Vous êtes sur la page 1sur 8

Chapitre I : Formations et les usages bancaires existant

L’usage n’est constitué en matière bancaire que si une pratique est connue de tous et n’est
plus contestée (donc si elle respecte le processus de formation de l’usage) et si elle n’est pas
contraire à une loi impérative1.

L’usage dans la première étape de sa reconnaissance doit répondre à des conditions relatives à
son existence et à sa finalité car pour pouvoir être opposé au cocontractant, l’usage doit bien
évidemment exister, il doit s’agir en l’occurrence d’un véritable usage et non d’une simple
pratique bancaire ou d’errements sans aucune valeur juridique et il doit remplir toutes les
conditions relatives à la formation d’un usage.

Il y a donc lieu d’analyser ce processus de formation de l’usage impliquant ce critère de


généralité c’est-à-dire il doit être connu de tous et ne doit pas être contesté. Mais également
de voir les cas d’usages les plus populaire en matière bancaire.

Section 1 : le processus de formations des usages bancaire


Les usages en matière bancaire ont essentiellement une nature conventionnelle. Il s’agit
d’une pratique contractuelle généralisée, qui naît spontanément à l’initiative de l’une des
parties et qui se propage par la suite à travers la profession. Pour devenir un usage, il doit
s’agir d’une pratique généralisée et collective auquel il manquera l’opinio necessitatis,
élément psychologique, qui le distingue ainsi de la coutume

A. Formation selon un processus conventionnel


L’usage bancaire présente essentiellement une nature conventionnelle à l’image des usages du
commerce en général, conformément aux démonstrations très convaincantes de M. A. Kassis 2.
Cette affirmation se vérifie jusque dans son processus de formation.
L’usage conventionnel afin d’être reconnu comme tel doit avoir « accompli » un processus
conventionnel de formation dans lequel les composantes de sa genèse sont précisées.

En effet, les usages désignent des pratiques commerciales couramment suivies et considérées
comme normale dans un milieu déterminé. Ils naissent de la répétition fréquente des mêmes
actes juridiques, des mêmes opérations.
-Ils se forment selon un processus conventionnel. M. Pédamon le souligne fort bien en
écrivant: « Personne ne le conteste : les usages commerciaux naissent tous de la répétition
fréquente des mêmes actes juridiques, des mêmes opérations. C’est ainsi que se manifestent
tout à la fois leur particularisme et leur cohésion. A la différence du droit civil, il n’existe pas
en droit commercial d’usages liés à la propriété foncière, nés de la communauté de voisinage
et donc nés de rapports extracontractuels. La catégorie présente ici plus d’unité qu’en tout
autre domaine »3. L’usage est ainsi une pratique contractuelle généralisée, qui est utilisée
comme preuve de la volonté dans les relations contractuelles. Par une manipulation juridique,

