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DALI
Salvador Dali, La persistance de la mémoire, 1931. Huile sur toile, 24,1 x 33 cm. The Museum of
Modern Art, New York
DALÍ, S. (1952), La Vie Secrète de Salvador Dalí, Paris : La Table Ronde, p. 246. (cité idem)
Comme il a été réalisé rapidement et spontanément, la composition de ce tableau est simple,
aussi du fait de sa petite dimension. Malgré tout, Dalí souhaitait qu’il ne puisse pas être oublié
et qu’il marque l’esprit par ses détails particuliers.
Le temps du sommeil
L’artiste nous le dit, la scène se déroule vers Portlligat comme la majorité de ses tableaux de
l’époque. L’atmosphère est typiquement surréaliste, rappelant un songe proche de la réalité
sans être ancré dedans.
Le premier élément qui retient l’attention est la présence des quatre montres, déformées et
arrêtées.
En les empêchant de fonctionner, Dalí leur enlève leur rôle qui était d’indiquer l’heure et de
capter l’écoulement du temps. Il semble alors nous dire de nous libérer du quotidien, comme
on le ferait dans un rêve.
De même, une des horloges est retournée et recouverte de fourmis : on sait qu’il s’agit chez
l’espagnol d’un symbole lié à la décomposition et donc à la mort.
La présence d’une mouche rappelle cette idée, tout en étant un symbole traditionnel de vanité.
On remarque aussi que le seul élément végétal présent est l’arbre installé sur le meuble, qui
n’est autre qu’un olivier en fin de vie.
Dans l’histoire et les représentations, mort et sommeil sont souvent mis en parallèle : tous ces
éléments sont ici synonymes de mise en arrêt du quotidien ainsi que d’évasion.
Au cœur du tableau, l’unique forme humanoïde figure d’ailleurs un visage aux yeux fermés.
Proportionnellement il occupe une grande place dans l’image, le rendant essentiel à sa
compréhension.
L’œil qu’on peut voir est lui-même immense par rapport au reste de la tête.
Clos, il représente aussi la dualité présente dans le reste de la toile, oscillant entre sommeil
et mort.
C’est donc à la fois la brièveté de la vie et la fuite vers un univers onirique qui sont mises en
avant.
Salvador Dali, La persistance de la mémoire, 1931. Huile sur toile, 24,1 x 33 cm. Détail : le visage
Ce faciès est d’ailleurs présent dans de nombreux autres tableaux de la même période, dont un
est intitulé Le Sommeil : tout est dit dans ce titre, le rêve et la soustraction au temps et au
réel sont le noyau de l’oeuvre de Salvador Dalí.