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DROIT DES AFFAIRES

INGENIEUR 4
IUGET 2022-2023

Dr. NGOUME ONDOUA Jean Aimé


Chargé de cours FSJP, UD

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INTRODUCTION

I- La notion de droit des affaires


Nous examinerons successivement la définition, (A) le domaine (B), et l’intérêt du
droit des affaires (C).

A-Définition
Le droit des affaires regroupe l’ensemble des règles régissant les rapports entre
commerçants, les sociétés commerciales et l’activité commerciale en générale.
C’est une branche du droit privé, même s’il existe par ailleurs un droit public des
affaires.

B-Du domaine du droit des affaires


Contrairement au droit civil qui est qualifié de « droit commun » ou de droit à
caractère général), le droit commercial est un droit spécifique. Un droit qui ne concerne
qu’une catégorie particulière de personnes (Les commerçants et les sociétés
commerciales) ayant pour objet la recherche du profit.
Le droit des affaires recouvre un domaine assez varié, touchant notamment le secteur
commercial à savoir : les assurances, l’activité bancaire, les transports, les sociétés
commerciales etc. C’est la conception large du droit des affaires. Notre étude sera cependant
basée sur une conception restrictive, qui assimile le droit des affaires au droit commercial
général et au droit des sociétés commerciales.
En vue de faciliter et de favoriser le développement des activités de ces personnes, un
ensemble de règles de droit a été conçu pour faire face à leurs nombreux besoins notamment.
D’où l’intérêt remarquable du droit des affaires.

C- De l’intérêt du droit des affaires


L’intérêt du droit des affaires peut être circonscrit à plusieurs niveaux :

-Le besoin de rapidité dans les affaires: En matière d’affaires, le temps étant
précieux, Le droit commercial va permettre d'accélérer les opérations commerciales. C'est
ainsi qu’il existe la liberté de preuve alors que le droit civil impose la preuve écrite. En cas
de litige par exemple, les commerçants peuvent recourir à la procédure d'arbitrage…

-Le besoin de sécurité dans les affaires: Les règles du droit commercial ont
vocation à limiter les risques en matière d’affaires. En droit commercial, les codébiteurs
commerçants sont solidaires c'est-à-dire que le créancier peut s’adresser à l'un quelconque
de ses codébiteurs commerçants pour se faire rembourser ce qui peut favoriser le
développement du crédit et sécuriser les capitaux alors qu’en droit civil, la dette se divise
entre les codébiteurs. Aussi, dans le but de conserver et de développer sa clientèle, le
commerçant bénéficie d'un droit au bail alors que le locataire non-commerçant n'en
bénéficie pas.
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-Le besoin de simplicité dans les affaires: En matière d’affaires, le transport de
capitaux constitue un risque (vol, perte) alors, le droit commercial institue des moyens de
paiement plus simple dans les transactions (lettre de change, billet à ordre chèque…)

II-Les source du droit des affaires (droit commercial).

En plus des sources classiques reconnues à toutes les branches du droit, le droit
commercial a ses propres sources appelées actes uniformes
² ²

A- La source principale : En vue d’harmoniser leur droit des affaires, 17 Etats se


sont mis ensemble pour créer un ensemble de textes. Il s’agit du traité de l’OHADA et de ses
actes uniformes. En ce qui concerne la règlementation du droit plusieurs actes uniformes
ont été adoptés. Ces actes constituent les principales sources du droit commercial. On peut
citer principalement :
-L'acte uniforme du 15 décembre 2010 portant sur le droit commercial général,
-L'acte uniforme du 30 avril 2014 portant sur le droit des sociétés commerciales
et les groupements d’intérêt économique
-L'acte uniforme du 15 décembre 2010 portant sur les sûretés.

B- Les autres sources: Elles existent dans tous les Etats membres et s’appliquent si
elles ne sont pas contraires aux actes uniformes. (La constitution, les lois commerciales, la
jurisprudence commerciale, doctrine, usages commerciaux)

PREMIERE PARTIE : DROIT COMMERCIAL GENERAL

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CHAPITRE I : LES NOTIONS DE COMMERCANT, D’ARTISAN ET D’ENTREPRENANT.

I- La notion de commerçant.

A-Définition: Aux termes de l’article 2 de l’acte uniforme, est commerçant celui qui
fait de l’accomplissement d’actes de commerce par nature sa profession.
En réalité, ceux qui accomplissent des actes de commerce par nature ne sont pas tous des
commerçants. Autrement dit, les actes de commerce ne sont pas tous nécessairement accomplis par des
commerçants.

B-Conditions d’ obtention la qualité de commerçant. Trois (3) conditions sont


nécessairement pour avoir la qualité de commerçant :

1-L’accomplissement des actes de commerce Les actes dont l’accomplissement


confère la qualité de commerçant sont ceux étudiés précédemment en particulier les
actes de commerce par nature. En générale, il s’agit des actes effectués dans le cadre
d’une circulation de richesse avec une idée de profit.

2-La profession : C’est une occupation déterminée dont une personne tire les moyens
de subsistance. Elle suppose une organisation, une compétence, une répétition dans certains
nombres d’actes.
NB : La question a été posée de savoir si la profession commerciale doit être exclusive
ou si elle doit être exécutée concomitamment avec une profession civile et conférer la qualité
de commerçant. Distinguons trois cas :

-1er cas : L’activité commerciale peut être l’activité principale : Application de la


théorie de l’accessoire, l’auteur est commerçant.
-2ème cas : L’activité commerciale peut être secondaire mais sans lien avec l’activité
civile : L’auteur est à la fois commerçant et civil (la théorie de l’accessoire ne joue pas car les deux
activités n’ont pas de lien. La condition exigée est que les actes de commerce doivent avoir un caractère
habituel et non occasionnel)
-3ème cas : L’activité commerciale est le complément nécessaire d’une activité civile :
l’auteur n’est pas commerçant (théorie de l’acte civil par accessoire)

3- L’indépendance: Cela suppose que la personne doit d’accomplir librement accomplir les
actes.
-N’est donc pas commerçant, celui qui travaille pour le compte d’autrui. Exemple: Les
salariés liés au commerçant par un contrat de travail, les mandataires qui agissent pour le
compte d’autrui, les gérants des SARL et les administrateurs des SA, les gérants des
succursales sauf s’il s’agit d’une location gérance…

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- Il en va de même de celui qui est obligé d’accomplir les actes de commerce. Exemple
: Cas de celui qui vend à l’avance une partie de sa récolte et qui ne peut plus honorer ses
engagements auprès de son client habituel; et qui de ce fait doit acheter les produits chez
d’autres. Certes, il y a achat pour revente mais l’acte d’achat est involontaire, conditionné; et
ne suffit pas pour qualifier d’habitude.

