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Chapitre V

L’entreprise : définitions, classifications et


approches

Pr.Hind HOURMAT ALLAH


2020-2021
1. Une première ébauche de définition
- L’entreprise est l’agent économique dont la fonction principale est la
production de biens et services destinés à être vendus sur un marché.
- L’entreprise est une unité de production destinée à un marché, ayant une
certaine autonomie et visant le rendement de l’employé, du propriétaire et du
capital.
- Une entreprise est une organisation qui met en œuvre différents moyens
appelés facteurs de production, de façon si possible optimale pour
atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée pour la production ou la
commercialisation de biens ou de services.
- L’entreprise est une cellule économiquement spécialisée dans la production
de biens et services, échangés sur des marchés en vue de satisfaire des
besoins (la consommation).

2. Les critères de classification


- La classification des entreprises présente l’avantage de pouvoir faire des
comparaisons, d’analyser l’évolution de l’appareil productif, de dégager des
tendances.
- Les entreprises peuvent être classées selon des critères économiques ou
juridiques.

2.1. Classification par branche et secteur d’activités


Les notions de branche et de secteur renvoient à une classification des entreprises
d’après leur production.
- Branche : regroupe des unités de travail homogènes c’est-à-dire fabriquant
une même catégorie de biens et services.
- Secteur : regroupe toutes les activités des entreprises exerçant la même
activité principale, quelques soient leurs activités secondaires.
Aussi, on distingue trois secteurs d’activités :
- Le secteur primaire : regroupe les entreprises dont l’activité principale est en
rapport avec la nature (agriculture, pêche, industries extractives…).
- Le secteur secondaire: regroupe les entreprises de transformation (industries,
bâtiments et travaux publics…).
- Le secteur tertiaire: regroupe les entreprises de services comme les banques,
les assurances, tourisme, distribution, le transport, l’enseignement

2.2. Classification par taille


La taille est un critère de classement important. Elle se mesure par des critères tels
que :
- Le nombre de salariés,
- L’activité et le chiffre d’affaires,
- Le capital social,
- La rentabilité.
On distingue les grandes entreprises, les PME (les petites et moyennes entreprises)
et les micro-entreprises (les toutes petites entreprises).

Remarque :
- On distingue également le groupe, qui est un ensemble de sociétés ayant des
relations financières et économiques et contrôlées soit par une société mère,
soit par une société de portefeuille (Holding).
- La multinationale ou la transnationale: il s’agit généralement une grande
entreprise qui possède des unités de production implantées dans plusieurs
pays gérées selon une stratégie mondiale.

2.3. Classification par statut juridique


2.3.1. Entreprises du secteur privé:
Le secteur privé regroupe les entreprises dont les capitaux nécessaires sont apportés
par des personnes privées. On distingue:
- Les sociétés de capitaux (ou par actions) dont la société anonyme et la
société en commandites par actions.
o Société anonyme : Les associés (minimum 5 personnes) se regroupent en
fonction du capital à constituer. Le capital minimal requis est de
300.000 dh pour les sociétés anonymes ne faisant pas appel à
l’épargne public et de 3.000.000 dh avec appel public à l’épargne.
o Société en commandite par actions : est une forme sociale hybride où on
retrouve certaines des caractéristiques spécifiques à la société en
commandite simple et certaines autres inhérentes à la société
anonyme. Elle met en présence deux genres d’associés :
 Les commandités : sont des commerçants, seuls autorisés à gérer
et leur responsabilité est illimité.
 Les commanditaires : sont des actionnaires tenus à concurrence de
leurs apports seulement.
- Les sociétés de personnes dont la société en non collectif et la société en
commandite simple.
o Société en non collectif : dont les associés ont tous la qualité de
commerçants, mettant en commun leurs ressources et acceptent
conjointement de partager les risques, les responsabilités et les
bénéfices.
o Société en commandite simple : obéit aux même dispositions que la société
en nom collectif, mais à la différence de celle-ci, se distingue par la
présence de deux catégories d’associés :
 les commandités : soumis aux règles des associés de la société.
 les commanditaires : simples bailleurs de fonds, responsables à
hauteur de leurs apports.
- Les sociétés mixtes: il s’agit des SARL (sociétés à responsabilité limitée) qui
s’apparentent à la fois aux sociétés de personnes et aux sociétés de capitaux.
o La responsabilité des membres de la société est limitée à la valeur de
leurs actions.
o Une personne minimum peut créer une SARL et 50 personnes au
maximum avec un chiffre d’affaires minimum de 10.000 dh.

2.3.2. Les entreprises du secteur public


Ce sont des entreprises qui, comme les entreprises commerciales, produisent des
bien et des services en vue de les vendre à un prix qui doit couvrir
approximativement leur prix de revient, mais qui sont propriété de l’Etat ou placées
sous son contrôle. On distingue généralement:
- L’Office : organisme public à gestion financière autonome et opère dans un
secteur particulier (Ex. ONCF, ONE, ONP).
- La Régie : société publique qui offre un bien ou un service marchand non
financier. Elle dispose d’une autonomie financière, mais pas une
personnalité juridique (Ex. RADEEMA).
- L’établissement public : une des sociétés à caractère industriel et commercial
dont la collectivité assure la gestion. L’Etat détient la totalité du capital social
(Ex: Société nationale des autoroutes).

