générales des actionnaires ni à l’immixtion dans la gestion. Le titulaire de ce type d’action ne
peut être, de ce fait, nommé administrateur ou DG.

Les titulaires des ADPSDV sont réunis dans une assemblée spéciale qui peut être convoquée
par la société elle-même ou par le(s) porteur détenant le dixième des ADPSDV. Si la société
ne convoque pas à une assemblée spéciale dans le mois qui suit la demande des porteurs,
ceux-ci peuvent se faire autoriser par le président du tribunal de première instance du siège de
la société pour convoquer l’assemblée37. La convocation est faite par insertion au JORT et
deux journaux quotidiens dont l’un est en langue arabe38. L’assemblée est tenue 8 jours après
la publicité.

L’article 359 CSC détermine le quorum exigé pour la validité des délibérations à la moitié au
moins des ADPSDV existantes. Ci ce quorum n’est pas atteint, l’assemblée spéciale est
convoquée une seconde fois et elle délibère valablement en présence des porteurs détenant le
1/3 au mois des ADPSDV. Si ce quorum n’est pas réuni, l’assemblée sera retardée à un délai
qui ne dépasse deux mois. Les délibérations des assemblées spéciales doivent réunir 2/3 des
voix des ADPSDV.

L’assemblée spéciale peut émettre des avis à l’ordre des AGO39 ou de l’AGE en cas
d’augmentation de capital par émission ou attribution d’ADPSDV40. Elle peut aussi intervenir

34
Article 366 alinéa 3 CSC.
35
Selon l’article 363 CSC les titulaires des ADPSDV « ont droit aux mêmes communications que les actionnaires
et aux mêmes époques. Ils peuvent se faire délivrer copie des procès-verbaux de toutes les assemblées
générales spéciales. »
36
Selon l’article selon l’article 364 CSC « Aucune action judiciaire concernant l'exercice des droits communs à
toutes les actions d'une même masse ne peut être exercée contre la société qu'au nom de cette masse, après
décision conforme de l'assemblée générale spéciale prévue à l'article 360 du présent code et par un
représentant de la masse, nommé par l'assemblée générale spéciale et pris parmi les membres de cette
assemblée. »
37
Article 355 CSC.
38
Article 356 alinéa 1 CSC.
39
Article 365 CSC.

16
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pour donner son approbation à toutes les modifications de l’objet de la société ou sa forme
comme le prévoit l’article 361 CSC. La modification des droits des porteurs d’ADPSDV est
également soumise à son approbation. Cette assemblée peut nommer un ou plusieurs
représentants de la masse des ADPSDV dont elle fixe les pouvoirs. L’assemblée autorise en
plus l’exercice d’action judiciaire concernant les droits collectifs41.

Paragraphe 3 : Le certificat d’investissement ‫سندات المساهمة‬

Selon l’article 375 CSC, le certificat d’investissement résulte de la scission de l’action


ordinaire en deux parties :

- Le certificat d’investissement représentant les droits pécuniaires attachés à l’action ;


- Le certificat de droit de vote représentant les autres droits attachés à l’action.
Alors que le certificat d’investissement représente seulement les droits pécuniaires de l’action,
le certificat de droit de vote représente les autres droits rattachés à l’action.

L’AGE peut décider cette scission de l’action en deux titres suite à un rapport présenté par le
conseil d’administration ou un directoire et un rapport spécial présenté par un commissaire
aux comptes42.

Selon l’article 377 CSC « en cas de fractionnement d’actions existantes, l’offre de création de
certificats d’investissement et de certificats de droit de vote est faite à tous les porteurs
d’actions, en même temps et dans une proportion égale à leur part du capital ».

1- Conditions de création

Les certificats d’investissement ne peuvent être crées qu’après la constitution de la société. La


décision est prise par délibération de l’AGE sur rapport du conseil d’administration ou du
directoire et celui du CAC43.

