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DEUXIEME PARTIE : LES PERSONNES MORALES COMMERCANTES,

LES SOCIETES COMMERCIALES

L’article 4 de l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement


d’intérêt économique dispose que la société commerciale est créée par deux (2) ou plusieurs
personnes qui conviennent, par un contrat, d’affecter à une activité des biens en numéraire ou
en nature, ou de l’industrie, dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie
qui peut en résulter. Les associés s’engagent à contribuer aux pertes dans les conditions
prévues par le présent Acte uniforme.
L’acte uniforme prévoit et réglemente cinq (5) types de sociétés qui sont considérées comme
des sociétés commerciales par la forme et quel que soit leur objet. Il s’agit de la société en
noms collectifs (SNC), la société en commandite simple (SCS), la société à responsabilité
limitée (SARL), la société anonyme (SA) et enfin la société par actions simplifiées (SAS)
créée depuis la réforme de l’acte uniforme intervenue le 30 janvier 2014.

Deux types de règles s’appliquent à ces sociétés, les unes sont communes à toutes les sociétés
(titre I) et les autres sont propres à chaque type de société (titre II).

Titre I : Les Règles Communes à toutes les Sociétés.

Elles concernent la constitution, le fonctionnement, la dissolution et les liens entre sociétés.

Chapitre I : La Constitution des Sociétés Commerciales

La société commerciale obéit pour sa constitution à des conditions (section I) et la violation


de ces conditions entraine des sanctions (section II)

Section I : Les Conditions de Constitution


Il y a des conditions de fond et des conditions de forme.

Para I : Les Conditions de fond


Il faut partir de l’idée que la création de la société résulte d’un contrat. Donc pour créer une
société, il faut remplir toutes les conditions de formation d’un contrat (le consentement, la
capacité, la cause et l’objet). Mais ce n’est pas un contrat comme les autres. C’est pourquoi il
y a des conditions particulières à réunir.

I : La Volonté de s’associer
Elle doit être exprimée. Il faut aussi que cette expression soit constatée par écrit : ce sont les
statuts.

A : L’expression de la volonté
Il faut un concours de volontés, mais aussi des volontés intéressées

1 – La Nécessité d’un concours de volontés


En principe pour créer une société, il faut au moins deux (2) personnes. L’article 4 dit que, la
société est créée par deux ou plusieurs personnes. On y utilise aussi le verbe convenir. La
convention implique une pluralité de personnes. Ces volontés se présentent sous une forme
particulière. C’est ce que l’on appelle l’Affectio Societatis. C’est la volonté de collaboration
effective à l’exploitation sociale dans un intérêt commun et sur un pied d’égalité.

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Cependant l’Acte Uniforme a prévu une exception au principe de la pluralité des associés. En
effet, Il est dit dans article 5 que la société peut être créée par une seule personne, mais
seulement dans les cas prévus par la loi. Et la loi a prévu la création d’une société composée
d’un seul associé et qu’on appelle société unipersonnelle dans trois cas (3) cas :
- S’il s’agit de la SARL (article 309, alinéa 2), de la SA (article 385, alinéa 2) et de la SAS
(article 853-1)

2 – Des Volontés Intéressées


La société est un groupement qui a une finalité propre parce que les associés se réunissent
dans le but de tirer des avantages matériels de l’exploitation sociale.
Au départ, on considérait que le groupement n’était une société que si le but poursuivi était la
recherche de bénéfices. Et le bénéfice était entendu au sens de gain pécuniaire qui venait
s’ajouter à la fortune des associés.
Aujourd’hui, l’approche est différente. On ne vise plus seulement les bénéfices, mais aussi
l’économie.
Il ne suffit pas qu’il y ait recherche de gain matériel, il faut aussi que ce gain soit partagé. Il
faut donc la recherche et le partage de gains matériels.

B : La Formalisation de la Volonté
Il faut un écrit pour constater l’expression des volontés. Il s’agit en l’espèce des Statuts.

1 – Le Mode d’établissement des Statuts


Sauf dispositions nationales contraires, les statuts sont établis par acte notarié ou par tout acte
offrant des garanties d’authenticité dans un Etat Partie.
S’il s’agit d’un acte présentant des garanties d’authenticité, il faut qu’il soit déposé avec
reconnaissance d’écritures et de signatures au rang des minutes d’un notaire. Ainsi
contrairement à ce qui se passait avant la réforme la forme des statuts est laissée à la libre
appréciation de chaque Etat. Le choix entre l’acte notarié et l’acte présentant des garanties
d’une authenticité n’est plus exigé.

Lorsque les statuts sont établis par acte sous seing privé, il est dressé autant d’exemplaires
qu’il est nécessaire pour le dépôt d’un exemplaire au siège social et l’accomplissement des
diverses formalités requises par les textes en vigueur dans l’Etat (l’immatriculation par
exemple).

En outre, lorsqu’il s’agit de sociétés en nom collectif, de sociétés en commandite simple et de


sociétés à responsabilité limitée, il est remis à chaque associé un exemplaire original.
Pour les sociétés anonymes et les sociétés par actions simplifiées un exemplaire original est
remis aux associés qui en ont fait la demande à la signature des statuts ou le cas échéant, lors
de l’assemblée générale constitutive.
Une copie des statuts est tenue à la disposition des associés par la société.

2 – Les Mentions
L’article 13 de l’Acte Uniforme donne liste des mentions obligatoires. Il vise :
- La Forme de la société (SNC, SCS, SARL, SA, SAS) ; en général on donne la liste des
associés ;
- La Dénomination suivie le cas échéant du Sigle ;
- La Nature et le Domaine de son activité (c’est cela qui constitue l’objet) ;
- Le Siège social ;

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- La Durée (elle ne peut dépasser 99 ans)
- L’Identité des apporteurs en numéraires avec, pour chacun d’eux, le montant des
apports et le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque
apport ;
- L’identité des apporteurs en nature, la nature et l’évaluation de l’apport effectué par
chacun d’eux, le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque
apport ;
- L’identité des apporteurs en industrie, la description de l’apport et les modalités de sa
libération, le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque
apport ;
- L’Identité des bénéficiaires d’avantages particuliers et la nature de ceux-ci ;
- Le Montant du Capital ;
- Le Nombre et la valeur des titres sociaux émis en distinguant le cas échéant, les
différentes catégories des titres créés ;
- Les Stipulations relatives à la répartition du résultat, à la constitution des réserves et à la
répartition du boni de liquidation ;
- Les modalités de fonctionnement.

Si une mention obligatoire fait défaut, tout intéressé peut demander au Tribunal dans le
ressort duquel se trouve le Siège Social, d’ordonner la régularisation. Ce droit appartient
également au Ministère Public. L’action en Régularisation se prescrit par trois (3) ans et le
point de départ est le jour de l’immatriculation. Donc l’omission d’une mention obligatoire
dans les statuts n’est pas une cause de nullité de l’acte de société.

II : L’Affectation d’une Masse des Biens


L’article 37 prévoit expressément la mise en commun des apports. Chaque associé doit faire
un apport à la société.
Il y a les apports capitalisés et l’apport non capitalisé.

A– Les Apports Capitalisés


Deux types d’apports entrent dans la composition du capital. Il s’agit des apports en nature
et des apports en numéraires.

1) Les Apports en Nature


Il s’agit de tous les apports en biens meubles ou immeubles, corporels ou incorporels, à
l’exception des espèces monétaires. Ils peuvent prendre deux formes :
- Il peut s’agir d’un Apport en Pleine Propriété. Il y aura un transfert de la propriété du
bien. L’associé perd définitivement le bien au profit de la société et ne pourra pas le
récupérer en cas de dissolution.
- Il peut s’agir d’un Apport en Jouissance. Dans ce cas, l’associé n’apporte pas la propriété
du bien, mais seulement la jouissance du bien. En cas de dissolution, le bien qui n’avait
pas quitté le patrimoine de l’associé ne lui échappera pas.

L’apport en nature pose un problème d’évaluation quelle que soit sa nature. En cas de
Surévaluation, l’apporteur sera privilégié par rapport aux autres associés et le capital social
sera artificiellement gonflé. En revanche, si l’apport est sous évalué, l’apporteur sera lésé.
Compte tenu de ces risques de sous évaluation et de surévaluation, on fait intervenir un
commissaire aux apports. Le commissaire aux apports est prévu aux articles 312 pour les
SARL. D’après ce texte, l’évaluation est faite par les commissaires aux apports dès lors que la
valeur d’un apport ou de l’ensemble des apports en nature excède cinq millions.

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2) Les Apports en Numéraire
Ce sont les apports de sommes d’argent dont la propriété est définitivement transférée à la
société. Ils posent deux (2) problèmes : la souscription et la libération que nous étudierons
dans les règles propres à chaque type de société.

2 – L’Apport non Capitalisé : l’apport en industrie


C’est à la faveur de la réforme de janvier 2014 que le législateur OHADA a intégrer un
régime complet de l’apport. Avant il s’était contenter, à la dernière minute, de l’insérer dans
l’acte uniforme sans aucune réglementation.
Ainsi l’article dit que chaque associé peut apporter à la société : des connaissances techniques
ou professionnelles ou des services, par apport en industrie ;

Les apports en industrie sont réalisés donc par la mise à disposition effective de la société de
connaissances techniques ou professionnelles ou de services.
Les apports en industrie sont interdits dans les sociétés anonymes.

L’apporteur en industrie doit rendre à la société la contribution promise et lui doit compte de
tous les gains qu’il a réalisés par l’activité faisant l’objet de son apport.
Les statuts décrivent l’apport en industrie et déterminent les modalités de sa libération y
compris la durée des prestations qui sont fournies par l’apporteur, le nombre de titres sociaux
attribués en rémunération de ces prestations et les droits attachés à ces titres dans le partage
des bénéfices et de l’actif net. Les statuts déterminent également les modalités de liquidation
de ces titres en cas de cessation par l’apporteur de l’activité faisant l’objet de son apport.

Les apports en industrie ne concourent pas à la formation du capital social mais donnent lieu à
l’attribution de titres sociaux ouvrant droit au vote et au partage des bénéfices et de l’actif net,
à charge de contribuer aux pertes.
Toutefois, les droits de vote attachés aux titres sociaux résultant les apports en industrie ne
peuvent être supérieurs à vingt-cinq pour cent (25%) de l’ensemble des droits de vote.
De même la part totale attachée à ces titres sociaux ne peut excéder vingt-cinq pour cent
(25%) des bénéfices, de l’actif net et des pertes de la société.

Les titres sociaux résultant d’apports en industrie ne sont ni cessibles ni transmissibles. Ils
n’ont pas de valeur nominale.

Para II : Les conditions de forme : L’Immatriculation au RCCM


L’article 97 de l’Acte Uniforme dispose que toutes les sociétés commerciales doivent faire
l’objet d’immatriculation au RCCM. Seules les Sociétés en Participation échappent à cette
obligation. C’est l’immatriculation qui confère à la société la personnalité morale.

I : L’Acquisition de la Personnalité Morale avec l’Immatriculation


C’est avec l’immatriculation que la société acquière la personnalité morale. Ce sont les
articles 73 et 74 de l’acte uniforme qui sont consacrés à l’immatriculation.

La demande de l’immatriculation est rejetée s’il n’y a pas de déclaration de régularité et de


conformité. Cette déclaration est faite par les fondateurs et le premier dirigeant qui y relatent
les opérations effectuées.

Cependant la demande peut être reçue malgré l’absence d’une déclaration de conformité, si
une déclaration notariée de souscription et de versement des fonds a été établie et déposée.

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Sous le bénéfice de cette observation, on peut retenir qu’avec l’immatriculation, la société va
avoir tous les attributs.

A : Les Attributs de la Personnalité Morale


Il s’agit du Siège Social, de la Dénomination Sociale, du Patrimoine et de la Nationalité.

1 – Le Siège Social
La société a un siège qui est mentionné dans ses statuts. Il appartient aux associés de fixer
le siège, et l’article 25 de l’Acte Uniforme dit que le siège ne peut être constitué uniquement
par une domiciliation à une boîte postale, mais doit être localisable par une adresse ou une
identification géographique localisable. Le choix du siège par les associés ne peut être
arbitraire. D’après l’article 24 de l’Acte Uniforme, le siège doit être fixé soit au lieu du
principal établissement, soit au centre de direction administrative et financière.
D’après l’article 26, les tiers peuvent se prévaloir du siège statutaire, mais ce siège ne leur
est pas opposable si le siège réel se trouve ailleurs.

2 – La Dénomination Sociale
D’après l’article 14, toute société est désignée par une dénomination sociale mentionnée
dans les statuts. Elle peut comporter le Nom d’un ou plusieurs associés. Cette dénomination
sociale doit figurer sur tous les documents émanant de la société et destinés aux tiers. Elle doit
être suivie ou précédée immédiatement, en caractères lisibles, de la forme de la société, du
montant du capital, de l’adresse du siège et du numéro d’immatriculation au RCCM.

3 – Le Patrimoine
La société a, avec l’immatriculation, un patrimoine qui comprend l’ensemble de ses droits
et obligations, et ce patrimoine est distinct de celui des associés. Cette autonomie apparaît
d’abord dans les rapports avec les associés dans la mesure où ils ne sont pas copropriétaires
des biens avec la société, mais ont seulement des droits sociaux qui peuvent être patrimoniaux
ou extrapatrimoniaux (ex : le droit aux bénéfices et le droit de vote). Ils ne répondent pas non
plus des dettes de la société sauf dans le cas où ils sont solidairement et indéfiniment
responsables. Ensuite, dans les rapports avec les tiers. Les créanciers personnels des associés
ne peuvent pas saisir les biens appartenant à la société parce que ces biens n’appartiennent pas
aux associés et sont le gage des créanciers sociaux.

4 – La Nationalité
Il faut constater que l’Acte Uniforme ne définit pas la nationalité des sociétés. Elle ne
donne pas les critères de détermination de la nationalité. Le COCC retenait le critère du Siège
Social et du Contrôle (nationalité des détenteurs du plus grand nombre de parts) pour les SA
et SARL.
Dans l’Acte Uniforme, on n’a pas du tout parlé de la nationalité. Cela peut se justifier par
le fait que l’attribution de la nationalité est une question de souveraineté, et donc propre à
chaque Etat. Ce silence peut avoir une autre justification : la question de la nationalité des
sociétés ne s’est jamais posée à l’état pur, et donc elle va dépendre de la loi dont l’application
ou la non application est en cause. Cela fait que l’on a appliqué au Sénégal cumulativement,
les deux critères du siège et du contrôle.
NB : Il ne faut pas confondre "Société Sénégalaise" et "Société de Droit Sénégalais".

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B : Le Statut des Sociétés non encore Immatriculées.
La société qui n’est pas immatriculée n’a pas la personnalité morale. Mais l’absence de
personnalité morale n’empêche pas la société d’avoir une existence de fait. Au demeurant,
étant donné que la société n’a pas de personnalité morale, les obligations nées des actes
accomplis pour son compte ne peuvent pas peser sur elle, pas plus les droits nés desdits actes
lui profiter. L’Acte Uniforme distingue deux cas de figures :
 1er Cas : Les actes accomplis pour le compte d’une société en formation, avant sa
constitution
 2ème Cas : Les actes accomplis pour le compte d’une société constituée, mais non encore
immatriculée.

1 – Les Actes accomplis pour le compte d’une société en formation, avant sa


constitution.
D’après l’article 101, la constitution résulte de la signature des statuts. Mais il ne faut pas
perdre de vue que des actes peuvent être accomplis par les fondateurs, pour le compte de
société en voie de constitution.

