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NOVEMBRE

2018
REVOLTES, REVOLUTIONS ET PATRIMOINES.

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Pour garder le cap | Charles Sannat
Lettre Stratégies – Révoltes, Révolutions et patrimoines – Novembre 2018
STRATÉGIES

Révoltes, Révolutions et patrimoines

Lettre Stratégies – Révoltes, Révolutions et patrimoines – Novembre 2018


Sommaire
Sommaire ........................................................................................................................................................................... 4
Introduction ......................................................................................................................................................................... 5
Comprendre les révolutions .................................................................................................................................................. 8
Les manifestations du lundi ! ................................................................................................................... 8

La révolution tunisienne ........................................................................................................................ 10

Zoom sur la Révolution française......................................................................................................................................... 11


La Révolution française, rappel et similitudes ! ..................................................................................... 11

Les crises ................................................................................................................................................ 12

La France a faim, et les nobles refusent de renoncer à leurs privilèges… ............................................. 12

Comprendre ce qui provoque les révolutions ....................................................................................... 13

L’exemple chinois................................................................................................................................... 16

Éteindre une révolution c’est lui retirer son carburant ......................................................................... 17

Comment « survivre » à une révolution ?.............................................................................................................................. 18


Gilets jaunes au jus de boudin ............................................................................................................... 18

Révolution pacifique ? ........................................................................................................................... 19

Révolution violente ? ............................................................................................................................. 19

Révolution guerre civile ? ...................................................................................................................... 20

Le PEL avec un gros L ............................................................................................................................. 22

Conclusion ........................................................................................................................................................................ 24
J’ai fait une erreur .................................................................................................................................. 24

Une révolution française sans révolution européenne ? ...................................................................... 25

L’Europe démocratique peut-elle mourir sans douleur et sans souffrance ? Son fossoyeur peut-il être la France ?
............................................................................................................................................................... 25

Vers une intervention étrangère ........................................................................................................... 26

Le pire n’est jamais sûr, et il n’est pas souhaitable ............................................................................... 26

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Introduction
Mes chers amis, mes chers abonnés,

Cette lettre est condamnée à être mauvaise. Mauvaise parce que trop noire. Trop noire à tort (ce
que j'espère) ou trop noir à raison (ce que je redoute). Alors elle me laisse une drôle d'impression.
Vous aurez sans doute la même. L'actualité, je le crains, nous donnera l'occasion de revenir sur
ces sujets.

La France bouge, elle bouge beaucoup. Terriblement.

C’est normal.

Normal dans le sens de prévisible. De froide logique.

Je vous dis depuis longtemps que les conséquences de la faillite sont sensiblement les mêmes
que les conséquences pour éviter la faillite.

Macron, qu’on l’aime ou pas (ce n’est même plus le sujet), applique uniquement une
politiquevisant à éviter la faillite.

L’objectif du gouvernement ? Assurer la solvabilité du pays parce que c’est ce qui est demandé
par Bruxelles et attendu par les marchés internationaux.

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Avec 100% de dettes sur PIB et une quasi-absence de croissance économique réelle, la situation
financière est irrémédiablement compromise sauf miracle absolu.

Pourquoi ? Parce que si notre croissance est de 2%, notre déficit, lui, est chroniquement de 3% et
généralement, notre taux de croissance est largement inférieur à 2%.

La croissance ne peut donc pas compenser l’accroissement de notre endettement. Cet


emballement de la dette entraîne un cercle vicieux terrible.

Pour maintenir la solvabilité, il faut augmenter la pression fiscale. En augmentant la pression


fiscale, on baisse la croissance, on irrite les gens et on crée des mouvements sociaux plus ou
moins forts ou violents, jusqu’au jour où l’on prend même le risque de créer une révolution.

Avec cette histoire de gilets jaunes, nous ne sommes pas très loin d’un point de bascule.

Si les gilets jaunes rentrent chez eux pour les fêtes de Noël, il est fort probable qu’ils ressortent
dès le mois de janvier faire part de leur exaspération.

Ce mouvement, par son ampleur, par sa désorganisation et sa spontanéité,a le potentiel d’un


mouvement révolutionnaire.

Beaucoup seront pour, beaucoup contre, peu importe, chacun ses convictions. L’idéal serait
évidemment, dans tous les cas, que ce mouvement puisse rester calme et pacifique, car le grand
problème des révolutions c’est évidemment le bain de sang qu’elles impliquent généralement.

Avec un peu de chance, nous aurons plutôt un mouvement pacifique.

Il y aura donc deux grandes parties dans cette lettre STRATÉGIES. La première sera consacrée
aux révolutions modernes.

Je vous parlerai rapidement de deux révolutions plus anciennes : la révolution française, parce
qu’elle reste ancrée dans notre imaginaire collectif et que l’on retrouve certaines ressemblances
assez frappantes, la révolution russe, mais aussi de la chute du Mur de Berlin et de la révolution
en RDA, sans oublier la récente révolution tunisienne.

La seconde partie sera consacrée à vos patrimoines et à ce qu’il faut faire pour « survivre » à une
révolution. C’est à la fois très simple et… très complexe !!

Charles SANNAT

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Comprendre les révolutions
Les dernières « révolutions » occidentales pacifiques ont eu lieu dans les pays de l’ex-URSS,
lorsque le communisme s’est effondré au début des années 90. Elles sont très éclairantes et à
plusieurs titres.

Les autorités communistes ont globalement choisi de se tirer plutôt que de faire tirer sur les foules,
même si cela comporta quelques exceptions, notamment pendant le putsch lors duquel Boris
Eltsine finira par prendre le pouvoir en Russie et où les chars ont tiré à plusieurs reprises.

Globalement, la chute du Mur de Berlin s’est bien passée alors que le monde entier redoutait un
bain de sang.

Les manifestations du lundi !

Les « Montagsdemonstrationen » (ou manifestations du


lundi) sont un élément essentiel du tournant décisif
imposé à leur gouvernement en automne 1989 par les
citoyens opposés au régime communiste de la RDA (la
République démocratique allemande, appelée aussi
« Allemagne de l'Est »).