L’article 376 CSC a prévu un plafond pour la création de ce type de certificat qui varie selon
deux situations. En cas de création cumulée de certificat d’investissement et d’actions
DPSDV, la proportion des deux catégories des valeurs créés ne peut dépasser 49% du capital
social. En cas de création de certificat d’investissement uniquement, le plafond est fixé à un
tiers du capital social.

40
Article 366 alinéa 3 CSC.
41
Article 364 CSC.
42
Article 375 CSC.
43
Article 375 CSC.

17
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2- Modalités de création

La décision de création de certificat d’investissement revient à l’AGE. Elle prend la forme


soit d’une augmentation du capital à travers l’émission de certificat d’investissement soit d’un
fractionnement d’actions déjà émises.

- Création par conversion d’actions ordinaires existantes. Chaque actionnaire peut répondre à
l’offre de création de certificat d’investissement dans une proportion égale à sa part du capital.

- Création par augmentation du capital : la décision est prise par AGE. Le CSC prévoit deux
hypothèses dans ce cadre. D’une part, lorsque la société émet des certificats d’investissement
pour la première fois, les porteurs d’actions ont un droit préférentiel de souscription aux
certificats d’investissement, les certificats de droit de vote sont répartis entre les porteurs
d’actions au prorata de leurs droits, sauf renonciation individuelle de leur par au profit de l’un
ou certains d’entre eux44. D’autre part, lorsque la société a déjà crée des certificats
d’investissement pour décider d’augmenter son capital, « les propriétaires des certificats
d’investissement ont, proportionnellement au nombre de titres qu'ils possèdent, un droit de
préférence à la souscription des nouveaux certificats. Lors d’une assemblée spéciale,
convoquée et réunie selon les règles de l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires,
les propriétaires des certificats d’investissement peuvent renoncer à ce droit. Les certificats
non-souscrits sont répartis par le conseil d’administration ou le directoire. La réalisation de
l’augmentation du capital s’apprécie par rapport à la fraction des actions souscrites. Les
certificats de droit de vote créés avec les nouveaux certificats d’investissement sont attribués
aux porteurs d’anciens certificats de droit de vote en proportion de leurs droits, sauf
renonciation de leur part au profit de « l’ensemble des porteurs de certains d’entre eux »45.

3- La situation des porteurs des certificats d’investissement et des certificats des droits
de vote

- Le certificat d’investissement représente les droits pécuniaires attachés à l’action. Le porteur


de ce certificat a le droit à l’information dans les mêmes conditions que le porteur d’actions. Il
a aussi bénéfice des droits pécuniaires tels que la part de bénéfice distribuable, le droit
préférentiel de souscription en cas d’augmentation de capital, un droit d’attribution d’actions
gratuites en cas d’augmentation de capital par incorporation de réserves, prime ou bénéfices,
un droit au boni de liquidation, etc. En cas de faute de gestion par des dirigeants menaçant ces

44
Article 378 CSC.
45
Article 384 CSC.

18
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droits pécuniaires, les porteurs de certificats d’investissement peuvent agir en responsabilité.
Ces porteurs peuvent se réunir en une assemblée spéciale46.

- Les certificats de droit de vote sont crées dans les mêmes proportions que les certificats
d’investissement. Ce certificat offre le droit d’accéder aux AG et de prendre parts au vote.
L’article 380 CSC précise qu’on ne peut créer un certificat de droit de vote représentant
moins d’une voix. Ce certificat doit être nominatif. Ce certificat n’est pas une valeur
mobilière. Il ne peut être cédé qu’en cas de succession, donation ou d’opération de fusion ou
de scission ou accompagnée d’un certificat d’investissement47. En cas de cession
accompagnée du certificat d’investissement, l’action est définitivement constituée48.

§2 : Les titres de créance


Il s’agit de titres représentant les créances contre la société émettrice. L’obligation en
constitue le prototype le plus important. Il est néanmoins possible de créer une obligation
convertible en action.