Le principe, c’est que les fondateurs sont indéfiniment et solidairement tenus des
obligations qui naissent de ces actes. Mais l’engagement des fondateurs est écarté s’il y a une
reprise par la société. La reprise a un effet rétroactif parce qu’elle fait comme si les actes
avaient été accomplis par la société depuis le départ. Cette reprise prend cependant effet à
partir de l’immatriculation. La reprise est donc importante dans la vie de la société.

Pour la reprise, faut d’abord une information des associés conformément à l’article 106.
Les actes et engagements doivent être décrits dans un document intitulé Etat des Actes et
Engagements Accomplis pour le Compte de la Société en Formation. Et cet état indique pour
chaque acte ou engagement, la nature et la portée des obligations pour la société lorsque celle-
ci les reprend. En fait.
Pour la reprise proprement dite, il faut distinguer selon qu’il s’agit alors d’une société
constituée avec Assemblée Générale Constitutive ou sans Assemblée Générale Constitutive.
- S’il s’agit d’une société constituée avec Assemblée Constitutive, la reprise résulte d’une
décision, d’une délibération spéciale de cette Assemblée. Il s’agit en l’espèce de la SA
constituée avec apports en nature et de la SA constituée avec stipulation d’avantages
spéciaux.
- Si c’est une société constituée sans Assemblée Constitutive, l’état est annexé aux statuts et la
reprise résulte de la signature des statuts et de l’état. S’il n’y a pas reprise au moment de la
constitution, on peut la faire intervenir ultérieurement au cours d’une délibération d’une
Assemblée Générale Ordinaire, sauf stipulation contraire. Si l’on doit faire reprendre les actes
et engagements au cours d’une assemblée, cette assemblée devra être informée sur la nature et
la porté desdits. Pour protéger la société, l’Acte Uniforme a prévu que les personnes qui ont
accompli ces actes ne prennent pas part au vote et leurs actions ou parts sont déduites du
calcul du quorum et de la majorité.

2 – Les actes accomplis pour le compte d’une société constituée, non encore
immatriculée
Ceux qui agissent ici sont les dirigeants. La mission des fondateurs est en effet terminée à
la constitution. Pour ces actes, l’immatriculation entraîne automatiquement la reprise si ces
trois (3) conditions sont réunies :
 Il faut d’abord que les dirigeants aient reçu un mandat qui peut être donné soit dans les
statuts, soit par acte séparé ;

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 Les actes doivent être déterminés, c’est pourquoi il n’y a pas de mandat général ;
 Les modalités doivent être précisées.
Il peut arriver que les dirigeants accomplissent un acte étranger au mandat, ou un acte en
dépassement de leurs pouvoirs. Dans ce cas, la société ne peut reprendre l’acte que s’il y a une
délibération de l’Assemblée Générale Ordinaire, sauf clause contraire. Là aussi, à l’occasion
de cette délibération, ceux qui ont accompli l’acte ne prennent pas part vote et il n’est pas tenu
compte de leurs parts ou actions pour le calcul du quorum et de la majorité.

II : Le Statut des Sociétés ne faisant pas l’objet d’immatriculation.


Ici, l’absence d’immatriculation est une donnée permanente soit parce que c’est la volonté des
associés – c’est le cas de la Société en Participation, soit parce que l’immatriculation est
impossible du fait qu’on n’a pas établi d’acte écrit – c’est le cas de la Société de Fait.

A : La Société en Participation
C’est l’article 114 de l’Acte Uniforme qui en est le siège : La société en participation est celIe
dans laquelle les associes conviennent qu'elle ne sera pas immatriculée au registre du
commerce et du crédit mobilier. L’Acte Uniforme a pris le soin de préciser qu’une telle
société n’a pas la personnalité morale et n'est pas soumise la publicité. L’existence de la
société en participation peut être prouvée par tout moyen.
C’est, cependant, une société comme toutes les autres. Mais étant donné qu’elle n’a pas la
personnalité morale, elle n’a pas, en conséquence, les attributs de la personnalité morale.
Cette absence de personnalité morale produit des effets à l’égard des associés et des tiers.

1 – Effets à l’égard des associés


La société n’ayant pas la Personnalité Morale, elle n’a pas de Patrimoine. Les associés
restent alors propriétaires de leurs apports, même s’ils décident de mettre les biens apportés à
la disposition du gérant de la société.
Sont, cependant, réputés indivis entre les associes, les biens acquis par emploi ou par remploi
de deniers indivis pendant la durée de la société, ainsi que ceux qui se trouvaient indivis avant
d'être mis à la disposition de la société.
Les rapports entre associés sont régis par les règles établies pour les Sociétés en Nom Collectif
à moins qu'une organisation différente n'ait été prévue par les statuts.

2 – Effets à l’égard des tiers


La société ne peut pas supporter des obligations ; elle n’a pas la Capacité de Jouissance.
L’Acte Uniforme a prévu que chaque associé est seul engagé par les actes qu’il accomplit.
Mais il y a des dérogations à cette règle.
- 1ère Dérogation : Lorsque les associés agissent au vu et su de tous en cette qualité, ils sont
solidairement et indéfiniment tenus ;
- 2ème Dérogation : Si un associé s’immisce dans un acte accompli par un autre, il sera engagé
en même temps que cet autre, mais il faut que par son immixtion, il laisse comprendre au
cocontractant qu’il voulait s’engager. Il faut aussi que la preuve que l’engagement a tourné à
son profit, soit apportée.
Les causes de dissolution communes à toutes les sociétés sont causes de dissolution
pour la société en participation. Mais la règle n’étant pas d’ordre public, les associés peuvent
décider que, malgré la survenance de tous ces évènements, il n’y aura pas de dissolution pour
la société en participation.
Lorsque la durée de la société n’est pas fixée, la dissolution pourra résulter à tout
moment d’une notification adressée par un des associés à tous les autres associés.

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B : Les Sociétés créées de Fait et les Sociétés de Fait

1 – Les Sociétés Créées de Fait


Pour définir la Société Créée de Fait, on dira que c’est la situation de deux ou plusieurs
personnes qui se comportent comme des associés sans exprimer leur volonté par écrit, c’est-à-
dire qu’il n’existe pas de statut Une telle société ne peut être immatriculée ; elle n’a pas, en
conséquence, la personnalité morale.

2 – Les Sociétés de Fait


-Il y a Société de Fait lorsque deux ou plusieurs personnes se comportent comme des associés
sans avoir créé une société reconnue.
-Il y a également Société de Fait lorsque deux ou plusieurs personnes créent une société qui
n’est pas reconnue par l’Acte Uniforme.
-Il y a enfin Société de Fait lorsque deux ou plusieurs personnes créent une société reconnue
par l’Acte Uniforme sans accomplir les formalités légales constitutives ou qui comporte un
vice de formation non régularisé.

Tout intéressé peut demander la reconnaissance d’une société de fait. Dans ce cas, il faut
apporter la reconnaissance de l’Identité de la société et la Dénomination Sociale. La Preuve
de l’Identité d’une société de fait peut être apportée par tout moyen. Lorsque la
reconnaissance d’une société de fait est établie, on lui applique les règles prévues pour les
Sociétés en Nom Collectif dans les rapports entre les associés. Dans les rapports avec les tiers,
aucun régime n’est prévu du fait de l’absence de personnalité morale qui entraîne incapacité
de supporter des obligations.

Section II : Sanctions de l’inobservation des conditions de formation


En droit commun, lorsque les conditions de formation d’un acte juridique ne sont pas
remplies, il y a nullité. Ici, il y a également nullité, mais il y a, en plus, la responsabilité des
fondateurs et premiers dirigeants. Cette responsabilité est indépendante de la nullité et est
souvent engagée lorsque la nullité est en cause, ou le vice n’est pas cause de nullité.

Para I : La nullité de l’acte de société


La nullité de la société est une catastrophe aussi bien pour les associés que pour les tiers.
C’est pourquoi le législateur fait tout pour limiter les causes de nullité.
Pour la réduction des causes de nullité, il a aménagé les causes de nullité pour que le juge ne
puisse pas toujours prononcer la nullité.

I : Les causes de nullité de l’acte de société


Contrairement à ce qui se passe en droit commun, l’inobservation des conditions de formation
de l’acte n’entraîne pas forcément, en matière de société, la nullité. On dit même : « Pas de
nullité sans texte ». Il faut donc que la loi précise clairement que l’absence de telle ou de telle
autre condition entraîne la Nullité. C’est ce qui résulte de l’article 241, alinéa 1er qui dispose :
« La nullité de l’acte de société ne peut résulter que d’une disposition expresse de l’Acte
Uniforme, ou des dispositions régissant la nullité des contrats en général et la nullité du
contrat de société en particulier ».

A : Les causes de nullité prévues par l’Acte Uniforme


De manière générale l’Acte Uniforme a prévu comme causes de nullité propres aux sociétés
commerciales : les interdictions, les incapacités ou les incompatibilités, la constitution de
société sans apport (absence d’apport) ou avec des apports fictifs ou des apports interdits.

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Pour les sociétés de personnes (SNC et SCS), l’article 245 exige l’accomplissement des
formalités de publicité sous peine de nullité de la société. Il en de même de l’appartenance de
deux époux à une de ces sociétés (deux époux ne peuvent pas être associés dans une société
de personne.

En ce qui concerne les SARL l’article 315 dit que : «L’associé ou les associés doivent tous, à
peine de nullité, intervenir dans l’acte constitutif de la société en personne, ou par mandataire
justifiant d’un mandat spécial ».
.
B : Les causes prévus par le droit commun et le Droit spécial des sociétés
Se sont les articles 765 et suivants du COCC qui prévoient ces causes de nullité. En droit
commun, l’absence de consentement et l’illicéité de l’objet sont des causes de nullité ; en
droit des sociétés aussi sont des causes de nullité.
Cependant si le vice du consentement est une cause de nullité en droit commun, en droit des
sociétés, il ne l’est que dans les sociétés de personnes (SNC, SCS) alors que dans les sociétés
à risque limité (SA et SARL), il n’est jamais cause de nullité.
IL en est de même de l’Incapacité qui est une cause de nullité en droit commun et dans les
sociétés de personnes (SNC, SCS) alors que dans les Sociétés à Risque Limité, elle n’est cause
de nullité que dans le cas où tous les associés fondateurs sont frappés.
En droit spécial des sociétés, l’absence d’Affectio Societatis est aussi cause de nullité.

II : L’action en nullité.
Il existe deux sortes de nullité : la nullité absolue qui peut être exercée par tout intéressé et la
nullité relative se prescrit par trois (ans) et seul l’intéressé peut la soulever.
A : Le délai d’exercice de l’action en nullité.
En matière de nullité du contrat de société, quelle que soit la cause de la nullité, le délai est de
trois ans. Alors qu’en droit commun, il est de 10 ans pour les nullités absolues et ce délai
commence à courir le jour de l’immatriculation.
Cependant ce délai peut être réduit. En effet, l’Acte Uniforme a prévu que si la Nullité est
fondée sur l’incapacité ou sur un vice du consentement, tout intéressé peut mettre en demeure
l’incapable ou son représentant légal, ou l’associé dont le consentement est vicié, de
régulariser ou à défaut, d’agir en nullité dans un délai de six (6) mois à peine de Forclusion.
Régulariser signifie par exemple céder ses droits sociaux et quitter la société.
Mais lorsque la nullité est fondée sur l’Illicéité de l’objet, il n’y a pas de prescription.

B : La régularisation
Toujours, dans le souci d’éviter la nullité de la société, le législateur a également mis en place
un système permettant de limiter les possibilités du Juge.

-D’abord, lorsque la cause de nullité disparaît au jour où le Tribunal siège en première


instance, le Juge ne pourra plus prononcer la nullité. Mais il faut que la cause disparaisse au
plus tard le jour où le Tribunal siège en première instance et non en appel par exemple.

-Ensuite, un certain nombre de règles sont prévues par le législateur pour favoriser la
disparition des causes de nullité ainsi :
- Le Tribunal ne peut prononcer la nullité moins de deux mois après l’acte introductif de
l’action en nullité en première instance ;
- Le Tribunal peut même d’office fixer un délai pour régulariser ;

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- Si pour la régularisation la tenue d’une assemblée est nécessaire, et s’il est justifié que
l’assemblée a été convoquée, le Tribunal peut accorder le délai nécessaire pour permettre
à l’assemblée de délibérer.

-Enfin, le Législateur a mis en place un système (dispositif) qui permet d’éviter la nullité
malgré l’existence d’une cause de nullité. En effet, si la nullité est fondée sur l’incapacité ou
un vice du consentement, tout intéressé peut soumettre au Tribunal toute mesure de nature à
supprimer l’intérêt du demandeur, notamment le rachat de ses droits sociaux. Le Tribunal
peut, lorsqu’il est saisi d’une telle demande, soit rendre obligatoire la mesure proposée, soit
prononcer la nullité.

III : Les Effets de la Nullité


La Nullité entraîne à proprement parler deux (2) effets : d’une part la disparition sans
rétroactivité de l’acte de société et d’autre la Responsabilité de ceux à qui la nullité est
imputable.

A : La disparition de l’acte de société pour l’avenir


En Droit Commun, quand il y a nullité, il y a rétroaction. En matière de société, la nullité
opère seulement pour l’avenir. Pour le passé, tout est maintenu. La société va disparaître pour
l’avenir. Elle va être liquidée comme si elle avait fonctionné normalement avant d’être
irrégulière. S’il s’agit d’une société unipersonnelle, il n’y a pas de liquidation ; il y a
Transmission Universelle du Patrimoine à l’associé Unique.
La société est donc liquidée comme si elle avait fonctionné régulièrement. C’est
pourquoi ni la société, ni les associés ne peuvent se prévaloir de la nullité pour se soustraire
aux engagements qui avaient été pris à l’égard des tiers. Cette règle ne s’applique pas lorsque
la nullité est fondée sur un vice du consentement ou sur l’incapacité.

En effet si la nullité est fondée sur le vice du consentement ou sur l’incapacité, l’associé dont
le consentement a été vicié ou l’associé incapable peuvent se prévaloir de la nullité pour se
soustraire aux obligations à l’égard des tiers, mais pas les autres.

Si la nullité est fondée sur un autre vice, aucun associé ne peut se soustraire.

B : La Responsabilité Consécutive à la nullité


Ici, la Responsabilité est une conséquence directe de la nullité.
Si une irrégularité est une cause de nullité, la responsabilité de ceux à qui la nullité est
imputable peut être engagée même si la nullité n’a pas été prononcée. Il n’est donc pas
nécessaire que la nullité soit prononcée pour engager la responsabilité. Ils peuvent être
déclarés responsables solidairement à l’égard des tiers qui ont subi un préjudice.
L’action en responsabilité se prescrit par trois (3) ans à compter du jour où la décision
d’annulation est passée en force des choses jugées. Dans le cas où il y a régularisation ou
disparition de la cause, le délai commence à courir à partir du jour où la nullité a été couverte,
c’est-à-dire à partir du jour où elle a disparu.

Para II : La Responsabilité indépendante de la nullité


Il y a des irrégularités qui n’entraînent pas la nullité ; elles entraînent la Responsabilité.
L’article 78 prévoit que certaines personnes peuvent être déclarées responsables du préjudice
subi par un tiers résultant soit d’un défaut de mention dans les statuts, soit de l’omission ou de
l’accomplissement irrégulier d’une formalité. Les personnes qui peuvent être déclarées
responsables sont les fondateurs et les premiers dirigeants.