II- La qualité d’artisan.

A-Notion d’artisan: L’artisan est un professionnel indépendant qui vit du produit de son
travail principalement manuel et exerçant seul sa profession ou avec l’aide de parents ou
amis et de quelques apprentis. L’artisan n’est pas un commerçant ; il est soumis aux règles
du droit civil. Il est immatriculé au répertoire des métiers.

B-Conditions pour être artisan : Plusieurs conditions sont exigées pour avoir la qualité
d’artisan :
* L’exigence d’un travail essentiellement manuel,
* L’indépendance,
* L’acquisition de connaissances techniques,
* Une main d’œuvre réduite (10 ouvriers au maximum) * L’inscription de
l’artisan au répertoire des métiers.

III- La qualité d’entreprenant.

A-Notion d’entreprenant:

L’entreprenant est un entrepreneur individuel, personne physique qui, sur simple


déclaration, exerce une activité professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole.

B- Les obligations de l’entreprenant:

* Il est tenu d’établir, au jour le jour, un livre mentionnant chronologiquement l’origine et le


montant de ses ressources, la destination et le montant de ses emplois.
* L’entreprenant qui exerce des activités de vente de marchandises, d’objets, de fournitures
et denrées ou de fourniture de logement doit tenir un registre, récapitulé par année,
présentant le détail des achats et précisant leur mode de règlement et les références des
pièces justificatives.

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Chapitre 2 : LES ACTES DE COMMERCE.

I-Classification des actes de commerce: On regroupe les actes de commerce en quatre (4)
catégories : les actes de commerce par nature, les actes de commerce par la forme, les actes
de commerce par accessoire, et les actes mixtes.

A- Les actes de commerce par nature.

1-Définition: C’est un acte de commerce par lequel une personne s’entremet dans la
circulation des biens qu’elle produit ou achète ou par lequel elle fournit des prestations de
service avec l’intention d’en tirer un profit pécuniaire.

2-Différents actes de commerce par nature: On rencontrer les actes de commerce par
nature dans plusieurs types d’opérations:

-Dans les opérations d’achat de biens meubles ou immeubles, en vue de leur revente
lorsque trois (3) conditions sont réunies :

1ère condition: Il faut qu’il y ait achat préalable du bien sinon, il n’y a pas accomplissement
d’acte de commerce.
Exemples: L’agriculteur qui vend ses produits ou qui les transforme avant de les
vendre ne fait pas d’actes de commerce. Mais lorsqu’il achète les produits des autres pour les
transformer et les revendre ensuite dans une proportion plus grande ou lorsqu’il loue ses
machines aux autres, il accomplit des actes de commerce par nature.
En matière d’élevage, l’activité devient commerciale si les animaux sont exclusivement ou
en majeur partie engraissés avec des produits achetés en dehors de l’exploitation.

2ème condition : Il doit exister une intention de revendre. Cette intention résulte de
l’activité professionnelle de l’acheteur.

3ème condition : L’intention de revente doit traduire la recherche d’un profit. Peu importe
s’il y a eu perte à la suite de la revente.

-Dans les opérations de banque, de bourse, de change, de courtage, d’assurance et de transit;


- Dans les contrats entre commerçants pour les besoins de leur commerce ; -Dans les
exploitations industrielles des mines, carrières et de tout gisement de ressources naturelles;
-Dans les opérations de location de meubles ;
-Dans les opérations de manufacture, de transport (privé ou public de personnes ou de
marchandises) et de télécommunication ;

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-Dans les opérations des intermédiaires de commerce, telles que la commission, le courtage,
l'agence, ainsi que les opérations d’intermédiaire pour l’achat, la souscription, la vente ou la
location d’immeubles, de fonds de commerce, d’actions ou de parts de société commerciale ou
immobilière ;
-Dans les actes effectués par les sociétés commerciales.

A- Les actes de commerce par la forme:


On les rencontre lorsque certaines personnes posent des actes.

1-L’émission des effets de commerce: La signature d’un effet constitue un acte de


commerce par la forme. Les effets de commerce sont des moyens de paiement et des
instruments de crédit. On distingue la lettre d’échange, le billet à ordre et le warrant:

Lorsque l’effet est émis par le créancier, on parle de lettre de change ; s’il est émis par
le débiteur, on parle de billet à ordre. Le warrant est un billet à ordre garanti par
nantissement.

2-La création des sociétés commerciales: Selon l’OHADA, et quel que soit leur objet, les
sociétés que sont: La S N C, la S C S, la S A, la SAS et la S A R L sont des sociétés
commerciales par la forme. Peu importe que ces sociétés aient une activité civile ou
commerciale. En cas de procès, elles sont soumises aux juridictions commerciales.
Celui qui créé donc l’une de ces sociétés accomplit un acte de commerce par la forme.

B- Les actes de commerce par accessoire


1-Notion: C’est un acte par nature civile qui devient acte de commerce par accessoire parce
qu’accompli par un commerçant dans le cadre de son activité commerciale.
Exemple: L’opération d’achat d’un véhicule par un commerçant pour les besoins de son
commerce devient un acte de commerce par accessoire.

2-Conditions de l’acte de commerce par accessoire : Au nombre de deux (2) :


* L’auteur de l’acte doit être commerçant c’est à dire une personne qui accompli des
actes de commerce à titre de profession habituelle,
* L’acte par nature civil doit être accompli dans le cadre de son activité commerciale
c’est à dire pour les besoins et à l’occasion de son commerce.

Remarque : Il peut y avoir un acte civil par accessoire c’est à dire un acte par nature
commerciale mais accompli par un non commerçant dans le cadre de son activité civile. (Ex:
Le dentiste qui achète des prothèses et qui les revend à ses patients)

C- Les actes mixtes.

