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Brahim MOUDOUD
Délégué du Ministère du Tourisme à Agadir, Maroc
Introduction
Par la suite, les autres régions de montagne au Maroc vont profiter des
résultats de ce projet, principalement en matière de formation des accompagnateurs
en montagne, étendue depuis 1987 aux candidats des autres massifs2.
par la suite l’ouverture du Centre de Formation aux Métiers de Montagne de Tabant (C.F.A.M.M.), aux
candidats des différentes régions du Maroc.
Le tourisme durable, Marrakech, 23 mai 2003. 1
L'organisation de l'activité touristique en général et la réalisation d'une
infrastructure d'hébergement spécifique, plus particulièrement les gîtes chez
l’habitant, vont voir le jour sur d'autres massifs : c'est le cas du massif de Toubkal
où les premiers gîtes d'étape ne datent que de 1991 et dans celui du Haut Atlas
Oriental où les premiers gîtes n'ont été sélectionnés qu'à partir de 19951.
Ce n’est qu’en 2001 que d’autres régions du pays commencent à initier des
actions visant à développer une activité touristique dans des zones de montagne
propices à la pratique de sport et de loisirs sous l’impulsion des recommandations
des 1ères Assises Nationales du Tourisme, organisées à Marrakech le 10 janvier
20013. Cette nouvelle prise de conscience forcée consistant à dynamiser l’arrière
pays des grandes métropoles régionales, considéré comme espace marginal, s’est
1 Objectif principal des 1ères Assises Nationales du Tourisme, organisées à Marrakech le 10 janvier
2001.
2 Le secteur touristique au Maroc n'était prioritaire qu'après 1964, ce qui s'explique par les faibles
budgets alloués à ce secteur dans les plans de développement économique et social. Sa part du budget
général de l'État est de 0,9% durant le plan biennal 1958-1959, il est passé à 1,4% au cours du plan
quinquennal 1960-1964. Le plan triennal 1965-1967 a vu sa part augmentée nettement 6,4 %.
3Seule localité ayant reçu deux unités hôtelières à savoir le Zat et l’Azghor, propriété de la Caisse de
Dépôt et de Gestion., ayant respectivement une capacité de 60 et 100 chambres.
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ce sont : les baies d'Agadir, Tanger, Al Houceïma et la côte tétouanaise. Ces quatre
Z.A.P. ont bénéficié progressivement de certains aménagements et équipements
touristiques lourds dans les zones touristiques et hôtelières destinées à abriter des
complexes hôteliers, les résidences et les centres commerciaux au bord des plages.
Le reste du pays et plus particulièrement les zones de montagne ne figuraient pas
du tout dans cette politique d'aménagement touristique. L'objectif du planificateur
était de mettre en place une infrastructure répondant à un tourisme de masse et de
haut de gamme, comme en témoignent les catégories d'établissements
d'hébergement créés dans ces zones qui sont exclusivement des unités de 4 étoiles.
Avant cette étude, une autre a été lancée entre 1976 et 1978 et a concerné
les Provinces de Ouarzazate et Errachidia, il s'agit de "L'aménagement touristique,
régions Ouarzazate Rachidia-Tafilalet"3. Cette étude a traité l'espace des deux
Provinces de Ouarzazate et Errachidia et a donné une analyse sur les potentialités de
la montagne des deux Provinces et de leurs régions du sud, considérées comme
1 Avant 1992, date de restructuration du Ministère du Tourisme et de la création des quatre Directions
Centrales, la Direction des Aménagements et des Investissements (D.A.I.) était une Division dénommée:
Division des Aménagements et des Équipements Touristiques (D..A.E.).
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jusqu'au point ou certains observateurs, chercheurs, universitaires et professionnels
disent que le produit montagne marocain est trop médiatisé et que beaucoup de
publicité est réalisée sans que les aménagements et les équipements existants
soient en mesure de répondre à la demande ressentie. C'est la même constatation
jusqu'en 1999. les actions de promotion ont vu leur cadence se ralentir depuis la fin
de la coopération en 1993.
En 2002, bientôt 20 ans sur sa création, le B.D.T.R. ne figure pas encore sur
l’organigramme du Ministère du Tourisme. Ce pseudo service est délocalisé en fin
2002 de la Direction des Aménagements et des Investissements de ce département
1 Etude réalisée par le Bureau d’étude Suisse URBAPLAN pour le compte du Ministère du Tourisme.
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pour le rattacher au Secrétariat Général du Département du Tourisme1. A sa tête un
cadre, le moindre à dire, est très loin d’appréhender l’espace, ses spécificités et ses
problématiques multiples2.
Certes, nos deux exemples relatés dans cet article manquent de cohérence,
car situés dans deux phases et périodes historiques distantes en plus des situations
géographiques différentes, mais notre but est de montrer, d’une part, le manque à
gagner de certaines régions entre le début de la première expérience et les autres
initiées à présent sur papier durant ces deux dernières années, et d’autre part,
comment les structures et le suivi de la première expérience ont été moins
performants pour gagner un pari sur l’avenir d’une activité et la prospérité pérenne
d’un espace déshérité : DURABILITE !!
