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Chapitre 1 : Les actes de commerce.

La notion d’actes de commerce occupe une place centrale et d’importance particulière dans le
Code de commerce et ce, pour une raison simple. La définition des commerçants dépend de celle
donnée aux actes de commerce. Selon l’article L121-1 du Code de commerce , sont commerçants ceux
qui exercent des actes de commerce et en font leur profession habituelle. Le code de commerce n’a pas
donné un critère général des actes de commerce. Il se contente de donner une liste des actes de nature
commerciale. Cette liste figure à l’article L 110-1 pour le commerce par voie terrestre et à l’article
L 110-2 pour le commerce par voie maritime. Cette méthode des rédacteurs du code de commerce a
été critiquée par la doctrine. Cette liste ne s’inscrit pas dans une logique d’ensemble qui permettrait
d’unifier toutes ces activités. De plus, cette liste est incomplète et même parfois dépassée par l’évolution
de la technique. Cette liste omet notamment le commerce par transport aérien. Le nouveau code de
commerce n’a pas modifié le fond du code mais a eu recours à une simple méthode de codification à
droit constant. Heureusement que la jurisprudence a interprété de manière extensive cette liste. C’est
la raison pour laquelle la doctrine a tenté d’élaborer une classification des actes de commerce.

La doctrine a classé les actes de commerce en deux catégories :

- Les actes de commerce par nature.

- Les actes de commerce par accessoire.

Section 1 : Les actes de commerce par nature.

Ils sont qualifiés de commerciaux en fonction de leur nature. Cette qualification ne dépend pas de la
qualité de l’auteur de l’acte, qu’il soit ou non commerçant. L’accent est mis sur l’acte lui-même et
non sur son auteur. Trois catégories.

I - Les actes de commerce par la forme.

Ce sont les actes présumés de nature commerciale dès qu’ils se manifestent dans une forme prévue
par la loi, quel que soit leur objet et la qualité de la personne qui a accompli ces actes.

A - La lettre de change.

C’est un instrument développé au MA, à l’époque de la genèse de la LEX MERCATORIA. C’était un


instrument de paiement entre commerçants. C’est un écrit, un titre par lequel une personne appelée le
tireur donne l’ordre à son débiteur appelé le tiré de payer à une date déterminée une certaine somme
d’argent à une troisième personne appelée le bénéficiaire, le porteur.
La lettre de change peut circuler juridiquement, passer d’une main à une autre. Cela signifie que le
bénéficiaire peut se servir de la lettre de change comme moyen de paiement de ses propres dettes et
remettre la lettre de change à son propre créancier.

L’article L 110-1 alinéa 10 qualifie d’acte de commerce « entre toute personne, les lettres de change ».
Toute personne quel que soit sa qualité qui signe une lettre de change accompli un acte de commerce.
Cette personne doit, par conséquent, se soumettre aux règles de droit commercial et à la compétence des
tribunaux de commerce, en cas de litige.

Cette solution s’explique par deux raisons :

- Une raison historique. C’est une technique créée et utilisée par les commerçants. Par conséquent, un
non commerçant qui signe cet instrument propre aux commerçants accepte de se soumettre au droit
commercial et à ses juridictions.

- Une raison pratique. Comme la lettre de change est conçue pour circuler, il est plus facile de
soumettre tous ses signataires au même régime juridique.

Exemple : C’est l’exemple des membres de professions civiles et libérales qui font des actes de commerce
par des lettres de change sans être commerçants. Pour autant, ces personnes n’acquiert pas la qualité de
commerçant.

Le code de la consommation interdit au consommateur de souscrire une lettre de change pour des
opérations de crédit afin de protéger le consommateur.

B - Les sociétés commerciales par la forme.

Ce sont des sociétés qualifiés par la loi de nature commerciale en fonction de leur forme. C’est la forme
qui compte, peu importe leur objet.

Selon l’article L 210-2, il s’agit des sociétés suivantes :

- Sociétés par action.

- SARL.

- Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL).

- Sociétés à nom collectif et sociétés simples.