1
C. Gavalda et J. Stoufflet, Droit du crédit, Litec, 1998, p. 51
2
A. Kassis, Théorie générale des usages du commerce, L.G.D.J., 1984
3
M. Pédamon, loc cit., p. 361.
par l’outil d’une présomption, la pratique qui est un simple fait acquiert la valeur d’un accord.
La pratique commerciale ne peut avoir une signification et une portée juridique, plus
précisément la valeur juridique d’une présomption, si elle était limitée à quelques
commerçants de la place, de la profession ou de la branche. Comme l’a affirmé M. Pédamon
dans son ouvrage4, leur mode de formation est non seulement conventionnel mais il est
également spontané et collectif.
B. Une formation spontanée des usages bancaire
L’usage du commerce naît spontanément, c’est-à-dire sur l’initiative de l’une ou de l’autre
partie ou bien des deux à la fois. Cette genèse est donc bien spontanée car c’est sur l’initiative
des intéressés eux-mêmes qu’il voit le jour et qu’il n’émane pas d’une autorité. L’usage du
commerce participe du caractère de la coutume, en ce sens qu’il se forme et se développe
immédiatement à partir des rapports sociaux, qu’il ne repose sur aucune norme préexistante et
n’exige l’existence d’aucune autorité.
Comme l’a très justement relevé A. Kassis5, il serait inexact d’assimiler la spontanéité à
l’inconscience, car s’il est vrai que dans le passé beaucoup d’usages se sont établis par des
mécanismes relevant en grande partie de l’automatisme6, les usages modernes du commerce
sont souvent le produit d’une formation très élaborée et très rationnelle.
En matière bancaire la plupart des usages notoires sont séculaires car leur origine remonte
souvent à un ou plusieurs siècles. On en veut pour exemple l’usage de l’année bancaire à 360
jours dont l’origine remonte au Moyen-Age. Au début il s’agissait avant tout d’un usage de
commodité, ce nombre étant facilement divisible à une époque où la machine à calculer
n’existait pas encore. Il fut conservé par la suite en raison de son effet de levier sur le montant
des intérêts dus.
Les dates de valeur ont, elles aussi, une origine lointaine, leur justification se trouvait dans la
nécessité de garder en caisse des sommes infructueuses pour faire face aux retraits de la
clientèle ainsi que dans l’impossibilité de placer encore le jour même d’un dépôt les sommes
versées. Ce n’est que bien plus tard qu’elles ont été perçues par ses opposants comme
instrument de rémunération du service bancaire.
C. une pratique généralisée et collective
Une pratique contractuelle, pour devenir un usage, doit devenir une pratique généralisée et
collective. Limité à un petit nombre de commerçants qui se conforment toujours à la même
manière d’agir lorsque les circonstances sont identiques, ce mode de conduite isolé se
généralise sous l’effet de la satisfaction qu’il procure. La pratique devient une pratique de
masse, une pratique d’ensemble et les clauses deviennent des clauses de style.
Afin d’éclaircir nos propos il convient d’en donner une illustration : voici comment les choses
se passent. En présence d’une difficulté ou d’un problème, l’une des parties ou les deux à la
fois adoptent une certaine manière d’agir leur donnant satisfaction ; par exemple face à un
dépôt, le banquier convient d’appliquer une date de valeur différente de la date de
disponibilité des fonds pour le calcul des intérêts. Les intéressés s’y conforment à nouveau
4
M. Pédamon, Droit commercial, Commerçants et fonds de commerce Concurrence et contrats du commerce,
Dalloz, 1994, n° 14
5
A. Kassis, loc cit., p. 111
6
J. Carbonnier, Flexible droit, Pour une sociologie du droit sans rigueur, L.G.D.J., 1992, p.74 et s.
dans leurs rapports ultérieurs et ils en viennent à proposer cette façon d’agir à des tiers ce qui
permettra à cette pratique des jours de valeurs de se répandre à un moment donné dans toute
une ville ou toute une profession (époque où toutes les banques de la place et même des
environs adoptent cette façon d’agir). A partir d’une certaine période, elle est devenue
générale et constante et on dit qu’elle s’est transformée en usage.
Si les éléments constitutifs d’ordre matériel que nous venons d’exposer se vérifient tant pour
l’usage que pour la coutume, la dose de contrainte attachée à cette dernière est singulièrement
plus forte dans l’esprit des sujets de droit7. Ainsi pour que l’usage soit considéré comme
obligatoire par la population qui le suit, il faut y ajouter encore l’élément psychologique :
l’opinio necessitatis. Cette opinion résulte de la croyance généralement répandue qu’il s’agit
d’une règle juridiquement obligatoire et caractérise en fait la différence par rapport au
processus de formation de l’usage conventionnel. On pourrait présenter la force obligatoire
d’une coutume comme supérieure à celle d’un usage conventionnel.
Après s’être intéressé à des éléments de la théorie générale du droit pour ce qui est de la
genèse de l’usage en doit bancaire, il conviendra inévitablement de voir des cas d’usage
bancaire dégagées en matière bancaire.

Section 2 : les cas d’usage bancaire

Paragraphe 1 : le mécanisme des dates de valeurs


Cette curieuse pratique appelle tout d’abord une définition. Comme l’a rappelé C. Mouly dans
son étude des dates de valeurs8, la définition a pâti de l’absence d’étude de fond : Est une date
de valeur ou jour de valeur «la date à partir de laquelle une opération enregistrée dans un
compte est prise en considération pour le calcul des intérêts éventuels».

Il est incontestable que, les dates de valeur pouvaient être considérées comme un usage9. En
effet, d’une part, les dates de valeur ont été élaborées par les banquiers eux-mêmes au sein de
leurs transactions avec leurs clients et, d’autre part, la généralité des banques les appliquait, de
façon répétée et constante.
On la définissant comme étant «la date à partir de laquelle une opération enregistrée dans un
compte est prise en considération pour le calcul des intérêts éventuels » ,il ne semble donc pas
aller de soi qu’une créance est prise en considération pour le calcul des intérêts dès le jour de
son entrée en compte.
La date de valeur « n’a d’effet que pour apprécier la position créditrice ou débitrice du compte
aux fins de calculer les intérêts : elle n’a pas d’incidence (et ne doit pas en avoir) par exemple
sur l’appréciation de l’existence ou non de la provision». Les banques ont justifié cette façon
de faire en mettant en avant les délais nécessaires au recouvrement.

