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Séance 6 : Fragilité, Durabilité et Montagne

Q UELLE DURABILITE POUR LE TOURISME DE MONTAGNE AU


MAROC ?
CAS DES EXPERIENCES DU HAUT ATLAS CENTRAL
ET LA REGION SOUSS- MASSA- DRAA

Brahim MOUDOUD
Délégué du Ministère du Tourisme à Agadir, Maroc

Introduction

Le présent papier se veut une réflexion sur un créneau touristique nouveau,


sa conception, son évolution, sa mise en marche et son processus. Sa pérennité et
sa notoriété, selon certaines normes, sont mises en cause, sans parler de critères de
durabilité, qui doivent être pris en compte pour sa réussite.

Même si le tourisme rural commence à devenir au Maroc un concept courant,


celui de tourisme de montagne reste dominant. Cette nouvelle activité est mise en
œ uvre depuis le milieu des années 80 dans le Haut Atlas Central1 (Provinces de
Ouarzazate et Azilal). C’est l’aboutissement d’un flux touristique aléatoire et non
encadré depuis les années 60, avant que les pouvoirs publics initièrent l’expérience
pilote de développement communautaire du massif du Haut Atlas Central dans le
cadre d’un programme de coopération avec la France.

Par la suite, les autres régions de montagne au Maroc vont profiter des
résultats de ce projet, principalement en matière de formation des accompagnateurs
en montagne, étendue depuis 1987 aux candidats des autres massifs2.

1 Le versant septentrional appartient à la Province d’Azilal et le méridional fait partie de celle de


Ouarzazate.
2 Le recyclage des accompagnateurs clandestins du massif de Toubkal a été réalisé en 1987 et vient

par la suite l’ouverture du Centre de Formation aux Métiers de Montagne de Tabant (C.F.A.M.M.), aux
candidats des différentes régions du Maroc.
Le tourisme durable, Marrakech, 23 mai 2003. 1
L'organisation de l'activité touristique en général et la réalisation d'une
infrastructure d'hébergement spécifique, plus particulièrement les gîtes chez
l’habitant, vont voir le jour sur d'autres massifs : c'est le cas du massif de Toubkal
où les premiers gîtes d'étape ne datent que de 1991 et dans celui du Haut Atlas
Oriental où les premiers gîtes n'ont été sélectionnés qu'à partir de 19951.

L'espace rural et montagnard marocain suscitent un intérêt chez les visiteurs


et certains opérateurs privés, de par ses nombreuses richesses naturelles, humaines
et culturelles. Les massifs du Haut Atlas Central, le Toubkal, le Siroua, le Saghro et
le Haut Atlas Oriental sont les espaces phares du tourisme rural au Maroc. Les
montagnes marocaines occupent environ le ¼ du territoire national, dont vit une
population avoisinant les 10 millions de personnes. Depuis 1987 jusqu’à présent, il
existe environ 120 unités d’hébergements, qui sont répartis sur les différents
massifs de montagne. Elles offrent une capacité d’environ 3300 lits (dont seulement
1300 lits classés)2, qui représente environ 3% en matière de capacité d’hébergement
globale.

Au Maroc, l’activité touristique de montagne représente environ 60.000


visiteurs en 2001 selon des sources officielles du Ministère du Tourisme et de
ONMT ; toutefois, une récente étude datant de l’année 20003 parle d’une estimation
de 120.000 touristes et visiteurs nationaux et ce, d’après une enquête auprès des
agences de voyages et les Tour-opérateurs nationaux et étrangers.

1 Les gîtes de ce massif ne sont jamais reconnus par le Ministère du Tourisme.


2 Le texte reconnaissant le classement des gîtes chez l’habitant n’a été promulgué qu’à la fin de 2002.
Du point de vue pratique, ses critères restes imprécis et moins adaptés à la réalité des hébergements
en montagne, ce qui nécessite dores et déjà sa révision.
3 MOUDOUD B., 2000, « Gestion et production du tourisme de montagne au Maroc », Thèse de
Doctorat, Université Joseph Fourier, Grenoble I, 517 p.
Le tourisme durable, Marrakech, 23 mai 2003. 2
Tableau n° 01 : Répartition des gîtes chez l'habitant par Province ou Wilaya en 2003.

Province/ Wilaya Labellisés 2ème non classés


(2ème catégorie
catégorie)
Azilal 17 08 24
Marrakech / El 01 07 08
Haouz
Ouarzazate 05 05 19
Zagora 02 00 00
Errachidia (Imilchil) 00 00 11
Agadir Ida 00 00 01
Outanane1
Taroudant2 00 00 06
Boulmane 00 00 01
Ifrane 00 00 04
Khenifra 00 00 01
Taza 00 00 01
Total 25 20 76

Source : Délégation du Ministère du Tourisme de Marrakech, Ouarzazate, Azilal,


Meknès, Ifrane, Fès et Errachidia.

La même étude fait ressortir que l’activité touristique de montagne ne


participe qu'entre 3 à 5% du volume global de l’activité touristique nationale, tous
produits confondus. Cependant, sa valeur ajoutée et ses retombées économiques et
sociales, en faveur des populations locales, sont considérables.

