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MASTER DROIT RELATIONS D’AFFAIRES

Realisé par : IDRISS MOUSSA, Warsane

ADAWEH AOULED, Ilyas Encadré par : Mr. FARAJ Mounir

MOHAMED NOUR KARAF, Souhaib

PLAN SOMMAIRE

1
INTRODUCTION

CHAPITRE 1 : LA FORMATION ET LES USAGES BANCAIRES


EXISTANTS
SECTION 1 : le processus de la formation

SECTION 2 : les usages bancaires existants

CHAPITRE 2 : L’OPPOSABILTE DE L’USAGE


SECTION 1 : la preuve (le parère)

SECTION 2 : la notoriété de l’usage

CONCLUSION

INTRODUCTION

2
« La coutume, cette loi non écrite. Dont le peuple, même aux rois, impose le respect. » C'est
dans ces termes que Charles D'Avenant, économiste anglais parlait de la coutume au
XVIIIème siècle. 1

Dés lors qu’une personne physique ou morale signe un contrat avec une banque quel que soit
la catégorie qu’elle appartienne. La personne a l’obligation de respecter ce qui y est écrit
mais également ce qui est d’usage.

Les sources non écrites, c’est-a-dire les usages et les coutumes, conservent néanmoins en droit
des affaires une importance réelle. En effet, la vie des affaires subit des transformations
constantes

Ainsi il convient d’un premier temps d’essayer de définir ces deux notions, à savoir l’usage et
la coutume. Les "usages" sont des règles non écrites suivies par les habitants de certaines
régions ou par des personnes exerçant des professions déterminées qu'ils considèrent
obligatoires pour régler leurs rapports.2 De plus, selon Cass.29 mai 19473, « l’usage est une
pratique qui revêt, dans une région déterminé, le caractère général d’une règle reconnue par
tous comme applicable, a défaut de stipulation contraire, aux conventions de même nature »

Par contre la coutume se définie comme une norme de droit de droit objectif, fondée sur une
tradition populaire ,qui prête a une pratique constante un caractère juridiquement contraignant
,elle est une véritable règle de droit (comme loi) mais d’origine non étatique (en générale non
écrite )que la collectivité a fait sienne par habitude dans la conviction de son caractère
obligatoire .

Ces coutumes appartiennent donc à l’ordre juridique, mais elles prennent leur source dans
l’ordre social spontané. Il existe donc une unité d’origine entre les usages conventionnels et
les coutumes.

Il y a déjà une première différence quant à leurs caractères : l’usage est empirique, fortuit,
localisé, concret et mobile alors que la coutume est abstraite, générale et figée.

Les normes spontanées – usages, coutumes – sont, de manière générale, des normes
historiques. En effet, elles sont les premières normes à avoir réglé les rapports entre les
hommes. S’agissant plus spécialement du domaine des affaires, elles ont également joué un
rôle primordial pour la mise en place et l’organisation de la banque et de la finance.
Aujourd’hui, il y a encore des normes spontanées qui régissent les affaires, en particulier la
matière bancaire.

Il est impératif pour tout professionnel de connaître les usages du monde des affaires ainsi que
ceux spécifiques à son secteur d’activité. A l’évidence, seule une connaissance précise de ces

1
-Le rôle de la coutume sur le droit textuel (doc-du-juriste.com), consulté le 16 Mars 2023, a 16h11.
2
-Usages et coutumes - Définition - Dictionnaire juridique (dictionnaire-juridique.com), consulté le 16 Mars
2023, a 16h40.
3
- La cour de cassation du 19 mai 1947.

3
usages pourra lui permettre de les respecter ou, le cas échéant, de prévoir, une convention y
dérogeant.

Néanmoins, l’usage bancaire a cordialement une nature conventionnelle. Il se forme selon un


processus conventionnel, nait spontanément sur l’initiative de l’une ou de l’autre partie ou
bien des deux à la fois. C’est une pratique contractuelle, pour devenir un usage, doit surtout
devenir une pratique généralisé et collective.

A cet égard le rôle des usages professionnels est relativement important, tant dans les rapports
entre établissement bancaires que dans les rapports entre les banques et leurs clients.

Ce dans sillage qu’il faut se poser certaines questions pertinentes afin de bien cerner et traiter
ce sujet crucial :

- Dans un contexte ou la vie des affaires subites des transformations constantes,


comment un usage peut se former ?
- Quels sont les usages bancaires existants ?
- En cas de contestation, quel moyen de preuve peut-t-on utiliser ?

Chapitre I : Formation et les usages bancaires existant


4
L’usage n’est constitué en matière bancaire que si une pratique est connue de tous et n’est
plus contestée (donc si elle respecte le processus de formation de l’usage) et si elle n’est pas
contraire à une loi impérative4.

L’usage dans la première étape de sa reconnaissance doit répondre à des conditions relatives à
son existence et à sa finalité car pour pouvoir être opposé au cocontractant, l’usage doit bien
évidemment exister, il doit s’agir en l’occurrence d’un véritable usage et non d’une simple
pratique bancaire ou d’errements sans aucune valeur juridique et il doit remplir toutes les
conditions relatives à la formation d’un usage.

Il y a donc lieu d’analyser ce processus de formation de l’usage (section 1) impliquant ce


critère de généralité c’est-à-dire il doit être connu de tous et ne doit pas être contesté. Mais
également de voir les cas d’usages (section 2) les plus populaires en matière bancaire.

Section 1 : le processus de formations des usages bancaire


Les usages en matière bancaire ont essentiellement une nature conventionnelle. Il s’agit
d’une pratique contractuelle généralisée, qui naît spontanément à l’initiative de l’une des
parties et qui se propage par la suite à travers la profession. Pour devenir un usage, il doit
s’agir d’une pratique généralisée et collective auquel il manquera l’opinio necessitatis,
élément psychologique, qui le distingue ainsi de la coutume

A. Formation selon un processus conventionnel


L’usage bancaire présente essentiellement une nature conventionnelle à l’image des usages du
commerce en général, conformément aux démonstrations très convaincantes de M. A. Kassis 5.
Cette affirmation se vérifie jusque dans son processus de formation.

