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Proust Et Flaubert - Un Secret D'écriture
Proust Et Flaubert - Un Secret D'écriture
Un secret d’écriture
FAUX TITRE
173
Mireille Naturel
Le papier sur lequel le présent ouvrage est imprimé remplit les prescriptions
de ‘ISO 9706: 1994, Information et documentation - Papier pour documents
- Prescriptions pour la permanence’.
Proust, « À propos du
“style” de Flaubert »
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PRÉSENTATION MATÉRIELLE
Abréviations utilisées
BIP : Bulletin d’Informations proustiennes
BMP : Bulletin Marcel Proust
BSAMP : Bulletin de la Société des Amis de Marcel Proust
Corr : Correspondance de Marcel Proust, texte établi, présenté et annoté par
Philip Kolb, Plon, 1970-1993
MB : Madame Bovary
ES : L’Éducation sentimentale
CSB : Contre Sainte-Beuve (La Pléiade, Gallimard, 1971)
JS : Jean Santeuil (La Pléiade, Gallimard, 1971)
RTP : À la recherche du temps perdu
DCS : Du côté de chez Swann
JFF : À l’ombre des jeunes filles en fleurs
CG : Le Côté de Guermantes
SG : Sodome et Gomorrhe
LP : La Prisonnière
AD : Albertine disparue
TR : Le Temps retrouvé
GF : GF Flammarion
La Pléiade : édition de À la recherche du temps perdu, collection
Bibliothèque de La Pléiade, Gallimard, 1987-1989. Lorsqu’il s’agit de
l’édition de 1954, nous le précisons.
f° : folio
Ms : Manuscrit
N. a. fr. : Nouvelles acquisitions françaises
Nous exprimons notre gratitude à ceux qui nous ont apporté leur aide,
institutionnelle (BnF, ITEM-CNRS, Paris III-Sorbonne Nouvelle, Société des
Amis de Marcel Proust) ou personnelle, pour la réalisation de cet ouvrage
(éditions 1999 et 2006).
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INTRODUCTION
DE
FLAUBERT
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L’ACTUALITÉ DE FLAUBERT
DANS LES ANNÉES 1910
Il n’est pas exact, comme on l’a déjà dit, que nous ayons
découvert le manuscrit de la première Tentation. […] Notre seul
mérite, – si c’en est un – a été de le lire attentivement et d’y
reconnaître une œuvre originale, très différente de l’autre.
Proust lecteur et critique de Flaubert 23
1. Généralités
1. Voir corpus dans Annexe II. Nous indiquons entre parenthèses le numéro
du volume Kolb, suivi de la page.
2. Les deux premiers volumes ont été consacrés respectivement à Robert de
Montesquiou et à la comtesse de Noailles ; les suivants rassemblaient des
correspondants divers ; le dernier publié par Suzy Mante-Proust, après la
mort de son père, était essentiellement consacré à Madame et Monsieur
Émile Straus.
26 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
n’en connaît pas le titre exact et qu’il l’a surtout choisie pour son
sujet.
Deux observations viennent compléter l’analyse de cette
première “tranche” de correspondance : le surprenant transfert d’une
réaction féminine, celle de Madame Bovary s’écriant : « J’ai un
amant, j’ai un amant ! », à un homme, Lucien Daudet (ce qui semble
témoigner d’une réaction de jalousie de la part de l’auteur)
(III, 199) ; la présence, à deux reprises, du nom de Flaubert au sein
d’une énumération ternaire : « comme Baudelaire, comme Flaubert,
comme Mme de Valmore » (I, 318), « les thèses de Rousseau, de
Flaubert, de Balzac » (V, 182). Proust applique donc au nom
« Flaubert » un effet de rythme caractéristique de la phrase
flaubertienne qu’il reprendra dans sa propre phrase d’écrivain. Et
curieusement, le dernier exemple s’inscrit dans une réflexion sur « ce
qui fait le grand écrivain » où Proust affirme « Mille phrases décèlent
le grand écrivain […]. Je me moque de la thèse, qui est belle et
probablement fausse […]. Les thèses de Rousseau, de Flaubert, de
Balzac, de tant d’autres sont sans doute fausses. » Cette référence à
Flaubert qui date de 1905 n’est plus de nature affective : elle alimente
un commentaire métatextuel sur les publications du destinataire,
Maurice Duplay, et la propre expérience de la réception qu’a eue
Proust lors de la publication de La Bible d’Amiens.
5. Marcel Proust aurait vécu cette anecdote lors d’un dîner mondain. Julian
Barnes rapporte également dans Le Perroquet de Flaubert (Le Livre de
Poche, Stock, 1986, p. 235) que : « Dans La Revue de Paris, une coquille
transforma le nom de Flaubert en Faubert. Il y avait, rue de Richelieu, un
épicier qui s’appelait Faubet. Quand La Presse rendit compte du procès de
Madame Bovary, on appela l’auteur Foubert. […] Camille Rogier, le peintre
qui vivait à Beyrouth, l’appelait Folbert [ours fou, en anglais, précise une
note de l’auteur.] » Ajoutons que Fulbert fut le nom d’un évêque de Chartres.
32 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
dont le style, comme le remarquait si justement ici même Marcel Proust, fait
penser à un “trottoir roulant” ».
7. p. 112-131.
8. Le texte intégral de cet article et celui de la réponse de Thibaudet à Marcel
Proust sont donnés dans l’ouvrage présenté par Antoine Compagnon : Marcel
Proust, Sur Baudelaire, Flaubert et Morand, « Le regard littéraire »,
éd. Complexe, 1987. Antoine Compagnon cite, dans la partie intitulée
« Autour de Proust » de sa bibliographie, les articles parus, dans les
années 20, sur le style de Flaubert (p. 229-230).
34 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Enfin une dernière chose, assez délicate (et peut’être cela vous
sera-t-il impossible) si vous le pouviez, à un endroit quelconque
où j’aurai mis le nom Éducation sentimentale, vous pourriez
mettre, en note (je dis en note pour ne pas à avoir à refaire ma
phrase) ces mots : « Éducation sentimentale » à laquelle de par la
volonté de Flaubert certainement, on pourrait souvent appliquer
cette phrase de la quatrième page du livre lui-même : « Et l’ennui,
vaguement répandu semblait rendre l’aspect des personnages plus
insignifiant encore. »
10. L’article se termine ainsi : « Nous voilà bien loin du style de Madame
38 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
11. Ce texte était déjà paru, dans la Revue de Paris, le 15 novembre 1920,
sous le titre : « Pour un ami, Remarques sur le style. »
40 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Enfin, sans aller aussi loin que Flaubert, qui disait : « Les modes,
les temps des verbes, tout cela ce sont des blagues, on peut écrire
ce qu’on veut, du moment que c’est bien », ne peut-on rappeler à
M. Souday que c’est précisément M. Proust qui a montré que
Flaubert, en violant les lois de concordance, a produit ses plus
beaux effets, non de littérale correction, mais de vivante beauté
grammaticale ? […]
(car si je ne peux pas dire que j’aie encore travaillé à mon roman
dans le sens d’être absorbé par lui, de le concevoir d’ensemble,
depuis le jour (quelques jours avant ton départ) le Cahier que j’ai
acheté et qui ne représente pas tout ce que j’ai fait, puisque avant
je travaillais sur des feuilles volantes – ce Cahier est fini et il a
110 pages grandes)5
Monsieur l’ Administrateur
Au moment où j’allais essayer une combinaison qui me permît de
concilier le séjour au grand air dont j’ai malheureusement encore
besoin et mon service à la Bibliothèque Mazarine
f° 85 v° (Ce verso de la page 101 est le seul qui soit demeuré non
numéroté et l’on note une solution de continuité entre le recto de cette
page et la page 102) :
Monsieur
Le bibliothécaire de la Mazarine qui m’écrit pour me dire, que sur
ma demande et pour raison de santé, Monsieur Franklin vient de
transmettre une demande
Monsieur
En m’écrivant que le congé d’un mois (15 octobre au 15
novembre) que je viens de demander
numérotée par Proust 69 ter est formé d’un fragment de papier collé
sur une facture de Beg-Meil.
Les références ponctuelles aux lettres précédentes (présence
de la mère à Dieppe après le séjour avec son fils au Mont-
Dore ; allusion aux croque-monsieur ; indication d’un début de
pagination dans une lettre antérieure à Reynaldo Hahn) nous obligent
à admettre que cette lettre date bien de 1896. Cela signifie que Proust
a lu Par les champs et par les grèves non pas pour « accompagner »
son séjour en Bretagne mais pour confronter le récit de Flaubert avec
ses propres souvenirs au moment où, de retour à Paris, il compose la
partie de son « roman » consacrée à Beg-Meil. Michel Erman, dans sa
biographie de Proust, aborde également cette question : « [alors que sa
mère fait une cure à Dieppe et qu’il se retrouve seul à Paris,] il semble
qu’il termine alors le récit champêtre d’Éteuilles pour lequel il trouve
des échos dans la lecture de Par les champs et par les grèves7 ».
Ainsi se passe une journée en voyage, il n’en faut pas plus pour la
remplir : une rivière, des buissons, une belle tête d’enfant, des
tombeaux ; on savoure la couleur des herbes, on écoute le bruit des
eaux, on contemple les visages, on se promène parmi les pierres,
on s’accoude sur les tombes, et le lendemain on rencontre d’autres
hommes, d’autres pays, d’autres débris ; on établit des antithèses,
on fait des rapprochements. C’est là le plaisir, il en vaut bien un
autre. (p. 194-195)
20. René Descharmes, Flaubert, sa Vie, son Caractère et ses Idées avant
1857, Librairie des Amateurs, successeur Ferroud, 1909.
52 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
30. Dans le Cahier 36, fos 66 et 65 v°, Mlle de Caudéran est décrite avec un
nez busqué, une taille souple (qui rappelle celle des jeunes hommes de
Flaubert) et « quelque chose de dédaigneux et de froid dans les yeux ». Le
nez busqué sera aussi celui des Guermantes ; la couleur de ses joues est
comparée à celle des nymphéas de Combray ; les fleurs de Guermantes. Une
autre version de ce portrait (f° 64) qualifie sa taille de « serpentine » (lecture
conjecturale), mot qui renvoie à Salammbô et à la duchesse de Guermantes
(cf. « La duchesse de Guermantes et les fleurs en grappes ».) Swann se
substituera à M. de Penhoët : dans À l’ombre des jeunes filles en fleurs, II
(p. 31), c’est lui qui reprend les propos qu’énonçait M. de Penhoët dans un
fragment du Cahier 26 : « Vous devriez partir pour ces délicieuses îles de
l’Océanie, vous verrez que vous n’en reviendrez plus » remplace : « Partez
pour ces îles délicieuses de l’Océanie, vous verrez que vous n’en reviendrez
plus. » Si nous suivons la logique de la filiation, Gilberte serait aussi une
héritière de Mlle de Penhoët. Jean Milly signale dans son étude sur
« L’ouverture de la Recherche » (Proust dans le texte et l’avant-texte, p. 19-
89) que ce fragment du Cahier 26 avait d’abord été déplacé – et ce jusqu’à la
deuxième dactylographie – dans la rêverie des chambres.
31. CG II, p. 135
Proust lecteur et critique de Flaubert 59
retrouve, entre autres, celle du coquillage, très souvent citée par Proust
qui pourrait l’avoir empruntée à Flaubert : « J’écrasais par terre des
feuilles mortes qui s’enfonçaient dans le sol comme des coquillages et
je poussais de ma canne des châtaignes, piquantes comme des
oursins32. »
Mais si nous acceptons cette intertextualité, nous nous
trouvons à nouveau confrontés à la question de la datation de la
lecture de Par les champs et par les grèves. Le Cahier 36 dans lequel
figure le nom de Penhoët est un « Cahier Sainte-Beuve », écrit
en 1909, et le passage concerné du récit de Flaubert était alors inédit.
Dans L’Éducation sentimentale un passage ressemble étrangement au
chapitre VII de Par les champs et par les grèves consacré à
Quimperlé. Dans ce passage qui se situe à la fin du chapitre V de la
deuxième partie, Frédéric retrouve Louise à Nogent, sur les bords de
la Seine. De même qu’à Quimperlé, « deux rivières, au pied des
montagnes, entourent la ville comme un bracelet d’argent » « la Seine,
au-dessus de Nogent, est coupée en deux bras » et de là naît toute une
description du paysage aquatique qui mentionne les célèbres « grappes
jaunes », les « quenouilles de fleurs amarantes » et les nymphéas. On
y retrouve la clématite, très souvent citée dans Par les champs et par
les grèves, la rencontre des trois éléments eau-soleil-argent qui a été à
l’origine du rapprochement entre Proust et Flaubert : « Le soleil
frappait la cascade ; les blocs verdâtres du petit mur où l’eau coulait
apparaissaient comme sous une gaze d’argent se déroulant toujours »
et on apprend, par un compliment de Louise, que Frédéric porte… un
chapeau de feutre gris. Mais il n’est évidemment pas question de
M. de Penhoët.
Le lien – voulu ou inconscient – entre les deux œuvres de
Flaubert est indéniable ; de laquelle Proust s’est-il souvenu ? Il est
impossible de répondre avec certitude, dans l’état actuel de nos
connaissances, mais l’intertextualité onomastique dont nous avons
démontré à d’autres reprises la pertinence laisse penser qu’il s’agit de
Par les champs et par les grèves.
L’utilisation des noms propres par Proust est décidément
bien mystérieuse. Nous avions relevé, dans l’ouverture du chapitre V
du récit de Flaubert qui décrit l’arrivée des deux compagnons à Carnac
et leur séjour à Belle-Isle (où s’est rendu également Proust), la
f° 14
dans les nocturnes du peintre la baie < le golfe > a l’air d’avoir
conscience qu’il est un golfe particulier, il y a dans la grâce des
vagues, des rivages, dans un doux reflet, même dans la molle
nonchalance d’un ou deux navires, une sorte de complicité
intelligente avec la rêverie du poète. J’essayais de retrouver cela.
37. Le folio 52 du Cahier 29, resté inédit, s’ouvre sur une longue
comparaison entre Flaubert et Chateaubriand quant à leur pratique de la
description.
38. Gérard Genette, Palimpsestes, p. 107.
62 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
6. Corr., I, 182. Kolb suppose que cette lettre date du 27 août ou 3 septembre
1894.
66 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
10. Dans la scène de l’hôtel de Jupien, le baron de Charlus sera fasciné par
un « tueur de bœufs » et un « homme des abattoirs » (TR, p. 199).
Proust lecteur et critique de Flaubert 69
11. C’est cette dernière version qui figure dans l’édition originale et dans
l’édition Gallimard 1924. L’édition établie par Yves Sandre pour La Pléiade
fait apparaître des guillemets pour encadrer les propos.
12. Travail de Flaubert, éd. du Seuil, 1983.
Proust lecteur et critique de Flaubert 71
faisaient déjà les deux bonshommes, portent des jugements tout aussi
péremptoires que ceux de leurs prédécesseurs sur les écrivains les plus
divers, Balzac, Hugo, Mérimée, Meilhac, Halévy, etc. sans oublier
l’illustrissime M. de Bornier, déploient même une pseudo-activité de
critique littéraire. Ils s’inspirent de ce qu’ils ont lu – de ce que Proust
a lu – dans les ouvrages de critique littéraire de l’époque, ceux de
Lanson, Léon Blum, Barbey d’Aurevilly pour dénoncer « la poétique
du Laid » et plus particulièrement le réalisme de Zola, surnommé
« l’Homère de la vidange ! ». Et ainsi, le « Zola leur semblait
ordurier » qui avait été biffé sur la première page du manuscrit de
« Mondanité de Bouvard et Pécuchet » trouve ici un écho à travers les
propos de Barbey d’Aurevilly qui est à l’origine de cette image de
Zola vidangeur. Cette longue métaphore filée aura également pour
effet de mettre en relief la sottise de Mme d’Arpajon qui écrit le « mot
de Cambronne […] avec un grand C. » Nous revenons explicitement
au thème flaubertien de la bêtise que Proust a fait sien en l’appliquant
au milieu mondain, en l’amplifiant par le passage du dialogue à la
conversation et en le doublant des réflexions du narrateur qui comme
Honoré, dans « Un dîner en ville », a été invité à participer à cette
réunion mondaine.
f° 14 r°
f° 28 r°
Version imprimée
23. Les transcriptions de ces différents fragments sont données dans l’édition
de Jean Milly. Elles nous ont été précieuses.
Proust lecteur et critique de Flaubert 79
f° 18 r°
mur rougeâtre n’a été ajouté que sur le troisième brouillon (f° 19 v°).
Jean Milly en a présenté les différentes origines et en a souligné le
caractère obsessionnel chez Proust. Sur les épreuves (N. a. fr. 16633),
le pastiche de Flaubert n’a été l’objet d’aucune correction,
contrairement à certains autres, ceux de Balzac et des Goncourt
notamment.
