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BIOPHYSIQUE 2 Condensé

Année Académique 2021 – 2022


Dr Thaddée NTOUTOUME
Partie 1 Radioactivité
Définition

Unités :

Notations :

Désintégration alpha :

Désintégration beta+ :
Capture électronique (électron proche du noyau) :
Désintégration beta- :

Désintégration gamma :

Électron-volt

Loi de décroissance du nombre de noyaux :


Périodes :
Période ‘physique’ radioactive TP : Temps au bout duquel le nombre de noyaux initialement présent a été divisé par 2.
Exemples : 131I Tp = 8 jours, 99m
Tc Tp = 6 h, 125I Tp = 60 jours, 60
Co Tp = 5,27 ans
Exo : Donner l’expression de TP en fonction de .
Période Biologique TB

Exemple : Iode fixé sur la thyroïde TB = 30 jours.


Période effective Te
,

Exemple : 131I, Te = 6,33 jours

Activité a(t) d’une source : nombre de désintégrations par unité de temps :


Unités : Becquerel (Bq) c’est une désintégration par seconde. Curie (Ci) = 3,7.1010 Bq.
La radioactivité, paramètre physique mesurable, est utilisée en Radiothérapie, Médecine nucléaire et
Radiologie (Scanner) X.
Partie 2 Dosimétrie

L’irradiation est un transfert d’énergie provenant ici des rayonnements ionisants (RI) :
particulaires ou sous forme d’ondes électromagnétiques (énergie pure sans masse).

personnes en respectant strictement la réglementation sur la Radioprotection (principe alara).


Dosimétrie personnelle :
Les travailleurs manipulant les RI, utilisation des dosimètres portatifs

Surveillances indirectes :
- concentration de la radioactivité dans l’air
- quantité de substances nucléaires rejetées dans l’environnement par les cheminées.
Remarques : Cas particulier en Thermodynamique
 Transformation isochore : volume constant.
 Transformation isobare : transformation chimique ou physique d'un système au cours de laquelle la pression du
système reste constante et uniforme.
 Transformation isotherme : Pression constante
 Transformation adiabatique : aucune chaleur n’est échangée avec l’extérieur. Transformation très
rapide et/ou calorifugée.

Physique nucléaire :
Isotopes
Atomes isotopes : nombre de neutrons différent, mais nombre de protons identique.
Des isotopes le sont donc d’un même élément chimique.
Exemple, le carbone 12 et le carbone 14 sont tous les deux des isotopes du carbone.
Isotones
Atomes isotones (inverse d’isotope) : nombre de neutrons identique et nombre de protons
différent. Deux isotones sont donc deux éléments chimiques différents.
Exemple : le carbone 13 possède 6 protons et 7 neutrons, et l’azote 14 possède 7 protons et
également 7 neutrons.
Méthode mnémotechnique :
 isotope : même nombre de protons
 isotone : même nombre de neutrons
Isobare (Ne pas confondre avec « isobare » en thermodynamique pour des transformations à
pression constante.)
Ici, ce sont deux atomes dont le nombre total de nucléons (protons plus neutrons) est identique.
Exemple : carbone 14 et azote 14 possèdent le même nombre de nucléons : 14.
carbone : 6 protons, 8 neutrons (6+8=14) ; azote : 7 protons, 7 neutrons (7+7=14).

Nucléons (A) Protons (Z) Neutrons (A−Z)

Isotope différent identique différent

Isotone différent différent Identique


Nucléons (A) Protons (Z) Neutrons (A−Z)

Isobare identique différent différent

Notions de Dose :
Partie 3 Chronologie des événements après irradiation
CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS