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1-Définition. C’est un acte qui est accompli par un commerçant et par un non commerçant.
L’acte est commercial pour l’une des parties (le commerçant) et civil pour l’autre (le non
commerçant)
Exemple: L’acte de location d’un magasin appartenant à un particulier par un commerçant
est commercial à l'égard du commerçant et civil pour le propriétaire (non- commerçant)
2-Les règles applicables aux actes mixtes. On applique à celui pour qui l’acte est
commercial les règles du droit commercial et à celui pour qui l’acte est civil, les règles du
droit civil. Ainsi en matière de :
- Compétence des tribunaux: Le commerçant qui poursuit le non commerçant doit le
faire devant le TPI. Par contre, le non- commerçant a le choix entre le TPI et le Tribunal de
commerce.
- Preuve : Elle peut être faite par tous moyens contre le commerçant. Mais contre le
non- commerçant; la preuve doit être obligatoirement faite par écrit (application des règles
du droit civil)
- Mise en demeure : Elle peut être faite par tous moyens si le débiteur est commerçant.
Par contre si le débiteur est un non commerçant, il faut un acte d’huissier (C'est-à-dire un
écrit) - Solidarité : Elle existe à l’égard des codébiteurs, lorsqu’ils sont commerçants.

Remarques: En ce qui concerne la clause compromissoire, elle est interdite en matière


d’acte mixte. Il en est de même de la prescription varie entre 10 et 30 ans (application du
droit civil)

II-Le régime juridique de transactions commerciales

A- Les règles applicables aux actes de commerce.


Par rapport au droit civil

* La preuve : Si l’acte accompli est commercial et l’auteur commerçant, la preuve peut


être faite par tout moyen à son égard. En droit civil, il faut nécessairement un écrit.

* La solidarité des codébiteurs : Elle est présumée dans tous les actes ou plusieurs
commerçants sont codébiteurs. En matière civile, la solidarité doit être stipulée clairement.

* Le délai de prescription : La prescription est un délai au-delà duquel on ne peut plus


réclamer son droit en justice. Elle est de 30 ans en matière civile et de 5 ans en matière
commerciale.

* La mise en demeure : Elle peut être faite par tout moyen à l’égard du commerçant et
du non-commerçant.

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* La clause compromissoire : Elle est valable entre commerçants et nulle en matière
civile.

* La clause attributive de compétence : C’est celle par laquelle les parties décident de
se rendre devant un tribunal autre que celui qui est normalement compétent pour connaître
de leur litige. Cette clause n’est possible qu’entre commerçants.

* La compétence juridictionnelle: Les tribunaux de commerce sont compétents pour


les contestations entre commerçants et pour celles qui concernent les actes de commerce
entre toutes personnes lorsqu’il s’agit des actes de commerce par nature et par la forme;
s’agissant des actes mixtes, voir régime juridique correspondant.

B- Le règlement des litiges commerciaux:


Pour le règlement des litiges, L’on peut recourir aux juridictions commerciales ou à la
procédure d’arbitrage.
1- Les juridictions commerciales étatiques: Elles existent dans chaque Etat
membre (Tribunaux de commerce, cours d’appel et cour suprême)
2- La cours commune de justice et d’arbitrage: C’est une haute juridiction
commerciale commune à tous les Etats membre du traité, chargée d’interpréter les actes
uniformes et d’élaborer une jurisprudence commune à tous les Etats. Ces décisions appelées
arrêts, ont la force exécutoire.

3- L’arbitrage: Il s’agit d’une procédure de règlement à l’amiable des litiges entre


commerçants dans le cadre de l’OHADA, par la saisine de juges arbitres au moyen d’une
clause compromissoire ou d’un compromis d’arbitrage.
* Clause compromissoire: Clause par laquelle des commerçants stipulent qu’en cas de
litige relatif à l’exécution de leur contrat d’affaire, celui-ci sera tranché par des arbitres. Elle
est nulle en matière civile.
* Compromis d’arbitrage: C’est une convention par laquelle à l’occasion d’un conflit,
les parties décident de recourir à des arbitres.
NB: Les décisions rendues par les arbitres sont appelées sentences arbitrales. Elles peuvent faire
l’objet de recours en appel.

Chapitre 3 : LES CONDITIONS D’EXERCICE DE L’ACTIVITE COMMERCIALE.

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En plus des conditions étudiées, celui qui veut être commerçant doit être capable de
le faire et être de bonne moralité.

I- Les conditions de capacité ou de pouvoir.


Ces conditions concernent les mineurs, les majeurs incapables et la femme mariée.

1-Le mineur : Il existe deux catégories de mineur.

a- Le mineur non émancipé: Il ne peut avoir la qualité de commerçant ni effectuer


des actes de commerce. Tous les actes qu'il accompli sont nuls mais de nullité relative car le
mineur est obligé par ses fautes. Son représentant légal ne peut non plus accomplir des actes
de commerce en son nom.
S'il hérite d'un fonds de commerce, il ne peut pas l'exploiter lui-même, le fonds est soit
vendu, soit mis en location gérance ou même apporté en société.

NB: Cependant, son représentant légal peut gérer ce fonds puisqu'il a un droit de jouissance
sur les biens de l'enfant mineur.

b-Le mineur émancipé : L’émancipation est une mesure qui affranchit un mineur de son
incapacité. Elle se traduit par le mariage, par une autorisation expresse de celui des
parents qui exerce la puissance parentale ou par une décision judiciaire.
En plus de l’émancipation, le mineur doit avoir 18 ans révolus et une autorisation qui doit
être inscrite au RCCM.

2-Les majeurs incapables.


Les majeurs incapables sont généralement les déments et les prodiges. Ils sont dans la
même situation que les mineurs. S’ils sont commerçants avant leur interdiction, leurs fonds
de commerce doivent être vendus, apportés en société ou mis en location gérance.

