Vous êtes sur la page 1sur 5

J’ai choisi pour cette fiche de lecture, un livre de Pierre Bourdieu, plus précisément un essai paru en

1998 La Domination Masculine .

Qui était Pierre Bourdieu ?

Pierre Bourdieu est un sociologue é en 1930 et mort en 2002, considéré comme l’un des plus
importants de la seconde moitié du XXe siècle. Il a influencé les sciences humaines et sociales bien
que critiqué pour un certain réductionnisme. C’est-à-dire, le fait de simplifier exagérément.

De ses influences, il tient de K. Marx le concept de capital, de Max Weber, l’importance de légitimité
de toute domination dans la vie sociale et d’Emile Durkheim, un sens déterministe. (Qu’est-ce ? un
principe philosophique selon lesquels des évènements sont déterminés par des précédents suivant
une loi de cause à effet).

Il a publié beaucoup d’ouvrages, notamment L’amour de l’Art en 1969, la Distinction en 1979 ou La


Structure sociale de l’économie en 2000. Son « système » sociologique est dominé par la
reproduction des hiérarchies sociales et reprend des facteurs culturels et symboliques.

La Domination Masculine

C’est un essai partageant la vision de Bourdieu sur le phénomène, encore aujourd’hui présent dans
notre société qu’est la présence masculine, plus autoritaire et dominatrice que et sur celle des
femmes. Un habitus est donné aux femmes comme aux hommes, un rôle déterminé et bien distinct,
et surtout dans les siècles précédents, qui ne pouvaient pas s’échanger. Il en va de la cuisine, du
ménage…

Ainsi, avant d’étudier chaque chapitre de ce livre de 140 pages, nous pouvons dire que c’est une
étude sociologique, analysant les rapports sociaux entre les femmes et les hommes, et les facteurs
de cette perpétuelle domination masculine, aussi bien dans anciennes sociétés que dans la nôtre.

Analyse

Préambule :

Pierre Bourdieu expose le paradoxe de la doxa, qu’il explique comme « le fait que l’ordre du monde
tel qu’il est, avec ses sens uniques, et ses sens interdits, au sens propre ou au sens figuré, ses
obligations et ses sanctions, soit grosso modo respecté, qu’il n’y ai pas d’avantage de transgressions
ou de subversions, de délit et de « folies ». Ou plus surprenant, que l’ordre établi avec ses rapports
de domination, ses droits et ses passe-droits, ses privilèges et ses injustices, se perpétue en définitive
aussi facilement mis à part quelques accidents historique. »

D’après Bourdieu, la domination masculine découle du phénomène de la domination déjà eu lieu


dans l’Histoire. Il en va des esclaves et de leurs maîtres, des chefs haut-gradés et de leurs soldats et
des femmes et des hommes.

La domination masculine est un effet de la « violence symbolique ». Des voies purement symboliques
« de la connaissance et de la communication », de ce qui a toujours été perçut de cette façon. Entre
autres, la domination masculine a toujours été « appliquée » par quelques sociétés depuis des siècles
et il en va aujourd’hui de retrouver les mêmes effets. Elle est exercée au nom d’un principe de
dominant-dominé, d’une langue, d’un style de vie, ou un attribut physique telle la couleur de peau

En fin de préambule, Pierre Bourdieu parle des luttes féministes qui prennent une place « originale et
bien affirmée au sein de luttes politiques contre toutes les formes de domination »
Chapitre 1 : Une image grossie

Le monde est construit avec des « formes de classification » parle Bourdieu comme Durkheim.

L’analyse ethnographique est basée également sur celle des Berbères de Kabylie (un groupe ethnique
indigène, répartis de l’océan atlantique à Siwa en Egypte et de la mer Méditerranée au Niger en
Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui la majorité vivent par exemple au Maroc, Mali, Tunisie, Lybie, en
Egypte….)

Pierre Bourdieu justifie ce choix culturel par la « tradition culturelle qui s’y est maintenant constitue
une réalisation paradigmatique de la tradition méditerranéenne. Et l’aire culturelle européenne
participe à cette tradition ».