Ce n’est qu’en 2001 que d’autres régions du pays commencent à initier des
actions visant à développer une activité touristique dans des zones de montagne
propices à la pratique de sport et de loisirs sous l’impulsion des recommandations
des 1ères Assises Nationales du Tourisme, organisées à Marrakech le 10 janvier
20013. Cette nouvelle prise de conscience forcée consistant à dynamiser l’arrière
pays des grandes métropoles régionales, considéré comme espace marginal, s’est

1 Gîte créé en 2002 dans la région d’Imouzzer Ida ou Tanane


2 Gîtes créés en 2002 dans la Province de Taroudant.
3 Le contrat-programme signé, entre le Gouvernement et la Confédération Générale des Entreprises du
Maroc, le 25 octobre 2001 à Agadir, suite aux 1ères Assises Nationales du Tourisme organisées à
Marrakech le 10 janvier 2001, en plus du discours de SM. Mohamed VI, prévoient l’encouragement du
tourisme de montagne dans les différentes régions rurales du pays.
Le tourisme durable, Marrakech, 23 mai 2003. 3
éveillée chez tous les responsables nationaux, régionaux et locaux pour atteindre
l’objectif de 10 millions de touristes à l’horizon 20101.

Dans ce contexte, de quelle durabilité parle-t-on, en ce qui concerne l'activité


touristique en général et celle de montagne en particulier ? . L’Etat et ses structures
gestionnaires du secteur, ont-ils planifié pour asseoir une durabilité de notre
produit montagne, ou s’agit-il, plutôt, de répondre à une demande temporaire pour
le bénéfice des opérateurs et de la clientèle étrangère ?

I - Quelle place de la montagne dans la politique d’aménagement touristique


nationale

La politique touristique du Maroc, comme pour tous les pays en voie de


développement, a été encouragée par les recommandations du Fond Monétaire
International et les promesses alléchantes de possibilités d'apports très importants
du secteur en matière de devises étrangères, à condition que les potentialités du
pays soient mises en valeur par la réalisation d'un ensemble d'infrastructures
lourdes d'accueil, aéroportuaire et d'hébergement. C'est ainsi que le Maroc a opté
pour le tourisme en tant que secteur prioritaire à partir du plan triennal 1965-1967,
au cours duquel le secteur a bénéficié de 6,4% du budget général de l'État2.

I.1 - La montagne : un espace absent dans les politiques de planification et


de développement touristiques

La planification spatiale de l'activité touristique représentait, depuis ledit


plan, la pierre angulaire de la politique touristique nationale du pays, qui se
manifeste, quasi exclusivement, dans la création de 5 zones d'aménagement
prioritaire (Z.A.P.). Hormis le grand Sud, qui se compose des régions d'Errachidia,
Erfoud, Tinghir, Boumalen du Dadès, Kalaâ M'gouna, Ouarzazate3 et Taliouine, qui
ont reçu chacune une à deux unités de catégorie 4 étoiles, toutes les autres zones
d'aménagement prioritaires sont situées sur les côtes Atlantique et Méditerranéenne

1 Objectif principal des 1ères Assises Nationales du Tourisme, organisées à Marrakech le 10 janvier
2001.
2 Le secteur touristique au Maroc n'était prioritaire qu'après 1964, ce qui s'explique par les faibles
budgets alloués à ce secteur dans les plans de développement économique et social. Sa part du budget
général de l'État est de 0,9% durant le plan biennal 1958-1959, il est passé à 1,4% au cours du plan
quinquennal 1960-1964. Le plan triennal 1965-1967 a vu sa part augmentée nettement 6,4 %.
3Seule localité ayant reçu deux unités hôtelières à savoir le Zat et l’Azghor, propriété de la Caisse de
Dépôt et de Gestion., ayant respectivement une capacité de 60 et 100 chambres.
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ce sont : les baies d'Agadir, Tanger, Al Houceïma et la côte tétouanaise. Ces quatre
Z.A.P. ont bénéficié progressivement de certains aménagements et équipements
touristiques lourds dans les zones touristiques et hôtelières destinées à abriter des
complexes hôteliers, les résidences et les centres commerciaux au bord des plages.
Le reste du pays et plus particulièrement les zones de montagne ne figuraient pas
du tout dans cette politique d'aménagement touristique. L'objectif du planificateur
était de mettre en place une infrastructure répondant à un tourisme de masse et de
haut de gamme, comme en témoignent les catégories d'établissements
d'hébergement créés dans ces zones qui sont exclusivement des unités de 4 étoiles.

Le lancement des études pour définir les potentialités touristiques de


plusieurs zones, n'ayant pas encore été touché par la planification touristique, a
permis de déterminer un ensemble de zones à fort potentiel touristique, notamment
les Provinces dont le territoire couvre en totalité ou en partie des espaces
montagneux. Ce n'est qu'à la fin des années 70, lors de la croissance de la demande
internationale sur les produits exotiques, de nature et d'aventure, que la réflexion
est engagée sur le sujet de la promotion et du développement d'une activité
touristique de montagne au Maroc. Le choix du Haut Atlas Central, n'est qu'une
partie d'un premier programme, très ambitieux, de création de la "Grande Traversée
du Haut Atlas" (de la région d'Imi-n-Tanout à Midelt1). Le Ministère du Tourisme
s'est contenté de lancer une étude pour l'élaboration du schéma directeur
d'aménagement touristique des Provinces de Beni Mellal et d'Azilal, dont une petite
partie seulement de la haute montagne du Haut Atlas est concernée par cette étude.
Le reste qui forme un grand espace appartient à la riche plaine du Tadla. L'étude
définitive réalisée en 1980 a été consacrée uniquement à la Province d'Azilal2, en
délaissant les zones de plaines à vocation touristique insignifiante.