3-La situation de la femme mariée. A quelles conditions une femme mariée peut-elle
exercer un commerce ?
a- Conditions d’exercer du commerce par la femme mariée : Il faut :

* Une profession commerciale séparée de celle de son époux sinon seul ce dernier a la qualité
de commerçant.
* Une absence de décision judiciaire l’interdisant d’exercer le commerce à la demande de son
époux car selon ce dernier l’exercice du commerce serait contraire à l’intérêt de la famille.
b- Les pouvoirs de la femme mariée dans l’exercice d’un commerce : La femme mariée
pourra-t-elle dans l’exercice de son commerce, engager les biens de la famille en cas de difficultés
financières ?
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* En cas de séparation de biens, elle gère librement ses biens à ses risques et périls.
* En cas de communauté de biens, elle a d’abord la pleine propriété de ses biens de même
que ceux acquis dans l’exercice de sa profession.
S’agissant des biens communs et ceux de son époux, elle peut les engager si son époux
a donné son accord express aux actes ayant engendré les dettes ou s’il s’est ingéré dans la
profession de sa femme et donné l’apparence d’être lui-même commerçant ou même s’il a fait
mentionné au registre du commerce et du crédit mobilier son accord à l’exercice du
commerce par sa femme.

II- Les conditions de moralité.


Ces conditions concernent les incompatibilités, les déchéances et les interdictions.

A-Les incompatibilités: L'activité commerciale est incompatible avec l'exercice de certaines


professions. Ex: Les fonctionnaires, les huissiers, les notaires les liquidateurs judiciaires les experts
comptables… ne peuvent exercer le commerce.
Remarques: Celui qui fait le commerce malgré son incompatibilité acquiert la qualité de
commerçant et doit assumer toutes les conséquences. Il encourt des sanctions disciplinaires

B-Déchéances et les interdictions : Elles visent à éliminer de la profession commerciale


les personnes indignes, malhonnêtes. Celles dont le défaut de moralité est établi.
Sont frappées de déchéances, les personnes condamnées à une peine privative de
liberté pour crime de droit commun ou à une peine d'au moins 3 mois sans sursis pour délit
contre les biens ou infractions d'ordre économique ou financier. Quant à l’interdiction, elle
est prononcée par un juge.
Le déchu ou l'interdit ne peut lui-même faire le commerce ni par personne interposée,
ni pour le compte d'autrui comme mandataire, gérant ou administrateur ou directeur l'une
société commerciale ou commissaire aux comptes.
Le déchu ou l'interdit qui continu l'exercer le commerce est un commerçant et devra
en assumer toutes les conséquences (poursuites pénales)
La loi interdit de même, l’exercice de toute activité sans autorisation préalable (débit de
boissons, vente en pharmacie, vente d’armes…)

Chapitre 4: LES DROITS ET LES OBLIGATIONS DU COMMERÇANT.

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I- LES DROITS DU COMMERCANT : LE DROIT AU RENOUVELLEMENT DU BAIL
A USAGE PROFESSIONNEL AU BAIL

I- Les conditions de renouvellement du bail.

A-Notion de droit au bail.


Le droit au bail ou encore la propriété commerciale est le droit pour le commerçant
(locataire) d’obtenir du bailleur le renouvellement de son bail ou en cas de refus injustifié,
d’obtenir, sous certaines conditions, une indemnité d’éviction.

1-Les conditions de renouvellement: Il y a des conditions de fond et des conditions de


forme.
a- Les conditions de fond:

* Le locataire doit avoir exploité l’activité prévue pendant une durée minimale de deux
(2) ans,
* Le bailleur doit être inscrit au RCCM
b-Les conditions de forme:

* Lorsque le bail est à durée déterminée, le locataire qui souhaite le renouvellement,


doit en faire la demande par tout moyen (acte extra judicaire, acte d’huissier, moyen
électronique...) au plus tard trois (3) mois avant la date d’expiration du bail.
* Le silence du bailleur dans un délai d’un mois équivaut à une acceptation.
* Lorsque le bail est à durée indéterminée, les parties doivent prévoir un préavis de
congé de six mois avant la reprise.

B-Les conséquences du refus du renouvellement du bail.

Le bailleur (le propriétaire du local) peut s’opposer au renouvellement du bail en réglant au


locataire une indemnité d’éviction.
NB: L’indemnité d’éviction est une somme d’argent que le bailleur verse au locataire
commerçant lorsqu’il désire récupérer son local sans motif ou raison valable.

Cependant, il peut reprendre son local sans payer l’indemnité d’éviction s’il justifie de
motifs légitimes notamment:
* Lorsque le locataire ne paie pas régulièrement le loyer,
* Lorsque le bailleur reprend l'immeuble pour effectuer des travaux (reconstruction,
aménagement…)
* Lorsque les locaux sont repris pour une habitation personnelle du bailleur ou pour celle
d'un membre de sa famille.
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* Lorsque la demande de renouvellement n’a pas été faite dans le délai,
* Lorsque le locataire n’est pas inscrit au RCCM,
* Lorsque le locataire adresse des injures à l’encontre du bailleur,

II-LES OBLIGATIONS DU COMMERCANT

Elles sont de plusieurs ordres. Mais celles qui sont liées à son activité commerciale
sont : L’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier, la tenue de livres de
commerce et l'obligation de loyale concurrence.

A- L’immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier

1-Notion d’immatriculation: L'immatriculation est une simple inscription des


commerçants et sociétés commerciales sur un registre (registre du commerce et du crédit
mobilier) détenu au greffe du tribunal de leur ressort territorial.
Ce registre a pour but de dénombrer les commerçants et les sociétés commerciales et
de fournir des informations les concertants.
L'immatriculation se fait pour les commerçants personnes physiques, dans le premier
mois de l’exploitation de leur l'activité. Pour les sociétés commerciales, dans le mois de leur
constitution.
NB : Il existe registre local tenu dans le ressort de chaque tribunal, le fichier national
auprès de la cour d’appel d’Abidjan et le fichier régional prévu dans le cadre du traité
OHADA.

2-Effets d’immatriculation : Il s’agit des conséquences juridiques et des sanctions


attachées à l’IRCCM.

3- Les conséquences de l'IRCCM: Celui qui est immatriculé est présumé, sauf preuve
contraire, avoir la qualité de commerçant; et bénéficie de tous les avantages liés à la
profession commerciale (facilitation du crédit, participation aux élections à la chambre de
commerce, renouvellement du bail…) Il doit de même assumer toutes les obligations (paiement
des impôts) Cependant, celui qui n’est pas immatriculé dans le délai prévu, ne peut se
prévaloir, jusqu'à son immatriculation, de la qualité de commerçant. Il ne peut donc
bénéficier de droits

Exemples: faire usage des livres de commerce comme moyen de preuve, donner son fonds de
commerce en location gérance…
De même, il ne pourra se prévaloir du défaut d’immatriculation pour se soustraire aux
obligations et responsabilités qui incombent aux commerçants.