Le slogan « WirsinddasVolk ! » (« Nous sommes le


peuple ! ») a rassemblé, semaine après semaine, des
centaines de milliers d'habitants en protestation contre
la politique du gouvernement et contre le système alors en place de Karl-Marx-Platz, d’abord à
Leipzig, puis dans de nombreuses villes de RDA. Ces manifestations nonviolentes ont débouché
sur la chute du Mur de Berlin et la réunification allemande.

Leipzig, 16 octobre 1989.

Des prières pour la paix à l’église Nicolas de Leipzig ont été organisées par les pasteurs Christian
Führer (de) et Christoph Wonneberger (de), dès le milieu des années 1980.

L’objectif était de proposer une réorganisation pacifique et démocratique du pays, en particulier du


pouvoir politique du Parti socialiste unifié d'Allemagne (le
SozialistischeEinheitsparteiDeutschlands - SED), c'est-à-dire du parti communiste, au pouvoir
depuis 1949.

La première des grandes manifestations eut lieu le 4 septembre 1989. La police de la RDA
réprima avec violence les manifestations avant les festivités du 40e anniversaire de la RDA, les 7
et 8 octobre 1989.

À l'origine, il s'agit d'un regroupement spontané d'étudiants à l'occasion de la foire de Leipzig qui
accueillait des entreprises occidentales chaque année en septembre.

Quelques banderoles à l'intention des Occidentaux et en particulier des journalistes indiquaient


par exemple cette revendication : pouvoir voyager librement.

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La Stasi (police politique) réprima brutalement les manifestants et le lendemain, dans la presse
locale, ils étaient qualifiés de « voyous ».

Un pasteur de l'Église luthérienne, membre de la Fédération des Églises Évangéliques de la RDA,


proposa pour le lundi suivant une prière pour la paix.

Vexés d'avoir été traités de voyous, les étudiants vinrent nombreux. Après la prière, les fidèles
défilèrent dans la ville en criant : « Nous ne sommes pas des voyous ! » Puis, devant la ferveur de
la prière collective, le pasteur proposa de revenir tous les lundis soir. Chaque lundi, le nombre de
fidèles et de futurs manifestants s'est accru. L'exemple polonais, où l'Église catholique était à la
pointe du combat pour la liberté, devint contagieux.

Entre-temps, des centaines de citoyens de RDA se réfugièrent à l'ambassade de RFA à Prague et


obtinrent de passer à l'ouest dans des trains spéciaux qui devaient traverser la RDA. Ces
transferts ont provoqué d'importants mouvements de foule dans toutes les gares de passage des
trains, ce qui augmenta la mobilisation.

Le 9 octobre 1989, 70 000 personnes manifestent en criant « WirsinddasVolk ! » (« Nous sommes


le peuple ! ») et passent devant le siège de la Stasi sans provocation : des bougies sont allumées
sur les marches du bâtiment.

Le secrétaire local du Parti communiste, qui avait reçu les pleins pouvoirs du bureau politique,
demande néanmoins des instructions à Berlin-Est. En effet, il avait été informé, quelques jours
auparavant, qu'Egon Krenz cherchait à remplacer Erich Honecker par une révolution de palais. Ne
recevant aucune instruction, et après intervention de Kurt Masur, célèbre chef d'orchestre du
Gewandhaus de Leipzig, il interdit aux forces paramilitaires présentes de faire usage de leurs
armes. Le processus d'effondrement du régime commence.

Le 16 octobre, 120 000 personnes manifestent en réclamant des élections libres et le 23 octobre,
le nombre atteint plus de 200 000 participants et toutes les villes sont touchées. Des dirigeants
importants, comme Wolfgang Berghofer, bourgmestre de Dresde, ou Markus Wolf, ancien chef
des services secrets, prennent ouvertement parti pour les manifestants.

Cette pression a conduit à la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989, marquant la chute
imminente du régime socialiste de la RDA.

Ces marches, ces manifestations se prolongeront jusqu’au mois de mars 1990, mettant ainsi une
pression réformatrice sur les dirigeants et menant à la réunification entre les deux Allemagne.

Manifestations, marches non violentes, auront raison d’un pouvoir totalitaire et violent à bout de
souffle. Ainsi s’effondra le communisme.

Si la transition en RDA s’est relativement bien passée parce que la RDA a été absorbée dans la
RFA, cela ne s’est pas passé de la même manière en Russie, puisque la Russie a dû se
reconstruire sur les décombres de l’ex-URSS, un ensemble nettement plus grand.

Les premières années de la Russie ont été, pour la population, un véritable calvaire économique
et un chaos politique. Règne des mafias, délinquance, violence, effondrement économique, des
soins médicaux, et … de l’espérance de vie, la vie en Russie deviendra un enfer et il faudra
attendre l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir pour que la Russie commence son

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redressement, ce qui explique en Russie la popularité du président Poutine, n’en déplaise aux
Occidentaux.

La révolution tunisienne

La révolution tunisienne, également


appelée « révolution de jasmin », provoqua
la chute du régime en 2011.

Elle est une révolution considérée comme


essentiellement non violente, qui, par une
suite de manifestations et de sit-in durant
quatre semaines entre décembre 2010 et
janvier 2011, a abouti au départ du
président de la République de Tunisie, Zine
el-Abidine Ben Ali, en poste depuis 1987.
L'appellation « révolution de jasmin » a fait
débat, car elle renvoie aussi à la prise de
pouvoir de Ben Ali en 1987 (qualifiée de «
révolution au jasmin »). Les Tunisiens
préfèrent le nom de « révolution de la dignité » pour qualifier les évènements de 2010-2011.

Révolution de la dignité… le concept résonne autrement à la lumière des événements actuels des
gilets jaunes en France qui ne demandent pas « d’augmentations », mais des diminutions de
taxes, car ils veulent avant tout vivre dignement de leur travail !

Parties de la ville de Sidi Bouzid, d'où le nom original de « révolte de Sidi Bouzid » (ou d'« intifada
de Sidi Bouzid »), ces manifestations sont menées en protestation contre le chômage qui touche
une forte proportion de la jeunesse, plus particulièrement les jeunes diplômés, la corruption et la
répression policière.

Elles débutent le 17 décembre 2010, après l'immolation par le feu d'un jeune vendeur ambulant de
fruits et légumes à Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi, dont la marchandise avait été confisquée par
les autorités.

Quatre semaines de manifestations continues, s'étendant à tout le pays malgré la répression, et


amplifiées par une grève générale, provoquent la fuite de Ben Ali vers l'Arabie saoudite le 14
janvier 2011.

