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PLAN LARGE
Via les autres fournisseurs, la hausse des prix de l'énergie a un gros effet domino, souligne Thierry Huet (biscuiterie
Desobry), ©Emy Elleboog
Q
ue ce soit dans la biscuiterie, la brasserie, les salons de coiffure, les boulangeries
ou les librairies, tous les entrepreneurs voient leurs factures d'énergie flamber. Et
redoutent la suite. Témoignages...
Biscuiterie Desobry: politiques absents
La biscuiterie Desobry a vu ses factures d’électricité et de gaz multipliées par trois pour
atteindre 1,7 à 1,8 million d’euros par an, contre quelque 600.000 euros auparavant. "Sur un
chiffre d’affaires annuel de 30 millions, cela représente un surcoût de 1,2 million, auquel il
faut ajouter l’impact indirect, c’est-à-dire la hausse des prix de nos fournisseurs, explique
son CEO Thierry Huet. Le prix du sucre a doublé, par exemple, ce qui renchérit aussi celui du
chocolat. L’effet domino est colossal."
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Les salons de coiffure sont eux aussi fort affectés par les prix de l’énergie. "L’acompte que
nous payons pour l’électricité a triplé tandis qu’au décompte annuel, on est passé d’un
remboursement de 1.000 euros par salon à un débours de 2.900", témoigne Patrick
Dumont. L’homme exploite deux salons Imagin'Hair sur Bruxelles, emploie huit
personnes et est par ailleurs vice-président de la fédération nationale des coiffeurs. "Un de
nos salons est situé dans un centre de commercial, il est équipé de cassettes d’air conditionné
pour le chaud et le froid. On chauffe à l’électricité et en consomme beaucoup par ailleurs:
pour la production d’eau chaude, l’éclairage (qui doit être maximal), les sèche-cheveux, les
casques et les climazons… Et comme la plupart des salons, on est locataire: pas de possibilité
de recourir à des panneaux solaires, etc."
Les coiffeurs avaient déjà dégusté en 2020 et 2021 à cause du covid, et ils continuent de subir
une baisse du chiffre d’affaires d’environ 10% cette année en raison, notamment, du recours
toujours intense au télétravail. "Après deux années covid, encaisser une indexation de 8%
et la hausse de l’énergie est quasi ingérable", estime Patrick Dumont. Et forcément plus
difficile à gérer pour les coiffeurs qui emploient du personnel, soit environ 4.000 des 23.100
coiffeurs que compte la Belgique. La plupart exercent le métier en tant qu’indépendant en
solo.
Face à l'envolée des prix de l'électricité, du gaz et du mazout de chauffage, les libraires sont
coincés aux tournures pour une raison spécifique à leur activité. "Plus de 80% des produits
que nous vendons ont des prix fixes: le tabac, les jeux, la presse, les livres, les cartes de
chargement de portable, explique Xavier Deville qui exploite la librairie Espace Papier et
préside Prodipresse, l'organisation professionnelle des libraires-presse francophones. Nous
ne pouvons donc pas répercuter la hausse de nos coûts sur nos prix de vente alors que nos
coûts liés à l'énergie ont fait fois deux ou fois trois."
Également rabotées par l'indexation, leurs marges sont réduites à peu de chose. À part
diminuer le niveau de chauffage en magasin, les quelque 2.000 libraires indépendants
n'ont pas beaucoup de mesures correctrices possibles. Licencier du personnel reste
malheureusement une option, sauf que... ils emploient peu de personnel. "Il faut compter
deux personnes et demie par librairie, patron inclus."
"Nombre de libraires qui résistaient jusqu'ici vont trouver la tâche impossible, je le crains",
conclut le président de Prodipresse. Et s'ils élargissent un peu plus la gamme de produits
distribués, comme ils l'ont déjà fait ces dernières années? "La période n'y est pas propice, les
clients ont des fins de mois difficile et se serrent déjà la ceinture."
Brasserie Saint-Feuillien: négocier les prix
Dans leur processus de fabrication, les brasseurs jouent beaucoup avec les températures et
consomment donc beaucoup d'énergie, gaz et électricité surtout. Une brasserie de taille
moyenne comme Saint-Feuillien a vu ses factures d'énergie bondir de quelque 70% ces
derniers mois et ce, malgré qu'elle bénéficie pour une partie d'entre elles de contrats fixes.
"Globalement, nous enregistrons une hausse pondérée de nos coûts de 25%", calcule son CEO
Edwin Dedoncker. Quand ses contrats à prix fixes viendront à échéance et si rien ne change,
sa facture va encore s'alourdir.
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Elle n'a toutefois aucune intention de licencier du personnel, ni de produire moins. Elle
souhaiterait au contraire recruter, mais fait face... à une pénurie de candidats, une
situation qu'elle a du mal à comprendre en regard du nombre de sans-emploi. "Je n'ai jamais
entendu un responsable politique dire que le travail a du sens, qu'il peut être passionnant et
motivant", regrette-t-elle.
De même, elle s'interroge sur les réactions de nos gouvernements face au covid et face à la
crise de l'énergie: "Ils ont beaucoup aidé les entreprises lors de la crise pandémique, et
maintenant, ils ne le feraient plus face à cette nouvelle crise?"
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Le point de vue est différent chez Leonidas. Les factures d'électricité de la chocolaterie
bruxelloise ont également triplé pour atteindre "des niveaux absolument extravagants",
convient son CEO Philippe de Selliers. Mais contrairement à la majorité de ses confrères ou
concurrents, il ne veut pas répercuter ces surcoûts sur ses clients.
Pour faire monter les volumes de pralines écoulées, le chocolatier compte actionner plus
d'un levier: ventes prévues en hausse en Belgique et en France (où il veut ouvrir 200
magasins sur 5 ans), parts de marché en progression dans le créneau "travel retail"
(boutiques dans les aéroports...), retour du tourisme à Bruxelles, campagnes de marketing
renforcées.
Source: L'Echo
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