Il ne faut pas croire Proust lorsqu’il dit, de son pastiche de
Flaubert, qu’il est détestable25. Il est, au contraire, l’un des plus
réussis, et c’est celui que Le Figaro choisit de publier en hommage à
son auteur, lorsque ce dernier meurt. Il ne faut pas non plus le croire
lorsqu’il affirme que « le pastiche volontaire c’est de façon toute
spontanée qu’on le fait ». Les brouillons sont là pour attester de
l’importance des corrections apportées ; c’est peu à peu que Proust
s’est rapproché le plus finement possible de la technique romanesque
de Flaubert et qu’il a subtilement intégré ses emprunts tout en les
déguisant. Il s’agit bien, pour reprendre ses propres termes, de cette
« recréation vivante » dont il fera « une claire analyse » dans son
article de 1920. Le parallélisme entre les deux activités que Proust
conçoit comme étant complémentaires, le pastiche et la critique
littéraire, va encore plus loin : le pastiche de Flaubert se double d’un
pastiche de Sainte-Beuve critiquant le pseudo-roman de Flaubert qui
n’est autre que le pastiche que vient de réaliser Proust.
c’est sur un grand nombre de points précis qui ont été l’objet de
reproches de la part du critique littéraire que Flaubert se justifie.
Proust, lorsqu’il répondra à Thibaudet, dans son article de la NRF du
1er janvier 1920, sur le « style » de son prédécesseur, reproduira un
mécanisme identique.
Flaubert s’élève notamment contre la « pointe d’imagination
sadique » que le critique a relevée dans certaines de ses descriptions.
Cette protestation ne représente qu’un court paragraphe mais nous le
signalons car nous reviendrons sur cette problématique du sadisme à
travers l’étude du personnage de Françoise qui ressemble par certains
points au Julien de la légende relatée par Flaubert. Nous partageons,
en effet, l’opinion de Sainte-Beuve : dans Salammbô (notamment,
dans les chapitres intitulés « Moloch » et « Matho »), certaines
descriptions de batailles, de supplices, de carnages témoignent d’une
cruauté sans limites qui s’accompagne de volupté. La phrase « On
aurait dit que les murs chargés de monde s’écroulaient sous les
hurlements d’épouvante et de volupté mystique28 » en est un exemple.
Le pastiche de Proust se compose de deux fragments séparés
par un blanc, le premier consacré à « M. Gustave Flaubert », le second
à son œuvre, ce qui est déjà une imitation du modèle puisque le
premier article de Sainte-Beuve sur Salammbô comporte trois volets,
« I. L’auteur », « II. Le sujet », « III. Analyse du livre ». Cette
approche biographique qui explique l’œuvre par l’homme est
précisément ce qui oppose Proust à Sainte-Beuve, comme en
témoignent ses notes regroupées sous le titre « [La méthode de Sainte-
Beuve]29 ». Sainte-Beuve a réalisé « l’histoire naturelle des esprits »
selon le vœu de Taine en important « dans l’histoire morale les
procédés de l’histoire naturelle ». Et cela fait dire à Proust que cette
méthode qui consiste à expliquer l’œuvre par l’homme, à rassembler
tous les éléments extérieurs susceptibles de l’éclairer, n’est pas
profonde. Absence de profondeur également dans la façon qu’a cette
critique de se placer sur « le même plan que la conversation »,
caractéristique que Proust illustre, dans son pastiche, par une
abondance de points d’exclamation, d’interrogation, de suspension qui
donnent un style oral à son texte. La première phrase qui réunit points
de suspension et point d’exclamation en est déjà une illustration. Dans
f° 20 r°
f° 22 r°
f° 33 r°
Texte imprimé
Constitutionnel (8-12-1862)
[…] un pinceau que la réalité, quelle qu’elle soit, attire, mais qui,
tout en cherchant, en poursuivant partout le vrai, paraît l’aimer
surtout et le choyer s’il le rencontre affreux et dur. »
Texte imprimé
Passe encore pour le visage de pitre ! L’auteur est d’une école qui
ne voit jamais rien dans l’humanité de noble ou d’estimable.
truchement du faux pastiche. Même jeu lorsqu’il fait citer par Sainte-
Beuve le nègre, l’orange et le perroquet comme trahissant la
« prétendue impersonnalité » de Flaubert, comme étant des
« accessoires rapportés », « plaqués » sur son esquisse. C’est
évidemment Proust qui, en intégrant ces éléments empruntés au conte
de Flaubert, s’est amusé à créer cette situation farfelue dans
« L’Affaire Lemoine par Flaubert » et a, en même temps, donné des
« indices de reconnaissance » : le lecteur peut identifier ses emprunts.
Le perroquet cité par Sainte-Beuve, en tant qu’animal vivant, est celui
du conte où il représente un élément exotique inséré par Flaubert dans
la réalité normande et non plus celui du pastiche où il n’était
qu’ornementation de chapeau. Dans le manuscrit, de longues
considérations s’ensuivaient sur la légitimité de l’exotisme dans ce
récit et l’auteur était amené à citer et à résumer Un cœur simple. Dans
la version finale, au débat sur l’exotisme se substitue celui sur le
réalisme : le souci de « vérité », d’« objectivité », d’« imperson-
nalité » affiché par Flaubert n’est-il pas qu’un leurre ? Débat que
Sainte-Beuve avait soulevé dans ses articles : « Depuis que Madame
Bovary avait paru, la question du réalisme revenait perpétuellement
sur le tapis ». La position de Sainte-Beuve et de ses disciples à l’égard
de Flaubert est paradoxale : on lui reproche à la fois un excès de
réalisme, notamment dans sa propension à décrire l’« affreux » et « le
dur », et un manque de réalisme qu’on retrouve transposé dans le
pastiche de Proust, au sujet du « réactionnaire » : « Un réactionnaire, à
quoi reconnaissez-vous cela à distance ? Qui vous l’a dit ? Qu’en
savez-vous ? » Une fois encore, la remarque du pseudo-
critique : « L’auteur, évidemment, s’amuse, et tous ces traits sont
inventés à plaisir » s’applique autant à Proust qu’à Flaubert.
Le faux Sainte-Beuve continue à porter des jugements
moraux sur l’œuvre de Flaubert, citant l’exemple des Anciens et de
plus proches prédécesseurs tels que Saint-Simon et Balzac qui ont su
être « réalistes » tout en intégrant des personnages vertueux dans leurs
œuvres. Le terme de « réalistes » n’est d’ailleurs pas celui qu’emploie
Proust. Après avoir remplacé sur le manuscrit (f° 37) « réels » par
« réalistes », il retient finalement le terme de « naturalistes » bien
qu’on l’applique généralement plus à Zola qu’à Flaubert. Le passage
qui suit et qui fournit d’autres exemples de « réalisme » en littérature
est abondamment raturé : Proust tient à multiplier les exemples,
ajoutant ceux d’Homère, de Saint-Simon, etc. de façon à généraliser
92 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
1. Ce texte a fait l’objet d’une publication dans le BIP n° 23, 1992, p. 7-12.
2. Voir « La citation de salon ou une parodie de critique littéraire », op. cit.
p. 9.
96 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
8. DCS, p. 327.
9. Nous remercions Jean Milly qui nous a facilité le déchiffrement des titres
de Régnier (Les Pastiches de Proust, édition critique et commentée, 1970,
Proust lecteur et critique de Flaubert 99
À ajouter à Flaubert
17. Voir, en particulier, Jean Rousset, dans Forme et Signification, Essais sur
les structures littéraires de Corneille à Claudel, « Madame Bovary » p. 109-
133, Corti, 1964 : « Mais Flaubert ne croit pas à la connaissance
impersonnelle ; il n’y a pas de réalité objective, toute vision, toute perception
est l’illusion propre à chacun, autant de “verres colorés” que de regards »
(p. 112).
18. BIP n° 3, 1976, p. 28 et BIP n° 12, 1981, p. 68.
102 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
19. Nous donnons la transcription de ce qui n’a pas été rayé par l’auteur.
Proust lecteur et critique de Flaubert 103
26. Voir Julia Kristeva, Le Temps sensible, NRF essais, Gallimard, 1994.
108 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
2. Souvenirs d’enfance
5. Ibid., p. 353-356.
« Les femmes » du narrateur 115
Comme dans Par les champs et par les grèves, terre et mer
se partagent l’intérêt du narrateur (quelques pages plus loin, il sera fait
allusion au « vent qui courbe les blés comme une mer » qui fait penser
à « l’immense étendue où déferlent les blés » du passage consacré au
coquelicot dans l’épisode des aubépines). Or, ces deux éléments
structurent aussi l’univers proustien, en s’inscrivant soit dans un
processus de différenciation – Combray et Balbec, Gilberte et
Albertine – soit dans un processus de fusion dû, le plus souvent, à la
métaphorisation. Ces évocations n’ont en elles-mêmes rien d’original
mais certains détails semblent trouver écho dans l’œuvre
proustienne : le clair de lune qui pénètre dans la chambre et qui
dessine des formes étranges sur les murailles ; dans les chambres d’été
du héros proustien, « le clair de lune appuyé aux volets entrouverts,
jette jusqu’au pied du lit son échelle enchantée », et les formes
étranges sur la muraille suggèrent un rapprochement avec les
projections de la lanterne magique qui perturbent l’enfant plus
qu’elles ne le distraient.
aurait pu inspirer Proust pour qui le souvenir qui fait renaître l’enfance
est lui aussi source de joie et l’on sait que cette résurrection du passé
est précisément provoquée par « un rien », une circonstance tout à fait
banale, et qu’elle demeure une expérience solitaire. Mais Proust ira
beaucoup plus loin dans cette attention portée au passé : il fera de la
description de ces expériences privilégiées le fondement de son
œuvre.
Quel regard, en effet ! comme elle était belle, cette femme ! je vois
encore cette prunelle ardente sous un sourcil noir se fixer sur moi
comme un soleil.
Elle était grande, brune, avec de magnifiques cheveux noirs qui
lui tombaient en tresses sur les épaules ; son nez était grec, ses
yeux brûlants, ses sourcils hauts et admirablement arqués, sa peau
était ardente et comme veloutée avec de l’or ; elle était mince et
fine, on voyait des veines d’azur serpenter sur cette gorge brune et
pourprée. Joignez à cela un duvet fin qui brunissait une lèvre
supérieure et donnait à sa figure une expression mâle et énergique
à faire pâlir les beautés blondes. (p. 237)
Madame Bovary7
Madame Arnoux8
Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui
palpitaient au vent, derrière elle. Ses bandeaux noirs, contournant
7. MB, p. 49-50.
8. ES, p. 51.
120 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
37 r°
67 v°
Du premier coup, dans la dame < jeune femme > d’une assez
grande < véritable > beauté assise en face de lui mais peinte
< mais > < si fardée >, mais portant sur les yeux, dans la bouche,
dans les joues mais portant < disant son nom et ses qualités > dans
l’éclat des yeux qui, tantôt se levaient, tantôt se portaient sur Jean
[…]
[…] une à une les expressions de son visage sur lesquelles j’avais
tant rêvé, ce regard dur que j’avais trouvé impitoyable, ce regard
brillant que j’avais trouvé sensuel sans scrupules, ce
déhanchement que j’avais trouvé vicieux, […]
mais ils sont vite banalisés par les propos de la jeune personne. Ces
traits initialement remarqués présentent des analogies avec ceux de
Maria dans Mémoires d’un fou. L’une et l’autre attirent l’attention par
leur regard et par le même type de regard, « prunelle ardente », « yeux
brûlants » dans un cas, « regard dur, […] brillants, […] sensuel sans
scrupules » dans le second. Madame Bovary fascinera aussi par son
10. Notice de l’édition de La Pléiade vol. II, À l’ombre des jeunes filles en
fleurs, p. 1313-1335. Selon Antoine Compagnon, « Albertine succède ainsi,
dans les Cahiers 54 et 71 de 1914, à cette Maria esquissée dans le Cahier 64
en 1910. » in « La danse contre seins », Marcel Proust, Écrire sans fin, 1996,
p. 85. On peut penser que Proust lisant les œuvres de jeunesse de Flaubert,
inédites jusqu’alors et publiées par les éditions Conard, en 1910, prénomme
« Maria » celle qui jusqu’alors n’avait été qu’une « brune Espagnole », type
flaubertien bien connu.
11. Pléiade II, Esquisse LXVII [Maria et Andrée], p. 995.
« Les femmes » du narrateur 123
12. Pléiade II, Esquisse LXXI, [Mlle Floriot : la scène du lit], p. 1006-1009.
124 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Dans la genèse des personnages, il est clair que les traits des
uns et des autres se mêlent, s’ajoutant à ceux qui sont empruntés à des
modèles littéraires. D’autre part, cette allusion à la Hollande, dans
l’avant-texte du Cahier 4, fait autant penser à un tableau qu’à
l’évocation d’un paysage réel (le fragment du Cahier 23 confirme
cette analogie). Le dernier élément qui intervient dans la poétisation
du passage est le rythme : rythme ralenti et amplifié par rapport au
premier jet par l’ajout de cette comparaison avec les paysages de
Hollande, par la reprise du mot « voile » complété par l’adjectif
« rose » et par la relative. Ainsi, le rythme de la phrase s’accorde avec
l’idée exprimée d’une disparition lente et progressive. Cette fillette,
qui semblait presque être liée intrinsèquement – par ses origines
textuelles (fidélité au modèle Louise) et par le rapport métonymique
qui s’établit entre elles et les fleurs dans l’esprit du narrateur – à la
f° 134 v°
noire et le pétale rose < aller d’une fleur à l’autre > à peine sur la
ligne bleue les deux fleurs voisines qu’un papillon paresseux et
qui muse, s’envolant quittant avec lenteur < s’envolant > de la
rose dépassée depuis longtemps par le navire, peut encore muser
plusieurs fois, et décrire dans l’air mille vols avant d’aller se poser
sur la rose prochaine dont la coque noire frôle déjà l’extrême
pétale […]
22 r°
Cahier 1210
fos 104-105
Ces lignes – et elles seules sur cette page – sont l’objet de nombreuses
transformations qui aboutissent à l’ajout de cette comparaison
surprenante ; dans le texte initial, il n’était question que « des
sonorités un peu aigres de la voix qui venait de le prononcer ».
espérances. Et c’est ainsi que les yeux bleus dont le héros avait rêvé
sont d’une « couleur violette étrange », ce qui engendre une cascade
de comparaisons non plus avec des fleurs mais avec des pierres,
comparaisons qui peuvent avoir été inspirées par Ruskin mais aussi
par Flaubert14. Rien n’est dit en revanche sur les cheveux. Il faudra
attendre le Cahier 2715 pour avoir un long développement sur la
chevelure rousse de Gilberte, nouveau point commun avec Louise
dont le portrait commence par : « Une petite fille d’environ douze ans,
et qui avait les cheveux rouges […] » et se termine par « ses prunelles
d’un vert bleu limpide ».
C’est donc dans le Cahier 12 que Gilberte reçoit ses traits
spécifiques de personnage et qu’elle se distingue de Maria qui
deviendra Albertine. Ce qui frappe dans le second portrait du
Cahier 12, c’est la force de la sensualité, du désir du narrateur ; et
c’est dans ce même Cahier que viennent s’inscrire, précisément en
regard de la rencontre de Gilberte, les deux premières versions des
aubépines. L’une ne serait-elle pas la mise en abyme de la conception
du personnage romanesque – qui va d’ailleurs évoluer dans les
versions ultérieures – tandis que l’autre constituerait une mise en
abyme d’une certaine conception de la description ? L’une et l’autre,
en tout cas, se rejoignent, comme l’a fort bien démontré Bernard
Brun, par la thématique du désir : « [les aubépines] sont sœurs de cette
Gilberte dont elles encadrent l’apparition et qui les résume (taches de
rousseur). Qui les éclipse, et qui sera à son tour éclipsée par une autre
fille-fleur : Albertine16. » Et c’est précisément par le motif des
aubépines qui s’entrecroisent avec son propre portrait que Gilberte se
différencie du personnage flaubertien.
