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Ouvertures sémiologiques
Georges Péninou
Péninou Georges. Ouvertures sémiologiques. In: Les Cahiers de la publicité, n°14, La recherche publicitaire va-t-elle
changer de siècle ? pp. 50-54.
doi : 10.3406/colan.1965.5193
http://www.persee.fr/doc/colan_1268-7251_1965_num_14_1_5193
semiologiques
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grande importance; il matérialise la tentative de soumettre le
processus publicitaire dans son entier à un examen rationnel, sans en
dispenser, comme cela reste encore trop souvent le cas, la phase
proprement expressive.
Nouvelle frontière.
Nouveau testing.
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frappante; elle ne requiert en fait que la consultation attentive des
publicités déjà émises, auxquelles il faut nécessairement recourir.
Nouvelle pige.
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parentes, celle qui est un bon véhicule et celle qui ne l'est pas, c'est
trouver des règles de fonctionnement des signes des codes qui
peuvent avoir valeur prédictive.
L'expérience (pourtant réduite) nous a déjà montré, par exemple
dans les messages de présentation, que certaines annonces n'étaient
pas bonnes, que le sens ne pouvait s'y bien délivrer et que la
transmission s'y engageait mal. Tout laisse penser que l'on soumettra les
images à cette épreuve de conformité. On admettra une discipline
de l'image comme on a admis une discipline du raisonnement : la
publicité évoluera vers une rationalité de l'image.
Ce qui a été dit au niveau de l'image, on l'étendra normalement
au domaine de l'argumentation, qui est aussi mal connu que celui
de l'image, et dont la dissection formelle n'a pas été à proprement
parler entamée. Sur ce point, l'ignorance des systèmes de persuasion
est totale; aucune recherche n'a, véritablement, été entreprise : tout
se passe donc comme s'il était indifférent de faire jouer tel ou tel
procédé argumentaire.
Et si l'on a pu parler du succès d'une argumentation, d'un
accrochage, d'un slogan, on l'impute généralement au contenu du message
en question, plus qu'à la figure elle-même ou au procédé qui lui est
sous-jacent.
A la base de ces futures recherches sur la logique publicitaire, il
y a la nécessaire constatation que la publicité n'est pas langage du
vrai, mais simplement langage de l'opinable. Elle est donc par
excellence de nature rhétorique dans le sens où on a pu la définir comme
logique du préférable : l'adhésion à l'idée ou au produit recherchée
passe de ce fait par le canal d'une argumentation dont la
décomposition analytique reste à faire et dont la fonctionnalité reste à
découvrir, et qui relevait autrefois de la science perdue du discours.
Ces quelques perspectives ouvertes suffiraient à montrer que si la
linguistique peut être à l'origine d'une partie de ces recherches et si
les notions qui en dérivent peuvent avoir valeur opératoire en
publicité, l'étude de l'expression va bien au-delà.
La linguistique offre toutefois l'avantage de proposer déjà un corps
de concepts précis et opérants, dont l'extension au domaine
publicitaire et notamment au domaine des images, même si elle fait
problème, est d'un intérêt incontestable.
Un concept germinatif.
Dans tous les domaines de la recherche, le progrès décisif a
toujours été dû à l'utilisation de concepts germinatifs, avant d'être dû
à l'utilisation de techniques. Dans le domaine de l'expression, on en
est encore à ce stade premier où les notions de base essaient de se
mettre en place. Mais elles modifient déjà, pour qui veut bien en
exploiter les propriétés, la teneur du dialogue qui s'institue entre
recherche et création, en lui permettant de s'inscrire dans le champ
de préoccupations directes, immédiatement accessibles, des créateurs.
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Ceux-ci n'ont pas à craindre que la sémiologie, qui peut leur
apprendre une plus grande maîtrise et un meilleur gouvernement de
leurs signes, mutile leur < liberté d'expression »; en fait, il y a bien
longtemps que la liberté en matière d'expression a cessé d'être
licence, et qu'elle n'est plus que l'exploitation la plus heureuse d'un
champ des possibles préalablement restreint. La communication
publicitaire a finalement gagné à ces examens intelligents qui ont
affecté le contenu du message et sa mise en mouvement dans l'espace,
et dont rien ne s'oppose qu'ils n'affectent aujourd'hui la forme qu'il
emprunte. Le paradoxe serait, au contraire, que ces examens
s'arrêtent à ce stade, alors que la communication, jusqu'alors préparée,
s'établit et se parachève dans et par le signe. On comprendrait mal
qu'il n'ait pas, à son tour, et d'autant mieux, fait l'objet d'un procès
d'habilitation.
Georges PÉNINOU.
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