0 0 IRRADIATION

1 10-12 s IONISATIONS - EXCITATIONS

2 10-5 s REACTIONS DES RADICAUX

3 REACTIONS MOLECULAIRES

4 MODIFICATEURS RADIOSENSIBILITE

5 EFFET O2

6 Seconde REACTIONS BIOCHIMIQUES

7 Minute LESIONS ADN GENOME DEVELOPPEMENT EFFETS CLINIQUES

8 METABOLIQUE

9 REPARATION CELLULAIRE IMMEDIATS


10 Jour MORT DIFFEREE CELLULES PRECOCES

11 Mois REPARATION TISSULAIRE

12 TARDIFS

An

13

CANCERISATION

14 MUTATION GENETIQUE ( DESCENDANCE )

Partie 4 Interaction radiation matière

Rayonnement

Interaction des RI non chargés :


Loi d’atténuation

Nombre de photons ayant interagi avec la matière :


Energie incidente I0 du photon :

Couche de demi-atténuation CDA : épaisseur de matériau nécessaire pour atténuer d’un facteur 2 le
nombre initial de photons : CDA=(Log2)/ , en mètre.
Exo : Donner la relation qui lie N(x), N0 et CDA.

Effet photoélectrique :

Effet Compton :

Création de paire :

Rayon X et Scanner :
Effets négatifs en Imagerie médicale :

Interactions Neutron/Matière (noyau) :

Interaction des Electrons :

Parcours moyen R0 :
Avec Reau = (E0)/2
Conséquences avec le Noyau :

Partie 5 Radiobiologie

Les effets des rayonnements ionisants sur un organisme résultent du transfert d'énergie à la matière,
transfert qui constitue un processus complexe.
Effets des rayonnements
Organisation schématique d'un être vivant (H = homme)
ionisants
H2O (H:  70 % poids du corps)

interactions physiques molécules protéines

ADN (H: 1 mètre)


noyau (ADN)
cellules
réactions physico-chimiques organites
(H: 1014)
membranes
ensemble de cellules différenciées et de cellules
lésions moléculaires tissus
souches qui remplit une fonction
dommages cellulaires organes ensemble de tissus qui assure une fonction vitale
lésions tissulaires organisme ensemble d'organes
1. Les interactions physiques rayonnements ionisants - matière
Les interactions physiques entre la matière et les particules directement ionisantes ou celles
mises en mouvement par les rayonnements indirectement ionisants sont de 3 types:
a. l'ionisation des atomes: l'énergie du rayonnement est supérieure à l'énergie de liaison des
électrons. Un électron est alors arraché au cortège électronique.
b. l'excitation des atomes: si l'énergie n'est pas suffisante pour arracher un électron, elle
peut l'être cependant suffisamment pour faire passer un électron du niveau énergétique
fondamental à un niveau énergétique supérieur (couche moins liée), l'atome est dit excité.
c. les transferts thermiques: si l'énergie n'est pas suffisante pour exciter l'atome, elle peut
cependant augmenter son énergie cinétique de translation, de rotation et de vibration, ce
que l'on appelle les transferts thermiques.
En moyenne pour 1 ionisation, on a 3 excitations et un nombre plus élevé de transferts thermiques.
Exemple: L'énergie moyenne pour provoquer une ionisation dans l'eau est de 33,85 eV. Ainsi
dans l'eau, 1 électron de 1 MeV produit environ : (106 eV / 33,85 eV) = 3 104 ionisations et
105 excitations.
2. Les réactions physico-chimiques
Il s'agit plus précisément de réactions radiochimiques résultant des interactions physiques et
qui surviennent dans des délais très brefs de l'ordre de 10-12 secondes.
a. La formation de radicaux libres
Un radical libre porte sur sa couche électronique externe un ou plusieurs électrons
célibataires (non apparié à un électron de spin opposé).
Cette configuration confère à l'entité radicalaire une très haute réactivité chimique: les
radicaux tendent à capturer un électron pour compléter leur couche électronique.
Les radicaux libres proviennent essentiellement de l'interaction des rayonnements ionisants
avec les électrons des molécules d'eau, et ce en raison de la teneur extrêmement élevée en
eau des organismes vivants.