Avant cette étude, une autre a été lancée entre 1976 et 1978 et a concerné
les Provinces de Ouarzazate et Errachidia, il s'agit de "L'aménagement touristique,
régions Ouarzazate Rachidia-Tafilalet"3. Cette étude a traité l'espace des deux
Provinces de Ouarzazate et Errachidia et a donné une analyse sur les potentialités de
la montagne des deux Provinces et de leurs régions du sud, considérées comme

1 La G.T.H.A. commence à partir du village de Timezguadiouine à l'extrémité occidentale de la partie


Centrale du Haut Atlas Occidental jusqu'à l'extrémité nord du Haut Atlas Oriental. Il représente le
projet initial esquissé par André Fougerolles et qu'il souhaitait réaliser et que M. Peyron avait décrit
dans son live intitulé : "la Grande Traversée de l'Atlas Marocain".
2 Ministère du Tourisme, "Élaboration du Schéma Directeur d'Aménagement Touristique de la Province
d'Azilal", Tome IV, Rapport préliminaire sur l'étude du plan d'aménagement, Dounia Hôtels S.A.,
septembre 1980.
3 Ministère de l'Urbanisme, de l'habitat, du tourisme et de l'environnement "L'aménagement
touristique, régions Ouarzazate Rachidia- Tafilalet", Atelier d'urbanisme Charles Delafante, Lyon, avril
1978.
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espaces désertiques. Mais l'accent a été mis dans cette étude sur les possibilités de
développement du tourisme dans les vallées du Dadès et de Todgha, d'une part et
d'autre part le long de la vallée du Draâ jusqu'aux confins sud de M'hamid El
Ghazlan, en raison de la desserte routière qui facilite la circulation sur les deux axes
et les curiosités architecturales et paysagères qui se trouvent le long de cette route.
Les espaces de haute montagne de ces deux Provinces ont été seulement effleurés
par ladite étude.

I.2 - Les structures administratives dirigeantes : à la recherche de


l’instrument et de l’efficacité

Le Département du tourisme, interrogatif sur l'opportunité d'un


aménagement touristique en montagne, gérait et gère toujours timidement et de
façon incompétente ce dossier qui semble "compliqué ou même très compliqué" en
raison du manque d'expérience dans le domaine d'aménagement touristique en
territoire de montagne et l'absence d'une stratégie de développement touristique de
ces espaces. C'est pour ces raisons qu'aucune initiative antérieure à 1987 ne s'est
manifestée, en vue de lancer ce produit pour en faire un nouveau produit
susceptible d'apporter un plus au secteur touristique, par la diversification de son
offre en général, et aux zones de montagne par leur mise en valeur économique et
sociale par le tourisme en particulier. Le début d'implication du Ministère du
Tourisme dans le développement du tourisme de montagne a commencé par
l'implantation au sein de la Direction des Aménagements et des Investissements1,
depuis 1987 d'un service spécialisé : Centre d'Information sur la Montagne
marocaine (C.I.M. ou cellule de montagne), devenu en 1992 : le Bureau du
Développement du Tourisme Rural (B.D.T.R.). Celui-ci était animé durant la période
du programme de coopération entre la Grande Traversée des Alpes française et le
Ministère du Tourisme par un conseiller technique dans le cadre de la coopération
maroco-française.

Le C.I.M. ou le B.D.T.R., comme service spécialisé du suivi des réalisations et


le développement du créneau du tourisme de montagne au Maroc, n'a pas pu jouer
son rôle dans l'orientation et l'élaboration d'une stratégie en matière
d'aménagement touristique en montagne. Il manquait de vision en ce qui concerne
le développement touristique en montagne. L'action de ce service reste en fait
limitée au volet de la promotion, auquel une grande importance a été accordée,

1 Avant 1992, date de restructuration du Ministère du Tourisme et de la création des quatre Directions
Centrales, la Direction des Aménagements et des Investissements (D.A.I.) était une Division dénommée:
Division des Aménagements et des Équipements Touristiques (D..A.E.).
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jusqu'au point ou certains observateurs, chercheurs, universitaires et professionnels
disent que le produit montagne marocain est trop médiatisé et que beaucoup de
publicité est réalisée sans que les aménagements et les équipements existants
soient en mesure de répondre à la demande ressentie. C'est la même constatation
jusqu'en 1999. les actions de promotion ont vu leur cadence se ralentir depuis la fin
de la coopération en 1993.

L'intervention du Ministère du Tourisme en 1987 est survenue tardivement.


En parallèle à la création du CIM, il a fallu créer une représentation provinciale
"Délégation Provinciale du Tourisme" dans la Province d'Azilal, dans le Haut Atlas
Central. Celle-ci a été inaugurée en juin 1987 dans le but de permettre
l'organisation et le développement de ce nouveau créneau et ses composantes sur le
territoire de l'expérience pilote. Les réalisations initiées par le Ministère de l'Intérieur
n'ont été suivies par le Ministère du Tourisme que par des réunions au niveau
central avant 1987. Cette initiative vient donc compléter l'action du Ministère de
l'Intérieur et des autres Départements Ministériels, entreprise depuis 1984, et qui
sont : la construction et la gestion du centre de formation aux métiers de montagne
de Tabant (C.F.A.M.M.), la formation des trois promotions d'accompagnateurs en
montagne, la sélection et le début d'aménagement des gîtes d'étape et la réalisation
de certains programmes de promotion des activités agricoles et artisanales
(apiculture et tissage).

Il est constaté que l'entreprise du Ministère du Tourisme est loin d'être


considérée comme une véritable politique touristique, dans la mesure où une
planification dans ce sens, à court, moyen et long terme n'est pas dessinée
clairement par les actions entreprises par ce Ministère. C'est également l'absence
d'un programme budgétaire pour réaliser des projets tangibles, et de longue durée
soit dans le cadre du projet pilote (PHAC) et ses composantes, soit dans le cadre
d'une politique globale d'aménagement touristique des espaces de montagne qui
englobe tous les autres massifs de montagne.

