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Mondialisation, commerce international et

environnement
Un avant-propos*
Philippe Bontems, Marie-Françoise Calmette
Dans Revue économique 2010/1 (Vol. 61), pages 1 à 8
Éditions Presses de Sciences Po
ISSN 0035-2764
ISBN 9782724631760
DOI 10.3917/reco.611.0001
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Mondialisation, Commerce International et Environnement
Un avant-propos1*
Philippe Bontems**, Marie-Françoise Calmette***

** GREMAQ-INRA TSE, bontems@toulouse.inra.fr


*** ARQADE TSE, calmette@univ-tlse1.fr

Au cours des cinquante dernières années le monde économique a considérablement


changé. La population a plus que doublé passant de 2,5 milliards en 1950 à plus de 6,6
milliards aujourd’hui tandis que le revenu moyen a été multiplié par 2,5 et le PIB mondial par
6. Au cours de cette même période l’économie mondiale est devenue de plus en plus intégrée.
Trois facteurs principaux y ont contribué : les progrès intervenus dans les communications et
les technologies de l’information ; la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires au
commerce international ; la réduction des freins à l’investissement direct étranger. Ces trois
facteurs contribuant à la baisse des coûts de transaction des échanges ont stimulé le commerce
international qui a été multiplié en volume par 15 depuis 1950.
Cette croissance de l’économie mondiale s’est accompagnée d’une dégradation
environnementale dont les effets les plus flagrants sont la déforestation, la pollution de l’air et
de l’eau, la disparition ou la raréfaction de certaines espèces animales et végétales,
l’épuisement des ressources naturelles, le réchauffement climatique…
Or si l’OMC (à la suite du GATT ) a bien réussi à organiser et développer les relations
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commerciales internationales, elle n’a pas, durant de longues années, pris en compte le
problème environnemental et les conséquences environnementales de la mondialisation.
Les problèmes environnementaux n’étaient absolument pas une priorité du GATT au
cours de ses 40 premières années d’existence et n’ont pas non plus été soulevés lors de la
signature des principaux accords régionaux.
Aucune analyse économique ne suggérait non plus à cette époque que le commerce
international pouvait avoir un impact négatif sur l’environnement : la théorie (à l’époque
raisonnant le plus souvent en concurrence parfaite) affirmait simplement que si les

1
L’idée de ce numéro spécial consacré aux relations entre la mondialisation, le commerce
international et l’environnement a pour origine un atelier de travail organisé sur ce thème par M.F.
Calmette, P. Bontems et I. Péchoux à TSE au cours des années 2002-2006. Nous tenons à remercier et
à associer à ce numéro spécial les différents chercheurs et doctorants d’ARQADE (Atelier de
Recherche Quantitative Appliquée au Développement Economique) et du LERNA (Laboratoire
d’Economie des Ressources Naturelles) qui ont participé à cet atelier de recherche.