- 1er cas:
L'eau est ionisée si E > 5,16 eV, qui est l'énergie de la liaison H-OH : h + H2O ---> e- + H2O+
L'ion H2O+ est instable et se dissocie sur place : H2O+ ---> H+ + OH°
L'électron projeté peut parcourir 10 à 15 nm et réagir avec l'eau : e + H2O ---> H° + OH-
-

- 2ème cas:
La molécule d'eau est excitée : h + H2O ---> H2O*
La molécule excitée se désexcite : H2O* ---> H+ + OH° + e-
- Finalement:
10-10 secondes à 10-9 secondes après l'interaction avec le rayonnement ionisant, l'eau est
devenue une solution plus ou moins concentrée en radicaux OH° et H° et en molécules
d'hydrogène issues de la réaction : H° + H° ---> H2
b. Le rôle du transfert linéique d'énergie.
Les réactions qui succèdent à la formation de radicaux libres surviennent dans un délai de
10-7 secondes à 10-3 secondes après l'interaction du rayonnement ionisant et constituent
l'étape diffusionnelle. Ces réactions dépendent du transfert linéique d'énergie du rayonnement.
- 1er cas:
Le T.L.E. est élevé, donc le nombre d'ionisation est grand, donc la probabilité de rencontre
entre les radicaux libres formés est élevée : H° + H° ---> H2
H° + OH° ---> H2O
OH° + OH° ---> H2O2
L'eau oxygénée, H2O2, est extrêmement toxique pour la cellule.

- 2ème cas:
Le T.L.E. est faible et la réaction de recombinaison est la plus probable : H° + OH° ---> H2O
c. L'influence de la présence d'oxygène
Les réactions qui succèdent à la formation de radicaux libres dépendent également de la
présence de l'oxygène:

- 1er cas:
En absence d'oxygène, la réaction s'arrète par dimérisation : H° + H° ---> H2
H° + OH° ---> H2O

- 2ème cas:
En présence d'oxygène, la réaction suivante à lieu : H° + O2 ---> OOH°
Le radical hydroperoxyde, OOH°, est un oxydant avide d'électrons. Il est à l'origine de la
formation d'eau oxygénée :
2 OOH° ---> HOOH + O2
OOH° + H° ---> HOOH

L'électron arraché de la molécule d'eau ionisée lors de l'interaction avec le rayonnement


ionisant peut réagir avec l'oxygène et former le radical superoxyde, O2°-:
e- + O2 ---> O2°-

d. L'influence de la présence de molécules organiques

Les réactions qui succèdent à la formation de radicaux libres dépendent enfin de la présence
de molécules organiques:
Un grand nombre de réactions (voir ci-après) ont lieu et aboutissent à la formation:
- d'eau oxygénée;
- de radicaux peroxydes: RO°, ROO°;
- de tétroxydes: ROOOOH (!!!).

Les peroxydes et les tétroxydes sont des oxydants puissants qui altèrent les lipides des
membranes des cellules.

Ces réactions sont : OOH° + RH ---> HOOH + R°


R° + O2 ---> ROO°
ROO° + OOH° ---> ROOOOH
ROOOOH ---> RO° + OH° + O2
2 ROO° ---> ROOOOR
ROOOOR + e- ---> 2 RO° + O2-
ROO° + RH ---> ROOH + R°
ROOH + e- ---> RO° + OH-

e. L'inactivation des radicaux libres

Dans toutes cellules normales il existe des réactions qui produisent des radicaux libres et des
peroxydes similaires à ceux formés en cas de radioexposition.

Les cellules possèdent donc des enzymes dont la fonction est d'inactiver ces composés
extrêmement toxiques:
- la superoxyde dismutase : 2 O2°- + 2 H+ ---> H2O2 + O2
- les peroxydases : H2O2 + H2 ---> 2 H2O
- les catalases : 2 H2O2 ---> 2 H2O + O2

Remarque: la réaction catalysée par la superoxyde dismutase est équilibrée en terme de


radical (symbole "°") puisque le transfert électronique met en jeu un atome de cuivre lié à
l'enzyme qui est successivement oxydé puis réduit.