Le Cahier 14 (N. a. fr. 16654), renferme deux nouvelles
versions de cette rencontre, l’une sur le folio 59 et l’autre sur le
folio 6517. Le héros est à nouveau en compagnie de son grand-père et
de son oncle, comme dans le Cahier 4. Si la mère, présente dans le
Cahier 12, est définitivement écartée de ces promenades, n’est-ce pas
parce qu’elles suscitent chez le jeune garçon l’éveil des sens, le désir
pour les fleurs et pour la petite fille ? Promenade entre hommes,
promenade initiatique. Dans ces deux passages du Cahier 14, la fillette
est assise sur un banc sous une charmille (qui fait penser à la tonnelle
sous laquelle Emma retrouvait ses amants, dans un décor romantique
à souhait, avec étoiles, jasmins, rivière, roseaux secs, tonnelle sous
laquelle Charles Bovary vient rêver après la mort de son épouse et où
il va s’éteindre) et elle lit, devant une bordure de verveine et de
myosotis : autrement dit, elle incarne la petite fille modèle, blonde aux
yeux bleus (bleu clair, précise-t-on) et le tableau est idyllique. D’un
fragment à l’autre, les détails descriptifs varient : les détails naturels
(noisetiers, verveine, myosotis) disparaissent pour laisser place à une
description beaucoup plus précise de la fillette : la couleur de sa peau
est précisée et le référent floral devient alors comparant : « la peau
d’un blond presque jaune clair comme un bouton d’or ». Les yeux
sont évoqués à travers leurs prunelles bleues qui « eurent en avant la
légère propulsion d’une attention plus grande » lorsqu’elle vit le jeune
garçon. Si le souvenir de Louise se cache derrière ce portrait, c’est par
le nouveau sème du doré (les épaules de Louise sont « un peu dorées
par le soleil ») et par le mouvement des yeux : « elle s’était
brusquement arrêtée, avec son arrosoir à la main, en dardant sur lui
ses prunelles, d’un vert-bleu limpide ».
Dans le Cahier 68 (N. a. fr. 18318) qui rassemble un
ensemble de fragments destinés à « Combray », le récit de la rencontre
avec Gilberte (f° 14) est très proche de la version définitive : il
suscite, dès la première phrase, une réflexion générale sur la
perception qui, de visuelle, devient intellectuelle :
f° 208
[…] Tout à coup, je m’arrêtai pour ne < je ne pus > plus bouger,
comme il arrive quand une vision ne s’adresse pas seulement à nos
regards, mais requiert des perceptions et dispose de notre être tout
entier. Une fillette blonde < qui avait l’air de rentrer de
promenade, nous > regardait, la tête levée, le pied posé sur la
< levant son visage semé de taches de rousseur qui étaient roses
tenant une > bêche qu’elle tenait < de jardinage > à la main. Ses
yeux noirs brillaient et comme je n’étais pas assez bon
observateur pour < je ne savais pas et que je n’ai pas d’ailleurs
appris depuis, réduire en ses éléments objectifs une impression
forte, comme je n’avais pas ainsi qu’on dit et n’ai jamais acquis,
l’esprit assez d’esprit d’observation, pour dégager la notion de
leur couleur, pendant longtemps chaque fois que je repensai à elle,
le souvenir de leur éclat se présentait aussitôt à moi comme celui
d’un vif azur, puisqu’elle était blonde < : > en < de > sorte que
peut-être < si > elle n’avait pas des yeux noirs, ce qui frappait tant
la première fois qu’on la voyait, je n’aurais pas été comme je le
fus, plus particulièrement amoureux < en elle > de ses yeux bleus.
1. DCS, p. 188 : « […] non loin montaient le long de murs bas, des grappes
de fleurs violettes et rougeâtres. […] et quelle que fût la femme que
j’évoquais, des grappes de fleurs violettes et rougeâtres s’élevaient aussitôt
de chaque côté d’elle comme des couleurs complémentaires. » ; p. 192-193 :
« Mais l’interruption et le commentaire qui furent apportés une fois par une
visite de Swann à la lecture que j’étais en train de faire du livre d’un auteur
tout nouveau pour moi, Bergotte, eut cette conséquence que, pour longtemps,
ce ne fut plus sur un mur décoré de fleurs violettes en quenouille, mais sur un
fond tout autre, devant le portail d’une cathédrale gothique, que se détacha
désormais l’image d’une des femmes dont je rêvais. » ; p. 285 : « […] elle
me montrait, le long des murs bas, les fleurs qui y appuient leurs quenouilles
violettes et rouges et m’apprenait leurs noms. »
2. CG I, p. 72 : « […] à cette terre torrentueuse où la Duchesse m’apprenait à
pêcher la truite et à connaître le nom des fleurs aux grappes violettes et
rougeâtres qui décoraient les murs bas des enclos environnants. »
3. TR, p. 397 : « Si bien que l’ombre de Gilberte […] celle de Mme de
Guermantes dans un chemin humide où montaient en quenouilles des grappes
violettes et rougeâtres, ou sur l’or matinal d’un trottoir parisien. »
4. Gérard Genette, « Un de mes écrivains préférés », Poétique XXI, 1990,
p. 509-519.
144 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Milly avait retracé « le destin des fleurs violettes » dans son étude des
Pastiches5 et avait mis en valeur leur origine flaubertienne6 ; Bernard
Brun et Anne Herschberg-Pierrot ont souligné, dans une note de leur
édition critique7, à propos du premier passage cité, qu’il est « un
pastiche de Flaubert […] mais aussi un pastiche au second degré, dont
le texte médiateur est constitué par le pastiche de “l’Affaire Lemoine
par Gustave Flaubert” ». Si ce passage a tant intéressé les critiques,
c’est que Proust a attisé leur curiosité en se référant à l’ « un de ses
écrivains préférés » sans le citer. Il a même tenu à le rendre le plus
anonyme possible – et ainsi à être encore plus énigmatique – en
renonçant à l’identifier à Bergotte.
Dans une note de son article, Gérard Genette ajoutait : « Le
fonds de la BN contient sans doute d’autres “versions”, et nous
réserve peut-être d’autres surprises. » Nous sommes allée à la
recherche de ces autres versions et avons consulté le texte de Ruskin,
cité par Jo Yoshida8, aussi bien dans la présentation qu’en a donnée
Robert de La Sizeranne que dans la version originale.
[…] It was spring time, too ; and all were coming forth in clusters
crowded for very love ; […] and, ever and anon, a blue gush of
violets, and cowslip bells in sunny places […] a heaviness in the
boughs of the darkened forest showed how much of their former
power had been dependent upon a life which was not theirs, how
Carnet 1, f° 3 r°
Carnet 1
f° 22
neige, traîneaux / lard qu’on chauffe / coq rouge dans / le matin
craquelé – comme / dans le Breughel.
f° 26
Il semble que Proust ait lu cette œuvre avant 1908. Dans une
lettre adressée à Robert de Montesquiou que Philip Kolb date du
24 avril 1905, Marcel Proust se compare à un catoblé-
pas : « Monsieur, excusez ma lettre si bête que je me sens devenir
catoblépas en l’écrivant23. » Philip Kolb précise que l’animal en
question est « une espèce de taureau d’Afrique dont parlent
Pomponius Mela et Pline l’Ancien [et que] Proust fait allusion,
semble-t-il, à La Tentation de saint Antoine, de Flaubert, où l’animal
en question est censé dire : “une fois je me suis dévoré les pattes sans
m’en apercevoir.” » En tout cas, nous avons la preuve que Proust avait
lu La Tentation en 1909 puisqu’il s’y réfère au début de son texte « À
ajouter à Flaubert » : « C’est un génie grammatical. Et son génie est
un dieu à ajouter aux dieux singuliers de La Tentation de saint
Antoine, […] ». Les très nombreuses références aux pierres précieuses
qu’on peut relever dans l’œuvre proustienne ont sans doute été puisées
dans les textes de Ruskin mais elles abondent également dans la pièce
de Flaubert24. Encore plus qu’au catoblépas, c’est à saint Antoine que
Proust aurait pu désirer s’identifier puisque celui-ci incarne la
résistance aux tentations de la vie matérielle au profit de la vie
intérieure qui est, dans son cas, essentiellement spirituelle.
23. T. V, p. 113.
24. Voir Cinquième Partie, chapitre III.
25. Flaubert, Œuvres I, Pléiade p. 84.
154 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
f° 28 v°
Il faudra sans doute mettre ici que cette raie du jour, cette
odeur, ou cette chaleur plus ou moins grande, ce son, me donnent
accès à la fois réminiscence, désir, possibilité […]
Et aussi dire ceci. En même temps qu’ils éveillaient en moi la
sensation du genre de jour auxquels ils appartenaient, ils
éveillaient les images que ces jours contiennent. Si j’entendais
« Les femmes » du narrateur 155
f° 29 v°
f° 18
dont les éléments précieux mis en valeur par un rythme ternaire et une
métaphorisation subtile auraient pu scintiller dans une description de
Salammbô ou convenir à la Reine de Saba dans La Tentation de saint
Antoine. Cette future duchesse de Guermantes a peut-être d’ailleurs
hérité son nom des « Garamantes » du roman carthaginois. Hautement
poétisée à ses origines et proche de Salammbô, la duchesse de
Guermantes deviendra progressivement l’incarnation de la découverte
du réalisme : à la ligne serpentine se substituera « le petit bouton au
coin du nez ».
f° 42
Moins intime < intérieur à mon corps > que cette vie des
personnages projetée devant moi < était le paysage qui se déroulait
sous les yeux >
et qui exerçait sur moi une bien autre influence que le paysage que
j’avais sous les yeux quand je les levais du livre et qui enveloppait
à son tour de ses arbres réels un site imaginaire Pendant deux étés
dans la chaleur du jardin de Combray, j’ai eu la nostalgie d’un
pays montueux, d’eaux courantes et claires au fond desquelles des
morceaux de bois pourrissaient sous le cresson, qui alimentaient
des scieries et où non loin desquelles le long des murs montaient le
long des murs bas des
le paysage imaginaire
grappes
de fleurs les arbres de
violettes notre jardin
et rougeâtres.
Mais l’image de ce site imaginaire n’était pas seulement plus vive
[…]
identique à celle qui est décrite dans la préface de Sésame et les lys,
intitulée « Sur la lecture ». L’auteur reprend d’ailleurs des réflexions
qu’il avait formulées précédemment dans cette préface : « [et nous
voudrions [que l’auteur] nous donnât des réponses, quand tout ce qu’il
peut faire est de nous donner des désirs] » ; « Dans chaque tableau que
[les poètes] nous montrent, ils ne semblent nous donner qu’un léger
aperçu d’un site merveilleux35 ». Parmi les exemples cités figurent les
noms de Maeterlinck, de Mme de Noailles, mais aussi celui de Claude
Monet et, à travers lui, on retrouve cette brume du matin qui, associée
au lac, correspondait à l’un des désirs de nature exprimé dans le
Cahier 4, en alternance avec les fleurs en grappes.
f° 41
« Et comme l’image < le rêve > d’une femme qui m’aurait aimé
restait restait < était > toujours présent dans ma pensée, je la
voyais < vis > toujours dans une région montagneuse et < cet été
elle fut toujours imprégnée de la fraîcheur d’un pays > fluviatile
devant un mur bas
décoré de fleurs jaunes et violettes et rougeâtres. < et quand je
pensais à elle des grappes de fleurs jaunes et violettes se
projetaient à côté d’elle »
f° 59
f° 248
f° 253
1. Un impératif éditorial
9. ES, p. 493-494.
« Les femmes » du narrateur 173
Tout à coup comme une belle de jour < sur le sable de l’allée,
comme tardive, alentie et luxuriante comme > la plus belle fleur
qui ne s’ouvre qu’à midi, de différentes couleurs selon les jours
mais que je me rappelle surtout blanche Madame Swann
apparaissait de différentes couleurs selon les jours dans une toil
épanouissait autour d’elle une toilette de différentes couleurs selon
les jours mais que je me rappelle surtout blanche ou < surtout >
mauve et hissait au-dessus d’un long pédoncule < et hissait > < et
déployait > sur un long pédoncule quand et une fois qu’elle était
complète dans le < au > moment de sa plus complète irradiation
hissait sur un long pédoncule le pavillon de soie d’une < large >
176 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Les deux femmes ont une ombrelle, décrite très sobrement par
Flaubert mais qui devient, chez Proust, le sujet d’une longue
métaphore filée s’intégrant dans la métaphore de la femme-fleur sur
laquelle se construit tout le portrait. Elle a été l’objet de nombreuses
hésitations sur le manuscrit.
< l’onde > de cette lumière à travers laquelle < elle était reconnue
par > des cavaliers qui passaient au galop […]
MOTIFS POÉTIQUES
Page laissée blanche intentionnellement
LE COQUELICOT DE COMBRAY
[…] Mais çà et là, au revers des talus, dans les champs, tout à coup
un coquelicot né de la chaleur de l’été, hôte de ses herbes touffues
4. Nous pourrions ajouter un autre élément très souvent cité par Flaubert,
comme nous le verrons ultérieurement, le paon qui apparaît aussi au sein
d’une énumération ternaire : « Les arbres, les linges qui sèchent, la queue du
paon qui roue découpent dans l’air transparent des ombres bleues […] ».
5. La Pléiade, p. 300-301.
186 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
f° 109
Mais ça et là au revers des talus dans les champs tout à coup des
< un > coquelicots nés de la chaleur lumineuse < de l’été >, de
l’ombre et hôtes de ses herbes touffues et de son ombre délicieuse
lumineuse, dressaient les uns auprès des autres leurs pétales
éclatants et simples sur le cordon tendu de sa < mince > tige verte,
ses fleurs et pétales sa fleur éclatante et simple comme un seul
< vaste > pétale rouge. Tel il s’élevait tout seul sur la pente du
talus au milieu des herbes, et par moments le vent faisait bou
6. JS, p. 461.
Motifs poétiques 187
< courbait > faisait < à l’ombre > trembler sans l’arracher sa
flamme rouge assez légère pour qu’il pût jouer avec elle […]
f° 260
Et rien n’était plus beau […] qu’un grand rosier bengale, portant
non des roses à mi-hauteur de sa tige comme des flammes hissées
le long d’un mât, mais une seule rose épanouie et pourprée, coupe
de sang éclatant et sombre, d’où ne cessaient de s’échapper, légers
et violets, invisibles et onctueux, tous les parfums d’Asie.
7. JS, p. 321.
188 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
f° 100 v°
f° 26 v°
f° 19
3. Sa symbolique
[…] – et le vent chaud qui arrivait des plaines leur apportait par
bouffées des senteurs de lavande, avec le parfum du goudron
s’échappant d’une barque, derrière l’écluse.
Dans les coins les plus lointains, les plus perdus, on s’émerveille
de la voir fleurir d’elle-même, comme dans un vallon écarté un
coquelicot pareil à ceux du reste du monde, lui qui ne les a jamais
vus, et n’a jamais connu que le vent qui fait frissonner parfois son
rouge chaperon solitaire. (p. 118)
f° 160 r°
2. CSB, p. 299-302.
3. Ibid. p. 618-639.
Motifs poétiques 199
4. DCS, p. 193.
200 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
2. La fenêtre-tabernacle et le soleil-ostensoir
37 v°
Le soleil se couchait
< Une lumière rose entrait dans ma fenêtre, la [illis.] en cercle >
J’entrouv Je quittai mon lit je tirai les rid eaux < m’approchai > /
< tirai > rouges de la fenêtre comme comme les courtines ceux qui
protègent le Saint des Saints. Une / Une fois écartés ils laissèrent
voir comme un tabernacle le ciel et dont l’écartement découvrait
la mer < et le ciel illuminé > comme un tabernacle entrouvert à qui
la ligne < à angles aigus > < sur la charnière > d’ horizon servait
de charnière et contenait un soleil comme un ostensoir un soleil
aux larges rayons d’or.
38 r°
6. CSB, p. 636-637.
Motifs poétiques 203
7. CSB, p. 254.
204 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
f° 27
Cet abri naturel, sous les arbres, est repris dans les premières
versions de « Combray ». En revanche, l’abri « culturel », le porche de
Saint-André-des-Champs, ne sera intégré que très tardivement, sur une
dactylographie.
f° 32
Revenons au soleil-ostensoir :
226 v°
< Mettre cette 1ère phrase < bien > avant quand on est loin >
de l’immense plaine de blé on voyait les deux clochers effilés,
jaunissants grumeleux effilés, jaunissants et grumeleux comme de
grands épis, les deux clochers merveilleux et rustiques de Saint
André des champs
17. Grâce à une remarque d’Emily Eells lors de notre communication, nous
précisons que cette description du porche doit beaucoup à celle faite par
Ruskin dans La Bible d’Amiens. Nous avons effectivement découvert en
lisant le passage (p. 260-264, 285) que Ruskin, traduit par Proust, décrit « la
jolie petite madone française qui en occupe le milieu avec sa tête un peu de
côté, et son nimbe mis un peu de côté aussi comme un chapeau seyant » et le
symbolisme floral des sculptures. Cela ne nous semble pas pour autant être
incompatible avec notre propre interprétation car, comme nous le signalons
dans notre réflexion sur « Proust et Ruskin » (Quatrième Partie, chapitre I),
Proust, sur les traces de Ruskin, à Amiens, fait l’aumône à un mendiant en
pensant à Frédéric dans L’Éducation sentimentale. Ce conseil de Ruskin est
donné dans La Bible d’Amiens (p. 264) ; Proust a pu penser à Flaubert en
voyant le porche décrit par Ruskin. Jean Levaillant avait affirmé bien avant
nous : « au souvenir de Ruskin et des cathédrales se mêle celui de France »,
précisant ensuite que Proust a fait de France « une sorte de parnassien
préraphaélite » (« Notes sur le personnage de Bergotte » p. 45 et 46).