La construction sociale des corps :

La division entre les sexes paraît être inscrit dans « l’ordre des choses ». Tout est pratiquement sexué
(la maison qui présente des parties « sexuées » selon Bourdieu) ainsi que dans le monde social.

L’ordre social est lui-même organisé, divisé selon les sexes : division sexuelle du travail, activités
réparties à chacune et chacun, un lieu d’assemblée dit réservé aux hommes, et la maison, réservée
aux femmes, avec toutes les tâches qui y sont attribuées : la cuisine, le repassage, le ménage.

Le corps est tout bonnement, le premier qui construit la différence entre les sexes biologiques. « La
différence biologique entre les sexes, c’est-à-dire entre les corps masculins et féminins, et tout
particulièrement, la différence anatomique entre les organes sexuels peut apparaître comme la
justification naturelle de la différence socialement construite entre les genres et en particulier la
division sexuelle du travail ».

L’incorporation de la domination :

L’ordre masculin s’est inscrit au travail, dans les siècles où les femmes étaient exclues de la société et
non reconnues (comme dans la Grèce Antique) ou du temps ou elles étaient assignées à des tâches
difficiles, des places inférieures (« le bas-côté de la route ou du talus, à se tenir courbée devant les
hommes respectables »).

Opérations de différenciation : « accentuer en chaque agent, homme ou femme, les signes extérieurs
les plus immédiatement conformes à la définition sociale de la sa distinction sexuelle ou à
encourager les pratiques qui conviennent à son sexe tout en interdisant ou en décourageant les
conduites impropres, notamment dans la relation avec l’autre sexe. »

Bourdieu décrit également que les femmes kabyles ont une conduite limitée, et premièrement, cela
passe par la tenue : sourire, baisser les yeux et accepter les interruptions ect. Ceci pourrait être vu
par de la simple soumission ou une simple coutume ?
Rien que le féminin en berbère se marque par la forme du diminutif. Le voile qu’elles porte n’est que
la simple représentation de leur silhouette enfermée. Ce n’est pas la femme mais une femme dans
ces sociétés, qui est imposée par le vêtement ou un attribut moral et symbolique.

La violence symbolique :

Bourdieu appuie sur le fait que désigner une violence « symbolique » tend à minimiser la violence
physique ; le fait qu’il y ait tant de femmes battues ou violées est un acte abominable. Une violence
symbolique serait une violence « spirituelle », sans effets réels.
La domination a des agents ( les hommes, avec des armes comme la violence physique et
symbolique) et des institutions : la famille, l’Eglise, l’Ecole, l’Etat. Le phénomène de domination
entraîne n plus un manque de confiance en soi du côté des dominés, une auto-dépréciation,
renforcée en plus par la société par la mode par exemple.

La violence symbolique se pratique lorsque le dominant se voit dans l’obligation d’accorder une
adhésion au dominant.

Virilité et violence :

Une identité sociale a été affirmée au long des siècles sur chacun des genres. Une identité qui tend
de nous jours a être remise en cause, notamment par plusieurs faits d’actualités et de mouvements à
allures féministes (TimesUp, Me too, Balance ton Porc…)

Les hommes sont, selon Bourdieu, contraints à imposer leur virilité, poussés par la « contention et la
tension permanentes du privilège masculin ».

La femme, à contrario, aborde des points beaucoup plus « sensibles » comme la fidélité et la
virginité. Dans les siècles précédents, certes, quelques textes religieux, normes ou organisations
sociétales (comme à Athènes où les femmes étaient rejetées de la vie citoyenne, n’étant pas
désignées comme telles) rabaissaient la femme à une posture inférieure. Mais qu’en est-il
aujourd’hui ? La virilité, la fragilité, la sensibilité et la fidélité ne sont-ils pas que des attributs,
pouvant être ainsi déroutés et retrouvés chez l’homme et la femme ?

Mais comme l’écrit Bourdieu, la virilité est une « notion relationnelle, construite contre la féminité,
dans une sorte de peur du féminin et surtout en soi-même ».

