Vous êtes sur la page 1sur 2

De nombreux épisodes de déforestation ont marqué l'histoire de la Terre, notamment

l'effondrement de la forêt tropicale du Carbonifère, ou la révolution néolithique qui voit les


hommes se servir des zones de faible couverture forestière (landes, pelouses, bois
clairs, garrigues et maquis) pour étendre les clairières et les prairies, pratiquant pendant plusieurs
millénaires, de multiples défrichements par brûlis, de mises en culture ou en pacage39. Si la
surface totale des forêts tropicales mondiales n'est guère modifiée jusqu'au début du XXe siècle40,
celle des forêts tempérées a été considérablement réduite par les grands défrichements qui
s'accélèrent à partir du Moyen Âge, notamment en Europe où la forêt caducifoliée a diminué en
surface de manière continue jusqu'au XIXe siècle, et ses différentes caractéristiques
— composition en essences, structure, sol — en ont été également grandement modifiées41.
Dans les régions tempérées chaudes du pourtour méditerranéen où se diffusent la culture des
céréales et l'élevage, en provenance du Moyen-Orient, les forêts massivement converties en
terre agricole ou dégradées par l'utilisation pastorale, sont réduites en quelques millénaires à la
formation de garrigues et de maquis42.
Les grandes découvertes qui s'étendent du début du XVe siècle jusqu'au début du XVIIe siècle, puis
l'âge de la voile (généralement daté entre 1571 et 1862) qui voit l'essor du commerce
maritime international et de la guerre navale, mettent le bois au cœur du développement
économique de plusieurs puissances maritimes. Ces puissances mettent en place des politiques
sylvicoles visant à améliorer la gestion et l'aménagement des forêts pour juguler les pénuries de
bois43. Au cours du XIXe siècle, la révolution industrielle libère les espaces sylvestres de la
pression humaine avec le début de l'exode rural et le remplacement du charbon de bois par
le charbon de terre et l'hydro-électricité pour la fourniture d'énergie, permettant à la forêt de
s'étendre à nouveau dans toute l'Europe44. Le mouvement en faveur de la protection des
forêts (en) prend de l'ampleur dans les dernières décennies du XIXe siècle. La gestion durable
des forêts est progressivement reconnue à partir des années 1990 dans un contexte
de surexploitation des ressources naturelles des forêts d'Amazonie, de l'Afrique équatoriale et de
la zone Malaisie/Indonésie en Asie45.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]


Structure[modifier | modifier le code]

Les 6 étapes (résumées) du cycle


sylvogénétique.
Après un certain temps survient une perturbation qui fait reprendre le « cycle » à son début
(ou à un stade intermédiaire si la perturbation est peu importante).
Dans le bas de l'image est représentée l'accroissement de biomasse (sur pied et dans le sol,
animale, végétale et fongique..) de biodiversité et d'épaisseur de sol (qui a une importance en
ce qui concerne les puits de carbone). Au fur et à mesure de cette succession, les
communautés végétales (et les communautés microbiennes, fongiques et animales qui leur
sont associées) évoluent en se remplaçant les unes les autres.
De sa lisière (ourlet forestier) à la forêt intérieure, et selon le contexte géo-morpho-écopaysager,
un massif boisé est caractérisé par une grande diversité en habitats, en niches écologiques, et
surtout par une structuration en hauteur (atteignant plusieurs dizaines de mètres, de la sphère
racinaire à la canopée) plus complexe que dans les autres écosystèmes terrestres.
Cette diversité évolue dans le temps et l'espace, au gré de perturbations (naturelles ou
anthropiques) selon un pattern et des structures récurrentes, correspondant à un cycle théorique
dit « cycle sylvogénétique » (illustré ci-contre, à gauche) :

 verticalement, la forêt possède grossièrement quatre « étages » de végétation qui sont les
strates muscinales (mousses), herbacées, arbustives et arborescentes, auxquels il faudrait
ajouter les étages souterrains des systèmes racinaires, symbiosés aux mycéliums
fongiques ;
 horizontalement, elle comporte de nombreux micro-milieux ou microstations (écosystèmes
boisés distincts, au sein d'un même massif forestier) dépendant de facteur
abiotiques différents.
 En suivant la flèche du temps, la structure forestière tend à évoluer vers un stade fermé
dit climacique, mais qui finit toujours localement par s'ouvrir à la lumière, à la suite d'une
perturbation (chablis, feu, inondation, glissement de terrain, etc.), permettant le retour au
stade pionnier et aux stades suivants ;
 Le bois mort constitue lui-même un habitat essentiel, irremplaçable pour de nombreuses
espèces qui contribuent au recyclage de la nécromasse ligneuse, et à la fertilité des forêts ;
 Les ressources alimentaires sont également abondantes, variant selon l'étage de la forêt :
détritus, racines, mousses, lichens, champignons, feuilles, sève élaborée, bois vivant ou
mort, fleurs, fruits et graines, nécromasse végétale, animale, fongique…

Vous aimerez peut-être aussi