L’usage conventionnel afin d’être reconnu comme tel doit avoir « accompli » un processus
conventionnel de formation dans lequel les composantes de sa genèse sont précisées.

En effet, les usages désignent des pratiques commerciales couramment suivies et considérées
comme normale dans un milieu déterminé. Ils naissent de la répétition fréquente des mêmes
actes juridiques, des mêmes opérations.

-Ils se forment selon un processus conventionnel. M. Pédamon le souligne fort bien en


écrivant: « Personne ne le conteste : les usages commerciaux naissent tous de la répétition
fréquente des mêmes actes juridiques, des mêmes opérations. C’est ainsi que se manifestent
tout à la fois leur particularisme et leur cohésion. A la différence du droit civil, il n’existe pas
en droit commercial d’usages liés à la propriété foncière, nés de la communauté de voisinage
et donc nés de rapports extracontractuels. La catégorie présente ici plus d’unité qu’en tout
autre domaine »6. L’usage est ainsi une pratique contractuelle généralisée, qui est utilisée
comme preuve de la volonté dans les relations contractuelles. Par une manipulation juridique,
par l’outil d’une présomption, la pratique qui est un simple fait acquiert la valeur d’un accord.
4
C. Gavalda et J. Stoufflet, Droit du crédit, Litec, 1998, p. 51
5
A. Kassis, Théorie générale des usages du commerce, L.G.D.J., 1984
6
M. Pédamon, loc cit., p. 361.

5
La pratique commerciale ne peut avoir une signification et une portée juridique, plus
précisément la valeur juridique d’une présomption, si elle était limitée à quelques
commerçants de la place, de la profession ou de la branche. Comme l’a affirmé M. Pédamon
dans son ouvrage7, leur mode de formation est non seulement conventionnel mais il est
également spontané et collectif.

B. Une formation spontanée des usages bancaire


L’usage du commerce naît spontanément, c’est-à-dire sur l’initiative de l’une ou de l’autre
partie ou bien des deux à la fois. Cette genèse est donc bien spontanée car c’est sur l’initiative
des intéressés eux-mêmes qu’il voit le jour et qu’il n’émane pas d’une autorité. L’usage du
commerce participe du caractère de la coutume, en ce sens qu’il se forme et se développe
immédiatement à partir des rapports sociaux, qu’il ne repose sur aucune norme préexistante et
n’exige l’existence d’aucune autorité.

Comme l’a très justement relevé A. Kassis8, il serait inexact d’assimiler la spontanéité à
l’inconscience, car s’il est vrai que dans le passé beaucoup d’usages se sont établis par des
mécanismes relevant en grande partie de l’automatisme9, les usages modernes du commerce
sont souvent le produit d’une formation très élaborée et très rationnelle.

En matière bancaire la plupart des usages notoires sont séculaires car leur origine remonte
souvent à un ou plusieurs siècles. On en veut pour exemple l’usage de l’année bancaire à 360
jours dont l’origine remonte au Moyen-Age. Au début il s’agissait avant tout d’un usage de
commodité, ce nombre étant facilement divisible à une époque où la machine à calculer
n’existait pas encore. Il fut conservé par la suite en raison de son effet de levier sur le montant
des intérêts dus.

Les dates de valeur ont, elles aussi, une origine lointaine, leur justification se trouvait dans la
nécessité de garder en caisse des sommes infructueuses pour faire face aux retraits de la
clientèle ainsi que dans l’impossibilité de placer encore le jour même d’un dépôt les sommes
versées. Ce n’est que bien plus tard qu’elles ont été perçues par ses opposants comme
instrument de rémunération du service bancaire.

C. une pratique généralisée et collective


Une pratique contractuelle, pour devenir un usage, doit devenir une pratique généralisée et
collective. Limité à un petit nombre de commerçants qui se conforment toujours à la même
manière d’agir lorsque les circonstances sont identiques, ce mode de conduite isolé se
généralise sous l’effet de la satisfaction qu’il procure. La pratique devient une pratique de
masse, une pratique d’ensemble et les clauses deviennent des clauses de style.

Afin d’éclaircir nos propos il convient d’en donner une illustration : voici comment les choses
se passent. En présence d’une difficulté ou d’un problème, l’une des parties ou les deux à la
7
M. Pédamon, Droit commercial, Commerçants et fonds de commerce Concurrence et contrats du commerce,
Dalloz, 1994, n° 14
8
A. Kassis, loc cit., p. 111
9
J. Carbonnier, Flexible droit, Pour une sociologie du droit sans rigueur, L.G.D.J., 1992, p.74 et s.

6
fois adoptent une certaine manière d’agir leur donnant satisfaction ; par exemple face à un
dépôt, le banquier convient d’appliquer une date de valeur différente de la date de
disponibilité des fonds pour le calcul des intérêts. Les intéressés s’y conforment à nouveau
dans leurs rapports ultérieurs et ils en viennent à proposer cette façon d’agir à des tiers ce qui
permettra à cette pratique des jours de valeurs de se répandre à un moment donné dans toute
une ville ou toute une profession (époque où toutes les banques de la place et même des
environs adoptent cette façon d’agir). A partir d’une certaine période, elle est devenue
générale et constante et on dit qu’elle s’est transformée en usage.

Si les éléments constitutifs d’ordre matériel que nous venons d’exposer se vérifient tant pour
l’usage que pour la coutume, la dose de contrainte attachée à cette dernière est singulièrement
plus forte dans l’esprit des sujets de droit10. Ainsi pour que l’usage soit considéré comme
obligatoire par la population qui le suit, il faut y ajouter encore l’élément psychologique :
l’opinio necessitatis. Cette opinion résulte de la croyance généralement répandue qu’il s’agit
d’une règle juridiquement obligatoire et caractérise en fait la différence par rapport au
processus de formation de l’usage conventionnel. On pourrait présenter la force obligatoire
d’une coutume comme supérieure à celle d’un usage conventionnel.