1 Il fait partie d’un super grand ministère des Finances, de l’Economie, de la Privatisation et du
Tourisme, à la tête duquel Monsieur Fathallah OULALOU, connu pour être Ministre des Finances. Le
Département du Tourisme semblait avoir été sans pilote durant son mandat.
2 De formation moins poussée et différente du profil demandé pour ce créneau touristique, ce
responsable nommée à la tête du B.D.T.R. est bien distant intellectuellement parlant et de point de vue
pratique de la tâche à accomplir.
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II - Les projets du développement du Haut-Atlas Central : première
expérience institutionnelle modèle
Ils étaient initiés au milieu des années 80 jusqu'à la fin de l'année 1993 sous
forme de trois programmes principaux, qui ont intéressé particulièrement une partie
du massif central de la chaîne du Haut Atlas. Le premier a un caractère général de
développement, il touche aussi bien le secteur du tourisme que les secteurs
d'agriculture et d'artisanat, tandis que les deux autres sont élaborés et exécutés
pour compléter les interventions initiales du premier projet en matière de tourisme,
principalement le volet de la promotion du produit.
Première phase
La première phase (1983 à 1987) a été consacrée à la réalisation d'actions
visant la formation et l'apprentissage des métiers de montagne aux jeunes de la
Deuxième phase
La deuxième phase du projet prévoyait d'accomplir les actions permettant
d'asseoir une organisation législative et juridique et l'accomplissement des études et
travaux d'inventaire des sites et curiosités du domaine montagneux du Haut Atlas
Central. Elle devait commencer dès la 3ème année du début du projet et se terminer
à la 7ème année (1985 à 1989).
Troisième phrase
La troisième phase du P.H.A.C. a été programmée pour une période allant de
la fin de la 1ère phase jusqu'à la fin du projet. Cette dernière phase s'étend donc sur
une période totale de 5 ans (1987 à 1991). Elle correspond à la programmation des
réalisations des grandes opérations d'aménagement et d'équipement de la
montagne du Haut Atlas Central en infrastructures d'accueil, ayant fait l'objet
d'études durant la 1ère phrase, notamment la construction de refuges d'altitude, la
sélection des nouvelles candidatures de gîtes et des nouvelles localités qui les
abritent sur les différents itinéraires de circuits de randonnées répertoriés et la
construction de la piste basse reliant Aït M'hammed à la vallée des Aït Bouguemmez,
en plus de l'achèvement de la construction des locaux du C.F.A.M.M..
Les relations déjà tissées entre les responsables marocains et français, dans
le cadre du P.H.A.C., et l'influence des membres du C.A.F. ont facilité l'acceptation
du Gouvernement français à financer une part du nouveau programme, considéré
comme complémentaire au premier. L'arrivée de ce programme est justifiée par le
souci de faire participer le département du tourisme, d'ailleurs le plus concerné par
le développement touristique de la montagne, aux actions qui visent l'aménagement
touristique des espaces de montagne, la réglementation des professions
touristiques de montagne, la reconnaissance de la catégorie des accompagnateurs
en montagne1, le classement des gîtes d'étape chez l'habitant, l'octroi des avantages
aux promoteurs touristiques et enfin la commercialisation du nouveau produit par le
biais de l'Office National Marocain du Tourisme et ses représentations dans les
marchés touristiques émetteurs.
1La loi n° 30/96 de 1997 a reconnu pour la première fois la catégorie des accompagnateurs en
montagne.
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auquel s'est intéressé ce programme est celui de la réalisation d'une infrastructure
d'hébergement nécessaire à la commercialisation du produit, qui consiste
premièrement, à l'encouragement des candidatures pour l'aménagement des gîtes,
en vue de permettre l'implantation d'un réseau de gîtes chez l'habitant sur les axes
des circuits de randonnées et deuxièmement, à procéder au contrôle et au
classement de ces unités d'hébergement. Le P.D.T.M. a également le mérite de
permettre la réalisation et l'implantation de deux tables d'orientations, une à Azilal
et l'autre à Ouarzazate, qui ne seront installées qu'après la fin de ce programme.
1 Trois nouvelles unités ont été opérationnelles fin 2002 et début 2003 (Tikida dunes, Mellinium et
Plais des Roses international) l’hôtel Iberostar sera ouvert en juin 2003. Ces unités offrent 3500 lits
supplémentaires sur la station ; ainsi la station totalisera environ 23500 à la fin de l’année 2003.
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n’ont aucune influence sur l’augmentation de cette clientèle reléguée au deuxième
rang depuis l'année 20011.
