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Dani Rodrik
Dans L'Économie politique 2001/2 (no 10), pages 44 à 54
Éditions Alternatives économiques
ISSN 1293-6146
DOI 10.3917/leco.010.0044
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FMI, Banque mondiale : la fin d’une époque
(1) Ce texte a été préparé pour la conférence ABCDE de la Banque mondiale, qui s’est tenue à Paris du 26 au 28 juin
2000 (il est disponible sur le site Web : www.worldbank.org). L’Economie Politique remercie le professeur Rodrik et
la Banque mondiale de lui avoir donné l’autorisation de reproduire cet article. Une version révisée de ce texte est
parue sous le titre « Trading in Illusions » dans le magazine Foreign Policy daté mars-avril 2001 (texte disponible sur
le site Web : www.foreignpolicy.com).
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nationales de propriété, que vous vous occupez des causes internes des
faiblesses que vous révélez à cette occasion et que vous savez comment
vous protéger.
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sérieux défauts et, une fois qu’on les a corrigés, les résultats apparaissent
nettement plus faibles (3). Un problème courant est l’attribution erronée
aux politiques commerciales proprement dites de phénomènes macroéco-
nomiques (monnaies surévaluées ou macro-instabilité) ou de déterminants
géographiques (par exemple la localisation dans une zone tropicale). Une
fois que l’on a procédé à la simple rectification de ce genre d’erreurs, on
trouve rarement une relation statistiquement significative entre le niveau
des barrières tarifaires ou non tarifaires et la croissance économique des
pays en question.
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Mais il est également vrai qu’aucun pays ne s’est développé grâce à une
simple ouverture aux échanges commerciaux et aux investissements étran-
gers. La recette, pour ceux qui ont réussi, a été de combiner les chances
offertes par les marchés mondiaux avec une stratégie d’investissement natio-
nal et de renforcement institutionnel, afin de stimuler l’ardeur des entrepre-
neurs locaux. Dans pratiquement tous les cas remarquables – Asie de l’Est,
Chine, Inde depuis le début des années 80 –, on trouve une ouverture par-
tielle et progressive aux importations et aux investissements étrangers.
La conclusion correcte à tirer de ces constatations n’est pas que l’on doit
par principe préférer le protectionnisme à la libéralisation des échanges.
On ne trouve pas de preuve, dans les cinquante dernières années, que le
protectionnisme ait été systématiquement associé à une croissance plus
importante. Il faut simplement ne pas surestimer les bénéfices de l’ouver-
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Remarques conclusives
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tion. Ce sur quoi je m’interroge ici n’est pas la thèse classique des « gains
du commerce », qui fait à juste titre la fierté de tous les économistes bien
éduqués, mais sa lointaine cousine, très surfaite, qui est la source d’affir-
mations extravagantes, sans fondement réel, sur les conséquences de l’ou-
verture. En fait, cette dernière met en danger l’acceptation par un large
public de la thèse authentique, car elle provoque des attentes excessives
qui ont peu de chances d’être satisfaites (4).
J’ai soutenu que dans le monde réel il ne suffit pas, pour ouvrir un pays,
de procéder à une révision du code des douanes et de supprimer les barrières
restreignant les investissements étrangers. Il faut une bonne dose de réformes
institutionnelles, qui demande d’y consacrer des ressources financières,
administratives et politiques. Si ces changements institutionnels sont favo-
rables au développement, ce n’est à l’évidence que par un effet de déverse-
ment. Ils ne sont pas directement orientés vers les objectifs clés du dévelop-
pement – croissance économique, meilleure gouvernance, compétences
industrielles et technologiques, diminution de la pauvreté – et il peut arriver
qu’ils détournent l’attention de ces finalités. Les réformes institutionnelles
visant à maximiser les échanges commerciaux et les mouvements de capi-
taux peuvent permettre de réaliser d’importants bénéfices, mais ne consti-
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(4) Le débat sur l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena), il y a quelques années aux Etats-Unis, fournit une
illustration appropriée des dangers qu’il y a à surévaluer le commerce. Les prédictions déraisonnables faites au cours de
ce débat sur les conséquences positives de l’Alena en matière d’emploi par quelques économistes partisans incondi-
tionnels du commerce ont largement contribué à ternir l’image du libre-échange aux Etats-Unis, et sont revenues hanter
ces inconditionnels lorsque le peso mexicain s’est effondré et que la balance commerciale bilatérale s’est inversée.
Bibliographie
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