Après s’être intéressé à des éléments de la théorie générale du droit pour ce qui est de la
genèse de l’usage en doit bancaire, il conviendra inévitablement de voir des cas d’usage
bancaire dégagées en matière bancaire.

Section 2 : les cas d’usage bancaire

A. Le mécanisme des dates de valeurs

Cette curieuse pratique appelle tout d’abord une définition. Comme l’a rappelé C. Mouly dans
son étude des dates de valeurs11, la définition a pâti de l’absence d’étude de fond : Est une
date de valeur ou jour de valeur «la date à partir de laquelle une opération enregistrée dans
un compte est prise en considération pour le calcul des intérêts éventuels».

Il est incontestable que, les dates de valeur pouvaient être considérées comme un usage12. En
effet, d’une part, les dates de valeur ont été élaborées par les banquiers eux-mêmes au sein de
leurs transactions avec leurs clients et, d’autre part, la généralité des banques les appliquait, de
façon répétée et constante.

On la définissant comme étant «la date à partir de laquelle une opération enregistrée dans un
compte est prise en considération pour le calcul des intérêts éventuels » ,il ne semble donc pas
aller de soi qu’une créance est prise en considération pour le calcul des intérêts dès le jour de
son entrée en compte.

10
F. Terré, Introduction générale au droit, Dalloz, 1998, p.227
11
C. Mouly, « Bilan provisoire d’une critique des dates de valeur », RJDA 1993, p.503-513
12
Pour un arrêt qualifiant d’usage cette technique des dates de valeur. CA Versailles, 17 janv. 1992 : D. M 1992.,
p. 352.

7
La date de valeur « n’a d’effet que pour apprécier la position créditrice ou débitrice du compte
aux fins de calculer les intérêts : elle n’a pas d’incidence (et ne doit pas en avoir) par exemple
sur l’appréciation de l’existence ou non de la provision». Les banques ont justifié cette façon
de faire en mettant en avant les délais nécessaires au recouvrement.

Afin de mieux définir cette date de valeur il faut en réalité la comparer aux autres dates qui
marquent l’affectation d’une créance au compte :

 La date d’opération correspond à la date à laquelle le client effectué le paiement par


carte bancaire, il a passé l’ordre de virement ou autre.
 La date de traitement est celle qui correspond à la date d’enregistrement de l'opération
sur votre compte bancaire. Dans quelques cas, cette date peut être décalée si le client
passe un ordre de virement en ligne un dimanche. Dans ce cas, les opérations sont
traitées le lendemain, à condition que la banque soit ouverte, sinon le prochain jour
travaillé (jour ouvré).
 La date de valeur appliquée peut être décalée. C’est la date retenue pour comptabiliser
les intérêts : intérêts débiteurs que vous devez à la banque en cas de découvert sur
votre compte, intérêts créditeurs que vous recevriez en cas de somme placée sur un
compte d’épargne.
Aucune disposition de la loi bancaire n’encadre les dates de valeurs. Elles sont laissées
aux usages bancaires et au mécanisme de la négociation entre la banque et décidées au
cas par cas.

Mais aujourd’hui, on trouve :

• Élimination de la date de valeur chez CIH Bank en ce qui concerne le compte sur
carnet. La date de valeur correspond à la date d’opération :
• Dans toutes les autres banques :
-Lorsqu’on fait un versement le 5 du moins on ne commence à percevoir des intérêts
que le 16 du mois. (On perd 11 jours d’intérêts).
-Lorsqu’on fait un retrait le 10 du mois par exemple, l’opération est considérée
comme réalisée le 31 du moins (On perd 11 jours d’agios).
-Droit d’information des dates de valeur : droit réglementé par l’article 154 de la loi
103.1213, et également par les dispositions de l’article 3 de la loi 31.08. Le
manquement à ce devoir d’information concernant l’information des dates de valeurs
et puni par la loi au même titre que le manquement à ce devoir en toute autre matière.

Pour la Cour de Cassation française les délais d’encaissement constituent la seule


justification des dates de valeur de sorte que seules les opérations d’encaissement en
nécessitant peuvent en nécessitant peuvent être affectées: c’est le cas de la remise du
chèque à l’encaissement14.

13
« Les conditions appliquées par les établissements de crédit à leurs opérations, notamment en matière de taux d’intérêt
débiteurs et créditeurs, de commission et de régime de dates de valeur, doivent être portées à la connaissance du public selon
les modalités fixées par circulaire du wali de Bank Al-Maghrib, après avis du comité des établissements de crédit.»
14
Cass.Com.2juin2010, banque et droit n°133, sept-oct,34obs.BONNEAU

8
La jurisprudence considère que le client ne peut consentir à l’application de dates de
valeur dénuées de cause: l’absence de cause rend sans valeur leur acceptation15.
Selon la jurisprudence française les opérations autres que celles d’encaissement
doivent être comptabilisées à leur date, y compris pour le calcul des intérêts.

Cette solution proposée par la jurisprudence française, ne condamne pas toutes les
dates de valeur mais uniquement celles qui ne sont pas justifiées par un délai de
traitement ou d’encaissement.

Les recours en cas d’abus

Trois éléments essentiels à retenir : la charge de la preuve, la médiation bancaire, La


jurisprudence.
• L’abus en matière des dates de valeur
La responsabilité est une éventualité pouvant entraîner une sanction. La condition pour
que cette éventualité se réalise est la participation du sujet à des situations génératrices
de dommages. Le système des sanctions prévues par la loi bancaire souffre de
certaines Carences.
Cette responsabilité et donc soumise au droit commun, reste toujours à porter la
preuve d’un abus, d’une absence d’information et d’un préjudice réellement subi.

• La médiation bancaire
Sont éligibles à l’examen du Centre Marocain de la Médiation Bancaire, les litiges
ayant trait à la gestion des comptes à vue, des comptes d’épargne et des moyens de
paiement, entre outre, les questions liées :

Aux dates de valeurs et d’exécution d’opération et l’exécution des opérations et


l’exécution des engagements pris dans le cadre des contrats bancaires.

