LUNDI 17 AOÛT 2020
« Elisabeth II, une reine
Masque en entreprise,
télétravail : la rentrée
sous tension
Deepol by plainpicture
SUR
DANIEL FORTIN
ÉDITO ÉCO À 7H15
DANS LE 6H30-9H DE SÉBASTIEN KREBS
ISSN0153.4831
NUMÉRO 23263
Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,50 €.
Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80.
Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg
3,80 €. Maroc 31 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie
5,00 TND. Zone CFA 3100 CFA.
« Elon Musk, l’entrepreneur
dans son siècle » Episode 11
l Le gouvernement veut rendre, fin août, le masque
obligatoire dans les salles de réunion et les couloirs.
l La ministre du Travail remet aussi l’accent sur
le télétravail, à privilégier dans les zones où le virus
circule le plus comme Paris ou les Bouches-du-Rhône.
Universités :
Paris-Saclay
atteint le Top 15
du classement
de Shanghai
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Le
travail de regroupement des uni-
versités et grandes écoles françai-
ses porte ses fruits cette année dans
le célèbre classement de Shanghai.
Créée l’an passé, Paris-Saclay, for-
mée entre autres de Paris-Sud,
AgroParisTech et Centrale Supé-
lec, se hisse à la 14e place. Une per-
formance inédite pour une univer-
sité tricolore. D’autres regroupe-
ments se traduisent par des pro-
gressions : Paris Sciences et Lettres
113e ANNÉE
26PAGES et l’Université de Paris décrochent
les 36e et 65e places. Harvard cara-
cole toujours en tête du classe-
ment, devant Stanford et Cam-
bridge. // PAGE 2 ET L’ÉDITORIAL
DE DANIEL FORTIN PAGE 12
// P. 11
Biélorussie
et Turquie, deux
nouveaux fronts
diplomatiques
pour les Vingt-Sept
DIPLOMATIE Réunis en urgence,
par vidéoconférence, les ministres
des Affaires étrangères de l’UE sont
prêts à sanctionner plus durement
la Biélorussie où l’élection d’Alexan-
dre Loukachenko est contestée et la
répression avérée. Les chefs de la
diplomatie des Vingt-Sept éprou-
vent en revanche des difficultés à
coordonner leur discours vis-à-vis
de la Turquie. Ankara est à la
recherche d’hydrocarbures au
large de Chypre. L’initiative fran-
çaise d’envoyer des avions de chasse
et une frégate prêter main forte à
Athènes fait grincer des dents
notamment en Allemagne, qui
craint une nouvelle vague de
migrants. // PAGE 4
séries
du siècle » Episode 1
// PAGE 3
Washington
lâche la bride
sur les
émissions
de méthane
ÉNERGIE L’Agence américaine de
protection de l’environnement
(EPA) a assoupli les règles relatives
aux émissions de méthane géné-
rées par l’exploitation de gise-
ments de gaz et de pétrole. A trois
mois de l’élection présidentielle,
ces mesures représentent un gain
important pour les petits produc-
teurs de pétrole et de gaz, mis en
difficulté par la crise et l’effondre-
ment des cours mondiaux. L’EPA
chiffre entre 750 et 850 millions de
dollars, les économies potentielle-
ment générées par ces assouplisse-
ments, pour une augmentation de
1 % des émissions de méthane du
secteur pétrolier. Mais la mesure
ne fait pas l’unanimité. // PAGE 15
// P. 10
d’été
Wall Street reparti
vers des records
MARCHÉS C’est presque comme
si Wall Street était déjà en train de
tourner la page de la crise sani-
taire. L’indice S&P 500 cote tout
juste en dessous de son niveau de
février, un record historique éta-
bli juste avant que la tempête du
Covid-19 ne s’abatte sur l’écono-
mie mondiale.
Cette remontée s’explique par
l’envolée des valeurs technologi-
ques comme Amazon, Microsoft
ou Netflix qui profitent à plein de
la crise sanitaire et pèsent tou-
jours plus lourd. La valorisation
d’Apple tutoie ainsi les 2.000 mil-
liards de dollars.
Avec la pandémie, la fièvre des
biotechs s’est emparée de Wall
Street. Les montants levés lors de
leurs introductions en Bourse
depuis le début de l’année ont
atteint le record de 9,4 milliards
de dollars. Les investisseurs
misent sur d’hypothétiques vac-
cins ou traitements. // PAGE 20
Europe : Le point de vue de
Thierry Breton
l’impératif de L’Europe a fait le choix,
la souveraineté historique, de la solidarité pour
affronter la crise et financer
la relance. Elle doit désormais
prendre en main ses intérêts
stratégiques. Face à la « guerre
technologique » à laquelle
se livrent les Etats-Unis
et la Chine, l’Union européenne
se doit de jeter, dès maintenant,
les bases de sa souveraineté
pour les vingt prochaines
années. // PAGE 8
Le casse-tête des
mobilités urbaines
Romuald Meigneux/Sipa
Au lendemain du déconfinement, 50 km de pistes cyclables
supplémentaires ont été ouvertes à Paris, ici rue de Rivoli.
TRANSPORTS Les pistes cycla- Ceci alors que encore 80 % des
bles suffiront-elles à compenser trajets domicile-travail se font
la désaffection pour les bus et les encore en voiture. Les transports
métros ? La crainte du Covid de masse sont bouleversés. En
pénalise les transports publics. Le juillet les opérateurs comptaient
télétravail vide les lignes un peu 50 % de passagers en moins. Si
plus. Les nouvelles exigences éco- cela perdure, le financement des
logiques poussent les collectivités infrastructures et projets sera fra-
à multiplier les voies réservées gilisé. La politique de la mobilité
aux vélos et autres trottinettes. tourne au casse-tête. // PAGE 14
FRANCE Lundi 17 août 2020 Les Echos

Classement de Shanghai : Paris-Saclay

dans le Top 15 mondial des universités
l Le regroupement des universités et grandes écoles françaises porte ses fruits cette année dans le célèbre classement.
l Créée l’an passé, Paris-Saclay se hisse à la 14e place. Une performance inédite pour une université tricolore.
ENSEIGNEMENT
SUPÉRIEUR
C’est une performance. Dans la 18e
édition du célèbre classement de
Shanghai, publiée samedi matin, la
France place un établissement dans
le Top 15 des meilleures universités
mondiales. Paris-Saclay, créée l’an
passé, décroche pour sa première
apparition dans le classement le 14e
rang. « C’est une belle reconnaissance.
Il n’y a que quatre pays dans le Top 20,
les USA, le Royaume-Uni, la France et
la Suisse », souligne Alain Sarfati,
ancien président de l’université Paris-
Sud et professeur à Paris-Saclay. Cela
« concrétise la politique de regroupe-
ment conduite ces dernières années ».
Paris-Saclay, sacrée « cham-
pionne mondiale en mathémati-
ques » dans le classement thémati-
que de Shanghai dévoilé en juillet,
regroupe entre autres des établisse-
ments habitués de la classification
chinoise comme Paris-Sud, Agro-
ParisTech ou encore Centrale Supé-
lec. Son très bon score récompense
cette nouvelle organisation.
Idem pour l’université Paris
sciences et lettres (PSL) et l’univer-
sité de Paris, qui décrochent respec-
tivement les 36e et 65e places. Née
l’an dernier, PSL compte notam-
ment l’ENS et Paris-Dauphine
parmi ses composantes, deux éta-
blissements qui avaient brillé dans
le précédent palmarès de Shanghai.
Paris-Descartes (Paris-V) et Paris-
Diderot (Paris-VII), refondues dans
l’université de Paris en 2019, figu-
raient également parmi les
10 meilleurs établissements natio-
naux inscrits au Top 500 lors de la
précédente édition.
« La future loi
de programmation
de la recherche,
avec un
investissement
de 25 milliards
d’euros sur les
dix prochaines
années, contribuera
encore davantage
à cette distinction
française. »
FRÉDÉRIQUE VIDAL
Ministre de l’Enseignement
supérieur
« Ces nouveaux modèles d’universi-
tés font la preuve de leur pertinence et
sont désormais reconnus à l’étranger,
témoignant de la qualité de notre
enseignement et de notre recherche au
plan international », s’est félicité la
ministre de l’Enseignement supé-
rieur, Frédérique Vidal, dans un
communiqué. « La future loi de pro-
grammation de la recherche, avec un
investissement de 25 milliards d’euros
sur les dix prochaines années, contri-
buera encore davantage à cette distinc-
tion française », a-t-elle assuré.
Si les regroupements ont pro-
pulsé les universités françaises
dans le prestigieux « ranking », ils
ont aussi fait reculer le nombre
d’universités tricolores réperto-
riées. Seuls 17 établissements fran-
çais sont cette année dans le
Top 500 et 30 dans le Top 1000, con-
tre respectivement 21 et 35 en 2019.
Cinq universités françaises
dans le Top 100
Les envolées de ces nouvelles uni-
versités parisiennes s’accompa-
gnent d’un renforcement des scores
de certains piliers de l’enseigne-
ment supérieur : Sorbonne Univer-
sité, douze fois répertoriée dans le
classement thématique 2020 chi-
nois, gagne cinq places et arrive au
39e rang. L’université Grenoble-Al-
pes, entre dans le Top 100 pour s’ins-
taller au 99e rang. Au final, cinq uni-
versités françaises figurent parmi
les 100 meilleures premières uni-
versités mondiales.
Rentrée universitaire : priorité au présentiel
Pour le reste des établissements
tricolores, l’édition 2020 de Shan- L’accueil de tous les capacités d’accueil nominales », y du masque sera « recommandé » « Et la circulaire, qui n’a aucun
ghai offre quelques surprises. L’uni- étudiants sera privilégié, compris quand la distanciation dans les espaces clos, y compris caractère obligatoire, n’y changera
versité de Côte d’Azur, qui regroupe mais avec des mesures ne peut pas être observée. « Sans « à l’occasion des déplacements », rien. » Alors que le ministère avait
plusieurs écoles et l’ancienne uni- sanitaires. Un numéro grande surprise », souligne-t-on sans être obligatoire si la distan- lancé un appel à projets sur
versité de Nice, entre dans le Top d’équilibrisme entre retour au SNESup, le principal syndicat ciation physique peut s’appliquer. « l’hybridation des formations »
500 (301-400e), à l’instar de Paul-Sa- massif en cours et maîtrise de l’enseignement supérieur, et finance 15 programmes en ce
batier à Toulouse (201-300 e ). de la circulation du virus. puisque le ministère se fonde Trop tard sens, le syndicat dénonce un
Les universités d’Auvergne, de sur un décret du 27 juillet dédié Les salles devront être aérées « au « double discours ». « Si l’on ne
Bourgogne et Rennes-I progres- Les amphithéâtres, désertés aux mesures générales pour faire moins deux fois par jour » et les contraint pas les universités à privi-
sent. Cependant, l’université de depuis le 16 mars en raison de la face à l’épidémie, qui posait déjà équipes veiller à ce que leurs « jau- légier le retour généralisé en cours,
Toulouse-I, classée entre la 201e et la crise sanitaire, ne seront plus vides la primauté de l’accueil de tous. ges » soient adaptées en amphi- on se dirige vers un décrochage
300e place l’an passé, chute entre la longtemps : toutes les universités Pour autant, si la circulaire théâtre. Les « flux de circulation » massif », s’inquiète Anne Roger.
301e et la 400e place. Lille conserve devront rouvrir leurs portes pour n’apporte « pas de grande nou- devront être maîtrisés avec « limi- Pour Guillaume Gellé, cette lati-
sa place acquise en 2018 dans le Top accueillir le « plus grand nombre veauté », « elle réaffirme que notre tation du brassage pour éviter des tude donnée aux établissements
500, mais régresse également. d’étudiants » à la rentrée. C’est ce premier rôle est d’accueillir les regroupements et des croisements est bienvenue : « Ce sont les équipes
Pour le reste, Harvard caracole que préconise le ministère de étudiants », se félicite Guillaume trop importants ». Cela concerne pédagogiques qui sont le plus à
en tête du classement pour la dix- l’Education supérieure dans une Gellé, président de la commission à la fois les établissements, les même de fixer les modalités en fonc-
huitième année d’affilée, tandis que circulaire publiée le 6 août, mar- formation et insertion profes- campus, les résidences et les res- tion des contraintes. » Et de préci-
Stanford et Cambridge conservent quant sa volonté d’une reprise la sionnelle de la Conférence des taurants universitaires, précise la ser que certaines ont déjà imaginé
leurs traditionnelles deuxième et plus normale possible des cours. présidents d’université. note. Quant aux bibliothèques uni- des rotations d’étudiants ou de
troisième places. Autre tendance Alors que la circulaire précé- Ce « présentiel d’abord » à l’uni- versitaires, le masque y sera « obli- dupliquer les amphithéâtres par
qui se confirme : la Chine poursuit dente, datant du 11 juin, recom- versité est un vrai défi sur le plan gatoire en toutes circonstances ». « télétransmission en simultané ».
son ascension, avec 81 universités mandait une « rentrée hybride », sanitaire, puisque « la densité [y] Mais selon Anne Roger, cose- Un recours anticipé au numé-
inscrites au Top 500, contre 66 l’an c’est-à-dire un mélange d’ensei- est plus forte que dans les écoles, col- crétaire générale du SNESup, ces rique, par ailleurs recommandé
dernier. — C. A. gnement sur place et à distance, le lèges et lycées », rappelle le minis- recommandations « arrivent trop par la circulaire, qui alerte sur
curseur a bougé. La priorité est tère. Un mètre (ou un siège vacant) tard » : « les équipes se sont déjà le risque de seconde vague et

( Lire l’éditorial
de Daniel Fortin
Page 12
désormais clairement donnée au
présentiel, pour « se rapprocher,
dans la mesure du possible, des
devra ainsi séparer chaque étu-
diant, dès que cela sera possible.
Surtout, le port « systématique »
organisées sur un modèle hybride,
à l’époque où la distanciation phy-
sique primait », explique-t-elle.
appelle les universités à se prépa-
rer à d’éventuels reconfinements
localisés. — Ma. G.