Paragraphe 1 : Les obligations ‫الرقــــــــاع‬


Il s’agit de VM négociable représentant un droit de créance sur la société 49. Sa valeur
nominale ne peut être inférieure à 5 DT50. La créance est née d’un contrat collectif de prêt et
entraine un droit de remboursement du principal augmenté des intérêts. Afin de produire les
effets juridiques escomptés, l’émission de l’obligation est soumise à des conditions
prédéterminées.

1- Les conditions de l’émission


- Les sociétés pouvant émettre les obligations

Selon le CSC, les sociétés anonymes51 et les SCA peuvent émettre des obligations52. Le GIE
peut aussi émettre des obligations s’il est composé exclusivement de sociétés anonymes
répondant aux conditions prévues pour l’émission d’emprunts obligataires53.

L’article 329 CSC renvoi à un décret d’application pour fixer les conditions et les modalités
d’exécution des obligations. Plus précisément, le décret n°2005-3018 du 21 novembre 2005
46
Article 384 alinéa 2 CSC.
47
Article 379 CSC
48
Article 379 in fine CSC.
49
Article 327 CSC.
50
Article 327 CSC.
51
Article 329 CSC.
52
Article 391 CSC
53
Article 447 CSC.

19
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exige que la société émettrice doit jouir d’un capital minimum libéré d’un million de dinars
ainsi que deux années d’existence et l’établissement pour les deux derniers exercices des états
financiers certifiés. Une société ne peut émettre un emprunt obligataire que si le capital est
totalement libéré. Toutefois, la société peut le faire si le produit qui en résulte sera affecté au
remboursement de titres de créances résultant d’une émission antérieure54.

- Organes de décision

L’article 330 du CSC dispose : «L'assemblée générale des actionnaires a seule qualité pour
décider ou autoriser l’émission d’obligations». Il s’agit de l’assemblée générale ordinaire car
cette décision n’entraîne pas une modification du capital, donc des statuts, mais dépasse les
pouvoirs des dirigeants. Néanmoins, l’article 331 du CSC autorise l'assemblée générale des
actionnaires à déléguer au conseil d'administration ou au directoire les pouvoirs nécessaires
pour procéder à l’émission d’obligations en une ou plusieurs fois et d'en arrêter les conditions
et les modalités.

-Formalités préalables

Certaines conditions de forme sont requises en cas de recours à l’appel public à l’épargne.
L’article 332 du CSC dispose : «Au cas où il est fait recours à l’appel public à l’épargne, les
souscripteurs seront informés des conditions d'émission par une notice comportant les
énonciations indiquées au présent code et à la loi portant réorganisation du marché
financier»55. L’article 329 du CSC ajoute que : «Le conseil du Marché Financier veille au
respect des conditions d'émission prévues à l'article 164 du présent code et aux modalités
spécifiées au paragraphe précédent. A cet effet, le président du Conseil du Marché Financier
dispose de tous les droits de poursuites judiciaires».

En cas de non recours à l’APE pour l’émission d’obligations, les dirigeants des sociétés
émettrice doivent informer le CMF du montant de l’émission et du nombre des souscripteurs
dans un délai de 7 jours, à compter de la clôture des souscriptions des dites obligations56.

54
Article 12 CSC.
55
L’article 2 de la loi n° 94-117 du 14 novembre 1994, portant réorganisation du marché financier dispose :
«Sans préjudice des dispositions relatives aux publications exigées et prévues par la législation en vigueur,
toute société ou organisme qui émet des valeurs mobilières ou produits financiers par appel public à l'épargne,
doit chaque fois et au préalable, publier un prospectus destiné à l'information du public et portant notamment
sur l'organisation de la société ou de l'organisme, sa situation financière et l'évolution de son activité ainsi que
les caractéristiques et l'objet du titre ou du produit émis».
56
Article 1 alinéa 3 du décret n°2005-3018 du 21 novembre 2005 portant application des dispositions de
l’article 329 CSC.