Par conséquent, les actes relatifs à la création, au fonctionnement et à la dissolution de ces sociétés sont
des actes de commerce.
II - Les actes de commerce en entreprise : les activités
commerciales.

Il s’agit de la majorité d’actes de commerce cités dans le code de commerce : L 110-1 et L 110-2.

L’acte de commerce en entreprise : C’est l’acte qui s’accomplit d’une manière répétitive dans le cadre
d’une entreprise.

L’entreprise : organisation réunissant des moyens humains et matériels en vue d’exercer une activité
économique.

Il faut deux conditions aux actes de commerce en entreprise :

- L’acte doit être accomplie ou exercée d’une manière répétitive dans le cadre d’une entreprise.

- L’activité doit être exercée à titre lucratif. Gagner de l’argent. Spéculation.

A - L’achat pour revendre.

L’article L 110-1 fait la distinction entre deux types d’achats pour revendre :

1 ) L’achat des biens meubles pour les revendre.

Ce sont les intermédiaires, les négociants qui achètent en grande quantité pour vendre aux détails. Selon
l’article L 110-1 alinéa 1, constitue un acte de commerce « tout achat de biens meubles pour les revendre
soit en nature, soit après les avoir travaillés et mis à l’œuvre ».

Conditions :

- L’achat doit porter sur un bien meuble : corporel ou incorporel (actions, devises, fonds de
commerce…).

- L’existence de l’intention de revendre. Au moment de l’achat, la personne doit avoir l’intention de


revendre la chose. La revente est l’objectif de l’achat. Ce qui prévaut est l’intention de revendre, peu
importe que tout le stock ne soit pas tout revendu. Cela permet de distinguer le commerçant du
consommateur. Celui qui vend un objet qu’il a acheté plusieurs années après l’achat ne fait pas acte de
commerce si, au moment de l’achat, il n’avait pas intention de revendre. De même, celui qui vend ce
qu’il n’a pas acheter ne fait pas acte de commerce.

- Répétition et spéculation.
2 ) L’achat de biens immeubles pour les revendre.

L 110-1 alinéa 2 : c’est un acte de commerce. Est qualifié d’acte de commerce « tout achat d’immeubles
pour les revendre :

- Acheter un terrain, le diviser en parcelle, pour le revendre en l’état.

- Acheter un immeuble construit, pour les revendre en l’état ou après rénovation ».

Par contre, les opérations de construction-vente, de promotion immobilière ne sont pas des
actes de commerce. Depuis une loi de 1970, le législateur a exclu la promotion immobilière des
champs d’application du droit commercial. Eviter les règles rigoureuses du droit commercial.

B - Les activités industrielles.

1 ) L’entreprise de manufacture.

L’article L 110-1 alinéa 5 qualifie d’acte de commerce « toute entreprise de manufacture ». Cette
expression ancienne désigne aujourd’hui les entreprises industrielles. Ces dernières sont des entreprises
dont l’activité consiste à transformer des biens. La jurisprudence a donné une interprétation
extensive au terme de transformation qui englobe la réparation, la remise en état des biens mobiliers ou
immobiliers.

Exemple : les activités de construction, d’assemblage, de réparation, de travaux publics. Certaines


activités de transformations ne sont pas des activités de nature commerciale (mais de nature civiles)
l’agriculture, l’artisan, le peintre… Ces activités de transformation ne sont pas intégrées dans une
organisation industrielle. Attention, la vente de tableaux dans une galerie d’art est toutefois une activité
commerciale.

2 ) L’exploitation des mines.

C’est un acte de commerce. Cette activité commerciale est consacrée par le code minier. Mais on
constate, dans ce domaine, l’absence de cohérence d’ensemble concernant les activités
d’extraction. Par exemple, le code minier considère que seuls sont des actes de commerce l’extraction
des mines comme des métaux, le fer, le pétrole. Par contre est considéré comme un acte civil,
l’exploitation des carrières, de la pierre, de l’argile et aussi l’extraction des eaux minérales.

C - Les activités de service.