Les bacheliers des quartiers difficiles pénalisés pour les études supérieures
Selon une étude du Céreq,
les étudiants ayant obtenu
leur bac dans un lycée
de quartier prioritaire
accèdent moins fréquem-
ment aux études les plus
sélectives et font face à une
insertion professionnelle
plus difficile.
Les jeunes ayant obtenu leur bac
jeunes ayant obtenu le bac en 2013.
Les jeunes résidant en QPV, davan-
tage scolarisés dans des lycées
« défavorisés » où « le niveau scolaire
est plus faible » intègrent majoritai-
rement la filière professionnelle.
Selon le Céreq, 38 % des bacheliers
en QPV en 2013 sont titulaires d’un
bac pro, contre 23 % pour ceux issus
des autres quartiers des unités
urbaines englobantes (AQUUE) de
ailleurs le relativement faible taux
d’engagement dans les études post-
bac (70 % contre 77 % pour les bache-
liers des AQUUE). Pourtant, les élè-
ves des quartiers difficiles en bac
professionnel ont davantage ten-
dance à poursuivre leurs études vis-
à-vis des autres bacheliers de cette
filière. Le résultat, selon le Céreq,
d’une « insatisfaction plus prégnante
à l’égard de l’orientation à l’entrée du
lycée ». Aiguillés en priorité vers ces
f i l i è r e s , l e s j e u n e s , s o u ve n t
« confrontés à des difficultés d’accès
aux stages et aux contrats d’appren-
tissage », voient dans la poursuite
des études une façon de « s’armer en
vue de leur future entrée sur le marché
du travail » conjuguée à une « forte
espérance d’ascension sociale ».
contre 32 % des autres étudiants. Ils
sont aussi plus nombreux sur les
bancs des universités. La résultante
d’une « autocensure » en termes de
candidature, mais aussi d’une orien-
tation par défaut à la suite d’un refus
en filière sélective.
Mais « la formation des jeunes en
QPV, bac plus souvent professionnel
ou technologique, les prépare moins
bien aux formations générales que
un cycle d’études supérieures sor-
tent sans diplôme (20 % pour les
autres étudiants). Moins nombreux
à atteindre les diplômes des niveaux
les plus élevés, ces jeunes occupent
plus fréquemment des postes
d’employés ou d’ouvriers (à hauteur
de 45 % contre 35 % pour le reste de
la population interrogée). L’étude,
qui signale « leurs trajectoires profes-
sionnelles plus erratiques », met