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Donc les deux responsabilités ne doivent pas être confondues.
L’action en responsabilité se prescrit ici par cinq (5) ans et le point de départ, c’est le jour de
l’immatriculation au RCCM.

Chapitre II : Les Règles Communes de Fonctionnement

Dans la société, le pouvoir souverain appartient aux associés. Mais ils ne peuvent pas
accomplir les actes quotidiens d’administration de la société. C’est pourquoi, ils nomment des
dirigeants.

Section I : Les associés

Les associés ont des droits et des obligations.

Sous Section I : Les droits des associés

Ils ont deux types de droits : le droit de participer, de prendre part aux décisions collectives
d’une part, et de l’autre, le droit de participer aux bénéfices

Para I : Le droit de prendre part aux décisions collectives


L’article 125 de l’acte uniforme dispose que : « Tout associé a droit de participer aux
décisions collectives ». Ce droit correspond principalement au droit de vote.
Le texte prévoit que toute clause contraire est réputée non écrite et c’est une règle d’ordre
public. C’est pourquoi il n’est pas possible de créer des actions prioritaires sans droit de vote
comme cela existe en France.
L’attribution du droit de vote ne pose pas problème sauf dans trois (3) cas : c’est
d’abord lorsque l’action ou la part fait l’objet d’une propriété collective ; c’est ensuite lorsque
l’action ou la part fait l’objet d’un démembrement et enfin lorsqu’il y a abus dans l’exercice
du droit de vote.

I : L’action où la part fait l’objet d’une propriété collective


C’est l’exemple d’un associé qui décède, laissant derrière lui plusieurs héritiers qui héritent de
ses parts qui, elles-mêmes sont encore dans l’indivision au moment de la tenue de
l’assemblée. La question est de savoir qui va voter à la place du défunt associé.
Dans ce cas, les indivisaires sont représentés par un mandataire unique qui est désigné
parmi eux. En cas de désaccord, le mandataire est désigné par le Président du Tribunal, à la
demande de l’indivisaire le plus diligent.

II : L’action ou la part fait l’objet d’un démembrement


Il y a démembrement de l’action ou de la part lorsque l’usufruitier est différent du nu-
propriétaire. C’est le cas par exemple quand un associé décède, laissant derrière lui ses
enfants et son épouse. L’épouse détient l’usus et le fructus qui constituent l’usufruit, les
enfants sont les nus-propriétaires. Dans ce cas, à qui profite le droit de vote ?
Le droit de vote appartient au nu-propriétaire sauf s’il s’agit de décisions relatives à
l’affectation des bénéfices qui concernent l’usufruitier.

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III : Les abus dans l’exercice du droit de vote
Lorsque l’associé a un droit de vote, il peut l’exercer comme il l’entend, mais l’exercice du
droit de vote ne doit pas déboucher sur un abus. L’Acte Uniforme a prévu deux cas d’Abus de
Droit dans ce domaine : l’Abus de Majorité et l’Abus de Minorité.

A : L’abus de majorité
Il y a Abus de Majorité lorsque les associés majoritaires ont voté une décision dans leur seul
intérêt, contrairement aux intérêts des associés minoritaires et que cette décision ne puisse pas
être justifiée par l’intérêt de la Société. Cette définition prend en compte les divers intérêts.
Exemple : Le vote systématique de la mise en réserve des bénéfices par des dirigeants
associés majoritaires qui s’attribuent au même moment des salaires faramineux.
Les Sanctions encourues en cas d’abus de majorité sont deux (2) : la Nullité de la Décision
et la Responsabilité à l’égard des Minoritaires.

B : L’abus de minorité et abus d’égalité


Les associés minoritaires ou égalitaires peuvent engager leur responsabilité en cas d’abus de
minorité ou d’égalité.
Il y a abus de minorité ou d’égalité lorsque, en exerçant leur vote, les associés minoritaires ou
égalitaires s’opposent à ce que des décisions soient prises, alors qu’elles sont nécessitées par
l’intérêt de la société et qu’ils ne peuvent justifier d’un intérêt légitime.
La juridiction compétente peut désigner un mandataire ad hoc aux fins de représenter à une
prochaine assemblée les associés minoritaires ou égalitaires dont le comportement est jugé
abusif et de voter en leur nom dans le sens des décisions conformes à l’intérêt social y
compris celui des différents associés.

Para II : Le droit de participer aux bénéfices


Tous les associés ont droit à une part des bénéfices de la société.

En principe les bénéfices sont répartis proportionnellement aux apports. Mais la règle n’est
pas d’ordre public, Les associés ont la possibilité de l’écarter.
Cependant, il y a une limite qu’il ne faut pas dépasser : il ne faut pas attribuer la totalité
des bénéfices à un associé ; il ne faut pas non plus exclure totalement un associé du partage.
Ce sont des Clauses Léonines qui sont réputées non écrites.

Mais tous les bénéfices réalisés par la société ne sont pas partagés. Le partage porte sur les
bénéfices distribuables. L’article 143 définit le bénéfice distribuable en ces termes : « Le
bénéfice distribuable est le bénéfice de l’exercice augmenté du report bénéficiaire, diminué
des pertes antérieurs ainsi que des sommes prélevées pour constituer la réserve légale et la
réserve statutaire ». A l’exception de la réserve légale, les prélèvements ne posent aucun
problème.
Pour la dotation à la réserve légale, elle est prélevé sur le bénéfice de l’exercice, diminué des
pertes antérieures le cas échéant, un montant égal au dixième (1/10) au moins. Et le
prélèvement cesse d’être obligatoire si les sommes mises en réserve atteignent le cinquième
(1/5) du capital.

Si l’on distribue des dividendes en violation de ces règles, on commet un délit appelé
Distribution de dividendes fictifs. C’est l’AGO des associés qui détermine la part de bénéfice
à distribuer aux associés. Elle le fait après approbation des Etats Financiers de Synthèse et
constatation d’un bénéfice distribuable. C’est elle qui est compétente pour déterminer les
règles de paiement du dividende, mais elle peut déléguer les dirigeants. La mise en paiement

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du dividende doit se faire dans le délai de neuf (9) mois à compter de la clôture de l’exercice.
Ce délai peut être prorogé par le Président du Tribunal.

Sous Section II : Les obligations des associés

Les associés ont l’obligation de réaliser les apports qui ont été promis.
Ils doivent contribuer aux pertes. Cette contribution aux pertes apparaît seulement au moment
de la dissolution et jamais en cours d’exploitation. Elle doit se faire proportionnellement aux
apports, mais la règle n’est pas d’ordre public. En effet, elle peut être écartée, mais il y a une
limite à ne pas dépasser : il ne faut pas faire supporter la totalité des pertes à un associé ; il ne
faut pas non plus exonérer totalement un associé de la contribution aux pertes.
Les associés ont enfin l’obligation à la dette. Dans les sociétés à risque limité, les
associés répondent des dettes jusqu’à concurrence de leurs apports. Dans les sociétés de
personnes, les associés répondent des dettes indéfiniment et solidairement. Ils peuvent donc
être poursuivis sur l’ensemble de leurs biens saisissables.

Section II : Les dirigeants

Ils ont des pouvoirs très étendus pour engager la société, mais ils ont également des
responsabilités ;

Para I : Les pouvoirs des dirigeants


Il y a les pouvoirs dans les rapports avec les associés et les pouvoirs dans les rapports avec les
tiers.

I : Les pouvoirs des dirigeants dans les rapports avec les associés
Dans ce type de rapports, les dirigeants peuvent accomplir tous les actes de gestion dans
l’intérêt de la société. Mais les associés ont la possibilité de limiter leurs pouvoirs dans les
statuts en interdisant par exemple l’accomplissement de certains actes ou en subordonnant
l’accomplissement de certains actes à l’autorisation d’un autre organe. Mais ces limitations de
pouvoirs ne sont pas opposables aux tiers de bonne foi. La société ne peut les invoquer pour
se soustraire aux obligations envers les tiers nées d’un acte en dépassement de ces limites.

L’acte de gestion n’est pas défini dans l’Acte Uniforme, mais on peut considérer que c’est
tout acte dont l’accomplissement ne relève pas du Conseil d’Administration.
Si l’acte n’est pas accompli dans l’intérêt de la société, les dirigeants engagent leur
responsabilité.

II : Les pouvoirs des dirigeants dans les rapports avec les tiers
Il existe deux types de règles :
 D’abord une Règle Générale qui concerne tous les dirigeants de sociétés : Les dirigeants
d’une société commerciale ont tout pouvoir pour engager la société dans les rapports avec
les tiers sans avoir besoin de justifier d’un mandat spécial. Ils tirent leurs pouvoirs de la
Loi, et les tiers n’ont pas à s’enquérir des pouvoirs des dirigeants.
 Ensuite des règles propres à chaque catégorie : Règles propres aux sociétés de personnes
et des règles propres aux sociétés à risque limité.
S’il s’agit d’une société de personnes, elle n’est engagée que par les actes des
dirigeants qui rentrent dans le cadre de l’objet social (article 277-1, alinéa 2 pour les SNC et
300 implicitement pour les SCS).

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En cas de pluralité de gérants, chacun détient les mêmes pouvoirs que s'il était seul gérant de
la société, sauf le droit pour chacun de s'opposer a toute opération avant qu'elle ne soit
conclue. Mais l'opposition formée par un gérant aux actes d'un autre gérant est sans effet a I'
égard des tiers, a moins qu'il soit établi qu'ils en ont eu connaissance.
S’il s’agit d’une société à risque limité, elle est engagée par les actes des dirigeants
même si ces derniers dépassent l’objet social, à moins d’apporter la preuve que le tiers avec
lequel le dirigeant a traité savait ou était sensé savoir, compte tenu des circonstances, qu’il y
avait un dépassement de l’objet. Et cette preuve ne peut pas résulter de la seule publication
des statuts.
Il faut éviter de confondre "Actes Accomplis en Violation d’une Stipulation Prévue
dans les statuts en limitation des pouvoirs des dirigeants" et "Actes Accomplis en
Dépassement de l’Objet social".

Para II : Les responsabilités des dirigeants

I : Le domaine de la responsabilité

A : La responsabilité dans le droit commun


Il y a la responsabilité à l’égard des associés et des tiers, mais également envers la société.

1 – La responsabilité à l’égard des tiers et des associés.


Ce sont les articles 161 et 162 qui prévoient que les dirigeants sont responsables envers les
tiers et les associés pour les préjudices causés à ceux-ci du fait des fautes commises dans
l’exercice de leurs fonctions.
.
Dans tous les deux cas, on va exercer une action individuelle pour la réparation d’un préjudice
personnellement subi. Il peut arriver que plusieurs dirigeants commettent en même temps la
faute ayant conduit au préjudice. Dans ce cas, le Tribunal les déclare solidairement
responsables et détermine la part de chacun dans la réparation dudit préjudice. On peut
poursuivre l’un quelconque d’entre eux pour le tout sans qu’il puisse opposer ni le bénéfice de
discussion, ni le bénéfice de division.

2 – La responsabilité envers la société


Il peut arriver qu’un dirigeant commette, dans l’exercice de ses fonctions, une faute qui porte
préjudice à la société. Exemple : abus de biens sociaux. La société peut exercer une action
appelée action sociale pour obtenir réparation du préjudice subi.

B : Les régimes spéciaux


A rappeler qu’ils sont au nombre de deux (2).
On y traite de responsabilité pour les fautes suivantes : infraction aux dispositions
législatives et réglementaires applicables à ces types de sociétés, violation des statuts, et enfin
les fautes de gestion. Tous ces actes entrent dans la notion de faute commise dans l’exercice
des fonctions.
La responsabilité est engagée à l’égard de la société et à l’égard des tiers, mais dans la
mise en œuvre, on parle d’associés et de société. Cela rend le texte dangereux.

II : La mise en œuvre de la responsabilité des dirigeants


On distingue selon qu’il s’agit d’un régime de droit commun ou d’un régime spécial.

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A : mise en œuvre dans le régime de droit commun

1 – La mise en œuvre de l’action individuelle


C’est l’action qui est destinée à obtenir réparation du préjudice subi par un tiers ou un associé.
Cette action se prescrit par trois (3) ans, mais le délai est porté à dix (10) ans si le fait est
qualifié Crime. Le point de départ du délai, c’est le jour où le fait dommageable s’est produit.
Mais si le fait a été dissimulé, le point de départ du délai sera le jour de sa découverte.

2 – La mise en œuvre de l’action sociale


L’action sociale est celle exercée au nom de la société pour la réparation du préjudice subi par
la société. Normalement, cette action est exercée par le dirigeant, mais comme il s’agit d’une
action en justice dirigée contre lui-même, cette action n’a de chance d’être exercée que s’il est
remplacé. C’est pourquoi la loi donne à chaque associé la possibilité, le pouvoir d’exercer
l’action sociale au nom de la société. Et cette action exercée au nom de la société par un
associé s’appelle Action Ut Singuli (article 167).

Cependant l’associé ne peut exercer l’action qu’après avoir mis en demeure les organes
pendant un délai de trente (30) jours.

Toutefois, à peine d’irrecevabilité de la demande, la société doit être régulièrement appelée en


cause par l’intermédiaire de ses représentants légaux.

De même, la société ou tout associé peut également demander à la juridiction compétente de


désigner un mandataire ad hoc pour la représenter dans l’instance, lorsqu’il existe un conflit
d’intérêts entre la société et ses représentants légaux.
Pour éviter les obstacles qui peuvent être dressés devant les associés, l’Acte Uniforme a pris
un certain nombre de règles.
1er type de règles : Il a prévu que toute clause insérée dans les statuts destinée à
subordonner l’exercice de l’action Ut Singuli à l’autorisation préalable ou à l’avis favorable
de l’assemblée ou d’un autre organe, est réputée non écrite. Toute stipulation qui comporte
une renonciation à l’avance à l’exercice de l’action Ut Singuli est également réputée non
écrite.
Mais ces règles ne s’opposent pas à ce que l’associé, après avoir exercé l’action Ut
Singuli, transige avec le dirigeant. La transaction est une renonciation à la poursuite de
l’action en contrepartie du paiement.
2ème type de règles : Aucune décision ou délibération d’une assemblée ne peut avoir
pour effet d’éteindre l’action. En conséquence, si le Tribunal est saisi, il lui appartient de dire
si le dirigeant est ou non coupable, librement de ce que l’assemblée pourrait avoir dit.

B : mise en œuvre dans les régimes spéciaux

1 – Régime applicable aux dirigeants de SARL


On a prévu le Droit pour les associés d’exercer l’action contre les dirigeants pour obtenir soit
réparation du préjudice subi par les associés, soit réparation du préjudice subi par la société.
C’est l’article 331 qui pose la responsabilité.
Pour exercer l’action sociale, les associés doivent représenter le quart (1/4) du nombre total
d’associés et également le quart (1/4) des parts sociales. On retrouve par ailleurs les mêmes
dispositions prévues par le Droit Commun.

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2 – Régime prévu pour les dirigeants de SA
Ici, il faut préciser qu’on a prévu la Responsabilité des Administrateurs et la Responsabilité de
l’Administrateur Général. L’article 740 dit : « Les Administrateurs ou l’Administrateur
Général selon le cas, sont responsables envers la société et envers les tiers ». L’acte uniforme
ne vise pas le Directeur Général ou son Adjoint si ceux-ci ne font pas partie du Conseil
d’Administration. Il vise le Conseil d’Administration et l’Administrateur Général.
Les actionnaires, lorsqu’ils représentent un vingtième (1/20) du capital, peuvent charger à
leurs frais, un ou plusieurs d’entre eux, pour soutenir l’action tant à la demande qu’à la
défense.
Lorsque l’action sociale est engagée, le retrait en cours d’instance de l’actionnaire (ex : perte
de la qualité d’actionnaire, désistement …) va être sans effet sur la poursuite de l’action.