Certaines activités de service sont exclues du champ du droit commercial et sont qualifiées comme
activités civiles : les activités exercées par les membres d’une profession libérale.
1 ) Les intermédiaires.

L’article L 110-1 du code de commerce vise ces activités en tant qu’acte de commerce comme les
courtiers, les agents d’affaire et les commissionnaires.

a ) Les courtiers.

Il est un professionnel. Il exerce une activité qui consiste à rapprocher deux personnes qui souhaitent
conclure un contrat sans les représenter sur le plan légal. Exemple : En matière de contrat de vente,
courtier en marchandises. Le courtier peut intervenir aussi dans d’autres contrats comme le contrat
d’assurance et en matière de crédit immobilier. C’est un intermédiaire. L’article L 110-1 alinéa 7
considère comme acte de commerce l’opération de courtage. C’est un acte de commerce en entreprise :
il y a répétition de l’acte et spéculation.

b ) Les agents d’affaire.

Ces activités sont visées par l’article L 110-1 alinéa 6 et 3. Il s’agit de professionnels chargés gérer les
affaires d’autrui. Exemples : l’agence de voyage, agence de publicité, artistique et sportive, agence
immobilière. De même a été qualifié comme agent immobilier exerçant une activité commercial les
activités et sites internet. Exemple : le bon coin. Il réalise des bénéfices grâce à la publicité, il y a donc un
but lucratif.

c ) Les commissionnaires.

C’est un intermédiaire. C’est celui qui passe un acte juridique en son nom propre et pour le compte
d’autrui. Autrement dit, il s’agit d’un mandataire occulte. Il ne dévoile pas à son cocontractant le nom
de la personne qu’il représente, il signe en son nom propre mais pour le compte d’autrui.

Exemple : l’acheteur de marchandise. Il signe le contrat de vente en son nom propre, mais en réalité il
agit pour le compte d’autrui, le promettant, c’est ce dernier qui devient le propriétaire de la marchandise.

Exemple : les agents de change. Il négocie à la bourse les actions et obligations des sociétés cotées en
bourse pour le compte de leurs clients. Il s’agit d’une activité commerciale visée à l’article L 110-1 al 5.

d ) Les agents commerciaux.

Ce sont des vrais mandataires. L’agent commercial n’agit pas en son nom propre et conclut le contrat au
nom et pour le compte d’autrui. L’activité exercée par les agents de commerciaux est considérée comme
civile car ces agents ne signent pas en leur nom propre. Le contrat est dans ce cas de nature civile. L’agent
commercial n’agit pas de manière indépendante alors que c’est exigé pour qualifier une activité
commerciale.
2 ) Les services financiers.

Il s’agit des activités commerciales qui ont pour objet l’argent. Citons les activités bancaires, boursières et
d’assurance.

a ) Les opérations de banques.

L’article L 110-1 alinéa 7 : « toute opération de change des banques » et alinéa 8 « toute opération des
banques publiques ». Une ordonnance du 15 Juillet 2009 a ajouté à l’alinéa 7 les services de paiement.

Ces activités peuvent être des opérations de crédit comme le fait de prêter de l’argent, la réception de
fonds publics comme les dépôts d’argent, de titres, la location de coffres forts. Il y a aussi la gestion des
moyens de paiement, des chèques, cartes bancaires…

La jurisprudence considère que toute personne même non commerçante qui exerce des opérations
bancaires accomplit des actes de commerce et doit donc se soumettre au droit commercial.

Il a été jugé qu’un notaire qui reçoit des fonds de ses clients moyennant le paiement d’un intérêt et qui
prête ses sommes à d’autres exerce un acte de commerce et doit en cas de litige se soumettre aux règles
de droit commercial et peut être assigné devant le tribunal de commerce. Faut-il exiger la spéculation
pour qualifier les opérations bancaires comme actes de commerce ?

En principe oui, il y a deux conditions : répétition et spéculation.