Le Conseil constitutionnel désigne le président de la Chambre des députés, Fouad Mebazaa,


comme président de la République par intérim en vertu de l'article 57 de la Constitution de 1959.

Cette désignation et la constitution d'un nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre
sortant Mohamed Ghannouchi ne mettent pas fin à la crise ; le contrôle de huit ministères par le
parti de Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), est contesté par
l'opposition et des manifestations.

Le deuxième gouvernement Ghannouchi ne dure que du 27 janvier 2011 au 27 février 2011 : la


pression populaire et syndicale pour un changement le plus complet possible et les violences

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continues entraînent la nomination d'un nouveau gouvernement dirigé par Béji Caïd Essebsi et la
dissolution du RCD le 9 mars.

Les mois de mars et d'avril voient la définition progressive du processus de transition, sous la
houlette de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, sans que toutefois
ce « véritable conflit de classes » moderne voit ses causes résolues.

Les affrontements durant la révolution ont fait 338 tués et 2174 blessés.

Ce bilan humain est à la fois lourdet faible pour une « révolution », car il s’agit de moments, hélas,
toujours violents. Le premier jour des manifestations des gilets jaunes, la France comptera deux
morts, et nous sommes à plus de 600 blessés dans ce mouvement de protestation national. Nous
sommes 8 ans après le début des événements qui marquèrent cette révolution.

La Tunisie est dans une situation politique très complexe, très fragile et très précaire. La société
tunisienne est terriblement tiraillée entre ses tentations islamistes et ses volontés réformistes.

La vie y est devenue très difficile pour le Tunisien de la rue.

Zoom sur la Révolution française


La Révolution française, rappel et similitudes !

Reprenons quelques chiffres utiles que je voulais mettre en perspective.

En 1789, la France est un pays de 26


millions d'habitants. La population se
partage de manière inégale en trois
catégories sociales.

1/ Le clergé est composé de 120 000


personnes dont 139 évêques. Il est
également divisé entre le haut clergé (issu
de la noblesse) et le bas clergé, plus
proche du tiers état que des hauts prélats.

2/ La noblesse représente environ 400


000 personnes. Cet ordre est divisé entre
la haute noblesse (environ 4 000
familles)– proche du trône ; la petite
noblesse – composée de gentilshommes
de province, souvent peu fortunés ; et la noblesse de robe, ayant acheté ses quartiers de
noblesse et méprisée par la noblesse d’épée traditionnelle.

3/ Le tiers état représente l'immense majorité de la population, soit environ 98% de celle-ci. Il
regroupe les travailleurs journaliers des campagnes, les paysans propriétaires fermiers, les
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artisans et les bourgeois des villes (banquiers, hommes de droit ou commerçants). Cette
bourgeoisie est en plein essor, grâce au développement économique des dix dernières années, et
prend de plus en plus de pouvoir dans la vie économique du royaume de France.

C’est, aujourd’hui, la même chose. Notre clergé n’est plus catholique, il est cathodique et c’est
notre secteur médiatique.

Notre noblessen’est plus de sang, mais composée d’une technocratie composée de quelques
milliers de très hauts fonctionnaires sortant des très grandes écoles et qui, essentiellement, vivent
entre eux et décident pour tous les autres. Comme autrefois, ces 4000 technocrates et très hauts
fonctionnaires dirigent la France. La petite noblesse, ce sont les fonctionnaires moyens qui
servent l’État.

Notre tiersétat, c’est chacun de nous. Le peuple de gilets jaunes, révoltés… Les similitudes sont
réelles. Mais ce n’est pas tout.

Les crises

La France connaît à ce moment plusieurs types de crises :

- La crise économique : les récoltes étant mauvaises, le prix du blé et du pain augmentent. La
misère et la famine arrivent. La production textile baisse, ce qui fait fermer des usines. À cause de
ça, le chômage augmente ;

- La crise politique : les parlements, composés de nobles, refusent d'enregistrer les projets de
réforme sur les impôts et contestent l'autorité du roi ;

- La crise sociale : les bourgeois réclament l'égalité avec les nobles et contestent les privilèges
fiscaux (= financiers), ils veulent l'égalité des emplois par exemple ;

- La crise financière : les recettes sont insuffisantes : les dépenses sont énormes, en raison des
guerres (révolution américaine ...) et du remboursement des dettes.

La France de 2018 connaît également une multiplicité de crises qui rentrent en résonnances les
unes avec les autres.

Une crise économique évidente, une crise sociale patente, une crise financière indéniable avec
une dette et une pression fiscale atteignant des records.

Les mêmes causes produisent généralement les mêmes effets : même si cela n’est pas toujours
totalement identique, les similitudes sont, encore une fois, assez impressionnantes.

Conclusion : le roi élit différents ministres, qui veulent faire payer des impôts aux nobles et aux
clercs. Celui-ci décide plus tard de convoquer les états généraux.

La France a faim, et les nobles refusent de renoncer à leurs privilèges…

La récolte de 1788 a été très mauvaise ; le peuple a faim. La France a également aidé les États-
Unis d'Amérique dans leur émancipation vis-à-vis de l'Angleterre, ce qui lui a coûté cher. Les
caisses du royaume sont vides et le roi, Louis XVI, n'arrive pas à rétablir les comptes, même en
changeant souvent de ministre des Finances. Les crises sociales s'accumulent. Une partie de la

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noblesse et du clergé refuse de renoncer à ses privilèges, c'est-à-dire, entre autres, à ne pas
payer d'impôts. Le roi convoque des états généraux pour le 5 mai 1789.

Lorsque je vois le président Macron annoncer vouloir remettre les corps intermédiaires dans
l’équation et créer un nouveau machin à la transition écologique en mettant les « acteurs »
dedans, cela ressemble furieusement aux états généraux.

Les lois de la politique, ou plutôt de l’inaction politique, sont toujours les mêmes depuis « La
République » de Platon. Nous n’avons pas inventé grand-chose.

Et vous savez ce qui s’est passé après la convocation des états généraux en mai?

Fin juillet-début août 1789, les paysans se soulèvent dans les campagnes contre les nobles : des
châteaux sont pillés, brûlés... Pris de panique, les députés de la noblesse et du clergé abolissent
les privilèges dans la nuit du 4 au 5 août 1789…

Les états généraux furent, en réalité, un vaste machin où il y eut plein de blablabla destiné à noyer
le poisson.