20
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2- Les effets de l’émission

L’émission d’obligation est constitutive d’une offre alors que sa souscription illustre son
acceptation. Les obligataires sont des prêteurs jouissant de certains droits de nature
pécuniaire. L’émission entraine en outre plusieurs conséquences sur les droits collectifs des
obligataires.

- Les droits pécuniaires des obligataires

Les obligataires ont un droit au remboursement du principal augmenté des intérêts. La durée
de remboursement du prêt est précisée dans le contrat d’émission, elle ne peut être inférieure à
5 ans (article 327 in fine CSC). Sauf clause contraire dans la notice, la société émettrice ne
peut imposer aux obligataires un remboursement anticipée. Mais la société peut racheter en
bourse les obligations57 ce qui emporte extinction de la créance par confusion. L’article 338
CSC exige dès lors l’annulation de ces obligations. La notice d’émission peut prévoir l’octroi
d’une sûreté personnelle ou réelle garantissant le remboursement du principal et le paiement
des intérêts. En pratique, le CMF a souvent exigé une garantie bancaire à première demande.

- La défense des intérêts collectifs des obligataires

Les obligataires peuvent se réunir en une assemblée spéciale comme le prévoit l’article 333
CSC selon lequel « les obligataires peuvent se réunir en assemblée spéciale laquelle
assemblée peut émettre un avis préalable sur les questions inscrites à la délibération de
l'assemblée générale ordinaire des actionnaires. Cet avis est consigné au procès-verbal de
l'assemblée générale des actionnaires. L'assemblée générale spéciale des obligataires
désigne l’un de ses membres pour la représenter et défendre les intérêts des obligataires. Les
dispositions des articles de 355 à 365 du présent code s’appliquent à l'assemblée générale
spéciale des obligataires et à son représentant. Le représentant de l'assemblée générale des
obligataires a la qualité pour la représenter devant les tribunaux ». L’assemblée spéciale se
réunit avant l’AGO afin de donner son avis sur les questions inscrites à l’ordre du jour.

Paragraphe 2 : Les obligations convertibles en action ‫رقاع قابلة للتحويل السهم‬

Si les obligataires sont assurés d’une rémunération fixe indépendante des résultats de
l’exploitation, ils peuvent profiter de la situation prospère de la société grâce à la conversion
de l’obligation en une action. Ils changent ainsi de qualité pour devenir associé. L’article 340

57
Une telle pratique présente un intérêt lorsque la cours de l’obligation cotée en bourse est inférieur au prix de
remboursement prévu par le contrat d’émission.

21
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précise dans ce cadre que « l’assemblée générale extraordinaire sur le rapport du conseil
d’administration ou du directoire et sur le rapport spécial des commissaires aux comptes,
relatif aux bases de conversion proposées, autorise l’émission d’obligations convertibles en
actions auxquelles les dispositions relatives à l’émission d’obligations sont applicables.

A partir de l’autorisation de l’AGE, il est interdit à la société émettrice, jusqu’à l’expiration


du délai d’option pour la conversion, de procéder à une nouvelle émission d’obligations
convertibles en actions, d’amortir son capital ou de réduire par voie de remboursement, de
distribuer des réserves en espèces ou en titres, d’incorporer les réserves ou les bénéfices à son
capital et généralement de modifier les répartitions des bénéfices 58. Manifestement, ces
opérations constituent une menace pour les intérêts des obligataires qui opterait pour les
conversions de leurs titres.

§ 3 : Les titres hybrides : Les titres participatifs ‫سندات المساهمة‬


Il s’agit des titres participatifs réunissant à la fois les caractéristiques d’un titre de capital et
celles d’un titre de créance. L’AGO est compétente pour autoriser l’émission d’un titre
participatif. Elle peut déléguer ce pour selon le cas au conseil d’administration ou au
directoire. Selon l’article 369 CSC « les titres participatifs sont des VM négociables ». La
nature hybride de ce titre est relative est relative à la rémunération qu’il procure à son
titulaire.