dans un lycée de quartier prioritaire
de la politique de la ville (QPV) ont
des scolarités plus courtes et moins
prestigieuses que les autres. C’est le
constat que dresse le Centre d’études
et de recherches sur les qualifica-
tions (Céreq), à l’issue d’une enquête
réalisée en 2016, en partenariat avec
l’Agence nationale de la cohésion
des territoires, sur un échantillon de
ces mêmes agglomérations. « Les
pratiques d’orientation des lycées ne
sont pas neutres : les bons élèves
auront les mêmes préconisations
d’orientation, mais on dirige plus les
étudiants vers le bac professionnel »,
explique Thomas Couppié, cher-
cheur au Céreq et auteur de l’étude.
Le nombre important de bache-
liers professionnels explique par
34 %
ENVIRON DES JEUNES
issus de quartiers prioritaires
et engagés dans un cycle
d’études supérieures sortent
sans diplôme.
Etudes moins prestigieuses
Lorsqu’ils poursuivent des études
supérieures, les jeunes issus des
QPV postulent moins souvent aux
filières jugées élitistes (écoles d’ingé-
nieurs, de commerce…), et priori-
sent les formations de proximité.
Par exemple, les sections de techni-
ciens supérieurs (BTS, IUT) concen-
trent 45 % des bacheliers des QPV,
sont les licences », pointe le Céreq. Et
près d’un jeune sur deux issus des
QPV échoue à l’université. Un pro-
blème qui pourrait, selon Thomas
Couppié, être endigué avec « la géné-
ralisation de l’orientation en BTS sur
avis favorable du conseil de classe » et
un meilleur accompagnement.
Près de 34 % des jeunes issus de
quartiers prioritaires engagés dans
l’accent sur l’insatisfaction générée
par des postes moins qualifiés : 35 %
des bacheliers des QPV occupant un
emploi salarié s’estiment utilisés en
dessous de leur niveau de compé-
tence. Aussi, le Céreq dénonce-t-il
« le bilan mitigé de plusieurs décen-
nies d’éducation prioritaire au regard
des inégalités scolaires massives ».
— C. A.
Les Echos Lundi 17 août 2020
Le gouvernement accélère sur
le port du masque en entreprise
SANTÉ
La ministre du Travail,
Elisabeth Borne, va
proposer ce mardi aux
partenaires sociaux
que le port du masque
dans les salles de
réunion et les espaces
de circulation en
entreprise soit obliga-
toire dès la fin août.
Stéphane Dupont
@DupontEchos
et Leïla de Comarmond
@leiladeco
Les chiffres commencent à faire
peur. Plus de 3.300 cas de coronavi-
rus ont été recensés en France sur
les dernières vingt-quatre heures, a
annoncé samedi soir Santé Publi-
que France. Du jamais-vu depuis la
fin du confinement, le 11 mai. Le
nombre de nouvelles contamina-
tions, qui tournait autour de 1.000
quotidiennement fin juillet, a forte-
ment augmenté depuis, et le taux de
positivité des personnes dépistées
continue de progresser, à 2,6 %. Ce
qui avait amené mardi dernier le
Premier ministre, Jean Castex, à
appeler les Français à « se ressaisir ».
Selon les dernières données offi-
cielles, près d’un quart de ces nou-
velles infections ont lieu sur le lieu
de travail. Un ratio préoccupant qui
pousse l’exécutif à souhaiter la géné-
ralisation du port du masque en
entreprise. Le gouvernement pré-
sentera mardi aux partenaires
sociaux « les premières évolutions »
qu’il propose introduire dans les
règles devant s’y appliquer, annonce
la ministre du Travail, Elisabeth
Borne, dans le « JDD ». Les déci-
sions seront prises « dans les jours à
venir » pour que « les nouvelles règles
puissent s’appliquer d’ici à la fin
août », quand la plupart des Fran-
çais seront rentrés de vacances et
auront repris le travail. « Les indica-
teurs ne sont pas bons. Il faut en tirer
les conséquences », explique-t-elle.
« Le port obligatoire du masque »
sera préconisé « dans les salles de réu-
nion, où il n'y a pas d'aération natu-
relle » et dans « les espaces de circula-
tion », précise la ministre. « Nous
allons aussi réexaminer les guides
métiers en tenant compte de ce que
nous avons pu observer dans les clus-
ters professionnels », indique-t-elle.
Pas question, en revanche, de reve-
Le Sénat sonne de nouveau l’alerte
sur l’insécurité chez les maires
POLITIQUE
Après les récentes
agressions survenues
cet été contre des
maires, le président
de la Haute
Assemblée, Gérard
Larcher, a écrit à
Emmanuel Macron
pour réclamer
des « actes forts »
et des « mesures
immédiates ».
Joël Cossardeaux
@JolCossardeaux
Les agressions violentes dont plu-
sieurs maires viennent de faire
l’objet amènent le Sénat, la chambre
qui représente les communes, à se
poser à nouveau en lanceur d’alerte
sur ce sujet. Selon le « JDD », le pré-
sident de la Haute Assemblée,
Gérard Larcher, a écrit à la fin de la
Pour la ministre du Travail, Elisabeth Borne, « les indicateurs ne sont pas bons ». « Il faut en tirer
les conséquences », souligne-t-elle dans le « JDD ». Photo Bertrand Guay/AFP
nir à la règle de 4 m2 par salarié en
vigueur à la sortie du confinement et
abandonnée au début de l’été pour la
règle du mètre de distance.
Prudence du ministère
sur les open spaces
Reste la question des open spaces,
ces espaces sans séparations
regroupant plusieurs bureaux. Sur
ce sujet, le ministère du Travail sou-
haite encore consulter le Haut
Conseil de santé publique, notam-
ment sur l'efficacité des vitres de
plexiglas, déjà installées par de
nombreuses entreprises, pour pro-
téger les salariés.
Une chose est sûre, en revanche,
le gouvernement ne veut pas du
statu quo et entend faire bouger les
choses. Sans se montrer trop direc-
tif toutefois. Car il veut éviter de trop
contraindre les entreprises, de peur
de casser la reprise de l’activité à
l’œuvre depuis le déconfinement.
Et aussi dans le souci de ne pas bra-
quer le patronat, qui considère les
semaine à Emmanuel Macron pour
réclamer des « actes forts » et des
« mesures immédiates ». Il pointe
notamment la « faiblesse de la
réponse pénale », l’agresseur du
maire délégué de Portbail n’ayant
écopé que d’un rappel à la loi.
Douze propositions
pas toutes satisfaites
Philippe Bas, le président (LR) de la
commission des Lois du Sénat,
vient, lui, d’écrire au Premier minis-
tre, Jean Castex, pour obtenir « la
mise en place urgente d’un plan gou-
vernemental pour la sécurité des
maires ». Pour le sénateur de la
Manche, « ces actes de violence met-
tent en lumière l’insécurité à laquelle
les maires continuent d’être confron-
tés dans l’exercice de leurs missions
quotidiennes ». Il laisse poindre une
certaine impatience dans sa lettre
au chef du gouvernement, estime
que « la République ne peut […] lais-
ser [les maires] seuls face aux risques
auxquels leur fonction les expose ».
Le parlementaire n’en est pas, en
effet, à sa première alerte. En octo-
règles sanitaires actuelles comme
suffisantes. A la différence des syn-
dicats, qui, eux, se montrent favora-
bles à un durcissement des règles
sur le port du masque.
La ministre
du Travail insiste
sur la nécessité
du télétravail, qu’« il
faut mettre en place
chaque fois que c’est
possible dans les
zones de circulation
active du virus »,
comme Paris et les
Bouches-du-Rhône.
A l’occasion d’une première réu-
nion, vendredi, avec le ministère du
Travail, les représentants des entre-
prises ont dit leur « crainte d’un ren-
forcement des interdictions et des
bre dernier, la commission des lois
du Sénat avait présenté des recom-
mandations au gouvernement
d’Edouard Philippe. Cette initiative
avait été prise après la mort de Jean-
Michel Mathieu, maire du village
de Signes (Var). L’édile avait été ren-
versé par une camionnette dont il
voulait verbaliser les occupants
pour s’être débarrassés de leurs gra-
vats sur le bord de la route.
En préambule à ces recomman-
dations, le document sénatorial
indiquait, sur la foi d’un question-
naire renseigné par 3.812 maires,
adjoints et conseillers délégués, que
92 % d’entre eux ont eu à subir des
incivilités, des injures et des mena-
ces. En outre, 14 % des répondants
ont déclaré avoir été victimes d’atta-
ques physiques, pour un total de
543 agressions.
Au vu de ce constat, 12 proposi-
tions avaient été émises dont la moi-
tié a été « partiellement ou totalement
prises en compte », selon Philippe
Bas. Parmi celles-ci, figurent le ren-
forcement des pouvoirs de police
des maires et leur protection juridi-
obligations générales alors qu’il faut
travailler dans chaque entreprise en
fonction de son métier et de ses situa-
tions de travail », résume l’un d’eux.
Ils voient aussi d’un mauvais œil la
volonté du gouvernement de repas-
ser au crible les quelque 90 fiches
métiers et guides de branche exis-
tants. Tout comme l’obligation,
pour les employeurs, de prendre en
charge le coût des masques, évo-
quée par Elisabeth Borne ce diman-
che dans le « JDD » et qui est une
demande unanime des syndicats.
Dans le « JDD », la ministre du
Travail insiste par ailleurs sur la
nécessité du télétravail, qu’« il faut
mettre en place chaque fois que c’est
possible dans les zones de circula-
tion active du virus », comme Paris
et les Bouches-du-Rhône. Des pro-
pos qui pourraient inciter les
entreprises ayant encouragé le
retour des salariés sur site avant les
vacances d’été à rebasculer, au
moins en partie, dans le travail à
distance à la rentrée. n
que, reprises dans la loi engagement
et proximité du 27 décembre 2019.
En revanche, d’autres recom-
mandations « sont restées sans suite
à ce jour », déplore Philippe Bas.
L’idée d’un dispositif d’accompa-
gnement systématique des maires
agressés, incluant une assistance
psychologique et placé sous la vigi-
lance des préfectures et des sous-
préfectures, n’a pas été reprise.
La balle est dans le camp de l’exé-
c u t i f. L e P r e m i e r m i n i s t r e
s’était exprimé avec fermeté à la
suite de l’agression du maire de
Saint-Philippe-d’Aiguille, dénon-
çant sur Twitter des « faits » et des
« violences inadmissibles ». n
92 %
DES MAIRES, ADJOINTS
et conseillers délégués,
interrogés par le Sénat
(3.812 au total), indiquent
avoir subi des incivilités,
des injures et des menaces.
Handicapés :
le système d’aide
à l’emploi à bout
de souffle
SOCIAL
Dans un rapport
remis au président
de la République,
l’Igas dresse un
constat sévère
du système de
quota pour l’emploi
des handicapés.
« Complexité inouïe » du « mille-
feuille des dispositifs » assortie
d’une « recherche désespérée de
coordination » des nombreux
acteurs ; « espoir déçu du guichet
unique » que devaient consti-
tuer les maisons départementa-
les des personnes handicapées
créées en 2005 ; effets d’éviction,
effets de substitution, effets
d’aubaine, délais de traitement,
absence de garantie d’une éga-
lité dans le processus de recon-
naissance de la qualité de tra-
vailleur handicapé ; « angle
mort du non-recours »...
Le rapport remis au prési-
dent de la République que vient
de publier sur Internet l’Inspec-
tion générale des affaires
sociales (Igas) dresse un constat
sévère de la politique d’aide
à l ’a c c è s e t a u m a i n t i e n
dans l’emploi des travailleurs
handicapés.
Leur taux de chômage est le
double du taux moyen et l’objec-
tif affiché dans la loi de 2005
d’une obligation d’emploi de tra-
vailleurs handicapés de 6 %
dans les entreprises n’est tou-
jours pas atteint quinze ans
après, à 5,5 % dans le secteur
public et seulement 3,5 % dans
le privé. Le signe des limites de
la politique de quota focalisée
sur la reconnaissance adminis-
trative du handicap.
« Questionner les fonde-
ments du modèle »
Cet état des lieux d’un « modèle
fissuré et en décalage avec les
attentes et les besoins » est
d’autant plus inquiétant que l’on
compte déjà 2,8 millions d’actifs
reconnus administrativement
comme handicapés et deux fois
plus déclarant un problème de
santé durable et des difficultés
dans les tâches au quotidien…
Alors même que ces popula-
tions sont appelées à croître
sous l’effet du vieillissement de
la population active et du report
des départs en retraite.
Dans ce contexte, l’Igas est
allée plus loin que les différents
travaux antérieurs sur lesquels
elle s’est appuyée, dont celui réa-
lisé avec l’Inspection générale
des finances. Elle a choisi de
« questionner les fondements du
modèle actuel pour proposer un
débat démocratique et aux pou-
voirs publics différents choix pos-
sibles », explique Nathalie Des-
tais, cheffe de l’Igas en
préambule du rapport. L’Inspec-
tion plaide pour revoir la logique
Les Libanais autorisés à solliciter
des visas pour la France
IMMIGRATION La France va recommencer à délivrer des visas
aux Libanais « par solidarité » après l’explosion dévastatrice du
4 août à Beyrouth, alors que ce service était jusqu’ici suspendu en
raison de la crise sanitaire en cours dans le pays, a annoncé
dimanche le Quai d’Orsay. Toutefois, « les personnes de onze ans
ou plus venant du Liban, pays de circulation active du virus, devront
se soumettre à un test PCR à leur arrivée en France ». En cas de test
positif, les personnes devront s’isoler pendant deux semaines.
FRANCE // 03
qui sous-tend le système. « Privi-
légier des outils simples et adapta-
bles sur le terrain » pour répon-
dre aux attentes et besoins des
personnes handicapées au lieu
de les faire entrer dans des cases
administratives… Une « révolu-
tion » fondée sur « l’emploi
accompagné » en vigueur
ailleurs et introduite en France
en 2016 par la loi El Khomri, qui a
eu des premiers résultats encou-
rageants, mais se heurte au
« cadre administratif complexe ».
Du côté des entreprises, l’idée
est de « passer d’une gestion de la
contrainte à une politique active
d’intégration » et pour cela
d’encourager les employeurs à
procéder à des « aménagements
raisonnables ». Cette notion,
évoquée par une directive euro-
péenne de 2000, est considérée
comme majeure par l’Igas,
concernant les processus de
recrutement, les aménage-
ments des postes de travail et la
gestion des carrières, alors que
« l’activité professionnelle est en
cause dans deux tiers des situa-
tions de handicap ».
L’objectif affiché
dans la loi de 2005
d’une obligation
d’emploi
de travailleurs
handicapés
de 6 % dans
les entreprises n’est
toujours pas atteint
quinze ans après.
L’Igas dessine trois scénarios
pour l’avenir. Le premier est le
« statu quo ». Mais même dans
ce cas, il faudra engager des
« aménagements incontourna-
bles » et « substantiels » du sys-
tème français allant de « nouvel-
les sources de financement » à un
« rapprochement avec la politi-
que de santé au travail », en pas-
sant par les modalités d’accom-
pagnement des travailleurs,
avertit l’inspection.
Le deuxième scénario est
celui d’un « recentrage » vers
« des dispositifs plus ciblés ».
L’obligation d’emploi assortie à
défaut d’une contribution
financière serait conservée,
mais avec une politique de sou-
tien concentrée sur les handi-
caps « les plus problématiques »
qui « nécessitent des aménage-
ments du milieu de travail, un
accompagnement dans l’emploi
et/ou la compensation financière
d’une faible productivité ».
Enfin, l’Igas évoque un troi-
sième scénario de « refonda-
tion », faisant « un pari ambitieux
d’inclusion » fondé sur des incita-
tions financières financées par la
solidarité nationale, avec pour
objectif une « accessibilité univer-
selle » handicapés ou non.
— L. de C.
en bref
MONDE
En Biélorussie, une foule immense défie
le pouvoir encore soutenu par Moscou
l Quelque 200.000 personnes se sont
rassemblées à Minsk, dimanche, face
au « dernier dictateur d’Europe ».
l Celui-ci a organisé son propre
rassemblement et demandé de l’aide
au chef du Kremlin.
l Svetlana Tikhanovskaïa, l’égérie
de l’opposition, appelle au dialogue.
DIPLOMATIE
Benjamin Quenelle
— Correspondant à Moscou
Manif contre manif. Le bras de fer
s’est intensifié dimanche après-
midi à Minsk. Une semaine après la
présidentielle contestée, quelque
200.000 personnes ont répondu à
l’appel de l’opposition. Un record en
Biélorussie. Dans cette « marche
pour la liberté » le long de l’avenue
de l’indépendance, au cœur de la
capitale, la foule a brandi les photos
des manifestants torturés lors des
premières manifestations violem-
ment réprimées. Mais aussi des bal-
lons, fleurs et un gigantesque dra-
peau rouge et blanc, les couleurs de
cette inédite contestation qui crie :
« non à la violence », « vérité »,
« Loukachenko, pars… »
Le président Alexandre Louka-
chenko, soixante-cinq ans, dont
vingt-six années à la tête de la Biélo-
russie, réélu au terme d’un scrutin
marqué par les fraudes selon
l’opposition, a, quant à lui, fait une
apparition surprise à une autre
manifestation, celle des autorités,
organisée dans le centre de la capi-
tale, place de l’Indépendance. « Je
vous ai appelés ici, non pas pour que
vous me défendiez, mais parce que,
pour la première fois en un quart de
siècle, vous pouvez défendre votre
pays et son indépendance », a-t-il
lancé, au côté de son fils cadet, sou-
vent présenté en successeur poten-
tiel. Devant une foule de quelque
50.000 personnes agitant le dra-
peau officiel rouge et vert hérité de
la période soviétique, Alexandre
Loukachenko s’est dit prêt à lancer
L’UE prête à sanctionner plus durement Minsk
Lors d’une réunion
d’urgence, les ministres
des Affaires étrangères
de l’UE se sont mis d’accord
pour élargir la liste des
personnes soumises à des
sanctions. Ils ont eu plus de
mal à envoyer un message
univoque à la Turquie.
Gabriel Grésillon
@GGresillon
— Bureau de Bruxelles
Les Européens ont ouvert la voie,
vendredi, à un renforcement des
sanctions contre la Biélorussie. Au
terme d’une réunion d’urgence, par
vidéoconférence, des ministres des
Affaires étrangères du bloc, les
Vingt-Sept, n’ont certes pas pris de
RETROUVEZ DOMINIQUE SEUX
DANS « L’ÉDITO ECO »
À 7H45
DU LUNDI AU VENDREDI
des réformes et a dénoncé la
volonté de l’opposition d’imposer
au pays « un gouvernement depuis
l’étranger ». Référence à Svetlana
Tikhanovskaïa, trente-sept ans,
candidate de l’opposition à la prési-
dentielle à la place de son mari
emprisonné. Contrainte de se réfu-
gier dans la Lituanie voisine, elle a
appelé au dialogue pour créer un
comité de transition en vue d’une
nouvelle présidentielle.
L’ombre du Kremlin
Les deux manifestations, sans
heurts ni arrestations, se sont
tenues non loin l’une de l’autre,
l’après-midi à Minsk. A quelque
700 kilomètres de là, le Kremlin suit
de près la crise biélorusse. Alors que
l’Union européenne a décidé de le
sanctionner, Alexandre Louka-
chenko a appelé samedi le président
russe Vladimir Poutine. Il assure
avoir obtenu du grand frère la
garantie d’une « aide complète »
pour la « sécurité de la Biélorussie ».
Loin de montrer un soutien sans
« Poutine ne peut
pas reconnaître
la perte de la
Biélorussie.
Mais il ne peut pas
y envoyer ses
troupes [...]. Les
Russes seraient
vus en occupants. »
ANDREÏ KOLESNIKOV
du centre Carnegie
décision ferme – compte tenu du
caractère informel de leurs échan-
ges. Mais ils ont accentué la pression
sur Minsk. Selon un communiqué
du Service d’action extérieure de
l’UE, « les ministres se sont entendus
sur la nécessité de sanctionner ceux
qui sont responsables des violences, de
la répression et de la falsification du
résultat des élections ». Un travail
consistant à établir la liste des indivi-
dus qui vont être ciblés par ces sanc-
tions va « commencer immédiate-
ment », ajoute le texte. Alors que les
sanctions européennes à l’égard de
Minsk, enclenchées en 2004, avaient
été nettement allégées en 2016 du fait
de la libération de prisonniers politi-
ques, elles ne concernent plus que
quatre ressortissants biélorusses,
tandis que le pays reste sujet à un
SUR
La foule a massivement défilé dans les rues de Minsk, dimanche, demandant le départ du président Loukachenko.
faille à son allié, le Kremlin s’est
contenté de se dire « confiant » sur
une solution prochaine. Tout en se
tenant prêt à intervenir dans le
cadre du pacte militaire entre les
deux pays. « Poutine ne peut pas
reconnaître la perte de la Biélorussie.
Mais il ne peut pas y envoyer ses trou-
pes. Ce n’est pas la Crimée. Les Russes
seraient vus en occupants », explique
Andreï Kolesnikov, du centre Carne-
gie. « Si Loukachenko n’est plus maî-
tre à bord, Moscou optera pour une
transition bien gérée. Sans doute pas
avec Svetlana Tikhanovskaïa. Mais
avec quelqu’un du cercle restreint »,
assure Andreï Kortounov, directeur
du Russian Council. A Moscou et à
Minsk, des médias affirment que les
deux présidents sont déjà entrés
dans le concret : ils auraient parlé
embargo sur les armes. Désormais,
les Européens vont donc, à nouveau,
élargir la liste des personnes frap-
pées par des gels d’actifs financiers
ou des interdictions de voyages.
C’était déjà le sens de l’appel lancé
par Ursula von der Leyen, la prési-
dente de la Commission euro-
péenne. Vendredi, elle déclarait qu’il
fallait mettre en œuvre « des mesures
supplémentaires contre ceux qui ont
violé les valeurs démocratiques ou
commis des abus contre les droits de
l’homme en Biélorussie ». Le ministre
allemand des Affaires étrangères,
Heiko Maas, avait aussi plaidé pour
« accentuer la pression sur ceux qui
sont au pouvoir » à Minsk, jugeant
que « la brutalité et la détention de
manifestants pacifistes et de journa-
listes au Bélarus n’est pas acceptable
dans l’Europe du XXIe siècle ».
L’incertitude hongroise
L’une des inconnues, avant la réu-
nion, concernait l’attitude de la
Hongrie. Viktor Orban, son Premier
ministre, avait plaidé, en juin, pour
une levée définitive des sanctions.
Sachant que l’unanimité des 27 est
requise pour toute décision de ce
type, Budapest pourrait, dans les
prochains jours, chercher à limiter
l’ampleur des nouvelles mesures
prises par les Européens.
Les discussions des Européens
au sujet de la Turquie s’avèrent plus
des conditions de la fuite d’Alexan-
dre Loukachenko.
La contestation est d’autant plus
forte que les failles se multiplient
autour du président. Après les pre-
mières violentes répressions, le
ministre de l’Intérieur a présenté
ses excuses. Des policiers ont
rejoint les manifestants. D’anciens
militaires ont rejeté uniforme,
galons et insignes. Plusieurs com-
missions électorales locales ont fait
leur mea culpa sur les fraudes. Les
usines d’Etat organisent des
débrayages et l’un de leurs direc-
teurs a reconnu la défaite d’Alexan-
dre Loukachenko. Journalistes et
présentateurs de télévision passent
dans l’opposition. Autre signal, un
premier haut diplomate a fait défec-
tion, l’ambassadeur en Slovaquie. n
épineuses. Alors que les recherches,
par Ankara, d’hydrocarbures en
mer suscite la colère en Grèce et à
Chypre, la France a affiché son sou-
tien militaire à Athènes, envoyant
notamment deux avions de chasse
et une frégate.. Une approche qui
inquiète Berlin. L’Allemagne, qui
craint une possible nouvelle crise
migratoire ouverte par la Turquie, a
appelé Paris, Athènes et Ankara à
« éviter l’escalade ».
Le communiqué du Ser vice
d’action extérieure de l’UE est donc
nuancé. Tout en insistant sur le fait
que « la sérieuse détérioration de la
relation avec la Turquie a des consé-
quences stratégiques profondes pour
l’ensemble de l’Union européenne,
bien au-delà de la Méditerranée
orientale », et en rappelant la « soli-
darité entière » de l’UE à l’égard de la
Grèce et de Chypre, le texte insiste
sur l’importance d’œuvrer à la
« désescalade » et de renouer le dia-
logue avec Ankara. Les 27 maintien-
nent toutefois une forme de pres-
sion : Josep Borrell, le chef de la
diplomatie, avait été mandaté par
les Vingt-Sept, en juillet, pour pro-
poser des « mesures adéquates » afin
de « répondre aux défis posés par la
Turquie ». Il devrait leur soumettre
des propositions concrètes lors de la
prochaine réunion des ministres
des Affaires étrangères, qui doit se
tenir les 27 et 28 août. n
Lundi 17 août 2020 Les Echos
Le gaz, nouvelle fracture
entre l’Europe et Ankara
D’abondantes réserves
de gaz ont été découvertes
dans les eaux chypriotes,
en partie revendiquées
par la Turquie. Le régime
d’Erdogan cherche
à torpiller un projet
européen de gazoduc
sous-marin vers la Grèce.
Vincent Collen
@VincentCollen
La Médi t erranée o ri ent al e
regorge de gaz, et la Turquie
n’entend pas être tenue à l’écart de
ces richesses. C’est l’un des enjeux
des interventions du régime de
Recep Tayyip Erdogan ces der-
niers jours dans les eaux chyprio-
tes et grecques. « Le gaz est la nou-
velle pomme de discorde entre la
Turquie et Chypre », résume Fran-
cis Perrin, directeur de recherche
à l’Iris.
Car la Turquie est pour l’instant
exclue de la « fête ». Depuis une
dizaine d’années, d’abondantes
réserves de gaz ont été découver-
tes par les compagnies pétrolières
au fond de la Méditerranée. Dans
les eaux égyptiennes, au large
d’Israël, de la bande de Gaza et
dans les eaux chypriotes. Mais pas
en Turquie, qui doit importer de
plus en plus de gaz pour faire face
à ses besoins. Les projets gaziers
chypriotes irritent particulière-
ment Ankara, car la Turquie ne
reconnaît pas les limites mariti-
mes validées par l’ONU.
Tout a commencé en 2011. La
compagnie américaine Noble
Energy, qui explore au sud de Chy-
pre, annonce une importante
découverte de gaz susceptible de
bouleverser l’équation énergéti-
que de l’île. D’autres suivent avec
l’italien ENI et l’américain Exxon-
Mobil. Neuf ans plus tard, les
réserves ne sont toujours pas
exploitées, alors que l’Egypte et
Israël ont démarré leurs projets.
« Chypre a pris du retard sur ses
voisins, relève Jean-Baptiste Bou-
zard, analyste chez Wood Mac-
kenzie. Nicosie doit encore choisir
Vasily Fedosenko/Reuters
une voie pour exporter son gaz, et la
question n’est pas simple. » Le pro-
jet « le plus évident et le moins coû-
teux » consisterait à évacuer le gaz
par pipeline jusqu’en Egypte où se
trouvent plusieurs unités de liqué-
faction sous-employées. Le gaz
chypriote y serait transformé en
gaz naturel liquéfié puis exporté.
Une autre solution consisterait
à construire une unité de liquéfac-
tion à Chypre qui éviterait au pays
d’être dépendant d’un tiers pour
commercialiser son gaz. Un
emplacement a même été réservé
dans le port de Vassiliko, au sud de
l’île. « Mais les ressources du pays
ne sont sans doute pas suffisantes
aujourd’hui pour rentabiliser un tel
investissement », juge Jean-Bap-
tiste Bouzard.
Pas avant 2027
Le troisième scénario repose sur
la construction d’un gazoduc long
de près de 2.000 km, baptisé
« EastMed ». Il relierait les champs
gaziers d’Israël, d’Egypte et de
Chypre à la Grèce, ouvrant les por-
tes du marché européen. Bruxel-
les y est favorable, mais beaucoup
doutent de la viabilité économi-
que du projet, évalué à 6 milliards
d’euros. « Il y a beaucoup de décla-
rations d’intérêt politiques, mais
quel investisseur sera prêt à le
financer alors que l’Europe est déjà
bien approvisionnée en gaz par
pipeline et en GNL bon marché ?
interroge le même expert. Nous ne
pensons pas que ce projet soit crédi-
ble à court terme. »
Cela n’empêche pas la Turquie
de « tout faire pour torpiller le pro-
jet EastMed », relève Francis Per-
rin. Il y a quelques jours, Ankara a
signé un accord avec la Libye qui
délimite de nouvelles zones mari-
times entre les deux pays. « Elles ne
sont bien sûr pas reconnues par les
autres pays, mais elles auraient
pour effet de bloquer le projet de
pipeline », poursuit Francis Perrin.
En attendant, Chypre n’a toujours
pas commencé à exporter son gaz.
Wood Mackenzie n’attend pas de
mise en exploitation avant 2027. n
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06 // MONDE
Etats-Unis : démocrates et républicains
adoubent leur candidat à la présidentielle
l La convention d’investiture
des démocrates s’ouvre ce lundi
et celle des républicains se tiendra
la semaine prochaine.
l Pas de grand rassemblement
ni de fête, en raison de la pandémie,
mais ces rendez-vous sont l’occasion
de mobiliser l’électorat.
ÉTATS-UNIS
Véronique Le Billon
@VLeBillon
— Bureau de New York
Pour suivre la campagne présiden-
tielle 2020 aux Etats-Unis, mieux
valait réserver avec l’option « annu-
lation ». La convention nationale
d’investiture du camp démocrate,
qui s’ouvre ce lundi à Milwaukee
(Wisconsin) pour adouber la candi-
dature de Joe Biden et de sa colis-
tière, Kamala Harris, ne ressem-
blera en rien à ce qui était prévu il y a
six mois : elle se tiendra pour l’essen-
tiel en ligne. Idem, côté républicain :
quelques centaines de délégués doi-
vent se réunir à huis clos, à partir du
week-end prochain à Charlotte
(Caroline du Nord), mais les festivi-
tés seront réduites au minimum,
Covid oblige.
Privés de leur audience habituelle
pour lancer cette dernière étape
majeure de la campagne avant l’élec-
tion du 3 novembre, les candidats ne
seront d’ailleurs ni à Milwaukee, ni à
Charlotte pour prononcer leur dis-
cours d’investiture. Joe Biden a
choisi sa ville de Wilmington
(Delaware), où il habite et d’où il
mène sa campagne depuis le mois
de mars, pour parler le 20 août.
Quant à Donald Trump, il aime-
rait prononcer son discours, le
27 août, depuis… la Maison-Blan-
che. C’est légal, pratique et peu coû-
teux, a-t-il assuré en réponse aux cri-
tiques, alors qu’il a aussi évoqué la
possibilité d’aller à Gettysburg
(Pennsylvanie), haut-lieu de la
guerre de Sécession, sur les traces
d’Abraham Lincoln.
Vivier démocrate fourni
Même en mode virtuel, les conven-
tions seront l’occasion de faire pas-
ser des messages. L’enjeu, pour les
démocrates, est de démontrer leur
unité malgré une profonde diversité
idéologique. Les primaires et la
quête d’une candidate à la vice-prési-
dence ont montré que le vivier de
personnalités était fourni, et nom-
bre d’entre elles s’exprimeront lors
de l’une des quatre soirées organi-
sées en ligne, d’Elizabeth Warren à
Bernie Sanders en passant par
Andrew Yang ou Alexandria Oca-
sio-Cortez, même si ce ne sera par-
fois que pour… soixante secondes.
Covid : Londres provoque un retour massif des touristes
ROYAUME-UNI
Depuis samedi,
la quatorzaine
concerne notamment
les personnes arrivant
de France. La décision
de Londres provoque
une ruée des touristes.
Claude Fouquet
@ClaudeFP
avec B. T.
Pays d’Europe le plus touché
par le coronavirus avec plus de
41.000 décès, le Royaume-Uni a
décidé, jeudi soir, de remettre en
Le couple Obama, toujours popu-
laire parmi l’électorat, sera aussi
parmi les têtes d’affiche. Et des stars,
comme la jeune Billie Eilish, vien-
dront animer les soirées en ligne.
Côté républicain, la convention
démarrera à Charlotte (Caroline du
Nord) dans la foulée, le 21 août, par
trois jours de réunions à huis clos de
délégués, avant la nomination offi-
cielle de Donald Trump le 24. Le pro-
gramme précis n’a pas été donné,
perturbé déjà par les changements
de lieux imposés par la résurgence
de l’épidémie. Mais le parti est rangé
derrière Donald Trump, qui occupe
tout l’espace médiatique.
Les conventions sont aussi l’occa-
sion de récolter de l’argent, et l’arri-
vée de Kamala Harris au côté de Joe
Biden a relancé les levées de fonds :
35 millions de dollars en deux
jours. Donald Trump, lui, a recon-
duit Mike Pence pour se présenter
devant les électeurs, louant notam-
ment sa bonne entente avec « tou-
tes » les religions, et surtout les évan-
géliques. Certains se sont pourtant
demandé ces derniers jours si un
changement de vice-président ne
lui apporterait pas un sursaut de
notoriété.
Joe Biden dispose
d’une avance
de 8,5 points
dans la moyenne
des sondages.
Au niveau national, Joe Biden dis-
pose d’une avance de 8,5 points dans
la moyenne des sondages, selon le
site FiveThirtyEight. Selon son
modèle statistique, le candidat
démocrate l’emporterait dans plu-
sieurs Etats clés, notamment le
Michigan, le Wisconsin et la Penn-
sylvanie. Il aurait aussi, pour
l’heure, l’avantage en Floride ou en
Arizona. De quoi lui apporter les
270 voix de délégués nécessaires
pour l’emporter.
La contre-performance des son-
deurs en 2016 a toutefois rendu les
experts prudents. Mais l’échéance
électorale se rapproche rapidement,
limitant le temps pour Donald
Trump de rattraper son retard dans
les sondages, alors que certains Etats
autorisent leurs concitoyens à voter
dès fin septembre. n
place un système de quatorzaine
volontaire pour certains voyageurs
arrivant sur son sol. Cette mesure
a pris effet samedi à 4 heures
du matin (5 heures en France) et
devrait conduire, en retour, les pays
concernés à faire de même.
La mesure concerne les person-
nes venant de France et des Pays-
Bas, ainsi que celles arrivant de
Monaco, Malte ainsi que de l’île
d’Aruba (Antilles néerlandaises) et
des îles Turques-et-Caïques (terri-
toire britannique d’outre-mer au
sud-est des Bahamas). « Nous avons
fait tellement d’efforts dans ce pays
pour abaisser les niveaux [de trans-
mission du SARS-CoV-2], la der-
nière chose que nous voulons c’est
que des gens reviennent et ramènent
Deux partisans, respectivement du président-candidat Trump et de Joe Biden, conversent à l’occasion d’un meeting du candidat
démocrate organisé en mars dernier, à Kansas City. Cette semaine, l’essentiel des rendez-vous auront lieu en ligne.
La poste et le vote par correspondance,
nouveaux otages de la politique américaine
Les élus démocrates
et républicains s’affrontent
sur le financement
de la poste américaine, le
US Postal Service. Le vote
par correspondance, que
facilitent de nombreux
Etats pour limiter
les risques sanitaires,
est critiqué avec virulence
par Donald Trump.
C’est le dernier sujet de tension
entre démocrates et républicains.
A moins de trois mois de l’élection
présidentielle, les deux camps
s’affrontent autour du budget de la
poste américaine. Les premiers
demandent aux seconds, pour
l’instant sans succès, de débloquer
25 milliards de dollars pour sauver
l’opérateur qui fait face à de lour-
des difficultés financières, dont
3,5 milliards de dollars pour orga-
niser un vote par correspondance
pour le scrutin du 3 novembre.
Hostile au vote par correspon-
dance « universel » qui, selon lui,
favorise la fraude, Donald Trump
se refuse à faciliter son organisa-
tion en accordant des crédits au US
le virus », a plaidé vendredi le minis-
tre britannique des Transports,
Grant Shapps, interrogé par la BBC.
« Mesures de réciprocité »
en France et aux Pays-Bas
Jeudi soir, le ministre avait indiqué
sur Twitter que « les statistiques
montrent que nous devons retirer
la France, les Pays-Bas, Monaco,
Malte […] de notre liste de corridors
de déplacements pour conserver des
taux d’infection à la baisse ».
Et sur leur site Internet, les ser-
vices des Affaires étrangères britan-
niques déconseillent les déplace-
ments « non essentiels » dans
l’Hexagone, ainsi qu’aux Pays-Bas.
Une annonce qui a fait réagir les
pays concernés. A commencer par
Postal Service (USPS). Le dossier
est d’autant plus éruptif qu’un nou-
veau PDG, Louis DeJoy – un dona-
teur du parti républicain, persi-
flent les critiques –, y officie depuis
deux mois. Avec ses camionnettes
blanches qui sillonnent le pays, la
poste américaine est devenue le
symbole des risques qui pèsent sur
l’organisation du scrutin, alors que
la pandémie a poussé de nom-
breux Etats à élargir la possibilité
de voter par correspondance.
Inscription sur les listes
électorales
Le New Jersey, la Californie, le
Nevada, le Vermont et la capitale
Washington ont décidé d’envoyer
les bulletins de vote à domicile,
rejoignant quelques Etats qui le
faisaient déjà. Une douzaine
d’autres ont décidé d’envoyer à
leurs concitoyens une demande de
vote par correspondance. Enfin,
certains ont assoupli les condi-
tions dans lesquelles un électeur
peut demander lui-même un vote
par correspondance.
Le paysage est désormais si
complexe que plusieurs sites
la France. Alors que depuis le
10 juillet, cette mesure de quator-
zaine avait été levée, son retour est
pris comme une mauvaise nouvelle.
Paris a promis d’imposer une
mesure du même ordre rapide-
ment. Il s’agit d’« une décision britan-
nique que nous regrettons et qui
entraînera une mesure de réciprocité,
en espérant un retour à la normale
le plus rapidement possible », a ainsi
tweeté, dans la nuit, le secrétaire
d’Etat chargé des Affaires euro-
péennes, Clément Beaune.
Aux Pays-Bas, un porte-parole du
ministère néerlandais des Affaires
étrangères a expliqué que la déci-
sion de Londres fera classer le
Royaume-Uni en zone orange. C’est-
à-dire un pays où les voyages ne sont
d’information mettent en ligne des
modes d’emploi et actualisent les
changements de règles.
Faisant naître de multiples
débats autour de la mise à jour des
listes d’électeurs, de la surveillance
des urnes postales, de la « récolte »
des votes (une personne mandatée
collecte les bulletins de certains
électeurs) ou des délais postaux
pour la publication des résultats.
Le vote par correspondance
n’est pas le seul défi de l’organisa-
tion du scrutin. L’inscription sur
les listes électorales a déjà souffert
au printemps de la pandémie. Elle
peut se faire en ligne ou par cour-
rier, mais l’inscription est souvent
dopée par des associations qui
profitent de rassemblements pour
enregistrer les nouveaux élec-
teurs : cérémonies de citoyenneté
ou de diplômes dans les lycées,
concerts, foires, rendez-vous du
renouvellement du permis de
conduire… Autant de points de
contact qui ont été supprimés
depuis le mois de mars.
La pandémie risque aussi de
réduire le nombre de volontaires,
souvent âgés, dans les bureaux de
pas recommandés. Et dont les per-
sonnes de retour de cette zone se
voient imposer une quatorzaine.
160.000 vacanciers
La mesure n’est qu’une demi-
surprise. Après avoir imposé une
quatorzaine à tous les voyageurs,
Londres était revenu sur sa décision
et avait mis en place un système
de « corridors », réexaminé toutes les
trois semaines en fonction de l’évolu-
tion de l’épidémie. C’est ce qui avait
conduit, le 26 juillet, à réimposer la
quarantaine aux personnes venant
d’Espagne. Mais à l’époque, la secré-
taire d’Etat à la Santé, Helen Whately,
avait indiqué que la situation
sanitaire en France et en Allemagne
était suivie de très près.
Lundi 17 août 2020 Les Echos
Kyle Rivas/Getty Images/AFP
vote. Des appels aux jeunes ont été
lancés, alors que les bureaux de
vote sont déjà souvent en nombre
insuffisant, ce qui engendre, lors
de chaque élection, des files
d’attente de plusieurs heures.
Pénurie de bureaux
de vote
Des problèmes techniques s’ajou-
tent parfois, les Etats-Unis utilisant
des machines de traitement des
votes plutôt qu’une simple urne
comme en France.
Le pays compte en effet beau-
coup plus de fonctions électives
et chaque « Election Day » (tradi-
tionnellement le mardi qui suit
le premier lundi de novembre)
est l’occasion de voter pour de
multiples mandats et pour des
référendums.
Seule note d’optimisme : de
nombreuses primaires se sont
déjà déroulées ces dernières
semaines pour les élections au
Sénat et à la Chambre des repré-
sentants en novembre, permettant
aux municipalités de tester leur
dispositif en période de Covid.
— V. L. B.
Malgré un message de l’ambassa-
deur du Royaume-Uni à Paris,
demandant aux quelques 160.000
touristes britanniques en France de
ne pas rentrer « immédiatement »,
l’annonce de la quatorzaine a provo-
qué une véritable ruée, vendredi,
vers les avions, les trains et les fer-
ries. Tous les vols pour le Royaume-
Uni au départ de France et du
Benelux, ainsi que les Eurostar, affi-
chaient complets. La demande de
jets privés pour rentrer avant
samedi, aurait même triplé.
En revanche, le retour accéléré
des touristes britanniques va se tra-
duire, dans les prochains jours, par
une chute du trafic aérien et de nom-
breuses annulations de vols entre le
Royaume-Uni et le continent. n
Les Echos Lundi 17 août 2020 MONDE // 07