212 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
226 v°
Comme cette église était française. Elle savait l’histoire à peu près
de la même. Elle savait l’histoire. Elle semblait du même temps
que l’âme < ou plutôt comme si les siècles n’avaient été que des
saisons pour un rajeunissement éternel une sorte d’hiver de cette
âme populaire où les formes éternelles dans ce qui doit
refleurir […]. Les petits anges > qui de Françoise et les petits
anges courant dans les sculptures placées au dessus de la porte
autour de la Sainte Vierge avaient pour lui soutenir la tête, la
soulever, apporter des cierges, avaient exactement cet air révérend
et zélé devant la maladie de gens qui ont leur fierté mais changent
devant la maladie [illis] que j’avais remarqué dans la figure du
jeune Théodore qui semblait avoir servi de modèle à ces jeunes
gens qui lui ressemblaient à s’y méprendre et duquel c’était bien le
nez futé, les yeux ronds, les grosses joues / qui / la tail / tournure
délurée qui avaient été incrustés dans la pierre de < grisonne >
de Méséglise, qu’on s’imaginait voir sur les grosses joues < des
214 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Conclusion
f° 20 r°
Ce n’est pas qu’elle n’eût de la < une immense > pitié pour tous
les malheurs mais il fallait qu’ils frappassent des inconnus qui lui
devenaient aussitôt sympathiques. Si en faisant le déjeuner elle
entendait dire qu’il y avait beaucoup de misère à Java, elle se
représentait aussitôt ces malheureux et fondait en larmes.
Motifs poétiques 225
Dans ce livre où il n’y a pas un seul fait qui ne soit fictif, où il n’y
a pas un seul personnage « à clefs », où tout a été inventé par moi
selon les besoins de ma démonstration, je dois dire à la louange de
mon pays que seuls les parents millionnaires de Françoise ayant
10. Indication fournie par le Quid qui précède l’édition Robert Laffont de À
la recherche du temps perdu, collection Bouquins.
11. Annick Bouillaguet, Marcel Proust, le jeu intertextuel, éd. du Titre, 1990.
12. TR, p. 231.
226 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
quitté leur retraite pour aider leur nièce sans appui, que seuls ceux-
là sont des gens réels, qui existent13.
13. Il s’agit des Larivière qui étaient parents avec Céleste Albaret.
14. Corr., Tome VI, p. 268.
15. Ibid. Tome XII, p. 129 et 236.
Motifs poétiques 227
f° 21 r°
Créature une < des > plus tendres peut-être que j’aie jamais
connues
Cette créature qui avait pour les ses neveux et nièces une tendresse
allant jusqu’au / et complet oubli de soi qui serait allé facilement
jusqu’au sacrifice de sa propre vie, avait à l’endroit des autres
domestiques des cruautés inflexibles et réaffirmées comme celles
que l’ [blanc laissé par l’auteur] qui est une mère admirable pour
ses petites abeilles a à l’égard de < toute espèce > de bourdons. Il
y a un été où nous n’avons elle ne nous a fait manger tous les jours
< soirs > des asperges que parce que leur odeur donnait
d’effroyables crises d’asthme à une fille de cuisine qui fut de cette
façon obligée de s’en aller. Au fond nous même nous tremblions
un peu devant elle. […]
f° 29
Cahier 7, folio 5
fos 61 et 62
f° 61 v°
Hélas ces poulets ces poulets que < moi aussi > j’avais aussi
trouvé (sic) excellents quand Françoise nous les servait, < j’en
avais eu un jour une vision bien différente > un jour que j’étais
descendu à la cuisine < demander le menu > j’avais été épouvanté
de voir Françoise se battre avec l’un deux vivant encore et qu’elle
ne pouvait pas arriver à tuer. Et Françoise l’appelait sale bête
parce qu’il ne se laissait pas tuer assez volontiers et quand il fut
tué mort, s’essuyant le front, le regarda qui n’avait pas encore par
ce mot apaisé sa rancune et redit : « sale bête ». Dès lors j’avais eu
horreur de Françoise et j’aurais voulu qu’elle quittât la maison le
soir même à l’instant même. Mais elle faisait si bien mes brioches,
mon chocolat, mon café, ces poulets même et tout donnerait tant
de plaisirs si que je m’efforçais de ne plus penser à sa cruauté. Et
234 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Jean ignorait encore que pour avoir une belle oie rôtie qui,
magnifiquement membrée et brillante de jus, excitait dans son
palais des désirs innocents, il avait fallu épouvanter une bête, lutter
avec elle, lui tordre le cou et faire couler des mares de sang sur
l’évier de la cuisine (et quand il entendait des cris et des
débattements effrayés dans la cour, il croyait qu’on punissait sans
lui faire mal un coq méchant avec les poules) […] (p. 282)
que donne le curé et qui porte sur les noms de lieux et les noms de
saints. C’est d’ailleurs l’ajout le plus important sur ces épreuves. On
apprend ainsi que sancta Eulalia est devenu en Bourgogne saint Eloi
et que la pauvre Eulalie risque de devenir un homme après sa mort.
Cet exemple fait suite à celui de saint Hilaire. Or le texte imprimé le
présentait comme « une espèce de dame en robe jaune » ; « espèce
de » est rayé, ce qui a pour effet d’accentuer l’ambiguïté du
personnage. « Théodebert » remplace « Childebert », faisant écho à
Théodore qui est aussi cité dans ce passage. Or, comme le font
remarquer Bernard Brun et Anne Herschberg-Pierrot23, « Théodore
est le nom d’une sainte, qui se déguisa en homme et joua de
l’ambiguïté de son prénom. Son histoire est racontée dans La Légende
dorée24 ». Avant de revenir sur le mystérieux Théodore, observons
que « Gilbert » est venu se substituer à « Fulbert ». Or, lors du « Dîner
Guermantes, « la dame forte en littérature », voulant connaître le nom
de l’auteur de Salammbô, comprend « Paul Bert ou Fulbert ». Il y a, là
encore, une étrange coïncidence onomastique.
diffuser une lumière trouble qui trompe le lecteur ou plutôt qui l’incite
à se demander ce qu’elle dissimule comme secret, non plus secret de
tragédies anciennes mais secret d’écriture.
1. TR, p. 66-67.
2. Mireille Naturel, « Les figures proustiennes », La Phrase longue dans Le
Temps retrouvé de Marcel Proust, thèse de 3e cycle, Paris III-Sorbonne
nouvelle, 1982, p. 123-130.
3. Mireille Naturel, « Le texte romanesque », Pour la littérature, CLE
International, 1995, p. 57-68.
246 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
10. Une seule petite différence entre ces deux textes : l’édition de 1927
indique « les manières des Guermantes » alors que Laffont propose « les
manières de Guermantes ». Cette hésitation entre « de » et « des » paraît une
broutille et pourtant elle renvoie à un choix entre un groupe social et un lieu,
même si les deux sont liés.
250 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
13. Pour ce passage, nous nous aidons de la transcription donnée par Bernard
Brun dans l’édition GF, note 5 p. 467.
252 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
[Hélène :]
J’ai souvenir d’un pays lointain, d’un pays oublié. La queue d’un
paon, immense et déployée, en ferme l’horizon, et, par l’intervalle
des plumes, on voit un ciel vert comme du saphir. Dans les cèdres,
avec des huppes de diamant et des ailes couleur d’or, les oiseaux
poussent leurs cris, pareils à des harpes qui se brisent. J’étais le
Conclusion
DU SOCIAL ET DE L’ESTHÉTIQUE
Page laissée blanche intentionnellement
LE GRAND-HÔTEL DE BALBEC
ou « le feuilletage » flaubertien
Cahier 12
f° 42 v°
ReSommeil
femme naissant avec Ève
sensations bizarres
Querqueville
____
Cahier 26
f° 22
Rien n’est plus différent de l’air < air > grumeleux ne ressemblait
moins aux chambres de Combray que les < ces > chambres de
Querqueville pleines d’un air poussiéreux, grumeleux, pollinisé,
comestible, que les < grandes > chambres < claires > de
Querqueville où entre les murs frottés au ripolin, flottait un air
verni, < dans > une atmosphère pure < saline, vernies comme l’eau
bleue qui remplit une piscine de marbre > < et > vernie le soleil
sem on avait regard < et > le soleil semble à l’ étouffé dans la
chambre chaude < qui s’était mis au chaud > semblait pourtant
< n’avait laissé > entrer qu’une lumière épurée par le vent qu’on
voyait passer < à travers le vitrage > sans le sentir, à travers le
vitrage, pourtant les mouettes gonflent les voiles sur la mer qu’une
ligne immense et minutieuse < précise > divisait en champ bleu et
le/s par la fenêtre < encore > fermée < à midi > après la grave
entrée en attendant que le vent qu’on voyait dehors < [illis] >
faire claquer les drapeaux alors sans le sentir puisse le rejoindre,
s’était séparé de lui. […]
f° 49
Querqueville suite
C’était un petit hôtel de commis voyageurs < logé > dans une
vieille a abbaye qui était devenue au XVIIIe siècle l’hôtel d’un
riche armateur. À côté de ma chambre était un petit salon
< rectangulaire >, < assez > étroit et long, dont les murs
charmants et just étaient < tout en boiseries >. Il faut l’avoir
f° 38 v°
À Querqueville (mettre en son temps) j’allais
Fenêtres
22. Esquisse XXXIV, [«Le soleil rayonnant sur la mer »], Pléiade II, p. 905-
906.
Du social et de l’esthétique 275
f° 36 v°
J’allai à ma fenêtre fermée, dans sa plus gr ne contenait dans sa
plus grande partie que des nuages dorés par le soleil couchant
[…]
fort bien compris puisqu’il l’a intégré dès les premières lignes de son
pastiche « L’Affaire Lemoine par Gustave Flaubert », en lui faisant
illustrer les originalités syntaxiques de son modèle qui traduisent une
nouvelle vision du monde :
f° 60
Les châtelains de Querqueville connaissaient plus de monde à
Querqueville plage qu’un châtelain n’en connaît généralement
dans la ville d’eaux ou // [f° 61] dans la station de bains de mer
voisine parce que Querqueville plage était à cause de la proximité
le lieu de villégiature de beaucoup de familles de la province,
noblesse, bonne bourgeoisie, magistrature révoquée au moment
des décrets, ou restée à son poste malgré ses sympathies ou ses
attaches cléricales, qui tous venus de plus ou moins loin, du chef-
lieu, d’un château situé entre le chef-lieu et la sous-préfecture, de
telle autre sous-préfecture rassemblaient < composaient > à
Querqueville comme les diffé avec des familles triées dans toutes
les parties, les régions, à distances plus ou moins éloignées, de la
Normandie dont la dispersion et la variété, concentrées et fondues,
donnait à cette petite plage une sorte de « caractère », d’harmonie,
que n’ont pas les plages où ne venaient que des éléments tout à fait
étrangers et de hasard*. Le prési Aussi Ces gens là qui revenaient
tous les ans ne < prenaient pas les mêmes trains que nous > ne
partaient pas aux mêmes heures. « Ah ! c’est vrai vous ne prenez
pas et en < tiraient sans ostentation > tiraient avec une aimable
Du social et de l’esthétique 279
28. Voir l’intéressante analyse qu’en fait Anne Simon dans son article sur
« Proust et la superposition descriptive », BIP n° 25, 1994, p. 151-166.
29. Pléiade II, note de la page 41. L’image de l’aquarium évoque la
description de la soirée à l’Opéra dans Le Côté de Guermantes I : le Marquis
de Palancy est comparé à « un poisson qui passe, ignorant de la foule des
visiteurs curieux, derrière la cloison vitrée d’un aquarium » (GF, p. 106).
30. AD, p. 180-181 : « Mais cette dernière renaquit soudain, […] ou bien
dans une cabine abandonnée, au pied de la falaise. »
282 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Conclusion
Dans les deux cas, la fenêtre est lecture du monde. Et, pour
cette raison, avec Proust, ce sur quoi elle donne se transforme, en
fonction de l’évolution de la Recherche : le vitrage dans le Grand-
Hôtel de Balbec est à la fois un révélateur social et esthétique ; à la fin
de Sodome et Gomorrhe II, c’est à l’intérieur du cadre de la fenêtre, au
soleil levant, que s’inscrit une représentation de l’homosexualité à
travers une scène imaginée par le narrateur entre Albertine et
Mlle Vinteuil à Montjouvain. Curieusement, cette évocation
correspond, une fois encore, à un ajout marginal31. Dans Albertine
3. LP, p. 260.
4. Voir Cinquième Partie, chapitre I.
Du social et de l’esthétique 287
5. CSB, p. 12-15.
6. « Critique du roman de M. Gustave Flaubert sur l’“Affaire Lemoine” par
Sainte-Beuve, dans son feuilleton du Constitutionnel », CSB, p.16-21.
7. CSB, p. 299.
8. Voir Jean Milly : « en matière de style littéraire, [Proust] adopte des
notions picturales ou musicales comme la couleur, le reflet, le fondu, le
chant, l’instrumentation, la récurrence des motifs et la composition
cyclique », « Proust, écrivain de style », Marcel Proust, Camins creuats III,
Universitat de Lleida, Pagès editors, 1997, p. 49.
9. TR, p. 84.
288 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Elstir « une phrase sur les aubépines, une phrase sur les pommiers,
une phrase sur les boutons d’or ». Le tableau est alors perçu comme
l’équivalent d’une donnée stylistique ; réciproquement, le portrait
littéraire deviendra transposition d’un portrait pictural, tout en
intégrant des emprunts littéraires.
2. Le portrait du danseur-pasticheur
20. CG I, p. 258-262.
21. Cahier 67 (N. a. fr. 18317)) et RTP, I, Esquisse JFF, III, [Le plaisir
théâtral est fugitif], p. 1001-1002.
22. Pléiade, II, Esquisse XVII, [Au théâtre avec Montargis], p. 1151.
Du social et de l’esthétique 293
référence qui, selon les critiques23, semble avoir une double origine,
les sanguines du peintre (à cause des « joues crayonnées de rouge »)
et le poème de Baudelaire, « Les Phares » (pour la comparaison avec
le papillon). Nous ajouterons le poème de Verlaine, « Clair de lune »
(Fêtes galantes), pour l’atmosphère mélancolique, et le tableau de
Watteau, L’Indifférent.
noire < mauve > », en jupe « cerise < hortensia > » et sur la gestuelle
du danseur : « faisait des signes avec ses mains » complété par
« esquissant de gracieux » et « les paumes retournées ». C’est à partir
de ce détail qui est, en fait, capital puisqu’il permet l’identification de
ce portrait avec celui de L’Indifférent et va être le déclencheur de la
scène d’auto-imitation, que le processus de réécriture s’amplifie et
amène l’auteur à recopier le passage intégralement, en ajout marginal,
sur le folio suivant. La seule rature qui figure, dans cet ajout, porte sur
« pantalon » qui s’était substitué à « jupe » avant de redevenir
« pantalon ». La comparaison avec le papillon, qui rappellerait
Watteau, est également l’objet de biffures et de réécriture. Enfin, dans
cette version, le danseur « se mit à se30 refaire le mouvement de ses
paumes […]. L’auto-réflexivité ne pouvait être mieux exprimée… Un
passage du folio 133 se montre particulièrement révélateur, à ce
propos :
« Est-ce qu’elles font aussi comme ça avec les femmes ces petites
mains-là, dit-elle au danseur d’une voix facticement mélodieuse et
innocente d’ingénue » Et encore bien d’autres choses, répondit le
danseur d’un air mysté Le danseur sourit mystérieusement < à
l’artiste >. « Oh, tais-toi, tu me rends foulle » lui < lui > cria
l’artiste < -t-elle > tandis qu’on venait lui dire […]
« Mais, ce que Claudel ne voit pas et qui crève les yeux, c’est
l’énorme bosse boursouflant la culotte de soie. Il bande… Jamais
peut-être la peinture n’a été aussi discrètement obscène qu’avec
Watteau. ». Cette interprétation est reprise et précisée dans le
Catalogue de l’exposition Watteau de 198435 : « Si les titres des deux
œuvres veulent susciter la curiosité, il ne nous paraît pas exclu que La
Finette peut-être, L’Indifférent en tout cas, aient une connotation
sexuelle prononcée, pédérastie ou onanisme pour ce dernier. » Proust
ne va pas jusqu’à l’obscène dans les transpositions scripturales de
tableaux picturaux, ou, inversement, dans les représentations
picturales d’emprunts littéraires, citées dans cette étude, mais il
inscrit, néanmoins, le principe d’une ambivalence sexuelle, en s’auto-
représentant.
