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Posture thérapeutique :

Ecoute active
19 et 20 septembre 2023
Sommaire
« Entre ce que je pense,
Ce que je veux dire,
Ce que je crois dire,
Ce que je dis,
Ce que vous voulez entendre,
Ce que vous entendez,
Ce que vous croyez comprendre,
Ce que vous voulez comprendre,
Et ce que vous comprenez,

Il y a au moins 9 possibilités
De ne pas s’entendre. »

François GARAGNON
(auteur d’une trentaine d’ouvrages sur le thème du sens de la vie et de la quête spirituelle, et fondateur et directeur des Éditions Monte-Cristo)

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EN PREAMBULE, UNE DEFINITION DE L’ECOUTE ACTIVE

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Ecouter vient du latin auscultare et signifie « entendre attentivement », mais aussi épier,
obéir, croire. Ecouter est une action qui implique une attention active : si on ne décide pas
d’entendre, on décide d’écouter.

Ainsi, écouter implique de suspendre ses humeurs et son cadre de référence pour accepter
d’entrer réellement en contact avec le vécu de l’autre.
L’écoute nécessite donc un engagement, de la disponibilité et de la curiosité.

Une définition possible de l’écoute :


Ecouter une personne en tentant de suspendre les jugements sur ce qu'elle dit et lui refl ter
ce qu'elle communique, de fa on lui indiquer que nous sommes pleinement présent à ce
qu’elle dit.

L’écoute active repose sur une posture et des compétences.

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L’ENTRETIEN DANS LA RELATION D’AIDE

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1- DEFINITION

L’entretien est un échange interactif, où deux personnes se mobilisent, au sein d’une


structure que l’aidant maintient tout en accueillant l’aidé.

La relation d’aide ajoute la notion de l’interdépendance et de la contribution de chacune


des personnes dans l’aide apportée.

L’aidant se mobilise pour comprendre le problème dans les termes où il se pose pour un
individu singulier, dans son existence spécifique. Il intervient pour l’aider à évoluer et l’aidé
apprend à se prendre lui-même en charge, à gagner en autonomie.

Dans l’entretien, les deux interlocuteurs participent tous deux à la progression de l’échange
de manière active.

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Ce qui ne relève pas de l’écoute active :

L’entretien n’est pas une entrevue :


L’entrevue souligne un lien social bref où peuvent survenir des éléments opérants

L’entretien n’est pas une interview :


Une interview est un recueil de données de type journalistique.

L’entretien n’est pas un interrogatoire, une enquête :


Il y a là une connotation inquisitrice et intrusive. Toutefois, celle-ci peut être utile pour poser un diagnostic.

L’entretien n’est pas un monologue :


L’échange suppose une interaction complémentaire.

L’entretien n’est pas une confession :


On ne s’entretient pas au nom d’un ordre supérieur et il n’y a pas de faute à confesser.

L’entretien n’est pas un débat, une discussion :


La discussion est un échange autour du « dit » qui divise, c’est un débat, un dialogue, un combat qui vise à convaincre et
argumenter.

L’entretien n’est pas une conversation :


La conversation favorise un climat où la parole est un plaisir, où prime la continuité, le bavardage, le plaisir d’être ensemble.

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L’entretien se situe entre deux situations extrêmes, sur un continuum :

Une organisation spatiale entre aidé et aidant

STRUCTURE
Avoir du recul
ACCUEIL
Observer le
Etre-avec,
processus et le
compréhension,
contenu
empathie
Cadre, contrat
Prise en compte
Echange
des contenus
structuré par les
interventions
ENTRE-TIEN

Tenir l’équilibre entre 2 forces


Envahissement Abandon
Engloutissement Dépendance Autonomie Solitude
Faire ouverture Contenir

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L’entretien n’est pas neutre. Ce type de communication requiert une posture, des
compétences, un savoir-faire avec un apprentissage à deux niveaux :

- Personnel : Savoir observer, contenir ses réactions, s’ajuster

- Technique : savoir questionner, reformuler, préparer et mettre en œuvre une stratégie

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2- LE CADRE

Poser le cadre permet de s’entendre sur :

- l’objectif de l’entretien
- le lieu, l’espace et le temps réservés à cet entretien
- les règles, l’organisation qui vont régir cet entretien (rémunération,
méthodes, limites, confidentialité, déontologie)
- le rôle, la fonction, la place, le statut et la responsabilité de chacun des
protagonistes.

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Les effets de la mise en place du cadre :

Effets Aidant Aidé

Mise en place de limites pour ne pas être envahi,


Protection débordé.
Etre contenu, rassuré par des repères, des limites. Sentir la
solidité, savoir sur quoi compter, diminuer la zone de
Ne plus avoir à s’occuper du cadre une fois qu’il est l’inconnu et de l’angoisse
posé. Libérer son énergie pour être disponible au Effet de modèle structurant.
contenu.
Repérer les sorties de cadre.
Sortie du pouvoir par le partage des règles
Mise en confiance Favoriser l’expression et l’intimité
Se sentir considéré et respecté.