2.3.3. Les entreprises de l’économie sociale :


Leur objectif n’est pas la réalisation de profit. On distingue :
- Les sociétés coopératives : ces sociétés sont très développées dans le
domaine agricole. Elles se constituent pour regrouper les moyens nécessaires
et investir ou pour assurer la distribution des produits de leurs sociétés
(exemple : Le bon lait).
- Les sociétés mutualistes : ce sont des organismes ne poursuivant aucun but
lucratif et où les membres s’assurent mutuellement contre certains risques
(exemple : CNOPS).
- Les associations sans but lucratif : elles sont répandues dans beaucoup de
domaines, (domaine sportif, domaine caritatif…) et gèrent parfois des
sommes très importantes.

3- Les différentes approches de l’entreprise

1- L’Approche économique ou traditionnelle

L’approche économique considère l’entreprise comme l’ensemble des agents


économiques dont la fonction principale est de produire des biens et des services
s’échangeant habituellement sur un marché.
Les principales fonctions attribuées à l’entreprise dans cette approche sont :
- La production des biens et services.
- La distribution des biens et services.
- La répartition de la richesse.

a. La production des biens et services

L’entreprise est considérée comme une boîte noire utilisant des facteurs de
production (travail, capital, ressources naturelles) qu’elle combine pour obtenir un
produit ou rendre un service. Elle supporte des coûts, correspondant à la
rémunération des facteurs utilisés, qui doivent être compensés par les recettes
résultant de sa production.

L’opération de production se définit par l’opération de transformation par le travail


(et le capital) d’un certain nombre des biens et services (input) afin de réaliser un
produit fini (output).
Les biens et services qui vont subir cette transformation peuvent êtres classés en
deux types : Biens et services primaires qui sont directement extraits de la nature, Biens
et services intermédiaires ayant déjà subi une certaine transformation.

Tableau 2 : les Facteurs de production utilisés par l’entreprise

Facteurs de
Composition Liens avec la production
production

Heures de main Les salariés d’une entreprise


Facteur travail d’œuvres du participent à la réalisation de
personnel plusieurs cycles de production

Ces biens permettent la réalisation


Capital
Terrains, immeubles, de plusieurs cycles de production,
technique
machines,… et leur achat porte le nom
fixe
d’investissement

Ces biens disparaissent (fuel) ou


sont incorporés au produit fini
Capital
(bois) à chaque cycle de
Facteur technique Fuel, bois, fil,…
production. L’utilisation de ces
capital circulant
biens porte le nom de
consommation intermédiaire.

Ces biens disparaissent


Facteur naturel Charbon, mines,…
généralement lors de la production

Allaire, Y. et Firsirotu, M.E , 1999, p : 636

b. La fonction de répartition de la richesse

Les entreprises créent des richesses en apportant de la valeur ajoutée. Ces richesses
sont ensuite réparties dans le circuit économique. Il s’agit des recettes constituant la
contrepartie monétaire de la production de l’entreprise. Ces recettes sont réparties
par la suite entre les diverses parties prenantes.

Les bénéficiaires de la répartition des revenus sont :

- Le personnel
- Les administrations (l’Etat et la sécurité sociale)
- Les apporteurs de capitaux
- Les prêteurs
Pour calculer cette valeur ajoutée, il faut déduire de la valeur de la production, au
prix du marché, les coûts de toutes les consommations intermédiaires évalués aux
coûts du marché.
Tableau 3: Répartition de la richesse par l’entreprise

Agents rémunérés Nature de


rémunération

Le personnel Salaires, primes,


La rémunération des
commissions
facteurs de
production L’Etat et organismes Impôts, cotisations
sociaux sociales

Les prêteurs Intérêts

Les apporteurs de Dividendes


capitaux

L’entreprise Revenus non distribué

c. La fonction de distribution
La fonction de distribution a un rôle d’interface entre les producteurs et les
consommateurs. Il s’agit de l’ensemble des activités visant à mettre à disposition du
consommateur ou distributeur un produit au bon moment, au bon endroit, en
bonne qualité, et au moindre coût.

Grâce à la fonction de distribution, l’entreprise crée de la valeur en orientant ses


produits vers le marché (lieu de rencontre entre l’offre et la demande). Les prix y
sont déterminés ainsi que les quantités offertes et demandées.

La fonction de distribution assure les activités suivantes:

- Informer le consommateur sur le produit et ses caractéristiques ;


- Faire remonter un flux d’information du consommateur vers le producteur ;
- Participer aux opérations promotionnelles ou publicitaires ;
- Offrir des services au consommateur accompagnant ou facilitant l’achat et
l’utilisation du produit (SAV, livraison, préparation).

2- L’Approche sociale

A côté de la fonction production et répartition des richesses, l’approche sociale a


développé une nouvelle fonction qui est la fonction « organisation » dans
l’entreprise. Cette fonction se définit donc comme étant le processus permettant de
créer une structure organisationnelle favorisant la collaboration efficace entre les
individus afin d’atteindre les objectifs de l’entreprise.