Par ailleurs, l’étude de la stratégie d’aménagement touristique réalisée en


19951, n’a fait qu’effleurer le concept de tourisme de montagne et rural et les
experts ayant réalisé cette étude ne lui ont pas donné l’importance qu’il mérite.

En 2002, bientôt 20 ans sur sa création, le B.D.T.R. ne figure pas encore sur
l’organigramme du Ministère du Tourisme. Ce pseudo service est délocalisé en fin
2002 de la Direction des Aménagements et des Investissements de ce département

1 Etude réalisée par le Bureau d’étude Suisse URBAPLAN pour le compte du Ministère du Tourisme.
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pour le rattacher au Secrétariat Général du Département du Tourisme1. A sa tête un
cadre, le moindre à dire, est très loin d’appréhender l’espace, ses spécificités et ses
problématiques multiples2.

A notre avis, les handicaps majeur devant le fonctionnement du B.D.T.R.,


ainsi que le décollage, le développement et la mise en valeur touristique des
espaces ruraux et montagnards marocains résident dans ce qui suit :

La gestion aléatoire du service ne permet pas de former des équipes solides


au niveau central et régional. La période de la coopération française n’a pas profité à
un ensemble de personnes susceptibles de gérer différents volets du créneau du
tourisme de montagne.

Le manque de cadres et d’expérience en matière d'aménagement touristique


en montagne, aussi bien au niveau central que dans les régions touristiques de
montagne, principalement au sein des Délégations du Ministère du Tourisme
concernées ;

Les difficultés budgétaires et le manque de moyens logistiques, qui ne


permettent pas d'atteindre des résultats encourageants en matière d'aménagement
et du suivi des réalisations sur le terrain, particulièrement pour les Délégations du
Tourisme qui se chargent du développement du tourisme dans les Provinces de
montagne.

Certes, nos deux exemples relatés dans cet article manquent de cohérence,
car situés dans deux phases et périodes historiques distantes en plus des situations
géographiques différentes, mais notre but est de montrer, d’une part, le manque à
gagner de certaines régions entre le début de la première expérience et les autres
initiées à présent sur papier durant ces deux dernières années, et d’autre part,
comment les structures et le suivi de la première expérience ont été moins
performants pour gagner un pari sur l’avenir d’une activité et la prospérité pérenne
d’un espace déshérité : DURABILITE !!

1 Il fait partie d’un super grand ministère des Finances, de l’Economie, de la Privatisation et du
Tourisme, à la tête duquel Monsieur Fathallah OULALOU, connu pour être Ministre des Finances. Le
Département du Tourisme semblait avoir été sans pilote durant son mandat.
2 De formation moins poussée et différente du profil demandé pour ce créneau touristique, ce
responsable nommée à la tête du B.D.T.R. est bien distant intellectuellement parlant et de point de vue
pratique de la tâche à accomplir.
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II - Les projets du développement du Haut-Atlas Central : première
expérience institutionnelle modèle

Ils étaient initiés au milieu des années 80 jusqu'à la fin de l'année 1993 sous
forme de trois programmes principaux, qui ont intéressé particulièrement une partie
du massif central de la chaîne du Haut Atlas. Le premier a un caractère général de
développement, il touche aussi bien le secteur du tourisme que les secteurs
d'agriculture et d'artisanat, tandis que les deux autres sont élaborés et exécutés
pour compléter les interventions initiales du premier projet en matière de tourisme,
principalement le volet de la promotion du produit.

II.1 - Le projet Haut-Atlas Central (P.H.A.C.)

Ce programme est le fruit de réflexions de la fin des années 70 et du début


des années 80 sur les moyens de développement socio-économique de la région du
Haut Atlas Central, par l’introduction d’une activité touristique. Il est donc le
programme initial de développement du H.A.C., intitulé "Expérience Pilote
Intersectorielle d'Économie Rurale de Haute Montagne dans le Haut Atlas Central
Marocain". Il a commencé en 1983 et s'est achevée le 31/08/91. Il constitue la
pierre angulaire des programmes de développement sectoriel venus par la suite et
visait initialement le développement de 3 volets essentiels : le tourisme, l'artisanat,
l'agro-pastoralisme.

Selon l’accord de coopération franco-marocaine le Ministère de l'Intérieur a


été désigné comme le tuteur du projet, du côté marocain, représenté par la
Direction des Affaires Rurales à l'échelle centrale. La Province d'Azilal est désignée
comme coordinateur inter-provincial à l'échelle locale et régionale avec une
direction du P.H.A.C. créée au sein de la Province d'Azilal, dont un Directeur à sa
tête plus un responsable administratif affecté au Centre de Formation aux Métiers
de montagne de Tabant, dans la vallée des Aït Bouguemmez. Du côté français,
l'Ambassade de France au Maroc est chargée de gérer les divers dossiers des
programmes de coopération, en représentant le Ministère des Affaires Étrangères
Français. Des coopérants techniques sont recrutés pour être affectés aux Ministères
concernés par les accords de coopération et sont donc considérés des "chargés de
mission ou conseillers techniques".

Première phase
La première phase (1983 à 1987) a été consacrée à la réalisation d'actions
visant la formation et l'apprentissage des métiers de montagne aux jeunes de la

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vallée des Aït Bouguemmez dans les domaines de l'accompagnement, l'artisanat,
l'agriculture. C’est également la phase de l'élaboration des études pour la réalisation
des premières structures d'accueil tels que les gîtes d'étape, les auberges rurales et
les refuges d'altitude… etc., en plus de la diffusion de l'information touristique sur la
montagne marocaine.