Chapitre 3 : Les Règles Communes de Dissolution

Section I : Les cas de dissolution

Ces cas sont divers, très nombreux. C’est pourquoi il y a nécessité de les classer. On les classe
en deux (2) catégories : les cas de dissolution de plein droit et les cas de dissolution décidés.

Para II : Les cas de dissolution de plein droit

Il y a : l’arrivée du terme, la réalisation de l’objet, l’annulation de l’acte de société, la


liquidation des biens et la survenance d’un événement prévu comme cause de dissolution.

I / L’arrivée du terme
Lorsqu’une société est constituée, la durée est nécessairement fixée dans les statuts. A
l’arrivée du terme, il y a automatiquement dissolution. Mais pour éviter de mettre fin à la vie
d’une société qui marche bien, on donne aux associés la possibilité de proroger la durée. Il
faut pour cela que les dirigeants consultent les associés un an à l’avance pour se prononcer sur
l’opportunité de la prorogation.

II / La réalisation ou l’extinction de l’objet


Il y a réalisation de l’objet lorsque l’opération pour laquelle la société a été créée a été
entièrement réalisée.
Il y a extinction de l’objet lorsqu’en raison d’un obstacle, la société ne peut plus exercer son
activité. Cet obstacle peut être de fait ou de droit.

III / L’annulation de l’acte de société


Lorsque l’acte de société est annulé parce que les conditions de formation n’ont pas été
respectées, il y a dissolution suivie de liquidation, ou transmission universelle du patrimoine.
IV / La liquidation des biens
Lorsqu’une société est en état de cessation de paiement, on peut demander au Tribunal
l’ouverture d’une procédure collective. Si la société est viable, il va y avoir Redressement
Judiciaire. Mais si la société est économiquement condamnée, il va y avoir liquidation des
biens qui entraîne Dissolution.

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V / La Survenance d’un Evènement Considéré dans les statuts comme Cause de
Dissolution
Les statuts peuvent prévoir que si tel ou tel autre événement survient, ce sera la dissolution. Si
tel est le cas, avec la survenance de l’événement, il y aura dissolution. Ex : Pertes successives
pendant trois (3) exercices.

Para II : Les cas de dissolution décidés


La dissolution peut être décidée dans deux cas : par le Tribunal ou par les associés.

I / Dissolution décidée par le tribunal


S’il y a Juste Motif ou s’il y a Réunion des Parts entre les mains d’un seul associé dans
certaines formes de sociétés.

A / Dissolution pour un juste motif


L’article 200 dit : « Le Tribunal peut, à la demande d’un associé, prononcer la dissolution
pour motif juste de la société ». L’acte uniforme donne deux exemples de juste motif :
l’inexécution par un associé de ses obligations et la mésentente entre associés rendant
impossible le fonctionnement de la société.

B / Réunion des droits sociaux entre les mains d’un seul associé
Il y a des sociétés dans lesquelles on n’admet pas la forme unipersonnelle. C’est la SNC et la
SCS. Si dans ces sociétés les droits sociaux se retrouvent entre les mains d’un seul associé,
tout intéressé peut demander au Président du Tribunal la dissolution s’il n’y a pas
régularisation dans un (1) an.

Si avant la date où le Tribunal siège en première instance la régularisation intervient, il n’y


aura pas de dissolution.

II / Dissolution décidée par les associés


Les associés ont la possibilité de mettre un terme par anticipation à la vie de la société. Pour
cela, il faut respecter les règles requises pour la modification des statuts.

Section II : Les effets de la dissolution


Il convient ici de faire une petite observation : La dissolution de la société n’a d’effet à l’égard
des tiers qu’à compter de sa publication par avis inséré dans un journal habilité à recevoir les
annonces légales dans l’État partie du siège social.

Para I : Les effets de la dissolution d’une société dans laquelle les droits sociaux sont
détenus par un seul associé
Si la dissolution concerne une société unipersonnelle, il n’y a pas de liquidation. Il y aura
Transmission Universelle du patrimoine de la société à l’associé unique. Cet associé unique
devient l’Ayant droit Universel de la société. Il recueille tout l’actif et tout le passif, tous les
biens et toutes les dettes de la société, toutes les actions, toutes les voies de recours. Il va y
avoir une véritable cession de dettes et une véritable substitution de débiteur. Cette
transmission peut poser problème car l’associé unique avait ses créanciers personnels et la
société avait les siens. Les deux groupes entrent donc en concurrence.

L’Acte Uniforme a prévu le droit pour les créanciers de faire opposition à la dissolution, mais
ne dit pas qui parmi eux peut faire opposition.

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Il faut cependant noter que cette règle ne s’applique que si l’associé unique est personne
morale. Mais si l’associé unique est une personne physique, il n’y aura pas de transmission
universelle du patrimoine, la dissolution de la société entraine de plein droit sa mise en
liquidation comme pour les sociétés pluripersonnelles.

Para II : Les effets de la dissolution d’une société pluripersonnelle


L’effet principal est la liquidation qui est la réalisation de l’actif suivie du paiement du passif.
Malgré la dissolution, la personnalité morale subsiste pendant toute la durée de la liquidation
et pour les besoins de celle-ci.
La liquidation de la société peut être organisée à l’amiable ou par voie judiciaire. Mais dans
tous les cas un ou plusieurs liquidateurs doivent être désignés en principe pour une durée de
trois ans.

Si la dissolution est organisée à l’amiable, les liquidateurs sont désignés par les associés
conformément aux règles de majorité propre à chaque type de société. S’ils ne parviennent
pas à s’entendre, tout t’intéressé peut saisir le juge pour qu’il procède à la nomination.

Si la dissolution est organisée par voie judiciaire, il reviendra au juge de désigner un à trois
liquidateurs

Les pouvoirs du liquidateur sont aussi précisés par la loi. Par exemple le liquidateur ou ses
proches (employés, conjoint, ascendants et descendants) ne peuvent acquérir ni tout l’actif ni
une partie de l’actif de la société à liquider

Certains actes sont subordonnés à une autorisation préalable. Ces actes sont :
- Les cessions de tout ou partie de l’actif à une personne ayant dans la société la qualité
d’associé, de commandité, de commissaire aux comptes ou de dirigeant. L’autorisation est
donnée par les associés à l’unanimité. A défaut d’unanimité, il faut l’autorisation du
Tribunal, le liquidateur et le commissaire aux comptes entendus.

- La Cession globale de l’actif ou l’apport à une autre société. L’autorisation est donnée par
les associés dans les conditions prévues par l’article 215. Ces règles dépendent du type de
société.

A la fin des opérations, les associés sont convoqués pour délibérer sur les comptes définitifs
de la gestion du liquidateur, sur la décharge du mandat du liquidateur.

Après l’accomplissement de ces formalités, le liquidateur demande la radiation. Il a un mois


à compter de la clôture des opérations pour ce faire.
.
Pour la liquidation proprement dite, le liquidateur procède à la réalisation de l’actif (cession
des biens et recouvrement des créances) ; il paie ensuite les créanciers. Après cela, il procède
à la répartition du solde disponible entre les associés. Pour cela, il rembourse d’abord le
nominal des actions ou parts. Si les sommes ne permettent pas le remboursement intégral, les
associés perdent proportionnellement à leurs apports. Mais s’il y a un reliquat, il correspond
au Boni de liquidation et sera réparti dans les mêmes proportions que la participation au
capital. A noter que rien ne s’oppose à ce qu’il y ait une répartition en cours de liquidation.

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Titre 2 : Les Règles Propres à Chaque Type de Société

On a cinq (5) types de sociétés : la Société en Nom Collectif, la Société en


Commandite Simple, la Société à Responsabilité Limitée, la Société Anonyme et la société
par actions simplifiées.

Chapitre I : Les Règles Propres à la Société en Nom Collectif

D’après l’article 270 la SNC est la société dans laquelle tous les associés sont commerçants et
répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales.

Section I : Les caractères généraux de la SNC

La SNC est le type de société où tous les associés sont commerçants. La qualité de
commerçant n’est pas une condition, mais une conséquence de l’entrée dans une telle société.

Les associés sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales. C’est
pourquoi l’intuitu personae est très marqué dans ce type de société. Et la plupart des
évènements qui marquent la vie d’un associé frappent la société.

Section II : La constitution de la SNC

Toutes les conditions générales relatives à la constitution d’une société commerciale se


trouvent ici. En plus, il y a les conditions spécifiques à ce type de société. Elles concernent :

D’abord les Associés : Ils sont au moins deux, parce que la Loi interdit la forme
unipersonnelle dans une telle société. Les associés doivent être capables et c’est pourquoi un
mineur ne peut pas prendre part en tant qu’associé à la constitution d’une SNC. En plus, le
consentement ne doit pas être vicié. Les vices du consentement sont causes de nullité.

Ensuite le Capital : Dans la SCN, on n’exige pas de capital minimum.

Enfin l’Objet : Il doit être précis parce que c’est cela qui fixe l’étendue des pouvoirs des
dirigeants.

Section III : Le fonctionnement de la SNC

Nous examinerons successivement la Situation du ou des Gérants puis celle des Associés.

Paragraphe I : La situation des gérants (La Gérance)

I : Le statut des gérants


Nous verrons d’une part les modalités de désignation du ou des gérants et d’autre part nous
étudierons fin leurs fonctions.

A : La désignation des gérants

L’Acte Uniforme laisse une certaine liberté aux associés pour la désignation du ou des
gérants. Ainsi il leur appartient de désigner le gérant dans les statuts ou de déterminer les

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modalités de sa désignation dans un acte postérieur. Mais si rien de cela n’est fait, l’acte
uniforme considère que tous les associés sont gérants.
Les associés peuvent désigne l’un d’entre eux comme gérant, ils peuvent également désigner
un tiers.

Il faut signaler enfin que la rémunération des gérants est fixée par les associés à la majorité en
nombre et en capital. Mais la règle n’est pas d’ordre public parce que les associés ont la
possibilité de prévoir une stipulation contraire. Si le gérant est lui-même associé, la
rémunération est fixée à la majorité en capital des autres associés.

B : La fin des fonctions du gérant

Les fonctions du gérant prennent fin par l’arrivée du terme de son mandat. La fin des
fonctions peut résulter d’un décès, de la survenance d’une incapacité, d’une démission ou
d’une révocation. Pour déterminer les conditions de la révocation, on distingue selon que le
gérant est statutaire ou non.

Si tous les associés sont gérants, la révocation de l’un d’entre eux est décidée à l’unanimité
des autres. De même, si un associé est nommé gérant dans les statuts, sa révocation est
décidée à l’unanimité des autres. Dans ces deux cas, la révocation entraîne la dissolution.
Mais les autres peuvent décider à l’unanimité de continuer la société.

Il peut arriver que le gérant ne soit pas désigné dans les statuts. Il faut distinguer dans ce cas
selon qu’il s’agit d’un associé ou d’un tiers.
Si c’est un associé, la révocation est décidée à la majorité en nombre et en capital des autres.
Si c’est un tiers, la révocation est décidée par les associés à la majorité en nombre et en
capital.

II : Les pouvoirs du gérant

Dans les rapports avec les tiers, le gérant engage la société par les actes qui entrent dans
l’objet social. Les actes accomplis en dépassement de l’objet social n’engagent que la
responsabilité du ou des gérants et jamais celle de la société.

Lorsque la société est dirigée par plusieurs gérants, l’opposition formée par un gérant aux
actes d’un autre gérant est sans effet à l’égard des tiers, à moins qu’il soit établi qu’ils en ont
eu connaissance.

Les clauses statutaires limitant les pouvoirs des gérants sont inopposables aux tiers de bonne
foi.

Paragraphe II : La situation des associés

I : Les décisions collectives

En principe, toutes les décisions qui excèdent les pouvoirs des dirigeants relèvent de la
compétence des associés.

Dans la SNC, les décisions sont prises à l’unanimité. Mais rien ne s’oppose à ce que les
statuts prévoient que certaines décisions soient prises à la majorité. Et dans ce cas, les associés

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doivent dans les statuts définir les modalités de consultation ainsi que les règles de quorums et
de majorités. Les délibérations prises en violation de ces règles sont nulles

Les décisions collectives sont prises en assemblée ou par consultation écrite si la réunion
d'une assemblée n'est pas demandée par l'un des associes.

Cependant la tenue d’une Assemblée Générale Ordinaire annuelle est obligatoire pour
statuersur le rapport de gestion, l'inventaire et les états financiers de synthèse en vue de leur
approbation.
Elle doit se tenir dans les six (6) mois qui suivent la clôture de l’exercice et ne peut
valablement délibérer que si elle réunit une majorité d’associés représentant au moins la
moitié du capital social. Toute délibération prise en violation ces conditions est nulle.

II : La responsabilité solidaire et indéfinie des associés

Les associés sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales. C’est
pourquoi, pour sécuriser les biens du foyer, l’article 9 dispose que deux (2) époux ne peuvent
pas, à peine de nullité de l’acte de société, être associés dans la SNC.

A : Le domaine de la responsabilité solidaire et indéfinie

Le domaine de la responsabilité renvoie à la question de savoir de quelles dettes les associés


sont solidairement et indéfiniment responsables.

- D’une part, les associés ne répondent solidairement et indéfiniment que des dettes sociales,
c'est-à-dire uniquement les dettes de la société. Les dettes propres au gérant n’engagent que la
responsabilité du gérant et non celle des associés. Il en est ainsi par exemple en cas de
dépassement de l’objet social par exemple.

- D’autre part, il peut arriver qu’une personne acquiert la qualité d’associé en cours de vie
sociale ou qu’un associé perdre cette qualité en cédant ses parts sociales.
Ainsi lorsqu’un associé entre dans la société en cours de vie sociale, il répond non seulement
des dettes postérieures à son entrée, mais aussi de celles antérieures à son entrée.
De même Il peut arriver aussi qu’un associé quitte la société. Dans ce cas, Il répond des dettes
nées jusqu’à la publication de son départ.

B : La mise en œuvre de la responsabilité solidaire et indéfinie

Pour la responsabilité solidaire, il faut noter qu’il y a une double solidarité :

-D’une part, il y a une solidarité des associés avec la société parce que, si la société ne paie
pas ses dettes, on peut poursuivre les associés. Mais il faut toujours avoir à l’esprit que c’est à
la société de payer ces dettes. Et donc il faut d’abord constater que la société ne peut pas
payer ses dettes avant d’engager la responsabilité des associés. C’est pourquoi l’AU dispose
qu’il faut d’abord adresser une mise en demeure à la société puis observer un délai d’attente
de soixante (60) jours qui peut être prorogé d’au plus trente (30) jours par le Président du
Tribunal. C’est seulement au terme de ce délai et après avoir constaté que cette mise en
demeure est infructueuse que l’on peut engager la responsabilité des associés

21
-D’autre part, il y a une solidarité entre associés. Cela signifie que le créancier peut
poursuivre l’un quelconque des associés pour obtenir le paiement de la totalité la dette. Et
celui qui est poursuivi ne peut opposer ni le bénéfice de discussion, ni le bénéfice de division.
Et s’il paie, Il pourra poursuivre les autres, chacun pour sa part.

