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L’interprétation

 Définition
« Faciliter chez la personne la prise de conscience de liens entre ses
sentiments et son comportement ou entre sa façon de voir les choses
rationnellement et sa façon d’y réagir émotivement et cela, à partir des
connaissances et de l’expérience de l’aidant » (Hétu, 1986)
« reformulation du message du client à partir du schème de référence de
l’intervenant. L’intervenant fournit donc une nouvelle perspective ou
signification au message du client, au delà des perceptions, des pensées,
des sentiments et des actions du client. » (Lecomte et Bernstein)
« type d’intervention par lequel l’aidant communique sa compréhension
d’un élément du vécu de l’aidé… à partir de ses connaissances, de son
expérience, de son sens de l’observation ou de son intuition. » (Hétu, 2000)
« explications offertes au client dans le but d’augmenter sa compréhen-
sion de lui-même et de lui faire prendre conscience de ses sentiments, de
ses motivations et de ses problèmes. » (Beaudry et Trottier)
« Le reflet empathique est une forme d’interprétation profondément
humaine qui n’a rien d’automatique…Pour cette raison, nous pouvons
affirmer qu’il existe des niveaux de compréhension empathique qui se
reflètent dans nos réponses….Le reflet empathique de niveau avancé
consiste à élucider ou à interpréter le vécu du client à partir de la vision
personnelle de celui-ci mais en allant au-delà. En effet, par le reflet
empathique de niveau avancé, l’aidant facilite l’ouverture sur de
nouvelles perspectives en révélant au client un contenu implicite de son
discours. » (Egan)
« Veuillez noter que l’écoute et le reflet empathique de niveau avancé
concernent en premier lieu, ce que dit le client ou, tout le moins, ce qu’il
exprime même timidement ou confusément. » (Egan)
« deviner des réalités dont le client est à peine conscient. » (Rogers)

 Étapes à suivre dans la formulation d’une interprétation


1. utilisation d’une reformulation ou d’un reflet pour manifester sa
compréhension du message exprimé par la personne
2. communication de l’énoncé interprétatif du message pour élargir la
conscience de la personne
note : la formulation de l’interprétation doit faire ressortir qu’il
s’agit d’une hypothèse faite à partir du schème de référence de
l’aidant. La forme interrogative ou l’utilisation du « je » sont
fortement recommandées
(ex.: « J’ai l’impression que… », « Se pourrait-il que… ? », etc.)
3. Invitation faite à l’aidé d’exprimer son point de vue concernant
l’interprétation formulée afin d’en vérifier la validité
(ex. : « est-ce que je me trompe? », « qu’est-ce que çela te dit ? », etc.)
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 Conditions d’utilisation de l’interprétation
ne pas utiliser la confrontation dans les phases initiales de la relation
d’aide : attendre la mise en place d’une alliance thérapeutique
(relation de confiance et d’ouverture entre l’aidant et l’aidé)
bien comprendre le schème de référence du client avant d’utiliser son
propre schème de référence dans la formulation d’une interprétation
s’assurer que la formulation de l’interprétation s’appuie sur la
compréhension du client : l’aidant doit être capable de nommer les
indices comportementaux et expérientiels qui ont donné naissance à
cette interprétation. Elle ne doit pas s’appuyer sur les intuitions de
l’aidant basées principalement sur ses connaissances théoriques
être sûr de la validité et de la pertinence de l’interprétation proposée
s’assurer que l’interprétation est formulée à un moment où la
personne peut l’entendre, l’accepter et l’assumer
être sûr que l’interprétation ne peut être remplacée par une autre
habilité qui aurait un impact semblable (focalisation, confrontation,
question d’éclaircissement, etc.) : la dimension à interpréter doit être
essentielle à la personne pour la compréhension de soi ou de ses
expériences
posséder les connaissances théoriques appuyant la formulation
d’interprétations portant sur la personnalité ou sur différentes
expériences de vie (ex. : deuil, stress, séparation, mécanismes de
protection, etc.)
connaître les différents types d’interprétation :
1. interprétation portant sur les liens entre des éléments qui
n’ont pas entre eux de rapport apparent
2. interprétation évoquant un mécanisme d’adaptation
inconscient
3. interprétation attirant l’attention sur des « affaires non
finies » pouvant interférer avec l’expérience présente
4. interprétation s’appuyant sur une théorie ou des
connaissances
5. interprétation s’appuyant sur une observation
6. interprétation s’appuyant sur une expérience personnelle
7. interprétation s’appuyant sur une intuition