Macronne fait rien de nouveau… Rien.

La mise en perspective de ces deux événements donne également une bonne idée de la durée
nécessaire au déroulement d’une situation quand elleest « lourde » et « historique ».

Comprendre ce qui provoque les révolutions

Il y a deux raisons majeures qui provoquent les révolutions. Ces deux raisons sont indissociables
l’une de l’autre et, à mon sens, il faut que ces deux ingrédients soient présents pour provoquer
l’explosion sociale « atomique » qu’est une révolution.

Comme pour toute bombe nucléaire, il faut une charge d’uranium et un détonateur.

Parlons du plus évident.

Le détonateur est le ratio gamelle/gabelle

Le détonateur de toute révolte susceptible de se transformer en mouvement, puis en révolution,


c’est la gamelle et la gabelle. Quand les gabelles, c’est-à-dire les taxes, sont trop hautes et les
gamelles trop vides, le soulèvement est inévitable. C’est une constante historique. En France,
comme ailleurs, ici et maintenant, ou là-bas et autrefois.

Gamelle vide = grand danger.

Le second ingrédient est nettement plus complexe, mais sans lui, en réalité, la révolte n’a pas le
carburant nécessaire pour se transformer en véritable révolution.

Le second est le besoin d’adaptation et de modernisation du rapport


infrastructure/superstructure

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Reprenons cette idée « marxiste », navré pour ceux qui ne savent pas lire « l’ami » Karl dans le
texte, mais il fut quoique l’on dise un immense penseur. Il faut avoir lu Marx. Pas forcément
appliquer ses manuels !!!

Revenons à l’essentiel, et que mes gentils lecteurs allergiques au communisme dépassent leur
aversion pour comprendre ce concept indispensable à la compréhension des révolutions, et Marx
y connaît un rayon en révolution !!!

« Infrastructure (ou base matérielle) et superstructure sont une paire de concepts philosophiques
développés par Karl Marx et Friedrich Engels et utilisés par le marxisme, permettant de distinguer
les bases essentielles d'ordres sociaux variés.

L'infrastructure désigne ce qui est relatif à la production :

- les conditions de production (climat, ressources naturelles) ;

- les forces productives (outils, machines) ;

- les rapports de production (classes sociales, domination, aliénation, salariat...).

C'est de l'infrastructureque, selon Marx et Engels, découle la superstructure.

La superstructure désigne l'ensemble des idées d'une société, c'est-à-dire ses productions non
matérielles :

- les institutions politiques ;

- les lois ;

- la religion ;

- la philosophie et la pensée ;

- la morale ;

- l'art ;

- la conscience de soi.

Entre les deux, il y a donc un rapport de détermination.

L'infrastructure est composée des forces productrices (les ressources naturelles et les machines,
ainsi que la force de travail) et des rapports de production (qui, selon Marx, sont responsables de
la société).

De cette infrastructure, qui régule l'activité de production, découle la superstructure. La


superstructure possède trois paliers : tout d'abord les formes politiques et juridiques, c'est-à-dire
l’État (une « communauté illusoire » pour Marx, puisqu'il n'est que le résultat de l'infrastructure),
puis, en deuxième position, les représentations intellectuelles et collectives que sont la religion, la
philosophie ou l'art. Et enfin, la conscience de soi arrive en dernier. La conscience individuelle est,

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pour Marx, la somme des illusions qu'on se fait sur soi-même, car elle est pur produit de la
société, née du travail.

Cette conception marxiste explique le changement social qui est impulsé par les transformations
du système de production.

Par exemple, la révolution industrielle a contribué à transformer la société féodale en une société
industrielle, ce qui implique que l'évolution de l'infrastructure (mécanisation, industrialisation,
prolétarisation...) a engendré une évolution de la superstructure (développement du
protestantisme, du rationalisme, du libéralisme...).

Au contraire, la superstructure est là pour maintenir en place le mode de production. Marx l'illustre
avec l'exemple de la philosophie de Hegel (et l'idéalisme allemand en général dans L'Idéologie
allemande), mouvement des idées qui visent à la conservation de l'ordre bourgeois, et de la
production capitaliste ».

Pourquoi vous parler de cela ? Pour une raison évidente : nous sommes en plein dedans.

Nous sommes confrontés à une situation de conflit entre infrastructure et superstructure qui rend
une situation révolutionnaire inéluctable, surtout dans un pays comme la France.

Je m’explique.

L’infrastructure, pour faire simple, chez Marx est le concept philosophique qui désigne ce qui est
relatif à la production. C’est, nous dirons pour prendre un raccourci, tout le système économique.

La superstructure désigne l'ensemble des idées qui construit une société. On y trouve
évidemment en premier lieu les institutions politiques, mais aussi la philosophie, les lois, la
conscience de soi, etc.

Que se passe-t-il ?

La superstructure n’est tout simplement en cohérence avec l’infrastructure.

Quand ces deux concepts divergent, alors les tensions sont inexorables. Les attentes de la
population ne sont plus en phase ou de moins en moins avec les institutions politiques largement
dépassées et pas du tout adaptées à un monde qui va de plus en plus vite, c’est aussi le cas des
lois. Le temps du législateur n’est pas le même que celui des citoyens d’un monde devenu
immédiat.

La révolution Internet a changé le monde et modifié les comportements.

Macron, parce qu’il est le premier d’entreeux, mais c’est valable pour l’ensemble de la classe
politique, est dans une situation terrible.

Pour adapter la superstructure à l’infrastructure, il faut, au-delà de la conscience du problème, les


possibilités d’action pour le faire.

Or les abandons successifs de souveraineté de la France nous ont conduits dans une situation où
les politiques n’ont plus de marge d’action. Ils sont donc techniquement dans l’impossibilité de

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faire ce qu’il faudrait faire. L’Europe ne sera pas une solution, car personne n’est prêt à ce qu’elle
en soit une véritable, et la France n’a plus les moyens de son adaptation.

La classe politique française est dans l’incapacité totale d’affronter les intérêts du monde
marchand et des grandes multinationales. C’est exactement pour cette raison que je vous ai parlé,
dans un édito consacré à Total, de la complexité des causes d’une forme de soumission qui est la
nôtre.

