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Pousin Frédéric. Notions et outils pour appréhender le paysage urbain. Une approche épistémologique. In: Cahiers de la
Méditerranée, n°60, 1, 2000. Paysages urbains (XVIe-XXe siècles). Tome II [Actes du colloque de Grasse, décembre
1998] pp. 1-20;
doi : https://doi.org/10.3406/camed.2000.1270
https://www.persee.fr/doc/camed_0395-9317_2000_num_60_1_1270
Frédéric POUSIN
CNRS. UMR LOUEST. Paris X
î - "Une ville, une campagne de loin...: paysages pascaliens", Littérature n° 61, fev. 86,
2 - "Qu'est ce qu'un paysage ? A consulter les dictionnaires et malgré leurs variations, on
constatera de solides constances sémantiques dans leurs définitions. Citons en trois : Robert :
"partie d'un pays que la nature présente à l'oeil qui le regarde" - Larousse : "Étendue d'un pays
que l'on peut embrasser dans son ensemble"- Littré : "Étendue d'un pays qu'on voit d'un seul
aspect. "Pour nos trois auteurs tout paysage implique un regard, toutefois dans les deux
dernières définitions, ce regard est ramassé dans l'unité d'un sujet, se dissimulât-il dans
l'anonymat d'un "on" ou dans la modalité du possible, sujet véritablement constructeur du
spectacle qu'il se donne dans l'abstraction des conditions objectives qui en permettent la prise
en compte
Tout paysage implique un regard, mais celui-ci peut n'être point premier, antérieur au monde
qu'il perçoit. L'oeil de Robert reçoit ce que la Nature présente, c'est-à-dire cette partie d'un
pays où l'oeil est déjà immergé et le corps sensible enfoui avant même ce geste où un paysage
se recueille. Dès lors à suivre notre auteur, le paysage dans l'oeil qui le regarde, à la mesure de
cet oeil, naîtrait ou apparaîtrait d'une pliure du "pays" dans sa "partie", repli qui serait la
présentation d'un kunstwollen de la Nature par où celle-ci accéderait à la représentation", ibid.
p. 5-6.
POUSIN Frédéric : Notions et outils pour appréhender le paysage urbain.
3 - Cf. Becte, Jean-Marc, "Représenter la ville ou la simuler ? (Réflexions autour d'une vue
d'Amsterdam au XVIème siècle), LIGEIA 19-20, Juin 1997, p. 43-55.
4 -Cf. Pousin, F., "Projet de ville, projet de paysage", LIGEIA, op. cit. , p. 112-120.
5 - Cf. Berque Augustin, "La forme de Tokyo. Parler du paysage, c'est le faire", LIGEIA, op.
cit. p. 92-95. Toutefois il nous a été donné de rencontrer une occurrence de ce terme dans les
travaux de géographes au début du siècle.
6 - Cullen, G., Townscape, Architectural Press, 1961, The concise Townscape, éd. with new
material, Architectural Press, 1971.
POUSIN Frédéric : Notions et outils pour appréhender le paysage urbain.
7 - Venturi, R., Scott Brown, D., Izenour, S., Learning from Las Vegas, MIT Press, 1977, tr.
fr. L'enseignement de Las Vegas ou le symbolisme oublié de la forme architecturale, Mardaga,
1977.
8 - Cf. Cohen, Jean-Louis, Saper vedere Las Vegas, Lotus 93, pp. 96-108.
9 - Cf. Berque, Augustin, Les raisons du paysage, Hazan, Paris, 1995.
10 -"In fact there is an art of relationship just as there is an art of architecture" (p. 7)
1 1 - Cf. Jackson, John Brinckerhoff, "Landscape as theater", Landscape 23, n°l, 1979.
POUSIN Frédéric : Notions et outils pour appréhender le paysage urbain.
12 - Cf. J.P. Chupin, Le projet analogue : Les phases analogiques du projet d'architecture en
situation pédagogique, thèse de Ph.D. en aménagement, Université de Montréal, janvier 1998,
ch. 2 "Horizons et limites des représentations méthodologiques de la conception architecturale".
13 - Cf. les théories du paysage développées en France par A. Berque et A. Roger, cf. Roger,
Alain, Court traité du paysage, Paris, 1997.
14 - "By breaking down the environment into its constituent parts the ecologist can fight for his
national parks, local authority for its green belts, antiquarians for conservation areas and so on.
This is already happening " pi 6.
POUSIN Frédéric : Notions et outils pour appréhender le paysage urbain.