Récession en Pologne,
une première depuis
la fin du communisme
l Victime de la crise liée au coronavirus, la Pologne a vu
son PIB chuter de 8,9 % au deuxième trimestre.
l Peu touché par la pandémie en tant que telle, le pays
souffre de la chute de la consommation.
A l’ép oque, c’était la faible l’activité. Il a prévu pour cette année
EUROPE financiarisation de son économie un recul du PIB de 3,4 %, selon une
qui lui avait valu de rester à l’écart projection révisée, au lieu d’une
Catherine Chatignoux de la tempête financière. Cette fois, croissance de 3,7 % anticipée avant
@chatignoux elle paie son intégration écono- la crise du coronavirus. La Commis-
mique européenne et le contrecoup sion européenne prévoit, quant à
Largement épargnée par la crise de la mise à l’arrêt des économies elle, une récession de – 4,25 %.
sanitaire liée au Covid-19, qui n’a de ses principaux voisins et clients D’autres pays ont publié, ven-
fait jusqu’ici qu’un faible nombre européens. L’industrie, les usines dredi, leurs résultats de croissance
de victimes dans le pays – moins de automobiles et les entreprises de au deuxième trimestre. La Lituanie
1.900 morts à ce jour –, la Pologne sous-traitance ont été perturbées, n’a subi qu’une contraction de 3,8 %
est frappée par la crise économique. tandis que les restrictions imposées avec la possibilité de maintenir la
L’activité a plongé de 8,9 % au à la population, même si elles ont été croissance sur 2020. La République
deuxième trimestre par rapport au de moindre ampleur qu’en France tchèque, quant à elle, a annoncé une Ce sont les restrictions imposées à la population, même si elles ont été de moindre ampleur qu’en
trimestre précédent et de 7,9 % sur ou en Italie, ont provoqué une chute chute de 10,7 % de son PIB. n France ou en Italie, qui ont provoqué une baisse de la consommation. Photo Marcin Bruniecki/REX/Sipa
un an, selon l’estimation du Bureau de la consommation.
national des statistiques (GUS). Le gouvernement, qui a décidé
Après un premier trimestre marqué d’importantes mesures budgétaires
par un léger recul de 0,4 %, le pays pour soutenir les entreprises et les

SÉRIE D’ÉTÉ
est officiellement en récession. emplois, espère un rebond rapide de
C’est la première fois depuis la

–3,4 %
chute du communisme, à la fin des
années 1980, que la principale éco-

ELONMUSK,
nomie d’Europe de l’Est mord la
poussière aussi violemment. Même
durant la crise financière mondiale
de 2008-2009, la Pologne avait Le recul du PIB prévu

L’ENTREPRENEUR
réussi à dégager de la croissance. cette année en Pologne.

en bref
DUSIÈCLE
L’Allemagne place toute l’Espagne, Naissance d’un Geek • Naissance
sauf les Canaries, dans les pays à risque d’un entrepreneur ( les premières années
CORONAVIRUS L’Allemagne a décidé de placer toute l’Espagne,
californiennes) • Naissance de Tesla •
à l’exception des iles Canaries, dans la catégorie des pays à ris- Naissance de Space X • Naissance
que après une recrudescence des cas de Covid-19, a annoncé d’un démiurge
vendredi le ministère de la Santé. Le ministère de la Santé a
ajouté l’Espagne à sa liste de zones à risque, y compris l’île de
Majorque, destination favorite des Allemands, ce qui implique
que les touristes revenant de ces territoires seront désormais
dans l’obligation de se soumettre à un test de dépistage à leur
retour et de rester en quarantaine dans l’attente du résultat. 1 épisode par jour
à LIRE CETTE SEMAINE DANS LES ECHOS
L’économie d’Israël enregistre
sa plus lourde chute en 45 ans
PROCHE-ORIENT Conséquence directe de la crise du Covid-19,
l’économie israélienne a chuté, au deuxième trimestre, enregis-
trant avec – 28,7 % en rythme annuel, sa plus mauvaise perfor-
mance depuis 1975, selon le Bureau central des statistiques.
Pour amortir le choc, le gouvernement a multiplié les program-
mes fiscaux, le dernier portant sur l’équivalent de 2,5 milliards
de dollars. Pour l’ensemble de l’année 2020, la banque centrale
anticipe une contraction de 6 % du PIB, puis un rebond de 7,5 %
l’an prochain. Pour Goldman Sachs, la récession devrait attein-
dre cette année – 5,5 %, le rebond pouvant être impacté par la
seconde vague de coronavirus.

