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installe-en-europe_6220161_3234.html

 Économie
 Crise du logement

Pourquoi la crise de l’immobilier


s’installe en Europe
De la Suède à l’Espagne en passant par les Pays-Bas et la Grèce, les classes moyennes
peinent de plus en plus à se loger dans le centre des grandes villes. L’insuffisance des
constructions et les excès du tourisme ont accentué la pénurie, alors que les prix restent
élevés.

Par Eric Albert (Londres, correspondance), Sandrine Morel (Madrid, correspondante),


Marina Rafenberg (Athènes, correspondance), Cécile Boutelet (Berlin, correspondance),
Anne-Françoise Hivert (Malmö (Suède), correspondante régionale), Jean-Pierre
Stroobants (Bruxelles, correspondant) et Allan Kaval (Rome, correspondant)

En 2022, lorsque les taux d’intérêt se sont envolés, le scénario d’un grand krach
immobilier européen était redouté. Il n’a pas eu lieu, mais il n’y a guère de quoi se
réjouir. A la place, le marché est entré dans une phase de quasi-gel, avec un fort
ralentissement du nombre de ventes, une insuffisance des nouvelles constructions et un
tassement des prix immobiliers qui restent historiquement très élevés, limitant
l’accession à la propriété des jeunes.

Dans toute l’Europe, les prix des logements ont reculé ou stagné en 2023. Ils ont chuté
de 5 % en Allemagne, de 2 % au Royaume-Uni comme en France, et ont légèrement
progressé de 2 % à 3 % en Italie et en Espagne, selon les données de l’agence de
notation Fitch, dans un rapport sur l’immobilier mondial publié en décembre 2023.
« Nous prévoyons des prix stables ou en hausse modérée en 2024 et 2025 », estime
l’agence. La France fait néanmoins figure d’exception, avec un recul des prix de 2 % à
4 % prévu cette année.

Les conditions économiques laissaient craindre bien pire. La Banque centrale


européenne a augmenté ses taux d’intérêt de – 0,5 % à 4 % entre septembre 2019 et
septembre 2023, la plus forte hausse de l’histoire de la monnaie unique. Mais, en zone
euro, les prêts sont majoritairement à taux fixes sur de longues durées. Dans ces
conditions, la hausse des taux n’affecte pas ceux qui ont déjà emprunté, mais seulement
les nouveaux acheteurs qui, dès lors, ont plus de mal à décrocher un prêt à la banque.

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés Logement : pourquoi le choc d’offre
promis depuis 2017 n’a pas eu lieu
Les propriétaires qui ont des prêts à taux fixes bas, eux, évitent de déménager, de peur
de ne pas pouvoir décrocher un nouvel emprunt. Ce qui grippe le marché, en réduisant
le nombre de biens à la vente – en Allemagne, le nombre de prêts immobiliers a par
exemple baissé de moitié en deux ans. En France, les transactions immobilières ont été
réduites d’un quart. En outre, le nombre de constructions est insuffisant, notamment
dans les pays pris d’assaut par les touristes durant la saison estivale, et dans ceux qui ont
accueilli des réfugiés ukrainiens depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, début
2022.

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