1. Impressions de lecture
2. Confirmations génétiques
donné le goût des cartes, proposé < avait proposé > une partie
< d’écarté > à Cottard. Et ils étaient tous les deux installés devant
une petite table à jeux des
que Madame Verdurin avait apportée de Paris. Chacun d’eux tira
une carte. On découvrit aisément dans le tiroir une commode
appartenant aux Cambremer une boîte en bois de rose incrustée de
losanges d’ivoire où se trouvaient des jetons de cuivre doré et
ciselé et d’autres
qui firent parfaitement l’affaire. [ce dernier paragraphe est
rayé ; effectivement, il ne sera pas repris dans les versions
suivantes] Pour savoir qui commencerait « Ié coupe» dit le
docteur contrefaisant l’accent des Américains du sud. Ses enfants
éclatèrent de rire. J’ai / La carte la plus forte échut au flûtiste :
« À vous l’honneur ! » dit Cottard. Est ce que / Qu’est ce que
vous dites d’un charmeur comme cela dit Mme Verdurin en
montrant < à Charlus et à Cambremer > qui, au lieu de nous
enchanter, joue à l’écarté. Lui qui joue très si bien Quand on joue
de la flûte comme lui » « Il joue < aussi > à merveille aux cartes »
dit M. de Charlus qui dans le dos d < debout derrière > le flûtiste
< pour > le conseillaiter et le conseillait avec une admiration
béate < paternelle et > béate. [ajout en bas de page : M. de
Charlus répondit cela] « Et puis dit Mme Verdurin à M. de
Charlus […]
306 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Il joue < aussi > à merveille aux cartes » dit M. de Charlus qui
dans le dos d < debout derrière > le flûtiste < pour > le
Du social et de l’esthétique 307
[…] la vallée qui commençait à être éclairée par la lune < était
maintenant toute neigeuse de la lune >
LA CRÉATION LITTÉRAIRE
Page laissée blanche intentionnellement
LA PRÉSENCE MYSTÉRIEUSE DE FLAUBERT
DANS L’ŒUVRE DE PROUST
l’haleine du passé, […] » (f° 36) et qui devient de plus en plus une
référence pour lui. Flaubert retient l’attention de Proust par ses
oeuvres – à cette époque, Proust montre un intérêt particulier pour les
Trois Contes et pour la Correspondance – et par sa réception par les
critiques littéraires de l’époque, Sainte-Beuve mais aussi Goncourt (ce
qui peut expliquer l’introduction de Flaubert dans le pastiche de leur
Journal dans Le Temps retrouvé). Trois passages du Carnet 1 méritent
d’être commentés : celui où Proust cite saint Julien l’Hospitalier, celui
où il compare Sainte-Beuve à Flaubert, et enfin celui où il évoque
longuement les Lettres à Caroline. Au folio 16 v°, l’indication « saint
Julien l’Hospitalier, le citer / dans Van Blarenberghe. S’en souvenir
toujours. Van Blarenberghe, » est une référence au texte intitulé
« Sentiments filiaux d’un parricide4 » qu’a fait paraître Proust dans
Le Figaro du 1er février 1907.
5. Lettre CCLXXVIII. Les Lettres à sa nièce Caroline ont été publiées chez
Fasquelle, en 1906. Kolb donne ses références dans l’édition Conard des
Œuvres complètes, 5e série, 1910.
6. Ibid., lettre CCXC.
La création littéraire 319
7. TR, p. 281.
320 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
[…] est-ce que vous ne voulez pas pour vous remonter un peu du
vin vieux dont j’ai en bas une bourrique (sans doute pour
barrique) ? Je ne vous l’apporterai pas sur un plat d’argent comme
la tête de Ionathan et je vous préviens que ce n’est pas du Château-
Lafite mais c’est à peu près équivoque (pour équivalent)14.
14. SG I, p. 247.
15. TR, p. 260.
La création littéraire 323
était déjà sur épreuve. Doit-on en conclure que Proust devint soudain
friand d’illusion de réalité ou bien qu’il n’attendait qu’une
confirmation de ses souvenirs ou de son imagination ? Le plus
curieux, en fait, dans ce passage, c’est la rencontre de personnes
réelles (la Princesse Mathilde a bel et bien existé et a eu l’activité
décrite) et de personnages de fiction (Swann, son épouse et le
narrateur). Flaubert y est aussi cité en tant qu’être de chair, devenant
ainsi un contemporain du narrateur. Enfin, ce passage, qui est,
rappelons-le, un ajout, précède immédiatement la rencontre avec
Bergotte, présenté lui aussi au narrateur par Swann et son épouse.
Cette rencontre capitale est longuement commentée et l’idée
essentielle qui s’en dégage est que le narrateur est déçu,
« mortellement triste », car Bergotte ne ressemble pas à ses livres.
Dernière subtilité de l’auteur : au milieu du récit de la Princesse et de
ses démêlés diplomatiques avec le Tsar Nicolas, déjà évoqués dans
l’article du Figaro et appartenant à la réalité historique, Bloch fait
irruption et salue sans s’arrêter. Est-il utile de le rappeler : c’est lui qui
le premier a parlé de Bergotte au narrateur… On peut donc voir dans
cette rencontre avec la Princesse Mathilde présentée comme « l’amie
de Flaubert » une préparation à la “grande rencontre”, celle de
l’écrivain Bergotte, et une représentation d’une certaine image de la
littérature, celle du biographique. Le narrateur en est encore au temps
des découvertes, de l’apprentissage.
Et on peut dire que ce sont les meilleurs, les plus intelligents qui
sont ainsi, vite redescendus de la sphère où ils écrivent Les Fleurs
du mal, Le Rouge et le Noir, L’Éducation sentimentale – et dont
La création littéraire 327
Proust lui-même nous éclaire sur le rôle qu’ont joué pour lui
Flaubert et Ruskin. Dans « Journées de pèlerinage ; Ruskin à Notre-
Dame d’Amiens, à Rouen, etc.21 », le narrateur raconte comment,
arrivant à la cathédrale d’Amiens, il s’est mis à faire l’aumône aux
mendiants, suivant en cela « les prescriptions ruskiniennes ». Or, ce
geste lui évoque le souvenir de « Frédéric Moreau dans L’Éducation
sentimentale, quand sur le bateau il allonge vers la casquette du
harpiste sa main fermée et “l’ouvrant avec pudeur” y dépose un louis
d’or. “Ce n’était pas, dit Flaubert, la vanité qui le poussait à faire cette
aumône devant elle, mais une pensée de bénédiction où il l’associait,
un mouvement de cœur presque religieux”. » (p. 82). La citation du
texte de Flaubert est exacte alors que le manuscrit cité en note fournit
une version beaucoup plus approximative, sans aucun doute donnée de
mémoire :
21. CSB, p. 69-105. Comme l’auteur le précise en note : « Une partie de cette
étude a paru au Mercure de France, en tête d’une traduction de La Bible
d’Amiens. » Ce texte était d’abord paru sous forme d’article avec le titre
« Ruskin à Notre-Dame d’Amiens » dans le Mercure de France d’avril
1900 ; il constitue la IIe partie de la préface à la traduction à La Bible
d’Amiens, parue en 1904.
La création littéraire 329
Dans cet ordre d’idées, les pastiches < même petits > qu’on a lus
de moi ne sont que la continuation de l’effort qui commence sur le
pont vieux, du côté de Méséglise, et au lieu de dire devant Renan
ou Flaubert Zut, que c’est beau, de tâcher à revivre exactement ce
que nous exprimons d’une façon si inadéquate et confuse.
3. DCS, p. 266.
4. Voir Jean Milly, « Introduction » de L’Affaire Lemoine, p. 46 et
Esquisse LV de l’édition de La Pléiade, p. 836.
5. Première partie, fin du chapitre IV, p. 99-100.
334 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Cahier 26, f° 10 v° :
Cahier 58, f° 20 v°
Cahier 8
f° 37
Cahier 10
fos 16-17
les plus simples. C’est lui qui les achemine vers les suivantes, qui
préside chemin faisant au choix des adjectifs À cette époque là
quand elle lisait la correspondance de George Sand et de Gustave
Flaubert, chaque parole mot si noble et si senti de George Sand
augmentait son admiration et sa sympathie pour elle, les lettres
grossières ou prétentieuses de Flaubert l’écœuraient. Elle trouvait
entre leurs “natures” (tout à l’avantage de George Sand) une
énorme inégalité entre leurs deux “natures” qu’elle pensait exister
aussi entre leurs deux talents. Les lettres grossières ou
prétentieuses de Flaubert l’écœuraient comme la révélation d’une
nature pauvre et vulgaire. Chaque réponse Dans les lettres de
George Sand < au contraire, et dans tous ses livres > elle sentait
s’épancher avec ce naturel que ma grand-mère lui avait dit être la
distinction suprême, le trop plein d’une nature riche et
noble : chaque mot d’elle il n’y avait pas d’écrivain pour qui elle
eût plus d’admiration parce qu’il n’y avait Aussi lisait-elle
admirablement l’œuvre < les romans > de George Sand parce
qu’elle éprouvait une admiration faite de sympathie Aussi lisait-
elle admirablement George Sand qui ét à haute voix < tout haut >
cette prose qui semblait écrite pour sa voix dans le registre de sa
sensibilité. Les phrases Aux phrases les plus simples […]
1. Du coquillage à la coquille
4. CG II, p. 138.
5. Information donnée par Pierre-Marc de Biasi dans son édition des Trois
Contes, L’École des Lettres / Seuil, note 1, p. 27 : « De l’anglais God fish
(poisson de Dieu) : nom local donné à la coquille Saint-Jacques, et
quelquefois à l’ormeau. Dans la Légende, allusion aux coquilles Saint-
Jacques des pèlerins. »
La création littéraire 349
f° 5 r°
(et cependant) comme ces images évoquées par une musique qui
semble ne pas pouvoir les contenir, ce pas passant d’un des pavés
de cette cour à l’autre, précipitait à mes yeux de plus en plus
d’azur aveuglant, de soleil, d’été bienheureux, de fraîcheur, mes
lèvres se tendaient, mes yeux étaient éblouis et caressés par l’azur
comme par le reflet d’une étoffe somptueuse, une joie
bienheureuse m’emplissait […]
des couleurs, des reflets, des somptuosités qui renvoie à Ruskin (« des
bouquets de roses ou de lys tissés et son velours ou sa soie »,
« fauteuils en soie lamée d’argent et semée de bouquets de roses »,
« bouquets de roses mousseuses », « golfe d’or »).
C’est évidemment dans le passage sur les aubépines13 que
s’opère le mieux cette fusion du sensuel et du sacré qui unit Proust à
Flaubert. La rencontre avec les fleurs se fait précisément pendant le
mois de Marie, ce mois que Proust mentionne dans le passage du
cahier du Temps retrouvé (Cahier 57) qui a été le point de départ de
notre réflexion. Elle se déroule à l’église puisque ces fleurs décorent
l’autel. Très vite, les aubépines sont associées dans l’esprit du
narrateur à des jeunes filles qui éveillent ses sens et deviennent source
de désir. Nous ne referons pas l’analyse que Bernard Brun14 a très
bien menée et que nous résumons par ce court extrait :
15. DCS, note 276, Emprunt à Ruskin (Stones of Venice), traduit par R. de La
Sizeranne : « Une cité de marbre, ai-je-dit ? non, plutôt une cité d’or pavée
d’émeraudes. Car, en vérité, chaque pinacle et tourelle brillait et brûlait
chargé d’or ou repoussé de jaspe ».
16. DCS, p. 534 : « “majestueux […] leur manteau sanglant” » ; « “rochers
358 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Hélène jette des yeux égarés sur ce qui l’entoure, elle lève la tête
au ciel, se recueille un instant et commence d’une voix couverte.
– J’ai souvenir d’un pays lointain, d’un pays oublié ; la queue du
paon, immense et déployée, en ferme l’horizon, et, par l’intervalle
des plumes, on voit un ciel vert comme du saphir. Dans les cèdres,
avec des huppes de diamant et des ailes couleur d’or, les oiseaux
poussent leurs cris pareils à des harpes qui se brisent ; sur la
prairie d’azur les étoiles dansent en rond. J’étais le clair de lune, je
perçais les feuillages, je me roulais sur les fleurs, j’illuminais de
mon visage l’éther bleuâtre des nuits d’été18.
avait dépeint « un ciel vert comme du saphir ». Proust avait lui aussi
fait référence au saphir dans la version initiale que nous avons citée
« un ruissellement ensoleillé d’argent d’émeraude et de saphir » mais
avait pris soin de faire apparaître l’émeraude pour désigner la couleur
verte. Le « ciel vert comme du saphir » se transforme, chez Proust, en
« océan vert et bleu comme la queue d’un paon ». Le saphir est
complété chez Flaubert par le diamant et l’or, chez Proust par
l’émeraude et l’argent.
1. LP, p. 162-166.
2. Corr., Tome XXI, p. 439.
3. Ibid., p. 452.
364 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
4. Ibid., p. 456.
5. LP, note 12, p. 529
6. Voir Annexe 3.
La création littéraire 365
Or, ce même procédé est utilisé par Proust dans Jean Santeuil, à
propos de l’écrivain rencontré par Jean et Henri à la ferme de
Kerengrimen :
7. AD, p. 211.
8. Jean-Yves Tadié, « Rédaction de Jean Santeuil » et « Qu’est-ce que Jean
Santeuil ? », Marcel Proust, Biographies, NRF, Gallimard, 1996, p. 337-348.
9. Ibid, p. 338 : Tadié se réfère à une lettre que Kolb date de mars 1896
(Corr., t. II, p. 52) pour affirmer que : « La “préface” du roman, appelée par
Proust “premier chapitre”, date de mars 1896, ce qui montre que le procédé
d’enchâssement du récit, remis au narrateur par l’écrivain C., a été conçu
après coup. »
La création littéraire 367
plus grand, le plus beau, le seul véritable, puisque Proust prend ici
expressément pour modèles Frédéric Moreau et Mme Arnoux dans
L’Éducation sentimentale. » (p. 341)
Mais elle vit que ses yeux restaient fixés sur les choses qu’il ne
savait pas et sur ce passé de leur amour monotone et doux dans sa
mémoire parce qu’il était vague, […]
trouvai une odeur exquise et toute particulière, je humai une à une leur
parfum ; comme elles étaient humides, je me les appliquai sur les yeux
pour me refroidir », « [Marie] m’envoyait un parfum plus âcre et plus
irritant ». C’est un véritable tableau qui est dépeint, notamment à
travers les poses de Marie, et on peut considérer que cet aspect
pictural se trouve transposé dans le texte proustien par la référence aux
« tableaux raphaëlesques d’Elstir ». L’essentiel reste néanmoins la
thématique de la femme-fleur : les violettes répandues sur la gorge de
Marie se mettent à la symboliser aux yeux du narrateur ; Albertine se
transformera pendant son sommeil en « longue tige en fleur ». Si les
deux textes reposent sur un certain voyeurisme de la part du narrateur,
Proust imprime sa marque personnelle en y ajoutant une scène de
masturbation ; et c’est la si curieuse phrase « Je m’étais embarqué sur
le sommeil d’Albertine » qui assure la transition entre les deux temps
de l’épisode. Enfin, ce passage du sommeil au réveil qu’on retrouve
dans les différentes évocations du sommeil d’Albertine et qui fascine
tant le narrateur en tant que facteur de possession était déjà décrit chez
Flaubert, comme moment de bonheur parfait.
« fourreau de satin noir autour duquel flottait une tunique légère, semée de
perles où tremblaient des feux sombres », elle voit, par la fenêtre, « la Seine
traîner ses moires jaunes. » (p. 1)
16. Voir Kazuyoshi Yoshikawa, Études sur la genèse de La Prisonnière
d’après les brouillons inédits.
17. LP, « Introduction », p. 18.
374 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
18. Une note du Cahier 61 (f° 71) établit très clairement un lien entre cette
révélation et « La regarder dormir » : « Albertine à moi Mon chéri Marcel
Près d’Albertine dormant ». Selon Yoshikawa, c’est sans doute après la
rédaction de cette note que l’écrivain a ajouté le passage sur le sommeil
d’Albertine.
19. Lors de la communication qu’il fit à l’ITEM, « Obsessions, hésitations,
suppressions : les histoires du Cahier 27 », le 1er mars 2006, Richard Bales
révéla que dans ce cahier (f° 44 r°), Gilberte a un ami qui se prénomme
Maxime Verdurin. On est tenté d’y voir un souvenir de Maxime Du Camp…
La création littéraire 375
nouveau clin d’œil à Flaubert ? « Car il vous aime autant que moi
vous savez, Gustave (on apprit ainsi que M. Verdurin s’appelait
Gustave). » C’est dans ce même Cahier XI que nous avons relevé la
référence à Flaubert, à la « forme Flaubert », sur une paperole
découpée dans le Cahier 55, allusion qui a disparu du texte publié20.