La médiation bancaire en matière des dates de valeur et soumise aux mêmes


conditions dans toute autre matière. Ces conditions sont comme suit :
1. Le client a saisi son établissement de crédit du différend qui l’y oppose et on a
épuisé tous les recours internes ;
2. Il n’a pas reçu de réponse de son établissement de crédit dans les délais impartis ;
3. Il n’est pas satisfait de la suite donnée à sa réclamation par son établissement de
crédit.

•La jurisprudence concernant les abus :


La question s’est posé de savoir si la restitution d’intérêts indument prélevés par
application de dates de valeur dépourvues de cause impliquait préalablement
l’annulation de la stipulation d’intérêts, et si le délai de prescription de la demande de
restitution des intérêts était celui de la prescription quinquennale ? La Cour de
cassation française affirme que : « l’action en restitution des intérêts perçus indument
15
Cass. Com.31 mai 2011 RDBF, nov-déc 2011, comm. 190note CREDOT et SAMIN

9
par application de dates de valeur dépourvues de cause peut être engagée dans un délai
de 5ans à partir de la perception peu importe l’absence de demande en nullité de la
stipulation d’intérêts conventionnels »16.

B. Le calcul de l’Intérêt selon l’année lombarde

Selon un usage puisant son origine en Lombardie pendant le Moyen Age, l’année bancaire
consistait à calculer les intérêts d’un prêt par la méthode des nombres sur une année théorique
de 360 jours.

Pour les banques marocaines, l’année civile ne compte pas 365 jours mais seulement 360.
C’est ce que l’on appelle dans le jargon financier «l’année lombarde», en référence aux
banquiers italiens du Moyen âge qui calculaient les intérêts des prêts qu’ils octroyaient sur la
base de 360 jours au lieu de 36517.

On multiplie le capital emprunté par le nombre de jours d’utilisation et par le taux d’intérêt
appliqué à l’opération. Le résultat est alors divisé par 360, ce qui donne le montant de l’intérêt
à payer.

18

Cette méthode de calcul s’explique parfaitement compte tenu à l’époque des limites des
instruments de calcul et de la facilité de multiplier à partir de 360 jours plutôt qu’en utilisant
un diviseur de 365 jours.

Ainsi, pendant plus de deux cents ans personne n’a remis en cause cet usage, ce calcul des
intérêts bancaires sur 360 jours.

Cela a donc permis aux banques d’utiliser cette méthode de calcul et de percevoir
insidieusement des intérêts supplémentaires puisque le diviseur est moins grand.

Cependant, rien aujourd’hui ne permet, devant cette apparente recherche de la facilité, de


justifier l’existence d’une année bancaire de 360 jours.

Mais l’excuse de la simplification des calculs ne tient plus. Avec le développement des
technologies qui calculent instantanément les intérêts, cette pratique a-t-elle encore un sens ?
Non, bien sûr. D’autant qu’au Maroc, la loi est on ne peut plus claire à ce sujet. Le Dahir des
obligations et des contrats19 (DOC) stipule : « les intérêts ne peuvent être calculés que sur la
16
Cass. Com. 16 mars 2010 RDBF, juillet-aout. 2010, comm. 190note CREDOT et SAMIN.
17
Article, Calcul des intérêts : La faille qui profite aux banque, finance news, Amine El Kadiri.
18
https://www.actu-juridique.fr/affaires/lannee-lombarde-et-les-banques-entre-faute-lucrative-et-risque-
systemique-diffus/
19
Le dahir des obligations et des contrats, Titre 5, Chapitre III, Article 873, p99

10
base d'une année entière».

Pourquoi donc ce mode de calcul continue-t-il à être impunément pratiqué ?

La question n’est pas nouvelle. ‘ En 2012, Azzedine Berrada, ancien banquier, avait déjà mis
le doigt sur cette pratique dans son livre «le casse-tête des erreurs bancaires». Quant aux
banquiers que nous avons contactés, ils ont eu du mal à justifier cette pratique. «C’est
l'usage», nous répond laconiquement ce directeur d’agence)’20.

Comment déterminer si votre banque calcule les intérêts de votre prêt selon l’année lombarde
?

-la plus simple et la plus évidente = la banque le mentionne dans ces conditions générales de
l’offre de prêt

- plus difficile = il faut calculer la base utilisée par la banque pour le calcul des intérêts

Certaines banques mentionnent clairement dans leurs conditions générales qu’elles calculent
les intérêts selon la base de 360 jours.

La clause à rechercher dans le prêt est la suivante : « les intérêts courus entre deux échéances
seront calculés sur la base de 360 jour, chaque mois étant compté pour 30 jours rapportés à
360. »

Ou encore : « Les intérêt seront calculés sur le montant du capital restant dû, au taux fixé aux
conditions particulières sur la base d’une année bancaire de 360 jours, d’un semestre de 180
jours, d’un trimestre de 90 jours et d’un mois de 30 jours »

Les banques mentionnent21l’année bancaire de 360 jours. Comme la clause est APPARENTE
et mentionnée dès l’engagement de l’emprunteur, cela implique qu’il faut impérativement
assigner celle-ci devant le Tribunal dans les 5 ans de la signature de l’offre de prêt qui
mentionne ladite clause.

En d’autres termes, si l’offre de prêt qui se présente devant vous possède l’une de ces clauses
et a été signée il y a plus de 5 ans il est inutile d’agir en justice car il y aura prescription.

Le cas où l’année lombarde n’est pas mentionnée dans l’offre mais peut être calculée

Ce n’est pas parce les banques ne mentionnent pas dans leurs conditions générales de calcul
selon la base de 360 jours qu’elles ne le font pas.

20
Article, Calcul des intérêts : La faille qui profite aux banque, finance news, Amine El Kadiri ;consulte le 20
Mars 2023
21
L’article 496 du code de commerce « le relevé de compte indique de façon apparente le taux des intérêts et des
commissions, leur montant, et le mode de calcul»

11
Il est rappelé que ce mode de calcul permet à la banque de percevoir plus d’intérêts à l’insu
de l’emprunteur donc pourquoi s’en priverait-elle ?