Durant cette phase, il a été programmé l'encouragement de la création des


structures de commercialisation du produit, comme les agences de voyages, de
transport touristique et les bureaux des guides et accompagnateurs.

La fin de cette phase a vu également l'extension de la formation à d'autres


secteurs de la zone choisie ou à d'autres massifs de la montagne marocaine,
notamment le Haut Atlas Occidental.

Deuxième phase
La deuxième phase du projet prévoyait d'accomplir les actions permettant
d'asseoir une organisation législative et juridique et l'accomplissement des études et
travaux d'inventaire des sites et curiosités du domaine montagneux du Haut Atlas
Central. Elle devait commencer dès la 3ème année du début du projet et se terminer
à la 7ème année (1985 à 1989).

Il a été prévu lors de cette phase d'élaborer les textes réglementaires,


notamment les statuts du C.F.A.M.M. et des nouveaux métiers et la prise de
mesures nécessaires en vue de protéger le domaine montagneux, tout en procédant
à l'inventaire exhaustif des sites, monuments et zones fragiles en vue de leur
sauvegarde.

Troisième phrase
La troisième phase du P.H.A.C. a été programmée pour une période allant de
la fin de la 1ère phase jusqu'à la fin du projet. Cette dernière phase s'étend donc sur
une période totale de 5 ans (1987 à 1991). Elle correspond à la programmation des
réalisations des grandes opérations d'aménagement et d'équipement de la
montagne du Haut Atlas Central en infrastructures d'accueil, ayant fait l'objet
d'études durant la 1ère phrase, notamment la construction de refuges d'altitude, la
sélection des nouvelles candidatures de gîtes et des nouvelles localités qui les
abritent sur les différents itinéraires de circuits de randonnées répertoriés et la
construction de la piste basse reliant Aït M'hammed à la vallée des Aït Bouguemmez,
en plus de l'achèvement de la construction des locaux du C.F.A.M.M..

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II.2 - Le Programme de Développement du Tourisme de Montagne (P.D.T.M.)

Ce programme a fait l'objet d'une requête unilatérale du Ministère du


Tourisme auprès des services de coopération du Gouvernement français. L'idée
maîtresse de ce projet visait à s'inspirer de l'expérience française en matière de
développement du tourisme de montagne et du tourisme rural, dans les massifs de
montagne française.

Les relations déjà tissées entre les responsables marocains et français, dans
le cadre du P.H.A.C., et l'influence des membres du C.A.F. ont facilité l'acceptation
du Gouvernement français à financer une part du nouveau programme, considéré
comme complémentaire au premier. L'arrivée de ce programme est justifiée par le
souci de faire participer le département du tourisme, d'ailleurs le plus concerné par
le développement touristique de la montagne, aux actions qui visent l'aménagement
touristique des espaces de montagne, la réglementation des professions
touristiques de montagne, la reconnaissance de la catégorie des accompagnateurs
en montagne1, le classement des gîtes d'étape chez l'habitant, l'octroi des avantages
aux promoteurs touristiques et enfin la commercialisation du nouveau produit par le
biais de l'Office National Marocain du Tourisme et ses représentations dans les
marchés touristiques émetteurs.

Le Programme de Développement du Tourisme de Montagne a donc


commencé à la fin de l'année 1987, par l'intégration du conseiller technique au rang
de coopérant technique au Ministère du Tourisme. Ce programme étalé sur quatre
années a pris fin en septembre 1991.

Le Ministère du Tourisme s'est chargé du côté marocain de l'exécution de ce


programme en plus de la contribution aux financements des opérations de
promotion et de commercialisation (foires et salons spécialisés, éditions de
brochures et dépliants, missions d'experts… etc.). L'association de la Grande
Traversée des Alpes française (G.T.A.) est choisie comme partenaire français chargé
d'exécuter et de coordonner les actions de ce programme à l'étranger, avec des
financements du Gouvernement français.

Le P.D.T.M. concerne essentiellement la promotion touristique du produit


montagne par le montage et la réalisation des voyages de presses, des Educ-tours,
des missions d'experts et de la sélection des sous-produits, de la production de
brochures, de l'élaboration des guides et des topo-guides. Un autre volet essentiel

1La loi n° 30/96 de 1997 a reconnu pour la première fois la catégorie des accompagnateurs en
montagne.
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auquel s'est intéressé ce programme est celui de la réalisation d'une infrastructure
d'hébergement nécessaire à la commercialisation du produit, qui consiste
premièrement, à l'encouragement des candidatures pour l'aménagement des gîtes,
en vue de permettre l'implantation d'un réseau de gîtes chez l'habitant sur les axes
des circuits de randonnées et deuxièmement, à procéder au contrôle et au
classement de ces unités d'hébergement. Le P.D.T.M. a également le mérite de
permettre la réalisation et l'implantation de deux tables d'orientations, une à Azilal
et l'autre à Ouarzazate, qui ne seront installées qu'après la fin de ce programme.

Il est à signaler que certaines réalisations, notamment les efforts de


promotion du produit de randonnées en montagne du Haut Atlas Central, dans le
cadre du P.D.T.M. sont d'une grande importance pour l'accroissement des flux
touristiques vers ce massif en premier lieu et vers d'autres par la suite.

II.3 - Le Programme d’appui au Développement de la Montagne Marocaine


(P.A.D.M.M.)