Mais pour les banques mutualistes et les coopératives bancaires c’est plus compliqué et ont un
statut particulier. Ces établissements n’ont pas de but lucratif car le caractère mutualiste de ces
établissements exclut le principe spéculatif. La jurisprudence de la cour de cassation a qualifié ces activités
comme commerciales. C.Cass. 24 Janvier 1984. Les opérations de change restent de nature
commerciale si elles sont effectuées par les caisses de crédit mutuelles. C.Cass. 17 Juin 2001. Les
opérations de banques effectuées par le crédit de banque agricole sont des actes de commerce en
entreprise.

En dépit de la condition spéculative, le caractère commercial de ces activités est reconnu en


raison de la banalisation du secteur bancaire mutualiste et coopératif et son intégration dans
le système capitaliste.

b ) Les opérations de bourse.

Article L 110-1 alinéa 7 : « toute opération de change » est qualifiée d’acte de commerce. Deux types
d’activités : La bourse de marchandises. Les opérateurs achètent et vendent à termes + La bourse de
valeurs. On achète et on vend des actions et des obligations par l’intermédiaire des agents de change.
Pour les opérations de bourse, la jurisprudence exige les deux contions répétition et spéculation.

c ) Les opérations d’assurance.

Article L 110-2 qui ne vise que l’assurance maritime alors que l’article L 110-1 ne traite pas
l’assurance.

La jurisprudence a donné une interprétation extensive au terme d’assurance. Elle a qualifié comme acte
de commerce les opérations d’assurance terrestre et aérienne et ce, par analogie. Pour les
opérations d’assurance, la jurisprudence exige la réunion des deux conditions. L’assurance mutuelle
pratiquée dans un but non lucratif est de nature civile car elle ne remplit la condition de spéculation.
Cette solution a été consacrée récemment dans le code des assurances.

§1 : Les entreprises de location de meuble.

C’est un acte de commerce visé par l’article L 110-1 alinéa 4 « toute entreprise de location de meuble ».
Ce sont des entreprises aux activités suivantes : location de véhicules, de machines, des outils, des
appareils électriques. L’hôtellerie est une entreprise de location de meuble.

§2 : Les entreprises de transport.

Article L 110-1 alinéa 5 « toute entreprise de transport » est qualifié d’acte de commerce. On parle du
transport terrestre et maritime. La jurisprudence a ajouté le transport aérien. Le transport comme
acte de commerce peut transporter les biens ou les personnes. La jurisprudence a étendu le terme de
transport aux activités de déménagement. Les entreprises de télécommunication et de téléphonie
sont des entreprises de transport des informations.

§3 : Les services de loisirs.

Article L 110-1 alinéa 6 « toute entreprise de spectacle public » est un acte de commerce. Cinéma,
opéra, théâtre… La jurisprudence a qualifié comme acte de commerce les spectacles sportifs comme ceux
organisés par les clubs de football professionnels. Le sport de haut niveau est une activité commerciale.
Par contre, les activités des clubs de foot non professionnels ne sont pas des activités commerciales.

§4 : Les entreprises de fourniture.

Article L 110-1 alinéa 6 « toute entreprise de fourniture » est un acte de commerce. Fournitures de biens
ou de services.

Exemple : la fourniture de marchandises à l’administration publique ou aux entreprises est une activité
commerciale.
Exemple : la fourniture de l’eau, du gaz et de l’électricité. C.Cass. 5 Décembre 2006. A qualifié
comme activité de fourniture de services les opérations de diagnostics relatives aux biens immobiliers
comme l’amiante, l’isolation iso thermique…

III - Les actes de commerce à titre isolé.

Sont des actes qualifiés de nature commerciale même s’ils sont accomplis une seule fois. Alors la
répétition n’est pas nécessaire à la qualification d’acte de commerce. La condition d’entreprise
n’est pas exigée. Il s’agit des actes de commerce même s’ils sont accomplis par un nom commerçant, peu
importe la qualité de l’auteur.