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 Utilité de l’interprétation
aider la personne à percevoir globalement une situation et à
approfondir la compréhension qu’elle en a
permettre à la personne de prendre conscience d’éléments qui lui
avaient échappés, qu’elle avait négligés ou encore qu’elle ne faisait
qu’effleurer
aider la personne à formuler clairement les sous-entendus ou les
insinuations
aider la personne à reconnaitre certains thèmes récurrents dans
l’expression de son vécu : sentiments (ex. : souffrance, anxiété,
dépression, etc.), comportements (ex. : contrôler les autres, fuir
l’intimité, blâmer autrui, etc.), expériences (être une victime, être
réprimandé, être ignoré, etc.) ou combinaison de tous ces éléments
amener la personne à considérer des schèmes de référence autres ou
encore à explorer de nouvelles perspectives de pensées et de
sentiments afin d’agir plus efficacement
aider la personne à mieux comprendre l’origine d’un sentiment ou
d’une réaction, la motivation d’un comportement, la place d’une
attitude, la relation existant entre des événements implicites et
explicites, etc.
permettre à la personne de s’approprier pleinement les expériences,
les comportements, les sentiments, les points de vue, les décisions qui
n’étaient qu’à moitié assumés
amener la personne à porter un regard différent sur les difficultés
rencontrées
permettre à la personne de tirer une conclusion logique d’énoncés
portant sur des éléments disparates
aider la personne à faire des associations qui lui échappent dans la
compréhension de soi
aider la personne à progresser dans la compréhension de son vécu
amener la personne à faire des liens entre les aspects émotifs,
comportementaux, interactionnels ou sociaux
permettre à l’aidant de communiquer ses intuitions professionnelles
en faisant des liens entre la théorie et les faits énoncés par l’aidé
favoriser une prise de conscience quand le temps d’intervention est
limité
etc.

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 Effets possibles de l’interprétation
 Suite à une bonne formulation
acceptation de l’interprétation
intégration de l’interprétation dans le processus d’exploration ou de
résolution de problèmes du fait que la personne se reconnait en tout
ou en partie dans l’énoncé
augmentation de l’engagement de la personne dans l’exploration et la
compréhension de soi
divulgation d’informations pertinentes
naissance d’un malaise en lien avec la dissonance cognitive
rejet ou correction de l’interprétation

 Suite à une mauvaise formulation


diminution du niveau d’exploration
passivité (la personne se fie davantage à la sagesse de l’aidant)
accroissement ou renforcement des résistances
contre-attaque en discréditant l’aidant
argumentation en vue de persuader l’aidant de changer d’opinion
(soit en se disant mal cité, en trouvant des témoignages qui confortent
nos vues, etc.)
la personne esquive le sujet
rejet de l’interprétation (la personne ne se reconnait pas dans
l’énoncé)
sentiment de menace
attitude défensive
etc.

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Bibliographie
 Auger, Lucien (1972). Communication et épanouissement personnel. La relation
d’aide. Montréal, Les Éditions de l’Homme. 172 pages.

 Bernstein, Bianca et Lecomte, Conrad (1982). L’interprétation. Notes de cours,


programme de counseling, Université de Montréal, 11 pages.

 Beaudry, Madeleine et Trottier, Germain (2001). Les habilités d’intervention en


service social individuel et familial. Développement et évaluation. Université Laval,
faculté des sciences sociales, école de service social, centre d’appui au
développement des pratiques et de la recherche en service social. 89 pages.

 Cameron, Milton (2008). Savoir écouter. Décodez les messages de vos


interlocuteurs. Les Éditions Québécor. Seconde édition. 129 pages.

 Egan, Gérard (2005). Communication dans la relation d’aide. Laval, Groupe


Beauchemin, éditeur ltée. Seconde édition. 466 pages.

 Fanzolato, Sylvie (2003). Les faces cachées de l’intervention en situation de crise.


Mont-Royal, Modulo Griffon. 240 pages.

 Hétu, Jean-Luc (2000). La relation d’aide. Éléments de base et guide de


perfectionnement. Montréal, Gaétan Morin Éditeur., 3e édition. 189 pages.

 Hétu, Jean-Luc (1986). La relation d’aide. Montréal, Edition du Méridien.

 Ivey, Allen E. et Gluckstern, Norma B. (1981). Les habilités fondamentales de


réceptivité. Manuel du participant. Traduction de Jean-Paul Daunais. Micro-
apprentissage. 102 pages.

 Pauzé, Élaine (1984). Techniques d’entretien et d’entrevue. Montréal, Modulo


Éditeur. 233 pages.

 St-Arnaud, Yves (2001). Relation d’aide et psychothérapie. Le changement


personnel assisté. Montréal, Gaétan Morin Éditeur, collection « Pratiques
professionnelles ». 434 pages.

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Notes personnelles

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