Comme < de mêm > Souvent ainsi ayant pensé aux premières
violettes, aux pensées, ayant par le désir dessiné par le désir les
premières viole < les fleurs de cerisiers > les violettes, les
pensées, < esquissé > je sentais que la fleur réelle si je l’avais eue
tout d’un coup près de moi serait violettes, aubépines, pensées,
que j’accordais à mes yeux de leur faire voir de vraies violettes ou
de vraies pensées comme on emmène des écoliers visiter des pays
dont ils [ont] entendu décrire chaque site et dont ils rêvent. Et
chaque petite tache de pensées, la surface limpide des violettes,
chaque étamine < les > des aubé Et quand Françoise m’apportait
dans ma chambre, que. De même comme quand au lieu d’une
touffe de // f° 58 : violettes, c’était une jeune fille je laissais entrer
dans ma chambre une jeune fille. Mais si je regardais Mais si je
regardais et respirais les violettes en tâchant de < faire > coïncider
la poser la couleur < faire entrer en moi l’image de la > fleur
Belles formes d’un beau cadre, les bergers dans la lande. Couleur
locale, tous les usages, les objets notamment à l’enterrement
faisant une trame ancienne et locale à cette histoire, sentiment à
comparer à celui de l’histoire orale indiqué dans la préface, […]
(p. 94)
29. Voir, à ce propos, la longue note de Jean Milly, dans l’édition GF, qui
justifie sa décision de maintenir les deux occurrences (p. 108 et 226), même
si elles sont presque identiques, et rappelle que « Proust avait pris l’habitude,
surtout dans des passages rédigés tardivement, de faire des allusions à des
personnes réelles qu’il connaissait et à qui il voulait faire plaisir […] ».
La création littéraire 383
35. Jean Milly dans l’Introduction de son édition des pastiches de L’Affaire
Lemoine, 1970, et surtout dans sa longue étude « Cris de Paris et désir de
glaces » dans Proust dans le texte et l’avant-texte, 1985 ; Philippe Lejeune,
« Écriture et sexualité », Europe, fév-mars 1971 ; Jean-Pierre Richard,
Proust et le monde sensible ; Elisabeth Cardonne Arlyck, « Pièce montée et
sorbets : Flaubert et Proust », French Forum, January 1978, Lexington,
Kentucky, volume 3, Number 1 ; Emily Eells, « Proust à sa manière »,
Littérature n° 46, 1982 ; Gérard Genette, Palimpsestes, 1982.
388 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
« C’était le jour où les Verdurin recevaient […] » qui fixe un cadre qui
sera aussitôt abandonné ? Le seul point commun que l’on puisse
trouver à ces deux femmes (mise à part une certaine bivalence
suggérée dans le cas de Mme Bovary, soupçonnée dans le cas
d’Albertine) réside dans le fait que les deux auteurs, réel ou fictif, se
retrouvent en elle : « elle est mon œuvre » dit le narrateur
proustien ; « Madame Bovary, c’est moi ! » s’exclame Flaubert.
Certes, ils ne se placent pas sur le même plan, l’un a façonné la femme
aimée, pour ce qui est de son langage ; l’autre rejoint son héroïne dans
ses aspirations.
38. Deuxième partie, chap. XII, p. 223, « Au galop de quatre chevaux, […]
ils habiteraient une maison basse à toit plat, ombragée d’un palmier, au fond
d’un golf, au bord de la mer. »
39. Première partie, chap. V, p. 120, « Quand il allait au Jardin des Plantes, la
vue d’un palmier l’entraînait vers des pays lointains. Ils voyageaient
ensemble, au dos des dromadaires, sous le tendelet des éléphants, […] »
40. Ibid. p. 120.
La création littéraire 391
[…] tout s’était désagrégé, les formes, – et celle aussi du < petit >
coquillage du pèlerin de Saint-Jacques < de pâtisserie >, en < si
grassement > sensuelle < sensuel > pâtisserie, sous son plissage
sévère et dévot, – s’étaient abolies.
Pour des raisons qui seraient trop longues à développer ici, je crois
que la métaphore seule peut donner une sorte d’éternité au style, et
il n’y a peut-être pas dans tout Flaubert une seule belle métaphore.
Bien plus ses images sont généralement si faibles qu’elles ne
glaces, les églises, citées d’abord comme l’une des formes que
peuvent prendre les glaces, puis précisées et explicitées en tant
qu’« églises vénitiennes ». Cette première production littéraire du
narrateur, ou qui est du moins revendiquée comme telle, porte-t-elle
des traces de l’influence flaubertienne ? Elle nous paraît être la
parfaite illustration de ce renouvellement de vision qu’a opéré
Flaubert en accordant la même autonomie aux choses qu’aux hommes,
originalité que souligne Proust dans « À ajouter à Flaubert » lorsqu’il
affirme : « Dans [ses] grandes phrases les choses existent non pas
comme l’accessoire d’une histoire, mais dans la réalité de leur
apparition ; elles sont généralement le sujet de la phrase, car le
personnage n’intervient pas et subit la vision ». Lorsque Proust cite
comme exemple « Un village parut, des peupliers s’alignèrent etc. », il
est très proche de son propre texte :
f° 102 v°
Il disait par exemple : on < les arroseurs > admirait < ent > le bel
entretien des routes (et cela c’était facile, je glissais le long de ces
routes) « qui partaient toutes les cinq minutes de Briand et vont et
de Claudel. »
Texte imprimé
Le clocher
De là nous apercevons le clocher de Combray dans
N. a. fr. 16687, f° 5
versos des folios 102 à 105, s’inscrivant ainsi face au folio 103 qui
commençait ainsi :
Pour So
Dans le Côté de Guermantes à Balbec quand je pense à la mort de
ma grand-mère.
Au fond n’avais-je pas été plus ou moins inconsciemment cause de
sa mort. Dès mon enfance quand elle avait ce < un > voyage pour
m’ < afin d’ > avoir les romans paysans de George Sand pour ma
fête, plus tard quand j’exagérais mes étouffements devant elle, et
le dernier jour < surtout > […]
f° 101
“Mylord me reconnaissez- / vous ?” (vieillesse, / vieillesse de
Plantevigne, / Scène de l’Éducation2) / Nouvelle de Thomas Hardy /
et la fuite de Chateau / briand.
f° 15
Depuis quarante ans / littérature dominée par / contraste entre la
gravité de / l’expression et la frivolité de / la chose dite (issue de /
Me Bovary).
f° 16 v°
Saint Julien l’Hospitalier le citer / dans Van Blarenberghe. S’en
souvenir toujours.
f° 17 v°
Ste Beuve paraît / plus intelligent que / Flaubert.
Débuter par méfiance / de l’Intelligence.
f° 19
à Goncourt pas de postérité, / ce qu’il dit sur Me Gervaisais. / Sur
Salambo
dans ses œuvres, / sur Me Bovaryà Goncourt./
f° 21
Lettres à Caroline. / Fin splendide pour un / Coeur simple. Je lis le /
journal de Rouen etc. Je / cause avec domestiques que je ne / trouve
pas plus bêtes que des gens / bien. J’attends le livre sur / le moyen-
âge. Comme je t’ / envie
avec tes plans de / travail. Je resterais bien / à Concarneau tout
l’hiver // la pire chose ingrate / Villemessant “c’est une perte”. Retour
à la / simplicité après travail / comme sueur etc. Plus / naturel que Ste
Beuve. / Parvient le faire paraître / plus petit (ce que dit / Goncourt de
la scène dans / l’Éducation Sentimentale)
Maman au contraire / cache ses citations / aux autres, a tout /
son égoïsme pour / les siens.
Eulalie, gd mère / changeant de chambre sur / la place, en
face de / l’église.
f° 22
Th. Gautier 177 (NL VI) / Bonnes gens je vous arrête. / Flaubert
Bonnes gens [...] il était / parti pour Carthage.
f° 26
Flaubert entre Barrière / et Dumas fils
f° 34
Les Maximes des objections / Boule de Suif et Flaubert / autant que
les phrases dites “prêchantes” (Préface de Middlemarch)
f° 35 v°
Belles formes ds un beau / cadre, les bergers dans la lande. //
Couleur locale, tous les / usages, les objets notamment / à
l’enterrement faisant une trame ancienne / et locale à cette /
histoire [...] / Rien de tout cela dans un Coeur simple, par exemple. /
Par là je veux peut’être plus / Barbey que Flaubert./
FLAUBERT
DANS LA CORRESPONDANCE
DE MARCEL PROUST
Tome II : 1896-1901
p. 41 : À Mlle Maria Hahn
[1895 ou 1896]
[note sur « Lévadé », compositeur de musique, évoqué dans son
pastiche de Flaubert « Mélomanie de Bouvard et Pécuchet »]
p. 123 : À sa mère
[Paris] Mercredi [16 septembre 1896]
[…] J’ai demandé au Cab lec comme tu disais jadis La
Correspondance de Shiller [sic] et de Goethe et un volume de
Flaubert sur la Bretagne c’est du moins entre tant de trésors qu’ils
n’ont pas ce qu’ils m’ont envoyé.
[évoque ensuite l’écriture de son roman]
p. 444 : À sa mère
samedi [soir 31 août 1901]
[au sujet d’une crise d’asthme]
Je m’étais demandé sur une page de Brissaud si comme M. Homais je
n’avais pas d’helminthes.
[La note 4 de la p. 446 précise : Proust lit évidemment l’Hygiène des
asthmatiques, d’Edouard Brissaud (Paris, Masson, 1896), où il est
question, aux pages 188 à 190, d’Asthme vermineux. Proust reviendra
sur ce sujet dans la lettre suivante à sa mère. M. Homais est le
pharmacien dans Madame Bovary de Flaubert.]
Tome IV : 1904
0
Tome V : 1905
p. 113 : À Robert de Montesquiou
Lundi soir [24 avril 1905]
Monsieur, excusez ma lettre si bête que je me sens devenir catoblépas
en l’écrivant.
[La note 5 précise que « Proust fait allusion, semble-t-il, à La
Tentation de saint Antoine, de Flaubert, où l’animal en question est
censé dire : « une fois je me suis dévoré les pattes sans m’en
apercevoir ».]
p. 320 : À sa mère
[Vers les premiers jours d’août 1905 ?]
Ton petit Frédéric (qui n’est autre que ton pauvre Marcel bien que tu
les distingues à tort) retousse et a très mal à la tête.
[Selon la note 2, Proust avait écrit, dans son portrait de Robert de
Flers, en songeant évidemment à lui-même : « Ma vocation pour
écrire, – que tous les autres hommes de lettres d’ailleurs, et pourtant
les seuls compétents nient – se manifeste surtout par mon absence de
vocation pour tout le reste, par l’absence totale des qualités diverses
qui dans la vie font réussir. Je suis peut-être un Gustave Flaubert, mais
je ne suis peut-être que le Frédéric Moreau de L’Éducation
sentimentale. » (La Revue d’Art dramatique, janvier 1897)]
Tome VI : 1906
p. 250 : À Henry Bordeaux
Hôtel des Réservoirs Versailles [Mi-octobre-novembre 1906]
Je n’ai encore lu qu’une moitié de vos pèlerinages spirituels, de vos
paysages romanesques, mais j’en suis déjà trop exalté pour tarder à
Annexes 423
vous en remercier. Moi qui ne vis point comme l’ami dont vous parlez
dans l’avant-propos, mais toujours attaché à un rocher que je sais que
je ne quitterai plus jamais et me nourrissant l’imagination jusqu’à en
trembler de fièvre de la lecture enivrante de la lecture des chemins de
fer, que de désirs vos paroles n’excitent-elles pas en moi de serrer
comme dit Flaubert tous ces lieux de la terre sur mon cœur.
Appendice
p. 353 : À Robert de Montesquiou
[Mars 1904 ?]
[Il s’agit d’une réponse à une lettre au sujet de Ruskin dans laquelle
Montesquiou a dû critiquer ce dernier, notamment à cause de ses
propos à l’égard de Whistler. Proust prend évidemment sa défense.]
Que dire enfin des erreurs de d’Aurevilly sur Flaubert, de Sainte-
Beuve sur Balzac etc. etc.
Tome IX : 1909
p. 19 : À Paul Hervieu
[Le jeudi 14 janvier 1909]
« C’est une grande joie de voir que les honneurs et l’honneur ne sont
pas aussi nécessairement inconciliables que le croyait la génération
de Flaubert. »
[note 2 p. 20 : Allusion, peut-être, à la fin ironique de Madame Bovary
de Flaubert : « Depuis la mort de Bovary… la croix d’honneur. »]
Tome X : 1910-1911
p. 146 : À Reynaldo Hahn
Grand Hôtel, Cabourg [le lundi soir 18 juillet 1910]
[à propos d’un article paru dans un journal]
article qui eût fait plaisir à Flaubert car il recule sensiblement les
bornes de l’imbécillité humaine.
[Au sujet du titre cité par Proust, l’Onanisme et son remède par le
Docteur X., une note signale : « Peut-être a-t-il lu la lettre que Flaubert
adresse à Ernest Feydeau dans laquelle il cite un Traité de l’onanisme
du docteur Tissot.]
Tome XI : 1912
p. 90 : À Robert de Montesquiou
[Le 3 ou le 4 avril 1912]
Je vous remercie plus encore de m’avoir envoyé cette ravissante
Prière des objets conçue à la fois dans le caractère de vos Prières et
du gémissement des Dieux détronés de la Tentation de saint Antoine
entre lesquels je ne juge pas indignes de prendre place vos fleurs des
jardins de fil et vos flammes macbethiques ou baudelairiennes.
p. 70 : À Madame de Noailles
[Vers la mi-février 1913]
Je voudrais réunir quelques articles en volume, et je ne les ai pas
gardés. […] J’aurais eu aussi besoin d’un pastiche de Flaubert et
d’un pastiche de Saint-Simon.
Appendice
p. 410 : À Madame Alphonse Daudet
[Peu après le 19 novembre 1909]
Toutes les belles choses que vous dites sur L’Éducation Sentimentale
sur Flaubert me font penser à une conversation déjà bien ancienne
que j’essaye souvent de me rappeler. Un dîner chez vous où vous
disiez sur le Paris de l’Éducation sur la devanture et l’étalage des
boutiques des choses exquises que j’aimerais savoir plus exactement.
Tome XV : 1916
p. 313 : Madame Greffulhe à Marcel Proust
octobre 1916.
les cloportes
Cher ami, on m’a dit que vous aviez écrit quelque chose de très
remarquable, et dont tout le monde parle, sur Flaubert. Pourriez-vous
me dire où cela a paru ? Je suis sûr que je ne serai pas d’accord avec
vous, car j’admire infiniment Flaubert (du moins, L’Éducation
sentimentale, titre incompréhensible et qui est une faute de français)
mais je n’ai pas besoin d’être d’accord avec les conclusions d’un
auteur pour admirer sa dialectique, et je sais d’avance combien
j’admirerai la vôtre.
[Article paru dans La Rose rouge du 14 août 1919 sous le titre :
« Flaubert écrivait mal ». Abel Hermant en parle dans Le Figaro,
supplément littéraire du 7 septembre, p. 2]
[…] Flaubert que vous atteignez en deux mots jusqu’au cœur, en une
ligne qui rend inutile mon pastiche.
[…] je me suis mis à un long Flaubert pour que vous n’ayez pas à
compléter le numéro vous-même. Je vous enverrai ce Flaubert d’ici
deux jours. Lisez le jusqu’au bout. Vous verrez que cela va un peu au-
delà du style de Flaubert.
p. 57 : À Paul Souday
[Le samedi soir 10 janvier 1920]
Je vous répondrai plus tard au sujet de Flaubert. […] Mais les fautes
de Flaubert (qui ne diminuent en rien mon admiration pour lui) sont
bien fréquentes. Dès que j’aurai une Éducation sous la main, je vous
le montrerai.
p. 61 : À Jacques Boulenger
Nuit de samedi à dimanche [10 au 11 janvier 1920]
L’article de Souday n’est pas du 3 mais du 1er janvier (31 décembre
antidaté). Il en a paru aussi un de lui dans Paris-Midi à propos de mon
article sur Flaubert, très gentil, d’autant plus gentil que je n’avais
pas parlé de lui dans cet article sur Flaubert. Je ne suis pas d’accord
malgré tout avec lui sur la Correspondance de Flaubert. Vraiment ce
serait navrant pour Flaubert d’avoir tant travaillé à ses livres et qu’ils
ne fussent pas supérieurs à ses lettres.
p. 64 : À Jacques Boulenger
[Le mardi 13 janvier 1920]
Annexes 435
p. 88 : À René Dumesnil
[Janvier 1920]
[…] avec quel plaisir je profiterai de votre offre pour la
correspondance de Flaubert.
Vous êtes bien indulgent pour mon étude dictée d’après mes
souvenirs, […]
[Dumesnil avait publié, entre autres, Flaubert, son hérédité, son
milieu, sa méthode, en 1905, et Autour de Flaubert en 1912.]
Tome XX : 1921
p. 38 : À Paul Souday
[Premiers jours de janvier 1921]
[…] vous me jurerez sur Descartes et sur Flaubert (je cherche une
forme de serment inviolable en vous faisant jurer sur vos dieux) […]
p. 71 : À Paul Souday
[Peu après le 15 janvier 1921]
[La note 4 précise : Allusion à l’article du destinataire paru dans la
Revue de Paris, 15 janvier 1921, sous le titre « Questions de style »,
où il discute longuement l’article de Proust sur le style de
Flaubert.]