II. Les lésions moléculaires

1. Lésions induites par transfert direct d'énergie

L'énergie du rayonnement est transférée directement à la molécule qui est ionisée ou est
excitée.
L'excédent d'énergie acquis par la molécule est perdu par:

 rayonnement de fluorescence ;
 rupture de liaisons chimiques.

Exemple: l'excès d'énergie d'une ionisation est de 12,6 eV et celui d'une excitation est de 6,6
eV. Dans les 2 cas, l'excès est suffisant pour rompre la liaison H-OH d'une molécule d'eau
dont l'énergie est de 5,16 eV.

2. Lésions induites par transfert indirect d'énergie

L'énergie est transférée à des molécules au voisinage des molécules concernées qui
induisent à leur tour des lésions des molécules concernées. C'est typiquement l'action des
radicaux libres formés lors de la radiolyse de l'eau. Actuellement, on pense que c'est l'effet
direct qui prédomine.
En effet, en raison de leur courte durée de vie (10-6 secondes) les radicaux libres migrent à
de faibles distances. En conséquence, seuls ceux qui sont formés à proximité d'une molécule
peuvent la léser.

3. Les cibles des lésions radioinduites

Toutes les molécules biologiques sont des cibles. On peut mentionner en particulier:

. l'eau: en raison de sa proportion dans tous les organismes vivants (environ 70% chez
l'homme);
. l'ADN: en raison de sa fonction centrale dans la cellule (altération des chromosomes et
division cellulaire, altération des gènes et mutations).
Le tableau suivant donne le nombre moyen de lésions de différents types induites par une
dose de 1 Gy absorbée par 1 noyau :

Nature de la lésion de l'ADN Nombre moyen de lésions / Gy /


noyau
formation de liaisons intra ou inter-
30
chaînes
rupture des deux brins 40
formation de liaisons ADN - protéines 150
rupture d'un seul brin 750
modification de la structure des
1200
sucres
modification de la structure des bases 1400

Rappel:
La dose absorbée est de 1 Gy, soit une énergie de : 1 Gy = 1 J.kg-1 = 0,624 1019 eV
Une telle énergie peut entraîner : (0,624 1019 eV / 33,85 eV) @ 2 1017 ionisations.kg-1
Comme la masse d'1 noyau est @ 10-10 g, la dose absorbée par 1 noyau va entraîner @ 2
104 ionisations
La masse de l'ADN d'1 noyau étant @ 10-11 g, l'ADN d'1 noyau va subir @ 2000 ionisations !!!

. Enfin, l'oxydation par les radicaux libres et les peroxydes des:

 acides gras insaturés constitutifs des membranes cellulaires ;


 acides aminés des protéines, notamment les cystéines.

III. Les dommages cellulaires

1. Mort cellulaire, cancérogénèse et effets héréditaires

La mort cellulaire résulte de lésions irréparables dans des structures vitales pour la cellule
telles que les chromosomes. La mort cellulaire peut être immédiate pour des doses élevées
(plusieurs Gy) ou différée pour les faibles doses.
Les effets des faibles doses sont les suivants:

 les lésions sont dans la plupart des cas réparées et la cellule redevient normale ;
 si les lésions sont mal réparées, les cellules peuvent perdre leur capacité de division
dès la 1ère division (1ère mitose) ou après plusieurs mitoses (mort différée) ;
 enfin, la cellule peut sembler normale en termes de survie, mais être anormale en
terme chromosomique et subir des effets génétiques (héréditaires) ou s'orienter vers
le développement de cancers.
 selon la vitesse de renouvellement du type de cellule, la mort cellulaire peut se
manifester:
entre quelques heures et quelques jours pour les cellules à division rapide: par
exemple les cellules souches de la moelle osseuse ;
 entre quelques mois à quelques années pour les cellules à division lente: par
exemple, les neurones n'ayant plus à se diviser demeurent fonctionnels pour de
faibles doses.
2. Les facteurs de radiosensibilité cellulaire

La radiosensibilité est à la base de la compréhension des effets pathologiques des


rayonnements.