Souvent dans la pratique, ce sont des actes de commerce accomplis par des non commerçants. Ils sont
qualifiés de nature commerciale en raison de la théorie de l’accessoire. L’acte accompli par le
non commerçant est l’accessoire d’un acte de commerce. L’accessoire suit le principal qui est
l’acte de commerce. On parle d’accessoire objectif, par rapport à l’objet de l’acte principal. L’acte est lié à
l’acte de commerce.

A - La vente d’un fonds de commerce.

A l’égard du vendeur l’acte de vente du fonds de commerce est un acte de commerce car le vendeur est
commerçant et le fonds de commerce, objet de la vente, est de nature commerciale.

Le problème se pose du côté de l’acheteur qui au moment de l’achat n’a pas encore acquis la qualité de
commerçant. Comment qualifier cet acte ? La jurisprudence considère que l’achat d’un fonds de
commerce est un acte de commerce à l’égard de l’acheteur qui n’est pas encore commerçant. L’achat
est le premier acte de l’exploitation du fonds de commerce.

Lorsque le vendeur n’est pas commerçant. Les deux parties n’ont pas la qualité de commerçants.
Comment qualifier cet acte ? La doctrine dominante qualifie cet acte comme acte de commerce en
application de la théorie de l’accessoire objectif. C’est un acte de commerce à titre isolé. Peu
importe la qualité des parties au moment de l’acte.

B - Le gage.

C’est un contrat par lequel un débiteur remet une chose mobilière à son créancier afin de lui
garantir le paiement de sa dette. Le créancier peut conserver la chose jusqu’au paiement de la dette.
En cas de non-paiement, il peut vendre la chose et se faire payer sur le prix. Selon la jurisprudence, la
nature du gage s’apprécie selon la nature de la dette garantie. Le gage suit la nature de la dette
garantie : accessoire objectif. Le gage est commercial si la dette garantie est commerciale. Le
gage est civil si la dette est civile.
C - Le cautionnement.

C’est un contrat par lequel une personne appelée la caution s’engage à garantir la dette d’autrui. La
caution s’engage à l’égard du créancier de payer à la place du débiteur principal au cas où ce dernier
n’exécute pas son obligation.

Comment qualifier le cautionnement : acte civil ou commercial ? En principe, le cautionnement est un


acte civil mais il devient un acte de commerce dans deux cas :

 Lorsque la caution est commerçant et le cautionnement a un lien avec son activité


commerciale.

Exemple : un associé et une société collective qui se porte caution pour garantir les dettes de sa société. Il
s’agit d’un cautionnement commercial : la caution est commerçante car les associés ont la qualité
commerçante et en l’espèce la caution est commerçante. Le cautionnement est en relation avec sa société
qui observe une activité commerciale.

 Lorsque la caution est un non commerçant, il faut deux conditions cumulatives pour que
ce cautionnement constitue un acte de commerce.

(1) La dette garantie doit être de nature commerciale.

(2) La caution doit avoir un intérêt patrimonial et personnel à la dette cautionnée. La caution souhaite
tirer un profit, il y a une contrepartie pécuniaire à son engagement en tant que caution.

Exemple : le cautionnement souscrit par le dirigeant d’une société commerciale pour garantir les dettes
de sa société commerciale. Le dirigeant n’a pas la qualité de commerçant. C’est une dette commerciale.
En contrepartie du cautionnement, le dirigeant peut attendre une hausse de son salaire.

Exemple : le cautionnement fait par un associé majoritaire des dettes de sa société commerciale. L’associé
en principe n’est pas de nature commerciale. Ce n’est pas un commerçant. La dette est commerciale.
L’actionnaire majoritaire a un intérêt car il constitue un crédit supplémentaire pour la société.

Est qualifié de nature civile, le cautionnement souscrit par une caution qui a un intérêt non patrimonial
ou extrapatrimonial. C’est un acte de bienveillance. Exemple : le père d’un commerçant qui garantit
les dettes commerciales de son fils. Ce cautionnement est civil. Certes, la condition de la dette
commerciale est remplie mais la caution a un intérêt extrapatrimonial car le père n’attend de contrepartie
pécuniaire.
Lorsque le cautionnement est qualifié d’acte de commerce, deux conséquences :

- Les règles de solidarité s’appliquent au cautionnement commercial contrairement au


cautionnement civil. La caution, même non commerçant, s’engage solidairement avec le débiteur
principal. Donc, le créancier peut demander à la caution le paiement de la totalité de la dette avant de
s’intéresser au débiteur principal.