Les banques calculent les intérêts selon l’année lombarde pour lisser les années bissextiles sur
la durée de tout le prêt. Elles calculent les intérêts comme si toutes les années du prêt sont de
360 jours parce que c’est plus facile à calculer ainsi que d’intégrer les années bissextiles.

La conséquence est la même pour les intérêts intercalaires.

Pour vérifier la base de calcul utilisée par la banque, il faut donc :

– Faire un peu de mathématiques

– Avoir en possession le tableau d’amortissement définitif du prêt qui est transmis par la
banque après le décaissement des sommes. (Le tableau d’amortissement provisoire édité avec
l’offre de prêt ou un tableau mentionnant qu’il n’a en général aucune valeur contractuelle et il
le précise parfois).

Les banquiers ont l’habitude de calculer les intérêts des prêts bancaires par référence à une
année comportant 360 jours au lieu des 365/366 que connaît l’année civile.

Cette façon de procéder, dans le cadre des transactions opérées avec les clients, soit au sein
des contrats, trouverait son origine en Lombardie au Moyen Âge, l’usage lombard lui-même
trouverait son fondement dans les calendriers existants dans l’Antiquité qui ne comptaient que
360 jours.

Quoi qu’il en soit, il semble certain que ce calcul des intérêts sur 360 jours s’est répété pour
des raisons de simplicité. Le chiffre 360 étant divisible par 12, 6, 4 et 2(mois, rythme
bimestriel, trimestre et semestre), il y a là un avantage non négligeable en l’absence de
machines à calculer. C’est sans doute la commodité du chiffre qui lui a valu d’être perpétué
comme usage bancaire.

Ainsi que l’a rappelé Samin22: « le recours à une année fictive de 360 jours tiendrait
historiquement aux difficultés de calculer sur un nombre exact de 365 ou 366 jours, à une
époque où les arrêtés de compte et plus généralement, toutes les opérations étaient effectuées
manuellement, En d’autres termes à une époque où les machines à calculer sophistiquées
n’existaient pas encore. »

L’article 496 du code de commerce23, le relevé de compte indique de façon apparente le taux
des intérêts et des commissions, leur montant, et le mode de calcul.

On constate de la lecture des dispositions de l’article 496 que le relevé de compte doit
indiquer le mode de calcul, sachant qu’on ne peut trouver aucune autre disposition dans le
code de commerce sur le calcul des intérêts bancaires. Alors comment ces derniers sont
calculés ?

22
Samin, « Réflexions juridiques sur la durée de l’année bancaire », Banque 1995, p. 3
23
https://rnesm.justice.gov.ma/Documentation/MA/3_TradeRecord_fr-FR.pdf

12
Pour répondre à notre question, il faudrait de revenir aux sources du droit bancaire, et le rôle
de l’usage bancaire dans la pratique bancaire.

En droit bancaire, les usages sont nombreux et peuvent régir aussi bien les rapports entre
établissement de crédit que les rapports de ces derniers avec leur clientèle. Les usages
s’appliquent sans aucune restriction.

En application de l’usage bancaire24, une année ne compte que 360 jours. Il s’agit en réalité
d’une technique, utilisée depuis des années par l’ensemble des banques du royaume parce
qu’elle facilite le calcul des intérêts bancaires.

Chapitre 2 : l’opposabilité de l’usage


Il est nécessaire d’examiner dans ce chapitre d’une manière à une autre, les questions concernant de la
preuve usage (section I) ainsi son connaissance et acceptation (section II), cela qu’elle soit présumé
tacite ou express.
24
Revue :blog de droit Marocain : Le calcul des intérêts bancaire au Maroc. P 2.

13
Section I : la preuve de l’usage bancaire

La preuve de l’usage pose en règle générale problème essentiellement pour ce qui est des
clients mais la relation interbancaire n’est pas épargnée non plus alors même qu’il s’agit de
professionnels de la branche, comme en témoigne le TC25 de paris du 14 Juin 1995.

Mais peu importe la qualité de l’opposant, le banquier devra à chaque fois prouver l’usage
ainsi que son contenu.

A) Le parère

Le droit bancaire actuel offre certaines commodités aux professionnels de la place à l’image
des parères délivrés par l’AFB26 à l’occasion d’un litige et venant attester de la certitude de
l’usage. Le parère ayant joué un rôle probatoire certain, le banquier doit actuellement se
résigner, car le monde bancaire est lui aussi en constante évolution, et c’est ainsi que certains
usages sont tombés en désuétude.

En effet, le terme parère présente une étymologie qui suggère. En italien, il constitue la
variante d’un verbe qui signifie « paraitre ». En latine paréo signifie se traduit littéralement
« il est évident ».

Par définition, Un "parère" est un document servant de preuve à l'existence et au contenu


d'un usage local ou professionnel, une sorte de certificat de coutume ou encore d'acte de
notoriété.27

L’usage étant la plupart du temps en matière bancaire de nature conventionnelle, il ne pourra


être opposé par le banquier à son client ou vice versa qu’à la condition que ce dernier aura pu
prouver l’existence et le contenu de l’usage. Le banquier, confronté à un client récalcitrant
devra prouver l’usage en cause afin de pouvoir l’opposer, charge qui peut selon les cas être
particulièrement désobéissant.