Appendice
p. 616 : À Henri de Régnier
[Peu après le 12 octobre 1897]
[à propos de Monsieur d’Amercœur] L’amiral et l’ambassadeur, y a-t-
il dans Flaubert quelque chose d’aussi parfait que cela je ne le crois
pas.
442 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Appendice
p. 575-576 : À Lucien Daudet
[Peu après le 15 août 1896]
J’aurais bien aimé parler avec vous du récit sublime que votre père a
fait de la mort de M. de Goncourt. Je trouve que c’est bien plus beau
que la mort de Jules de Goncourt dans le journal, parce que, malgré
tout le « narrateur » était trop occupé de lui, que la mort de son frère
ne lui était comme dit Flaubert « qu’une illusion à décrire » […]
EXTRAIT DE NOVEMBRE
4. Il s’agit d’un des fragments inédits que contient l’édition de Par les
champs et par les grèves, Charpentier, 1886. Voir coll. l’Intégrale, t. I,
p. 263-264.
446 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
PROUST
b. Autres œuvres
Carnets, édition établie et présentée par Florence Callu et Antoine
Compagnon, Gallimard, 2002.
Correspondance générale de Marcel Proust, publiée par Robert
Proust et Paul Brach, La Palatine, Plon, 1930-1936, 6 vol.
Correspondance de Marcel Proust, établie par Philip Kolb, 21 vol.,
Plon, 1970-1993.
Contre Sainte-Beuve précédé de Pastiches et mélanges et suivi de
Essais et articles, Bibliothèque de La Pléiade, Gallimard, 1971.
1. Le lieu d’édition n’est pas indiqué pour les ouvrages publiés à Paris.
448 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
FLAUBERT
1. Œuvres de Flaubert
a. Éditions récentes
Correspondance, La Pléiade, vol. I, II, III, Gallimard, 1973.
La Tentation de saint Antoine, éd. de Claudine Gothot-Mersch,
Gallimard, Folio, 1983.
L’Éducation sentimentale, GF Flammarion, 1985.
L’Éducation sentimentale, L’École des lettres / Seuil, 1993.
Madame Bovary, « Classiques Garnier », Bordas, 1990.
Madame Bovary, L’École des lettres / Seuil, 1992.
Madame Bovary, Présentation, notes et transcriptions de Pierre-Marc
de Biasi, Imprimerie nationale Éditions, 1994.
Œuvres complètes, La Pléiade, vol. I et II, Gallimard, 1951.
Œuvres complètes, coll. L’Intégrale, Le Seuil, 1964.
Trois Contes, L’École des lettres / Seuil, 1993.
Par les champs et par les grèves, édition Quantin, Œuvres complètes,
vol. VI, Trois Contes suivis de Mélanges inédits, 1901.
Un Cœur simple suivi de La Légende de saint Julien l’Hospitalier et
de Par les champs et par les grèves, édition P. Lafitte, 1909.
Par les champs et par les grèves, Œuvres complètes, vol. 6, édition
Conard, 1910.
Par les champs et par les grèves de Gustave Flaubert et Maxime Du
Camp, édition critique de Adrianne J. Tooke, Textes Littéraires
Français, Droz, 1987.
Voyage en Bretagne, Par les champs et par les grèves, Présentation de
Maurice Nadeau, Le Regard Littéraire, Éditions Complexe, 1989.
1. Nous ne faisons figurer que les œuvres dont la lecture par Proust pose un
problème de datation.
2. Curieusement, le volume Œuvres de jeunesse inédites, I, 183.-1838.
Œuvres diverses – Mémoires d’un fou, n’a pas été l’objet d’un dépôt légal à
la Bibliothèque Nationale. L’exemplaire possédé est un don. Il n’est pas
enregistré dans le catalogue. Ce volume n’est pas non plus enregistré dans le
catalogue de la Bibliographie de la France.
Bibliographie 455
ŒUVRES DIVERSES
OUVRAGES ET ARTICLES
SUR LA CRITIQUE GÉNÉTIQUE
2. Revues et collections
Bulletin de la Société des Amis de Marcel Proust, 1950-1988, puis
Bulletin Marcel Proust, 1989-, Société des Amis de Marcel Proust,
Illiers-Combray.
Bulletin d’Informations proustiennes, Presses de l’École normale
supérieure, 1975-1998 ; Éditions rue d’Ulm, 1999-.
Cahiers Marcel Proust / Études proustiennes, Gallimard, 1970-1987.
Études françaises, n° 28-1 : « Les leçons du manuscrit. Questions de
génétique textuelle », 1992 et n° 30-1 : « L’infini, l’inachevé », 1994,
Les Presses de l’Université de Montréal.
458 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
—A—
Albertine disparue, 7, 113, 228, 246, 272, 282, 303, 329, 365, 368
À l’ombre des jeunes filles en fleurs, 7, 32, 58, 122, 169, 170, 172,
177, 179, 194, 253, 254, 261, 263, 282, 290, 292, 296, 323, 325,
347, 389, 405
—C—
Contre Sainte-Beuve, 7, 9, 11, 23, 76, 93, 95, 96, 97, 100, 107, 134,
157, 158, 197, 205, 220, 224, 229, 232, 246, 258, 266, 317, 318,
319, 321, 325, 328, 337, 341, 376, 377, 412
Correspondance, 7, 11, 21, 25, 27, 31, 32, 41, 42, 104, 289, 304, 327,
363
Côté de Guermantes (Le), 7, 34, 57, 143, 149, 150, 157, 249, 281,
292, 341, 342, 348, 400, 401, 408, 409
—D—
Du côté de chez Swann, 7, 23, 30, 32, 98, 107, 127, 128, 143, 169,
247, 296
- « Combray », 53, 113, 129, 133, 140, 148, 152, 155, 165, 173,
185, 190, 192, 193, 199, 206, 212, 216, 217, 223, 270, 319, 398, 409
- « Un amour de Swann », 97, 124, 170, 368, 372
—E—
Essais et articles, 204, 324, 342, 359
—I—
Indifférent (L’), 293, 295, 296
—J—
Jean Santeuil, 7, 11, 44, 45, 46, 48, 49, 51, 52, 53, 54, 56, 60, 61, 112,
117, 120, 185, 186, 204, 219, 222, 223, 234, 235, 241, 262, 263,
264, 288, 293, 302, 364, 365, 366, 371
462 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
—P—
Pastiches et mélanges, 32, 77, 87, 316, 396, 398
Plaisirs et les Jours (Les), 44, 63, 64, 66, 69, 184
Prisonnière (La), 7, 124, 149, 156, 247, 286, 300, 342, 343, 363, 364,
372, 373, 374, 375, 377, 379, 380, 382, 383, 384, 386, 399, 400
—S—
Sodome et Gomorrhe, 7, 209, 283, 300, 306, 401
—T—
Temps retrouvé (Le), 7, 9, 21, 73, 99, 113, 129, 143, 156, 177, 216,
217, 219, 225, 238, 239, 245, 247, 252, 254, 258, 278, 287, 290,
316, 317, 319, 320, 321, 336, 350, 351, 353, 356, 357, 377, 379,
399, 403
INDEX DES ŒUVRES
DE FLAUBERT
—B—
Bouvard et Pécuchet, 10, 26, 27, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72,
73, 74, 84, 271, 310, 412
—C—
Cœur simple (Un), 69, 82, 84, 91, 102, 118, 192, 203, 212, 213, 215,
221, 222, 225, 238, 239, 272, 317, 318, 348, 350, 353, 354, 360,
400
Correspondance, 12, 20, 21, 25, 37, 38, 261, 318, 412, 413
Correspondance Flaubert-Sand, 12, 20, 40, 98, 238, 338, 339
—E—
Éducation sentimentale (L’), 7, 11, 21, 27, 29, 30, 32, 35, 36, 38, 41,
49, 53, 55, 59, 69, 105, 106, 107, 114, 118, 127, 128, 136, 144, 159,
170, 171, 174, 183, 192, 211, 216, 220, 222, 282, 285, 290, 291,
302, 317, 319, 322, 327, 326, 328, 343, 367, 369, 370, 372, 375,
378, 389, 390
—H—
Hérodias, 204, 218, 322, 349, 358, 359, 361
—L—
Légende de saint Julien l’Hospitalier (La), 21, 22, 29, 69, 80, 105,
117, 198, 199, 204, 223, 227, 230, 231, 235, 239, 276, 316, 317,
318, 349, 356, 357, 360, 384
Lettres à sa nièce Caroline, 10, 12, 150, 316, 317, 318, 319, 341
—M—
Madame Bovary, 7, 22, 27, 28, 29, 32, 36, 69, 77, 84,87 91, 101, 116,
159, 191, 198, 222, 223, 231, 240, 261, 269, 270, 272, 276, 300,
302, 303, 309, 321, 329, 350, 352, 355, 359, 360, 364, 367, 372,
387, 390, 398
464 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
Mémoires d’un fou, 11, 111, 112, 118, 122, 123, 125, 223, 370
—N—
Novembre, 11, 19, 50, 125, 364, 365, 366, 367, 369, 371, 374, 377
—P—
Par les champs et par les grèves, 11, 19, 20, 43, 47, 48, 49, 50, 51, 52,
53, 54, 58, 59, 61, 115, 183, 185, 191, 192, 211, 215, 291, 349, 364,
366
Préface aux Dernières chansons de Louis Bouilhet, 36, 50, 96
—S—
Salammbô, 23, 29, 58, 85, 86, 87, 88, 93, 105, 157, 158, 174, 185,
204, 238, 332, 340, 358, 359, 360, 376, 377, 380
—T—
Tentation de saint Antoine (La), 12, 19, 22, 23, 27, 29, 79, 149, 151,
152, 153, 158, 203, 256, 358, 360
Trois Contes, 21, 55, 82, 114, 117, 203, 204, 232, 235, 316, 348, 354,
360, 398, 400
INDEX DES NOMS D’ARTISTES
ET DE CRITIQUES
—B—
Balzac, 10, 20, 26, 28, 43, 71, 74, 75, 76, 77, 85, 91, 92, 96, 102, 148,
246, 248, 249, 251, 255, 256, 258, 261, 306, 318, 328, 337, 338,
371, 379, 388
Barbey d’Aurevilly, 10, 74, 124, 315, 381
Baudelaire, 10, 26, 28, 31, 33, 39, 96, 120, 158, 188, 191, 197, 198,
202, 203, 204, 205, 271, 272, 274, 275, 277, 284, 293, 326, 327,
332, 342, 412
Breughel, 149, 150, 151, 152, 153
—C—
Chateaubriand, 10, 38, 61, 92, 99, 101, 107, 412
—D—
Daudet, 21, 28, 30, 32, 35, 36, 37, 41, 262, 324, 325
Dostoïevski, 39, 240, 342, 343
Du Camp, 49, 50, 349, 374
Dumas, 71, 323, 325
—F—
France, 62, 63, 72, 211, 372, 405, 406, 412
—G—
Giraudoux, 342, 401, 402, 403
Goncourt (les), 9, 21, 30, 32, 76, 77, 85, 99, 107, 258, 287, 316, 317,
319, 320, 321, 325
—H—
Hahn, 27, 29, 30, 45, 46, 47, 49, 53, 63, 66, 271, 319
Hugo, 74, 89, 112
466 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
—L—
Leconte de Lisle, 72, 105, 184, 185, 197, 198,199, 202, 205, 273, 328,
331, 332
—M—
Mérimée, 74, 325, 325, 327
Monet, 129, 161, 177, 179, 193, 195, 296
Morand, 33, 39, 342
Moreau (Gustave), 204, 205, 218, 224, 359, 360
Musset, 31, 112, 199, 266, 324, 331
—N—
Nerval, 10, 96, 107, 108, 224, 412
—R—
Renan, 29, 76, 211, 333, 336
Renoir, 105, 403
Rivière, 32, 33, 34, 37, 35, 36, 37, 38, 39, 169, 247, 327, 342, 363,
364, 381
Ruskin, 139, 143, 144, 145, 146, 147, 153, 155, 159, 165, 167, 193,
211, 223, 254, 320, 328, 329, 331, 354, 355, 356, 357, 359, 395,
412
—S—
Sainte-Beuve, 10, 11, 12, 23, 28, 29, 33, 38, 39, 59, 74, 76, 77, 85, 86,
87, 88, 89, 90, 91, 92, 93, 95, 96, 97, 100, 103, 104, 106, 107, 108,
203, 204, 277, 283, 287, 315, 316, 317, 319, 323, 324, 325, 326,
327, 357, 411
Sand, 20, 40, 71, 98, 129, 130, 238, 239, 240, 266, 327, 332, 336, 337,
338, 339, 341, 408, 412
Stendhal, 20, 107
—T—
Thibaudet, 12, 33, 34, 35, 38, 40, 41, 75, 86, 104, 107, 108, 341
—V—
Vermeer, 399
Index 467
—W—
Wagner, 31, 320, 323, 336, 406
Watteau, 173, 285, 290, 292, 293, 294, 295, 296, 297
Whistler, 28, 55, 61, 62, 179, 360
—Z—
Zola, 21, 67, 74, 89, 91, 310
INDEX DES NOMS
DE LIEUX ET DE PERSONNAGES
—A—
Albertine, 58, 114, 115, 119, 120, 123, 124, 139, 174, 223, 282, 283,
344, 370, 372, 373, 374, 380, 381, 382, 383, 384, 385, 387, 388,
389, 391, 392, 393, 394, 395, 396, 400
Arnoux, 30, 106, 118, 119, 120, 122, 123, 132, 136, 137, 138, 142,
172, 173, 174, 175, 177, 178, 201, 282, 285, 286, 290, 291, 319,
323, 329, 333, 367, 369, 370, 375, 389, 413
—B—
Balbec, 48, 52, 57, 61, 62, 115, 118, 253, 257, 261, 262, 264, 269,
271, 275, 276, 277, 278, 281, 282, 283, 289, 344, 357, 358, 385,
358, 385, 399, 408
Bergotte, 10, 97, 98, 143, 144, 162, 179, 199, 206, 211, 274, 326, 331,
347, 357, 365, 376, 380, 385, 398, 399, 400, 401, 403, 404, 405,
407, 408, 411
Bloch, 199, 326, 331, 347, 365
Bovary (Charles), 140, 142, 157, 221, 222, 271, 302, 311, 360
Bovary (Emma), 27, 28, 83, 84, 99, 101, 115, 116, 119, 120, 122, 170,
223, 242, 261, 269, 270, 280, 281, 301, 309, 343, 354, 367, 387,
388, 390, 391, 392, 403, 404, 409, 413
Bretagne, 11, 12, 27, 43, 44, 45, 47, 49, 52, 58, 117, 241, 348
—C—
Charlus, 68, 245, 252, 286, 301, 305, 306, 311, 322, 383
Combray, 22, 48, 52, 53, 58, 99, 114, 115, 129, 133, 158, 159, 160,
166, 186, 186, 207, 217, 228, 229, 230, 231, 233, 235, 236, 240,
241, 264, 265, 266, 267, 274, 275, 331, 336, 347, 356, 378, 384,
399, 405, 406
Cottard, 300, 302, 304, 305, 306, 307, 308, 309, 311
—E—
Elstir, 185, 204, 289, 290, 291, 292, 372, 373, 376, 377, 378, 408
Index 469
—F—
Félicité, 52, 56, 83, 117, 203, 212, 213, 219, 222, 225, 226, 227, 228,
229, 238, 239, 240, 241, 242, 318, 353, 354, 355, 404
Françoise, 86, 169, 200, 212, 213, 214, 215, 217, 219, 220, 223, 224,
225, 227, 228, 229, 230, 231, 232, 233, 234, 235, 236, 237, 238,
239, 240, 255, 270, 273, 366, 371, 372, 376, 377, 378, 384, 396,
404, 412
—J—
Julien, 86, 117, 204, 212, 223, 230, 231, 232, 235, 239, 316, 318, 349,
360
—L—
Léonie (Tante), 212, 214, 219, 223, 229, 234, 240, 319, 355
Louise, 59, 114, 125, 127, 128, 130, 132, 138, 139, 140, 142, 183,
192, 194, 216, 261, 279, 356
—M—
Maman, 131, 135, 224, 234, 266, 317, 319, 337, 338, 344, 412, 418
Maria, 118, 119, 120, 122, 123, 124, 125, 132, 139, 171, 223, 370
Mathilde (Princesse), 320, 323, 324, 325, 326