- La compétence des tribunaux de commerce en cas de litige. Le caractère commercial du


cautionnement justifie la compétence des tribunaux de commerce même si la caution n’est pas
commerçante.

D - La cession de parts sociales entraînant le transfert du contrôle de la société.

Comment qualifier la cession de parts sociales d’une société ?

En principe, la vente et la cession des parts sociales à un autre associé et à un tiers est un acte civil,
même si la société est commerciale. Cette opération ne touche pas le fonctionnement de la société. Cela
est possible tant que l’opération ne touche pas le contrôle de la société. Mais lorsque la vente et la
cession de parts sociales porte sur la majorité des parts sociales de sorte que l’acheteur va pouvoir
contrôler la société, l’opération devient acte de commerce. Dès lors, il y a un transfert du contrôle de la
société à l’acheteur. Cette opération est qualifiée de commerciale car elle touche au fonctionnement de
la société. C.Cass. 15 Juin 2008. A qualifié d’acte de commerce la mission de conseil en vue de réaliser
une future cession de la majorité des parts.

Section 2 : Les actes de commerce par accessoire : l’accessoire subjectif.

I - Définition.

L’acte de commerce par accessoire : c’est un acte à l’origine de nature civile qui devient commercial car
il a été accompli par un commerçant pour le besoin de son commerce, de son activité commerciale.
L’acte civil devient commercial par accessoire car il est lié à la qualité de commerçant pour le besoin de
son commerce. C’est une application de la théorie de l’accessoire suit le principal. C’est cette
fois-ci l’accessoire est subjectif car il suit la qualité de commerçant de son auteur.

Exemple : l’achat par un commerçant d’un camion pour transporter des marchandises pour le besoin de
son commerce. Exemple : l’achat de meubles par un commerçant pour équiper son commerce.
II - Les conditions de la commercialité par accessoire.

A - L’acte doit être accompli par un commerçant.

Il n’est pas nécessaire que les deux parties à l’acte soient commerçantes. Il suffit que l’une des parties ait la
qualité de commerçant pour que l’acte soit un acte de commerce par accessoire. Exemple : acte entre un
agriculteur et un commerçant = acte mixte qualifié de commercial par accessoire.

B - L’acte doit se rattacher à l’activité commerciale.

Il est conclu par le commerçant pour le besoin de son commerce. Distinguons :

 Le commerçant, personne physique. Il faut distinguer entre deux éléments : Les aspects de sa
vie privée et sa vie professionnelle. Sa vie professionnelle est soumise au droit commercial alors que
sa vie privée est soumise au droit civil. Exemple : pour la vie privée : un commerçant qui achète une
voiture à un concessionnaire pour sa vie familiale : acte civil. En cas de litige, le commerçant ne se
présente pas devant le tribunal de commerce. Sa vie professionnelle est soumise aux règles du droit
commercial. Le commerçant peut être poursuivi devant le tribunal de commerce.

 Le commerçant, personne morale : la société commerciale. Pas de distinction entre vie


professionnelle et privée. Il n’y a qu’un aspect professionnel. La personne morale doit avoir un lien
avec l’activité commerçant. Exemple : les emprunts contractés par une SA (société commerciale par la
forme) pour les besoins de ses activités commerciales est un acte de commerce par accessoire. L’auteur de
l’acte est commerçant. Et l’acte est accompli pour le besoin du commerce. Exemple : le contrat de bail
conclu par la SARL pour loger un de ses dirigeants. Il s’agit d’un acte de commerce par accessoire.

III - Le domaine de la commercialité par accessoire.

A - Les applications jurisprudentielles de la commercialité par accessoire.

1 ) Les obligations contractuelles.