Le parère est un moyen privilégié en matière d’usage « Il « consiste dans des attestations
écrites émanant de personnes qualifiées (…) qui certifient l’existence de l’usage dans tel
milieu professionnel ou sur telle place »28. Le contenu est établi, en cas de litige, au moyen de
ce parère qui est un certificat délivré par un organisme professionnel comme par exemple, en
France l’association française des banques. Ce document fournira en justice la preuve de
l’existence de l’usage ainsi que de son contenu, ce qui facilite incontestablement la charge de
la preuve.
25
- TC= le tribunal de commerce.
26
- l’association française des banques est l’organisme professionnel des banques commerciales et du Groupe
Banque populaire dans le domaine social.
27
-Parère - Définition - Dictionnaire juridique (dictionnaire-juridique.com), consulté le 16 Mars 2023, a 23h24.
28
-M. Salah, « Usages commerciaux », Rép. com., Dalloz, juin 1999, spéc. P.12

14
B) Le rôle probatoire et l’efficacité du parère.

Lorsqu’un usage est issu d’un processus de formation tel que nous venons de l’analyser, il
n’est pas encore efficace en justice car un banquier, qui invoque un usage dans le cadre d’un
litige et qui se trouve opposé à un client contestant l’existence ou la teneur d’un usage, devra
aussi le prouver. Le cas d’un exemple d’un jugement du tribunal de commerce de paris du 14
Juin 1995 témoignant le CIAL.29

Le CIAL en étant avaliste d’une série de billets a ordre, soutenait que les porteurs étaient de
mauvaise foi, au juste motif qu’ils ont négligé contrairement a tous les usages de lui faire
connaitre leur qualité de porteur avant l’échéance. Malheureusement, le CIAL n’a pas
parvenu faire une preuve en justice qui justifie l’existence de tel usage, d’où le tribunal a
conclut « l’existence d’un prétendu usage selon lequel les banques devraient s’informer
mutuellement lors de l’escompte d’effets revêtus d’un aval bancaire, n’est pas établie ».

En effet, dans le secteur bancaire en France, c’est une organisation syndicale bancaire, à
savoir l’Association professionnelle des banques (APB)30 devenue AFB qui délivre, la plupart
du temps à l’occasion d’un litige, de tels parères attestant des usages existants en droit
bancaire. De plus, la fonction première de ces attestations écrites est destinée à faire la preuve
de l’existence d’un usage dans un milieu professionnel déterminé.

Certains auteurs disent que les parères n’ont qu’une valeur de présomption mais ils
contribuent cordialement à fixer les usages commerciaux. La valeur juridique du parère est
considère comme une présomption mais ce dernier peut de renverser la charge de la preuve
qui incombe sur le banquier mais sur la partie adverse.

Section 2 : l’acceptation et la connaissance de l’usage (la notoriété).

L’opposabilité d’un usage, hormis ou hors le cas de sa preuve, pose encore problème. L’usage
doit à ce titre remplir certaines conditions quant à sa connaissance, son acceptation et plus
généralement donc quant à sa notoriété afin d’être opposé efficacement à la partie adverse.

Par définition, la notoriété est caractère de ce qui est notoire, connu d'un grand nombre de
personnes.31

Alors qu’il existe une présomption de connaissance de l’usage entre professionnels(A), la


jurisprudence exige une réelle adhésion de la part du client (II) afin que l’usage lui soit
opposable.

29
- le Crédit du Nord, les banques Bruxelles-Lambert et Pallas Stern au Crédit industriel d’Alsace et de Lorraine.
30
- l’association professionnelle des banques.
31
- Définitions : notoriété - Dictionnaire français de Larousse, consulté le 17 Mars 2023, a 18h14.

15
A) Une connaissance présumée entre professionnels.

Les professionnels qui contractent sur leur place d’origine, c’est-a-dire dans leur branche
d’activité sont censés connaître les usages qui y sont admis. Ainsi, Leur silence est donc
interprété comme une acceptation tacite32 et l’opposabilité d’un usage ne posera pas d’autre
problème que la preuve matérielle de son contenu. En effet, cette présomption d’une
acceptation n’est pas déplacé, car ils sont censés connaitre les pratiques (usages) d’une
branche d’activité qu’ils manient au quotidien ils auraient pu, des le début de leur relation
exclure expressément.

De plus, selon une approche de droit français, on constate que la solution ne varie dans son
principe selon qu’il s’agira d’une relation interbancaire ou d’une relation banque-client ; il
faut à chaque fois une connaissance et une acceptation de l’usage, mais c’est la probabilité de
ces conditions qui va faire varier les solutions. Dans la même logique on peut comprendre
qu’un client est également présumé avoir connaissance de l’usage et l’avoir tacitement
accepté, dès lors qu’il est « particulièrement averti » des procédés bancaires ou qu’il en ait
déjà fait l’expérience.

D’un point de vue doctrinal, comme certains auteurs 33 qui sont unanimes pour affirmer que
les usages bancaires ne suscitent aucune difficulté dans leurs rapports entre établissements de
crédits, ils s’appliquent sans aucune restriction.

Mais cette affirmation a été remise en cause par un jugement du tribunal de commerce de
paris du 14 Juin 199534 cette opposabilité d’un usage dans la relation interbancaire suscite,
elle aussi, des difficultés, car pour pouvoir opposer avec succès un usage à un autre
établissement de crédit, la banque doit pouvoir prouver le contenu d’un jusqu’alors prétendu
usage, obstacle que n’est pas arrivé à franchir le crédit industriel d’Alsace et de Lorraine. Or
en l’occurrence l’usage n’existait pas. On peut donc en conclure que l’opposabilité des usages
bancaires entre professionnels se heurte parfois à des obstacles ; ces derniers n’ayant pas trait
alors à la notoriété de l’usage mais à sa preuve

B) L’adhésion du client par l’usage.

Selon un certain dénommé T. Samin 35 , relève que dans cette relation client-banque le
consentement d’un cocontractant étranger à la sphère dans laquelle l’usage est né n’est plus
présumé. Il ne peut d’ailleurs pas être présumé en avoir connaissance.

32
- Accord tacite : définition et caractéristiques - Ooreka, consulté le 19 Mars 2023, a 14H56.
33
- T. Bonneau, Droit bancaire, Montchrestien, 1999, p. 6 ; C. Gavalda et J. Stoufflet , Droit du crédit, Litec,
1998, p. 51 ; C. Gavalda et J. Stoufflet, Droit bancaire, Litec, 1999, p. 8 ; J-L. Rives-Lange et Monique
Contamine-Raynaud, Droit bancaire, Dalloz, 1995, p. 8
34
- Cour de Cassation, Chambre civile 3, du 14 juin 1995, 93-15.018, Inédit - Légifrance (legifrance.gouv.fr),
consulté le 19 Mars 2023, a 15H34.
35
- T. Samin, « Réflexions juridiques sur la durée de l’année bancaire », Banque 1995, p. 6

16
En effet, la jurisprudence exige que l’opposabilité de l’usage au client soit ainsi subordonnée
à une double condition : il faudra au banquier pouvoir prouver que le client avait connaissance
de l’usage, lors de la conclusion du contrat, et qu’il l’a accepté expressément ou tacitement.

