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Malak Ahmed

Israa Bahram
Il s’agit d’un document intitulé « L’écriture sociologique » tiré de l’ouvrage « L’enquête
sociologique. » Le chapitre étudié est écrit par Cyril Lemieux. Cyril Lemieux est un sociologue
français, né en 1967 à Rouen, qui est actuellement directeur d’études à l’École des hautes études
en sciences sociales. Le principal domaine de recherche de Lemieux est le journalisme mais il a
aussi écrit de la sociologie comme dans cet ouvrage.
C’est difficile de déterminer le contexte qui a inspiré cet ouvrage, qui a été publié en
2012, vu que c’est plutôt un manuel de leçons et le chapitre étudié aujourd’hui n’est qu’un
ensemble de conseils pour bien écrire un texte sociologique sans vraiment des appels aux
références au monde en dehors de ces conseils.
La méthodologie utilisée dans cet ouvrage était majoritairement de l’analyse secondaire,
ce qui est l’analyse des données déjà collecté par d’autres chercheurs. L’auteur a employé une
méthode de symbolisation une fois, et une illustration à travers une activité pratique une autre
fois (il s’agissait de réécrire un texte biaisé).
Ce document est très utile pour apprendre à écrire un texte sociologique professionnel, il
touche sur beaucoup d’aspects souvent négligés ou mal compris de l’écriture sociologique. Ainsi,
il donne aux lecteurs les clés aussi en disant ce qu’ils ne doivent pas faire.
Le document ne suit pas vraiment un ordre spécifique, donc nous proposerons un plan qui
consiste de diviser le document en deux grandes parties, la première étant « Les éléments
stylistiques d’un texte sociologique » et la deuxième « Le contenu à inclure dans un texte
sociologique » C’est parce que l’auteur parle principalement soit du style ou la forme du texte,
soit ce qu’on doit inclure dans le texte.
Le plan est donc :
1. Les éléments stylistiques d’un texte sociologique
 Le recours à un langage non naturel
 Le choix de la clarté
 Les limites de la modélisation
2. Le contenu à inclure dans un texte sociologique
 Écrire sous le regard des pairs
 La mise en intrigue
 Une écriture dépolitisée ?
 La vérificabilité
 L’intertextualité
L’auteur commence en parlant de l’importance des compétences d’écriture, et comment écrire
est une difficulté ignorée la plupart du temps. Il commence par ce qu’a dit le sociologue Howard
Becker des deux crampes mentales que l’on face quand on écrit, le premier étant le fait que
l’écriture occupe une place subordonnée par rapport aux pensées. Par contre, l’écriture mène à la
modification de nos pensées.
Les limites de la modélisation
L’auteur souligne le fait que les critiques adressées envers la sociologie ne sont
seulement par rapport au contenu de l’ouvrage (des preuves, la logique) mais aussi au style
d’écriture de l’ouvrage comme la clarté et l’élégance de la construction.
La sociologie, donc, doit contenir des techniques de mise en récrit (le story-telling), qui
est une méthode de communication fondée sur une structure narrative au lieu d’une simple
présentation des faits. Elle doit aussi contenir une mise en contexte. Il faut, ergo, opérer un
travail littéraire.
Ces aspects littéraire et l’inexistence d’un langage standard unifié en sociologie, au
contraire des sciences dures, mènent aux individus de croire qu’il y a un manque de scientificité
en sociologie et les sciences sociales généralement. C’est une idée fausse. La scientificité des
sciences sociales nécessite l’inclusion de l’historicité et le contexte des cas empiriques. De plus,
plus le sociologue s’éloigne desdits éléments en faveur d’une modélisation ou une
mathématisation comme les sciences dures, plus son travail perd de scientificité.
Cela n’est pas à dire qu’à cause de la mise en compte du contexte et les aspects littéraires
que la sociologie soit similaire au genre littéraire. Nous allons voir que l’écriture sociologique
doit se reposer sur l’anticipation des critiques des pairs, qui nécessite la mise en lumière des
preuves.
Écrire sous le regard des pairs
Revenons à la seconde « crampe mentale » de Howard Becker à laquelle fait face certains
sociologues, c’est le fait qu’ils croient que leurs difficultés d’écriture n’est qu’un problème
psychologique alors qu’en réalité, c’est social.
En effet, l’enquête de Becker a montré deux faits. Le premier, c’est que l’écriture est
socialement orientée malgré son état de solitude. Cela veut dire que les sociologues écrivent pour
un public qui va lire leurs ouvrages et les critiquer ou les accepter. Le deuxième fait, c’est que le
sociologue modifie sa façon d’écrire selon le public visé. Ils s’ajustent pour accommoder son
standard et, ce qui est plus important, son jugement.