a. loi de Bergonié et Tribondeau: En 1906, Bergonié et Tribondeau ont montré que la


radiosensibilité d'une cellule varie:

 proportionnellement à sa capacité de division ;


 inversement proportionnellement à son degré de différenciation.

b. l'évolution: Par l'étude des courbes de survie, on remarque aussi que plus un organisme
est évolué plus il est radiosensible comme l'indiquent les valeurs du tableau suivant:

Espèce
D0 (Gy)
cellulaire
1000 virus
100 levures
10 bactéries
1 mammifères

Remarque: Les courbes de survie étant des phènomènes exponentiels, D0 est la dose qui
laisse 37% de survivants (0,37 = 1/e).

c. la phase du cycle cellulaire: la radiosensibilité est maximale au cours de la phase M de


mitose et minimale au cours de la phase S de duplication du matériel génétique.

d. l'environnement cellulaire: l'oxygène est un radiosensibilisant et ce, d'autant plus que le


T.L.E. du rayonnement est faible. Ceci s'explique par l'augmentation de radicaux libres en
présence d'oxygène.
e. la nature du rayonnement: à dose égale, la survie cellulaire est plus importante pour des
rayonnements de faible T.L.E.

f. la distribution de la dose dans le temps: le fractionnement de la dose et la diminution du


débit de dose permettent, à dose équivalente, d'augmenter la survie cellulaire.

IV. Les effets pathologiques des rayonnements ionisants chez l'homme

1. Les effets déterministes

a. Leur origine et leurs caractéristiques

Lors d'une exposition, si le nombre de cellules détruites est trop important, leur
remplacement par la multiplication des cellules viables est insuffisant. Le déficit cellulaire qui
en résulte entraîne des lésions tissulaires qui à leur tour altèrent la fonction de l'organe.
Enfin, celle-ci peut entraîner des signes cliniques, voire la mort de l'individu.
Les effets déterministes sont donc ceux que l'on observe au delà d'un seuil, qui correspond à
une dose de 0,2 à 0,3 Gy. Ils sont appelés déterministes car ils sont obligatoires, c'est-à-dire
qu'ils se manifestent toujours.

Par ailleurs, les effets déterministes sont:

 précoces: ils se manifestent quelques heures à 1 mois après l'exposition (hormis la


cataracte de l'oeil qui advient dans les années qui suivent l'exposition) ;
 d'autant plus graves que la dose est importante ;
 clairement décrits du point de vue symptomatique ;
 différents selon que l'exposition est globale (l'organisme entier) ou partielle (une
partie de l'organisme).

b. Les effets d'une exposition globale

On parle de radioexposition aiguë qui évolue selon 4 phases :

 phase initiale ou prodromique: quelques heures ;


 phase de latence: quelques jours. Elle est silencieuse, c'est-à-dire que les symptomes
disparaissent ;
 phase d'état: c'est la phase critique au cours de laquelle se développent les signes
caractéristiques de chaque syndrôme ;
 phase de convalescence.
Le tableau suivant résume les caractéristiques cliniques en fonction de la dose:

Dose (Gy
Dose équivalente (mSv) Effets
)
0,3 - 1 1000 nausées, vomissements
3000 épilation provisoire
syndrome hématopoïétique: atteinte des
1 - 3,5 organes assurant le renouvellement des
lymphocytes, des globules blancs et des
plaquettes --> hémorragies
dose léthale 50: 50 % au moins des individus
3,5 - 5,5
meurent d'hémorragies et d'infections
5-7 stérilité définitive
à syndrome gastro-intestinal: atteinte des
cellules de la mu- queuse intestinale à fort
5,5 - 7,5
taux de renouvellement --> infections mort si
pas de greffe de moelle osseuse
7,5 - 10 >6000
6000 atteinte des poumons
syndrome neurologique: oedème cérébral et
> 10000
> 10 - 15 coma - mort en quelques jours
20000 mort en quelques heures

c. Les effets d'une exposition partielle :