Jakarta table sur une reprise

économique en 2021 pour l’Indonésie
ASIE DU SUD-EST L’Indonésie devrait voir sa croissance croître
de 4,5 % à 5,5 % l’an prochain, a estimé le président Widodo lors
de la présentation du budget. Cette année, les prévisions officiel-
les font état d’une croissance comprise entre – 1,1 % et +0,2 %
après une chute de 5,32 % au deuxième trimestre. Fidèle à sa
politique keynésienne en faveur des infrastructures, l’Etat veut
accroître ses dépenses (+0,3 % à 185 milliards de dollars).
L’Indonésie s’approche des 140.000 cas de Covid-19 dans l’archi-
pel, le nombre de morts étant établi à 6.150, selon les données de
Johns Hopkins.

La balance commerciale indienne

replonge dans le rouge
ASIE En juillet, le solde indien du commerce extérieur a de nou-
veau basculé dans le rouge, affichant un déficit de 4,83 milliards
de dollars. L’embellie de juin n’a pas duré. New Delhi avait alors
affiché son premier excédent mensuel en 18 ans à la faveur d’un
net repli des importations (– 48 %), conséquence du confine-
ment généralisé décrété fin mars par le Premier ministre, puis
prolongé en mai. L’activité ayant repris depuis, le tassement des
importations a été ramené à – 28,4 % sur un an. Les exportations
ont quant à elles fléchi de 10,2 % en juillet sur un an, pénalisées
par les hydrocarbures.
08 // Lundi 17 août 2020 Les Echos

idées&débats

Jorg Carstensen/DPA via Zuma Press/RÉA

Europe : l’impératif de la souveraineté
L ’Europe a fait le choix, histo-
rique, de la solidarité pour
affronter la crise et financer
la relance et la reconstruction.
Alors que la pandémie a révélé nos
dépendances en matière de pro-
duits, de matériaux critiques et
dans certaines chaînes de valeurs,
l’Europe doit désormais prendre en
main ses intérêts stratégiques afin
d’assurer une souveraineté, deve-
nue nécessité commune. Dans un
monde où les rapports de force
entre blocs se durcissent, la course
à l’autonomie et à la puissance bat
son plein.
Face à la « guerre technologi-
que » à laquelle se livrent les Etats-
Unis et la Chine, l’Europe se doit de
jeter, dès maintenant, les bases de
sa souveraineté pour les 20 pro-
chaines années. Il ne s’agit pas de
céder à la tentation de l’isolement
ou du repli sur soi, contraire à nos
intérêts, à nos valeurs et notre cul-
ture. Il s’agit d’assumer des choix
qui seront déterminants pour le
futur de nos concitoyens en déve-
loppant les technologies et les alter-
natives européennes sans lesquel-
les il n’existe ni autonomie ni
souveraineté.
Mobilisée autour de grands pro-
jets développés en partenariat,
l’Europe a démontré par le passé
qu’elle avait la capacité de jouer les
premiers rôles sur la scène mon-
diale. Le temps est venu de repren-
dre l’initiative commune.
Au premier rang des grands
enjeux figure notre souveraineté
numérique qui repose sur trois
piliers indissociables : puissance de
calcul, maîtrise de nos données,
connectivité sécurisée. Tout
d’abord, il convient d’accroître sans
plus tarder la capacité de l’Europe à
développer et produire les proces-
seurs – y compris quantiques – les
plus performants au monde. Ces
composants micro-électroniques
sont à la base de la plupart des chaî-
nes de valeur clés pour l’avenir : voi-
tures et objets connectés, tablettes
et smartphones, supercalculateurs
et edge computers, intelligence arti-
ficielle et défense.
Dans le même ordre d’idée, il
devient impératif de se doter de
clouds européens autonomes
garantissant à nos entreprises que
leurs données industrielles ne
seront soumises à aucune loi d’un
pays tiers et seront protégées contre
toute interférence cyber extérieure.
Enfin, en complément de nos
réseaux haut débit et 5G, nous
devons réfléchir à une constellation
de satellites en orbite basse afin de
fournir à tous les Européens, où
qu’ils se trouvent sur le continent,
une connectivité haut débit, d’en
finir avec les zones blanches et de
donner accès, en Europe, au niveau
de sécurité offert par la cryptologi-
que quantique spatiale. Une telle
constellation compléterait utile-
ment nos infrastructures souverai-
nes Galileo pour la géolocalisation
LE POINT et Copernicus pour l’observation. De
DE VUE quoi renforcer l’Europe, deuxième
puissance spatiale au monde.
de Thierry Breton En matière de sécurité et de
défense, renforcer l’autonomie
technologique apparaît désormais
incontournable. L’Europe, via le
Fonds européen de défense, vient
d’accomplir un pas inédit et décisif
car il permettra d’organiser la coo-
pération européenne dans des pro-
jets technologiques clés tels que les
drones, l’avion de combat, le char
européen, les capacités spatiales, la
cybersécurité. La dernière proposi-
tion budgétaire nous permettra
dans les sept ans à venir de générer
entre 30 et 40 milliards d’euros
d’investissements supplémentaires
collectifs. Et de faire en sorte que
chaque Etat membre se sente
acteur des industries de défense et
opère des choix cohérents d’équipe-
ments européens.
Sur le marché intérieur, la souve-
raineté doit aussi se décliner sur le
spectre des technologies vertes
et faire de l’Europe l’épicentre de la
« green tech ».
Cela nécessite de renforcer nos
chaînes de valeurs, de diversifier
nos approvisionnements essen-
tiels, voire de relocaliser certaines
productions. Mais aussi d’accélé-
rer le processus de décarbonation
L’Europe doit
désormais prendre
en main ses intérêts
stratégiques
afin d’assurer
une souveraineté,
devenue nécessité
commune.
industrielle et de réduire nos
d é p e n d a n c e s é n e rg é t i q u e s .
Par exemple, en se donnant les
moyens d’un leadership européen
sur l’hydrogène propre. La produc-
tion d’hydrogène par électrolyse
est particulièrement consomma-
trice d’électricité. Elle s’appuiera
sur nos énergies décarbonées
(éoliennes, solaire) ou sur la dispo-
nibilité de notre parc d’énergie
décarbonnée de transition
(nucléaire, hydraulique).
Avons-nous la volonté politique
et les moyens de ces ambitions ? La
réponse est oui ! Pour l’ensemble
des programmes de souveraineté,
c’est plus de 20 % d’augmentation
par rapport au budget précédent et
même 30 % après le départ du
Royaume-Uni.
Concernant la seule souveraineté
n u m é r i q u e , l e n o u ve a u p r o -
gramme DigitalEurope permettra
des investissements additionnels
de plus de 20 milliards. Quant au
programme CEF (Connecting
Europe Facility), son volet numéri-
que est pratiquement doublé. Outre
que la Défense voit ses moyens
décuplés, recherche et espace sont
en légère augmentation. On pour-
rait toujours espérer plus. Le Parle-
ment européen a du reste la possibi-
lité d’en décider.
Par ailleurs, les plans de relance
nationaux pourront eux-mêmes
accroître les moyens de finance-
ment de nos grands projets euro-
péens industriels et d’infrastructu-
res. L’Europe solidaire et moins
naïve est née de la crise. L’Europe
plus autonome, plus résiliente,
porte une nouvelle ambition. Nous
y reviendrons.
Thierry Breton est commissaire
européen au Marché intérieur.

DANS LA PRESSE
ÉTRANGÈRE

Yale accusée de racisme… anti-blanc

•cédures
Deux ans après l’ouverture d’une enquête sur les pro-
en vigueur pour l’admission au sein de la presti-
gieuse université, le département de la Justice améri-
cain a tranché : oui, Yale a bel et bien discriminé des
candidats asiatiques ainsi que des candidats blancs au
profit de leurs homologues afro-américains. « Une dis-
crimination fondée sur la race et l’origine nationale, vio-
lant la loi fédérale », note le « Wall Street Journal » qui
rapporte cette information dans son édition du ven-
dredi 14 août.
Les critères raciaux, en particulier, auraient été un
« facteur déterminant » dans des centaines de déci-
sions d’admission chaque année. L’enquête affirme
notamment que les Asiatiques et les Blancs ont de
quatre à dix fois moins de chances d’être admis, à dos-
sier comparable, que des candidats afro-américains.
Une affirmation démentie par Peter Salovey, le prési-
dent de l’université, qui les a qualifiées de « sans fonde-
ment ». Il accuse notamment le département de la
Justice d’avoir procédé à des conclusions hâtives
alors que les investigations menées, en coopération
avec la direction de l’établissement, n’étaient pas
terminées. L’enquête se fonde sur dix ans de données
d’inscription. Sur ce total, l’école n’aurait pour
l’instant fourni des données ne courant que sur
trois ans.
Aujourd’hui, la Cour suprême des Etats-Unis auto-
rise une discrimination positive lors des inscriptions
aux universités, mais dans certaines limites. Tout
l’enjeu est de savoir si Yale les a, oui ou non, franchies de
façon abusive.
— Daniel Fortin
Les Echos Lundi 17 août 2020 IDEES & DEBATS // 09

art&culture

LE POINT
DE VUE Réduire le format Bernar Venet, sa chapelle, sa fondation
de Alain Loret
des JO à Paris : Judith Benhamou-Huet
@judithbenhamou
EXPOSITION
Bernar Venet
Inaugurée le 30 août 2020,
lumière mais le témoin de la
lumière. » La suite, c’est
donc une réception et une

un mauvais calcul A dix ans, un fils d’institu-

teur d’un petit village des
Alpes-de Haute-Provence,
Château-Arnoux, voulait
être pape. Soixante-neuf ans
la chapelle Saint-Jean-de-
Château-Arnoux se visite
sur rendez-vous
info@bernardvenet.com
La fondation Venet -
bénédiction par le souve-
rain pontife, au Vatican
en 2019.
Ce retour aux sources
s’accompagne pour l’artiste

L
e Covid-19 pourrait-il faire
renoncer Paris à l’organisation
des Jeux olympiques de 2024 ?
Au stade actuel, la réponse est néga-
tive. Au moins pour deux raisons.
D’une part, les importantes retombées
économiques générées par les JO que
l’on nous promet. D’autre part, un
entretien à l’Elysée le 8 juillet qualifié
de « positif » par Thomas Bach, le pré-
sident du Comité international olympi-
que (CIO). A aucun moment le commu-
niqué officiel ne laissa entendre qu’un
tel renoncement fut envisagé par
Emmanuel Macron.
Un point mériterait toutefois des
éclaircissements. Les retombées éco-
nomiques potentielles promises furent
calculées il y a quatre ans sur la base
d’un format olympique reposant sur un
programme complet. Tant du point de
vue des épreuves sportives que du pro-
gramme immobilier et des infrastruc-
tures de transport urbain (village des
athlètes, centre des médias, lignes de
métro…), la jauge prise en compte fut
une jauge pré-Covid.
Or, à la suite de sa rencontre avec
Emmanuel Macron, le président du
CIO laissa quand même planer un
doute quant au futur format des Jeux de
Paris confrontés à la pandémie. Face au
retard dû au confinement ainsi qu’aux
dépassements de coûts susceptibles
d’en résulter, une réduction du modèle
initial pourrait être envisagée de façon à
tenir le budget. Ce qu’a confirmé Tony
Estanguet dans une récente lettre aux
acteurs olympiques en affirmant :
« S’adapter, c’est avoir le courage de tout
remettre en jeu. »
Du point de vue strictement budgé-
taire, le raisonnement est correct. La
réduction ou l’annulation de certains
postes de dépenses entraînera la possi-
bilité de rester dans l’épure budgétaire.
Celle-ci fut fixée par Anne Hidalgo,
dont on oublie trop qu’elle demeure la
véritable « patronne » des Jeux. Une
analyse détaillée montre toutefois les
limites de ce raisonnement. Il devient
Face au retard dû
au confinement, une
réduction du modèle
initial pourrait être
envisagée de façon
à tenir le budget.
en effet problématique si l’on raisonne
en termes d’« héritage ». Ce concept
très marketing fut théorisé à l’occasion
des Jeux de Londres (2012). Il constitue
aujourd’hui l’alpha et l’oméga de l’argu-
mentaire du CIO pour justifier un tel
événement aux yeux des opinions
publiques. En bref, ce qu’il laisserait
derrière lui en matière de constructions
constituerait des « legs » de premier
ordre pour les générations à venir.
S’adapter en réduisant le format des
Jeux olympiques de Paris aurait toute-
fois pour conséquence une réduction
de leur héritage. Si l’on s’en tient à la
doctrine du CIO, il faudrait donc calcu-
ler le coût des renoncements pour les
proportionner à leur impact sur
celui-ci. Le processus de prise de déci-
sion aboutirait alors à des choix mini-
misant leurs effets.
Or il semble que nous nous dirigions
plutôt vers des objectifs strictement
budgétaires. Le « coût de substitution »
pour tenir les engagements financiers
des premiers JO post-Covid laisserait
de côté les priorités pourtant affichées
du CIO : le budget serait tenu, mais
l’héritage sacrifié. Ce qui nous éloigne-
rait de la notion d’« économie politique
olympique », qui sature pourtant les
discours officiels.
Dans le débat sur la tenue du budget
qui va monter en puissance dans les
prochains mois, le personnel politique
utilisera un élément-clé de l’analyse
économique : le « coût de renoncia-
tion ». En l’occurrence, il s’agira d’éva-
luer exclusivement le meilleur gain
budgétaire des renoncements. Ce sera
un mauvais calcul ! Pour tenir l’héri-
tage, et donc respecter la doctrine olym-
pique, il faudra d’abord minimiser les
externalités sociales négatives des
renoncements. Face à l’urgence budgé-
taire, il n’est pas certain que cela
demeure une priorité.
Alain Loret est professeur
des universités honoraire,
expert en prospective du sport,
fondateur de SWi.
plus tard, Bernar Venet n’a Le Muy (Var) se visite d’un retour en France après
pas réalisé son rêve, mais il a sur rendez-vous jusqu’au cinquante-quatre ans pas-
néanmoins croisé le chemin 16 octobre. sés à New York. Il vit désor-
de l’actuel souverain pontife venetfoundation.org/fr/ mais près de sa fondation
dans l’exercice de son art... du Muy, sur la Côte d’Azur,
Cet ambitieux sculpteur conceptuel a qui contient un remarquable ensemble
marqué les esprits en créant en 2011 pour le d’œuvres minimales et conceptuelles, pour
parc du château de Versailles un gigantes- la plupart réalisées par des artistes qu’il a
que « Effondrement », composé de poutres côtoyés. Il s’agit certainement de l’ensemble
en acier Corten jetées au sol, qui pesait le plus important d’art conceptuel interna-
160 tonnes, et en installant en octobre 2019 tional en mains privées en France.
une sculpture de 60 mètres de hauteur et de
250 tonnes « Arc majeur » sur une auto- Remarquable ensemble
route belge. En ce mois d’août 2020, il réalise Question chapelles, celle que fréquente plus
une opération de taille plus modeste, en couramment Venet est laïque. Située dans le
achevant de décorer une chapelle du parc de la fondation, elle a été imaginée par
XVIIe siècle qui célèbre saint Jean Baptiste Frank Stella en 2016 et est composée de six
dans la montagne au-dessus de son village reliefs monumentaux abstraits placés en
natal. Le miracle est qu’il a réussi à faire cercle dans un espace de 15 mètres de diamè-
bénir la peinture, qui va orner le mur central tre. Au générique de la fondation, on trouve
de ce lieu de culte, par le pape en personne. aussi des pièces de grand format d’artistes
L’artiste a dessiné un mobilier métallique majeurs américains comme James Turrell
minimal, posé une immense croix en acier (2 œuvres), Dan Flavin (5 œuvres), Donald
Corten contre la paroi de l’autel et imaginé Judd (7 œuvres) ou Sol LeWitt (7 œuvres).
des vitraux noir et blanc qui reprennent ses Cette année, Lawrence Weiner a aussi ima-
formes les plus connues en arc de cercle sty- giné pour la fondation un « statement », une
lisé. Surtout il a fait le voyage en Israël, est suite de mots qui parle de nature, de débris
allé près du Jourdain pour y ramasser de la flottants et de goudron. « J’ai des copains qui
terre et de l’eau. A l’aide de cette matière font des trucs extraordinaires. Chacun indivi-
première « biblique », il a tracé une phrase duellement n’aurait pas existé sans les
tirée de l’Evangile : « Jean n’était pas la autres », conclut Bernar Venet. n

LE POINT
DE VUE Plan de relance :
pour un grand
© Bruno Bebert/Sipa
de Frédéric Puzin

emprunt national
Sculptures de l’artiste dans le parc de sa fondation du Muy, sur la Côte d’Azur.