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4- Sanctions d’immatriculation. Le défaut d’immatriculation est sanctionné par le
paiement d’une amende et le juge ordonne l’immatriculation dans un délai de 15 jours.
L’immatriculation frauduleuse est sanctionné par le paiement d’une amende une
amende et ou par un emprisonnement.

II- La tenue de livres de commerce

A- Les différents livres de commerce

1- Les livres obligatoires:

* Livre journal qui enregistre au jour le jour les opérations de l’entreprise.


* Livre inventaire qui récence chaque année, l'actif et le passif en vue d'établir un
tableau descriptif et estimatif du bilan de l'entreprise ou du commerçant.
* Le grand livre qui tient un compte par client et fournisseur. Chaque fois
qu'une opération est passée avec un client ou un fournisseur, l'opération est reportée sur son
compte.

2- Les livres facultatifs: Il s'agit généralement des livres de caisse, brouillard,


des effets de commerce…

B-Les intérêts de la tenue des livres:


* Les livres permettent aux commerçants de se souvenir des opérations réalisées
et de connaître l'état de leur caisse.
* Ils servent de preuve d'une part au profit du commerçant et d'autre part contre
le commerçant.
* Les livres constituent un moyen de contrôle efficace pour le fisc pour la fixation
du montant des impôts et autres taxes.

C-Les sanctions de la tenue des livres:


* Les livres irrégulièrement tenues ne peuvent servir de preuve à ceux qui les
tiennent.
* La tenue irrégulière des livres expose le commerçant à une peine
d'emprisonnement et ou au paiement d’une amende.
Dans certains cas, le juge peut prononcer la fermeture de l'entreprise pendant 3 mois
au moins et 1 an au plus ou prononcer l'interdiction l'exercer le commerce pendant 6 mois au
moins et 5 ans au plus.

III- L’obligation de la loyale concurrence.


La liberté de commerce implique la concurrence mais celle-ci ne doit pas être déloyale.
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A-Définition de la concurrence déloyale:

C’est le détournement ou la tentative de détournement de la clientèle d'un concurrent


par des pratiques contraires aux lois, aux usages ou à l'honnêteté professionnelle.

B-Les conditions de la concurrence déloyale: Les éléments constitutifs de la CD sont au


nombre de trois (3)

1- La faute: Elle peut être constituée par faits:

* L'usurpation du nom commercial ou de à l'enseigne dans le but de semer la


confusion afin d'induire la clientèle du concurrent en erreur.
Si le concurrent porte le même nom patronymique, le juge peut l'obliger à adjoindre, à son
nom, un prénom. Mais dans ce cas, il se réfère à l'antériorité de l'emploi du nom.
L'utilisation de l'enseigne doit créer une confusion entre deux établissements du même
genre et s'adressant à la même clientèle. Dans ce cas, le juge ordonne des mesures pour
empêcher toute confusion dans l'avenir.
* Le dénigrement et menaces adressées à la clientèle ou au concurrent: C'est le
fait d'attaquer un autre commerçant dans son honorabilité, sa compétence ou sa solvabilité.
* La désorganisation interne de l'entreprise: C'est le cas par exemple lorsqu'il
y a excitation du personnel d'un concurrent à la grève ou au débauchage dudit personnel.
* La désorganisation générale du marché: Elle peut se faire par une publicité
mensongère, la vente à perte.
* L’exercice illégal d'une activité: Cas ou l'activité est exercée sans
autorisation, sans licence ou brevet…

2-Préjudice: Il consiste dans le détournement de la clientèle du concurrent. Le


préjudice peut être actuel ou futur.

3-Lien de causalité : Il s'agit pour la victime de démontrer que le préjudice résulte de


la faute commise par l’autre.

C-La lutte contre la concurrence déloyale: La concurrence déloyale peut être combattue
par plusieurs moyens:
1- Les actions ou moyens prévus par la justice: La loi autorise toue personne à saisir le
tribunal de commerce pour faire cesser la concurrence déloyale par des actions en justice :
* L'action en usurpation pour le nom commercial et l'enseigne. * L'action en
contrefaçon pour la marque.

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2-Les actions ou moyens prévus par les commerçants: Il s'agit des clauses, conventions
ou accords signés par les commerçants dans leur relation d'affaire pour ne pas se livrer
concurrence. On a:

* Les clauses de non-concurrence: Elles sont généralement insérées dans les


contrats de travail; et ont vocation à s'appliquer au cours ou à l'expiration du contrat.

* Les clauses de non établissement: Elles sont généralement insérées dans les
contrats de vente, de location gérance, et cela, chaque fois que la personnalité du
commerçant, son nom, son activité ont une influence sur la conservation de la clientèle.
(Interdiction d'exercer la même activité en cas de vente ou de location gérance d'un fonds de
commerce)

* Les clauses d'exclusivité: Ce sont les conventions par lesquelles les parties
s'entendent pour réserver l'exclusivité de leur activité ou la fourniture de leur produit à
l'une d'entre elles.
N.B: Pour éviter tout abus, ces clauses sont limitées dans le temps ( 2 ans ) et dans
l'espace ( rayon de 200 km ).

Chapitre 5 : LE FONDS DE COMMERCE.

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I- La notion de fonds de commerce

A-Définition: C'est un ensemble de moyens (biens et droits) qui permettent au commerçant


d'attirer et de conserver sa clientèle.

B- Les éléments du fonds de commerce: Le fonds de commerce est composé d’éléments


principaux et d’éléments secondaires.

1- Les éléments principaux: Ils constituent le fonds commercial. Ce sont la clientèle et


l'enseigne ou la clientèle et le nom commercial, ou encore la clientèle, l’enseigne et le
nom commercial.
* La clientèle: est l'ensemble des personnes en relation avec le commerçant. Elle
désigne les personnes qui lui sont fidèles. L'achalandage représente celles qui sont de
passage. * Le nom commercial est la désignation ou l'appellation sous laquelle le
commerçant exerce son activité.
* L'enseigne est un emblème, une dénomination de fantaisie ou un signe
extérieur qui permet d'individualiser l'établissement ou le magasin; et de rallier la clientèle.