Paragraphe 1 : Emission des titres participatifs

L’AGO est compétente pour autoriser l’émission des titres participatifs. Elle peut, selon le
cas, déléguer ce pouvoir au conseil d’administration ou au directoire. La valeur nominale du
titre participatif ne peut être inférieure à 5 DT. Les dispositions régissant l’émission des
obligations sont applicables à l’émission de tires participatives lorsque la société fait appel
public à l’épargne. Par contre, lorsque la société qui émet des titres participatifs ne fait pas
appel public à l’épargne, l’émission des titres participatifs n’est pas soumise à des règles
particulières sauf en matière de compétence des organes.

Paragraphe 2 : Les droits conférés

Les porteurs de titres participatifs bénéficient de droits pécuniaires et d’un droit de contrôle
qui s’exerce dans le cadre d’une assemblée spéciale.

58
Article 344 CSC.

22
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1- Les droits pécuniaires

Selon l’article 369 CSC, la rémunération du titre participatif comporte obligatoirement une
partie fixe et une partie variable calculée par référence à des éléments relatifs à l’activité et
aux résultats de la société et liée au nominal des titres. La nature hybride de ce titre provient
précisément de cette forme de rémunération.

Ainsi, tout comme les obligations, ces titres représente un droit de créance sur la société
émettrice qui donne droit à un remboursement du principal augmenté des intérêts.
Néanmoins, les modalités de détermination des intérêts et de remboursement du capital
diffèrent nettement de celles prévues pour les obligations.

- Le remboursement du principal

Selon l’article 370 CSC, les titres participatifs ne sont remboursables qu'à l'expiration d'un
délai qui ne peut être inférieur à sept ans ou en cas de liquidation.

Au cours de la vie sociale, la société ne peut imposer aux porteurs un paiement avant le terme
de 7 ans. La société peut, par contre, racheter les titres participatifs avant ce délai et procéder
par la suite à leur annulation.

En cas de liquidation, le remboursement des titres participatifs n’est fait qu'après


désintéressement de tous les autres créanciers privilégiés ou chirographaires 59 et avant le
remboursement des associés. Il aura ainsi une sorte de nouveaux créanciers d’un rang
inférieur aux créanciers chirographaires. C’est cette considération qui a poussé le législateur à
assimiler les titres participatifs, lors de l'appréciation de la situation financière des entreprises
qui en bénéficient, à des fonds propres60.

Au niveau du traitement comptable, les titres participatifs sont inscrits à une ligne particulière
du bilan de la société émettrice. C’est également le cas lorsque ces titres sont souscris par un
nombre restreint de souscripteurs sans appel public à l’épargne61.

- La rémunération des titres participatifs

La rémunération est fixée dans le contrat d’émission en comportant une partie fixe et une
partie variable. A travers la rémunération fixe, le porteur reçoit un intérêt non aléatoire. La
partie variable doit être déterminée par des éléments relatifs à l’activité tels que le chiffre

59
Article 370 CSC.
60
Article 371 in fine CSC.
61
Article 371 alinéa 1 CSC.

23
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d’affaire ou le résultat comptable de la société62. Ce son donc les comptes annuels qui
permettront de déterminer cette partie variable.

2- Le droit de contrôle accordé aux porteurs

Selon l’article 373 CSC, les titulaires des tires participatifs sont réunis en assemblée spéciale
soumise aux même dispositions prévues pour l’assemblée spéciale des titulaires des
ADPSDV. L’assemblée spéciale des titulaires des titres participatifs peut émettre un avis
préalable sur les questions soumises à la délibération de l’AGO. L’article 374 CSC précise
que cet avis « est consigné au procès-verbal de l'assemblée générale des actionnaires ». Par
ailleurs l’assemblée spéciale bénéficie d’un pouvoir d’approbation pour toute décision ayant
pour effet la modification des droits des titulaires des titres participatifs. L’article 374 in fine
précise que la décision de l’AG des actionnaires n’est définitive qu’après cette approbation
par l’assemblée spéciale des titres participatifs.