Le programme d'appui au développement de la montagne marocaine est venu


au terme des deux programmes précédents. C'est un troisième programme
supplémentaire et également complémentaire, engagé par les deux parties pour
permettre de faire aboutir les actions déjà entamées lors des deux premiers :
P.H.A.C. et P.D.T.M.. Ce dernier programme a commencé à la fin de 1991 et s'est
achevé au 31 août 1993. Il visait essentiellement l'accomplissement des actions de
promotion du produit de montagne et l'achèvement des opérations d'aménagement
des structures d'accueil et d'hébergement, ainsi que la poursuite et la consolidation
des réalisations et des acquis en matière de formation aux métiers de montagne au
C.F.A.M.M., dont essentiellement le métier d'accompagnement.

Le P.A.D.M.M. exprime le souci partagé par les partenaires marocains et


français pour rattraper les écarts ressentis lors de l'exécution du contenu des deux
précédents programmes. Le souhait de faire prolonger le programme de
coopération durant plusieurs années a incité les intervenants de la partie française,
à accomplir certaines tâches et actions n'ayant pas encore été achevées, notamment
l'installation des deux tables d'orientation (Azilal et Ouarzazate), l'organisation des
professions touristiques par la structuration des accompagnateurs en montagne
dans un cadre associatif (création d'associations provinciales et la constitution d'une
association nationale) et enfin l'ouverture des interventions dans le cadre du projet à
une participation plus large des autres départements ministériels, en l'occurrence le
Ministère des Affaires culturelles pour ce qui est de la réhabilitation et la mise en

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valeur culturelle, et également touristique, du patrimoine architectural du Haut Atlas
Central, qui n'a pas été associé aux actions des deux programmes précédents. Le
P.A.D.M.M. a permis également l'implication du Ministère du Tourisme dans le volet
de la formation des accompagnateurs en montagne par la participation de certains
de ses cadres aux processus de formation de cette catégorie de professionnels au
C.F.A.M.M. de Tabant.

Il est à noter que ce dernier programme a essayé d'achever plusieurs actions


et missions consignées dans les deux premiers programmes et certaines de ces
réalisations n'ont été achevées qu'après la clôture de ce même programme,
notamment l'installation des tables d'orientation, la réfection des nouveaux locaux
du C.F.A.M.M. et l'achat du matériel de fonctionnement de ce centre de formation
pour la cuisine et l'internat… etc.

Avec un noyau ancien dans le massif du Toubkal, l'expérience pilote du Haut


Atlas Central a permis d'émerger le tourisme de montagne comme une composante
nouvelle du produit touristique national. Son suivi et sa gestion restent limités et
n'ont pas pu déclencher la dynamique attendue sur d'autres régions à fortes
potentialités comme le Moyen Atlas le Haut Atlas Oriental et le Haut Atlas d'Agadir.
Ce dernier, dans la nouvelle dynamique touristique de 2010, est dans le point de
mire des décideurs et professionnels locaux pour en faire une zone touristique
commercialisable pour et par la station d'Agadir.

III - Le développement du tourisme rural dans l’arrière pays d’Agadir :


nouvelle expérience à la recherche de positionnement

Agadir, le premier pôle touristique balnéaire marocain par excellence, est à la


recherche d’un nouveau « look » et ce, avec les nouveaux projets hôteliers1 et la
dynamique touristique de la nouvelle station qui sera installée à sa proximité. Mais,
la régression du marché allemand depuis plusieurs année affecte le devenir de la
station, malgré la montée en flèche du marché français et la percé d’autres de
l’Europe occidentale et orientale, à partir de 2001. Si la station d’Agadir a reçu des
investissements allemands non négligeables en matière d’hébergement, ceux-ci

1 Trois nouvelles unités ont été opérationnelles fin 2002 et début 2003 (Tikida dunes, Mellinium et
Plais des Roses international) l’hôtel Iberostar sera ouvert en juin 2003. Ces unités offrent 3500 lits
supplémentaires sur la station ; ainsi la station totalisera environ 23500 à la fin de l’année 2003.
Le tourisme durable, Marrakech, 23 mai 2003. 13
n’ont aucune influence sur l’augmentation de cette clientèle reléguée au deuxième
rang depuis l'année 20011.

En outre, le grand projet du 3ème millénaire : « Argan Bay2 » qui sera réalisé
sur le site actuel de Taghazoute représente un défi majeur de l'objectif de la
stratégie des 10 millions de touristes en l’an 2010. C’est un des grands projets du
"plan azur"3 d'une capacité de 25000 lits dont 19000 lits hôteliers prévus en 2010.
Situé à 15 km au Nord d’Agadir, le site d’Argan Bay sera réalisé sur une superficie
de 670 ha environ, en cinq phases.

Toutefois, pour la station balnéaire d’Agadir, la rentabilité de l’existant et


celle des projets futurs représente un souci majeur des responsables, investisseurs
et acteurs locaux et nationaux. Les études d’experts4 à ce sujet recommandent une
diversification de l’offre, par la mise en marche touristique de l’arrière pays, délaissé
jusqu’à présent dans les programmes de promotion et de publicité touristiques
confectionnés en faveur de la destination, aussi bien au niveau de l'Office National
Marocain du Tourisme qu'au niveau du GRIT auparavant et du CRT actuellement5.

Les réflexions et décisions restent disparates, avec une faible prise en compte
des acteurs touristiques de l’intérêt de ce nouveau créneau touristique. Quelles sont
les chances de réussite de cette entreprise des acteurs-pilotes6 ?. Quelles seront les
apports et les limites de la coopération étrangère en matière d'assistance ?