Toutes les révolutions doivent avoir ce carburant.

Toutes les révolutions ne peuvent se dérouler que si et seulement si vous avez eu des
changements massifs dans l’infrastructure, c'est-à-dire dans l’économie. Pour faire encore plus
simple, le monde a changé. La révolution Internet a eu le même impact que la révolution
industrielle et dans les deux cas, ces deux révolutions économiques, technologiques ont
forcément pour conséquence la nécessité d’adapter la superstructure notamment politique et
institutionnelle.

Les Français sentent bien, de manière diffuse, qu’il faut « passer à autre chose ». Peu sont
capables de définir les contours de l’autre chose. Pourtant, rassurez-vous, cela se fera, et les
solutions émergeront. Le phénomène peutêtre long et nul n’en connaît la durée.

L’exemple chinois

Regardez la Chine.

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La Chine a pu éviter jusqu’à présent une « révolution », car la Chine a su faire évoluer avec une
immense intelligence son infrastructure économique avec sa superstructure politique.

Le gouvernement chinois n’a pas dégradé sa ration « gamelle/gabelle ». Il l’a augmentée. Il a


augmenté les gamelles appelées là-bas « bols de riz ». Il a simultanément augmenté les libertés
économiques et maîtrisé les libertés politiques en partie seulement accrues.

Résultat, le gouvernement chinois, qui n’est en aucun cas démocrate, mais reste dictatorial, a pu
jusqu’à présent assurer une transition entre le communisme et le socialisme de marché en évitant
que ne se répète le bain de sang de la place TienAn Men.

Sans une telle politique, la Chine se serait effondrée. Parce que les dirigeants chinois
connaissaient sans doute très bien la littérature révolutionnaire, ils ont su retirer le carburant qui
alimente la révolution.

Éteindre une révolution c’est lui retirer son carburant

Pour éteindre unfeu, il faut soit beaucoup d’eau – on pourrait dire par analogie beaucoup d’argent
–, soit qu’il n’y ait plus rien à brûler. Par analogie, on pourrait dire qu’il faut qu’il n’y ait plus de
combustible, donc plus de raisons.

C’est la même chose si vous menez une guerre contre-insurrectionnelle parce que vous êtes un
gouvernement légitime. En utilisant la force brute, la répression et en n’apportant pas de réponse
politique à la hauteur, vous ne pouvez qu’alimenter votre insurrection.

Souvent, la réponse à la hauteur signifie de céder une part très importante de son pouvoir. C’est
parce que cette cession est refusée que les révolutions deviennent inévitablement violentes.

C’est parce que le Royaume-Uni a su céder son pouvoir pour laisser les peuples prendre leur
autonomie que la décolonisation anglaise s’est faite avec peu de heurts et que la marche de
Gandhi a su rester pacifique. La France, elle, fidèle à la tradition obtuse de ses élites, a préféré
une décolonisation violente. Indochine, Algérie, nous nous sommes empêtrés dans des guerres
perdues d’avance.

Eteindre une révolution ou une insurrection, signifier, abandonner tout ou partie du pouvoir.

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Comment « survivre » à une
révolution ?
Il y a plusieurs scenarii et tout va dépendre de l’évolution de la situation.

À mon sens, il y a 4 possibilités.

Gilets jaunes au jus de boudin

La première c’est que tout cela finisse en jus de boudin, que le gouvernement réussisse peu ou
prou à reprendre la main à la faveur des vacances de Noël. Les gilets jaunes rentrent chez eux.
Le gouvernement continue à augmenter les taxes pendant les 4 ans qui viennent et les Français,
soumis et obéissants, acceptent que les conséquences économiques pour éviter la faillite soient
globalement les mêmes que les conséquences de la faillite elle-même.

Compte tenu de tout ce qui va arriver prochainement et du fait que la pression fiscale est
condamnée à s’accroître d’année en année pour maintenir la solvabilité du pays, et que nous
sommes menacés à n’importe quel instant d’un immense krach boursier et obligataire qui se
transformera en potentielle crise économique de très grande envergure, c’est peu probable que
tout se passe bien. Mais imaginons que tout aille bien.

Dans une telle situation, bien que peu probable, la fiscalité au mieux s’alourdira considérablement,
parce que la trajectoire de dépense publique, versus stock de dettes et corrigé du prix de l’argent
donc des taux d’intérêt et le tout avec le taux de croissance du PIB, montre sans ambigüité un
énorme problème dans l’énoncé.

Les caisses sont vides… et elles ne pourront plus se remplir comme il le faudrait.

Dans cette situation, la fiscalité va augmenter sur tout ce qui est possible. La rapine d’État va
considérablement s’accroître avec la philosophie macronnienne affichée dès le départ, à savoir
que sera taxé tout ce qui est non productif et non délocalisable et privilégié tout ce qui est
productif et délocalisable.

Nous pouvons donc dire que dans les prochaines années, et si tout va bien, mieux vaudra avoir
une entreprise (souvent délocalisable) que de l’immobilier (pas délocalisable), et s’attendre à voir
augmenter par exemple sensiblement les droits de succession. C’est juste de taxer les
successions, hein… Et comme plus de 80% des actifs successoraux sont constitués d’immobilier
français non délocalisable, la boucle du raisonnement est bouclée.

Ceux qui veulent faire des donations ont intérêt à le faire maintenant et à ne pas attendre que les
« rapetou » étatiques viennent faire main basse sur votre grisbi.

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Lettre Stratégies – Révoltes, Révolutions et patrimoines – Novembre 2018


Révolution pacifique ?

Macron s’en va, poussé dehors, ou reste avec de nouvelles élections et la dissolution de
l’Assemblée nationale. Cela ne peut intervenir que dans plusieurs mois, avec une France et une
économie très perturbées par un mouvement social restant important et durable et qui s’impose
par la guerre d’usure.

Il n'y a pas de raison que Macron utilise l'arme politique de la dissolution avant de nombreux mois.
Ce sera un recours ultime en cas de blocages persistants et de violences régulières.

Une énorme défaite aux élections européennes, une crise politique majeure, des effets
économiques désastreux dans la durée, conséquences d’actions de protestation restant avant tout
pacifiques, pourraient arriver à bout de la détermination du président et de son gouvernement.