Responsabilisation S’engager dans les limites définies Sentir la présence de l’autre sans la prise en charge qui
évoluerait vers la dépendance ou le maternage.

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3- LE CONTENU ET LE PROCESSUS

a) Comp tences de contenu :


Il s’agit de :
- Appr hender au mieux le cadre de r f rence de la personne, son registre de r alit .
- Rep rer le mat riau brut du client. Par exemple : les mots qui reviennent r guli rement, les soupirs, l’attitude
dynamique ou avachie, le ton de voix, les expressions du visage (un froncement de sourcils, un passage de
tristesse, un enthousiasme, une h sitation...)
- Observe en permanence les indices de contenu qui permettent d’ mettre des hypoth ses sur le processus.

b) Comp tences de processus :

Le processus est l’ensemble des ph nom nes, actifs et organisé qui structurent de façon plus ou moins
visible l’entretien. Il s’agit du niveau cach des choses, ce qui fait que les informations livrées, exprimées par
la personnes au cours de l’entretien s’encha nent les unes aux autres selon certains m canismes. Avoir la
comp tence de processus, c’est comprendre ces m canismes et en tirer une intelligence d'accompagnement.

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LA POSTURE

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C.Rogers a formulé le concept d’approche centrée sur la personne qui a marqué tous les courant de
psychothérapie humaniste. Il s’agit d’une approche non directive du thérapeute qui repose sur le
présupposé que chaque personne a en elle les ressources nécessaires à son épanouissement et
qu’elle détient les réponses à ses questionnements.
Le rôle du thérapeute est de permettre au patient de prendre conscience de son potentiel
« d’actualisation », grâce à une ensemble d’attitudes facilitatrices de la part du thérapeute trouvant leur
source dans sa posture.

« L’individu possède en lui-même des ressources considérables pour se comprendre, se percevoir


différemment, changer ses attitudes fondamentales et son comportement vis-à-vis de lui-même. Mais
seul un climat bien définissable, fait d’attitudes psychologiques facilitatrices, peut lui permettre
d’accéder à ses ressources » C.Rogers

Selon Rogers, les trois attitudes fondamentales du psychothérapeute (ou de l'aidant) sont
l’empathie, la congruence et l’acceptation inconditionnelle.

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1- L’empathie

Dans son Approche Centrée sur la Personne (ACP), Rogers définit l’empathie comme l’action mentale
visant à comprendre ce que l’autre ressent, sans pour autant éprouver la même chose. L’empathie est
une forme d’identification au ressenti de l’autre, afin de sortir de soi, de se décentrer vers l’autre, de le
comprendre en tentant de se mettre « à sa place », sans jamais y parvenir totalement, comme si on était
l’autre (tout en sachant intellectuellement qu’on est différent).
Jean Artaud décrit l’empathie comme la tendance à comprendre l’autre de l’intérieur, à saisir les
sentiments et les besoins et à s’assurer de cette compréhension sans jugement, conseil ou critique. Il
s’agit donc de percevoir le cadre de référence de l’autre sans pour autant changer sa vision personnelle.

Il ne suffit pas de comprendre conceptuellement la communication de la personne, il est important d’en


saisir aussi le sens affectif.

Cette expérience permet à la personne de vivre une expérience où elle se sent moins seule dans la
recherche de ses réponses et de ses besoins. Elle se sent accueillie, écoutée, comprise et cela l’aide à
s’accepter tel qu’elle est.

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2- La congruence

L'authenticité comporte la pleine conscience de tout ce qui se passe en soi (émotions,


sentiments, ambivalences ...) et capacité à l'exprimer. L'authenticité implique lucidité sur soi-
même autant que sincérité. Elle exige une connaissance de soi approfondie pour vivre les
sentiments en accord avec la conscience que nous en avons, c’est à dire d’être ce que nous
sommes au plus profond de nous-même.

"Dans mes relations avec autrui, j'ai appris qu'il ne sert à rien, à long terme, d'agir comme si je
n'étais pas ce que je suis" (C. ROGERS)

Dans une telle approche, la dissymétrie de l'entretien tend à se réduire puisque l'écoutant sait
que son degré d'authenticité et de non-défensivité conditionne l'authenticité et la non-défensivité
de son interlocuteur

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3- L’acceptation inconditionnelle

Si la personne parvient à sentir cette acceptation inconditionnelle de l’accompagnant, elle y puisera un


sentiment de sécurité tel qu'elle pourra exprimer ce qu'elle n'a jamais pu dire à personne, puis ce qu'elle
ne pouvait même pas se dire à elle-même… Cette attitude dans la relation est donc un encouragement
puissant à l'authenticité. Se sentir accepté quoi qu'on exprime, favorise l'acceptation de soi et le
changement. Plus un individu est compris et accepté, pus il a tendance à abandonner les défenses dont il
a usé pour affronter la vie.