Chapitre 2

Selon Margaret Maruani, directrice de recherche au CNRS et sociologue française, « Le travail se


constitue toujours comme différent selon qu’il est soit effectué par des hommes ou par des
femmes ».

Avocate, comptable, professeur, conductrice de bus, médecin…. Ce ne sont que des exemples de
professions parmi tant d’autres. Peu importe que le travail soit le même, il sera dénigré dans les cas
où les femmes le pratiqueront.

De nombreux exemples et encore très actuels touchent beaucoup de jeunes femmes : thèse des
métiers qualifiés incombent plutôt aux hommes et les « travaux impartis » aux femmes est bien
connue. Ainsi que le découragement des filles dans leur orientation en filières scientifiques, par
sentiment d’incompétence, de malaise.

Si ces fausses « banalités » continuent à persister, les femmes acceptent ainsi leurs situations et
peuvent conduire à leur écart de tous les aspects du monde pour lesquels elles ne sont soi-disant
« pas faites ».

Pour que les femmes ne rentrent pas dans ce cercle vicieux, elles seraient dans l’obligation de
posséder les « qualités requises » pour un poste et bien sûr « possédées par un homme. Pourtant,
des cadres administratifs ont évolué ; devenant peu à peu mixtes. Entre 2006 et 2014 (selon l’INSEE)
la parité a progressé positivement en faveur des femmes chez les cadres ou les dirigeants. Par
exemple, en tant que professionnelles du droit, la féminisation a été marquée par un passage de 42
pourcents en 2006 à 52 pourcents.
En politique par exemple, ce fut sous le gouvernement du Front Populaire de Léon Blum que trois
femmes furent nommées ministres alors qu’elles étaient, en juin 1936, non éligibles ni électrices.
(obtenant le droit de voter en 1944). Cécile Brunschvicg, Irène Joliot-Curie, Suzanne Lacore ne prirent
jamais la parole dans l’émicycle du Palais Bourbon mais n’en restèrent pas moins inactives !

Il faut attendre 1981 pour que Nicole Questiaux devienne la première ministre d’Etat et 1991 pour
que Edith Cresson soit la première femme à diriger un gouvernement.

Ces exemples montrent ainsi que les femmes ont aussi des aptitudes que la société ne pouvait même
pas imaginer avant et que même si cette parité sera longue, elle continuera à progresser sûrement.

L’anamnèse des constantes cachées, permanences et changements

Pierre Bourdieu évoque également un autre aspect de la domination masculine. Par le biais de
l’inculcation aux femmes de « profondes anxiétés à propos de leurs corps » (émises par la société,
par les complexes dits « mode-beauté ») , elles se condamnent ainsi à se percevoir à travers des
dimensions masculines. (dans un couple par exemple, certaines femmes se mettent une pression
colossale pour plaire à un homme et parfois même, en s’éloignant de leur propre personnalité et
être)

La société, longtemps empreintes (et toujours) de stéréotypes solides, laisse tout de même place à
des élans de rebellions, des vagues féministes qui touchent même le milieu artiste et du show-
business.

Bourdieu prend l’exemple dans son ouvrage de l’écrivaine (écrivain, d’ailleurs un mot qui mérite
également son féminin) Virginia Woolf, femme de lettres anglaise du XXe siècle. Elle a marqué
plusieurs de ses romans de cadres féministes comme Une chambre à soi ou Trois Guinées.

Il en va également de l’engagement d’un nombre important d’actrices, de réalisatrices, de


chanteuses, notamment ces derniers mois par une vague annonciatrice d’harcèlements sexuels
(comme pour le producteur américain H. Weinstein). Ces véritables élans de solidarité, de force et de
bon sens (enfin) découlent sur une remise en question de la posture adoptée par les hommes dans
notre société.

Pierre Bourdieu pense que le principal facteur de ce changement est que « La domination masculine
ne s’impose plus avec l’évidence de ce qui va de soi, compte tenu de l’immense travail du
mouvement féministe »

Conclusion :

Selon l’auteur, la divulgation de cet esprit critique, ou de cette analyse sur la domination peut avoir
deux effets : soit le renforcement de la domination « lorsque ses constats semblent retrouver le
discours dominant » soit à contribuer au changement, au développement et à la mobilisation des
victimes.