La responsabilité indéfinie par contre signifie que l’associé qui est poursuivi est tenu sur
l’ensemble de ses biens saisissables. Cela veut dire que tant que le créancier n’a pas obtenu
totalement satisfaction il pour continuer à poursuivre l’associé jusqu’à entier paiement.

III : La prépondérance des qualités personnelles

L’Intuitu Personae est très marquée dans ce type de société. On ne rentre pas dans une telle
société avec n’importe qui et un associé ne peut quitter la société sans le consentement
unanime des autres.

A : L’influence des qualités personnelles sur la cession des parts

La cession des parts n’est pas libre. Pour céder les parts, il faut nécessairement le
consentement de tous les associés. Et la règle est d’ordre public ; elle ne peut souffre d’aucune
modification. Les associés ne peuvent pas écarter le consentement des associés. Ils ne peuvent
même pas écarter le caractère unanime du consentement. C’est ainsi qu’on peut facilement
être prisonnier de ce type de société.
C’est pourquoi le Législateur a prévu pour les associés une procédure de rachat des parts : les
parts peuvent être rachetées par les autres associés, en cas d’absence d’unanimité. Mais il faut
que les statuts le prévoient.

B : L’influence des qualités personnelles sur la vie de la société

Certains évènements qui jalonnent la vie des associés ont nécessairement des effets sur la vie
de la société. Il s’agit du décès d’un associé, de l’ouverture d’une procédure collective, de la
survenance d’une interdiction ou d’une incapacité.

1 – Le décès d’un associé


Le décès d’un associé entraîne la dissolution de plein droit. Cette dissolution est une cause de
fragilité des SNC. C’est pourquoi l’Acte Uniforme a envisagé depuis longtemps des clauses
statutaires pour éviter la dissolution. Ces clauses peuvent prendre deux (2) formes :

- D’une part, il peut s’agir de clauses de continuation entre associés survivants : Avec ces
clauses, les héritiers de l’associé décédé n’entrent pas dans la société. Ils auront droit au
remboursement de la valeur des droits sociaux de leur auteur. Ici, la valeur est déterminée
d’accords partis (héritiers et associés survivants). S’il n’y a pas d’accord, on désigne
d’accords partis un expert, et en cas de désaccord sur la désignation de l’expert, c’est le
Tribunal qui nomme l’expert.

- D’autre part, il peut s’agir de clauses de continuation avec les héritiers ou avec certains
d’entre eux, avec ou sans clauses d’agrément : Si des héritiers sont évincés, ils auront droit à
la valeur nominale des parts de leur auteur. Il peut arriver qu’il y ait un mineur parmi les
héritiers. Dans ce cas, il peut entrer dans la société, mais ne répond des dettes sociales que

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jusqu’à concurrence des parts de son auteur et la société devra être transformée en SCS
(Société en Commandite Simple) dans laquelle il sera commanditaire dans le délai d’un an à
compter du décès. Faute de transformation dans ce délai, il y a Dissolution de plein droit.

2 – L’ouverture d’une procédure collective, la survenance d’une interdiction ou d’une


incapacité
S’il y a Liquidation des biens ou la faillite personnelle d’un associé entraîne automatiquement
la dissolution.
De même la survenance d’une interdiction pour un associé ou d’une incapacité entraîne
automatiquement la dissolution.
Mais dans chacun de ces cas, on peut éviter la Dissolution de deux (2) manières :

- On peut agir en amont en insérant une clause de continuation dans les statuts ;
- On peut aussi agir en aval en décidant à l’unanimité des autres associés la continuation.

Paragraphe III : le contrôle de la société

En principe, la nomination des Commissaires aux Comptes est facultative dans les sociétés en
nom collectif.

Cependant la désignation d’un commissaire aux comptes devient obligatoire pour toute
société en nom collectif qui remplit, à la clôture de l'exercice social, deux (2) des conditions
suivantes :
1°) un total du bilan supérieur à deux cent cinquante millions (250.000.000) de francs CFA ;
2°) un chiffre d'affaires annuel supérieur à cinq cents millions (500.000.000) de francs CFA;
3°) un effectif permanent supérieur a 50 personnes ;

Mais la société n'est plus tenue de designer un commissaire aux comptes des lors qu'elle n'a
pas rempli deux (2) des conditions fixées ci-dessus pendant les deux (2) exercices précédant I
‘expiration du mandat du commissaire aux comptes.

Toutefois, il faut noter que même si ces conditions ne sont pas réunies, la désignation d’un
commissaire aux comptes peut être demandée en justice par un ou plusieurs associes détenant,
au moins, le dixième du capital social.

Section IV : La dissolution

On retrouve toutes les causes communes de Dissolution. Il y a en plus les Causes Spécifiques
(le décès d’un associé, la réunion de toutes les parts sociales entre les mains d’un seul associé,
la survenance d’une incapacité, d’une interdiction ou d’un empêchement ; la liquidation des
biens d’un associé et le fait que deux époux soient associés)

Chapitre 2 : Les Règles Propres à la Société en Commandite Simple

La SCS est la société dans laquelle il y a deux (2) catégories d’associés : les Commandités et
les Commanditaires.
Il faut noter que sauf dispositions contraires les règles applicables à la SNC sont applicables à
la SCS.

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Section I : Les caractères généraux de la SCS

La Spécificité de la SCS se trouve dans la coexistence entre deux (2) catégories d’associés :
les Commandités qui sont solidairement et indéfiniment responsables des dettes sociales et les
Commanditaires qui ne sont responsables des mêmes dettes qu’à concurrence de leurs
apports.

Ce qui préside à la création d’une telle société, c’est l’existence conjointe de personnes.
Seuls les Commandités peuvent être gérants, et ce ne sont pas les parts dans leur nature qui
déterminent la qualité de Commandité ou de Commanditaire. Ce sont les statuts qui disent qui
est commandité et qui est commanditaire.

Section II : La constitution de la SCS


Comme pour la SNC, il faut au moins deux (2) associés. Les associés doivent être capables et
leur consentement, exempt de vice.
Pour le capital social, il n’y a pas de minimum fixé par la loi.

Section III : Le fonctionnement de la SCS

Paragraphe I : La gérance
Les associés doivent désigner dans les statuts, un ou plusieurs gérants parmi les commandités.
En cas de silence des statuts, tous les commandités sont gérants.
Il est aussi possible de définir dans les mêmes statuts, les modalités de désignation du ou des
gérants dans un acte postérieur. Mais il faut remarquer que seuls les commandités peuvent
être gérants. Ni un commanditaire, ni un tiers ne peut pas être gérant.

On interdit au commanditaire même l’accomplissement d’un acte de gestion externe, fut-il


isolé. Si le commanditaire accomplit un acte de gestion externe, même isolé, il est soumis à la
Règle de la Responsabilité solidaire et indéfinie.

Paragraphe II : Les associés

I : Les parts sociales

Elles ne sont pas librement cessibles. Pour qu’il y ait cession, il faut le consentement de tous
les Associés. La règle n’est pas d’ordre public, en effet trois types de modifications sont
possibles :

-D’abord, prévoir dans les Statuts que les parts des commanditaires sont librement cessibles
entre associés ;
-Ensuite, prévoir dans les Statuts que les parts des commanditaires pourraient être cédées à
des tiers avec le consentement unanime des commandités et celui de la majorité en nombre et
en capital des commanditaires ;
-Enfin ; stipuler dans les Statuts qu’un commandité peut céder une partie de ses parts à un
commanditaire ou à un tiers avec le consentement unanime des commandités et avec celui de
la majorité en nombre et en capital des commanditaires. Le texte n’a pas prévu la cession
totale des parts d’un commandité à un autre commandité.

Pour être valable, la cession doit être constatée par écrit.

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II : Les décisions collectives

Voir la SNC, ce sont les mêmes règles qui s’appliquent.

Section IV : La dissolution de la SCS

On a les causes communes de dissolution des sociétés. En plus de celles-ci, il y a les causes
propres à la SCS qui sont les mêmes que celles de la SNC en ce qui concerne les
commandités.

S’agissant du décès d’un commandité (article 308, alinéa 1 er). Et si les statuts prévoient que
malgré la survenance de cet événement la société va continuer avec les héritiers mineurs du
défunt associé, ceux-ci seront commanditaires. Il peut arriver que l’associé décédé ait été le
seul commandité et que tous ses héritiers soient des mineurs. On risque d’avoir une SCS dans
laquelle il n’y a que des commanditaires. L’Acte Uniforme prévoit le remplacement de ce seul
associé décédé par un autre choisi parmi les commanditaires ou les tiers.
Il faut signaler que s’il n’est pas procédé au remplacement dans le délai d’un an, il y aura
dissolution de plein droit.

Chapitre III : Les Règles Propres à la Société à Responsabilité Limitée

La SARL est une société dans laquelle les associés qui ne répondent des dettes
sociales que jusqu’à concurrence de leurs apports ont des droits sociaux représentés par des
parts. C’est pourquoi on dit que c’est une société hybride. Elle est à mi-chemin entre la SNC
et la SA.

Pour la ressemblance avec la SA, la responsabilité des associés est limité aux apports. Pour la
ressemblance avec la SNC, les droits sociaux sont représentés par des parts sociales dont la
cession n’est pas libre.

Cette société est désignée par une dénomination sociale qui est immédiatement précédée ou
suivie, en caractère lisibles, des mots "Société à Responsabilité Limitée" ou du sigle "SA".

Section I : La constitution de la SARL

On a toutes les conditions communes de constitution. En plus, il y a des conditions propres.

Paragraphe I : Les conditions de fond

Elles concernent le Capital et les Associés.

Le Capital Social : Sauf disposition contraire des Etats parties le capital social d’une SARL
doit être d’un Million au moins (1 000 000). Il est divisé en parts de valeur nominale
minimale de Cinq Mille (5 000).
Mais le Sénégal, après avoir fait passer le capital minimum de un million de francs
(1 000 000) à cent mille francs (100 000) par la loi 2014-20 du 14 avril 2014, est revenu par la

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loi 2015-01 du 27 mars 2015 pour supprimer le minimum légal qui était exigé pour les SARL.
Désormais, il n’y a plus, pour le capital social, de minimum légal pour constituer une SARL.
Les parts sociales doivent être souscrites en totalité par les associés. Elles doivent être
intégralement libérées lorsqu'elles représentent des apports en nature.

Mais lorsqu’il s’agit d’apports en numéraire, les parts sociales doivent être libérées lors de la
souscription du capital de la moitie au moins de leur valeur nominale.
La libération du surplus doit intervenir en une ou plusieurs fois dans un daïai de deux (2) ans
à compter de l'immatriculation de la société au registre du commerce et du crédit mobilier,
selon les modalités définies par les statuts.

Les apports en nature doivent faire l’objet d’une évaluation conformément à l’article 312
(lorsque la valeur d’un ou de plusieurs apports en nature dépasse 5 000 000 francs, il faut
nécessairement désigner un commissaire aux apports pour l’évaluation).
Pour les apports en numéraire, les fonds provenant de la libération doivent être déposés par
les fondateurs, soit à l’Etude d’un Notaire, soit en banque ou dans tout autre établissement de
crédit ou de microfinance dûment agrée, dans un compte ouvert au nom de la société en
formation. Ces fonds doivent rester indisponibles jusqu’à l’immatriculation. A partir de
l’immatriculation, ils sont mis à la disposition des gérants.
S’il n’y a pas d’immatriculation dans le délai de six (6) mois à compter du premier dépôt de
fonds, les associés peuvent demander au Président du Tribunal, l’autorisation de retirer leurs
fonds.
Quand les fonds sont déposés chez le notaire, ce dernier établit un acte appelé déclaration
notariée de souscription et de versement.

Les associés : La forme unipersonnelle est ici admise. Dans la législation ancienne, ils étaient
limités à cinquante, aujourd’hui, cette limitation a disparu.

Paragraphe II : Les conditions de forme

L’associé unique ou les associés doivent intervenir dans l’acte constitutif soit
personnellement, soit par mandataire.

Section II : Le fonctionnement de la SARL

Nous verrons d’une part les organes et d’autre part la vie financière.

Paragraphe I : Les organes

Il y a trois (3) types d’organes : les gérants, les associés et parfois les Commissaires aux
Comptes ou organes de contrôle.

I : Les gérants

A : Le statut des gérants

Ils sont nécessairement des personnes physiques. Ils peuvent être choisis parmi les associés
ou parmi les tiers. Ils peuvent être désignés dans les statuts ; ils peuvent être désignés dans un
acte postérieur.

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Les Gérants sont choisis par une majorité des associés représentant plus de la moitié du
capital. Il y a là une double majorité : une majorité en nombre et une majorité en capital. La
majorité en capital ne concerne ni les voix exprimées, ni le nombre de présents ou représentés,
mais le capital social. Les statuts ont la possibilité de modifier cette règle, mais uniquement
dans le sens de son renforcement mais jamais dans le sens de son affaiblissement.
Les fonctions du ou des gérants peuvent être rémunérées ou gratuites.

La fin des fonctions peut résulter de l’arrivée du terme. Le mandat est de quatre ans sauf
stipulation contraire. La fin des fonctions peut résulter de la démission. Mais en l’absence de
juste motif, il peut y avoir lieu de paiement de dommages et intérêts.

De même la fin des fonctions peut résulter de la révocation. Cette révocation ne peut être
décidée que par un ou plusieurs associés détenant plus de la moitié du capital social. Toute
stipulation contraire est réputée non écrite. La révocation sans juste motif peut donner lieu au
paiement de dommages et intérêts.
Enfin le gérant peut être révoqué par décision du Tribunal à la demande de tout associé.
B : Les pouvoirs des gérants

Pour ce qui est des pouvoirs, il faut distinguer deux (2) types de rapports : les rapports avec
les associés et les rapports avec les tiers. Voir pour cela les dispositions communes.

II : Les associés de la SARL

Ils ont des droits sociaux représentés par des Parts Sociales. Ils ont également des pouvoirs.

A : Les parts sociales

La transmission des parts n’est pas libre. On va distinguer la transmission entre vifs et la
transmission pour cause de mort.

1 – La cession entre vifs

a) Les conditions de validité


On identifie des conditions de fond et des conditions de forme

- Les conditions de fonds : Il faut distinguer selon qu’il s’agit de cession entre associés ou à
des proches et de cession à des tiers.

Pour la cession entre associés ou à des proches, il appartient aux statuts de déterminer les
modalités. En cas de silence des statuts, la cession est libre. Par proches, il faut entendre le ou
les conjoints, les ascendants et les descendants.

Pour la cession à des tiers, il appartient également aux associés de définir les modalités dans
les statuts. En cas de silence desdits statuts, il faut le consentement de la majorité des associés
non cédant représentant au moins les Trois Quart (3/4) des parts, déduction faite de celles de
l’associé cédant. Donc double majorité.

Exemple : A détient 35 ; B, 25 ; C, 20 ; D, 15 ; E, 5. Si A veut céder, il faut que 3 sur les 4


non cédant votent pour et que les 3 qui votent pour aient au moins les ¾ des 65.

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Le cédant établit un projet de cession qu’il notifie à la société et à chaque associé. La société a
Trois (3) mois à compter de la notification pour répondre. Le silence observé pendant plus de
trois mois équivaut à une acceptation. La solution est tout à fait différente de l’habituel : le
silence vaut acceptation. C’est pour éviter que le cédant soit prisonnier de la cession.