Les titulaires des titres participatifs peuvent aussi obtenir communication des documents de la
société dans les mêmes conditions que les actionnaires de la société comme le prévoit l’article
373 alinéa 1 CSC.

Section 1 : Les valeurs mobilières par assimilation


A côté des produits classiques de VM, le législateur a opéré un élargissement en admettant
par assimilation un certains nombre d’autres titres comme étant des VM. Il s’agit des parts et
actions d’organismes agissant sur le marché financier dans le cadre des opérations de
placement collectif et de soukuks islamiques.

§ 1 : Les parts d’OPCVM

L’article 13 du code des organismes de placement collectif précise que les parts du fonds
commun de placement en VM sont des VM. L’article 37 du même code précise que les fonds
de créances sont également des VM.

Effectivement, les OPCVM constituent une technique de placement permettant à l’épargnant


de bénéficier d’un placement de l’épargne investie en VM. En fait, le fonds commun de
placement collecte l’épargne et le place sur le marché financier par l’achat d’actifs financiers
ou d’autres actifs selon la forme et le statut de chaque catégorie de ces fonds.

62
Article 369 CSC.

24
Droit Approfondi des Sociétés Commerciales
Mastère Professionnel en Comptabilité/ISB
Enseignante : Chiraz TOUIL
§ 2 : Les sukuks islamiques

Par la loi n°2013-30 du 30 juillet 2013 relatives aux sukuks islamiques, le législateur tunisien
a crée une nouvelles catégorie de produits financiers destinés à attirer une nouvelle catégorie
d’épargne reposant sur le respect de la règle de charia. L’article 2 de cette loi considère que
les Sukuks sont considérés comme des VM au sens de l’article premier de la loi n°2000-35
du 21 mars 2000, relatives à la dématérialisation des titres.

Les sukuks sont négociés après la clôture de la souscription conformément aux normes
charaïques régissant les avoirs, les créances, la monnaie et le change et selon les conditions
stipulées dans le document d’émission de sukuk et en application des décisions du comité de
contrôle charaïques63. Les Sukuk peuvent être émis en dinar tunisien ou en devises sous
réserve de respecter les législations et réglementations des changes en vigueur64. Ils sont
négociables à la bourse des valeurs mobilières de Tunis conformément aux dispositions de la
loi n° 94-117 du 14 novembre 1994 et des règlements émis par le conseil du marché financier
en la matière. Les sukuk émis en devises peuvent être négociables sur les bourses étrangères.

L’émission des sukuk se fait au profit de :

- L’Etat,

- Les établissements et les entreprises publics et les collectivités locales,

- Les entreprises du secteur privé selon des conditions arrêtées par décret.

L’appel à la souscription aux sukuk se fait par le biais d’un « document d’émission de sukuk »
établi et signé par le représentant légal de l’émetteur entreprises publics et entreprises privées.
Ils doivent porter l’approbation du comité de contrôle charaïques concernant l’émission. Les
établissements et les entreprises publics ainsi que les entreprises du secteur privé doivent
obtenir l’attestation du ou des commissaires aux comptes sur le document d’émission de
sukuk et doivent le publier à travers une notice légale au JORT. Cette publication ne confère
pas à l’appel à la souscription aux sukuk le caractère d’appel public à l’épargne. Le document
d’émission de sukuk doit comporter certaines mentions obligatoires prévues par l’article 8 de
la loi n°2013-30

63
Article 25 de la loi n°2013-30.
64
Article 3 de la loi n° 2013-30.

25

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