2-Les éléments secondaires du fonds de commerce : Le fonds de commerce peut


comprendre différents éléments mobiliers, corporels et incorporels:

2-2-1 Eléments corporels :


* Les installations,
* Les aménagements et agencements,
* Le matériel, * Le mobilier,
* Les marchandises en stock.

2-2-2 Eléments incorporels:


* Le droit au bail : Il permet au commerçant d'exploiter dans un lieu avec
l'accord du propriétaire, toute activité commerciale, industrielle, artisanale ou
professionnelle.
* Les licences d'exploitation : Ce sont des documents exigés pour l'exercice de
certaines activités commerciales (débit de boissons, transport, pharmacie…) Lorsque ces licences
ont un caractère personnel, elles ne font pas partie du fonds de commerce (elles ne peuvent être
cédées)
* Les brevets d'inventions, marques de fabrique et de commerce, dessins et
modèles, et tout autre droit de propriété intellectuelle nécessaires à l'exploitation.

II- Les opérations juridiques sur le fonds de commerce.

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Le fonds de commerce peut faire l'objet d'une location gérance, d'une cession ou d'un
nantissement.

A-La location gérance du fonds de commerce:

1- Définition: C’est un contrat par lequel le propriétaire d'un fonds de commerce (bailleur),
en concède la location à un gérant (locataire gérant) qui l’exploite à ses risques et périls.

2- Les conditions de la location gérance:

* Conditions liées au bailleur: Le bailleur doit avoir exploité pendant deux (2) année au
moins en qualité de commerçant le fonds mis en location gérance.

* Conditions liées au locataire: Le locataire gérant doit avoir la capacité de faire le


commerce ; et être inscrit au IRCCM.

* Conditions de forme et de publicité : Le contrat de location doit être écrit et publié,


sous forme d'avis, dans un journal d'annonces légales dans les 15 jours suivant sa
conclusion.

3 -Les effets de la location gérance:


* Le locataire gérant devient commerçant ; il exploite le fonds pour son propre compte à ses
risques et périls, moyennant paiement d’un loyer ou d’une redevance.
* Le bailleur n’a plus la qualité de commerçant et il doit à cet effet modifier les mentions
portées sur son registre de commerce.

B-La cession du fonds de commerce.

1-Définition : C’est la vente du fonds de commerce par le propriétaire


commerçant à un autre commerçant qui va désormais l’exploiter.

2-Les conditions de la cession du fonds de commerce :

* Conditions tenant au vendeur et à l’acheteur :


- L’acheteur ou l'acquéreur doit avoir la capacité commerciale.
- Le vendeur, on suppose qu'il a déjà la qualité de commerçant; mais s'agissant
d'un héritier mineur, la vente sera faite par son représentant légal avec
autorisation du juge des tutelles.

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* Conditions liées au fonds de commerce: La cession du fonds de commerce porte
obligatoirement sur les éléments principaux. Quant autres éléments, ils doivent être
expressément précisés dans le contrat de cession ou de vente.

* Conditions de forme et de publicité: La cession se fait par écrit (acte authentique, acte
sous- seing privé) qui doit être publié, sous forme d'avis, dans un journal d'annonces légales,
dans un délai de 15 jours à compter de la date de cession.

3 -Les effets de la cession du F C:

* Le vendeur à l'obligation de délivrance et de garantie.


* L'acquéreur doit payer le prix au jour et au lieu fixé dans l'acte de vente.

C-Le Nantissement du fonds de commerce:

1-Définition: C’est une garantie sans dépossession du F C, qui permet au


commerçant, exploitant d'un F C, d'obtenir des capitaux pour poursuivre ou
étendre son activité.

2-Les conditions du nantissement:


* Le nantissement doit porter sur la clientèle, l’enseigne, le nom commercial, le droit au bail
et les licences d'exploitation. Les autres éléments doivent faire d'une mention expresse.
* Le nantissement doit être constaté par écrit (acte authentique, acte sous- seing privé)

3 -Les différents types de nantissement: Au nombre de deux:

* Le nantissement conventionnel: Il résulte de la volonté commune du commerçant et de


son créancier qui accepte le F C comme garantie en contrepartie des fonds prêtés au
commerçant.

* Le nantissement judiciaire: Il est autorisé par le juge au profit d'un créancier pour sûreté
de sa créance dont le recouvrement est en péril.

DEUXIEME PARTIE : DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES

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TITRE I: LES REGLES COMMUNES A TOUTES LES SOCIETES
COMMERCIALES

CHAPITRE 1 : La Création (la naissance) de la société commerciale

I- La notion de société commerciale

A-Définition
C’est une convention (un contrat) entre deux ou plusieurs personnes, qui conviennent de
mettre quelque chose en commun, en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter. Ces
personnes (Les associés) s’engagent de même à contribuer aux pertes.

NB: La société commerciale naît d’un contrat (qui traduit la volonté de deux ou plusieurs
personnes) Elle peut de même provenir d’un acte unilatéral (qui traduit la volonté d’une
seule personne appelée associée unique)

B-L’acquisition de la personnalité morale (Personnalité juridique): La société devient


une personne morale (acquisition de la personnalité morale) dès son immatriculation au RCCM.
Elle a une existence juridique indépendamment de la personnalité juridique de ses associés.
Elle dispose à cet effet:
* D'un nom appelé dénomination sociale,
* D'un domicile appelé siège social,
* D'une nationalité qui est celle de l'Etat où elle a son siège social ou la nationalité de ses
propriétaires,
* D'un patrimoine propre distinct de celui de ses propriétaires, * D'une durée de vie qui
peut aller jusqu'à 99 ans.

C-La classification des sociétés commerciales: Le traité OHADA distingue 3 types de


société commerciale avec plusieurs formes.

TYPES DE SOCIETE FORMES DE SOCIETE


Sociétés de personnes Société en nom collectif
Société en commandite simple
Sociétés de capitaux Société anonyme ou S A unipersonnelle
Société par action simplifiée
Sociétés de type mixte Société à responsabilité limitée ou SARL
unipersonnelle

NB: La SA, la SAS et la SARL peuvent être créées par une seule personne: SA
unipersonnelle et SARL unipersonnelle.
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II-Les conditions générales de validité des contrats de société:

A- Conditions de fond: Elles sont généralement prévues pour la validité de tout contrat à
savoir:

* La capacité des parties à contracter: La capacité commerciale est en principe exigée.