15 - La notion à' optics se décline au travers d'une seule catégorie : serial vision qui donne lieu
à trois exemples. La seconde notion, place, se décline suivant 48 catégories toute empiriques
dont la signification se dégage de la relation entre l'image et son commentaire. Donnons pour
exemple : possession, occupied territory, viscosity, enclaves, indoor landscape and outdoor
room, etc.... La troisième notion content est, elle aussi, confrontée à la nécessité de se décliner
suivant plusieurs catégories, dont certaines sont dites traditionnelles : great landscape,
metropolis, town, arcadia, park industrial, arable, wild nature. Au total 32 catégories en réalité
très empiriques également, dont certaines ont pour fonction de relier la perception à l'imaginaire
comme the tale tell.
La quatrième notion est constituée par la tradition fonctionnelle et déclinée suivant 9 catégories
qui vont de la structure à la route en passant par la texture, le texte (lettering), etc...
16 - Cf. Pousin F. : "Le carnet de croquis, journal de bord de l'architecte"
17 - N. Goodman, Les langages de l'art, Éditions J. Chambon, Nîme, 1990
18 - Venturi, R., et al. , op. cit., p. 17.
19 - "Dresser la carte des composants Nolli à partir d'une photographie aérienne fournit une
coupe étonnante des systèmes du Strip. Ces composants, séparés et redéfinis, pourraient être du
terrain vague, du bitume, des automobiles, des bâtiments et des espaces cérémoniels.
Ensemble, ils décrivent pour Las Vegas l'équivalent du chemin du pèlerin, bien qu'il y manque,
comme à la carte de Nolli, les dimensions iconologiques de l'expérience." p. 32
20 - Deux ordres du Strip : celui visuel, évident, des éléments de la rue et l'ordre visuel difficile à
percevoir des bâtiments et des enseignes. La zone de la grand route est un ordre partagé. La
zone hors de la grand route est un ordre individuel. Les éléments de la grand route sont d'ordre
civique. Les bâtiments et les enseignes sont privés. Ensemble ils englobent la continuité et la
discontinuité, le mouvement et l'arrêt, la clarté et l'ambiguïté, la coopération et la concurrence,
la communauté et l'individualisme farouche. Le système de la grand route régularise les
fonctions délicates des entrées et des sorties, aussi bien qu'il confère au Strip l'image d'un
ensemble cohérent. Il crée également des lieux où de nouvelles entreprises peuvent croître et
contrôle la direction générale de cette croissance. Il permet sur toute sa longueur, la diversité et
le changement et règle l'ordre compétitif et contrasté des entreprises individuelles, p. 34.
21 - Venturi, R. , Scott Brown, D., Izenour, S., L'enseignement de Las Vegas, op. cit. p. 84.
22 - Cf. les recherches sémiotiques ultérieures pour rendre compte de la construction du sens
de l'architecture et de l'urbain, notamment Rénier, A., Les représentations mentales de
personnes concernées par le quartier de la gare à Strasbourg, Agence d'urbanisme de
l'agglomération strasbourgeoise, 1988 ; Rénier, A., Groupe , L'eau et l'urbain à Laval, Paris,
Plan urbain 1989-92.
POUSEN Frédéric : Notions et outils pour appréhender le paysage urbain.
:
par cette propriété. Ainsi, une église peut exemplifier la géométrie de son plan
au sol.
Chez Cullen, on peut considérer que les fragments d'espaces urbains
convoqués exemplifient les catégories qui les dénotent. Toutefois, ces
fragments sont appréhendés par la vue, puis mis en image, ce qui introduit
plusieurs niveaux de complexification. Il s'agit d'une étude que nous avons
commencée et qui demande à être avancée.
Nous allons maintenant présenter l'entreprise de R. Venturi et D. Scott
Brown à Las Vegas qui, elle aussi, est une entreprise d'apprentissage du regard
et qui se positionne indépendamment des recherches méthodologiques sur le
design en architecture, bien qu'à l'instar des travaux d'inspiration systémique
évoqués dans notre parenthèse, ils placent la complexité au centre de leur
réflexion. Mais la prégnance accordée au regard et la volonté d'en rendre
compte nous ont fait choisir ce texte comme fondateur d'une pensée
architecturale sur le paysage urbain. Citons Venturi :
"La rue commerçante, le Las Vegas Strip en particulier -
exemple par excellence - lance à l'architecte le défi de la
regarder positivement, sans préjugés. Les architectes ont
perdu l'habitude de regarder l'environnement sans
jugement préconçu parce que l'architecture moderne se veut
progressiste, sinon révolutionnaire, utopique et puriste ;
elle n'est pas satisfaite des conditions existantes " I8
Remarquons que dans la formulation des auteurs, c'est la rue
commerçante qui lance le défi au regard de l'architecte. On retrouve ici
l'inversion de la direction entre regard et paysage relevée par Louis Marin
dans la définition de Robert.