7
F. Terré, Introduction générale au droit, Dalloz, 1998, p.227
8
C. Mouly, « Bilan provisoire d’une critique des dates de valeur », RJDA 1993, p.503-513
9
Pour un arrêt qualifiant d’usage cette technique des dates de valeur. CA Versailles, 17 janv. 1992 : D. M 1992.,
p. 352.
Afin de mieux définir cette date de valeur il faut en réalité la comparer aux autres dates qui
marquent l’affectation d’une créance au compte :
 La date d’opération correspond à la date à laquelle le client effectué le paiement par
carte bancaire, il a passé l’ordre de virement ou autre.
 La date de traitement est celle qui correspond à la date d’enregistrement de l'opération
sur votre compte bancaire. Dans quelques cas, cette date peut être décalée si le client
passe un ordre de virement en ligne un dimanche. Dans ce cas, les opérations sont
traitées le lendemain, à condition que la banque soit ouverte, sinon le prochain jour
travaillé (jour ouvré).
 La date de valeur appliquée peut être décalée. C’est la date retenue pour comptabiliser
les intérêts : intérêts débiteurs que vous devez à la banque en cas de découvert sur
votre compte, intérêts créditeurs que vous recevriez en cas de somme placée sur un
compte d’épargne.
Aucune disposition de la loi bancaire n’encadre les dates de valeurs. Elles sont laissées
aux usages bancaires et au mécanisme de la négociation entre la banque et décidées au
cas par cas.
Mais aujourd’hui, on trouve :
• Élimination de la date de valeur chez CIH Bank en ce qui concerne le compte sur
carnet. La date de valeur correspond à la date d’opération :
• Dans toutes les autres banques :
-Lorsqu’on fait un versement le 5 du moins on ne commence à percevoir des intérêts
que le 16 du mois. (On perd 11 jours d’intérêts).
-Lorsqu’on fait un retrait le 10 du mois par exemple, l’opération est considérée
comme réalisée le 31 du moins (On perd 11 jours d’agios).
-Droit d’information des dates de valeur : droit réglementé par l’article 154 de la loi
103.1210, et également par les dispositions de l’article 3 de la loi 31.08. Le
manquement à ce devoir d’information concernant l’information des dates de valeurs
et puni par la loi au même titre que le manquement à ce devoir en toute autre matière.

Pour la Cour de Cassation française les délais d’encaissement constituent la seule


justification des dates de valeur de sorte que seules les opérations d’encaissement en
nécessitant peuvent en nécessitant peuvent être affectées: c’est le cas de la remise du
chèque à l’encaissement11.

La jurisprudence considère que le client ne peut consentir à l’application de dates de


valeur dénuées de cause: l’absence de cause rend sans valeur leur acceptation12.
Selon la jurisprudence française les opérations autres que celles d’encaissement
doivent être comptabilisées à leur date, y compris pour le calcul des intérêts.

10
« Les conditions appliquées par les établissements de crédit à leurs opérations, notamment en matière de taux d’intérêt
débiteurs et créditeurs, de commission et de régime de dates de valeur, doivent être portées à la connaissance du public selon
les modalités fixées par circulaire du wali de Bank Al-Maghrib, après avis du comité des établissements de crédit.»
11
Cass.Com.2juin2010, banque et droit n°133, sept-oct,34obs.BONNEAU
12
Cass. Com.31 mai 2011 RDBF, nov-déc 2011, comm. 190note CREDOT et SAMIN
Cette solution proposée par la jurisprudence française, ne condamne pas toutes les
dates de valeur mais uniquement celles qui ne sont pas justifiées par un délai de
traitement ou d’encaissement.

Les recours en cas d’abus

Trois éléments essentiels à retenir : la charge de la preuve, la médiation bancaire, La


jurisprudence.
• L’abus en matière des dates de valeur
La responsabilité est une éventualité pouvant entraîner une sanction. La condition pour
que cette éventualité se réalise est la participation du sujet à des situations génératrices
de dommages. Le système des sanctions prévues par la loi bancaire souffre de
certaines Carences.
Cette responsabilité et donc soumise au droit commun, reste toujours à porter la
preuve d’un abus, d’une absence d’information et d’un préjudice réellement subi.

• La médiation bancaire
Sont éligibles à l’examen du Centre Marocain de la Médiation Bancaire, les litiges
ayant trait à la gestion des comptes à vue, des comptes d’épargne et des moyens de
paiement, entre outre, les questions liées :

Aux dates de valeurs et d’exécution d’opération et l’exécution des opérations et


l’exécution des engagements pris dans le cadre des contrats bancaires.