"C'est au moment où je m'accepte tel que je suis que je deviens capable de changer." (C. ROGERS)

Concrètement, comment cette acceptation inconditionnelle se manifeste-t-elle ? Par la capacité à


suspendre ses jugements, à accueillir les reproches de la personne sans céder à la tentation de justifier,
de démontrer ou de contre-attaquer. Cela consiste à accepter tout ce que dit la personne (jugements,
idées, émotions, …) sans juger, critiquer ni s’énerver.

C’est aussi l’acceptation inconditionnelle de l’intervenant par lui-même, pour lui-même.

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Des obstacles à l’écoute

- Etre persuadé qu’écouter signifie se soumettre ou être d’accord, alors qu’en réalité il s’agit de
prêter à l’autre de l’attention pour comprendre sa vision des choses (sans pour autant la
partager).

- Ecouter d’une manière mécanique, sans intérêt réel : cela ne peut pas créer un climat de
confiance, et donc ça ne fonctionne pas .

- L’état émotionnel du thérapeute peut faire obstacle : des émotions agréables ou désagréables
peuvent parasiter l’écoute, le thérapeute se centrant davantage sur ce qu’il ressent que sur ce
que l’autre ressent. Cet état émotionnel peut amener le thérapeute à préparer sa réponse,
donc à ne plus être présent à ce qui se dit, ou encore à montrer des signes d’impatience.

- Les jugements non conscients du thérapeute sur les propos de l’interlocuteur,

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Des obstacles à l’écoute

- Des attentes démesurées de la personne qui considère que le thérapeute est censé tout connaître,
tout comprendre, voire tout solutionner. Cela introduit déséquilibre dans la relation rend l’écoute non
jugeante difficile.

- La différence de vocabulaire, de langage ou de cadre de référence des interlocuteurs non repérée et


non dépliée qui peut mener à l’incompréhension.

- La résonance entre le ressenti de la personne et celui du thérapeute : difficile d’accueillir chez l’autre
des ressentis que je n’accueille pas chez moi…

- L’environnement : les bruits, l’agitation, la lumière, les odeurs, la chaleur, la présence d’autres
personnes susceptibles d’entendre, …

- L’état d’urgence ou de danger de la situation nécessite parfois d’agir plutôt que de prendre du temps
pour tenter de comprendre la personne.

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Des obstacles à l’écoute

La posture demande donc de développer sa curiosité, la conscience de soi, la


capacité à contempler, suspendre ses jugements, à s’accepter soi-même et assumer
la personne que l’on est.

Le travail thérapeutique est destiné à affiner ces points en continu.

Concernant la conscience de soi et la suspension des jugements, un exercice peut


être très utile. Il s’agit de prendre l’habitude, face à une situation, de différencier :
- Ce que j’observe
- Ce que je ressens
- Ce que j’imagine, comprends, interprète, bref, les conclusions que j’en tire

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LES COMPETENCES OU LES INTERVENTIONS DANS LA RELATION D'AIDE

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I- L’écoute silencieuse :

La meilleure façon d’être un récepteur consiste à montrer à l’autre que l’on s’intéresse à ce qu’il dit pour l’encourager à
parler. A la suite de Carl Rogers, Thomas Gordon a défini l’écoute silencieuse comme la capacité à recevoir simplement la
parole de l’autre en intervenant un minimum, pour lui montrer que je suis à l’écoute et prêt à lui consacrer du temps. Cela
consiste à recevoir l’autre en faisant silence et en adoptant une attitude active d’observation, de réceptivité. Cette écoute «
flottante » est non interventionniste et conduit à capter tout l’impalpable, l’inconscient, le non-dit du discours.

Dans la quotidienneté, beaucoup de personnes occupent le terrain et coupent la parole, meublent, font les questions et les
réponses, … très souvent par peur du silence. Dans ce temps particulier que représente une séance de thérapie, il s’agit
de laisser l’autre terminer son idée, en évitant de l’interrompre ou de finir ses phrases à sa place pour laisser le temps à la
personne de déplier ses idées.

Le silence permet de :
- recentrer l’attention (en cas de digression ou de distraction) ;
- laisser le temps à la personne de s’exprimer, de formuler ses pensées au plus juste - insister, mettre l’emphase sur une
idée (en faisant silence avant ou après l’expression de cette idée) ;
- laisser la personne de chercher ses propres solutions
- observer le non-verbal de la personne
- s’écouter soi-même, gérer ses émotions et reprendre le fil de sa pensée.

Nous voyons qu’il s’agit ici d’un silence actif, « habité », et non d’un silence passif, désintéressé ou signe de malaise.

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I- L’écoute silencieuse :

Si l’écoute silencieuse dure trop longtemps, la personne risque de se sentir seule et peu
soutenue dans son discours. Elle va probablement commencer à chercher des signes d’une
plus grande implication de la part du thérapeute : « Tu comprends ce que je veux dire ? » ; Tu
es d’accord ? » ; « J’ai raison, n’est-ce pas ? » ; « Tu m’écoutes ? » Il est alors temps de sortir
de la phase d’écoute totale et de commencer à reformuler.