Un changement de Premier ministre et de gouvernement serait aussi une réponse,


mais,vraisemblablement, cela n’interviendra pas avant l’été 2019 ou le moisde septembre.

La stratégie du gouvernement reste avant tout basée sur la gestion du temps. Laisser pourrir en
cédant le moins possible et le strict minimum pour éviter le bain de sang. En gros ? « Jusqu’où
aller pour ne pas aller trop loin ».

Les institutions politiques arrivent à trouver une réponse globalement pas trop frustrante, il y a une
inflexion légère, on envisage même, au bout de chemin, un « Frexit » ou alors l’Europe injecte des
fonds via la BCE pour éviter l’explosion totale de l’Europe et de l’euro. On fait marcher la planche
à billets pour financer la « transition écologique ». On éteint le feu sous l’argent. On remplit la
gamelle pour remettre comme il faut le ratio gamelle/gabelle.

Dans un cas comme celui-là, augmentation de l’inflation et de la fiscalité modérée.

On peut avoir de l’or, de l’immobilier et des actifs tangibles. Pas d’effondrement, mais une
descente douce évitant les effets de seuil brutaux.

Explosion de l’euro ou fonctionnement de la planche à billets de la BCE auront sensiblement les


mêmes conséquences sur les patrimoines, à savoir, dans les deux cas, une érosion monétaire
évidente. La seule différence sera au niveau de la proportion de cette érosion et de sa rapidité.
Dans les deux cas, elle aura lieu.

Révolution violente ?

Les nouveaux sans-culottes que sont nos sans-dents en gilets jaunes ne se laissent pas faire.

Nous rentrons dans un cycle répression/manifestations/violences/répression. Le nombre de morts


augmente jusqu’à devenir insupportable politiquement.

Macron, déjà mal-aimé, pour rester pudique, perd le peu de popularité par la brutalité. Les leviers
de commande cessent progressivement de répondre.

La Police refuse d'ouvrir le feu sur la foule.

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Lettre Stratégies – Révoltes, Révolutions et patrimoines – Novembre 2018


Macron prend la route de Varennes et va se mettre à l’abri à Berlin ou ailleurs on s'en fiche.

La France tombe dans une forme d’anarchie où tout devient possible ou presque, le pouvoir est
remis au président du Sénat. Débonnaire, il convoque de nouvelles élections présidentielles,
assure l’intérim, en baissant toutes les taxes pendant cette période en attendant que le peuple
fasse ses choix.

La France risque de se retrouver ingouvernable. Nous restons pendant plusieurs années dans
une crise politique et économique importante pour ne pas dire terrible.

La vie enFrance, dans un tel cas, serait similaire à celle dans la Russie postcommuniste.

Pas terrible du tout, mais possible. Tout juste vivable quoi.

Que faire dans un tel cas ?

Immigrer dans un pays qui « va bien » comme beaucoup de Russes ont tenté de le faire à
l’époque. Vous découvrirez sans doute avec stupeur que le monde est nettement moins
accueillant que nous pouvons nous-mêmes l’être aujourd’hui.

Mieux vaut habiter à la campagne, avoir son potager et être peu sensible à la consommation
parce que ce sera la disette sans être la famine.

Avoir de l’or permettra aussi de faire face aux aléas monétaires, car si la France est dans une telle
situation, il est peu probable que l’Europe puisse résister à un tel scénario avec une monnaie
unique qui irait très bien et des Allemands qui seraient très heureux, mais totalement isolés, et des
Italiens qui prendraient rapidement la poudre d’escampette pour emboîter le pas aux Anglais.

Actifs tangibles, immobilier, or et peu d’actifs financiers. La détention de devises étrangères type
Franc Suisseou dollar est une bonne idée. Surtout… le dollar.

Révolution guerre civile ?

Le pire des scénarii. Dans une tentative désespérée de se maintenir ou par maladresse terrible, le
gouvernement monte les gilets jaunes, plutôt France de Johnny, contre la France des banlieues,
plutôt France de la diversité, en attisant ce qu’il y a de pire chez chacun.

En prenant le risque de laisser ce type de tensions s’exprimer, on prend le risque évidemment


d’ouvrir la boîte de Pandore de la situation la pire pour toute nation qui est la guerre de tous contre
tous.

Ce scénario est celui du cauchemar absolu. La France de Johnny finira par gagner et l’emporter
sur la France de la diversité au prix de pogroms et de massacres dont aucune nation ne sort
jamais la tête haute et grandie.

Pour un tel scénario, il n’y a pas quantité de choses à faire en termes de patrimoine. Conservez
vos titres de propriété en espérant les faire valoir un jour, mais prenez la poudre d’escampette
pour aller vous installer dans un pays limitrophe où la guerre ne fait pas rage. Vous voyez bien
que, dans un tel contexte, on se fiche pas mal de son compte en banque.

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Lettre Stratégies – Révoltes, Révolutions et patrimoines – Novembre 2018


Votre meilleur allié, dans une telle situation, sera votre kit CCPO.

Vous ne savez pas ce que c’est qu’un kit CCPO ?

C’est un peu le PEBC ultime (PEBC = Plan boîtes de conserve).

Voici un kit CCPO en image.

Vous l’aurez compris, il s’agit d’un


camping-car (CC) rempli de
pièces d’or (PO) pour prendre la
poudre d’escampette et aller vous
installer au hasard au… Portugal.
La Suisse prépare son armée à
empêcher les Français de s'y
réfugier depuis plusieurs années.
L'excercice édifiant Stabilo Due a
eu lieu en 2013. Nous sommes
en 2018. J'en avais beaucoup
parlé à l'époque comme un signal
faible très fort de notre sombre
avenir.

Rien ne vous empêche de partir


en convoi avec votre Dacia
transformée en utilitaire pour
emporter le maximum de choses
afin de redémarrer une nouvelle
vie ailleurs !!!

Si vous ne pouvez rien emporter,


n’emportez rien. Dans tous les
cas, être vivant reste l’essentiel.

Cette situation est celle vécue par


de très nombreux Syriens qui ont
fui au Liban, en Jordanie, ou en
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Lettre Stratégies – Révoltes, Révolutions et patrimoines – Novembre 2018


Turquie donc dans les pays limitrophes.

Il n’y a jamais de la place pour tout le monde, et souvent les frontières finissent par être fermées. Il
faudra détecter les prémices pour passer assez tôt et assez vite.