En outre, Venturi et son équipe revendiquent une investigation
délibérée du côté des formes et outils de représentation, sans se référer au
"visual planning ".
La ville de Las Vegas est présentée comme un archétype de la ville
commerçante. La comparaison est menée avec la Rome du XVIIIème siècle, et
le plan établi par Nolli sert de modèle pour construire une représentation de
Las Vegas, avec pour objectif de faire voir les liens complexes et sensibles
entre espaces privés et publics de la ville. C'est le modèle de la ville
européenne et méditerranéenne que Venturi convoque comme point de repère.
La transposition du plan de Nolli est faite à partir d'une vue aérienne de Las
Vegas '9.
Venturi et son équipe se livrent ainsi à une véritable entreprise de
sémantisation des composants de la grande artère commerçante, qui entend
intégrer les recherches issues de la géographie des représentations, notamment
POUSIN Frédéric : Notions et outils pour appréhender le paysage urbain.
les études menées par Kevin Lynch et son équipe sur les représentations de
l'expérience en milieu urbain.
Nous voudrions examiner les notions et catégories - iconographiques et
cognitives - mises en oeuvre par Venturi et son équipe.
La cartographie est déclinée sous ses multiples formes, dans des
finalités parfois non conventionnelles : par exemple une carte d'utilisation des
sols permet de révéler un plan de base systématique des casinos. Les cartes de
distribution montrent des types d'activités à des fins comparatives, la carte des
rues permet de dégager et de mettre en relation mouvements et axialité
symbolique.
C'est toujours la double fonction d'enregistrement et de révélation d'un
ordre spatial, d'une densité, voire d'une intensité d'utilisation ou de kilowatts
qui est sollicitée dans la carte. Elle fait ainsi accéder au visible une information
d'un autre ordre.
Pour saisir la profusion du visuel de Las Vegas la diversité des formes
d'expression photographique est utilisée, parmi laquelle l'iconographie
touristique, en particulier les panoramas photographiques. L'inventaire
descriptif de ce qui s'offre à la vue recourt à des catégories composites
empruntées à l'architecture, à l'histoire de l'art, à la représentation. La
description n'isole pas les objets de leur environnement, de même qu'elle relie
intérieur et extérieur.
Parallèlement les auteurs proposent d'organiser le visible à partir de
deux catégories, le partagé et l'individuel, qui recoupent en fait l'opposition
public/privé issue du droit. Leur ingéniosité consiste à superposer cette
opposition archétypique des études urbaines à celle bricolée à partir d'une
théorie de la communication : le code partagé et le bruit qui peut être ramené à
une collection d'idiosyncrasies20.
Ainsi un ordre visuel désormais double, partagé et singulier, peut-il
s'énoncer au moyen de couples d'oppositions constituant des descripteurs
néanmoins hétérogènes. C'est grâce à une forme de pensée non dualiste que
Venturi assemble alors les pôles de ces couples d'opposition en une tension
complexe, caractérisée par la célèbre expression :"à la fois". La notion de
système permet en outre de relier des fonctionnalités urbaines hétérogènes au
sein d'une globalité porteuse de cohérence.
Venturi et son équipe empruntent aussi à l'histoire de l'architecture des
outils d'interprétation. Outre l'utilisation du plan de Nolli déjà commentée, sa
description de la relation architecture/ville recourt au parallèle graphique à la
même échelle comme outil de comparaison. Il convoque aussi comme points de
repère les idéaux de la modernité américaine incarnée par Wright et Broadacre
City .
POUSIN Frédéric : Notions et outils pour appréhender le paysage urbain.
ANNEXE I
POUSIN Frédéric : Notions et outils pour appréhender le paysage urbain. 12
ANNEXE II
POUSIN Frédéric : Notions et outils pour appréhender le paysage urbain. 13
ANNEXE III
POUSIN Frédéric Notions et outils pour appréhender le paysage urbain. 14
: ANNEXE IV
T,
POUSIN Frédéric Notions et outils pour appréhender le paysage urbain. 15
:
ANNEXE V
: ANNEXE VI
ANNEXE VII
: ANNEXE VIII
Hôtels et casinos
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ANNEXE IX
ANNEXE X