A ussi soudaine que mondiale, la

crise engendrée par le corona-
virus a déclenché une vaste
crise économique à l’ampleur toujours
inconnue. En raison des mesures de
faveur des dépenses de santé et de soli-
darité. Mais l’essentiel de son plan de
relance de 110 milliards d’euros n’est
composé que de prêts ou de reports de
charges. Ces initiatives sont louables
2013, les hausses d’impôts ont fait bas-
culer le pays dans la récession et le chô-
mage, ralentissant d’autant la reprise
économique. Un tous perdants massif.
Partant de ce constat et du statut
Frissons à 30.000 pieds RA
Y O N P O L AR

confinement prises pour la première
fois par des gouvernements pour pré-
server les vies humaines au détriment
de l’économie, des millions de consom-
mateurs ont été contraints de thésauri-
ser. En France, l’OFCE estimait cette
épargne forcée à 55 milliards d’euros
pour les huit semaines de confinement.
A l’échelle de l’Union européenne,
l’assureur allemand Allianz évoquait
1.300 milliards d’euros au deuxième tri-
mestre. A l’épargne forcée s’ajoutant
aussi l’épargne de précaution qui se
constitue quand l’épargnant n’a plus
confiance en l’avenir…
A l’heure du déconfinement, tous les
décideurs politiques et les économistes
ont espéré voir les consommateurs
dépenser ce surcroît d’épargne afin
qu’elle vienne irriguer l’économie réelle.
Néanmoins, la dégradation de la situa-
tion économique n’incitant pas à la con-
fiance et à la consommation, un com-
portement de rattrapage pur et parfait
apparaît tout bonnement utopique.
Alors que faire pour stimuler l’activité
et plus simplement l’économie ?
La faiblesse des marges de
manœuvre budgétaires ne plaide pas
pour une solution uniquement fondée
sur une relance budgétaire classique.
L’Etat a certes joué un rôle d’amortis-
seur bienvenu en prenant en charge le
chômage partiel et des mesures en
mais encore trop limitées par rapport à
l’importance du choc économique.
Cet emprunt abonderait
directement un fonds
d’investissement lancé
pour l’occasion.
Les entreprises et les travailleurs
apparaissent ainsi comme les grands
perdants de ce plan de relance qui
n’arrive pas. Les pertes de revenus du
secteur privé sont évaluées à 120 mil-
liards d’euros pour la seule année 2020.
Les redressements judiciaires se multi-
plient dans le commerce non alimen-
taire. Les plans de sauvetage destinés
aux entreprises stratégiques s’enchaî-
nent. Le tourisme, le monde du specta-
cle ou la restauration se préparent à une
casse d’ampleur. Une situation qui
engendre déjà nombre de licencie-
ments et destruction d’emplois, catas-
trophes en puissance pour les recettes
fiscales et les comptes sociaux.
Dans ce contexte, comment réorien-
ter l’épargne des Français vers le sou-
tien à l’économie réelle et donc aux
entreprises ? Un premier réflexe très
hexagonal consisterait à augmenter les
impôts afin de soutenir l’effort étatique.
Expérimentées lors de la crise en 2009-
intouchable de l’épargne affectée sur les
livrets réglementés et autre assurance-
vie, une autre voie est néanmoins possi-
ble pour aligner les intérêts de l’ensem-
ble de la chaîne : contribuables,
entreprises et décideurs politiques. Met-
tons en place un grand emprunt d’Etat
obligatoire qui consisterait en un prélè-
vement extraordinaire et progressif. Cet
emprunt abonderait alors directement
un fonds d’investissement lancé pour
l’occasion. L’argent ainsi levé serait réin-
vesti en toute transparence dans les
entreprises soutenues par l’Etat. Les
contribuables deviendraient alors les
nouveaux créanciers de Renault, Air-
bus, ADP… mais aussi de PME irriguant
l’économie des territoires régionaux via
ce fonds d’investissement.
L’Etat stratège et les décideurs politi-
ques devraient alors rendre des comp-
tes tous les ans sur la stratégie et les
résultats économiques du fonds aux
citoyens-actionnaires. Le contribuable
ainsi transformé en épargnant pourrait
ensuite profiter d’une rente annuelle,
une fois les affres de la crise effacés.
L’actionnariat populaire tant fantasmé
deviendrait réalité et l’Etat aurait mon-
tré la voie en faisant du contribuable un
véritable acteur de la relance.
Frédéric Puzin est président
de Corum L’Epargne.
Pierrick Fay POLAR ALLEMAND
@pierrickfay Siège 7A
de Sebastian Fitzek
Voyageurs paranoïaques, traduit par Céline Maurice
sachez que le siège qu’il ne L’Archipel, 384 pages,
faut surtout pas réserver 22 euros
dans un avion est le 7A. En
cas de crash, vous êtes certain d’y passer. C’est
du moins le savant calcul statistique effectué
par Mats, un psychiatre allemand réfugié en
Argentine. Ce dernier a fui lâchement son
pays, juste avant la mort de son épouse des
suites d’une longue maladie. Par bateau.
Pourtant, ce jour-là, il monte à bord d’un des
plus gros avions du monde pour retrouver sa
fille, abandonnée lors de son exil. Cette der-
nière attend un heureux événement. Pour
surmonter sa phobie, il a loué quatre sièges
en classe affaires, dont le 7A, pour que per-
sonne ne s’asseye à cette place. Mais à bord,
rien ne se passe comme prévu. D’abord, Mats
se voit contraint, de par sa bonne éducation,
de laisser le siège 7A à une jeune mère de
famille et à son bébé. A peine installé place
19F (place occupée par Juliane Koepcke lors
du crash d’un Lockheed Electra en 1971 dans
la jungle péruvienne, dont elle fut la seule
survivante), il reçoit un appel anonyme. Sa
fille Nele a été enlevée, juste avant son accou-
chement. Elle sera tuée, ainsi que son bébé,
s’il n’obéit pas aux instructions.
Il va devoir manipuler une hôtesse de l’air
pour qu’elle pirate son vol et fasse s’écraser
l’appareil avant l’arrivée à Berlin. Encore un
coup du destin, il y a quel-
ques années, il avait soigné
cette dernière, témoin d’une
tuerie de masse dans un
lycée, contre ses pulsions
suicidaires et morbides. Il
lui faudra inverser sa théra-
pie pour sauver sa fille, au prix de celle des
600 passagers de l’avion.
Fausses pistes
« Siège 7A » est un thriller psychologique
implacable. Son auteur, Sebastian Fitzek, un
des plus fameux auteurs de polars en Alle-
magne, a su nouer une intrigue passion-
nante et tordue autour de ses personnages :
Mats, le psy qui n’a rien d’un héros ; Nele, sa
fille, qui, en plus d’être enceinte, s’est retrou-
vée séropositive par accident et est plongée
en enfer ; Kaja, l’hôtesse qui pensait en avoir
fini avec son passé ; Feli, amie psychiatre de
Mats, qui va tenter de retrouver la trace de
Nele ; sans oublier le preneur d’otages, un
dingue qui veut prouver au monde le danger
du lait de vache.
Bien malin le lecteur qui pourra démêler
les fils de « Siège A7 », tant l’auteur se plaît à
multiplier les coups de théâtre et les fausses
pistes. Suite à l’épidémie de coronavirus,
voyager en avion est devenu plus rare. Si
l’occasion s’en présente, on pourra agréable-
ment tuer le temps en dévorant ce polar. Ins-
tallez-vous confortablement… en évitant si
possible le « siège 7A ». n
10 // SÉRIE D’ÉTÉ
Le monde à part
d’Elon Musk
Il a bouleversé le marché des paiements avec PayPal, révolutionné
l’industrie automobile avec Tesla, pris le contrôle de l’espace avec SpaceX.
Visionnaire et mégalomane, admiré mais aussi décrié, Elon Musk
est l’un des plus audacieux entrepreneurs du moment.
Passionné avant tout de science-fiction, Elon Musk (ici à 11 ans en 1982) n’avait rien d’un enfant exceptionnellement brillant.
V
oit-on dans l’enfance d’un homme
ce qu’il peut advenir de son futur ?
A part sa passion pour les récits de
science-fiction et une inhabituelle
tolérance au risque héritée d’un
grand-père aventurier, celle d’Elon Musk fut plu-
tôt banale. « Honnêtement, rien ne laissait présa-
ger qu’il deviendrait milliardaire. Il n’apparaissait
jamais comme un leader à l’école », s’est confié un
ancien camarade d’école au journaliste améri-
cain Ashlee Vance, qui a signé la biographie de
l’entrepreneur (1).
Elève tranquille, peu remarquable et pas
sportif, le jeune Elon aurait pu être écrivain. Dès
son plus jeune âge, le garçon se taille une répu-
tation de rat de bibliothèque. « Il n’était pas
inhabituel pour lui de lire dix heures par jour. Le
week-end, il pouvait avaler deux livres en une
journée », témoigne son frère Kimbal. Tout
l’intéresse : la technologie, les religions, la phi-
losophie, le design… En classe primaire, il a déjà
avalé tout ce que propose la librairie de l’école et
se rabat, faute de mieux, sur l’« Encyclopædia
Britannica ». Sa mémoire photographique lui
permet de tout absorber. Mais c’est dans l’antici-
pation qu’il trouve ses plaisirs ultimes : « Fon-
dation » (Isaac Asimov), « Révolte sur la Lune »
et « Guide du Voyageur galactique » (Robert
Heinlein), « Le Seigneur des Anneaux » (John
Tolkien), forgent ses premiers penchants pour
la science-fiction.
SÉRIE D’ÉTÉ
ELON MUSK, L’ENTREPRENEUR DU SIÈCLE
La généalogie familiale ajoute la touche
d’inconscience et de légèreté indispensable à
l’entrepreneuriat. Toute son enfance, le jeune
Elon, né à Pretoria, en Afrique du Sud, en 1971, bai-
gne dans l’histoire gorgée d’aventures de ses
grands-parents, Joshua Norman et Winnifred
Haldeman, émigrés au Canada en 1907. Ils sont
chiropracteurs, ont été fauchés par le « jeudi
noir » de 1929 et ont tout vendu pour s’installer en
Afrique du Sud, où le couple vit un quotidien fait
d’exploits. Ils ont sauvé de leur faillite un petit
avion de la marque italo-américaine Bellanca et
se font remarquer des médias quand ils volent
48.000 km entre l’Afrique et l’Australie. C’est une
première que les Haldeman entretiennent
ensuite à coups d’expéditions dangereuses dans
l’Afrique australe encore méconnue. « Une envie
d’exploration poussait mon grand-père à faire des
folies », raconte Elon Musk, qui a en vain remué
ciel et terre pour remettre la main sur le mono-
moteur familial.
Créateur d’un jeu vidéo à treize ans
Dans ce cadre, le futur entrepreneur se construit
un monde à part. « Parfois, il ne vous entend sim-
plement pas. Il rentre à l’intérieur de son cerveau et
vous voyez juste qu’il est dans un autre monde,
qu’il est en train de concevoir une nouvelle fusée ou
autre chose », témoigne sa mère, Maye.
Dès l’âge de treize ans, il a créé un jeu vidéo,
Blastar. Un journal professionnel sud-africain,
par Anaïs Moutot et Paul Molga
Courtesy of Maye Musk
« PC and Office Technology », en publie le code
source et octroie à celui qui n’est encore qu’un
gamin un chèque de 500 dollars. Ce qui frappe,
dans ce jeu, c’est la maturité de sa conception,
bien au-delà de ce que l’on peut attendre d’un
geek ordinaire à peine sorti de l’enfance. Il y est
question de conquête de l’espace et de guerre
entre le bien et le mal. On peut alors facilement
en déduire que le jeune Musk a nourri de ses
nombreuses lectures de science-fiction son ima-
ginaire. Mais du jeune ado rêveur, déjà, par
maint endroit, le front du démiurge entrepre-
neur brise le masque étroit.
Blessures profondes
Le jeune Elon avouera plus tard son avidité pré-
coce à modifier le sort de l’homme dans l’Uni-
vers. « J’ai peut-être lu trop de bandes dessinées
dans mon enfance, dira-t-il plus tard. Dans les BD,
on dirait qu’ils sont toujours à essayer de sauver
le monde. Je me disais qu’on devrait essayer de
l’améliorer, car l’inverse serait absurde. »
L’adolescence révèle les blessures profondes
d’Elon Musk. Ses parents ont divorcé lorsqu’il
avait neuf ans. Lui et son frère Kimbal ont décidé
de vivre avec leur père, Errol, ingénieur en élec-
tronique plutôt qu’avec leur mère, Maye, manne-
quin professionnelle et diététicienne. Bien plus
tard, dans le magazine « Rolling Stone », Elon
Musk qualifiera son géniteur d’« être mauvais,
ayant commis tous les crimes imaginables ».
Lundi 17 août 2020 Les Echos
1/5
Le paternel répondra, plus tard, dans MailOn-
line : « Je les conduisais à l’école dans une Rolls-
Royce décapotable, ils avaient des chevaux pur-
sang à monter et des motos à l’âge de quatorze ans.
Ils étaient gâtés. C’est peut-être la raison pour
laquelle Elon se comporte maintenant comme un
enfant gâté. »
A cette période douloureuse de son enfance,
sa lecture de textes religieux ou philosophiques
devient quasi-obsessionnelle. Cet enfermement,
ce repli sur soi finit par le rendre particulière-
ment antipathique en société. Il en souffre. Dans
les médias, Musk a souvent relaté cette période
pénible de son adolescence pendant laquelle il a
été plusieurs fois tabassé à l’école, allant jusqu’à
être hospitalisé, alors qu’il vivait déjà difficile-
ment la séparation de ses parents. « Avec ça, il est
difficile de grandir. Pendant plusieurs années, je
n’ai eu aucun répit. A l’école, j’étais pourchassé par
une bande qui voulait me massacrer, et quand je
rentrais à la maison, c’était tout aussi moche.
C’était horrible en permanence », témoigne Musk
de ses années collège passées à Pretoria dans
l’atmosphère lourde de l’apartheid des années
1980. « L’Afrique du Sud n’était pas l’endroit pour
les Bisounours. Nous avons assisté à quelques scè-
nes vraiment dures. Cela a fait partie d’une éduca-
tion atypique, ce genre d’expériences délirantes qui
modifient votre vision du risque. Vous ne grandis-
sez pas en vous disant que le plus difficile est de
trouver un travail. Ce n’est pas assez intéressant »,
témoigne Kimbal.
Il ne faut pas minorer l’impact de ce contexte
culturel étouffant sur Elon Musk. « Ce qui eut
plus d’effet encore sur sa personnalité fut la cul-
ture afrikaner blanche, dominante à Pretoria et
dans les environs. Elle célébrait les comportements
hypermasculins et les costauds rugueux. Quoique
relativement privilégié, Musk vivait en marginal :
sa personnalité réservée et son tempérament de
geek juraient avec les attitudes dominantes de
l’époque. Il se sentait sans cesse renforcé dans l’idée
que quelque chose dans le monde ne tournait pas
rond et, presque depuis ses premiers jours, il mijo-
tait d’échapper à son milieu », écrit son biographe
Ashlee Vance.
Elève tranquille, le jeune Elon
aurait pu être écrivain. Dès
son plus jeune âge, le garçon
se taille une réputation
de rat de bibliothèque.
Tout l’intéresse :
la technologie, les religions,
la philosophie, le design…
Son frère Kimbal et lui-même n’aspirent alors
qu’à une chose : quitter l’Afrique du Sud. Elon
rêve d’Amérique, la terre de tous les possibles, et,
pour une fois, la chance lui sourit : une nouvelle
loi permet aux immigrés naturalisés Canadiens
de transmettre leur nationalité à leurs enfants et
c’est le cas de la mère des deux frères. A dix-sept
ans, alors qu’il est appelé à servir sous le drapeau
sud-africain, il obtient le sésame qui va changer
son destin. Après son atterrissage à Montréal, en
juin 1988, Elon s’essaie à une nouvelle vie. Il cul-
tive des légumes, pellette des silos de céréales,
manie la tronçonneuse et nettoie des chaudiè-
res. L’année suivante, le voilà à Kingston, où il
retrouve les bancs de l’université Queen’s. C’est
un élève sérieux, un bourreau de travail, qui
prend plaisir à la compétition. « Quand Elon se
lance dans quelque chose, il s’y investit davantage
que quiconque. C’est ce qui le distingue du reste
de l’humanité », se souvient un de ses camarades
de l’époque.
Cette pugnacité lui vaut d’être accepté à l’uni-
versité de Pennsylvanie – Penn – une des élites de
l’enseignement supérieur américain. Ses convic-
tions s’affirment. Il rédige des écrits et des busi-
ness plans autour des grandes bases de données,
des supercondensateurs et des énergies renou-
velables. Dans un devoir de décembre 1994 inti-
tulé « De l’importance d’être solaire », il prédit
une amélioration considérable de la producti-
vité des cellules photovoltaïques et l’essor à venir
de cette industrie. Malgré son goût de plus en
plus marqué pour la physique, c’est pourtant sur
le Web qu’Elon va faire ses premières armes
d’entrepreneur. — P. M.
1) « Elon Musk, Tesla, PayPal, SpaceX :
l’entrepreneur qui va changer le monde »
(éditions Eyrolles, 2016).
6
Et demain SpaceX, première
entreprise aux ambitions
extra-planétaires
Les Echos Lundi 17 août 2020 SÉRIE D’ÉTÉ // 11