L’article 319, alinéa 4 prévoit que si le consentement n’est pas donné, les associés doivent
racheter les parts du cédant. Dans ce cas précis. Les associés ont trois (3) mois à compter de
la notification du refus pour procéder au rachat. Ce délai peut être prorogé de cent vingt (120)
jours au plus par le tribunal.
A défaut de rachat par les associés, la société peut, avec le consentement du cédant, racheter
les parts et réduire son capital du montant des parts car elle ne peut détenir une partie de son
capital. En l’absence de rachat dans le délai, le cédant retrouve sa liberté (céder ou conserver).

- Les conditions de forme : Il faut que la cession soit constatée par écrit.

b) Les conditions d’opposabilité


Elles sont les mêmes que pour la SNC. Il faut donc distinguer opposabilité à la société
et opposabilité aux tiers.

2 – La transmission à cause de mort

Contrairement à ce qui se passe dans les sociétés de personnes, le décès d’un associé n’est pas
cause de dissolution. Il y a possibilité d‘une transmission aux héritiers et librement. Mais les
statuts peuvent prévoir une clause d’agrément. Si une clause de cette nature est prévue, on
détermine les modalités d’agrément et les conditions. En cas de refus d’agrément, les parts
devront être rachetées dans les mêmes conditions que pour la cession entre vifs.

B : Les pouvoirs des associés

1 – Les modalités d’exercice des pouvoirs

Les Associés ont le choix entre la prise de décisions en Assemblée et la prise de décisions par
Consultations écrites. C’est pourquoi dans la SARL, on ne fait pas la distinction entre
Assemblée Générale Ordinaire et Assemblée Générale Extra ordinaire. On distingue en
revanche les Décisions Collectives Ordinaires et les Décisions Collectives Extra ordinaires.

Cependant la tenue d’une Assemblée Générale Ordinaire annuelle est obligatoire pour statuer
sur les comptes de l’exercice.
Elle doit se tenir dans les six (6) mois qui suivent la clôture de l’exercice et ne peut
valablement délibérer que si elle réunit une majorité d’associés représentant au moins la
moitié du capital social. Toute délibération prise en violation ces conditions est nulle.

Si la SARL est unipersonnelle, l’associé unique prend toutes les décisions.

2 – La prise de décisions

Ici on raisonne en termes de Décisions Collectives Ordinaires et de Décisions Collectives


Extraordinaires, et les deux (2) types de décisions sont pris à des majorités différentes.

a) Les décisions collectives ordinaires

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- Le domaine des décisions collectives ordinaires

Relèvent de l’assemblée générale ordinaire ou des décisions collectives ordinaires, toutes les
décisions qui n’ont pas pour objet la modification des statuts. Il s’agit :

- des décisions par lesquelles les associés statuent sur les Etats Financiers de Synthèse

- des décisions par lesquelles les associés accordent les autorisations nécessaires pour que les
gérants puissent accomplir les opérations subordonnées dans les statuts à I' accord préalable
des associés,

- des décisions par lesquelles les associés procèdent à la nomination et à la révocation des
gérants ou des commissaires aux comptes ;

- Les règles de majorité dans les décisions collectives ordinaires


Ces décisions sont prises par un ou plusieurs associés détenant plus de la moitié du capital.
Donc pas de majorité en nombre, et la base de calcul est le capital social : l’absent et
l’abstentionniste jouent un rôle actif. Si la majorité n’est pas obtenue, les associés sont
convoqués ou consultés une seconde fois. Dans ce cas, la décision est prise à la majorité des
votes émis (c’est-à-dire des votes positifs et négatifs) : les absents et les abstentionnistes sont
neutralisés. On ne tient pas compte du capital. La Révocation par exemple ne peut intervenir
qu’à la majorité absolue (moitié des voix + une voix).

b) Les décisions collectives extraordinaires.


Ce sont les décisions qui ont pour objet la modification des statuts. Ces décisions sont prises
par les associés représentant au moins les trois quart (3/4) du capital. Il s’agit là d’une seule
majorité et c’est nécessairement les trois quart (3/4) du capital.

Cependant, il y a des cas dans lesquels il faut l’unanimité des associés. Ils sont trois (3).
 1er Cas : Lorsqu’il s’agit d’augmenter les engagements des associés ;
 2ème Cas : Lorsqu’il s’agit de transformer la SARL en SNC ou en SAS;
 3ème Cas : Lorsqu’il s’agit de transférer le Siège Social en dehors de l’espace OHADA.

De même, la décision d'augmenter le capital par incorporation de bénéfices, de réserves ou de


primes d'apports, d'émission ou de fusion est prise par les associes représentant au moins la
moitie des parts sociales.

III : Les organes de contrôle ou commissaires aux comptes

A : La nomination des commissaires aux comptes

En principe, la nomination des Commissaires aux Comptes est facultative dans les SARL.

Cependant la désignation d’un commissaire aux comptes devient obligatoire pour toute
société à responsabilité limitée qui remplit, à la clôture de l'exercice social, deux (2) des
conditions suivantes :

1°) un total du bilan supérieur à deux cent cinquante millions (125.000.000) de francs CFA ;
2°) un chiffre d'affaires annuel supérieur à cinq cents millions (250.000.000) de francs CFA;

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3°) un effectif permanent supérieur a 50 personnes ;

Mais la société n'est plus tenue de designer un commissaire aux comptes des lors qu'elle n'a
pas rempli deux (2) des conditions fixées ci-dessus pendant les deux (2) exercices précédant I
‘expiration du mandat du commissaire aux comptes.

Toutefois, il faut noter que même si ces conditions ne sont pas réunies, la désignation d’un
commissaire aux comptes peut être demandée en justice par un ou plusieurs associes détenant,
au moins, Le dixième du capital social.

Les Commissaires aux Comptes sont désignés pour Trois (3) exercices. Ils sont désignés par
un ou plusieurs associés représentant plus de la moitié du capital. Si cette majorité n’est pas
obtenue, il y a une deuxième convocation dans laquelle ils sont choisis à la majorité des votes
émis quelle que soit la portion du capital.

Les délibérations prises à défaut de désignation régulière du commissaire aux comptes ou sur
la base d’un rapport d'un commissaire aux comptes nomme ou demeure en resté
irrégulièrement en fonction, sont frappées de nullité.

Mais l’action en nullité est éteinte si cette délibération est confirmée par une assemblée ayant
statué sur la base d’un rapport d’un Commissaire aux Comptes régulièrement désigné.

Paragraphe II : La vie financière

Il y a deux (2) problèmes : l’affectation des résultats et les modifications du capital.

I : L’affectation des résultats

Les associés de la SARL ont droit à une part du bénéfice distribuable.

II : Les modifications du capital

A : L’augmentation du capital

Compte tenu du développement de l’activité, il peut arriver que le capital social ne soit pas
suffisant, d’où la nécessité de son augmentation. Il existe plusieurs techniquement procédés
d’augmentation du capital.

 L’augmentation peut se réaliser par apport en nature ;


 L’augmentation peut se réaliser par souscription de parts en numéraire ;
 L’augmentation peut prendre la forme d’une incorporation dans le capital, des bénéfices et
des réserves.

Dans ce dernier cas, la décision est prise par les associés représentant au moins la moitié du
capital. C’est une dérogation aux règles normales parce que l’augmentation entraîne une
modification des statuts et à ce titre, elle devrait relever des Décisions Collectives
Extraordinaires.
Lorsqu’il y a augmentation du capital, cela se traduit, soit par l’augmentation de la valeur
nominale des parts, soit par l’augmentation du nombre des parts.

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B : La réduction du capital

On a deux (2) cas de réduction du Capital : la Réduction motivée par des pertes et la
Réduction non motivée par des pertes.

1 – La réduction motivée par des pertes

Lorsque la société fait des pertes, son salut peut se trouver dans la réduction de son capital.
C’est pourquoi l’article 371 de l’Acte Uniforme dispose que : « Si en raison des pertes
constatées dans les documents comptables, les capitaux propres deviennent inférieurs à la
moitié du capital, il faut convoquer les associés pour qu’ils se prononcent sur l’opportunité
d’une dissolution anticipée ».
C’est le gérant ou le commissaire aux comptes qui doivent convoquer les associés, et ils
doivent le faire dans les quatre (4) mois qui suivent l’assemblée ayant constaté le fait.
Deux problèmes peuvent se poser : soit il n’y a pas de convocation dans le délai, ou les
associés sont convoqués dans le délai, mais l’assemblée ne peut pas valablement délibérer.
Dans ces deux cas, tout intéressé peut demander en justice la Dissolution. Mais l’action en
dissolution est éteinte si la régularisation est faite avant que le Tribunal ne siège en première
instance.

Si les associés sont régulièrement convoqués et ils délibèrent, ils ont deux (2) possibilités :
- soit, ils optent pour la dissolution – elle est alors suivie d’une Liquidation ;
- soit ils écartent la décision de dissolution ; ils doivent alors reconstituer les capitaux propres
de la société pour qu’ils atteignent un montant au moins égal à la moitié du capital dans les
deux années qui suivent. A défaut, ils doivent réduire le capital d’un montant égal à celui des
pertes qui n’ont pu être imputées sur les réserves. La dissolution est également encourue si
aucune de ces solutions n’est prise dans les deux (2) années qui suivent la clôture de
l’exercice qui a constaté ce fait.

2 – La réduction non motivée par des pertes

Si l’on décide de réduire le capital, cela se traduit, soit par une réduction du nombre de parts,
soit par une diminution de la valeur nominale des parts.
Cependant réduction du capital ne doit pas de porter atteinte à l’égalité des associés, c’est-à-
dire qu’elle ne doit pas être supportée seulement par une partie de ces derniers.

Chapitre 4 : La Société Anonyme

La SA est la société dans laquelle les droits sociaux sont représentés par des titres
négociables détenus par des actionnaires qui sont responsables des dettes jusqu’à concurrence
de leurs apports.
Il existe deux types de SA : Les SA qui font Appel Public à l’Epargne ; Les SA qui ne font
pas Appel Public à l’Epargne.

Sont considérées comme faisant appel public à l’épargne les SA qui remplissent un
quelconque de ces cinq (5) critères :

 1er Critère : La Cotation des Titres : Toute société dont les titres sont cotés à la Bourse des
Valeur Mobilières est réputée faire Appel Public à l’Epargne ;

31
 2ème Critère : Le Placement des Titres en ayant recours à des intermédiaires
(Etablissements de crédit et agents de change)
 3ème Critère : Le Recours à la Publicité pour le placement des Titres.
 4ème Critère : Le Recours au Démarchage pour le placement des Titres
 5ème Critère : La Diffusion des Titres dans le Public (Placement au-delà de 100 personnes).

Section I : La constitution de la SA

Paragraphe I : Les conditions de fond

I : Les actionnaires

Ici, la forme unipersonnelle est admise.


Les vices du consentement et l’incapacité ne sont pas causes de nullité, sauf si tous les
associés sont atteints.

II : Le capital
 S’il s’agit d’une SA ne faisant pas Appel Public à l’Epargne, le minimum est Dix
Millions ;
 S’il s’agit d’une SA faisant Appel Public à l’Epargne, le minimum est Cent Millions.

II est divise en actions dont le montant nominal est librement fixe par les statuts. Le montant
nominal est exprime en nombre entier.

De même, les actions de numéraire peuvent n’être libérées que du quart au moment de
la souscription, et le reste dans les trois (3) années à compter de l’immatriculation au RCCM.

Les fonds provenant de la souscription des actions de numéraire sont déposés par les
personnes qui les ont reçus, pour le compte de la société en formation, soit chez un notaire,
soit dans un établissement de crédit ou de microfinance dûment agréé domicilié dans l’État
partie du siège de la société en formation, sur un compte spécial ouvert au nom de cette
société.

Il faut signaler, toujours à propos des actions de numéraire, que tant qu’elles ne sont pas
entièrement libérées, elles restent sous la forme nominatif, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent
être au porteur, parce que la société doit pouvoir procéder à la saisie et à la cession forcée au
besoin.
Paragraphe II : La procédure : l’assemblée générale constitutive

Elle est convoquée par les fondateurs après la déclaration notariée de souscription et de
versement.

A : Les délibérations

Il y a des règles de quorum et de majorité que la Loi prévoit uniquement dans ce type de
sociétés.
Le quorum est le nombre minimal d’actions détenues par les membres présents ou
représentés. L’assemblée ne délibère valablement que si les souscripteurs présents ou
représentés détiennent au moins la moitié des actions.

32
Si le quorum n’est pas atteint, il y a une deuxième convocation pour laquelle le quorum
est fixé au quart du nombre des actions. L’assemblée se réunira une troisième fois dans le
délai de deuxmois à compter de la date fixée pour la deuxième convocation si celle-ci ne
réunit pas le quorum. Sur cette troisième convocation, le quorum reste au quart.

B : Les règles de majorité

Le principe, c’est que les décisions sont prises à la majorité des deux tiers (2/3) des voix
dont disposent les souscripteurs présents ou représentés. Et le texte prend le soin de préciser
que les bulletins blancs ne sont pas pris en compte, c’est-à-dire que les associés qui
s’abstiennent ne sont pas pris en compte.
Par dérogation à cette règle, il existe deux types de décisions adoptées selon une règle de
majorité différente de celle énoncé précédemment :

 1ère Dérogation : Elle concerne la réduction des apports pour laquelle l’article 406 dit que
l’assemblée ne peut réduire la valeur des apports ou des avantages particuliers qu’à
l’unanimité et avec l’accord exprès de l’apporteur ;
 2ème Dérogation : Elle concerne la modification des statuts. Là aussi, il faut l’unanimité
des souscripteurs.

Section II : Le fonctionnement

Paragraphe I : Les organes


On a trois types d’organes : les organes d’Administration et de Direction, les organes de
Délibération et les organes de Contrôle.

I : Les organes d’administration et de direction

On a deux (2) types de SA : les SA avec Conseil d’Administration et les SA avec


Administrateur Général. Le choix entre les deux appartient aux associés, dans les statuts.
Cependant on ne peut opter pour la SA avec Administrateur Général que si les deux
conditions suivantes sont cumulativement remplies :

 Le nombre d’actionnaires est égal ou inférieur à trois (3) ;


 La SA ne fait pas appel public à l’épargne.

S’il s’agit de SA faisant appel public à l’épargne, le Conseil d’Administration est obligatoire.

A : Les SA avec conseil d’administration

S’il s’agit de SA avec Conseil d’Administration, on a en fait un Exécutif Bicéphale : il y a


l’Organe d’Administration (le Conseil d’Administration), et l’Organe de Direction (soit le
Président Directeur Général, soit le Directeur Général et le Président du Conseil
d’Administration).

1- Conseil d’Administration

a- Composition
Le Conseil est composé d’administrateurs dont le nombre peut être compris entre trois (3) et
douze (12). Mas s’il s’agit d’une SA qui fait appel public à l’épargne, le nombre peut aller

33
jusqu’à quinze (15). Le choix peut porter sur des personnes physiques, il peut aussi porter sur
des personnes morales. Dans le dernier cas, la Personne Morale désigne un représentant
permanent pour la durée de son mandat. Le choix des administrateurs peut porter sur des
actionnaires, mais aussi sur des tiers.

Ce sont les statuts qui précisent les modalités de désignation des administrateurs ainsi que la
durée de leur mandat

Les statuts peuvent imposer que chaque administrateur soit propriétaire d'un nombre d'actions
de la société qu'ils déterminent. Cette disposition ne s'applique pas dans le cas des salariés
nommés administrateurs.