Mais dans certains cas, elle n’est pas nécessaire.
-Dans les SNC et les SCS (commandités uniquement), les associés doivent avoir la capacité
de faire le commerce car ils ont tous la qualité de commerçant. En conséquence, les mineurs
et les incapables ne peuvent être associés dans de telles sociétés.
-Dans les SA et les SCS (commanditaires seulement), la capacité de faire le commerce n'est
pas nécessaire.

* Le consentement des parties: L’accord des associés doit être dépourvu de tout vice de
consentement à savoir l’erreur, le dol et la violence.

* L'objet: C’est l'activité qu’elle va exercer. Elle ne doit pas être ou interdit par la loi ou
contraire aux bonnes mœurs. (Exemple: L’exercice d’une activité dangereuse)

* La cause : La cause est la raison pour laquelle les personnes conviennent de s’associer
(réaliser ensemble un bénéfice ou profiter de l'économie qui pourra en résulter)

B- Conditions de forme et de publicité:

* La forme: L’existence de la société est matérialisée par la rédaction des statuts. Ceuxci
sont obligatoirement écrits et signés par tous les associés. Ils peuvent être établis par acte
sous seing privé ou par acte authentique (acte notarié)
Les statuts doivent contenir les mentions suivantes : Les apports de chaque associé, la
nature, la dénomination, la forme, le domaine d'activité, le siège social, la durée de la société,
l’organisation et les modalités de son fonctionnement de la société.
NB: L'absence d'un écrit n’annule pas la société mais lui confère à la société la qualité de
société de fait ou de société créée de fait.

* La publicité : La société doit faire l’objet de publication dans un journal d'annonces


légales ou au journal officiel pour informer les tiers de l’existence de la société sinon, elle
est déclarée nulle.

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CHAPITRE II : Le fonctionnement (la vie) des sociétés commerciales.

I-La gestion de la société commerciale: Les dirigeants sont appelés gérants dans les
SNC, SCS, et les SARL ou administrateurs général ou même conseil l'administration
dans les SA. Ils sont nommés et révoqués par les associés mais à des conditions propres au
type de société.

II-La dissolution de la société.

A-Les causes communes à toutes les sociétés: Les causes de dissolution émanent de
plusieurs origines :
* Causes légales: Elles sont prévues par la loi :

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- Réduction du nombre d'associés en deçà du minimum légal,
- Décès, incapacité ou interdiction d'un associé dans les sociétés de personnes sauf clause de
continuation avec les autres associés ou avec les héritiers,
- Annulation de la société,
- Effet d'un jugement ordonnant la liquidation des biens de la société.

* Causes statutaires: Les statuts peuvent prévoir la dissolution lorsque :


- La durée de vie de la société est atteinte,
- L'objet de la société est atteint ou si l'exécution de l'opération pour laquelle elle a été créée
est accomplie
- La cause de la dissolution a été prévue par les statuts.

* Causes volontaires: Les associés peuvent volontairement décider de la dissolution


anticipée de la société.

* Causes judiciaires: Elles interviennent pour justes motifs à la demande d'un associé
en cas de :
-D'inexécution par un associé de ses obligations,
-De mésintelligence entre les associés empêchant le fonctionnement normal de la
société.
B- Effets de la dissolution: La dissolution doit être publiée dans un journal d'annonces
légales. Elle n’a d'effet qu‘à compter de sa publication au RCCM. Elle entraîne de plein droit
la liquidation de la société en vue de partager le patrimoine social.

NB: Chaque société a ses propres règles de fonctionnement.

TITRE II : LES REGLES SPECIFIQUES A CHAQUE SOCIETE COMMERCIALE

Chapitre 3: LES SOCIETES DE PERSONNES

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Ce sont des sociétés constituées en considération de la personne des associés où l’intuitus
personae compte pour beaucoup. C’est la raison pour laquelle l’entrée dans de telles sociétés
n'est pas admise à n'importe qui. L'acte uniforme distingue la société en nom collectif
(SNC) et la société en commandite simple (SCS):

I- La Société en Nom Collectif (S.N.C)

A-Les associés dans une SNC: Au nombre de 2 au moins, ils ont tous la qualité de
commerçant. De même, ils sont tous, solidairement et indéfiniment, tenues responsables des
dettes de la société.
NB: Les mineurs, les majeurs incapables ou les interdits ne peuvent être associés dans
une SNC car ils n'ont pas la capacité commerciale.
Deux époux ne peuvent également appartenir à une SNC car la responsabilité des associés
étant illimitée, cela risque de compromettre le patrimoine du couple.

B-Les dirigeants dans une SNC: La SNC est dirigée par un ou plusieurs gérants désignés
par les parties. Le gérant peut être un associé statutaire ou non ou même un gérant
statutaire non associé.

C-La dissolution: Plusieurs hypothèses sont à distinguer :


En cas de décès d'un associé, la société est en principe dissoute sauf clause de continuation
avec les héritiers après agrément des associés survivants. Si l'agrément n'est pas obtenu, les
héritiers seront remboursés de leurs droits sociaux.
Cependant, les héritiers mineurs ne pourront entrer dans la SNC car, ils n'ont pas la
capacité commerciale. Dans ce cas, la société devra se transformer dans un délai d’un mois à
compter du décès, en une S.C.S où les mineurs seront des commanditaires.
NB: En cas d'incapacité, de faillite ou de l'interdiction d'un associé, celui-ci ne fera plus
partie de la société car ne pourra désormais faire le commerce.
Dans un tel cas, les statuts prévoient la continuation pour éviter qu’une société qui prospère
puisse être dissoute. Il sera alors versé à l'associé incapable, failli ou interdit la valeur de ses
droits.

II-La Société en Commandite S²imple.

A- Les caractéristiques: La SCS est une société de personnes avec deux (2) catégories
d'associés (Les commandités et les commanditaires) Les commandités présentent les
mêmes caractères que les associés dans une SNC.
NB : Ne peuvent donc être associés dans une SCS, les mineurs, les majeurs incapables,
les faillis ou les interdits sauf s’ils sont commanditaires.