La médiation bancaire en matière des dates de valeur et soumise aux mêmes


conditions dans toute autre matière. Ces conditions sont comme suit :
1. Le client a saisi son établissement de crédit du différend qui l’y oppose et on a
épuisé tous les recours internes ;
2. Il n’a pas reçu de réponse de son établissement de crédit dans les délais impartis ;
3. Il n’est pas satisfait de la suite donnée à sa réclamation par son établissement de
crédit.

•La jurisprudence concernant les abus :


La question s’est posé de savoir si la restitution d’intérêts indument prélevés par
application de dates de valeur dépourvues de cause impliquait préalablement
l’annulation de la stipulation d’intérêts, et si le délai de prescription de la demande de
restitution des intérêts était celui de la prescription quinquennale ? La Cour de
cassation française affirme que : « l’action en restitution des intérêts perçus indument
par application de dates de valeur dépourvues de cause peut être engagée dans un délai
de 5ans à partir de la perception peu importe l’absence de demande en nullité de la
stipulation d’intérêts conventionnels »13.

B. Le calcul de l’Intérêt selon l’année lombarde

13
Cass. Com. 16 mars 2010 RDBF, juillet-aout. 2010, comm. 190note CREDOT et SAMIN.
Selon un usage puisant son origine en Lombardie pendant le Moyen Age, l’année bancaire
consistait à calculer les intérêts d’un prêt par la méthode des nombres sur une année théorique
de 360 jours.
Pour les banques marocaines, l’année civile ne compte pas 365 jours mais seulement 360.
C’est ce que l’on appelle dans le jargon financier «l’année lombarde», en référence aux
banquiers italiens du Moyen âge qui calculaient les intérêts des prêts qu’ils octroyaient sur la
base de 360 jours au lieu de 36514.
On multiplie le capital emprunté par le nombre de jours d’utilisation et par le taux d’intérêt
appliqué à l’opération. Le résultat est alors divisé par 360, ce qui donne le montant de l’intérêt
à payer.

15

Cette méthode de calcul s’explique parfaitement compte tenu à l’époque des limites des
instruments de calcul et de la facilité de multiplier à partir de 360 jours plutôt qu’en utilisant
un diviseur de 365 jours.
Ainsi, pendant plus de deux cents ans personne n’a remis en cause cet usage, ce calcul des
intérêts bancaires sur 360 jours.
Cela a donc permis aux banques d’utiliser cette méthode de calcul et de percevoir
insidieusement des intérêts supplémentaires puisque le diviseur est moins grand.
Cependant, rien aujourd’hui ne permet, devant cette apparente recherche de la facilité, de
justifier l’existence d’une année bancaire de 360 jours.
Mais l’excuse de la simplification des calculs ne tient plus. Avec le développement des
technologies qui calculent instantanément les intérêts, cette pratique a-t-elle encore un sens ?
Non, bien sûr. D’autant qu’au Maroc, la loi est on ne peut plus claire à ce sujet. Le Dahir des
obligations et des contrats16 (DOC) stipule : « les intérêts ne peuvent être calculés que sur la
base d'une année entière».

Pourquoi donc ce mode de calcul continue-t-il à être impunément pratiqué ?

La question n’est pas nouvelle. ‘ En 2012, Azzedine Berrada, ancien banquier, avait déjà mis
le doigt sur cette pratique dans son livre «le casse-tête des erreurs bancaires». Quant aux
banquiers que nous avons contactés, ils ont eu du mal à justifier cette pratique. «C’est
l'usage», nous répond laconiquement ce directeur d’agence)’17.