Tout administrateur qui, au jour de sa nomination, n'est pas titulaire du nombre d'actions
requis par les statuts ou, en cours de mandat, cesse d'en être propriétaire, se trouve en
infraction avec les dispositions de l'alinéa qui précède. Dans ce cas, il doit, dans les trois (3)
mois de sa nomination ou si l'infraction survient en cours de mandat, dans les trois (3) mois
de la date de la cession d'actions à l'origine de l'infraction, se démettre de son mandat. A
l'expiration de ce délai, il est réputé s'être démis de son mandat et doit restituer les
rémunérations perçues, sous quelque forme que ce soit, sans que puisse être remise en cause
la validité des délibérations auxquelles il a pris part.

La durée du mandat ne peut excéder six (6) ans pour les administrateurs qui sont désignés en
cours de vie sociale, et deux (2) ans pour ceux qui sont désignés par les statuts ou par
l’Assemblée Constitutive.

Il est interdit pour un administrateur d’appartenir simultanément à plus de cinq (5) Conseils
d’Administration de sociétés ayant leur siège sur le territoire d’un même Etat partie.
Cependant ne sont pas pris en compte les mandats d'administrateur exercés par cette personne
dans les sociétés contrôlées par la société dont elle est administrateur.

Pour la rémunération, elle est fixée selon les modalités prévues par l’article 431 de l’Acte
Uniforme. Cet article dit que l’Assemblée peut allouer aux administrateurs à titre
d’indemnités, une somme fixe annuelle qu’elle détermine souverainement. Et cette somme est
librement répartie par le Conseil d’Administration entre ses membres.
Cet article 431 est complété par celui 432 qui prévoit la possibilité d’allouer une
rémunération exceptionnelle lorsque des missions ou des mandats sont confiés aux
administrateurs.
Le mandat d’administrateur prend fin par l’arrivée du terme, par la démission, par le
décès ou par la révocation qui doit être prononcée le cas échéant par l’assemblée générale
ordinaire. Il faut noter pour finir, que l’administrateur est révoqué Ad Nutum.

b- Les attributions du conseil d’administration

Le Conseil est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir au nom de la société. Le
Conseil précise les objectifs de la société ainsi que l’orientation qui doit être donnée à
l’administration. Il contrôle la gestion qui est assurée par le Président Directeur Général ou le
Directeur Général selon le cas. Il arrête les comptes de chaque exercice. Il intervient pour
autoriser les conventions passées entre la société et un Administrateur, le Directeur Général

34
ou un Directeur Adjoint. De même, s’il doit y avoir une convention dans laquelle ces
personnes sont directement intéressées, il faut l’autorisation du Conseil d’Administration.
Cette autorisation n’est pas nécessaire lorsqu’il s’agit de convention portant sur des opérations
courantes et conclues à des conditions normales. Les opérations courantes sont celles qui sont
effectuées par une société, d'une manière habituelle, dans le cadre de ses activités. Les
conditions normales sont celles qui sont appliquées, pour des conventions semblables, non
seulement par la société en cause, mais également par les autres sociétés du même secteur
d'activité.

Dans les cas où l’autorisation est nécessaire, son absence entraîne la nullité de la convention,
si celle-ci a eu des conséquences préjudiciables pour la société. La nullité, dans les hypothèses
où elle est encourue, peut être demandée par les organes de la société, mais aussi par tout
actionnaire individuellement. L'action en nullité se prescrit par trois (3) ans à compter de la
date de la convention. Toutefois, si la convention a été dissimulée, le point de départ du délai
de la prescription est réputé fixe au jour où elle a été révélée.
Cependant la nullité peut être couverte par un vote spécial de l’assemblée générale ordinaire.

2 – La Direction de la SA

On a deux (2) possibilités s’il s’agit d’une SA avec Conseil d’Administration : soit
c’est une SA avec Président Directeur Général, soit c’est une SA avec Président du Conseil
d’Administration et Directeur Général.

a- Le Président Directeur Général

Il est nommé par le Conseil d’Administration parmi ses membres. La durée de son
mandat ne peut excéder celle de son mandat d’administrateur. Le mandat qui est renouvelable
prend fin soit par l’arrivée du terme, soit par le décès, soit par la démission, soit par la
révocation.
Le Président Directeur Général préside le Conseil d’Administration et assure la
direction générale de la société. Il représente la société dans ses rapports avec les tiers. Rien
ne s’oppose à ce que le Président Directeur Général soit lié à la société par un contrat de
travail. Il y a donc possibilité pour lui de cumul si cela correspond à un emploi effectif.
La rémunération du Président Directeur Général est fixée par le Conseil d’Administration
dans les conditions prévues par l’article 430. L’article 430 dit que les administrateurs ne
peuvent percevoir d’autres rémunérations que celles prévues par les articles 431 et 432.
Le Conseil d’Administration peut, sur proposition du PDG, désigner une ou plusieurs
personnes physiques dans les fonctions de directeur général adjoint. La durée de leurs
fonctions est fixée par le Conseil. L’étendue des pouvoirs de ces DG adjoints est fixée par le
Conseil en accord avec le PDG. Dans les rapports avec les tiers, le DGA a les mêmes
pouvoirs que le PDG.

b- Le président du conseil d’administration et le directeur général

Ce sont des personnes physiques.


Le PCA est désigné par le Conseil parmi ses membres. Le PCA dirige les réunions du Conseil
et les Assemblées Générales. Il doit veiller à ce que le Conseil assure le contrôle de la gestion
du DG. A toute époque de l’année, il opère les vérifications qu’il juge utiles. Il ne peut pas
engager la société dans ses rapports avec les tiers. Sa rémunération est fixée par le Conseil
dans les conditions prévues à l’article 430.

35
Le DG est nommé par le Conseil d’Administration parmi ses membres ou en dehors
des membres. Il n’est pas forcément un administrateur. Le DG peut être révoqué à tout
moment par le Conseil d’Administration. Le DG assure la direction générale de la société. Il
la représente dans les rapports avec les tiers. Le DG peut, lui aussi, être lié à la société par un
contrat de travail, en plus du contrat de mandat qui le lie en tant que Directeur Général. Le
DG peut être assisté de directeurs généraux adjoints qui doivent être des personnes physiques
nommées par le Conseil d’Administration. Ces derniers sont dans la même situation que ceux
du PDG.

B : La société anonyme avec administrateur général

Il faut signaler que la possibilité d’opter pour cette forme n’est ouverte que s’il s’agit
d’une SA qui comporte un nombre d’actionnaires égal ou inférieur à Trois (3).
L’administrateur général assume sous sa responsabilité, les fonctions d’administrateur et de
directeur. Le premier administrateur est nommé dans les statuts ou par l’assemblée générale
constitutive. En cours de vie sociale, l’administrateur général est nommé par l’assemblée
générale ordinaire. Cet administrateur général peut être choisi parmi les actionnaires ou parmi
les tiers. C’est dans les statuts qu’on fixe la durée du mandat, mais cette durée ne peut
dépasser deux (2) ans pour le premier administrateur et six (6) ans pour les Administrateurs
qui sont nommés en cours de vie sociale. Dans cette limite, les associés fixent librement la
durée. Les fonctions prennent fin par l’arrivée du terme, mais le mandat est renouvelable.
Elles prennent fin par le décès, la démission ou la révocation qui peut être prononcée à tout
moment par l’assemblée générale ordinaire. Il y a des conventions qui sont interdites à
l’administrateur général et à ses proches. Ce sont celles qui sont prévues pour les SA avec
Conseil d’Administration.
Sur la proposition de l’administrateur général, l’assemblée peut désigner une ou
plusieurs personnes physiques comme d’administrateurs généraux adjoints. L’administrateur
général, comme le DG, le PDG et le Gérant, a la possibilité de signer un contrat de travail
avec la société. Mais il faut que ce contrat de travail corresponde à un emploi effectif.
L’administrateur général a droit à une rémunération qui est fixée dans les conditions prévues
par l’article 501 : "L’assemblée lui alloue une somme fixe annuelle à titre d’indemnités de
fonctions".

II : Les assemblées d’actionnaires

Il y a trois types d’assemblées : l’Assemblée Générale Ordinaire, l’Assemblée


Générale Extraordinaire et les Assemblées Spéciales.

A : L’Assemblée Générale Ordinaire

Elle est compétente pour prendre toutes les décisions qui ne relèvent pas de la
compétence de l’assemblée générale extraordinaire ni des assemblées spéciales. Elle a une
compétence résiduelle, de droit commun. C’est elle qui statue sur les Etats Financiers de
Synthèse ; c’est elle qui décide de l’affectation des résultats, nomme les administrateurs du
conseil d’administration, l’administrateur général, les organes de contrôle. Elle est compétente
pour statuer sur les conventions passées entre les dirigeants et la société.
Cette assemblée émet les obligations et approuve le rapport du commissaire aux
comptes établi obligatoirement chaque fois que la société achète à un actionnaire un bien dont
la valeur est égale au moins à cinq millions (5 000 000).

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L’Assemblée se réunit au moins une fois par an dans les six (6) mois qui suivent la
clôture de l’exercice, sauf s’il y a une prorogation décidée par le président du Tribunal.
Les statuts prévoient un nombre minimal d’actions à détenir pour pouvoir assister aux
délibérations de l’assemblée. Ce nombre ne peut dépasser dix (10) actions. Si cette stipulation
existe, plusieurs actionnaires peuvent se regrouper pour atteindre le minimum et se faire
représenter par l’un d’eux.
Des règles de quorum et de majorité sont prévues. Sur première convocation,
l’assemblée ne délibère valablement que si les actionnaires présents ou représentés possèdent
au moins le quart (1/4) des actions ayant le droit de vote.
Sur deuxième convocation, aucun quorum n’est exigé. Il est prévu que les décisions
sont prises à la majorité des voix exprimées, et que si l’on procède à un scrutin, il n’est pas
tenu compte des bulletins blancs.

B : L’Assemblée Générale Extraordinaire

L’Assemblée Générale Extraordinaire est seule compétente à modifier les statuts. La


règle est une règle d’ordre public. L’AGE est seule compétente pour autoriser les fusions,
scissions, transformations et apports partiels d’actif, pour transférer le siège, pour dissoudre
par anticipation la société ou pour proroger la durée.
Contrairement à ce qui est prévu pour les assemblées générales ordinaires, ici les
statuts ne peuvent pas subordonner la participation aux assemblées à la détention d’un certain
nombre d’actions. Tous les associés peuvent participer librement aux dites assemblées.
Il y a des règles de quorum et de majorité.
Pour le quorum : L’AGE ne délibère valablement sur première convocation que si les
actionnaires présents ou représentés possèdent au moins la moitié des actions. Si le quorum
n’est pas atteint, l’Assemblée est convoquée une deuxième fois, et dans ce cas, il faut, pour
atteindre le quorum, que les actionnaires présents ou représentés possèdent le quart (1/4) des
actions. Si le quorum n’est pas atteint sur cette deuxième convocation, l’assemblée est
convoquée une troisième fois dans un délai qui ne peut excéder deuxmoisà compter de la date
de la deuxième convocation, et le quorum reste fixé au quart (1/4) des actions.
Pour la majorité, les décisions sont prises à la majorité des deux tiers (2/3) des voix
exprimées.

C : Les Assemblées Spéciales

Les assemblées spéciales regroupent les actionnaires d’une catégorie déterminée. Ces
actionnaires interviennent pour approuver les décisions des assemblées générales qui
modifient les droits de cette catégorie. Ces délibérations qui modifient les droits ne
deviennent définitives qu’après cette approbation.Il y a des règles de quorum et de majorité.
Pour le quorum, sur première convocation, l’assemblée ne délibère valablement que
si les actionnaires présents ou représentés possèdent au moins la moitié des actions. Sur
deuxième convocation, le quorum est fixé au quart des actions. A défaut, l’Assemblée peut
être convoquée une troisième fois, le quorum reste fixé au quart des actionnaires.
Pour la majorité, les règles sont fixées aux deux tiers des voix exprimées. Et s’il est
procédé à un scrutin, il n’est pas tenu compte des bulletins blancs.

III : Les commissaires aux comptes

A : Le choix des commissaires aux comptes

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Le choix ne peut porter que sur des personnes physiques ou des sociétés constituées de
personnes physiques. Et si la société a son siège dans un Etat où il y a un ordre des experts
comptables, seuls peuvent être désignés les experts comptables agréés. Les fonctions du
commissaire aux comptes sont incompatibles avec certaines activités notamment celles visées
par l’article 597. Il s’agit d’abord des activités de nature à porter atteinte à l’indépendance des
commissaires aux comptes. Il y a ensuite les emplois salariés, mais rien ne s’oppose à ce
l’expert comptable exerce une activité d’enseignement se rattachant à l’exercice de sa
fonction. Il y a aussi les activités commerciales, qu’elles soient exercées de manière directe ou
indirecte.
Il faut noter que certaines personnes ne peuvent pas être nommées commissaires aux comptes.

Les Personnes qui ne peuvent pas être nommées

La liste est dressée par l’article 698 qui dit que les personnes suivantes ne peuvent être
nommées commissaires aux comptes. Il s’agit :

 Des fondateurs, apporteurs, bénéficiaires d’avantages particuliers, dirigeants de la société


ou d’une de ses filiales ainsi que leurs conjoints ;
 Des parents et alliés jusqu’au quatrième degré ;
 Des dirigeants de sociétés qui possèdent le dixième du capital de la société contrôlée, ou
dont la société contrôlée détient 10% du capital ainsi que leurs conjoints ;
 Des personnes qui, directement ou indirectement, reçoivent de ceux qui sont visés en
premièrement ou en troisièmement un salaire ou une rémunération quelconque en raison
d’une activité permanente autre que celle de commissaire aux comptes. Cette interdiction
vise aussi leurs conjoints ;
 Des sociétés de commissaires aux comptes dont l’un des dirigeants, associés ou
actionnaires se trouve dans l’un des cas précédents ;
 Enfin des sociétés de commissaires aux comptes dont l’un des dirigeants, associés ou
actionnaires a son conjoint qui se trouve dans l’un des cas prévus au cinquièmement.

B : La nomination des commissaires aux comptes.

Lorsque la société ne fait pas appel public à l’épargne, elle désigne un commissaire
aux comptes titulaire et un suppléant. Pour celles qui font appel public à l’épargne, il faut
deux titulaires et deux suppléants.
Les premiers commissaires aux comptes sont nommés soit dans les statuts, soit par
l’assemblée constitutive pour deux (2) exercices. Les autres, ceux qui sont nommés en cours
de vie sociale, sont désignés par l’AGO pour six (6) exercices.

Il faut noter que le commissaire aux comptes peut être récusé lorsqu’on a des raisons
de douter de son impartialité. L’article 730 ne donne pas les cas de récusation. La récusation
est demandée par un ou plusieurs actionnaires représentant au moins le dixième du capital.
Elle peut aussi être demandée par le Ministère public (Procureur). La demande de récusation
est présentée dans le délai de trente (30) joursà compter de la date de l’AGO qui a nommé le
commissaire aux comptes. La demande est formulée contre le commissaire aux comptes et
contre la société.
Le commissaire aux comptes peut aussi être révoqué. La révocation peut être
demandée par les actionnaires représentant au moins le dixième (1/10) du capital, ou le
conseild’administration, ou l’administrateurgénéral selon le cas, ou l’AGO ou encore le

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MinistèrePublic (Procureur). La demande est présentée et traitée de la même manière que la
demande de récusation.