1
gouvernements mettaient en œuvre de « bonnes » politiques environnementales, c’est-à-dire
des politiques qui internalisent correctement les coûts sociaux de la dégradation
environnementale par la production et la consommation, le commerce international ne pouvait
qu’accroître le bien-être. Les modèles d’équilibre général intégrant commerce international et
environnement montraient en effet que les gains de l’échange étaient supérieurs aux surplus
de coûts engendrés par les effets néfastes du commerce sur l’environnement. Il n’y avait donc
pas de conflit entre mondialisation et environnement puisqu’une politique adéquate (par
exemple incitant correctement les firmes à accroître leur effort d’abattement) était en mesure
de concilier croissance et qualité de l’environnement. Mais ce monde idéal n’existe pas.
Le conflit entre mondialisation et environnement apparaît dès qu’existent
des défaillances de marchés. Une première cause de défaillance est qu’en pratique les
politiques environnementales nationales peuvent être inadéquates, voire inexistantes pour
toutes sortes de raisons. Le résultat est que de trop nombreuses ressources sont alors
consacrées à des activités liées à la croissance économique mais néfastes à l’environnement
tandis que trop peu sont investies dans des activités de réduction de la pollution.
La nécessité de nourrir une population mondiale de plus en plus nombreuse a entraîné une
exploitation extensive des terres par l’agriculture (par exemple au détriment des forêts) et une
course à la productivité par hectare avec une utilisation intensive d’eau, de pesticides et autres
produits chimiques sans que les coûts sociaux de ces usages soient correctement internalisés.
L’absence de droits de propriété conjuguée à l’accroissement de la demande mondiale
conduisent également le plus souvent à une surexploitation des ressources (forêts, eau,
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ressources halieutiques, énergie..) bien connue sous le nom de « tragedy of the commons ».
Les exhortations des groupes de pression2 retardent la plupart du temps les mesures
nécessaires à stopper la raréfaction de telles ressources et les subventions accordées (à
l’agriculture, à la pêche...) peuvent parfois au contraire accélérer son processus.
Par ailleurs, dans un monde de concurrence imparfaite, l’ouverture internationale des
marchés dorénavant intégrés et la mobilité accrue des capitaux et des firmes incitent les
gouvernements à utiliser la politique environnementale comme substitut à une politique
commerciale dont la marge de manoeuvre s’est considérablement réduite.
La lutte pour les parts de marché, la nécessité de maintenir les emplois et d’attirer les
investissements internationaux sont autant d’arguments pour ne pas prendre les mesures qui
compenseraient les dommages supplémentaires liés à la croissance de la production et de la

2
Voir par exemple Boyer, M. et Laffont, J.J., 1999 ; Calmette, M.F., 2000.

2
consommation. Ce comportement est aggravé par la concurrence de pays émergents à faibles
coûts de production mais aussi à médiocres standards environnementaux. Se pose alors la
question de la répartition des activités polluantes dans le monde. S’oriente-t-on vers une
spécialisation internationale des pays riches (le « Nord ») dans la production de biens
« propres » alors que les pays pauvres (le « Sud ») se spécialiseraient dans la production de
biens polluants avec l’apparition de « havres de pollution »?
Enfin, les pollutions transfrontalières, les phénomènes de pluie acide ou de
changement climatique ont montré la nécessité d’une prise en compte collective et d’une
réglementation supranationale de ces problèmes.

Ce numéro spécial se propose d’apporter une contribution à ce débat sur les effets de
la mondialisation et du commerce international sur l’environnement. Les articles sélectionnés
dans ce numéro spécial devraient convaincre le lecteur de la Revue Economique du
dynamisme de la recherche française et internationale sur ces thèmes à la croisée de
l’économie de l’environnement et de l’économie internationale.

Trois grands thèmes sont abordés.


Le premier traite des incitations stratégiques des gouvernements à distordre les
politiques environnementales nationales pour des motifs mercantilistes et afin de pallier la
difficulté à s’écarter du libre-échange en raison des contraintes imposées par l’OMC. Les
articles présentés ci-dessous décrivent les effets de ces politiques environnementales
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stratégiques dans différents cadres d’analyse.
Tout d’abord, Guillaume Cheikbossian étudie la concurrence en taxes
environnementales entre deux pays asymétriques du point de vue de la taille des marchés
intérieurs. La pollution étant transfrontalière et la production du bien polluant étant assurée
par un monopole dans chaque zone, les taxes d’équilibres arbitrent entre deux effets
contradictoires: d’une part, ces taxes tendent à être plus élevées pour décourager la production
locale polluante et d’autre part, celles-ci tendent à être plus faibles pour accroître les
exportations en vue de capturer une plus grande part de la rente oligopolistique. Il est montré
qu’à l’équilibre le grand pays choisit un taux de taxe plus faible pour, entre autres, ne pas
pénaliser ses consommateurs. Dans le cas où les pays se coordonneraient sur un taux de taxe
(de second rang), Cheikbossian montre que le niveau de bien-être du grand pays peut
diminuer par rapport à la situation de non coopération. En effet, d'
une part l'
ajustement fiscal
imposé par la coopération est plus fort dans le grand pays et d'
autre part un taux de taxe

