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La construction reste un grand souci pour la majorité des pays européens,... https://www.monde-diplomatique.

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La construction reste un grand souci


pour la majorité des pays européens
Le problème du logement — dès la fin de la dernière guerre mondiale — est resté un sujet
d’actualité, souvent un sujet d’urgence. Pour faire face aux destructions engendrées par la
guerre, pour loger une population en constante augmentation et pour renouveler un patrimoine
immobilier qui se déprécie constamment, les gouvernements ont fait de gros efforts, soit au
travers du financement direct, soit par le truchement d’une aide à l’industrie privée. Il en est
résulté un véritable « boom » de l’industrie du bâtiment, état qui se prolonge encore
actuellement. On peut penser, à la lumière des statistiques, que cet essor d’une industrie qui est
souvent un élément économique-clef se prolongera encore des années durant. Récemment la
Commission économique pour l’Europe (C.E.E.), qui possède un comité technique de l’habitat, a
étudié le problème.

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��� manière générale, les pays européens ont pu presque totalement à ce jour solutionner

deux aspects d’un problème qui a trois faces. Les destructions de la dernière guerre
mondiale ont été effacées et l’accroissement constant de la population est suivi par une
augmentation parallèle des logements mis à sa disposition. Il était de toute logique que
ces deux aspects reçoivent une priorité, mais il n’en demeure pas moins qu’actuellement
la troisième face constitue un peu le revers de la médaille : il s’agit des constructions destinées à lutter
contre le vieillissement du patrimoine immobilier. De par l’urgence des deux autres problèmes, cet
aspect a été souvent négligé, et il constitue néanmoins un élément important, que ce soit sur le plan
économique ou sur le plan social.

Sur le plan économique, la fortune immobilière d’un pays représente une part non négligeable de ses
richesses, et il convient de lutter contre une dépréciation rapide, sans compensation correspondante.
À l’heure actuelle le propriétaire rencontre déjà de nombreuses difficultés : étant donné le caractère
social du logement, les loyers ont été bloqués dans plus d’une nation à des niveaux restés inférieurs au
coût actuel de la vie, ce qui rend la tàche de conservation du propriétaire difficile. De par cette
situation, le vieillissement des immeubles, faute de réparations, a tendance à s’accélérer, et il convient
de pallier une évolution qui peut aboutir, à plus ou moins long terme, à une situation inquiétante qui
aurait des répercussions économiques dépassant largement le cadre du domaine immobilier.

Sur le plan social, le vieillissement des immeubles entraîne un accroissement des taudis, contre lequel
on lutte déjà dans tous les pays européens.

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Selon les données qui sont généralement presque identiques dans toutes les nations, on peut arriver à
calculer la situation, les besoins et les réalisations.

Situation particulièrement sérieuse en France


La France constitue l’un des pays où la situation est sérieuse, en dehors de la zone européenne des
pays sous-développés comme l’Espagne, le sud de l’Italie et la Grèce.

On estime qu’en France la proportion actuelle des immeubles vétustes est trop grande. Selon des
enquêtes effectuées par le ministère de la reconstruction et de l’urbanisme, l’âge moyen d’un
immeuble à Paris est de quatre-vingt-dix ans, et pour toute la France plus d’un tiers du patrimoine
national a un siècle d’âge. Il est vrai aussi que la France est l’une des nations qui a le plus bloqué les
prix des loyers, et que la situation de certains propriétaires y est insoluble.

En partant sur la base d’un taux annuel d’accroissement de la population de trois cent mille habitants,
nécessitant environ soixante-quinze mille logements nouveaux par an, on peut estimer la situation
immobilière de la France et l’urgence d’un développement intensif de la construction.

Les difficultés de l’U.R.S.S.


Dans d’autres nations le problème est moins aigu. En partant des mêmes données que pour la France,
en Belgique il faut une moyenne annuelle de trente-cinq mille logements nouveaux. Avec quarante-
cinq mille logements construits en 1954, la Belgique construit maintenant sur une base suffisante.
C’est le cas également pour la Norvège, le Danemark et la Suisse. En Finlande et en Suède on connaît
des difficultés. Au Royaume-Uni, la lutte contre les immeubles vétustes est un souci, et les Pays-Bas ne
peuvent au rythme de leurs constructions en 1954 suivre les besoins, nécessités entre autres par une
progression démographique proportionnellement plus importante.

En U.R.S.S., la pénurie quantitative de logements dans les régions urbaines est importante. Si l’on se
basait sur une augmentation annuelle de deux millions cinq cent mille âmes des régions urbaines, il
faudrait environ vingt ans à l’U.R.S.S. pour rattraper le retard par rapport à la moyenne pièce-
habitant des pays industriels de l’Europe. On peut penser qu’étant donné l’effort de construction
consenti au travers des plans pour les années à venir, ce retard sera comblé plus tôt, mais il faut
également tenir compte du fait que la progression démographique des régions urbaines en U.R.S.S.
est estimée actuellement à trois millions cinq cent mille âmes par année. C’est dire que le leader des
pays de derrière le rideau de fer ne jouit pas d’une situation immobilière aussi satisfaisante que les
pays de l’Europe occidentale. Du reste, à la lumière des chiffres connus, l’U.R.S.S. semble être le plus
mal logé des pays communistes européens. La moyenne de logements par mille habitants est de deux
cent dix-neuf pour l’Europe orientale, y compris l’U.R.S.S. Elle est de deux cent cinquante pour cette
même région, l’U.R.S.S. non comprise. Pour l’Europe occidentale et centrale, cette moyenne atteint
270, et pour l’Europe méridionale elle atteint 224. Toutefois la différence entre ces régions est en fait
plus grande que ne l’indiquent les chiffres, puisque les logements en Europe occidentale et centrale
sont plus grands qu’en Europe méridionale et orientale.

Un problème international

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Il en résulte que la situation, spécialement prise sous une optique à long terme, reste tant soit peu
précaire, si l’on veut éviter un amoindrissement constant du patrimoine immobilier. À l’intérieur d’un
pays, et le phénomène est général à toute l’Europe, le vieillissement est plus rapide dans les régions
rurales que dans les groupements urbains. A la campagne on emploie beaucoup le bois, moins la
pierre et peu le béton, c’est-à-dire un emploi en raison inverse à la durée du matériel. De plus
certaines mesures modernes de protection appliquées dans les immeubles urbains, pour l’écoulement
des eaux par exemple, sont encore rares en campagne, où un certain traditionnalisme joue également
contre un renouvellement fréquent des logements.

Aussi, en définitive, et malgré la grande intensité de travail qui règne actuellement dans la
construction, le problème du logement reste un grand souci tant économique que social. La solution
n’est jamais définitive, et c’est par une lutte constante que l’on peut arriver à maintenir un équilibre
nécessaire au développement d’autres facteurs économiques.

J����� L� M����

Mot clés: Ville Logement Industrie Seconde guerre mondiale 1939-1945 URSS France Europe de l’Ouest

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