L’écoute silencieuse est un temps privilégié pour être attentif à l’aspect non verbal de la relation,
c’est à dire à :
- L’espace (intimité, proxémie, déplacements)
- Les sens (regard, voix, toucher, odeurs)
- Le rythme et la synchronisation
- Le corps (posture, gestes, tension)

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1- La distance, la proxémie

L’entretien, c’est construire un espace du dire : délimiter une scène construite et


reconstruite en permanence pour qu’il s’y passe quelque chose. Cet espace
intersubjectif sépare et unit. C’est une aire intermédiaire qui permet de mettre en
évidence les processus d’échec des contacts relationnels et d’innover de nouvelles
façons de faire.
Il s’agit d’y trouver la juste distance : du contact corporel à la transaction verbale,
trouver la communication qui convient en fonction du besoin du contexte.

Parler de distance, c’est parlé de proxémie. La proxémie est une production culturelle à
laquelle les protagonistes sont assujettis, et si on déroge à ces règles, on suscitera
l’étonnement, la méfiance, peut-être des reproches et du rejet.

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1- La distance, la proxémie
Les travaux de E.Hall montrent que lorsque l’on peut mettre en évidence une variation de distance, car elle devient perceptible, alors
un seuil proximique a été franchi. Il distingue quatre conseils :

- La distance intime
De 0 à 50 cm dans la relation à deux

- La distance personnelle
Généralement nous maintenons un espace qui nous laisse libre de nos mouvements. La distance personnelle est d’environ 50cm à
1m : l’espace du bavardage qui mobilise les sens et favorise la recherche de parole, très imprégnée de subjectivité.

- La distance sociale
De 1,50m à 3m. Elle s’arrête là où la conversation cesse d’être facilement audible. Les conventions passent parfois au premier plan, le
contrôle de soi, l’apparence masque parfois l’authenticité.

- La distance publique
A partir de 6m, c’est le lieu du discours, du spectacle. Le code est au 1er plan, les rôles et les places sont définies.

L’espace intime est plus ou moins vital selon les individus. Certains ressentent plus rapidement que d’autres l’intrusion dans leur
espace privé.
Une faible distance peut indiquer une relation de confiance. Plus on se rapproche de l’autre, plus il devient présent dans son corps.

Dans cet espace qui à la fois unit et sépare les 2 personnes, le fait d’ajuster sa distance avec le client va permettre de prendre
conscience de ses besoins et de sa juste distance.

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2- Le regard
Il y a le regard qui plonge à l’intérieur, pénètre, réchauffe, qui unit et invite. Il y a le regard intrusif qui dévisage, dépouille, met
à distance. Il y a le regard qui regarde sans voir…
Le regard nous fait ressentir une qualité de présence.

3- La voix
La voix peut être projetée en avant, ou incarnée, pleine de gravité. Le timbre peut être froid ou chaleureux, l’intensité faible,
timide ou puissante,. Elle est chargée d’affects et est reliée à notre souffle.

4- Gestes et attitudes corporelles


Le corps peut s’ouvrir ou se fermer à la relation par sa posture, sa tension ou sa détente.

5- Le sourire
Sourire gratuit ou sans intention, sourire fermé ou qui traduit l’ouverture du cœur, plaqué, superficiel, habité ou de
convenance.

6- Le rythme
Le rythme concerne la parole, la respiration, les gestes. S’ajuster, c’est tenir compte du rythme, trouver la cadence de cette
danse à deux.

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Que faire de toutes ces informations engrangées ? Voici en proposition une citation de K.
Kelley-Lane dans « Peter pan ou l’enfant triste » :

« Lorsque quelqu’un vient voir un archéologue de l’esprit pour lui demander de l’aider à
fouiller dans les grottes de son histoire, il arrive souvent que les clés qui serviront à ouvrir
les portes des secrets apparaissent dès la première rencontre.Si l’archéologue est
astucieux, il les ramasse et les range dans un coin de son esprit afin de pouvoir les sortir
au bon moment, lorsque cette personne sera capable de les utiliser.Il est inutile de les lui
montrer à n’importe quelle moment : elle ne pourrait pas les reconnaître et leur valeur
essentielle serait gaspillée.Parfois, l’archéologue – surtout quand il nouveau dans le
métier – est tenté de montrer son talent à dénicher les clés. Il faut absolument éviter ce
piège du pouvoir, car il se paie très cher – pour l’archéologue comme pour la personne.»

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Les attitudes de Porter


Elias Porter, disciple de Carl Rogers, a dress une typologie de six types
d’intervention que nous avons dans la relation l’autre. Cette grille peut nous
aider analyser notre relation autrui, avec ses avantages et ses pi ges.

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1- Intervention de reformulation
Vos r ponses sont compr hensives et refl tent un effort pour vous introduire sinc rement dans le probl me tel qu’il est
v cu par l’interlocuteur. Vos r ponses visent comprendre de l’int rieur, saisir le ton affectif, personnel de la
communication. Vous renvoyez l’autre ce que vous avez per u de la situation avec le souci d’ tre fid le et neutre.