Elisabeth II, une reine dans son siècle

SÉRIE D’ÉTÉ 11/20

Le désastre d’Aberfan
En 1966, la catastrophe d’Aberfan affecte en profondeur l’image d’Elisabeth II, qui a tardé à réagir.
Le drame met également en lumière les problèmes du pays de Galles
et la qualité de la relation qui unit la reine à son Premier ministre travailliste.

A berfan, 21 octobre 1966. En ce début

de matinée, tout semble normal
dans ce gros bourg de quelques
milliers d’habitants situé en plein cœur du
pays de Galles. Les enfants sont à l’école et la
plupart des hommes sont à la mine. Depuis
1869, l’exploitation du charbon constitue en
effet la principale activité d’Aberfan et de sa
région. Les installations et une grande par-
tie des logements appartiennent d’ailleurs
au National Coal Board (NCB), la société
publique créée au moment des nationalisa-
tions de 1946 pour exploiter les mines de
charbon du Royaume-Uni. Soudain, à
9 h 15, une gigantesque coulée de résidu
minier se détache d’un terril situé au-dessus
du bourg. Plus de 110.000 mètres cubes de
terre gorgée d’eau par les pluies des jours
précédents s’abattent sur Aberfan, empor-
tant sur leur passage une vingtaine de mai-
sons et une école primaire. 144 personnes
sont tuées, dont 116 enfants. La catastrophe
a duré moins de 5 minutes…
Prévenu par le secrétaire d’Etat au pays
de Galles, le Premier ministre, Harold Wil-
son, arrive sur place un peu avant 10 heures
du soir, réquisitionnant pour l’occasion un
petit avion habituellement utilisé pour les
déplacements de la reine et de la famille
royale. Il n’en repart que vers minuit, après
avoir longuement discuté avec les équipes
de la protection civile, les volontaires venus
de tout le pays de Galles pour aider à la
recherche de survivants et aider les habi-
tants d’Aberfan. Et déjà, les critiques fusent,
en particulier contre le National Coal Board,
accusé d’avoir négligé les questions de sécu-
rité, d’avoir taillé dans les investissements
par mesure d’économie et, surtout, d’avoir
dissimulé les risques d’instabilité des ter-
rils, installés sur une source d’eau. Une
enquête indépendante viendra valider peu Le 21 octobre 1966, une coulée de résidu minier dévaste une partie du village d’Aberfan, au pays de Galles, tuant 144 personnes dont 116 enfants. La reine Elisabeth II
après la plupart de ces accusations. se rend sur les lieux de la tragédie huit jours plus tard. Photos AP/Sipa - Keystone-France

Immense émotion
A Cardiff, la capitale du pays de Galles, la
catastrophe d’Aberfan suscite une immense
émotion. Elle vient également relancer les
critiques récurrentes contre Londres,
accusé d’avoir systématiquement négligé la
« nation galloise », l’une des nations consti-
tutives du Royaume-Uni au même titre que
l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande du Nord. En
ce milieu des années 1960 de fait, le pays de
Galles semble cumuler les handicaps. Sa
base industrielle est trop étroite – elle repose
en grande partie sur l’exploitation du fer et
du charbon – et sa main-d’œuvre insuffi-
samment formée. Les usines qui se sont ins-
tallées sur place n’offrent que des emplois
peu qualifiés et des salaires peu élevés. Fierté
du pays de Galles, le charbon lui-même est
en crise : depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale, un nombre important de puits
ont dû fermer, entraînant une baisse de la
production qui s’accélérera dans les années
1970. C’est ainsi que la National Coal Board a
réduit les investissements dans les mines les
moins rentables, expliquant en partie le
drame d’Aberfan…
Résultat : depuis quelque temps, le mou-
vement nationaliste gallois, apparu au
milieu des années 1920, est en plein essor. En
1965, l’inondation de la vallée de Tryweryn et
de sa communauté villageoise afin de cons-
truire un barrage destiné à alimenter en eau
la ville de Liverpool, lui a même donné un
nouveau souffle. Il se fait de plus en plus vio-
lent, n’hésitant pas à faire sauter des canali-
sations d’eau ou des bâtiments publics
comme des centres des impôts. Avec Lon-
dres, les tensions ne cessent de monter. A tel
point qu’en juillet 1969, lors de l’intronisa-
tion de Charles comme prince de Galles, des
rumeurs d’attentat contre l’héritier de la
couronne se répandront et que, quelques
jours avant la cérémonie, une bombe explo-
sera près du château de Caernarvon où la
cérémonie devait se tenir, tuant ceux qui la
manipulaient. Le drame d’Ab erfan
n’arrange pas les choses : aux yeux des natio-
par Tristan Gaston-Breton
nalistes gallois, il est la preuve du mépris que
les Anglais ont pour leur peuple…
Sur place le 21 octobre 1966, dans une
salle mal éclairée où il improvise en pleine
nuit une conférence de presse, le Premier
ministre Harold Wilson a les mots justes
pour réconforter autant qu’il le peut les
habitants encore sous le choc. L’époux de la
princesse Margaret, Antony Armstrong-Jo-
nes comte de Snodow, arrive à son tour au
pays de Galles vers 2 heures du matin le
même jour. On le verra participer aux
recherches. Le prince Philip se rend lui
aussi sur les lieux le lendemain, mais seul.
La reine, en effet, n’est pas là. Le jour du
drame, elle est rentrée d’un long congé à
Balmoral et a repris ses activités habituel-
les. A ses conseillers qui la pressent d’aller
réconforter la population d’Aberfan, elle
répond que cela ne ferait que gêner les
secours, empêchant peut-être de retrouver
des survivants sous les décombres. Louable
intention mais qui fait l’objet de critiques
sévères, au pays de Galles bien sûr, mais
aussi partout au Royaume-Uni. Une partie
de la presse dénonce son indifférence et son
manque d’empathie pour les souffrances
des Gallois, écornant au passage son image
de souveraine proche de son peuple. C’est
finalement Harold Wilson qui finit par la
convaincre de se rendre sur place. Une déci-
sion qui doit beaucoup aux excellentes rela-
tions qu’entretiennent la reine et son Pre-
mier ministre…
Entre ces deux-là, les choses, pourtant,
n’avaient pas très bien commencé. Arrivé
au pouvoir en octobre 1964, Harold Wilson
est le premier Premier ministre travailliste
depuis Clement Attlee en 1945. Augmenta-
tions des dépenses publiques pour le loge-
ment, les pensions, les salaires et les aides
sociales, renforcement du rôle des syndi-
cats, abolition de la peine de mort, dépénali-
sation de l’homosexualité, réforme du
divorce… Son programme est aux antipo-
des de ceux des Premiers ministres qu’a
connus jusque-là Elisabeth II. Pour ne rien
arranger, le Tout-Londres bruisse de
rumeurs faisant de Harold Wilson une
« taupe » du renseignement soviétique. La
reine a beau connaître la vérité – le véritable
agent soviétique est Anthony Blunt, le
conservateur de ses collections royales,
arrêté en 1963 mais dont le nom ne sera
rendu public qu’en 1979 –, une partie de son
entourage la presse de ne pas nommer un
politicien à la réputation aussi sulfureuse.
Soucieux de rapprocher
l’institution monarchique
de la population, Harold
Wilson pousse la reine
à alléger le protocole
et à se monter plus
en phase avec son époque.
Et ce n’est pas tout ! Le style d’Harold Wil-
son dénote également. Le jour de sa pre-
mière audience à Buckingham Palace, il
vient accompagné de sa femme, de ses
deux fils et de son père, une première dans
l’histoire de la monarchie ! Pour l’occasion,
il a renoncé à la jaquette, comme le veut
l’usage, pour un pantalon à rayures et une
veste non assortie des plus banales. Pour
Elisabeth II, Harold Wilson incarne un
monde qui lui est totalement inconnu :
celui de la petite bourgeoisie provinciale,
simple et sans manières, qui ne doit rien à
ses origines mais tout à ses mérites. Le Pre-
mier ministre, de surcroît, est plutôt sévère
envers la monarchie dont il juge les rites
désuets. S’il n’est pas lui-même républicain,
une partie de son cabinet s’interroge ouver-
tement sur l’utilité de l’institution royale.
C’est le cas notamment de Barbara Castle,
secrétaire d’Etat au Développement inter-
national puis à l’Emploi, que l’on sur-
nomme la « Reine rouge des travaillistes »,
de Tony Benn, le ministre des Postes – qui
fait campagne en vain pour que le portrait
de la reine disparaisse des timbres – ou de
Michael Stewart, secrétaire d’Etat à l’Edu-
cation et futur ministre des Affaires étran-
gères qui juge Elisabeth II « stupide ».
Entre la reine et Harold Wilson, les rela-
tions s’améliorent cependant rapidement
au point qu’on a pu dire que le dirigeant tra-
vailliste avait été, de tous ses Premiers minis-
tres, son préféré. Il faut dire que dix années
seulement les séparent – Harold Wilson est
né en 1916 –, favorisant une relation égali-
taire qu’Elisabeth II n’avait jamais vraiment
eue avec ses prédécesseurs, beaucoup plus
âgés. Lors de leur audience hebdomadaire
qui se tient chaque mardi à 18 h 30, le Pre-
mier ministre lui parle de tout, sans jamais
se départir de sa pipe. Chaleureux et simple,
il lui raconte dans le détail les innombrables
ragots qui courent sur les politiciens anglais
et les dirigeants étrangers. Lors de son
second mandat – 1974-1976 –, il lui dévoilera
ainsi par le menu les aventures extraconju-
gales du président français Valéry Giscard
d’Estaing. Harold Wilson apprécie le sérieux
de la reine, sa connaissance des dossiers qui
lui sont transmis, la pertinence de ses
remarques et de ses questions et, d’une
manière générale, la simplicité de ses
manières. « C’est la seule personne avec
laquelle je puisse avoir une conversation
sérieuse », confie-t-il un jour à ses proches.
De son Premier ministre, Elisabeth II
apprend beaucoup. En particulier sur les
classes moyennes du Royaume-Uni qu’il
connaît bien – sa mère était maîtresse d’école
et son père cadre dans l’industrie chimique –
et sur les transformations de la société
anglaise. Soucieux de rapprocher l’institu-
tion monarchique de la population, il la
pousse à alléger le protocole, en particulier
celui qui régit les audiences de la souveraine,
et à se monter plus « en phase » avec son épo-
que. C’est lui notamment qui, en 1965, con-
seille à la reine de décorer personnellement
les Beatles de l’Ordre de l’Empire britanni-
que. Consciente du décalage qui peut exister
entre les rites surannés de l’institution
monarchique et les attentes de la population,
Elisabeth II se range bien volontiers à ses avis.
« Vous devez aller à Aberfan pour manifes-
ter votre compassion envers les victimes de la
tragédie » : c’est ce que dit en substance Harold
Wilson à la reine à son retour du pays de Gal-
les. Le 29 octobre 1966, soit huit jours après la
catastrophe et alors que les opérations de
secours sont officiellement terminées, Elisa-
beth II s’y rend enfin. Le prince Philip est pré-
sent lui aussi. Pendant un peu plus de deux
heures, la reine et le duc d’Edimbourgh
arpentent les rues du petit bourg, discutant
avec les habitants, se recueillant quelques ins-
tants sur le monticule de terre qui recouvre
l’ancienne école avant de déposer une cou-
ronne mortuaire au cimetière de la ville. « En
tant que mère, j’essaie d’imaginer ce que vous
devez ressentir. Je suis désolée de ne rien avoir
d’autre à vous offrir pour le moment que mon
empathie », déclare-t-elle, manifestement au
bord des larmes, aux mères des petites victi-
mes. Habituée à contrôler ses émotions, Eli-
sabeth II a dû un peu forcer sa nature pour se
montrer proche de la population…
Contre toute attente, les habitants d’Aber-
fan, que l’absence de leur souveraine dans les
heures qui ont suivi la catastrophe a profon-
dément choqués, réservent un accueil
enthousiaste au couple royal. Treize ans
après son accession au trône, la reine com-
prend combien la perception que le public a
d’elle et de ce qu’elle incarne, loin d’être ano-
dine, peut être essentielle. Le sujet a d’ailleurs
souvent figuré au menu des discussions avec
Harold Wilson lors de leur entretien hebdo-
madaire. Familier des critiques et des
rumeurs, le Premier ministre lui a dit com-
bien il était crucial de se montrer humain
lorsque les circonstances l’exigeaient.
Humaniser son image et celle de la famille
royale : c’est ce pari à hauts risques que la
reine va tenter de relever en 1969…
6
Et demain Famille royale,
dans l’intimité des Windsor
12 // SÉRIE D’ÉTÉ Lundi 17 août 2020 Les Echos