C : L’exercice des fonctions de commissaire aux comptes

1 – Les missions du commissaire aux comptes

Le commissaire aux comptes certifie que les Etats Financiers sont réguliers et donnent
une image fidèle des résultats des opérations, de la situation financière et du patrimoine au
cours de l’exercice.
Le commissaire aux comptes vérifie les valeurs et documents comptables, il contrôle
la conformité de la comptabilité à la législation en vigueur.
Cette mission de contrôle et de vérification s’exerce de manière permanente mais
exclut le commissaire aux comptes de toute immixtion dans la gestion de la société. Il vérifie
la sincérité des informations données dans les rapports des dirigeants et des documents
adressés aux actionnaires. Il vérifie aussi leur concordance avec les Etats Financiers. Il
s’assure du respect de l’égalité entre actionnaires et il veille notamment à ce que toutes les
actions d’une même catégorie bénéficient des mêmes droits.
Après les contrôles qu’il effectue conformément aux méthodes et directives du droit
comptable, il rédige un rapport. Selon l’organe destinataire, il existe deux types de rapports
dressés par le commissaire aux comptes :

 Il y a un premier rapport destiné à l’AGO. Dans ce rapport, il a trois (3) possibilités : soit
certifier la régularité et la sincérité des Etats Financiers, soit refuser la certification en
précisant les motifs, soit certification les états financiers en émettant des réserves ;
 Il y a un deuxième rapport destiné aux dirigeants. Dans ce dernier, il porte à la
connaissance de l’organe les contrôles, les vérifications et sondages ainsi que les résultats,
les postes de bilan et autres documents comptables auxquels il faut apporter des
modifications, les irrégularités et inexactitudes découvertes, et enfin les conclusions
auxquelles conduisent les observations et rectifications sur les résultats de l’exercice
comparés à ceux du dernier exercice.

Le commissaire aux comptes a également des obligations de dénonciation et sa


responsabilité peut être engagée s’il ne s’acquitte pas de cette tâche. Dans ce cadre, il doit
signaler à la prochaine assemblée, les irrégularités et les inexactitudes qu’il a relevées dans
l’exercice de ses fonctions. Il doit révéler au Ministère public (Procureur) les faits délictuels
dont il a eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions.
Enfin le commissaire aux comptes doit déclencher la Procédure d’Alerte. S’il
découvre dans l’exercice de ses fonctions des faits capables de compromettre la continuité de
l’exercice, il demande des explications aux dirigeants, puis au conseil d’administration, puis
enfin à l’AGO le cas échéant.

2 – La Responsabilité du Commissaire aux Comptes

Il y a la responsabilité civile, la responsabilité pénale et les sanctions disciplinaires.

a – La responsabilité civile

Elle peut être engagée à l’égard des tiers et de la société, lorsque le préjudice subi par
ces derniers trouve sa source dans une faute ou une négligence commise par le commissaire

39
aux comptes, dans l’exercice de ses fonctions. L’action en responsabilité se prescrit par trois
(3) ans à compter du jour du fait dommageable ou de sa révélation si le fait a été dissimulé.
Le délai est porté à dix (10) ans si le fait est qualifié crime. Il faut signaler ici que le
Législateur OHADA a prévu des cas d’exonération de la responsabilité du commissaire aux
comptes.

 La responsabilité du commissaire aux comptes ne peut être engagée pour les informations
et divulgations de faits auxquelles il procède dans le cadre de l’exercice de ses fonctions,
conformément aux dispositions de l’article 716 ;
 La responsabilité du commissaire aux comptes ne peut plus être engagée pour des
dommages résultant des fautes commises par les dirigeants sauf si, ayant eu connaissance
de ces fautes, il ne les a pas faits connaître à l’assemblée dans son rapport.

2 – La responsabilité pénale

Il y a deux (2) dispositions de l’Acte Uniforme qui prévoient la Responsabilité Pénale


du commissaire aux comptes. Ce sont les articles 898 et 899. L’article 898 dit que le
commissaire aux comptes commet une infraction s’il accepte, exerce ou conserve ses
fonctions nonobstant les interdictions légales. Et la loi sénégalaise prévoit pour cette
infraction une peine d’emprisonnement d’un mois à un an et une peine d’amende de cent
milles à un million ou l’une de ces peines.
L’article 899 lui, prévoit que le commissaire aux comptes encourt une sanction pénale
s’il donne ou confirme sciemment des informations mensongères sur la situation de la société
ou s’il s’abstient de révéler au Ministère Public les infractions dont il a eu connaissance dans
l’exercice de ses fonctions. Et la loi prévoit une peine d’emprisonnement d’un an à cinq ans
et une peine d’amende de 500 000 à 5 000 000 ou l’une de ces peines.

3 – Les sanctions disciplinaires

Les sanctions disciplinaires prévues sont les suivantes :

 Il y a d’abord l’avertissement ;
 Il y a ensuite la réprimande devant le Conseil de l’Ordre ;
 Il y a aussi le blâme avec une inscription au dossier ;
 Il y a également la suspension d’une durée minimale de trois (3) mois et maximale de
trois (3) ans ;
 Il y enfin la radiation.

L’organe compétent pour prononcer la sanction est la chambre de discipline de l’Ordre.

Paragraphe 2 : La vie financière de la société anonyme

La répartition des bénéfices ayant déjà été traitée, nous insisterons ici sur
l’amortissement et les modifications du capital.

I / L’amortissement du capital

L’amortissement du capital, c’est l’opération par laquelle la société rembourse aux


actionnaires tout ou partie du nominal des actions et ceci, à titre d’avance sur le produit de la
liquidation future de la société.

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La décision d’amortir le capital est prise par l’Assemblée Générale Ordinaire des
associés lorsque les statuts l’ont prévu. Dans le cas contraire, elle relève de l’Assemblée
Générale Extraordinaire.
L’amortissement du capital se réalise par voie de remboursement égal pour chaque
action d’une même catégorie et on ne peut pas toucher au capital social pour la réalisation de
l’opération. L’opération se fait sur la base des bénéfices ou réserves non statutaires.
L’amortissement peut être intégral ou partiel.
Pour ce qui est des effets de l’amortissement, il faut signaler que les actions amorties
conservent tous les droits à l’exception du droit au premier dividende et du droit au
remboursement du nominal qu’elles perdent à due concurrence.

II / Les modifications du capital

A / L’augmentation du capital

Il faut signaler en observation préliminaire que tant que le capital n’est pas entièrement
libéré, il ne peut y avoir augmentation de capital, sauf par apport en nature (article 389, alinéa
dernier).
L’organe compétent pour décider de l’augmentation est l’Assemblée Générale
Extraordinaire. Elle prend la décision sur le rapport du conseil d’administration ou de
l’administrateur général et du commissaire aux comptes. Cette augmentation se traduit soit
par l’augmentation du nombre d’actions, soit par la majoration du nominal des actions déjà
existantes.
S’il s’agit d’augmentation de capital par émission d’actions nouvelles, celles-ci sont
libérées soit en espèce, soit par compensation avec des créances certaines, liquides et
exigibles sur la société, soit par incorporation des réserves, bénéfices ou primes d’émission,
soit par apport en nature.
Lorsqu’il y a émission d’actions nouvelles, les actionnaires ont un droit préférentiel de
souscription, et ce droit est négociable s’il est détaché d’actions négociables. Ce droit de
souscription s’exerce d’abord de manière irréductible, c’est-à-dire chaque actionnaire a le
droit de souscrire un nombre d’actions nouvelles proportionnel au nombre d’actions anciennes
qu’il détenait avant l’augmentation.
Si l’Assemblée Générale Extraordinaire le prévoit, les actionnaires auront un droit
préférentiel à titre réductible pour les actions nouvelles qui n’ont pas été souscrites à titre
irréductible.
Les actions nouvelles sont émises soit à leur valeur nominale, soit à leur valeur
nominale majorée d’une prime d’émission. C’est l’Assemblée Générale Extraordinaire qui va
déterminer le prix des actions sur le rapport du Commissaire aux Comptes.
Lorsqu’il y a augmentation par apport en nature ou stipulation d’avantages
particuliers, il faut faire intervenir le Commissaire aux apports.

La consécration de l’attribution gratuite d’actions.

L’assemblée générale extraordinaire, sur le rapport du conseil d’administration ou de


l’administrateur général, selon le cas, et sur le rapport spécial du commissaire aux comptes,
peut autoriser le conseil d’administration ou l’administrateur général, selon le cas, à procéder,
au profit des membres du personnel salarié de la société ou de certaines catégories d’entre
eux, à une attribution gratuite d’actions existantes ou à émettre.

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L’assemblée générale extraordinaire fixe le pourcentage maximal du capital social pouvant
être attribué dans les conditions définies au premier alinéa. Le nombre total des actions
attribuées gratuitement ne peut excéder dix pour cent (10 %) du capital social à la date de la
décision de leur attribution par le conseil d’administration ou l’administrateur général, selon
le cas.
Elle fixe également le délai pendant lequel cette autorisation peut être utilisée par le conseil
d’administration ou l’administrateur général, selon le cas. Ce délai ne peut excéder trente-six
(36) mois.

Le président du conseil d’administration, l’administrateur général, les administrateurs


généraux adjoints, le directeur général, les directeurs généraux adjoints d’une société
anonyme peuvent se voir attribuer des actions de la société dans les mêmes conditions que les
membres du personnel salarié.

Lorsque l’attribution porte sur des actions à émettre, l’autorisation donnée par l’assemblée
générale extraordinaire emporte de plein droit, au profit des bénéficiaires des actions
attribuées gratuitement, renonciation des actionnaires à leur droit préférentiel de souscription.
L’augmentation de capital correspondante est définitivement réalisée du seul fait de
l’attribution définitive des actions aux bénéficiaires.

Les sociétés qui attribuent gratuitement leurs actions peuvent, à cette fin, souscrire ou
acquérir leurs propres actions. Les actions ainsi acquises doivent être attribuées dans le délai
d’un an à compter de l’acquisition.
La libération des actions souscrites ou le paiement des actions acquises en vue d’une
attribution gratuite est réalisée par un prélèvement obligatoire, à concurrence du montant des
actions à attribuer, sur la part des bénéfices d’un ou de plusieurs exercices ainsi que des
réserves, à l’exception de la réserve légale.

B / La Réduction du Capital

1 – La Réduction motivée par des Pertes

Il est prévu pour les SA que, si du fait des pertes constatées dans les documents
comptables, les Capitaux Propres deviennent inférieurs à la moitié du capital, le Conseil
d’Administration ou l’Administrateur Général convoque les Associés, pour se prononcer sur
l’opportunité d’une dissolution anticipée. Deux possibilités peuvent se présenter alors :

- L’Assemblée ne peut pas se réunir faute de convocation ou l’Assemblée ne peut pas


valablement délibérer faute de quorum : Dans ce cas, tout intéressé peut demander à la
Juridiction compétente la dissolution. Et la Juridiction peut accorder un délai de quatre (4)
mois pour la Régularisation. Et si la Régularisation intervient avant le jour où la Juridiction
statue sur le fond, elle ne peut prononcer la dissolution.

- L’Assemblée est convoquée et peut valablement délibérer. Dans ce cas, elle a une option :
soit elle prononce la dissolution anticipée, soit elle écarte la dissolution. Dans le cas où elle
écarte la dissolution, elle doit, au plus tard à la clôture du deuxième (2 ème) exercice qui suit la
clôture de celui auquel les pertes ont été constatées, réduire son capital d’un montant égal à
celui des pertes qui n’ont pu être imputées dans le délai, sauf si dans ledit délai, les capitaux
propres ont pu être reconstitués pour être au moins égaux à la moitié du capital social.

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2 - La Réduction non motivée par des Pertes

Cette réduction est décidée ou autorisée par l’Assemblée Générale Extraordinaire.


Mais l’Assemblée peut déléguer ses pouvoirs à l’Administrateur Général ou au Conseil
d’Administration pour réaliser cette opération. Comme pour la SARL, il y a deux (2) règles à
observer :

 D’abord le respect de l’égalité entre actionnaires ;


 Ensuite il faut éviter de faire descendre le capital en dessous du minimum légal.

Contrairement à ce qui se passe pour la réduction motivée par des pertes, ici les
créanciers ont la possibilité de faire opposition. Si les créanciers font opposition, et si
l’opposition est accueillie, la possibilité de la réduction est interrompue. Il y a donc
différence d’avec ce qui est prévu pour la SARL, parce qu’il y a interruption jusqu’à la
constitution de garanties si la société en offre et si elles sont jugées suffisantes ou jusqu’au
remboursement des créances.

C : La consécration du capital variable

C’est une nouveauté consacrée par le nouvel acte uniforme. C’est l’art 269 qui est siège de
cette nouveauté.
Il peut être stipulé dans les statuts des sociétés anonymes ne faisant pas appel public à
l’épargne que le capital social est susceptible soit d’augmentation par des versements
successifs des associés ou l’admission d’associés nouveaux, soit de diminution par la reprise
totale ou partielle des apports effectués.

Si la société use de la faculté accordée, cette circonstance doit être mentionnée dans tous les
actes et documents émanant de la société et destinés aux tiers, par l’addition à la forme sociale
des mots " à capital variable ".

Par dérogation aux dispositions du présent Acte uniforme, les statuts des sociétés à capital
variable organisent les modalités de souscription, de libération et de reprise des apports.

Ne sont pas assujettis aux formalités de dépôt et de publication les actes constatant les
augmentations ou les diminutions du capital social opérées dans les termes de l’article 269, ou
les retraits d’associés qui auraient lieu conformément au même article 269.

Les dispositions relatives au droit d’opposition des créanciers en cas de réduction de capital
non motivée par des pertes sont inapplicables.

Les statuts déterminent une somme au-dessous de laquelle le capital ne peut être réduit par les
reprises des apports autorisées. Cette somme ne peut être inférieure ni au dixième du capital
social stipulé dans les statuts ni au montant minimal du capital exigé pour la forme de la
société considérée par les dispositions la régissant.

RETRAIT D’ASSOCIE

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Sauf clause contraire, la loi prévoit pour chaque associé le droit de se retirer de la société à
tout moment.
Les statuts peuvent aussi stipuler que l’assemblée générale ou la collectivité des associés a le
droit de décider, à la majorité fixée par les statuts, que l’un ou plusieurs des associés cessent
de faire partie de la société.

L’associé qui cesse de faire partie de la société, soit par l’effet de sa volonté, soit par suite de
la décision de l’assemblée générale ou de la collectivité des associés, reste tenu, pendant cinq
(5) ans, envers les associés et envers les tiers, de toutes les obligations existant au moment de
son retrait. L’associé, n’est tenu que dans la limite des sommes qui lui ont été restituées avant
son départ.

Section 4 : La Disparition

Paragraphe 1 : La Transformation

Il faut que la SA ait été constituée depuis au moins deux (2) ans. Il faut aussi qu’elle
ait établi et fait approuver le bilan de ses deux premiers exercices.
La décision de transformation est nécessairement précédée d’un rapport du
Commissaire aux Comptes. Dans son rapport, le Commissaire aux Comptes atteste que l’actif
net est au moins égal au capital social.
Si la société a émis des obligations, la décision est soumise à l’approbation de
l’Assemblée des Obligataires.
Si la transformation doit déboucher sur une SNC, il faut l’unanimité. Mais dans ce cas,
les conditions qui avaient été posées ne sont plus exigibles.
Si la SA doit être transformée en SARL, la décision est prise conformément aux règles
prévues pour les modifications des statuts.

Paragraphe 2 : La Dissolution

On retrouve ici toutes les causes de dissolution déjà vues, sauf la Réunion des droits
sociaux entre les mains d’un seul associé.
Il y a des causes propres notamment la Perte non suivie de régularisation dans le délai
de plus de la moitié du capital.

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