Ex 1 : Si je comprends bien, vous tes agac e parce que votre mère vous en demande toujours plus
Ex 2 : J’entends que vous trouvez ça vraiment injuste

Risque :
Reformuler uniquement risque d’entrainer l’irritation de votre interlocuteur qui peut avoir l’impression que vous ne faites
qu’un effet miroir.
D’autres peuvent y voir un refus de vous engager, de dire ce que vous pensez r ellement et cela peut faire naître de
l’insécurité.

Bénéfice :
Vous faites connaître à la personne ce que vous avez entendu de son sentiment ou de son émotion et lui permettez ainsi
d'entrer plus avant dans ce qu'elle ressent (peine, colère, peur, joie, honte, amour, etc.) et de trouver lui-même ses propres
solutions. La personne se sent cout e et mise en confiance.

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La reformulation permet donc de signifier à son interlocuteur que ce qu'il vient de dire est
acceptable, sans pour autant adhérer à son point de vue. Cette intervention minimum a de multiples
effets :
– Préciser, clarifier un point de vue
– En prendre conscience différemment
– Eviter les incompréhensions, les malentendus, un conflit non intentionnel/un quiproquo
– Montrer à son interlocuteur qu'on l'a écouté, compris
– Amener si besoin, l'interlocuteur à exposer ses intentions
– Faire baisser un éventuel niveau d'agressivité

Une bonne maîtrise de la reformulation amènera à développer une base de confiance en validant en
quelque sorte la manière d’être de la personne. L’efficacité de la reformulation dépend de la façon
dont l’écoutant s’engage dans le lien. Car il est possible de reformuler en traduisant une fermeture. Il
s’agit de rester attentif aux signes d’ouverture que l’on peut repérer aussi bien chez soi que chez
l’autre.

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Les différents types de reformulation

a) La reformulation non verbale


S’accorder, se synchroniser avec la posture, le rythme, les gestes, la voix, le regard. C’est une manière de dire :
« je te vois, je t’entends, je te comprends. »

b) La reformulation reflet ou miroir


Dans cette forme de reformulation, il s’agit de reprendre les dires de la personne, sans déformer le propos et sans
y ajouter d’interprétation. La reformulation reflet reprend assez fidèlement ce qui a été dit. On y change juste un
peu le vocabulaire ou l’organisation mais cela reste très proche. Elle valide le vécu. Il est important d’avoir pris le
temps de comprendre ce qui est partagé avant de l’employer, sinon, la personne la vivra comme une
interprétation.

Ex 1 : -« Je suis nulle… je n’ai pas d’amis… Dans la cour de récréation, personne ne s’intéresse à moi. Je ne
peux plus aller au collège.
-« J’entends que tu te sens vraiment isolée et que c’est difficile à vivre…»

Ex 2 : -« Pour moi, le fait de construire ensemble est plus important que les choses que l’on fait. »
-« Si j’ai bien compris, vous accordez plus d’importance au fait d’agir ensemble, qu’au résultat obtenu ? »

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Les différents types de reformulation
c) La reformulation en écho
Il s’agit de reprendre un mot important qui appelle à préciser, à reprendre à partir de là. C'est la version la plus simple qui
consiste à répéter les paroles de l'interlocuteur. On peut l’utiliser pour relancer l’échange après une phrase laconique.

Ex 1 : – « En ce moment c’est difficile, je me sens fatigué. »


– « J'entends que tu te sens fatigué. »
Ex 2 : –« En ce moment c’est difficile, je me sens fatigué. »
– « Fatigué? »
Ex 3 : – « Je vais changer de stratégie. »
– « Tu vas changer de stratégie? »

d) La reformulation de synthèse, résumé


La reformulation synthèse consiste à résumer les propos de l’interlocuteur pour dégager l’essentiel d’un discours. Elle
commence souvent par « donc… », « si je résume... » et elle est destinée à clore un chapitre pour en ouvrir un autre. Elle
reprend l’essentiel de l’ensemble de ce qui a été dit. Elle permet de dégager l’essentiel et amène l’interlocuteur à préciser
sa pensée si la synthèse ne lui convient pas

Ex 1 : – « Donc au fond ce qui vous pose problème c’est… »


– « Non pas exactement, en fait… » ou « Oui, et il y a aussi… »

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Les différents types de reformulation

e) La reformulation de recentrage
La reformulation recentrage sélectionne les propos de la personne en dégageant un point particulièrement important du
discours, par exemple ce qui est nouveau. Elle suppose une capacité à tirer au clair ce que la personne dit, souvent,
d’une manière confuse et inorganisée et l’intuition de ce qui paraît l’élément essentiel. Ce type de reformulation est très
efficace. Cependant le risque est de poser un jugement de valeur puisque vous recentrer l’échange sur ce que vous
jugez le plus important dans ce que vous dit l’autre.

f) La reformulation de clarification
La reformulation clarification va un peu plus loin que ce que la personne a dit explicitement, on prendra la précaution de
la faire précéder de « Tu veux dire que…. « ou « Si j’ai bien compris »…Comme elle commence par cette précaution de
langage, naturellement, elle est dite sous forme interrogative. Si la personne ne se reconnait pas dans cette proposition
mais qu’elle perçoit votre sincérité, elle va elle-même se reformuler pour vous aider à la comprendre et la
communication ne sera pas altérée.