À l’époque la jurisprudence se contentait sur la solution de l’arrêt de la chambre commerciale


du 6 juillet 196436, « qu’un client est également présumé avoir connaissance de l’usage et
l’avoir tacitement accepté, dès lors qu’il est « particulièrement averti » des procédés bancaires
ou qu’il en ait déjà fait l’expérience ». La solution désormais classique, à savoir que si le
client en a été informé lors de la conclusion du contrat l’usage lui sera opposable ; dans le cas
contraire, il lui sera inopposable, vient d’être précisée, récemment dans un arrêt très remarqué
de la chambre commerciale du 4 mai 199937.

Les faits de l’espèce peuvent se résumer de la manière suivante : Il s’agissait d’un compte
joint entre deux époux, qui, visiblement ne s’entendaient plus. Le mari à l’insu de sa femme,
s’était désolidarisé du fonctionnement du compte, mais avait continué à l’utiliser de telle sorte
que le débit s’était aggravé. Après avoir certainement procédé à la clôture du compte,
l’établissement de crédit, qui n’avait pas informé l’épouse de la décision du mari, lui réclame
cependant le paiement du solde débiteur. Les juges du fond donnent gain de cause au
banquier, auquel l’épouse reprochait un défaut d’information, parce que « les règlements en
vigueur dans le milieu bancaire » ne mettent pas à la charge du banquier, en de pareilles
circonstances, une telle obligation d’information. « La cassation est motivée par l’absence
d’adhésion de l’épouse à l’usage bancaire invoqué ». Ne pouvant de ce fait, s’en prévaloir, le
banquier était donc tenu d’informer sa cliente de la décision du mari de dénoncer la
convention de compte joint. Cette décision nous semble quelque peu plus sévère car les
termes ont changé : cette simple « connaissance » d’un usage, relatée dans les arrêts précités
s’est transformée dans cette décision en une « adhésion » par le client. L’affirmation selon
laquelle l’adhésion du client à l’usage signifierait tout simplement sa connaissance et que la
preuve de cette dernière vaudrait adhésion n’est pas pertinente car l’exigence d’adhésion
recouvre tant la connaissance que l’acceptation de l’usage.

Cette décision semble néanmoins parfaitement justifiée en droit, car un usage propre à une
profession ne peut être opposé à une personne n’en faisant pas partie, qu’à la seule condition
que cette dernière l’ait accepté. Le silence de sa part quant aux usages ne peut donc en aucun
cas être interprété comme une acceptation tacite comme c’est le cas du professionnel, car il
n’est pas censé connaître les usages.

Ainsi on croit pouvoir en retenir une plus grande protection du client peu averti car l’exigence
de connaissance s’est transformée en une exigence d’acceptation. Les exigences de la
jurisprudence sont à interpréter sans doute dans une logique de protection d’un consommateur
profane du service bancaire. Alors que les solutions affirment de plus en plus cette exigence
(au début on parlait simplement d’une connaissance de l’usage lors de la conclusion du

36
- Cass. com. 6/7/1964, JCP G, 1965, II, 14024, obs. C. Gavalda ; R.T.D. com. 1968, p. 101, n°2 obs. Becqué et
Cabrillac
37
- 5 Cass. com. 4/5/1999, Bull; civ. IV, n° 90 p. 75 ; D. 1999, IR, p. 148; RJDA 1999, n° 822 p. 659 ; PA
17/6/1999, n°120 p.5 ; D. Aff; 1999, p. 939 obs. X.D. ; D. 2000, p.191, obs. J. Djoudi ; JCP E, 2000, p.895, obs.
P. Neau-Leduc ; P. Delebecque, op. cit., p. 997 i

17
contrat), la situation de la banque est devenue parfois un peu fragile, et ce mouvement doit
être replacé dans un contexte de renforcement des obligations d’information du banquier. Il
conviendra donc d’approfondir par la suite les moyens dont dispose l’établissement de crédit
afin d’assurer une meilleure information de sa clientèle.

Enfin de compte, les moyens sont les suivants :

 Le premier moyen est selon l’article 7 du décret du 24 juillet 1984, « Les


établissements de crédit sont tenus de porter à la connaissance de leur clientèle et du
public les conditions générales de banque qu'ils pratiquent pour les opérations qu'ils
effectuent. Lorsqu'ils ouvrent un compte, les établissements de crédit doivent informer
leurs clients sur les conditions d'utilisation du compte, le prix des différents services
auxquels il donne accès et les engagements réciproques de l'établissement et du
client. »38
 Le deuxième moyen serait de procéder à une codification des usages car la rédaction
écrite des usages ou l’élaboration d’un contrat type facilite la diffusion de ces «
pratiques » et en élargit l’autorité dès lors que le document est publié.

CONCLUSION

En guise de conclusion ,il convient de rappeler que l’usage est une source de droit non écrite
parfois synonyme de coutume et une véritable règle de droit ,elle désigne une pratique
particulière a une profession ,a une région ou a une localité et dont la force obligatoire est
variable alors que la coutume est par définition une norme (règles) de droit objectif fondée sur
une tradition populaire qui prête a une pratique constante ayant un caractère juridiquement
38
- Décret n°84-708 du 24 juillet 1984 pris pour l'application de la loi n° 84-46 du 24 janvier 1984 relative à
l'activité et au contrôle des établissements de crédit - Légifrance (legifrance.gouv.fr), consulté le 19 Mars 2023,
a 17H13.

18
contraignant considéré comme une véritable loi ,mais d’origine non étatique que la
collectivité a fait sienne par habitude dans la conviction de son caractère obligatoire .