L’auteur démontre cette idée à travers une enquête ethnographique menée aux États-Unis
dans un laboratoire par deux sociologues, Bruno Latour et Steve Woolgar. Ils ont produit des
traces écrites puis ont élaboré des énoncés qui étaient publiés et par conséquent critiqués par des
autres chercheurs, des pairs. Le résultat était que quelques énoncés ont échoué à l’épreuve mais
d’autres ont résisté aux critiques. Cela a prouvé que les sociologues doivent anticiper les
critiques que peuvent subir leurs ouvrages dès le début. Pour faire cela, il faut critiquer son
propre travail avant de le publier.
Ainsi, le jugement des pairs, d’autres chercheurs, n’est seulement la sanction après la
publication de l’œuvre, c’est aussi la stimulation et la motivation d’amélioration durant le
processus de l’écriture.
La mise en intrigue
Exposer des différentes étapes d’une enquête pour répondre à une question, voilà un texte
sociologique. Il faut, donc, avoir une énigme de la réalité sociale qui sera le début de la recherche
sociologique.
Ce qui est intéressant, c’est que l’ouvrage à la fin ne contient pas exactement les étapes
de recherche écrits que l’auteur a suivis, et la question de départ à la fin n’est pas toujours la
même que celle du début. Il y a, par conséquent, un paradoxe. Le texte sociologique n’est pas
écrit de la perspective savante de la fin et il faut qu’il soit majoritairement écrit par la perspective
innocente et ignorante du début.
En effet, même si l’énigme (la problématique) est résoute à la fin, il faut écrire comme
s’il reste une énigme encore à résoudre. Il y a deux raisons pour faire cela, la première étant
l’incitation ou la motivation des lecteurs à lire votre ouvrage, la deuxième est la clarification du
raisonnement.
L’auteur illustre la première compétence rédactionnelle d’un sociologue qui est la
capacité de dramatiser une contradiction observée. Le noyau d’un texte sociologique est la
capacité de l’auteur à poser un problème. Par contre, un texte sociologique sans énigme est
toujours un texte ennuyeux et inintéressant.
Il faut que le plan du texte prenne une réponse à la question, une réponse détaillée et
argumentée. Il faut que chaque section contribue à cette réponse dans un ordre logique. L’auteur
utilise des symboles pour démontrer cette idée.
1 : « Il y a X ; et puis, il y a 28 ; et puis, il y a également @. »
2 : « Il y a X ; donc il y a Y ; donc il y a Z »
3 : « il y a X ; pourtant, il y a aussi Y ; c’est pourquoi finalement il se produit Z. »
La première méthode est inacceptable, le deuxième est meilleur, la troisième est la meilleure.
Il parle aussi de l’importance de la problématique en disant que le titre de l’ouvrage doit
en comporter.
Une écriture dépolitisée ?
Il ne faut pas que les textes sociologiques soient normatifs, c’est-à-dire basé sur le
jugement des valeurs. L’auteur élabore cette notion à travers la distinction de Max Weber entre
« rapport aux valeurs » et « jugement de valeurs. » La sociologie doit saisir le rapport aux
valeurs des acteurs au lieu de juger leurs valeurs.
L’auteur mentionne le concept de « neutralité axiologique » de Weber qu’il défini en tant
que l’attitude méthodologique d’indifférence éthique à l’égard des comportements des agents
sociaux. Pour simplifier, c’est la méthodologie du chercheur qui met ses opinions de côté pour
être le plus neutre possible.
Pour l’auteur, la neutralité axiologique peut être considérée comme un idéal de l’écriture
sociologique, c’est-à-dire, plus on respecte la neutralité axiologique, plus son travail soit pris au
sérieux et scientifique.
Aussi pour Weber, cette notion ne représente pas la suppression du jugement des valeurs
d’un sociologue, qui est impossible. Au contraire, elle signifie la distinction entre l’explication
du phénomène et la critique de ce phénomène.
Beaucoup de personnes ne veut pas de neutralité axiologique à cause de leur défense des
causes morales et politiques. Cependant, l’auteur dit qu’un travail sociologique peut défendre
une cause et lutter contre des injustices tout en respectant les règles de la neutralité axiologique.
En revanche, un travail sociologique qui est mélangé avec le militantisme sans démarche
scientifique, selon l’auteur, est faiblement innovant.
Cette idée est liée avec un texte que nous avons vu en cours « Travail militant et/ou
sociologique ? » par Xavier Dunezat, qui parle des sociologues qui militent en même temps. Au
fait, quand la personne est davantage militante que sociologue, il peut se rapprocher des autres
militants plus souplement mais il faut qu’il ne milite d’une façon extrême pour qu’il puisse
continuer ses travaux de chercheur. Cela a prouvé qu’être sociologue et militant n’est pas
contradictoire mais il faut essayer de rester non-biaisé.
Pour conclure cette partie d’écriture politisé, l’auteur dit que l’écriture sociologique est
politique et morale. Même si l’auteur n’annonce pas son opinion et ses croyances directement,
encore mieux, il utilise des preuves tout en respectant la neutralité axiologique.

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