Ex 1 : - « Depuis que mon mari est mort, il y a plein de gens autour de moi. Certains se disent même mes amis. Je suis
très entourée, on m’invite, on me propose des tas de choses, mais personne ne me comprend vraiment. »
- « Vous voulez dire que, malgré les attentions de tout le monde, vous vous sentez seule avec votre chagrin ?»

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Les différents types de reformulation

g) La reformulation inversée
Cette reformulation est déductive, mais elle ne propose pas d’interprétation. Elle renverse la présentation du
problème, d’où son nom, mais sans le déformer. Elle permet à la personne de prendre du recul lorsqu’elle est
prise dans un sentiment qui l’enferme en lui permettant de voir une autre facette à ce qu’elle vient d’exprimer.
Cette reformulation commence aussi par une précaution de langage et se fait sur un ton interrogatif.

Ex 1 : - « C’est pourtant facile ! Je ne comprends pas pourquoi je suis le seul à ne pas y arriver !»
- « Vous voulez dire que tout le monde y arrive sans difficulté ?»

Ex 2 : - « Ce mémoire est complètement raté. ça fait pourtant des mois que j’y travaille mais tout est à
refaire. »
- « Vous voulez dire que tout ce travail toutes ces recherches n’ont servi à rien ? Que vous devez repartir
de zéro ?»

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Les différents types de reformulation
h) La reformulation de vécu et d’expérience
Elle peut permettre de verbaliser, à partir de l’observation, les émotions et le contenu latent en s’appuyant sur le contenu,
l’expression des affects de la personne, voire des siens, et en s’assurant auprès de la personne de leur véracité. Elle peut
notamment viser à mettre en évidence les sentiments et émotions exprimées ou quasiment exprimées, qui accompagnent le
discours de la personne sans qu’elle en ait forcément conscience. Elle met en évidence du non-verbal (postures, rythmes,
expressions, silence, qui peuvent être observés au cours de l’entretien.

Il s’agit de reformuler le vécu, l’expérience, de mettre en évidence ce qui se passe et qui n’est pas forcément dit entre les
personnes, concernant le comportement, le processus, le vécu du client, du thérapeute, entre le client et le thérapeute.
Il est nécessaire d’être attentif, dans la formulation au registre du sentir, de la pensée et de l’imaginaire.
Le registre du sentir est le moins contestable. Toutefois, si je dis « je te sens en colère », je me mets à la place de l’autre et il n’a
plus sa place. Dire « Je sens que tu es en colère » permet de prendre la responsabilité de ce ressenti mais ne laisse toujours pas
beaucoup de place à l’autre. Il est préférable de revenir aux faits observés qui m’amènent à ressentir cela.
Le registre de la pensée est fonction de nos valeurs et se situe déjà dans l’interprétation. Là aussi, il est préférable de revenir aux
faits observés qui m’amènent à ressentir cela.
En revanche le registre de l’imaginaire peut permettre de faire des hypothèses mais nous fait sortir du registre de la reformulation.

Ex 1 : -« J’observe que depuis que vous me parlez de cette personne, vous ne me regardez plus »
-« Oui, c’est vrai… C’est difficile pour moi de vous parler de cette relation»
Ex 3 : -« Lorsque je vous vois serrer les poings de cette façon, j’imagine que vous êtes en colère ? »
-« Oui, peut-être, non… Je ne sais pas»

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Comment utiliser ces différents types de
formulation ?
Types de reformulation Situations d’entretien Effets recherchés

Reformulation simple : Le début, accueil de la personne, tes Empathie, Mettre un cadre contenant, diminuer
–Échos émotions, besoin de sécurité, de confiance, l’anxiété
–Synthèse besoin de rassurer
–Recentrage
–Résumé
Reformulation clarifiante Mettre en évidence ce qui semble implicite, Elargir le champ de conscience, Confrontation
faire avancer le processus qui n’avance plus,
faire des hypothèses.

Reformulation inversée Quand le processus n’avance plus, Quand on Déstabiliser, Changement, Recadrage, ouvrir la
veut faire voir le côté opposé, explorer la conscience, élargir le champ de conscience,
polarité inverse voir d’un autre angle

Reformulation du vécu et de Mise en évidence des processus, notamment Confrontation, Prise de risque, Élargissement
l’expérience de répétition, de blocage, dans la relation du champ de conscience
entre aidant et aidé

Valérie Andrianatrehina Posture thérapeutique : Ecoute active 36


L’utilisation de l’une ou l’autre de ces reformulations s’ajustera en fonction des
besoins.

Les reformulations non verbales, en miroir, en écho, de synthèse ou de recentrage


relèvent d’une attitude empathique. Il s’agit d’une relecture, d'une remise en forme.

La reformulation clarifiante - ou clarification - contient des éléments nouveaux, des


hypothèses et peut être plus confrontante.

L’efficacité de l’accompagnement réside dans l’art des ajustements d’intervention


et de régulation que choisira le thérapeute dans son entretien.