Dose
Dose (Gy) équivalente Organe Effets
(mSv)
réponse "tout ou rien" avant implantation (1er - 8è jour)
0,1 100 pendant l'organogénèse (9è - 60è jour)
embryon
stade foetal (8è à 15è semaine) - Interruption
0,1 - 0,2 100 - 200
grossesse envisagée si > 200 mSv
testicules
0,3 - 0,5 150 stérilité provisoire
*
1 peau fragilisation si exposition ultérieure
3 ovaires stérilité provisoire
5 3500 - 6000 testicules stérilité
7 2500 - 6000 ovaires définitive
peau épidermite exsudative
5 - 10 5000
cristallin cataracte
15 -20 peau ulcération et nécrose aiguë - épilation définitive

*Autrefois employée comme méthode contraceptive !!!

2. Les effets stochastiques

a. Leur origine et leurs caractéristiques

Les effets stochastiques sont les conséquences probabilistes à long terme, chez un individu
ou chez sa descendance, de la transformation d'une cellule. Ils résultent donc de lésions mal
réparées des molécules d'ADN.
Les effets stochastiques sont de 2 types :
 si la mutation porte sur un gène d'une cellule somatique, les effets concernent
l'individu exposé. Ce sont les effets cancérogènes ;
 si la mutation porte sur un gène d'une cellule germinale, les effets concernent
l'individu exposé mais peuvent également se transmettre. Ce sont les effets
héréditaires.

Les effets stochastiques n'ont pas de seuil de dose. Ce sont des effets aléatoires qui
n'apparaissent pas chez tous les individus. Par ailleurs, les effets stochastiques sont :

 tardifs: plusieurs années après l'exposition, voire chez la descendance ;


 quand la dose augmente, leur fréquence augmente, mais leur gravité reste la même ;
 non spécifiques: il n'y a pas de moyen de déterminer l'origine radioinduite d'un
cancer ou d'une anomalie génétique (voir "LA RECHERCHE", N° 308 - p 68).

b. Tableau comparatif des effets déterministes et stochastiques :

Effets déterministes Effets stochastiques


cause: destruction massive des cellules cause: lésions non réparées de l'ADN
obligatoires (ils apparaissent toujours) aléatoires
pathologies diverses cancers et effets génétiques
dose seuil d'apparition: 0,2 - 0,3 Gy pas de dose seuil d'apparition
manifestation précoce manifestation tardive
gravité dépendante de la dose gravité indépendante de la dose
clairement décrits non spécifiques

V. L'évaluation du risque d'effets stochastiques

Les effets stochastiques posent un problème de radioprotection.

En effet, hormis les expositions exceptionnelles à de fortes doses qui ne peuvent relever que
d'un incident voire un accident, ce sont les expositions aux faibles doses qu'il faut gérer. Or,
les effets stochastiques qui en résultent :

 apparaissent de manière aléatoire ;


 apparaissent tardivement ;
 ont une gravité apparemment indépendante de la dose reçue.

Il faut donc un ensemble de données et de paramètres qui permettent d'élaborer un modèle


susceptible d'établir une relation fiable entre l'exposition aux faibles doses et les effets
stochastiques qui en résultent.

1. Les sources d'information sur la cancérogénèse

a. Les études in vitro

Elles ont montré :


 l'importance de la cassure double-brin dans la restauration cellulaire qui expliquerait
l'influence du débit de dose ;
 le rôle essentiel des oncogènes.

b. L'expérimentation animale
Elle a permis :

 l'acquisition de données quantitatives dans le cas où il n'existe pas de données pour


l'être humain ;
 l'étude de la forme des courbes de survie dose-effet ;
 l'étude de divers facteurs :
- le T.L.E., ce qui a permis de déterminer certaines valeurs du facteur de
pondération de la qualité des rayonnements, WR ;
- l'action des radioprotecteurs et des radiosensibilisants.