Pierre Bourdieu échange sur les différentes instances qui incluent cette domination masculine,
comme l’Etat, l’école, « responsables de cette division fondamentale » mais qui avec des « actions
publiques » peuvent conduire aux « dépérissement de cette domination des hommes ».
Avis :

J’ai trouvé cet essai très compliqué, ce qui peut parfois être déroutant dans la lecture.

Selon moi, il n’y a pas assez « d’informations », d’allusions » aux dominances masculines et aux
visions féminines de d’autres pays, ce qui aurait été intéressant et plus enrichissant

Cependant, Pierre Bourdieu accorde toute une partie de son ouvrage aux changements actuels ce qui
est un très bon point et il n’hésite pas à faire appel à plusieurs thèses en faveur de la domination
masculine, comme pour faire réagir le lecteur et mieux rebondir sur ce sujet par la suite.

J’ai choisi ce sujet auquel j’accorde beaucoup d’importance, en faveur de la progression féminine
dans le monde. Je pense qu’avec les évolutions des mentalités et sociétales, nous devrions dépasser
(non faire abstraction car ce serait malheureusement une vision presque utopique, d’un monde sans
inégalités. Il suffit de continuer à s’engager et d’avoir conscience des progrès déjà faits pour en
confirmer peut-être d’autres dans l’avenir.)

Dépasser les différences anatomiques, les différences physiques, sexuelles. C’est elles en effet qui
donnent lieu aux êtres, aux genres et à leurs différences et à la richesse. Mais ça ne doit pas dicter le
rapport social entre chacun des individus. Chacun constitue une société et a un rôle déterminé. Mais
il n’est pas improbable que ces « fonctions » qui prennent parfois trop l’image d’un rôle d’un
personnage au cinéma, soient « échangées ».

La société a souvent été empreinte de la domination masculine, donnant le seul exemple à suivre,
comme une « normalité ». Mais Nous sommes au XXIème siècle et retrouver des aspérités aussi
importantes (d’avantage dans d’autres pays du monde comme le Moyen Orient, l’Inde... En France,
nous ne pouvons pas nier les profonds changements et bouleversements en faveur des femmes. Les
ralliements et d’ailleurs à travers le monde sont importants et de plus en plus de gens en prennent
part. ) Je pense qu’il ne faut pas tomber dans le « féminisme : effet de mode ». La naissance de
toutes ces convictions militantes peuvent porter préjudice en donnant naissance à deux catégories :
le féminisme pur, le véritable, souhaitant simplement se battre pour l’amélioration de la condition
féminine et continuer à progresser vers un objectif libertaire et égalitaire.

Mais également un féminisme plus ‘’faux’’, plus ‘’extrémiste’’ d’un retournement de situation totale,
d’une ‘domination pour le coup, de la femme. Alors que le problème se poserait également dans
l’autre sens, à l’encontre des hommes.

(Nous parlons de dominance masculine en incluant ainsi par généralité tous les hommes, mais
beaucoup ont pris part aux différentes manifestations ces derniers mois, et même ces dernières
années. Quelques mouvements de soutiens sont même apparus de plusieurs hommes. )

(Note : D’ailleurs, l’acteur français Jean Dujardin avait, dans une interview du Magazine ELLE,
répondu très justement à la question : « Comment, avec tous ces ralliements et soutiens féministes
que nous connaissons en ce moment, voyez-vous le machisme ? ». Il avait alors dit qu’il ne
comprenait pas les hommes faisant preuve de machisme et qu’il avait toujours eu cette opinion. Le
respect est une des valeurs aujourd’hui les plus précieuses et les plus importantes et qu’elle devait
être accomplie et représentée, plus particulièrement sur le sort des femmes dans le Monde. Il avait
d’ailleurs rajouté : « Je suis né d’une femme, j’aime et partage ma vie avec une femme et j’ai eu une
fille. Comment pourrais-je être macho ? » )

Vous aimerez peut-être aussi