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2- Intervention d’évaluation ou de jugement :
Vos r ponses sont valuatives, c'est- -dire qu'elles impliquent un point de vue moral personnel et comportent un jugement (critique ou
approbateur) l’ gard de la personne. Vous indiquez comment pourrait ou devrait agir votre interlocuteur. Le discours comporte une
approbation ou une réprobation.

Ex 1 : Comment expliquez-vous que votre relation se soit d grad e ce point ?


Ex 2 : Votre comportement dans cette situation a t le bon, c’est ce qu’il fallait faire.
Ex 3 : C'est vraiment très généreux de votre part
Ex 4 : Comment avez-vous pu faire une chose pareille ?

Risque :
Si votre jugement est positif vous incitez la personne consid rer sa position actuelle comme la meilleure et s’y tenir, sans faire
l’examen critique du problème.
Si votre jugement est négatif, vous pouvez susciter chez la personne une réaction forte : d fense, justification, agressivité, inhibition,
culpabilité, angoisse, sentiment d’infériorité.
Dans tous les cas, en donnant votre avis, vous risquez ce fermer les possibilit s d’explorer le th me. Et vous pouvez ainsi tendre
imposer votre point de vue.

Bénéfice :
Si votre jugement est positif et que vous êtes sinc re en donnant raison l’autre, vous lui donnez le sentiment que vous vous engagez
moralement à ses côtés.
Si votre jugement est négatif, vous confrontez la personne, et dans la mesure où vous ne l’attaquez pas personnellement, vous pouvez
lui permettre une prise de conscience. Car c’est aussi gr ce la critique que la personne peut comprendre et reconna tre ses erreurs.

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3- Intervention de solution, suggestion, conseil, résolution :

Vos r ponses tendent apporter une solution imm diate. Vous indiquez ce qui doit être dit, fait ou pensé par la personne. Vous r agissez par
l’action et en poussant l’action. Vous proposez la personne une solution, un conseil, une direction suivre qui peuvent l’aider prendre une
d cision et agir.

Ex 1 : Je vous conseille de rester calme


Ex 2 : A votre place, je…
Ex 3 : Pourquoi ne partiriez-vous pas quelque temps
Ex 4 : Vous devez vous marier le plus vite possible

Risque :
Si cette solution vient trop t t ou est inappropri e, elle risque de susciter plus de r sistance que de conviction. La personne peut se sentir
éconduite.
Si cette solution choue, la personne risque de vous en faire porter la responsabilit .
Cette intervention risque galement de cr er un tat de d pendance en déresponsabilisant la personne, et donc limite l’autonomie de la personne.

Bénéfice :
La personne peut se sentir s curis e dans un premier temps.
En proposant une solution, vous êtes constructif, vous donnez potentiellement des id es auxquelles l’autre n’a pas pens concernant̀ tel ou tel
aspect d’un probl me.

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4- Intervention de consolation, soutien, de dédramatisation :

Vos r ponses sont des r ponses de soutien, visant apporter un encouragement, une consolation ou une compensation pour
soulager votre interlocuteur. Face la d tresse que vous ressentez chez votre interlocuteur, vous allez d dramatiser, généraliser,
encourager ou rassurer.

Ex 1 : Ce n'est pas grave


Ex 2 : On a tous connu ça
Ex 3 : Ne vous inqui tez pas, il suffit que vous en parliez explicitement votre femme
Ex 4 : Soyez sans crainte, votre mari ne peut pas mal r agir face a

Risque :
La personne peut avoir le sentiment que ce qu’elle ressent n’est pas justifi , que son souci n’existe pas ou qu’il n’est pas aussi
s rieux qu’elle se le repr sente. Cela peut la mener à une attitude passive ou à de l’opposition.
Vous risquez de ne pas prendre en compte l’ampleur du probl me de l’autre et ne pas l’amener le r soudre car cette intervention
ne permet pas de s’occuper r ellement du probl me pos . Ce peut être une fa on de s’en d barrasser bon compte.

Bénéfice :
Vous pouvez apporter un sentiment de sécurité. Lorsque ce que ressent la personne est très fort (col re, d pression, peur,…),
cette intervention de soutien peut la rassurer et elle peut se sentir prise en charge moralement.

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5- Intervention d’interprétation :

Vous proposez une explication du comportement, de la pensée ou du discours de la personne. Vos r ponses sont des
interpr tations de ce qui vous est dit. Vous visez en quelque sorte instruire l’interlocuteur au sujet de lui-m me, lui faire prendre
conscience de quelque chose, lui d montrer l’une ou l’autre chose. Vous visez indiquer comment votre interlocuteur pourrait ou
devrait se repr senter la situation.

Ex 1 : Vous dites ça parce que vous êtes jaloux


Ex 2 : Visiblement vous n'êtes pas sorti de votre Œdipe

Risque :
Vous risquez de faire dire à la personne ce qu’elle ne dit pas. De ce fait, la personne risque d’avoir le sentiment que vous dé́ formez
son propos, d’ tre incomprise.
Vous risquez de proposer des interpr tations erron es sur ce qui est dit et surtout sur les sentiments et les opinions de
l’interlocuteur, et ce faisant vous risquez d’abimer la relation en suscitant irritation, désintérêt, blocage.