Cependant:

 elle nécessite l'étude d'un trés grand nombre d'animaux (rats et souris);
 la durée d'observation ne peut dépasser quelques années;
 les résultats obtenus soulignent l'influence de divers facteurs (espèce animale,
conditions d'irradiations, type de cancer considéré) qui rendent difficile
l'extrapolation à l'être humain.

c. Les études épidémiologiques


Le suivi des populations exposées est la seule base de données valable pour définir le facteur
de risque. Ces études sont difficiles car :

 plus la dose est faible, plus le risque, si tant est qu'il existe, est réduit et plus l'effectif
de la population à étudier est grand ;
 l'étude doit être menée sur plusieurs dizaines d'années en raison de la période de
latence des cancers radioinduits ;
 la mortalité par cancer représente environ 25% des décès et les cancers
radioinduits, qui ne se différencient en rien des cancers naturels, sont rares (1 à 2%) ;
 il faut une population témoin présentant les mêmes caractéristiques, notamment
celles d'exposition aux autres facteurs cancérogènes (tabac, alcool, alimentation).

Le tableau suivant résume les caractéristiques de ces modes d'étude:

Mode d'étude Points favorables Points défavorables


mise en évidence de divers
paramètres
résultats difficilement extrapolables à l'être
Etudes in vitro
humain
(cassure double-brin, débit de
dose, oncogènes)
Expérimentation animal - données quantitatives - grand nombre d'animaux à étudier
e
- étude de la forme des
courbes dose-effet
- durée d'observation < quelques années
- étude du T.L.E. (facteur
pondération WR) - résultats difficilement extrapolables à l'être
humain
- action radioprotecteurs et
radiosensibilisants
- plus la dose est faible, plus l'effectif de la
population à étudier est grand

seule base de données valable - étude sur plusieurs dizaines d'années


Études épidémiologique
s pour définir le facteur de - les cancers radioinduits sont rares
risque
- population témoin présentant les mêmes
caractéristiques d'exposition aux autres facteurs
cancérogènes

2. L'extrapolation des risques de cancers aux faibles doses

Ainsi, 3 populations exposées ont été choisies par l'U.N.S.C.E.A.R. (United Nations Scientific
Committee on the Effects of Atomic Radiations):

Survivants
Patients traités pour la Patientes traitées pour le
Paramètres Hiroshima
spondylarthrite cancer du col de l'utérus
Nagasaki
Taille de la
4801 14000 83000
population
Age à
0 - 90 ans > 15 ans 30 - 70 ans
l'exposition
Temps moyen de
28,8 ans 13 ans 7,6 ans
suivi
Type d'expositio instantanée corps
fractionnée - localisée étalée - localisée
n entier
Dose (Gy) > 0,5 0,8 - 6 variable
Excès de décès:
par leucémies 54 37 < 100
par cancers 147 140 257
La figure
suivante
montre la
courbe
dose-effet
établie à
partir des
cancers
observés
chez les
survivants
d'Hiroshima
et Nagasaki.

Ce résultat
montre une
augmentatio
n certaine
du risque
cancérogèn
e pour des
expositions
à des doses
supérieures
à 0,5 Gy,
délivrées à
fort débit.

La forme de
la courbe
dose-effet
suit une
relation
polynômiale
:

effet = k1 .
dose + k2 .
(dose)2

En
revanche,
l'ensemble
de ces
études ne
permet pas
de conclure
dans le
domaine
des faibles
doses
inférieures à
0,2 Gy.

Il faut donc
extrapoler
aux faibles
doses, les
données
obtenues à
fortes
doses.

Cependant cette
extrapolation pose
un problème car,
pour les faibles
doses, les données
sont rares et
l'augmentation du
nombre de
cancers est non
significatif.

L'extrapolation de
la courbe des
fortes doses peut
donc être faite
selon plusieurs
types de relations
compatibles avec
les observations:

 linéaire:
effet = k .
dose
 supra -
linéaire:
effet = k .
(dose)n ave
cn<1
 polynômial
e: effet =
k1 . dose +
k2 . (dose)2

C'est la
relation LINÉAIRE
qui a été retenue.

Les conséquences
sont :

 l'effet est
proportion
nel à la
dose = à
toute dose
correspond
un effet
 il n'y a
donc plus
de dose
seuil = le
risque zéro
n'existe
plus.