3
commun avantage le petit pays dans la répartition de la rente oligopolistique. Enfin, une
coopération moins contraignante portant sur une interdiction de subvention du bien polluant
peut là encore décroître le bien-être du grand pays par rapport à la situation de non
coopération. Cette étude confirme que les asymétries de taille entre pays peuvent empêcher
une coopération sur les taxes environnementales et que les pays possédant un grand marché
sont plus susceptibles de s'
opposer à l'
établissement d'
une taxe commune.
Michel Cavagnac et Isabelle Péchoux s’intéressent à la question de la réforme fiscale
en France où une taxe locale sur l’emploi (taxe professionnelle) pourrait être remplacée par
une fiscalité environnementale (taxe carbone) déterminée au niveau national. Le changement
du centre de décision fiscal a des effets plutôt inattendus que met en lumière cette analyse. A
l’aide d'
un modèle similaire à celui de Cheikbossian (concurrence entre deux pays avec
dumping réciproque, à la Brander-Krugman 19833), les auteurs étudient la politique
environnementale unilatérale d’un pays selon que la taxe est décidée au niveau local ou
national. Par hypothèse, une autorité locale néglige l'
importance des externalités
transfrontalières et ne considère que la synergie existant entre la firme domestique et le tissu
économique local. L’étude montre qu'
une politique nationale peut s’avérer très efficace pour
protéger le profit et par là même prévenir les délocalisations mais dans le même temps peut
être peu performante d’un point de vue environnemental. En revanche, une politique locale
peut générer un niveau de bien-être national supérieur: on retrouve ici un exemple de
organisation industrielle 4,
« délégation stratégique », bien connu notamment en théorie de l'
où il est parfois commode de déléguer la prise de décision à un agent avec des préférences
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distinctes en vue d'
améliorer son propre bien-être. Dans ces deux premiers articles, les
gouvernements n’ont à leur disposition que la politique environnementale comme instrument
d’intervention.
Au contraire, Nicolaï et al. considèrent que les gouvernements disposent de deux
instruments : toujours dans le même type de situation de concurrence imparfaite, les
gouvernements ont la possibilité de compenser les effets d’une politique environnementale
par des ajustements aux frontières sous la forme de subventions aux exportations ou de taxes
aux importations. En effet, la mise en place unilatérale d'
un marché de permis carbone peut
induire une perte de compétitivité de l’industrie domestique et encourager l'
importation en
provenance de pays non soumis à une telle taxe et in fine augmenter les émissions dans ces
pays: on parle alors de « fuites de carbone ». Si l’on met de côté le fait que les ajustements à

