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BELIDAM Wafia

Module : linguistique 3 (sociolinguistique)

Semestre 1er

L’enquête des trois magasins New Yorkais

La sociolinguistique est une discipline qui tend à mettre en corrélation le langage


avec les facteurs sociaux externes ; en cela elle se rapproche de la sociologie du
langage qui, elle, met en avant la relation entre la société et le langage. La
sociolinguistique s’intéresse donc aux facteurs qui affectent ce dernier. Les grands
noms de chercheurs inscrits dans cette discipline sont : Fergusson, Hymes, Gumperz et
Labov. Ce dernier est considéré dans la tradition anglo-saxonne comme le fondateur
de la sociolinguistique moderne. C’est suite à la publication de the social stratification
of English in New York City (1966) que le sociolinguiste a fait parler de lui.

L’apport de Labov (1927) a permis de se pencher sur la description de la variation


linguistique. C’est ainsi une nouvelle perspective de la linguistique qui est abordée.
Son approche a donné naissance au courant nommé sociolinguistique variationniste.

En 1963 W. Labov conduit une étude sur la variation du phonème /r/ dans trois
magasins New Yorkais à savoir Saks, Macy’s et Klein. L’objectif de l’enquête est de
fournir des éléments de réponse quant à la stratification de l’anglais dans cette
mégapole.

L’enquête a débuté par le choix des trois magasins (comme cité supra) selon les
différentes classes admises dans les différentes études sociologiques notamment : la
classe supérieure ; la classe moyenne et la classe inférieure. Les magasins ainsi
sélectionnés sont représentatifs de ces classes ainsi :

- Saks Fifth avenue représente la classe supérieure cela est perceptible dans a) les
moyens publicitaires dont il dispose (campagne dans le New-York Times) ; b)
les prix haut de gamme (sans en faire mention sur les produits) ; c) rayons
spacieux ; moquette au sol ; peu de marchandises exposée ; d) de nombreuses
hôtesses au service des clients ; caissières et manutentionnaires inaccessibles.
- Macy’s représente l’échelle moyenne ; il possède des moyens publicitaires
intermédiaires (campagne principale dans le Daily News de temps en temps dans
le New York Times) ; b) une gamme de prix moyenne avec affichage sur les
produits ; c) les salariés sont mieux payés que chez Saks ; d) les employés
peuvent être distingués selon leur tenue vestimentaire.

- Klein est au bas de l’échelle a) moyens publicitaires bas (campagne dans le Daily
News) ; b) gamme de prix basse avec affichage du prix initial ainsi que du prix
promotionnel ; c) sol en béton et plafond bas ; d) les employés ne sont pas différenciés.

W. Labov a envoyé quelques personnes nommées « les enquêteurs » et les


« observateurs » (dont lui-même fait partie) afin qu’ils interagissent avec les vendeurs
qui, dans le cadre de l’enquête, sont nommés « les informateurs ». Les enquêteurs se
font passer pour des clients et posent donc aux vendeurs la question suivante :
« excuse me, where are the women’s shoes ? » (dans quel étage se trouvent les
chaussures pour femmes). La réponse attendue est « fourth floor » qui permet
d’obtenir un /r/préfinal (fourth) [fawrt]puis un /r/ final dans /fƆr/(four). Au quatrième
étage, la question devient what’s this floor ?

Deux styles sont donc examinés : le premier informel et le deuxième emphatique


obtenu par correction forcée par l’intermédiaire. Les contraintes prises en
considération par Labov sont : le magasin, l’emploi du répondant, l’étage du magasin ;
le sexe, l’âge ; la race, puis l’accent étranger.

Résultats

Le magasin à échelle supérieure présente une prononciation du /r/ nettement plus


marquée que celle des deux autres. L’hypothèse de Labov est confirmée : l’emploi de
la variable /r/ à New York est effectivement stratifié en fonction des classes sociales.
Plus on grimpe plus il est présent et inversement.
Tout cela en prenant en considération le facteur valeur de position du phonème ainsi
que le niveau de langue.

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