1 Le nombre d'arrivées du marché allemand a commencé la chute depuis 1997. Ils ont été dépassé par
les Français en 2001 avec 136.092 touristes français contre 131.958 Allemands. En 2002 c'est toujours
la même tendance : 127.453 Français contre 80.135 Allemands.
2 Projet touristique de grande envergure dans le cadre du Plan Azur lancé en 2001 par le Ministère du

Tourisme. Il est piloté par le Groupe Saoudien « Dalla Al Baraka » de Cheich Salah et dirigé au Maroc
par Dr. Lakhouaja. Il fait partie de la nouvelle formule appelée « Aménageur –développeur » consistant
à céder un grand espace à un groupe mondial pour son aménagement et son équipement pour en faire
une stations touristique. Six stations seront aménagées de la même façon : 5 sur la côte atlantique et
une sur la méditerranée.
3 Ensemble de 6 stations balnéaires à réaliser à l'horizon 2010 pour construire 80.000 chambres

supplémentaires (160.000lits). Ce sont : Saaïdia-Ras-Elma, Larache-Lixus, El Jadida-Haouzia,


Essaouira-Mogador, Goulmime-Plage blanche et Agadir-Taghazoute.
4 Les recommandations de cette diversification émanent aussi bien de Mc. Gregor, expert Canadien en
écotourisme, des professeurs de l’université de Bordeaux, membres de l’équipe de la Région Aquitaine
et des experts Marocains de l’Université Ibn Zohr d’Agadir et autres.
5 Le Groupement Régional d'Intérêt Touristique créé en 1996 a été transformé en Conseil Régional du
Tourisme depuis le 17 janvier 2003.
6 Le Conseil Régional du Tourisme d’Agadir se veut pilote unique de ce projet de développement
touristique de l’arrière pays d’Agadir, en raison de sa composition de différents acteurs publics et
privés.
Le tourisme durable, Marrakech, 23 mai 2003. 14
Nous ne pouvons pas répondre encore à ces questions, mais nous traitons les
grandes lignes d'un programme de coopération initié entre les régions Souss-
Massa-Draâ (Maroc) et Aquitaine (France).

III.1 - la coopération inter-régionale Souss-Massa-Draâ / aquitaine : un


moyen de développement touristique

Ce n’est que tardivement que certaines régions du Maroc se sont manifestées


pour développer des nouveaux créneaux touristiques, comme celui du projet de
coopération initié depuis la fin de l'année 2001 entre la région Souss-Massa-Draâ et
la région d'Aquitaine en France. Cette entreprise des deux régions vient dans le
cadre des relations déjà tissées entre le conseil Régional du Souss-Massa-Draâ et
celui de l'Aquitaine. Le début de concrétisation de cette coopération inter-régionale
est amorcé en janvier 2002 par une visite d'experts et des membres du conseil
régional de l'Aquitaine à Agadir, qui était une occasion d’approfondir la discussion
et les idées sur les projets et objectifs communs des deux parties marocaine et
française.

Il ressort des travaux d'ateliers de rencontres auxquels ont participé les


différents représentants des organismes publics et associatifs concernés par cette
coopération1 que l'arrière pays de la station d'Agadir présente une grande richesse
naturelle et une diversité géographique et paysagère importante. Les axes de
développement et les objectifs souhaités de ce programme de coopération
témoignent de l'importance du potentiel à mettre en valeur et du travail énorme que
les acteurs marocains sont appelés à accomplir pour gagner le pari.

III.2 - Les principaux axes de coopération Souss-Massa-Draâ/Aquitaine

Les discussions entre les représentants des deux régions marocaine et


française ont aboutit à un ensemble d'actions à entreprendre dans différents
domaines, à savoir l'élaboration d'études et schémas préalables, la structuration de
l'existant et la formation de cadres-gestionnaires.

1 La Wilaya d’Agadir , la Région Sous-Massa-Drâa ; la Délégation Régionale du Tourisme d’Agadir, le


Conseil Régional du Tourisme (C.R.T., les Eaux et Forêt d’Agadir (Direction du Parc Souss-Massa).

Le tourisme durable, Marrakech, 23 mai 2003. 15


Tout d'abord, il s'agit d'élaborer un schéma de développement d'un tourisme
durable1, comme première étape nécessaire pour le développement de l'activité
touristique régionale, en général. Ce master-plan devait tenir compte du territoire
de toutes les Provinces de la Région Souss-Massa-Draâ, alors que certains acteurs
associatifs ne voient aucun intérêt à ce que des zones lointaines et non profitables
aux entreprises touristiques et hôtelières de la station soient étudiées.

A ce sujet, il est constaté qu'il n'y a pas de coordination entre les services
centraux du Ministère du Tourisme et de la Région Souss-Massa-Draâ sur les
aspects touchant au tourisme, ce qui n'a pas permis de faire aboutir cette étude
dans les délais prévus2. Nous constatons ainsi que les problèmes de suivi et de
gestion de ce développement touristique régional se posent au départ. Des conflits
d'intérêt, d'une part, et d'initiatives non coordonnés, de l'autre part, sont visibles à
des degrés différents, mais de manière latente.

Par ailleurs, une autre étude, destinée au produit balnéaire de la station


d'Agadir et ses alentours, a été prévue pour le deuxième semestre de 2002 par le
Ministère du Tourisme et ce, depuis le début de 2001. Elle reste toujours un projet
jusqu'à présent.

Ensuite, le plan d'action de la coopération entre la Région Souss-Massa-Draâ


et la Région Aquitaine prévoit la structuration d’une filière d’écotourisme au parc
national Souss-Massa. Celui-ci, en raison de sa richesse faunistique et
ornithologique, est classé parmi les 20 meilleurs parcs nationaux du monde,
abritant la dernière colonie de l’ibis Chauve, la coopération avec la Région
d’Aquitaine à pour but de faire un pré-diagnostic sur la gestion et les conditions
d’ouverture au public de ce Parc, ainsi que l’identification des actions à
entreprendre en concertation avec les autres partenaires privés.