3
Brander, J.A. et P. Krugman, 1983.
4
Caillaud B. et P. Rey, 1995.

4
la frontière ne sont pas autorisés a priori par l'
OMC, l'
étude de Nicolaï et al. montre qu'
en
présence de concurrence imparfaite une telle politique aboutirait à fixer une taxe sur les
importations supérieure au prix des permis à polluer en vue de réduire les fuites de carbone,
ce qui pose bien évidemment la question de sa faisabilité.
Enfin Yollande Hiriart montre que, dans une petite économie ouverte en équilibre
général à la Heckscher-Ohlin, l’ouverture aux échanges n’est pas toujours bénéfique en
présence de coût de régulation de la pollution lié à l’existence d’information asymétrique.
Plus précisément, lorsqu’une ressource naturelle sert d’intrant à un secteur intermédiaire
protégé de la concurrence internationale et que l’utilisation de cette ressource crée de la
pollution contrôlée par une politique environnementale, l’ouverture aux échanges améliore le
bien-être collectif lorsque les conditions de production des firmes du secteur intermédiaire
sont parfaitement connues. En revanche, la présence d’asymétrie d’information, introduisant
une inefficacité dans la régulation du secteur intermédiaire peut invalider ce résultat en raison
des distorsions liées à l’arbitrage efficacité-extraction des rentes. Ainsi, se trouve confortée
l’idée développée par Bhagwati5 que le caractère bénéfique ou négatif de l’ouverture
internationale des marchés dépend de l’absence ou de l’existence de distorsions internes à
l’économie fermée.
Le deuxième thème abordé est lié à la nécessité d’étudier la relation entre commerce
international et environnement en tenant compte explicitement de la dimension temporelle et
donc de la dynamique de l’économie.
Bogmans et Withagen analysent l’accumulation de capital dans un modèle d’échange
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entre deux petits pays dans un cadre dynamique et en présence de pollution. La pollution est
ici considérée comme un flux et on étudie la politique environnementale optimale en autarcie
et en libre échange. Cet article offre une nouvelle vision des phénomènes de « havres de
pollution », correspondant ici à des pays se spécialisant dans le long terme dans la production
de biens, source de polluants. Les auteurs montrent en particulier que si les pays ont des taux
de préférence pure pour le temps différents alors les pays impatients tendent à se spécialiser
complètement dans les productions polluantes.
Daubanes et Grimaud considèrent quant à eux une pollution dont les effets délétères
sont dus au stock accumulé dans l’environnement, comme le stock de CO2 dans
l’atmosphère. La pollution provient de la consommation d’une ressource naturelle non
renouvelable, par exemple un combustible fossile. L’étude pose la question de l’efficacité de

5
Bhagwati J.,1971.

5
taxes déterminées par des pays souverains dans une économie internationale, par opposition à
un système de permis à polluer déterminé au niveau international. On retrouve que le choix
national des taxes favorise leur usage stratégique. Celui-ci est déterminé dans un contexte à
deux pays hétérogènes selon leur taille, leur productivité et leur dotation en ressource. Les
auteurs montrent que, même si les pays se coordonnent sur l’évolution optimale de leur taxe,
ce qui permet de corriger l’externalité de pollution, leurs choix stratégiques quant aux niveaux
des taxes nationales entraînent une mauvaise allocation internationale de l’activité
d’extraction de la ressource. En l’occurrence un pays pauvre en ressource choisit un taux de
taxe plus élevé qu’un pays riche en ressource. Cet écart s’accroît avec la taille et la
productivité relative du pays pauvre en ressource, ce qui est corroboré par les quelques
évidences empiriques disponibles. Pour conclure, l’analyse montre clairement les
désavantages des taxes relativement aux permis en raison de la difficulté de se coordonner
sur une politique de taxation future annoncée de façon crédible et des effets néfastes de la
concurrence fiscale entre pays souverains.
Enfin, Karp et Zhao étudient la mise en place et la structure d’accords internationaux
environnementaux comme, entre autres, le Protocole de Kyoto. Ils s’intéressent
particulièrement aux termes de ces accords qui permettraient d’encourager la participation, la
minimisation des coûts d’abattement et de créer des incitations pour les pays à se comporter
de façon conforme aux engagements. A l’aide d’un modèle dynamique de formation d’un
accord international, ils montrent que certaines clauses sont particulièrement utiles pour
atteindre ces objectifs. C’est le cas de la clause dite « d’échappement » qui offre la possibilité
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au pays signataire de ne pas effectuer l’effort de réduction de la pollution prescrit par
l’accord, moyennant le paiement d’une amende. Cette clause interdit alors l’échange de
permis entre pays. Une autre clause étudiée est celle dite de « soupape de sécurité » qui
permet d’acquérir des permis supplémentaires à prix plafonné lorsque les circonstances (en
matière de coût d’abattement) exigent de ne pas réduire la pollution autant que prévu. Dans
les deux cas, ces possibilités données aux pays signataires ont l’avantage de les assurer contre
des coûts d’abattement élevés. Cependant Karp et Zhao montrent que ces deux clauses ont
toutefois des effets différents quant à la participation des pays à l’accord ou sur les incitations
à la conformité.
Le dernier thème abordé dans ce numéro est plus spécialisé. Il est lié à l’importance
croissante de la production des bioénergies et leur relation avec les problématiques
climatiques.