Martinville, 385, 396, 397, 398
Montjouvain, 151, 210, 235, 283, 316, 333, 334, 356, 389, 412
Moreau (Frédéric), 27, 128, 204, 205, 216, 218, 221, 224, 286, 322,
328, 333, 359, 360, 367, 390
Morel, 49, 286, 299, 300, 301, 302, 306, 308, 310, 311, 323, 368
—N—
Normandie, 12, 62, 117, 125, 190, 278, 320, 376, 396
—P—
Paris, parisien, 10, 19, 21, 45, 47, 87, 88, 71, 77, 92, 96, 106, 128,
130, 143, 192, 216, 236, 249, 250, 252, 256, 279, 288, 305, 333,
363, 387, 394
—Q—
Quimperlé, 48, 50, 51, 56, 57, 59, 211
470 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
—R—
Rosanette, 170, 172, 285, 286, 290, 295, 367, 368, 370, 378, 413
—S—
Saint-Loup (Robert), 150, 244, 245, 246, 249, 252, 253, 254, 255,
256, 257, 258, 292, 368
Swann (Charles), 58, 60, 98, 124, 135, 143, 170, 173, 176, 178, 228,
264, 323, 324, 331, 344, 365, 369, 370, 382, 393
Swann (Gilberte), 58, 113, 114, 115, 123, 125, 127, 128, 130, 133,
134, 135, 136, 137, 138, 139, 140, 141, 142, 159, 162, 166, 167,
173, 174, 176, 194, 201, 206, 210, 216, 217, 223, 240, 250, 255,
258, 282, 283, 356, 368, 374, 384, 389
Swann (Odette), 106, 124, 169, 170, 171, 173, 174, 175, 176, 177,
178, 179, 290, 296, 344, 368, 369, 370, 371, 405
—T—
Théodore, 53, 114, 212, 213, 214, 215, 217, 218, 219, 220, 222, 223,
225, 238, 240, 241, 255, 383
—V—
Venise, 97, 272, 303, 329, 354, 357, 393
Verdurin, 21, 124, 300, 301, 304, 305, 308, 320, 321, 374, 375, 381,
383, 384, 387, 393
Vinteuil, 283, 285, 316, 380, 381, 385, 412
Vivonne, 60, 113, 129, 335
INDEX DES OBJETS ET DES MOTIFS
—A—
aubépine(s), 51, 55, 97, 99, 115, 116, 127, 129, 130, 131, 133, 135,
139, 142, 155, 156, 159, 166, 167, 183, 184, 186, 188, 189, 194,
195, 228, 292, 356, 357, 377
autel, 55, 187, 201, 202, 208, 217, 230, 231, 232, 233, 236, 354, 355,
356
azur, 54, 60, 115, 119, 127, 141, 206, 254, 353, 355, 358
—B—
barque, 52, 54, 60, 62, 113, 132, 184, 190, 191, 192, 207, 215, 348,
350, 352, 364, 367, 373, 375
—C—
capote, 130, 131, 132, 134, 135, 173, 201, 376
chambre, 58, 69, 70, 113, 115, 117, 118, 123, 124, 125, 173, 200, 201,
202, 204, 213, 226, 231, 262, 263, 265, 266, 267, 268, 274, 317,
319, 353, 355, 377, 396
cloche (r) : 54, 55, 56, 78, 79, 80, 83, 145, 197, 205, 206, 210, 228,
273, 277, 378, 385, 396, 397, 398, 399, 406
coquelicot, 113, 115, 156, 183, 184, 185, 187, 188, 189, 190, 191,
192, 193, 194, 195, 356
coquillage, 56, 59, 347, 348, 349, 350, 392
coquille, 31, 37, 56, 115, 116, 204, 347, 348, 349, 350, 392
couleur, 51, 54, 55, 58, 60, 62, 100, 113, 120, 124, 127, 128, 130, 131,
134, 135, 136, 139, 140, 141, 142, 145, 146, 147, 148, 149, 152,
153, 154, 156, 158, 159, 160, 161, 162, 165, 166, 175, 177, 178,
184, 185, 186, 189, 190, 192, 201, 202, 203, 205, 216, 229, 230,
231, 233, 236, 237, 251, 256, 257, 267, 274, 275, 277, 278, 279,
280, 286, 287, 294, 320, 335, 349, 350, 352, 356, 357, 358, 359,
360, 367, 371, 372, 377, 378, 381, 394, 404
472 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
—F—
fenêtre, 54, 78, 79, 80, 89, 124, 155, 172, 200, 229, 237, 261, 262,
263, 265, 266, 267, 269, 273, 274, 275, 276, 277, 278, 279, 280,
283, 284, 303, 360, 373
fleur(s), 13, 21, 29, 53, 54, 55, 58, 59, 60, 75, 78, 84, 102, 115, 116,
129, 130, 132, 133, 134, 135, 139, 140, 142, 143, 144, 145, 147,
148, 149, 153, 155, 156, 157, 158, 159, 160, 161, 162, 163, 164,
165, 166, 167, 169, 170, 173, 174, 175, 176, 177, 183, 184, 185,
186, 187, 188, 189, 190, 191, 192, 193, 194, 195, 202, 206, 212,
213, 216, 228, 293, 321, 326, 331, 332, 347, 349, 354, 356, 358,
360, 371, 373, 376, 377, 379, 396, 398, 406
—G—
glace(s), 263, 347, 376, 382, 384, 385, 386, 387, 388, 389, 390, 391,
392, 393, 394, 395, 396, 397, 398
—M—
madeleine/Madeleine, 44, 45, 63, 116, 293, 347, 348, 349, 351, 390,
391, 392.
mer, 52, 54, 55, 62, 84, 115, 125, 133, 183, 184, 185, 186, 188, 189,
190, 191, 193, 194, 200, 201, 207, 254, 262, 263, 265, 266, 267,
268, 269, 271, 273, 274, 275, 277, 278, 280, 303, 320, 321, 358,
373, 380, 390, 392
—P—
paon, 185, 256, 257, 286, 356, 358, 359, 360
papillon, 133, 134, 254, 255, 293, 295, 360, 361
phrase, 20, 28, 30, 33, 36, 37, 40, 41, 66, 69, 70, 71, 78, 79, 80, 83,
84, 86, 87, 90, 93, 95, 98, 100, 101, 102, 103, 106, 108, 112, 113,
114, 117, 118, 121, 129, 132, 137, 140, 155, 158, 174, 185, 187,
192, 194, 201, 205, 206, 207, 208, 209, 210, 214, 215, 217, 233,
235, 245, 247, 248, 249, 252, 253, 261, 262, 268, 271, 280, 282,
285, 292, 307, 317, 320, 322, 332, 336, 341, 343, 344, 348, 352,
354, 357, 358, 360, 368, 369, 372, 373, 375, 378, 380, 381, 385,
390, 391, 397, 399, 402, 404, 407, 408, 413
pierre(s), 51, 96, 136, 139, 146, 153, 205, 213, 214, 239, 254, 357,
359, 360
Index 473
—S—
soleil, 48, 53, 55, 59, 105, 113, 115, 116, 119, 128, 140, 150, 152,
155, 156, 159, 185, 189, 192, 193, 197, 200, 201, 202, 203, 204,
205, 206, 207, 208, 209, 210, 217, 218, 221, 232, 254, 266, 267,
270, 271, 272, 273, 274, 275, 277, 283, 335, 350, 352, 353, 359,
375, 376, 378, 384
—V—
violettes, 13, 75, 84, 143, 144, 145, 153, 157, 159, 160, 161, 162, 163,
164, 166, 173, 174, 175, 177, 216, 221, 325, 331, 347, 371, 372,
373, 375, 376, 377, 378, 379, 385, 406
vitrail, vitraux, 10, 22, 52, 56, 96, 219, 229, 230, 231, 232, 234, 235,
236, 237, 239, 241, 269, 275, 276
voiles, 61, 130, 131, 132, 134, 142, 173, 174, 184, 185, 187, 189, 207,
266, 348
INDEX THÉMATIQUE
—A—
amour, 49, 64, 65, 83, 84, 97, 114, 120, 121, 123, 124, 125, 127, 130,
132, 136, 141, 142, 145, 157, 158, 162, 170, 171, 172, 173, 185,
192, 222, 228, 229, 240, 272, 293, 301, 306, 319, 329, 332, 333,
334, 338, 344, 345, 365, 366, 368, 369, 370, 372, 383, 385
—C—
contemplation, 51, 52, 55, 115, 124, 133, 165, 193, 278, 323, 356, 390
création, 9, 13, 48, 52, 76, 90, 96, 97, 98, 101, 106, 112, 141, 147,
157, 160, 174, 194, 217, 219, 220, 238, 240, 241, 242, 277, 296,
300, 313, 320, 329, 336, 337, 347, 348, 351, 352, 356, 363, 379,
381, 383, 384, 385, 394, 396, 399, 401, 403, 405, 408, 409, 412,
413
critique littéraire, 9, 10, 11, 13, 20, 26, 28, 29, 32, 36, 37, 40, 41, 42,
67, 72, 74, 76, 77, 85, 86, 92, 93, 96, 97, 103, 104, 106, 197, 215,
217, 219, 224, 241, 271, 273, 293, 307, 310, 316, 320, 327, 328,
339, 341, 342, 381, 385, 403, 405, 406, 408, 409, 411
—D—
discours, 11, 75, 78, 82, 83, 97, 101, 102, 103, 104, 108, 214, 221,
228, 248, 264, 279, 280, 296, 304, 311, 351, 368, 389, 394, 395,
396
—E—
écriture, réécriture, 10, 13, 14, 15, 23, 24, 26, 35, 36, 47, 49, 54, 67,
73, 75, 78, 84, 88, 93, 96, 97, 98, 103, 106, 108, 134, 159, 163, 164,
166, 194, 198, 199, 202, 209, 210, 220, 226, 242, 246, 294, 295,
310, 311, 334, 337, 351, 365, 367, 375, 377, 378, 379, 385, 387,
393, 394, 405, 406, 409
—I—
image, 13, 16, 49, 56, 58, 60, 62, 74, 83, 101, 129, 134, 138, 140, 141,
143, 145, 147, 154, 160, 161, 162, 171, 173, 187, 190, 193, 197,
Index 475
198, 199, 200, 201, 202, 203, 204, 207, 208, 209, 214, 215, 217,
218, 231, 254, 262, 273, 275, 281, 282, 287, 296, 299, 302, 303,
309, 317, 326, 327, 331, 349, 353, 355, 357, 358, 377, 378, 384,
389, 411, 412
impression, 32, 51, 77, 79, 80, 92, 105, 107, 111, 112, 118, 127, 133,
141, 142, 146, 147, 156, 198, 201, 202, 254, 262, 275, 301, 309,
328, 333, 335, 336, 353, 357, 380, 396, 397, 405
impressionnisme, 53, 88, 173, 177, 179, 201, 204, 287, 296, 360, 378,
413
—L—
lecture, 11, 12, 27, 43, 47, 48, 51, 52, 58, 59, 61, 62, 71, 107, 117,
134, 143, 148, 149, 152, 158, 159, 161, 164, 165, 166, 191, 197,
198, 221, 226, 249, 267, 273, 276, 283, 291, 299, 300, 301, 309,
317, 318, 334, 336, 338, 377, 405, 408
—M—
mondanité, 64, 67, 71, 324, 412
musique, 63, 64, 65, 66, 71, 97, 98, 107, 122, 195, 272, 277, 310, 320,
323, 350, 353, 354, 367, 380, 381, 385, 390
mysticisme, 242, 356, 404, 413
—O—
objet, 56, 60, 84, 101, 142, 199, 239, 263, 276, 286, 334, 348, 381,
391, 392, 402, 423
onomastique, 48, 59, 220, 238, 242, 308, 370, 412
—P—
pastiche, 9, 10, 15, 21, 26, 27, 28, 29, 31, 32, 33, 41, 61, 63, 64, 68,
70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78, 80, 81, 85, 86, 87, 88, 89, 91, 92,
93, 98, 99, 104, 106, 144, 210, 216, 223, 224, 272, 273, 277, 279,
280, 283, 285, 287, 292, 293, 294, 295, 296, 310, 316, 320, 327,
328, 333, 342, 364, 378, 384, 387, 388, 389, 390, 392, 394, 395,
396, 398, 402, 403
peinture, 48, 53, 56, 100, 106, 122, 129, 172, 178, 179, 204, 218, 258,
286, 287, 291, 293, 296, 297, 322, 367, 378, 406, 408
476 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
portrait, 27, 58, 63, 64, 66, 71, 84, 106, 128, 129, 135, 139, 140, 141,
142, 169, 170, 173, 174, 175, 176, 177, 178, 179, 224, 241, 245,
246, 252, 253, 254, 255, 256, 257, 258, 285, 286, 287, 288, 289,
290, 291, 292, 293, 294, 295, 296, 299, 324
—R—
religion, 145, 201, 222, 228, 229, 354, 403
rencontre, 105, 112, 114, 118, 121, 122, 123, 127, 128, 130, 131, 132,
136, 137, 138, 139, 140, 159, 167, 173, 174, 183, 194, 206, 210,
216, 223, 286, 320, 323, 324, 326, 356, 360, 365, 366, 367, 369,
371, 376, 384
rythme, 13, 28, 54, 80, 106, 132, 158, 174, 175, 185, 199, 208, 253,
336, 338, 339, 340, 375, 380, 404, 406, 407, 411, 413
—S—
sadisme, 86, 210, 212, 227, 316, 317, 356, 384, 394
sensualité, 55, 56, 83, 139, 349, 353, 356, 371, 390, 391, 392, 395
société, 71, 130, 256, 301
souvenir, 22, 45, 51, 52, 53, 61, 81, 82, 83, 84, 116, 117, 118, 120,
124, 125, 127, 128, 132, 136, 138, 140, 141, 151, 153, 155, 166,
167, 177, 203, 211, 216, 217, 219, 256, 265, 266, 272, 273, 275,
291, 300, 316, 322, 328, 329, 334, 341, 344, 351, 354, 358, 369,
374, 377, 389, 391, 408, 413
style, 5, 11, 13, 20, 21, 33, 34, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 54, 67, 68, 69,
70, 71, 72, 73, 75, 77, 80, 82, 83, 84, 85, 86, 96, 97, 100, 101, 102,
103, 104, 105, 106, 112, 114, 150, 173, 198, 199, 206, 217, 222,
235, 280, 282, 287, 289, 300, 309, 327, 332, 337, 338, 340, 341,
342, 364, 367, 370, 389, 395, 398, 399, 402, 405, 411, 413
—T—
temps, temporalité, 13, 14, 33, 34, 41, 42, 45, 48, 50, 65, 69, 70, 79,
80, 81, 84, 89, 91, 93, 101, 105, 106, 107, 108, 112, 114, 116, 133,
134, 140, 145, 148, 152, 154, 155, 156, 165, 169, 171, 175, 177,
179, 184, 193, 194, 205, 206, 209, 213, 217, 220, 224, 225, 230,
239, 246, 252, 265, 267, 268, 274, 281, 282, 285, 288, 290, 296,
300, 301, 307, 310, 323, 326, 329, 331, 340, 344, 347, 351, 352,
366, 369, 371, 373, 379, 382, 383, 391, 394, 402, 403, 411, 413
Index 477
- contemporain, 20, 24, 27, 68, 70, 103, 204, 217, 293, 323, 325,
326, 377, 407
- longtemps, 10, 36, 40, 50, 61, 73, 119, 127, 133, 134, 141, 143,
179, 300, 331
- printemps, 63, 101, 115, 116, 144, 145, 336
INDEX DES AVANT-TEXTES1
Cahier 68 (N. a. fr. 18318), 140, 159, 189, 190, 192, 193, 194, 206
Cahier 19 (N. a. fr. 16659), 368
« Proust 21 » (fragments autographes),
(N. a. fr. 16703), 170, 175, 176, 370, 392
Dactylographies de La Prisonnière
INTRODUCTION 9
Première Partie
PROUST LECTEUR ET CRITIQUE DE FLAUBERT 17
I. L’ACTUALITÉ DE FLAUBERT DANS LES ANNÉES 1910 19
1. Les études de René Descharmes 19
2. Louis Bertrand : un précurseur de la critique génétique 22
Deuxième Partie
« LES FEMMES » DU NARRATEUR 109
I. LES MÉTAMORPHOSES DE
MARIE-MARIA-ALBERTINE 111
1. Mémoires d’un fou : une œuvre de jeunesse de Flaubert 111
2. Souvenirs d’enfance 112
3. La rencontre du narrateur avec Maria 118
Troisième Partie
MOTIFS POÉTIQUES 181
Quatrième Partie
DU SOCIAL ET DE L’ESTHÉTIQUE 259
Cinquième Partie
LA CRÉATION LITTÉRAIRE 313
CONCLUSION 411
485 Proust et Flaubert : un secret d’écriture
ANNEXES 415
I. Le Carnet de 1908 417
II. Correspondance de Marcel Proust 419
III. Extrait de Novembre 445
BIBLIOGRAPHIE 447
INDEX 459
I. Index des œuvres de Proust 461
II. Index des œuvres de Flaubert 463
III. Index des noms d’artistes et de critiques 465
IV. Index des noms de lieux et de personnages 468
V. Index des objets et des motifs 471
VI. Index thématique 474
VII. Index des avant-textes 478