Je vous l’ai dit, c’est le scénario du cauchemar absolu.

D’un autre côté, restons positifs : si vous ne savez pas quoi faire de vos sous, achetez un
camping-car. Si tout se passe bien, vous pourrez en profiter et parcourir l’Europe avec. Si tout se
passe mal, vous disposez d’un logement mobile plus confortable qu’un camp de réfugiés à la
frontière.

L’achat d’un camping-car fait donc partie de ces outils qui vous permettent d’en avoir l’usage dans
tous les cas positifs comme négatifs. Ce sont des outils à double usage. C’est un critère de choix
important en ce qui me concerne.

Un bon investissement par les temps qui courent est un investissement qui est bon si le pire n’est
pas sûr et qui est utile si le pire arrive.

Dit autrement, face, on gagne ; pile, on ne perd pas.

Le PEL avec un gros L

Dans tous les cas, la situation explosive dans laquelle nous nous trouvons nous impose à tous
une révision de nos PEL respectifs. Votre patrimoine, votre emploi, votre localisation.

Les révolutions ne sont pas plus belles en province… Quand elles sont violentes, la violence est
partout et vous ne savez pas qui voudra régler ses comptes avec vous lorsqu’une période
d’anarchie s’ouvrira.

Regardez l’épuration à la fin de la guerre. Période dont on parle peu tant elle est peu valorisante
et peu reluisante pour le comportement déplorable de nombre de nos compatriotes de l’époque.
Dans cette France avant tout rurale, l’épuration fut également le moyen simple de régler des
comptes et des différends qui n’avaient que peu à voir ave la collaboration avec l’ennemi.

Plus vous vivez dans un petit monde, plus les tensions peuventêtre vives. Campagnes et villes ont
chacune leurs avantages et leurs inconvénients. Rien n’est parfait, rien n’est totalement clair.

L’avantage de la campagne ou de la zone semi-rurale, c’est qu’il y est plus facile de trouver de
quoi subsister pendant les périodes de disette. Il est plus facile de faire son potager quand on a un
grand terrain… Disons simplement que l’on mange mieux en province que dans les villes, et que
les solidarités peuvent aussi s’y exprimer différemment et lors de situations difficiles : il y a sans
doute plus de possibilités d’organiser des résiliences et de l’autonomie collective.

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Lettre Stratégies – Révoltes, Révolutions et patrimoines – Novembre 2018


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Lettre Stratégies – Révoltes, Révolutions et patrimoines – Novembre 2018


Conclusion
La mobilisation, bien que moins grande, reste extrêmement élevée. La colère, réelle. Les
premières réactions aux annonces du président Macron sont évidemment mauvaises et mal
reçues par la population.

Le soutien aux gilets jaunes reste massif.

La crise des gilets jaunes est soit une éruption volcanique brève, soit une mutation dévastatrice.

L’avenir nous le dira, nul ne peut avoir de certitude à cet instant.

Un homme averti en vaut deux. Un homme préparé en vaut quatre. Préparons le pire, espérons le
meilleur et faisons tout ce qu’il faut pour le meilleur.

J’ai fait une erreur

J’ai fait une erreur d’analyse.

En effet, je pensais, que l’explosion sociale viendrait plutôt de nos banlieues tiraillées par les
tensions ethnicoreligieuses que nous n’avons pas su collectivement gérer et assimiler comme
nous aurions dû le faire.

Les autorités percevant ce danger, la paix sociale a été achetée à travers un savant mélange de
subventions et d’argent mâtiné d’une forme « d’autonomie » ou l’État laisse faire globalement un
certain nombre de petits trafics.

Les autorités ont totalement oublié, dans le traitement social, toute une autre partie de la France,
celle des gilets jaunes et de Patrick Sébastien, cette France qui roule au jaune c’est-à-dire au
Ricard et au pastis, cette France qui enfile son gilet jaune pour devenir effectivement
symboliquement visible aux yeux de ses dirigeants.

Pire, cette frange-là a été en grande partie matraquée fiscalement pour financer l’autre. Peu
importe que cela soit vrai ou pas, c’est vécu ainsi.

Pour être économiquement factuel, ce n’est pas tant que cette France a payé pour l’autre que ce
que payaient les « deux France » allait très majoritairement au traitement social en banlieue.

L’ANRU, qui est l’agence qui a géré ce que l’on appelle « la rénovation urbaine », a mobilisé des
centaines de milliards d’euros qui n’ont rien donné.

Ce n’est pas que les uns ont payé plus que les autres, c’est que les uns ont reçu beaucoup plus
que les autres.

Les terrains de sportsont superbes en banlieue. Dans nos petites provinces, tous les équipements
ou presque sont miteux ou datent d’au moins 30 à 40 ans !

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Lettre Stratégies – Révoltes, Révolutions et patrimoines – Novembre 2018


C’est de cette France que vient l’explosion, et je pense qu’en cette période de terrorisme, peu
l’avait vu venir, même si tout le monde sentait la tension monter.

Pourtant, aucune de ces deux France n’est fondamentalement ennemie.

Nous partageons les mêmes rêves, je peux vous l’assurer. Le rêve d’une vie digne, le rêve que
nos enfants auront mieux et plus que leurs parents, le rêve que nos petits pourront grandir dans la
paix et le bonheur.

C’est pour cette raison que la seule question qui vaille et qui doit mobiliser notre intelligence c’est
de quelle manière nous pourrions guérir la France.

Une révolution française sans révolution européenne ?

Quand un pays s’effondre, il faut savoir dans « quoi » il s’effondre. Dit autrement, la France peut-
elle s’effondrer dans le monde actuel ?

Lorsqu’il y a eu la Révolution française, il y avait, autour, des monarchies. La France royaliste


s’est effondrée dans une Europe monarchique.

Ces monarchies ne sont pas restées inactives, au contraire : elles sont intervenues directement
dans les affaires de la France révolutionnaire. Cela a provoqué plusieurs guerres et s’est terminé
par la défaite de Napoléon à Waterloo en 1815. 1789 à 1815. Les révolutions durent
généralement des décennies (et ce n’est pas une bonne nouvelle).

La question,à ce niveau, est de savoir quel pays interviendrait dans une France en chaos.
L’Allemagne ? Peu probable qu’un dirigeant allemand intervienne dans un chaos français.