14
Article, Calcul des intérêts : La faille qui profite aux banque, finance news, Amine El Kadiri.
15
https://www.actu-juridique.fr/affaires/lannee-lombarde-et-les-banques-entre-faute-lucrative-et-risque-
systemique-diffus/
16
Le dahir des obligations et des contrats, Titre 5, Chapitre III, Article 873, p99
17
Article, Calcul des intérêts : La faille qui profite aux banque, finance news, Amine El Kadiri ;consulte le 20
Mars 2023
Comment déterminer si votre banque calcule les intérêts de votre prêt selon l’année lombarde
?
-la plus simple et la plus évidente = la banque le mentionne dans ces conditions générales de
l’offre de prêt
- plus difficile = il faut calculer la base utilisée par la banque pour le calcul des intérêts
Certaines banques mentionnent clairement dans leurs conditions générales qu’elles calculent
les intérêts selon la base de 360 jours.
La clause à rechercher dans le prêt est la suivante : « les intérêts courus entre deux échéances
seront calculés sur la base de 360 jour, chaque mois étant compté pour 30 jours rapportés à
360. »
Ou encore : « Les intérêt seront calculés sur le montant du capital restant dû, au taux fixé aux
conditions particulières sur la base d’une année bancaire de 360 jours, d’un semestre de 180
jours, d’un trimestre de 90 jours et d’un mois de 30 jours »
Les banques mentionnent18l’année bancaire de 360 jours. Comme la clause est APPARENTE
et mentionnée dès l’engagement de l’emprunteur, cela implique qu’il faut impérativement
assigner celle-ci devant le Tribunal dans les 5 ans de la signature de l’offre de prêt qui
mentionne ladite clause.
En d’autres termes, si l’offre de prêt qui se présente devant vous possède l’une de ces clauses
et a été signée il y a plus de 5 ans il est inutile d’agir en justice car il y aura prescription.
Le cas où l’année lombarde n’est pas mentionnée dans l’offre mais peut être calculée
Ce n’est pas parce les banques ne mentionnent pas dans leurs conditions générales de calcul
selon la base de 360 jours qu’elles ne le font pas.
Il est rappelé que ce mode de calcul permet à la banque de percevoir plus d’intérêts à l’insu
de l’emprunteur donc pourquoi s’en priverait-elle ?
Les banques calculent les intérêts selon l’année lombarde pour lisser les années bissextiles sur
la durée de tout le prêt. Elles calculent les intérêts comme si toutes les années du prêt sont de
360 jours parce que c’est plus facile à calculer ainsi que d’intégrer les années bissextiles.
La conséquence est la même pour les intérêts intercalaires.
Pour vérifier la base de calcul utilisée par la banque, il faut donc :
– Faire un peu de mathématiques
– Avoir en possession le tableau d’amortissement définitif du prêt qui est transmis par la
banque après le décaissement des sommes. (Le tableau d’amortissement provisoire édité avec
l’offre de prêt ou un tableau mentionnant qu’il n’a en général aucune valeur contractuelle et il
le précise parfois).
Les banquiers ont l’habitude de calculer les intérêts des prêts bancaires par référence à une
année comportant 360 jours au lieu des 365/366 que connaît l’année civile.

18
L’article 496 du code de commerce
Cette façon de procéder, dans le cadre des transactions opérées avec les clients, soit au sein
des contrats, trouverait son origine en Lombardie au Moyen Âge, l’usage lombard lui-même
trouverait son fondement dans les calendriers existants dans l’Antiquité qui ne comptaient que
360 jours.
Quoi qu’il en soit, il semble certain que ce calcul des intérêts sur 360 jours s’est répété pour
des raisons de simplicité. Le chiffre 360 étant divisible par 12, 6, 4 et 2(mois, rythme
bimestriel, trimestre et semestre), il y a là un avantage non négligeable en l’absence de
machines à calculer. C’est sans doute la commodité du chiffre qui lui a valu d’être perpétué
comme usage bancaire.
Ainsi que l’a rappelé Samin19: « le recours à une année fictive de 360 jours tiendrait
historiquement aux difficultés de calculer sur un nombre exact de 365 ou 366 jours, à une
époque où les arrêtés de compte et plus généralement, toutes les opérations étaient effectuées
manuellement, En d’autres termes à une époque où les machines à calculer sophistiquées
n’existaient pas encore. »
L’article 496 du code de commerce20, le relevé de compte indique de façon apparente le taux
des intérêts et des commissions, leur montant, et le mode de calcul.
On constate de la lecture des dispositions de l’article 496 que le relevé de compte doit
indiquer le mode de calcul, sachant qu’on ne peut trouver aucune autre disposition dans le
code de commerce sur le calcul des intérêts bancaires. Alors comment ces derniers sont
calculés ?
Pour répondre à notre question, il faudrait de revenir aux sources du droit bancaire, et le rôle
de l’usage bancaire dans la pratique bancaire.
En droit bancaire, les usages sont nombreux et peuvent régir aussi bien les rapports entre
établissement de crédit que les rapports de ces derniers avec leur clientèle. Les usages
s’appliquent sans aucune restriction.
En application de l’usage bancaire21, une année ne compte que 360 jours. Il s’agit en réalité
d’une technique, utilisée depuis des années par l’ensemble des banques du royaume parce
qu’elle facilite le calcul des intérêts bancaires.

19
Samin, « Réflexions juridiques sur la durée de l’année bancaire », Banque 1995, p. 3
20
https://rnesm.justice.gov.ma/Documentation/MA/3_TradeRecord_fr-FR.pdf
21
Revue :blog de droit Marocain : Le calcul des intérêts bancaire au Maroc. P 2.

Vous aimerez peut-être aussi