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Sciences des matériaux – Ch5 : Rupture brutale et énergie de rupture

SCIENCES DES MATERIAUX


Chapitre 5 : Rupture brutale et énergie de
rupture

Elaboré et présenté par : Mr Mohammed BOUAICHA

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Sciences des matériaux – Ch5 : Rupture brutale et énergie de rupture

I. INTRODUCTION :
Parfois des structures qui étaient convenablement conçues pour éviter à la
fois des déformations élastiques excessives et une plastification périssent
de façon catastrophique par une rupture brutale.
Le point commun à ces ruptures d'objets divers comme des bateaux soudés
ou des ponts soudés, des gazoducs et des récipients sous forte pression interne,
est la présence de fissures, résultant souvent d'un soudage défectueux.
La rupture brutale est causée par la croissance, à la vitesse du son dans le
matériau, de fissures préexistantes qui soudainement deviennent
instables. Pourquoi ce comportement ?

II. CRITERE ENERGETIQUE POUR LA RUPTURE BRUTALE :


Si vous gonflez un ballon, il stocke de l'énergie. Il y a l'énergie du gaz
comprimé dans le ballon et il y a l'énergie élastique de la membrane elle-
même. Au fur et à mesure que vous accroissez la pression, l'énergie
élastique totale contenue dans le système augmente.

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Si maintenant nous introduisons un défaut dans le système, en enfonçant


une aiguille dans le ballon gonflé, le ballon explosera et toute l'énergie
élastique se libérée. Cette membrane se brise par rupture brutale bien
avant qu'elle ait atteint la limite élastique.
Mais si nous introduisons un défaut similaire dans un système contenant
moins d'énergie, quand par exemple nous enfonçons notre aiguille dans un
ballon seulement partiellement gonflé, le défaut est stable et la rupture
rapide ne se produira pas. Enfin si nous gonflons progressivement le
ballon ainsi percé, nous finirons par atteindre une pression qui le fait
brutalement éclater.
En d'autres termes nous avons atteint dans le ballon une pression critique
à laquelle le défaut créé par notre épingle devient instable et la rupture
brutale apparaît.
Quelle est la raison de ce phénomène ?
Bien sûr nous augmenteront l'énergie contenue dans le système en
gonflant un peu plus le ballon. La fissure restera stable (autrement dit ne
grandira pas) jusqu'à ce que le système (ballon + gaz sous pression) ait
emmagasiné suffisamment d'énergie de telle sorte que si la fissure
progresse, il libère plus d'énergie qu'il n'en consomme.
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Ainsi, il existe une pression critique pour la rupture brutale d'un récipient
sous pression contenant une fissure d'une taille donnée.
Toutes sortes d'accidents (effondrement de ponts, explosion soudaine de
chaudières à vapeur) sont arrivées, et se produisent encore, à cause de ce
phénomène.
Dans tous les cas la contrainte critique (au-dessus de laquelle il y a assez
d'énergie disponible dans le système pour fournir l'énergie de déchirure
nécessaire à la progression de la fissure) a été dépassée à la grande
surprise du concepteur.
Mais comment calculons- nous cette contrainte critique ?
D'après ce que nous avons déjà dit, nous pouvons écrire un bilan énergétique
qui doit être rempli pour faire avancer la fissure et conduire à la rupture
brutale.
Considérons une fissure de longueur a dans un matériau d'épaisseur e, Si
cette fissure s'allonge de δa, nous imposons que le travail effectué par la
contrainte soit supérieur à la somme (variation d'énergie élastique +
énergie absorbée en tête de fissure) :

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Où Gc est l'énergie absorbée par unité de surface de fissure (et non pas
par unité de surface nouvellement créée) et e δa est l'aire de la fissure.