Et à l’époque de la révolution, c’étaient des monarchies contre une république naissante avec tous
les dangers qu’elle impliquait pour les monarchies voisines en termes d’idéologie.

Aujourd’hui, nous n’en sommes pas là.

Au contraire, l’Europe est un ensemble imbriqué, et une construction artificielle, qui peut
difficilement tenir sans la France.

Cela me conduit à deux autres questions.

L’Europe démocratique peut-elle mourir sans douleur et sans souffrance ? Son


fossoyeur peut-il être la France ?

La réponse est vraisemblablement négative pour la première et l’Europe, qui s’est construite à
l’issue du drame de la Seconde Guerre mondiale et qui a oublié de servir les peuples d’Europe,
terminera sans doute comme l’ex-URSS.

Pour la seconde question, l’Europe ne peut pas survivre sans la France. L’euro ne pas survivre
sans la France.

Si une crise politique très grave frappe la France, ce sera effectivement la France qui achèvera
l’Europe, une Europe avant tout allemande et dans laquelle l’Allemagne a tiré bien plus grand

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Lettre Stratégies – Révoltes, Révolutions et patrimoines – Novembre 2018


profit que la France. Cette Union étant en très grande défaveur de la France, la France, un jour ou
l’autre, devra s’en défaire parce que c’est un carcan qui ne lui sera plus supportable.

Si les élites françaises s’en accommodent sans problème, les problèmes pour les sans-dents du
bas sont de plus en plus importants.

Vers une intervention étrangère

En cas de scénario noir et de guerre civile, la France reste une puissance nucléaire.

Le monde ne pourrait pas rester insensible ni inactif vis-à-vis du risque de voir les armes
nucléaires de la France tomber entre de mauvaises mains.

Comptons sur nos amis américains pour intervenir et nous dépouiller de nos ogives mettant
définitivement fin à notre défense stratégique et donc à ce qu’il nous restait d’indépendance.

Enfin, si une nouvelle crise mondiale survient, tout pourrait aussi s’effondrer.

La France, empêtrée dans une quasi-révolution, à l’arrêt, une Angleterre qui Brexit, une Italie qui
lui emboîte le pas, une monnaie unique qui explose, les États-Unis qui se referment sur eux-
mêmes, ce serait une forme de chacun pour soi.

Les marchés boursiers et obligataires s’effondreraient en quelques semaines, la mondialisation,


faute de combattants et de flux, prendrait fin.

Rapidement, le diesel ne serait plus un problème puisque les stations seraient vides et non
alimentées.

Nous nous retrouverions rapidement assez seuls.

Seul… à moins que la Russie ne vole à notre secours. Aussi surprenant que cela puisse paraître,
le pays à mon sens actuellement le plus résilient, le plus autonome et le plus proche, c’est la
Russie ! Sans opposition, l’armée russe est à Paris en 48 heures. L’armée russe est importante,
fonctionnelle, et les ressources énergétiques de la Russie lui permettent de faire fonctionner son
armée même avec des lignes logistiques étirées puisque en face il n'y aurait pas de riposte de
l'Otan ni une guerre dite conventionnelle. L'Allemagne laisserait passer.

Si les Américains n’intervenaient pas, ou pas assez vite, la Russie, elle, pourrait le faire très
facilement.

Le pire n’est jamais sûr, et il n’est pas souhaitable

Il existe tout de même une force de rappel réel.

Les Français n’ont pas forcément majoritairement envie de chaos. On peut donc espérer que la
raison prévale et que nous en restions au niveau d’une révolution pacifique, certes pénalisante,
mais essentiellement non violente.

Quand je vois les centres commerciaux pleins de bons consommateurs avides de promotions, je
me dis que tous ne sont pas prêts aux sacrifices qu’implique une révolution.

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Lettre Stratégies – Révoltes, Révolutions et patrimoines – Novembre 2018


Ce qui est inquiétant, c’est que parfois, on peut tous se laisser entraîner sur un mauvais chemin,
même involontairement.

Et puis, lorsque vous regardez les révolutions, elles sont essentiellement le fait de minorités.
Généralement, l’histoire est faite par quelques milliers d’hommes dans chaque pays, les autres
attendent de voir dans quel sens soufflera le vent. La collaboration comme la résistance furent le
fait de quelques milliers d'hommes. Les millions, eux, sont restés au milieu de la mêlée et firent au
mieux pour passer un cap difficile et survivre dans une situation très compliquée.

Cette lettre n’avait pas pour objectif de vous dire réellement quoi faire, mais d’alimenter votre
réflexion sur cette idée de révolution pour vous permettre de mieux comprendre et saisir les
signes avant-coureurs de gros changements.

D’établir quelques hypothèses de travail et d’apporter quelques pistes de réponses.

J’espère que vous serez plus « prêts » à affronter le gros temps. Je crains fort que le vent de
l’histoire se lève, et croyez-moi, mieux vaut le redouter, car vous ne savez jamais d’où viendra le
coup qui vous tuera ou détruira l’un de vos proches.

Nous n’avons jamais intérêt au pire ou aux révolutions. C’est parce que nous n’avons jamais
intérêt aux révolutions et, mais aux évolutions que je pense qu’il faut que nous ayons chacun un
rôle modérateur pour ne pas exiler les sots et les fous furieux.

J’espère que nous saurons collectivement prendre le chemin le plus sage.

J’espère que nous saurons faire la même chose que les Allemands et que nous aurons les
manifestations du samedi, comme eux firent tomber sans armes et sans larmes le système
communiste avec les marches du lundi.

Parfois, j’en doute.

Ha oui, dernière chose. Les grandes fortunes européennes qui traversent les siècles sans trop de
mal disposent d'un patrimoine organiser de cette façon.

1/3 de terres et de foncier immobilier.

1/3 d'œuvres d'art.

1/3 d'or.

Quand le vent tourne et la situation devient violente, ils partent avec leur or et en roulant les toiles
de maitres et en prenant leurs titres de propriétés. Puis quand ils reviennent leur or sert à faire
valoir leurs droits pour retrouver les terres. Souvent, cela fonctionne. Très bien même.

Merci encore une fois à chacune et chacun de vous pour votre soutien.

Charles SANNAT

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Lettre Stratégies – Révoltes, Révolutions et patrimoines – Novembre 2018

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