Bénéfice :
Cela peut amener la personne à ouvrir son cadre de référence, changer de point de vue : en analysant lui proposant des
explications, vous donnez plusieurs éclairages et approches de la situation.

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6- Intervention d’investigation, d’enquête :

Vos r ponses sont investigatrices. Elles visent obtenir des donn es suppl mentaires, v rifier ou approfondir la discussion. Vous
indiquez que l’interlocuteur pourrait ou devrait examiner de plus pr s l’un ou l’autre aspect du probl me, souvent pour préparer une
interprétation, un conseil, une évaluation, pour établir un diagnostic.

Ex 1 : Dites-moi, est-ce la seule raison qui justifie l’ tat de votre relation ?


Ex 2 : Pourquoi avez-vous refusé cet emploi ?
Ex 3 : Quels souvenirs gardez-vous de votre père?

Risque :
Vous orientez le dépli de la situation en fonction de votre perception momentan e de la situation sans laisser la place à la personne
d’aller dans la direction qu’elle souhaite. Celle-c pourrait avoir l’impression que vous n’ tes pas satisfait par ce qu’elle vous dit, pire,
que vous ne le croyez pas.
Vous risquez d’impatienter ceux qui voudraient aller droit aux conclusions. Certaines personnes peuvent vivent un sentiment
d’inquisition, ou bien d’inhibition, voire de déni de façon à donner une image d’elles-mêmes positive.

Bénéfice :
Vous manifestez concrètement votre int r t pour la situation exposée et votre d sir de comprendre.
Cela vous permet d’aborder tous les aspects, de rassembler le maximum d’informations et de ne pas conclure trop vite sur des
apparences.
Vous permettez à la personne de déplier la situation qu’elle amène.

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Chacune de ces interventions comporte un aspect int ressant et
un risque.

Il est simplement important d’être attentif à la forme et de


s’interroger sur la libert que l’on laisse l’autre par ses
interventions.

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6

UNE AUTRE FORME D’INTERVENTION


QUESTIONNEMENT ET L’INVESTIGATION

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Une autre forme d’intervention : la centration

La personne est invitée à se centrer sur ce qu'elle vit ici et


maintenant.

« Qu'est-ce que tu sens maintenant ?" ; "Qu'est-ce qui vient


maintenant ?" ; "Comment êtes-vous après avoir parlé de tout ça ?"

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LE QUESTIONNEMENT ET L’INVESTIGATION :

Le questionnement est un bon outil, sous r serve que son usage soit en priorit destin l’autre
plut t qu’ soi.

Les diff rents types de questions :

1 - Questions ferm es :
« est-ce que », « savez-vous si », toutes questions dont les r ponses sont « oui ou non » ou les
questions avec un choix ferm .
Elles limitent les champs d’intervention. Une succession de questions fermées va progressivement
fermer le dialogue. La personne va peut être ressentir l’impression de subir un interrogatoire.
L’intérêt de ce type de question est de valider ou invalider une hypothèse, de cadrer, d’obtenir un
accord.

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LE QUESTIONNEMENT ET L’INVESTIGATION :

2 - Questions ouvertes :
Les questions ouvertes servent à comprendre, à faciliter
l'expression, à dialoguer, à échanger. Elles commencent par un
adverbe (pourquoi, combien, comment, quand) ou un adjectif/
pronom interrogatif (quel, quoi, qui) d’où le fameux QQOQCP
(Quoi, Qui, Où, Quand, Combien voire comment, Pourquoi).

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LE QUESTIONNEMENT ET L’INVESTIGATION :

3 - Questions d’approfondissement :
Les questions approfondissement servent à … approfondir la première réponse. Elles invitent la
personne à développer sa situation. Les questions d’approfondissement évitent de rester « en
surface ». Ce type de questionnement est aidant lorsque la personne s’exprime à base
d’adverbe.

L’adverbe, s’il apporte une information complémentaire, a l’inconvénient d’être vague (très,
beaucoup, rapidement …) et surtout subjectif. En revanche, il offre des pistes de
développement.

Autre type de questionnement proche : les questions de relais pour faire développer une
explication. La question reprend une partie de la réponse.
Exemples de questions d’approfondissement ou de relais :
C'est-à-dire … quand vous dites que cela n’a pas été facile, qu’est que vous voulez dire ?
Qu’entendez-vous par compliqué ?

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LE QUESTIONNEMENT ET L’INVESTIGATION :

L’important est d’avoir un questionnement le moins inductif possible.

Les questions inductives sont souvent des questions fermées dont la


réponse est contenue dans la question.

Il peut également s’agir de questions orientées de telle façon qu’elles


tentent d’amener de manière relativement subtile l’interlocuteur jusqu’au
point de vue souhaité.

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01 42 26 00 29

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Merci
9, cité de Trévise – 75009 Paris

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