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De même, deux époux ne peuvent appartenir à une SCS à condition que l'un soit
commandité et l'autre commanditaire ou tous deux commanditaires.

B- Les apports: Les commandités peuvent faire tous les apports possibles mais les
commanditaires ne peuvent faire des apports en industrie car ils ne peuvent diriger la
société.
Les parts ne peuvent être cédés qu’avec l'accord unanime de tous les associés sauf si
les statuts prévoient autrement.

C-Les dirigeants: Seuls les commandités peuvent diriger la SCS. Le ou les commanditaires
en sont exclus même munis d'une procuration car ils ne sont pas tenus personnellement du
passif social.

D-La dissolution: En plus des causes communes de dissolution à toutes les sociétés, le
décès, l'incapacité, la faillite ou l'interdiction d'un commandité entraîne la dissolution de la
SCS sauf clause de continuation prévue par les statuts.
NB: En cas de décès d'un commanditaire, la société n'est pas dissoute. Les statuts
prévoient la continuation de la société avec les héritiers du commanditaire (même étant
mineur)

Chapitre 4: LES SOCIETES DE CAPITAUX

Il s’agit des sociétés dans lesquelles l’intuitu personae ne joue aucun rôle. L'accent est mis
sur l'importance des apports. On distingue la société anonyme et la société par action
simplifiée (SAS)

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I- La Société Anonyme.

A-Les caractéristiques: La S A est une société qui est créée par au moins sept (7) personnes
appelées actionnaires, qui ont leur responsabilité limitée au montant de leur apport. Elle
peut de même être crée par une seule personne (société anonyme unipersonnelle)
Le capital minimum est de 10 millions divisés en action de 10000 francs. Pour sa
constitution, elle peut faire appel à l'épargne publique. Dans ce cas, le capital est de 100
millions de. La Sa est dirigée par un président directeur général ou par un conseil
d’administration.

B-Les parties dans une SA: Les actionnaires n’ont pas la qualité de commerçant, toute
personne peut faire son entrée dans une SA.
Deux époux peuvent être actionnaires dans une SA sans que cela ne compromettre leur
patrimoine car la responsabilité de chacun est limitée au montant de son apport.

C-La dissolution : En plus des causes communes de dissolution à toutes les sociétés, la SA
peut être dissoute par décision des associés. Elle peut de même être dissoute si elle perd la
moitié de son capital.

II- La société par action simplifiée.

A-Définition: C’est une société instituée par un ou plusieurs associés et dont les statuts
prévoient librement l’organisation et le fonctionnement de la société sous réserve des règles
communes aux sociétés commerciales.
-Les associés de la société par action simplifiée ne sont responsables des dettes sociales
qu’à concurrence de leurs apports et leurs droits sont représentés par des actions.

-La société est désignée par une dénomination sociale qui doit être immédiatement
précédée ou suivie en caractères lisibles des mots « société par action simplifiée » ou du sigle
« SAS ».
Lorsque la société ne comprend qu’un associé, elle est désignée, elle est désignée par une
dénomination sociale qui doit être immédiatement précédée ou suivie en caractères lisibles
des mots « société par action simplifiée unipersonnelle » ou du sigle « SASU ».

B-La constitution du capital social: Elle n’a pas de capital social minimum. Le montant du
capital social ainsi que celui du nominal des actions est fixé par les statuts.
Contrairement à la société anonyme dans laquelle l’apport en industrie est interdit, la
société par action simplifiée peut émettre des actions résultant d’apports en industrie. Les
statuts déterminent les modalités de souscription et de répartition de ces actions.

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C-Le fonctionnement: Les statuts fixent les conditions dans lesquelles la société doit être
dirigée.
La société par action simplifiée est représentée à l’égard des tiers par son Président désigné
dans les conditions prévues par les statuts qui est investi des pouvoirs les plus étendus pour
agir en toute circonstance au nom de la société dans la limite de l’objet social.
Cependant les statuts peuvent prévoir les conditions dans lesquelles une ou plusieurs
personnes autres que le Président, portant le titre de directeur général ou de directeur
général adjoint, peuvent exercer une partie des pouvoirs confiés au Président.
Les associés peuvent nommer un ou plusieurs commissaires aux comptes dans les
conditions prévues dans les statuts.

III- LA SOCIETE A RESPONSABILITE LIMITEE (LA SARL)

A-Les caractéristiques: C’est une société intermédiaire entre les sociétés de personnes et
les sociétés de capitaux. Elle a donc un caractère hybride.
La responsabilité des associés est non seulement limitée mais la SARL est constituée
en considération des personnes. Elle peut être créée par une seule personne (SA
unipersonnelle à responsabilité limitée)

B-Les parties dans une SARL: La capacité commerciale n'étant pas exigée, un mineur ou
un majeur incapable peut être associé dans une SARL. Mais en cas d'apport en nature
excédant 5 millions, le mineur ne peut y entrer.
Deux époux peuvent créer une SARL ou entrer dans une SARL car la responsabilité étant
limitée au montant des apports, cela empêche toute atteinte à leur patrimoine.

C-Les apports-capital social: Il n’y a pas de capital minimum exigé.


L'apport en industrie n'est pas admis dans la SARL car les apports doivent être libérés
au moment de la constitution de la société. Or il est impossible de libérer l'apport en
industrie au moment de la constitution de la société.
La cession des parts n'est possible qu’après consentement des associés. En cas de décès
de l'un des associés, la SARL n'est pas dissoute; les parts sont librement transmis aux
héritiers. Toutefois, les statuts peuvent prévoir la continuation avec certains héritiers.

D-Le fonctionnement: La SARL est dirigée par des gérants statutaires ou non, désignés à
l'unanimité des associés. Le contrôle de la société est assuré par des commissaires aux
comptes.

E-La dissolution: En plus des causes communes de dissolution à toutes les sociétés, la
SARL peut être dissoute s’il y a réduction du capital social en dessous du minimum légal.

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NB : La SARL n’est pas dissoute par l'incapacité, l'interdiction, la faillite ou la mort d'un des
associés. Toutefois, en cas de décès, rarement, les statuts peuvent prévoir la dissolution.

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