Les études des services des Eaux et Forêts marocains et des spécialistes
Biologistes/ornithologues de la Région Aquitaine relèvent que la commercialisation
touristique de ce milieu naturel suppose une approche scientifique et une gestion
rationnelle. D'autres études d'experts sont au programme de cette coopération pour
l'évaluation de cet espace et l'élaboration des actions à entreprendre.

Parallèlement à cela, une autre action en matière d'agrotourisme est en cours


de réalisation dans la zone de Province de Taroudant. Il s'agit de la mise en marche

1Ce projet a fait l’objet d’un appel d’offre ouvert (n° 03/2003) lancé par la Région Souss-Massa-Draâ,
en mars 2002.
2 Nous avons appris à fin mai 2003 que cette étude lancée par la Région Souss-Massa-Draâ a été
annulée par le Wali de cette Région sur intervention du Ministère du Tourisme.
Le tourisme durable, Marrakech, 23 mai 2003. 16
d'une formation de jeunes aux nouvelles techniques de gestion agricoles, avec
l’introduction de l’accueil touristique au sein d'une ferme, ce produit est également
dénommé «l’accueil à la ferme»; projet initié par trois parties : la Coopérative
Agricole de Taroudant "COPAG", l’Ambassade de France au Maroc et la région
Aquitaine.

Enfin, une dernière action relative au développement des démarches qualité-


environnement dans les établissements d'hébergement de la station a été introduite
dans le programme de coopération, pour hisser l'image de la station et sensibiliser
les gérants et propriétaires des unités d'hébergement aux questions
environnementales. Cette action entre dans le cadre du nouveau concept de
développement touristique urbain durable1. C’est dans ce sens que la capacité
d’hébergement mise sur place dans la station balnéaire d’Agadir est appelée à se
conformer aux normes en vigueur dans les pays touristiques, en matière du respect
de l’environnement et de la sécurité des personnes. La concurrence et la
construction de nouvelles unités hôtelières rendront la tâche difficile aux anciennes
structures dans un avenir proche. C’est pourquoi une réflexion est déjà engagée par
les acteurs locaux, notamment publics et particuliers, pour s’informer sur les
démarches volontaires de gestion de la qualité de services et de gestion de
l’environnement dans les établissements hôteliers.

Afin d'assurer le suivi, la gestion et le pilotage des axes de ce programme de


coopération, un plan de formation a été introduit par les parties concernées. Il vise
essentiellement la formation d'animateurs de développement économique et
touristique. Trois niveaux différents ont été recommandés : Ingénieur de
développement, Agent de développement et agent de proximité.

Cet ensemble d'actions reste encore un projet sur papier. Seul le volet
formation, plus particulièrement, a pu être amorcé en début de l'année 2003, en
faisant bénéficier quatre cadres de la Préfecture Agadir Ida Outanane d'un stage
d'un mois en France. Nous constatons également que ce projet manque de vision
globale, en excluant des parties à fort potentiel naturel et culturel dans la partie
montagnarde des Provinces de la Région Souss-Massa-Draâ, notamment : le Saghro,
le Siroua, le Jebel Bani2. Ce sont des éléments importants à intégrer dans toute
initiative régionale pour offrir un produit complet et complémentaire à plusieurs
égards.

1 Dans le monde anglo-saxon le concept de « Urbain Sustainable Tourism » est déjà opérationnel pour
désigner toute pratique résponsable visant à assainir l’environnement urbain, à économiser l’eau et
l’électricité… etc.
2 Massifs montagneux partagés sur les Provinces de Ouarzazate, Zagora, Taroudant, Tiznit et Tata
(cette dernière fait partie de la région limitrophe Goulimim-Smara-Assa-Zag).
Le tourisme durable, Marrakech, 23 mai 2003. 17
Conclusion

Dans le contexte touristique international, le Maroc doit miser sur l'arrière


pays des métropoles touristiques et les territoires de montagne en général. Nos
deux exemples, sont loin d'être conçus pour assurer une meilleure production
touristique durable. Si la première expérience s'est faite comme modèle national, la
vision régionale suppose l'élaboration d'une stratégie de développement cohérente,
tenant en compte les composantes de tout son territoire. Donc, il est temps que le
politicien laisse de côté son esprit électoral et le désir de s'élire éternellement, en
pensant non a sa circonscription mais à celle des autres, en agissant comme
responsable non comme citoyen schizophrène. Loin des discours électoraux, la
montagne marocaine a besoin de sa protection et celle de ses populations.

Les actions ponctuelles n’ont qu’un effet éphémère d’un côté et multiplient
les convergences politiques et les dysfonctionnements de la société montagnarde
d’un autre côte. Cette dernière doit être associée au dessin de son sort. Le territoire
montagnard mérite d’être pris en considération dans sa globalité, comme espace
spécifique, loin des enjeux administratifs territoriaux et les lobby politiques et
économiques.

En pensant à ces volets et en intégrant les critères de durabilité dans la


gestion des espaces touristiques montagnards, le Maroc peut assurer un produit
touristique durable.

Bibliographie

MINISTERE DU TOURISME, 1980,


Élaboration du Schéma Directeur d'Aménagement Touristique de la Province d'Azilal,
Tome IV, Rapport préliminaire sur l'étude du plan d'aménagement, Dounia Hôtels
S.A..
MINISTERE DE L'URBANISME, DE L'HABITAT, DU TOURISME ET DE L'ENVIRONNEMENT,
1978,
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MINISTERE DE L'INTERIEUR/ AMBASSADE DE FRANCE AU MAROC
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Le tourisme durable, Marrakech, 23 mai 2003. 19

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