Vous êtes sur la page 1sur 3

L’inné et l’acquis.

Cours d’anthropologie.

L’inné et l’acquis (nature et culture)

Introduction :

Le débat sur « l’inné et l’acquis » est un sujet vieux comme le monde, qu’on retrouve partagé entre
plusieurs sciences, la distinction de sens commun entre l’inné et l’acquis est issue de veilles traditions
de pensée développées dans les sciences du vivant et dans les sciences relatives à la connaissance.
En effet, passant de la philosophie grecque aux religions, plus tard après les siècles des lumières avec
la psychologie, l’anthropologie, la linguistique, les mathématiques, la médecine et les études
avancées en épigénétique et l’environnement… toutes les disciplines qu’elles soient concernées de
près ou de loin ont essayé d’apporter leurs contributions à ce débat afin de comprendre l’être
humain et son développement. Chacun choisit et voit les choses selon son angle de vision qui est le
sien et la représentation qui lui convient le mieux en fonction des circonstances et, pourquoi pas
parfois, des périodes. Cette problématique de « l’inné et l’acquis » ou « nature et culture » oscille
entre écoles qui rapportent tout à l’inné et d’autres qui estiment que tout est apprentissage, que
tout s’acquiert. Dans ce cours, nous allons essayer de dépasser ces clivages idéologiques en
synthétisant notre enquête selon la pensée de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss qui stipule :
« L'homme est un être biologique en même temps qu'un individu social. Parmi les réponses qu'il
fournit aux excitations extérieures ou intérieures, certaines relèvent intégralement de sa nature,
d'autres de sa condition ».

Une idée selon laquelle, l’être humain est fait de nature et de culture.

I- L’inné (le naturel) :

Est inné ce qui est naturel, ce qui est donné avec un être humain à sa naissance.

Lorsqu’on dit d’une personne qu’elle a un sens « inné » ou un don « inné », on sous-entend par là
qu’elle n’a eu besoin d’aucun apprentissage, d’aucun effort, ni d’aucune intervention extérieure pour
manifester la compétence qui est la sienne. Celle-ci est alors vue comme intrinsèque à sa nature et
comme devant s’exprimer nécessairement, à la manière d’un instinct. On considère souvent qu’une
compétence « innée » (ou un handicap inné) relève d’un héritage familial. Ou bien, le qualificatif «
inné » souligne le caractère mystérieux de l’origine de certaines compétences, pathologies ou
handicaps.

Le concept d’innéité est aussi présent dans l’histoire de la pensée et des sciences.

L’idée que nous n’apprenons pas certaines choses mais que celles-ci appartiennent à notre nature
intrinsèque remonte à Platon qui présente une conception innéiste de la connaissance, et sera
défendue par Descartes et Leibniz à l’âge classique sous la forme d’une théorie des idées innées (ou

1
L’inné et l’acquis.

innéisme). De nombreuses disciplines scientifiques des XVIIIe et XIXe siècles (comme l’embryologie
ou l’étude fonctionnelle du cerveau) se sont en outre intéressées de près à la part d’inné des
organismes, par opposition à ce qui proviendrait de l’environnement. Au milieu du XXe siècle, cette
question se retrouve au cœur de trois sciences naissantes (et qui connaîtront bientôt un essor sans
précédent) : l’éthologie, la génétique et la linguistique, ce qui coïncide avec le retour de l’innéisme
dans la pensée contemporaine (Forest, 2013).

Selon la biologie moléculaire, l’individu est le résultat d’un programme inscrit dans les gènes et
prescrit par l’hérédité (Jacob, 1970). Selon le linguiste Noam Chomsky, il existe une faculté innée
dédiée au langage et biologiquement déterminée (la théorie de la maturation biologique et la
Grammaire Universelle).

Très vite, l’hypothèse innéiste devient le paradigme dominant en philosophie des sciences cognitives
(les sciences qui s’intéressent à l’apprentissage, au développement intellectuel, à la transmission du
savoir, comme les neurosciences, l’anthropologie de la cognition, etc.)

Pour en simplifier les choses, par exemple si on prend en considération certaines fonctions majeures
du cerveau, comme le contrôle des fonctions vitales (la respiration, la circulation sanguine, la
digestion, le métabolisme divers, l’activité hormonale…) ; cela relève du domaine de l’inné et aucun
individu ne pourrait survivre sans avoir eu à sa naissance la capacité de respirer, de faire battre son
cœur ou digérer la nourriture. Aussi le codage des gènes dans chacune de nos cellules détermine nos
différentes caractéristiques et ce plus prédominamment sur les attributs physiques tels que la taille,
les empreintes digitales, la couleur des yeux et des cheveux, la forme des oreilles et d'autres
caractéristiques. D'un point de vue plus scientifique, de nombreuses études menées par des
généticiens, des médecins et des psychologues démontrent l'impact hautement probable du
patrimoine génétique dans l'apparition de troubles physiques (maladies héréditaires) et/ou
psychologiques (autisme, retard mental ...).