Selon cette approche, l’entreprise est un groupement humain qui fait appel à un
ensemble d’intervenants: Personnel, État, Organismes financiers, Ménages, Autres
Entreprises.

L’entreprise assure de ce fait un double rôle social :


- D’abord, c’est une cellule de base de la vie en société car l’individu passe un
temps considérable de sa vie au travail. Le rôle de l’entreprise se matérialise
dans la conciliation de ses objectifs de rentabilité avec ceux du « bien être
personnel » afin de constituer un groupe social motivé par un projet qui
assure la cohésion du groupe.
- Ensuite, elle est investie de missions en participant à la lutte pour de grandes
causes sociales (lutte contre l’exclusion, participation à des compagnes
d’intérêt national). L’entreprise est citoyenne dans la société.

3- L’Approche systémique

Selon F. Perroux1, l’entreprise est « un système, une cellule complexe, allant des
multiples fonctions qui règlent son activité (direction, distribution et production)
aux rapports sociaux (conflits, oppositions...) qui s’y établissent. De plus, elle est en
échange constant avec l’extérieur ».

Le concept de système est forgé autour de trois idées clés :

- C’est un ensemble d’éléments reliés entre eux.


- Il est immergé au sein d’un environnement.
- Un système s’adapte et évolue, conservant une certaine permanence au
travers de modifications incessantes.
L’entreprise est un système complexe, ouvert, finalisé et évolutif
a. L’entreprise est un système complexe

1
Economiste Français. Sa pensée se situe dans le cadre d’une économie politique qui doit s’inscrire dans un
ensemble de disciplines qui étudient la société.
L’entreprise est composée de sous-systèmes en interaction permanente entre eux
d’une part et avec l’extérieur d’autre part. Pour comprendre son fonctionnement, il
faut :

- Une vision globale


- Une prise en compte des liaisons entre éléments
- Une étude des liaisons avec l’environnement
b. L’entreprise est un système ouvert

L’entreprise échange des flux d’informations, physiques et financiers :

- Elle reçoit des flux de son environnement (intrants) et lui en restitue après
traitement (extrants).
- Elle sauvegarde une frontière avec l’environnement constituée par sa
structure.
- Elle met en place des procédures de régulation (décisions et actions) pour
recentrer son fonctionnement en fonction des objectifs.
c. L’entreprise est un système finalisé

Les finalités d’une entreprise traduisent sa vocation : exister et survivre, se


développer et se diversifier, assurer la rémunération du capital et du travail,
conserver son indépendance, permettre les satisfactions d’ordre social de son
personnel. Ces finalités peuvent s’exprimer dans le projet d’Entreprise. Pour
atteindre ses finalités, l’entreprise se fixe des objectifs. Ces objectifs sont de nature :

- Interne (ex : amélioration des conditions de travail,…)/ Externe (ex :


distribuer les dividendes aux actionnaires, devenir une entreprise
citoyenne,…).
- Générale (ex : augmenter le bénéfice de 25% dans deux ans,…)/ Spécifique
(ex : diminuer le coût unitaire de production,…)
- Économique (ex : maintenir la rentabilité d’exploitation,…)/ Sociale (ex :
développer une image de marque, informer au mieux le consommateur,…)
d. L’entreprise est un système évolutif

L’entreprise est un système qui naît, se développe et disparaît. Elle se développe


par :

- Les investissements
- La création et l’innovation
- Le développement de la clientèle, de son personnel
- Les "mariages" avec d’autres Entreprises
- Les fusions – absorption
L’entreprise est condamnée à évoluer sous peine de disparaître.
VI- Le cycle de vie de l’entreprise

Comme tout individu, l’entreprise, ou l’organisation, évolue en suivant un cycle de


vie qui comprend essentiellement quatre phases : la phase d’introduction, la phase
de croissance, la phase de maturité et la phase de déclin.

Ces phases sont directement liées à l’âge, à l’histoire, à la nature, à la taille, au


chiffre d’affaires de l’entreprise et au cycle de vie de ses produits. Chaque étape se
caractérise par différentes activités, différents besoins et différents défis.

- Phase d’introduction ou de lancement : est une période de mise au point, de


présentation du produit, de création de l’offre marché. L’entreprise rencontre
divers problèmes comme : l’absence de formation administrative, peu
d’expérience dans la gestion,…
- Phase de Croissance : est une période où le marché est en plein
développement. Il est caractérisé par l’apparition de la concurrence et le
besoin d’investissement pour maintenir la part de marché. Parmi les
problèmes rencontrés par l’entreprise, on peut citer : l’absence de structure
formelle, peu de délégation d’autorité,…
- Phase de Maturité : dans cette période, le produit est reconnu, rentable et le
marché ne progresse pas. Il y a une perte de goût du risque et une saturation
du marché. L’entreprise doit donc apporter des éléments de solution
comme : la conception de nouveaux produits, la valorisation du travail, la
circulation de l’information,…
- Phase de déclin : le marché est en régression. L’entreprise connaît une
diminution des ventes et des prix.

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