En outre, le grand projet du 3ème millénaire : « Argan Bay2 » qui sera réalisé
sur le site actuel de Taghazoute représente un défi majeur de l'objectif de la
stratégie des 10 millions de touristes en l’an 2010. C’est un des grands projets du
"plan azur"3 d'une capacité de 25000 lits dont 19000 lits hôteliers prévus en 2010.
Situé à 15 km au Nord d’Agadir, le site d’Argan Bay sera réalisé sur une superficie
de 670 ha environ, en cinq phases.
Les réflexions et décisions restent disparates, avec une faible prise en compte
des acteurs touristiques de l’intérêt de ce nouveau créneau touristique. Quelles sont
les chances de réussite de cette entreprise des acteurs-pilotes6 ?. Quelles seront les
apports et les limites de la coopération étrangère en matière d'assistance ?
1 Le nombre d'arrivées du marché allemand a commencé la chute depuis 1997. Ils ont été dépassé par
les Français en 2001 avec 136.092 touristes français contre 131.958 Allemands. En 2002 c'est toujours
la même tendance : 127.453 Français contre 80.135 Allemands.
2 Projet touristique de grande envergure dans le cadre du Plan Azur lancé en 2001 par le Ministère du
Tourisme. Il est piloté par le Groupe Saoudien « Dalla Al Baraka » de Cheich Salah et dirigé au Maroc
par Dr. Lakhouaja. Il fait partie de la nouvelle formule appelée « Aménageur –développeur » consistant
à céder un grand espace à un groupe mondial pour son aménagement et son équipement pour en faire
une stations touristique. Six stations seront aménagées de la même façon : 5 sur la côte atlantique et
une sur la méditerranée.
3 Ensemble de 6 stations balnéaires à réaliser à l'horizon 2010 pour construire 80.000 chambres
A ce sujet, il est constaté qu'il n'y a pas de coordination entre les services
centraux du Ministère du Tourisme et de la Région Souss-Massa-Draâ sur les
aspects touchant au tourisme, ce qui n'a pas permis de faire aboutir cette étude
dans les délais prévus2. Nous constatons ainsi que les problèmes de suivi et de
gestion de ce développement touristique régional se posent au départ. Des conflits
d'intérêt, d'une part, et d'initiatives non coordonnés, de l'autre part, sont visibles à
des degrés différents, mais de manière latente.
Les études des services des Eaux et Forêts marocains et des spécialistes
Biologistes/ornithologues de la Région Aquitaine relèvent que la commercialisation
touristique de ce milieu naturel suppose une approche scientifique et une gestion
rationnelle. D'autres études d'experts sont au programme de cette coopération pour
l'évaluation de cet espace et l'élaboration des actions à entreprendre.
1Ce projet a fait l’objet d’un appel d’offre ouvert (n° 03/2003) lancé par la Région Souss-Massa-Draâ,
en mars 2002.
2 Nous avons appris à fin mai 2003 que cette étude lancée par la Région Souss-Massa-Draâ a été
annulée par le Wali de cette Région sur intervention du Ministère du Tourisme.
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d'une formation de jeunes aux nouvelles techniques de gestion agricoles, avec
l’introduction de l’accueil touristique au sein d'une ferme, ce produit est également
dénommé «l’accueil à la ferme»; projet initié par trois parties : la Coopérative
Agricole de Taroudant "COPAG", l’Ambassade de France au Maroc et la région
Aquitaine.
Cet ensemble d'actions reste encore un projet sur papier. Seul le volet
formation, plus particulièrement, a pu être amorcé en début de l'année 2003, en
faisant bénéficier quatre cadres de la Préfecture Agadir Ida Outanane d'un stage
d'un mois en France. Nous constatons également que ce projet manque de vision
globale, en excluant des parties à fort potentiel naturel et culturel dans la partie
montagnarde des Provinces de la Région Souss-Massa-Draâ, notamment : le Saghro,
le Siroua, le Jebel Bani2. Ce sont des éléments importants à intégrer dans toute
initiative régionale pour offrir un produit complet et complémentaire à plusieurs
égards.
1 Dans le monde anglo-saxon le concept de « Urbain Sustainable Tourism » est déjà opérationnel pour
désigner toute pratique résponsable visant à assainir l’environnement urbain, à économiser l’eau et
l’électricité… etc.
2 Massifs montagneux partagés sur les Provinces de Ouarzazate, Zagora, Taroudant, Tiznit et Tata
(cette dernière fait partie de la région limitrophe Goulimim-Smara-Assa-Zag).
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Conclusion
Les actions ponctuelles n’ont qu’un effet éphémère d’un côté et multiplient
les convergences politiques et les dysfonctionnements de la société montagnarde
d’un autre côte. Cette dernière doit être associée au dessin de son sort. Le territoire
montagnard mérite d’être pris en considération dans sa globalité, comme espace
spécifique, loin des enjeux administratifs territoriaux et les lobby politiques et
économiques.
Bibliographie