Cependant, malgré son omniprésence, l’innéité est pourtant loin d’être une notion univoque, et peut
être considérée comme une potentialité qu’elle soit en positif (créativité, intelligence…) ou en négatif
(handicap, pathologie…) : parce que toutes les compétences ou maladies apparaissent au cours du
développement de l’individu, en fonction de l’environnement, et elles semblent forcément acquises,
voire apprises (contractées). Et on ne sait toujours pas si les différentes orientations relatives aux
goûts et aux choix, les attributs les plus abstraits comme la personnalité, l'intelligence, sont
également codés dans notre ADN. Pour cela, le contrôle cognitif, qui est une fonction inhérente au
cerveau, se développe par l’expérience, l’éducation et l’apprentissage, ce qui appartient au registre
de « l’acquis ».

II- L’Acquis (Le culturel) :

Est acquis ce qu’on acquiert, ce que l’individu apprend tout au long de sa vie de socialisation (par la
culture, la société) par opposition à l’inné et au naturel.

Quand on parle de l’acquis, cela sous-entend un environnement dans lequel l’individu s’émerge et
dans ce dernier s’apprend et s’acquiert la culture. Que ce soit au sein de la famille, à l’école, à

2
L’inné et l’acquis.

l’université ou au milieu de travail, l’individu est toujours soumis à un processus continuel de


culturation et aussi d’acculturation qui le modifie et qui l’enrichit et qui l’influence durant le temps.

Pour les partisans de ce point de vue, l’être humain nait comme une page blanche sur laquelle
viennent s’imprimer les processus de socialisation et d’apprentissages de tous genres, et que toutes
les connaissances proviennent par l’unique expérience et ne sont jamais naturelles. Pour le
philosophe Diderot « Il n'y a point de notions innées ; l'homme vient au monde comme une table
rase sur laquelle les objets de la nature se gravent avec le temps » dans son énigmatique expression
« tabula rasa ou table rase » compare l’être humain à une table vide sur laquelle se font dresser des
mets et des choses nouvelles.

La théorie de l'acquis, qui n’est guère extrême, soutient qu'il peut y avoir une influence génétique
sur les traits abstraits mais que les facteurs environnementaux sont la véritable origine de notre
comportement. Cela comprend l'utilisation du conditionnement afin d'induire un nouveau
comportement chez un enfant par exemple, ou de modifier un comportement invraisemblable
affiché par l'enfant. Selon le psychologue, John Watson, l'apprentissage par l'environnement est un
aspect dominant dans le débat inné contre acquis. Il a dit un jour qu'il pourrait choisir un bébé au
hasard dans un groupe et le former pour qu'il devienne un spécialiste de n'importe quelle discipline.
Il a déclaré qu'il pourrait faire ceci quel que soit le potentiel, les talents et la race de l'enfant.

Ainsi, pour le psychologue et spécialiste du développement de l’intelligence, Jean Piaget ; l’individu


construit ses propres connaissances par ses propres actions, c’est-à-dire le développement de
l’intelligence est le fruit d’un processus d’adaptation, dans lequel interagissent les structures
mentales (innées) et la prise en compte du monde extérieur (l’acquis) et l’apprentissage de la langue
chez l’enfant se fait par acquisition par différents stades avec des capacités cognitives innées.

III- Synthèse :

Si l’homme est comme une cire vierge, tout vient de la culture qui imprime et informe cette cire
vierge. Les différences entre les individus sont dues uniquement à l’environnement dans lequel ils
baignent. Tout est culturel et donc tout est acquis. En revanche, si tout est déjà inscrit dans les gènes
et que les différences sont innées (nées avec l’individu) et inhérentes à l’être, alors il faut les
accepter comme telles.

Conclusion :

Bien que l’inné et l’acquis nous paraissent contradictoires en terme de sens, ces deux notions ne sont
jamais exclusives l’une de l’autre (ne s’excluent pas), car l’homme est une combinaison de racines
naturelles (ce qu’on appelle « l’inné ») et de surdéterminations culturelles (ce qu’on appelle
« l’acquis »).

Vous aimerez peut-être aussi