Gc est une caractéristique du matériau: c'est l'énergie absorbée pour créer


une fissure d'aire unité, que nous l'appelons l'énergie de rupture (ou
parfois le taux critique de libération d'énergie élastique). Sa dimension
est celle d'une énergie par unité de surface (unité Jm-2).
Une énergie de déchirure élevée signifie qu'il est difficile de propager une
fissure (comme dans le cuivre où Gc = 106 Jm-2).
A l'opposé le verre se brise très facilement : Gc vaut seulement 10 Jm-2.
 Exemple :
On peut mesurer Gc pour la colle d'un ruban adhésif (scotch par exemple)
en suspendant un poids à un petit morceau déroulé de ruban adhésif.
Le rouleau doit être tenu de façon à lui assurer une libre rotation.
On augmente la charge jusqu'à la valeur M qui produit un déroulement
rapide du ruban (rupture brutale).

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Pour cette géométrie δUel est faible


devant le travail effectué par la
charge M (le ruban se déforme très
peu en comparaison) et peut être
négligé. Donc à partir de notre formule
on déduit :

Pour la rupture brutale, le travail vaut :

Et en conséquence :

Typiquement, e = 2 cm, M = 0,15 kg et g =10 ms-2, ce qui donne :


Gc = 75 Jm-2, valeur raisonnable pour les adhésifs et proche des
valeurs de Gc de nombreux polymères.
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Bien sûr dans la plupart des cas nous ne pouvons pas négliger δUel et devons
établir des relations plus générales.
Considérons tout d'abord une plaque fissurée chargée de telle façon que les
déplacements aux bords de la plaque soient imposés.
C'est là un mode de chargement courant pour un matériau (cela arrive
fréquemment aux joints de soudure de grands éléments en acier par
exemple) et ce cas permet un calcul relativement facile de δUel.

III. CONDITION DE RUPTURE RAPIDE :


La plaque représentée ci-contre est
bloquée en traction de telle manière
que ses extrémités supérieures et
inférieures ne puissent bouger.
Comme elles ne peuvent bouger les
forces agissant sur elles ne peuvent
travailler et par suite : δW = 0.
En conséquent, notre formule au seuil
critique se réduit à :

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Quand la fissure se propage dans la plaque, le matériau au voisinage de


la tête de fissure relaxe, ce qui signifie qu'il est soumis à une contrainte
plus faible et perd de l'énergie élastique. δUel est donc négative et -δUel
positive, comme il se doit puisque Gc est positive par définition, Nous pouvons
estimer δUel comme indiqué comme suit.

Considérons un petit cube de matériau de volume unité à l’intérieur de la


plaque.
À cause de la charge F ce cube subit une contrainte σ et par suite une
déformation ε.
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Chaque cube unité contient une énergie élastique Uel valant :

Ou encore

Si maintenant nous introduisons une fissure de longueur a nous pouvons


supposer que le matériau dans la zone en grisé relaxe jusqu'à une
contrainte nulle de telle façon qu'il perde toute son énergie élastique.
La variation d'énergie est donc :

Quand la fissure s'allonge d'une longueur δa, le changement d'énergie


δUel correspondant est donné par :

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La condition critique conduit à :

D’où, la condition de rupture rapide pour toute structure est :

Le membre de cette équation dit que la rupture rapide se produira


quand, dans un matériau soumis à une contrainte σ, une fissure atteint
une taille critique a : ou bien encore quand un matériau contenant une
fissure de taille a est soumis à une contrainte critique σ.
Le membre de la même équation dépend uniquement des propriétés
du matériau. E est manifestement une constante du matériau, et Gc,
l'énergie nécessaire pour créer une surface unité de fissure, ne dépend
elle aussi que des propriétés intrinsèques du matériau.

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Le point crucial de cette équation est que la combinaison critique de la


contrainte et de la longueur de fissure à laquelle la rupture brutale se
produit est une caractéristique du matériau.
La rupture rapide se produit donc quand :

Avec :

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IV. VALEURS DE Gc ET Kc :
Kc, peut être déterminé expérimentalement pour n'importe quel matériau en
créant une fissure de longueur connue a dans un morceau de ce matériau
et en le chargeant jusqu'à ce que la rupture brutale se produise.
Gc s’obtient à partir de Kc
Les valeurs de Kc et Gc varient considérablement depuis les matériaux de
moindre résilience comme la glace et les céramiques, jusqu'à ceux de
résilience maximale comme les métaux ductiles.
Les polymères ont une énergie de rupture Gc moyenne mais une tenacité
Kc faible à cause de leur faible module E. Cependant les polymères
renforcés (composites) sont des matériaux qui ont une bonne ténacité.
Enfin quoique la plupart des métaux aient une bonne ténacité à l'ambiante
ou à des températures plus élevées.
Beaucoup (les métaux CC comme les aciers, ou les métaux HC)
deviennent fragiles quand on les refroidit suffisamment.