L’achat de matériel par un commerçant, l’emprunt souscrit par un commerçant pour les besoins de son
commerce sont des actes de commerce par accessoire qui font l’objet d’un contrat.

Le contrat d’assurance contracté par un commerçant pour les besoins de son commerce.
A l’égard de la société d’assurance professionnelle : acte de commerce en entreprise par nature.
Répétition et spéculation. A l’égard de l’assuré, du commerçant : acte de commerce par accessoire.

De même la location de locaux par un commerçant pour les besoins de son commerce est à son égard un
acte de commerce par accessoire.
2 ) Les obligations extracontractuelles.

Théorie jurisprudentielle. Ce sont les obligations qui trouvent leur origine dans un fait juridique et non
pas dans un contrat.

Il y a trois exemples :

- Le quasi contrat. C’est un fait licite et volontaire créateur d’obligations la charge de son auteur et
des tiers. Sont qualifiés d’acte de commerce par accessoire les obligations résultant d’un quasi contrat
survenu à l’occasion de l’activité d’un commerçant. Exemple : le paiement de l’indu. Lorsqu’un
commerçant par erreur paie deux fois la même facture, il peut obtenir la restitution de l’indu. A son
égard c’est un acte de commerce par accessoire.

- Le délit civil. C’est un acte illicite qui résulte d’une faute intentionnelle. Il engage la responsabilité
civile de son auteur. Exemple : les actes de concurrence déloyale commis par un commerçant comme le
dénigrement, l’imitation. Les actes de concurrence déloyale sont des actes de commerce par accessoire.

- Le quasi-délit. C’est un acte illicite qui résulte d’une faute non intentionnelle. C’est un acte de
commerce par accessoire à l’égard du commerçant selon la jurisprudence. Quand le commerçant cause
un dommage à autrui, la victime peut demander réparation comme le client qui rentre dans un magasin
et se blesse à la suite d'une marchandise qui lui tombe dessus. A son égard, c'est un acte de commerce par
accessoire,

3 ) Les obligations légales.

Ce sont les obligations imposées par la loi de payer des cotisations à certains organismes
publics comme la sécurité sociale. La jurisprudence a consacré le caractère commercial des dettes et
des cotisations de la sécurité sociale. L’obligation pour le commerçant de payer ses cotisations est
un acte de commerce par accessoire.

B - Les exceptions.

Exceptionnellement, certains actes restent de nature civile, même s’ils ont été accomplis par
un commerçant pour le besoin de son commerce.

1 ) Les dettes fiscales.

Les dettes fiscales d’un commerçant sont qualifiées de nature civile même si elles sont liées aux activités
commerciales du commerçant. La Cour de cassation souhaitait éviter la compétence des tribunaux de
commerce dans les litiges qui impliquent l’administration fiscale : le fisc. C’est une administration
publique.
2 ) La constitution de droits réels sur des immeubles.

C’est un acte civil même si cet acte a été accompli pour les besoins de commerce, même s’il a un lien
avec une activité commerciale. Exemple : La constitution d’une hypothèque : les immeubles échappent
au domaine du droit commercial. C'est de nature civile pour des raisons historiques. Les actes concernant
l'immeuble échappent du domaine commercial.

IV- L’accessoire civil.

La jurisprudence a mis en place l'acte civil par accessoire. Il est défini comme un acte de commerce
qui devient civil car il a été accompli par un professionnel civil pour le besoin de ses activités civiles.
C’est le cas lorsqu’un professionnel civil exerce une profession libérale : médecin, avocat… ou comme
l’agriculteur et l’artisan… Lorsqu’un membre de profession civile conclut des actes de
commerce de nature civile : l’acte de commerce devient un accessoire civil. « L'accessoire suit le
principal ». Exemple : Le chirurgien tire l’essentiel de son revenu de son activité civile. Il vend quelques
prothèses (des actes de commerce) à titre occasionnel à ses clients. Alors cela signifie qu'il fait des actes
civils par accessoire. L’achat pour revendre devient de nature civile car il se rattache à une
activité principale. L’achat par un artisan de tissus pour revendre est un acte civil par accessoire. Le
couturier tire l’essentiel de son revenu de son activité principale qui est civile.