Ce choix amène 2
commentaires :

 il conduit à
majorer le
risque pour
toutes les
doses, ce
qui est en
contradicti
on avec
certaines
observatio
ns ;
 il revient à
envisager
les
hypothèses
les plus
pessimiste,
ce qui
répond au
principe
fondament
al de
précaution
en
radioprote
ction.

3. L'extrapolation des risques de cancers aux faibles débits de dose

Les expositions sont en général du type faible débit de dose. Or, celle d'Hiroshima - Nagasaki
est du type fort débit de dose.
L'influence du débit de dose sur la cancérogénèse est connue: pour les rayonnements de
faible T.L.E., plus la dose est étalée dans le temps, plus les effets cancérogènes sont réduits.
Pour tenir compte du débit de dose, on utilise un facteur appelé facteur de réduction de
dose (DDREF, Dose and Dose Rate Effectiveness Factor), calculé à partir des courbes dose-
effet. Les résultats montrent que les valeurs du facteur de réduction de dose à appliquer
pour estimer l'effet délivré à faible débit de dose s'échelonnent entre 2 et 10.

Le facteur le plus FAIBLE de 2 a été retenu.

Remarque: Cette valeur (qui est la plus faible) majore le risque (puisque la réduction du
risque est minorée !!) et ce, une fois encore, en réponse au principe fondamental de
précaution en radioprotection.

4. L'extrapolation des risques de cancers sur l'ensemble de la vie

L'enquête épidémiologique d'Hiroshima - Nagasaki n'est pas terminée. En d'autres termes,


l'estimation du facteur de rique qui a été faite jusqu'à présent n'est applicable que pour la
durée de l'enquête, qui ne représente qu'une fraction de la vie des individus de la population
observée.
Il faut donc évaluer le risque d'apparition de cancers dans les années à venir. Pour celà, il
existe 2 modèles de projection:

 le modèle du risque absolu (ou modèle additif): le nombre de cancers radioinduits


observés annuellement reste constant jusqu'à la fin de la vie des individus de la
population ;
 le modèle du risque relatif (ou modèle multiplicatif): le nombre de cancers
radioinduits observés annuellement est une fraction du nombre des cancers naturels.

Dans ce cas, puisque le nombre de cancers naturels augmente avec l'âge, on doit observer
une augmentation constante du nombre de cancers radioinduits.
C'est le modèle du risque RELATIF qui a été retenu.
5. L'extrapolation des effets héréditaires

Les effets héréditaires résultent des lésions des chromosomes de la lignée germinale
(spermatozoïdes et ovules) susceptibles d'entraîner des anomalies dans la descendance de
l'individu exposé.
Bien que les rayonnements ionisants soient l'un des agents mutagènes les mieux connus,
leur action chez l'homme n'a pas été formellement mise en évidence. En effet, stérilité et
décès interviennent avant qu'une quelconque descendance n'ait manifesté des effets
héréditaires.
Les sources d'information et les difficultés des enquêtes sont les mêmes que dans le cas de
l'études des effets cancérogènes. L'enquête la plus importante a de nouveau porté sur les
survivants d'Hiroshima et Nagasaki et n'a révélé aucune augmentation significative de la
fréquence des anomalies génétiques.
De plus, l'incidence naturelle des effets héréditaire est élevée: environ 10% des naissances.
En conséquence, puisqu'il n'existe pas de données chez l'homme, l'évaluation du risque
d'effets héréditaires repose sur les résultats obtenus chez la souris.
Dans un premier temps, en ce qui concerne la souris proprement dit, les méthodes et les
choix d'extrapolation aux faibles doses des données obtenues aux fortes doses sont les
mêmes que pour l'étude chez l'homme des risques de cancers.
Enfin, l'extrapolation des données obtenues chez la souris à l'homme repose sur les 60%
d'"homologie génétique" entre l'homme et la souris.
En d'autres termes, si 2 gènes sont liés chez la souris, ils le sont également chez l'homme
dans 60% des cas.

Partie 6 Effets des radiations sur l’Organisme : Radiopathologie

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