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V. FACTEUR DE CORRECTION DE K :
Nous avons montré dans le paragraphe IV que :

Au seuil d'apparition de la rupture fragile. Ce résultat est valable seulement


pour une plaque mince semi-infinie. Bien sûr, les problèmes pratiques que
nous pouvons rencontrer réalisent rarement ces conditions et il est nécessaire
d'appliquer une correction à pour obtenir la valeur correcte de
l'énergie élastique.
Le cas général s'écrit :

Où Y est un facteur correctif sans dimension.


Les valeurs de Y sont tabulées dans des ouvrages de référence.
Cependant, quand la longueur de fissure a est faible devant la largeur l de
la plaque, on peut généralement approximer sans problème Y = 1.

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VI. EXERCICES :
Exe 1 : Endommagement et rupture brutale
1. La rupture d'une pièce par propagation brutale d'une fissure
nécessite que deux conditions soient remplies. Lesquelles ?
2. Les éléments ci-dessous sont-ils favorables ou défavorables à la
bonne tenue à la fissuration d'un alliage métallique ?
 La présence d’inclusions fragiles □ favorable □ défavorable
 L’augmentation du volume de la pièce □ favorable □ défavorable
 Un bon état de surface □ favorable □ défavorable
 La présence de porosité □ favorable □ défavorable
 L’augmentation de la ductilité □ favorable □ défavorable
 L’augmentation de l’écrouissage □ favorable □ défavorable
 La diminution de la taille des grains □ favorable □ défavorable
3. Vrai ou Faux ?
 Dureté et ténacité sont deux propriétés qui évoluent dans le même sens
□ Vrai □ Faux

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 Une résistance à la rupture en traction élevée est synonyme de grande


ténacité
□ Vrai □ Faux
 L’augmentation de la ductilité entraîne une augmentation de la ténacité
□ Vrai □ Faux

Exe 2 : Défauts et rupture brutale


1. Trois plaques identiques de largeur L sont soumises à une même
contrainte de traction. Chacune comporte un défaut de même
largeur d (d << L), mais de forme différente :

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Laquelle de ces trois plaques présentera la plus faible résistance à la


rupture par propagation brutale de fissure lorsque la contrainte
appliquée s’élèvera ? Pourquoi ?
2. La figure ci-dessous représente l'histogramme des longueurs de
fissures décelées au contrôle dans une pièce de structure

Quelle est la longueur de fissure a que vous prenez comme donnée


pour calculer la contrainte critique de rupture brutale de cette pièce à
l’aide de la formule :

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3. On souhaite double la taille (volume) de la pièce en conservant le


même matériau, le même procédé de mise en forme et la même
contrainte appliquée.
A votre avis, la pièce de taille double est-elle plus sensible ou moins
sensible à la rupture brutale ? Pourquoi ?

Exe 3 : Rupture brutale


Deux poutres en bois sont collées
bout à bout par une résine époxy
comme sur le schéma.
La résine a été mélangée avant
application, ce qui a introduit des
bulles d'air.
Dans la liaison, la pression
appliquée lors de l'assemblage a
déformé les bulles en cavités
plates (comme une pièce de
monnaie) de diamètre 2a = 2 mm.

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Avec les dimensions portées sur le schéma, et pour une ténacité de la


résine époxy de 0,5 MPa.m1/2, calculez la charge maximale F qui peut
être appliquée à la poutre comme sur le schéma. Vous pourrez supposer
pour les cavités plates.

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