L’acte civil par accessoire nécessite une condition : il faut que l’acte soit accompli par des
professionnels civils à titre occasionnel ou d’une manière moins importante par rapport à son activité
principale. Le profit de l'activité commerciale doit être modeste et surtout moins importante à l'activité
principale. = les actes civils par accessoire.

Section 3 : La recherche doctrinale

d’un critère général de l’acte de commerce.

La méthode suivie par les rédacteurs du code de commerce a été critiquée. Cette méthode consiste à
citer des exemples des actes de commerce sans définir la notion et sans donner de critère général. C’est
pour cette raison que la doctrine a tenté de donner un critère général à l’acte de commerce.
Trois critères ont été proposés :

I - Le critère de la circulation des richesses.

Doctrine XXè :

L’acte de commerce est alors un acte lié à la circulation des biens et des richesses. Ce sont toutes les
activités exercées par les intermédiaires. Toute opération qui se situe entre la production et la
consommation est un acte de commerce. La production est exclue du champ d’application des actes
de commerce comme les activités agricoles. La consommation exclue aussi la consommation : le
consommateur n’exerce pas des actes de commerce il ne fait que consommer le produit qu'il achète.

Mais ce critère a été jugé insuffisant et critiqué pour deux raisons :

- Certains actes accomplis par des intermédiaires sont de nature civile : les activités exercées par
les agents commerciaux. Ils sont des intermédiaires qui agissent au nom et pour le compte d’autrui et
donc qui exercent des activités de nature civile.

- Certaines activités de production sont qualifiées comme acte de commerce : les activités
minières.

II - Le critère de la spéculation.

L’acte de commerce est un acte accompli dans le but de rechercher et de réaliser un profit
c'est à dire un but lucratif.

Avantage : Ce critère permet d’expliquer la nature civile des actes conclus par les associations,
coopératives…

Critique : Il est vrai que tous les actes de commerce poursuivent un but lucratif mais ils ne sont pas
les seules : beaucoup d’activités civiles ont un but lucratif : médecin, avocat, agriculteur… Beaucoup
d’actes civils sont aussi de nature spéculative. Ces professionnels cherchent aussi à réaliser des profits.

III - Le critère de l’entreprise.

Selon ce critère, l’acte de commerce est l’acte accompli dans le cadre d’une entreprise ou par
une entreprise. L'article L110-1 et -2 visent les actes de commerce en entreprise.

La preuve : la majorité des actes commerciaux sont des actes de commerce en entreprise.

Critiques : A côté des entreprises commerciales coexistent des entreprises civiles. Les membres
de professions libérales peuvent créer une société d’exercice de leur profession : activité civile.
A côté des actes de commerce en entreprise coexistent des actes de commerce par la forme et
actes de commerce isolés.

Conclusion générale : Aucun des critères proposés par la doctrine ne permet d’englober
l’ensemble des actes de commerce. Absence de critère cohérent en droit positif.

Mais ces trois critères peuvent servir les tribunaux, en cas de litige, pour qualifier ou non, de
nature commerciale, certains actes non cités par le code de commerce.

L’évolution récente du droit commercial a affaibli l’intérêt de chercher le critère des actes de
commerce. Les règles de droit commercial s’appliquent de plus en plus aux professionnels
civils. Les règles de la concurrence, en matière de procédure collective : la faillite.

Cette distinction (actes civils et actes de commerce) fait place à une autre distinction entre le droit
qui s’applique aux professionnels et celui qui s’applique aux consommateurs. Les règles qui
s’appliquent aux professionnels reconnaissent le caractère professionnel de ces personnes : commerçant,
agriculteur, médecin = des professionnels avertis qui ne méritent pas de protection particulière tant qu’ils
agissent dans leur domaine professionnel. Dans le cas échéant, ils sont protégés comme les
consommateurs. Interdiction des pratiques abusives sont des règles destinées à protéger le
professionnel qui se trouve dans un état de faiblesse : partie la plus faible.

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