En plus, l’usage bancaire n’est constitué que si elle est une pratique connue de tous et n’est
plus contester et si elle n’est pas contraire à une loi impérative, pour cela l’usage est formé
selon un processus conventionnel qui est subordonner la répétition de l’usage qui est le point
essentiel pour qu’un usage devient une habitude qu’au sein d’une même groupe social, groupe
dont les membres vivent ensemble en un même lieu.

En effets, il est indiscutable qu’il existe de usages bancaires reconnu par la jurisprudence
entre le client et l’établissement de crédit tel que les date de valeur qui permet de déterminer
la date a laquelle une opération être prise en compte dans le calcul d’intérêt, c’est une pratique
qui est utilisée par l’établissement de crédit.

Pour ce qui est de l’opposabilité de l’usage est un concept juridique qui signifie que les
actions ou la décision d’une partie peuvent être opposées à une autre partie, à ce titre deux
choses sont essentielle à savoir d’abord que cette opposabilité ne soit pas contestée et que
l’usage remplit sa fonction en étant intègre dans la relation.

Les parties ayant manifesté leur consentement d’agir conformément aux usages de la
profession car en toute fin de compte personne ne le conteste soit le client de la banque
conteste l’opposabilité de cet usages et l’établissement de crédits sera alors appelé à fournir
une double preuve, que cet usage doit régir leur relation car il s’agit d’un usage de la
profession et qu’elle doit être applique à leur relation car le client en a eu connaissance au
moment de la conclusion et qu’il accepte.

À cet égard il faut souligner que l’opposabilité de l’usage pose problème lorsque ceux-ci
n’ont pas été prévus expressément dans le contrat.

L’usage bancaire étant une nature conventionnelle entre le client et l’établissement de crédits,
son opposabilité est conditionnée la preuve de l’existence et le contenu de l’usage, alors la
charge de la preuve incombe à celui qui l’invoque.

Le banquier étant confronté à un client récalcitrant devra prouver l’usage en cause afin de
pouvoir l’oppose, pour cela au cours du litige il est évident pour prouver l’existence usages
d’apporter la preuve à savoir le parère qui est un document attestant l’existence ainsi que le
contenu de l’usage

Toutefois la jurisprudence a dégagé l’utilité que représente en pratique le parère pour le


banquier lorsqu’il lui faudra prouver en justice l’usage afin de prouve au client la preuve de
l’existence de l’usage.

Enfin, les usages bancaires doit avoir notoire, cette exigence de notoriété varier selon que le
partie à laquelle on l'opposé est un simple particulier ou un professionnel, c'est le degré de
connaissance de l'usage ou la probabilité qu'elle peut l'avoir afin d'être reconnue.

19
La plupart des auteurs s'accordent pour affirmer que les usages bancaires ne suscitent aucune
difficulté spécifique dans le rapport entre l'établissement de crédit et le client.

BIBLIOGRAPHIE

 Les ouvrages

 Samin, « Réflexions juridiques sur la durée de l’année bancaire », Banque 1995.

 M. Pédamon, Droit commercial, Commerçants et fonds de commerce Concurrence


et contrats du commerce, Dalloz, 1994

20
 A. Kassis, Théorie générale des usages du commerce, L.G.D.J., 1984

 F. Terré, Introduction générale au droit, Dalloz, 1998

 J. Carbonnier, Flexible droit, Pour une sociologie du droit sans rigueur, L.G.D.J.,
1992

 T. Bonneau, Droit bancaire, Montchrestien, 1999

 Les articles

 M. Pédamon, « Y a-t-il lieu de distinguer les usages et les coutumes en droit


commercial ? », RTD com. 1959, p. 359

 T. Samin, « Regards sur l’anatocisme en tant que mode de réparation », Banque


1994, juillet-août, p. 3

 T. Samin, « Réflexions juridiques sur la durée de l’année bancaire », Banque 1995,


p. 3

 Jurisprudence

 Cass. com. 6/7/1964, JCP 1965, II, 14024 obs. C. Avala

 CJCE 16/3/1999, Castelletti, C-159/97, Rec. P. I-1636 ; Revue critique DIP,


1999, p. 573-577 note H. Gaudemet-Tallon European Law Revue, 2000, p.
178-182 note T. Hartley DMF, 2000, p. 72-75
 Cas. Com. 16 mars 2010 RDBF, juillet-aout. 2010, comma. 190note CREDOT
et SAMIN.
 Webographie
 -Parère - Définition - Dictionnaire juridique (dictionnaire-juridique.com)
 Définitions : notoriété - Dictionnaire français de Larousse,
 Accord tacite : définition et caractéristiques - Odorera
 Cour de Cassation, Chambre civile 3, du 14 juin 1995, 93-15.018, Inédit - Légifrance
(legifrance.gouv.fr)

 - Décret n°84-708 du 24 juillet 1984 pris pour l'application de la loi n° 84-46 du 24


janvier 1984 relative à l'activité et au contrôle des établissements de crédit -
Légifrance (legifrance.gouv.fr)

21
TABLE DE MATIERE

Introduction ........................................................................................................................................... 3
Chapitre 1: La formation des usages
bancaires................................................................................................................................................. 5
Section 1 : Le processus de formation de l’usage…………. ................................................................. 5
A : Formation selon un processus conventionnel... ................................................................................ 5
B: Une formation spontanée ………………………… .......................................................................... 6

22
C : une pratique généralisée et collective……………………………………………………………….6
Section 2 : Les usages bancaires …………............................................................................................. 7
A : Le mécanisme des dates de valeurs........................................................................................... ……7
B: Le calcul de l’Intérêt selon l’année lombarde .................................................................................. 10
Chapitre 2 : L’opposabilité de l’usage ……………………………………………………………...14
Section1 : La preuve de l’usage …………………………………………............................................ 14
A : Le parère …………………............................................................................................................. 14
B : le rôle probatoire du parère ............................................................................................................ 15
Section2 : la notoriété...........................................…............................................................................. 15
A : Une connaissance présumée entre les professionnels……………………………………………..16
B: L’adhésion ....................................................................................................................................... 17
Conclusion.............................................................................................................................................19
Bibliographie ........................................................................................................................................ 21

23

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