6
Bourgeon et Ollivier analysent les effets de la production et de l’échange des
bioénergies sur les émissions de gaz à effet de serre. Suivant les travaux de Copeland et
Taylor6, ils étudient un modèle d’équilibre général en économie ouverte entre deux régions, le
Nord et le Sud, comprenant un grand nombre de pays. L’économie comprend deux secteurs
polluants, le secteur industriel et le secteur agricole, tous deux à l’origine d’émissions de gaz à
effet de serre. Les biens industriels peuvent substituer dans leur processus de production des
bioénergies à une ressource énergétique fossile. En autarcie, tous les pays ont des niveaux
d’émission identique, aussi bien dans l’agriculture que dans l’industrie. Par contre, en
économie ouverte, la réallocation des productions selon les avantages comparatifs des régions
fait qu’à l’équilibre, les émissions dues au secteur agricole sont plus importantes dans les pays
du Sud, alors que les émissions industrielles sont concentrées dans le Nord qui devient
responsable de la majorité des émissions de gaz à effet de serre. Ce résultat est obtenu bien
que les pays du nord se spécialisent dans la production des biens « propres », c’est à dire des
biens pour lesquels le degré de substitution entre énergie fossile et bioénergies est plus grand.
Un autre résultat important est que le commerce international des bioénergies est à l’origine
d’une réduction au niveau mondial du total des émissions. Enfin, cet article offre, lui aussi,
une nouvelle interprétation des « havres de pollution » dans la mesure où même si la région
du Sud devient un tel havre en concentrant la production de biens industriels les plus
polluants, c’est la région Nord qui au final pollue le plus en devenant plus riche et en attirant
la localisation massive des activités industrielles.
Enfin, Chakravorty, Hubert et Moreaux, à l’aide d’un modèle dynamique et calibré
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afin de pouvoir obtenir des projections sur la période 2007-2025, analysent l’impact de deux
politiques américaines sur la production et les échanges d’éthanol (biocarburants de première
génération) et d’éthanol ligno-cellulosique (biocarburant de seconde génération) aux Etats-
Unis et au Brésil ainsi que sur les émissions directes et indirectes de carbone. La première
politique est une politique dite «pro-biocarburants» qui impose un usage minimal de
biocarburants. La seconde est la politique climatique de réduction des émissions de gaz à effet
de serre. Alors que la première politique encourage la production massive d’éthanol ligno-
cellulosique, la diminution des émissions directes de carbone étant marginale, la deuxième
politique accroît le prix des carburants et en décourage la demande. Elle a néanmoins un effet
significatif sur le taux de déforestation au Brésil et augmente de ce fait les émissions
indirectes de carbone.

6
B.R. Copeland, M.S. Taylor, 1994, 1995, 2003.

7
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

BHAGWATI J., [1971], The generalized Theory of Distortions and Welfare, in J. Bhagwati,
R. Jones, R. Mundell and J. Vaneck, eds. Trade, balance of payments and growth: Papers
in International Economics in Honor of Charles P. Kindleberger, North Holland.
BOYER M, LAFFONT J.J., [1999], « Toward a Political Theory of the Emergence of
Environmental Incentive Regulation », Rand Journal of Economics, 30, p.137-157.
BRANDER J.A., KRUGMAN P., [1983], «A reciprocal dumping model of international
trade », Journal of International Economics 15 , p. 313-321.
CAILLAUD B., REY P., [1995] « Strategic aspect of vertical delegation », European
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CALMETTE M.F., [2000] « Régulation de firmes polluantes en libre échange : conséquences des
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p. 101-116.
COPELAND B.R., TAYLOR M.S. [1994], « North-South trade and the environment », The
Quaterly Journal of Economics,109,issue 3, p.755-787.
COPELAND B.R., TAYLOR M.S. [1995], « Trade and transboundary pollution », The
American Economic Review,85, p.716-737.
COPELAND B.R., TAYLOR M.S. [2003], « Trade and the Environment : Theory and
Evidence», Princeton University Press.
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