« Le bel été », par Andrea Mongia pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

Regain de tension Vaucluse : l’incendie Inde : l’avertissement Tensions

L’ÉDITORIAL avec la communauté fixé, 130 hectares de Modi à la Chine Etats-Unis-Iran :
DES « ÉCHOS » tchétchène brûlés et au Pakistan avantage Téhéran

' ' ' '

VIOLENCE – Le ministre de FEU – L’incendie qui a pro- ASIE – Le Premier ministre MOYEN-ORIENT – L’Iran a
Non, l’université n’est l’Intérieur, Gérald Darma-
nin, s’est rendu dimanche à
voqué l’évacuation d’envi-
ron 350 personnes samedi
indien, Narendra Modi, a
lancé un nouvel avertisse-
crié victoire, après le rejet à
une écrasante majorité par
pas une cause perdue Saint-Dizier (Haute-Marne) pour
rencontrer les forces de l’ordre,
soir autour du village de Faucon
(Vaucluse) était fixé dimanche,
ment à la Chine, deux mois après
les affrontements meurtriers dans
le Conseil de sécurité de l’ONU,
d’une résolution américaine visant
après une opération de police ont indiqué les pompiers et la l’Himalaya, lors d’une intervention à prolonger l’embargo sur les
Harvard, Stanford, Cambridge...Saclay ? Nous n’y visant à empêcher un projet de préfecture. « Le bilan […] s’élève à pour le Jour de l’indépendance. armes en Iran. Ce camouflet a une
sommes pas encore. Pour l’heure, l’immuable trio de tête vengeance après l’agression d’un 130 hectares de forêt brûlée ; Sans le nommer, Modi s’adressait première répercussion sur
du classement de Shanghai – qui labellise chaque année ressortissant tchétchène. Trois aucune habitation n’a été touchée ; aussi au Pakistan. « A tous ceux qui l’accord nucléaire iranien : Donald
l’excellence en matière d’enseignement supérieur dans le hommes, d’origine tchétchène, il n’y a aucune victime à déplorer à ont eu des vues sur la souveraineté Trump ne participera « probable-
monde – garde ses prérogatives. Publié samedi, le dernier interpellés vendredi armés de l’exception de six sapeurs-pompiers du pays, l’armée du pays a répondu ment pas » au prochain sommet
opus de ce rendez-vous apporte pourtant une lueur couteaux, bâtons de bois et d’un légèrement blessés lors de l’inter- avec le même langage », a lancé des cinq membres permanents
d’espoir inespérée à une université française que l’on sabre, qui voulaient se venger, vention », a indiqué la préfecture le Premier ministre, dans son du Conseil de sécurité avec l’Iran
avait un peu tôt fait de classer parmi les causes perdues. devaient être présentés dimanche du Vaucluse. Environ 400 pom- discours, au cours duquel proposé par Vladimir Poutine.
Paris-Saclay y pointe à la 14e place. C’est une percée à un juge d’instruction en vue de piers restaient mobilisés sur zone il a aussi promis de renforcer « Nous allons attendre jusqu’à
spectaculaire. L’an dernier le premier établissement leur mise en examen. pour éviter toute reprise du feu. les capacités militaires. après l’élection », a affirmé Trump.
français, Paris-Sud, se situaitulement au 37e rang du
classement. Que s’est-il passé ? A moins d’être d’une
mauvaise foi absolue – ce qui n’est pas exclu lorsque l’on LA PHOTO DU JOUR
connait le conservatisme farouche d’une partie du
monde universitaire systématiquement opposé aux
réformes de ces dernières années comme l’autonomie
des établissements ou encore la sélection –, force est de
reconnaître que cette performance trouve son origine
dans la loi sur le regroupement des universités votée
le 22 juillet 2013. L’idée, fort
combattue à l’époque, tombait
pourtant sous le sens. Face à
l’éparpillement des moyens
publics pour la recherche
distribués à une myriade
d’institutions, il était urgent de
procéder à des fusions ou à des
Par Daniel rapprochements afin de donner
Fortin à nos UFR une dimension
à la hauteur du rayonnement
En France, français. Sept ans plus tard, Paris-
le problème Saclay, qui a marié, entre autres
,Paris-Sud, AgroParisTech,
n’est pas Centrale Supélec et l’université de
tant le Saint-Quentin-en-Yvelines, valide
montant le bien fondé de cette stratégie.
L’objectif était, à la faveur de ces
des rapprochements, de favoriser la
concours création de pôles de recherche de
publics taille mondiale, capables d’attirer
mais plutôt les meilleurs chercheurs, de
multiplier les projets novateurs
le manque et d’offrir aux étudiants, une
de fonds multitude de choix d’excellence
en multipliant les passerelles
privés. entre des établissements
autrefois séparés. Essentiels pour
être pris dans les filets du « Shanghai », ces critères, enfin
remplis, ont permis de sortir notre enseignement
supérieur du surplace qui était le sien . Cette étape,
fondamentale pour l’attractivité de la France, ne signifie
pas que le but est atteint. Moins qu’une course absurde
au gigantisme, ces regroupements n’ont de sens que s’ils
permettent aux institutions de trouver les financements
qui leur manquent pour briller. En France, le problème
n’est pas tant le montant des concours publics mais
plutôt le manque de fonds privés, majoritaires dans
les tous premiers établissements anglo-saxons. Droits A BANGKOK, LE MOUVEMENT PRODÉMOCRATIE FAIT LE PLEIN Au moins 10.000 manifestants se sont rassemblés, dimanche à Bangkok, pour protester contre
d’inscription, apports des entreprises, dons : pour attirer le gouvernement et réclamer une réforme de la monarchie. Cette manifestation est la plus importante de celles ayant été organisées dans le royaume depuis le coup
ces ressources , il faut résolument continuer sur la voie d’Etat de 2014. Photo Soe Zeya Tun/Reuters
d’excellence empruntée il y a six ans.

( Lire nos informations

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23 MARDI MERCREDI JEUDI VENDREDI
19/23 17/21 16/23 19/28 19/23
22 21/29 20/31 21/32 22/30 22/31
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RÉAGIR
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23 23 22/25 21/26 20/27 20/26 21/26
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25 18/23 16/25 16/22 20/24 17/22
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FACE À UNE CRISE 22 26

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AGIR
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24 26 MERCREDI
24 16/26 21/27 21/28 21/32 21/24 18/19
17/21 17/21 16/19 14/18 15/20
30 29/35 29/35 28/35 28/35 28/35
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POUR PRÉPARER L’APRÈS 26 27 29
29 25/28
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n J J J n
CAC 40 DOW JONES EURO/DOLLAR ONCE D’OR PÉTROLE (BRENT) Lundi 17 août 2020
4.962,93 points 27.921,62 points 1,1833 $ 1.944,75 $ 44,82 $ www.lesechos.fr
-1,5756 % 0,0893 % 4,8237 % 0,0257 % -0,6649 %

DEVISES EUR/GBP 0,9029 EUR/JPY 126,009 EUR/CHF 1,0758 GBP/USD 1,3107 USD/JPY 106,4935 USD/CHF 0,9091 TAUX EONIA -0,467 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,481 OAT 10 ANS -0,1751 T-BONDS 10 ANS 0,6079

Berkshire Hathaway boude Citigroup

victime

les banques et mise sur l’or

d’une « erreur
d’écriture »
BANQUES
BANQUES
Eric Benhamou
Etienne Goetz @eric_benhamou
@etiennegoetz
Les banques sont parfois victimes de
C’est un tournant historique pour le conglo- « gros doigts », ces erreurs de clavier dans
mérat de Warren Buffett. Berkshire une salle des marchés qui peuvent coûter
Hathaway a considérablement réduit ses plusieurs centaines millions de dollars.
participations dans certaines des plus gran- Et elles ne sont pas à l’abri des « erreurs
des banques américaines au deuxième tri- d’écriture ». Citigroup vient d’en faire
mestre et investi dans l’or, un actif que l’ora- l’amère expérience. Le géant américain
cle d’Omaha a longtemps dénigré. de la finance tente ainsi de récupérer,
Selon des documents remis au régula- selon le « Wall Street Journal », quelque
teur vendredi, la société de Warren Buffett a 900 millions de dollars auprès d’un pool
vendu 85,6 millions d’actions Wells Fargo de créanciers du groupe de cosmétique
au cours du trimestre, réduisant sa partici- Revlon. Apparemment, la banque a rem-
pation de 7,9 % à 5,8 %. L’établissement est boursé, la semaine dernière, une dette au
d’autant plus sous pression, qu’il peine tou- nom du groupe cosmétique. Sauf que…
jours à tourner la page du scandale des Revlon a démenti avoir remboursé ce
comptes fantômes. Le holding a également prêt, ni même une partie de ce prêt. Pour
vendu 35,5 millions d’actions de JPMorgan, l’heure, la banque ne souhaite pas faire de
abaissant sa participation de 1,9 % à 0,7 %, et commentaires.
une minorité substantielle de sa participa-
tion de longue date de PNC Financial.
Le géant américain
Fermeture de position de la finance tente
dans Goldman Sachs de récupérer quelque
L’investisseur milliardaire a par ailleurs
Johannes Eisele/AFP

complètement fermé sa position dans

900 millions de dollars
Goldman Sachs. À la fin du trimestre précé- auprès d’un pool de
dent, Berkshire Hathaway détenait près de créanciers du groupe
2 millions d’actions de la banque d’investis-
sement. Ses prises de participation dans
de cosmétique Revlon
Goldman Sachs datant de l’époque de la Le conglomérat de Warren Buffett, Berkshire Hathaway, a vendu 85,6 millions d’actions Wells Fargo au cours du trimestre.
crise financière. Elle valait un peu moins de Selon l’agence Bloomberg, elle aurait
300 millions de dollars à la fin mars. Plus surprenant encore, le conglomérat a En raison de la crise économique liée à la Warren Buffett est certes connu pour récupéré une partie de l’argent versé.
Les participations dans M & T Bank, pris une participation de 1,2 % dans le pandémie de Covid-19, les banques ont aversion à l’or, mais il a déjà parié gros sur les Mais, plus de la moitié de la somme n’a
Bank of New York Mellon, US Bancorp, groupe minier Barrick Gold, profitant de enregistré des provisions de 76 milliards de métaux. En 1997, il avait acheté près de été pas encore recouvrée. Certains fonds
Mastercard et Visa ont toutes été réduites. l’envolée des cours du métal précieux à des dollars pour absorber les futures pertes 130 millions d’onces d’argent. Il les avait spéculatifs, qui jugent Revlon insolva-
Au total, Berkshire a délaissé 12,8 milliards nouveaux sommets historiques. Le titre de pour défaut. En parallèle, la banque cen- acquis pour 6 dollars et les avait revendues ble, entendent bien profiter de cette
de dollars d’actions au cours du trimestre. Barrick a gagné 7 % à Toronto en trading trale américaine réduit ses taux directeurs à peu de temps après : « J’ai été le roi de l’argent aubaine pour récupérer leur mise. Sur le
Le conglomérat ne tourne pas le dos à tout électronique. La hausse spectaculaire du 0 % pour soutenir l’économie : pour se pro- un moment », a-t-il confié un peu plus tard. marché, cette dette de Revlon est parti-
le secteur financier, la position dans Bank of métal jaune augmente les marges des grou- téger des taux réels négatifs, prenant en culièrement décotée : elle se négocie à
America a été renforcée pour la porter au-
delà des 12 %.
pes miniers en raison de la stabilité des
coûts de production.
compte l’inflation, les investisseurs achè-
tent massivement de l’or. ( Lire « Crible »
Page 24
moins de 30 % du nominal. Autrement
dit, les investisseurs ont peu d’espoir
d’être un jour remboursés. Mais c’était
sans compter la bévue de Citigroup.

= LES ENTREPRISES
CITÉES
l’essentiel Mediapro s’accorde avec Bouygues Contentieux juridique
Cette erreur d’écriture intervient dans
Airbnb 17 Epur 19 Poma 15 Telecom pour diffuser Téléfoot un contexte particulier de contentieux
juridique. Revlon, contrôlé par le finan-
Alibaba 24 ExxonMobil 15 RATP 14
Altifort 19 Facebook 20 Robinhood 20
Au théâtre, la sortie de crise cier Ronald Perelman, s’oppose en effet
à la rentrée n’est pas jouée Mediapro a également obtenu les droits. à certains fonds spécialisés dans la dette
Amazon 20 Forma Thera- Robintrack 20
L’obligation d’une distanciation sociale, FOOT La maison sœur de TF1 devient ainsi le sur des questions de transfert d’actifs.
Apple 18, 20 peutics 21 Shell 15
Arianespace 16 Google 18 Softbank Group synonyme d’une réduction de 30 % à 40 % deuxième diffuseur à proposer le futur Le 12 août dernier, la banque UMB
Ascoval 19 KE Holdings 24 24 du nombre de spectateurs, ne permet pas Guillaume Bregeras contenu de la nouvelle chaîne Téléfoot. Financial, basée à Kansas City, a notam-
Barrick Gold 24 Legend TD Ameritrade aux exploitants de salles de rentabiliser @gbregeras SFR ayant été le premier à se positionner. ment déposé plainte, au nom de plu-
Bartholet 15 Biotech 21 20 leurs spectacles. // P. 17 sieurs fonds d’investissement, dont Bri-
ByteDance 18 Liberty Steel 19 Tencent. 18 C’est dans la dernière ligne droite que Séduire les abonnés de BeIn gade Capital Management et HPS
Charles MND 15 Tesla 20 Jeux vidéo : Fortnite part Mediapro a réussi à nouer un nouveau et RMC Sport Investment Partners.
Schwab 20 Moderna 21 TikTok 18 en guerre contre la « taxe Apple » partenariat de diffusion. Le groupe espa- Malgré l’ouverture de la saison de Ligue 1 Objectif : bloquer le projet de Revlon
Chesapeake Netflix 18, 20 Travelex 21 Epic Games attaque Apple en justice gnol, qui a raflé les droits TV des cham- ce vendredi 21 août, les discussions avec de transférer des actifs de la marque hors
Energy 15 Nkarta 21 Vinci 14
après avoir été éjecté jeudi de l’App Store pionnats français (Ligue 1 et Ligue 2) au Free et Orange seraient toujours en cours. de la portée de ses créanciers pour les uti-
Chevron 15 Noble Energy 15 WeChat 18
pour avoir tenté de contourner la com- nez et à la barbe de Canal+, a signé avec Pour renforcer sa présence, Mediapro liser en garantie de nouveaux prêts.
Cityscoot 14 Occidental Pe- WeWork 24
mission de 30 %. // P. 18 Bouygues Telecom pour que sa nouvelle négocierait également avec Facebook et Revlon a aussitôt contesté cette démar-
CureVac 21 troleum 15 Whiting
chaîne Téléfoot soit disponible auprès des YouTube, afin de monétiser un investisse- che jugeant qu’UMB n’avait pas qualité à
Epic Games 18 PayPal 20 Petroleum 15
Les bureaux de change frappés abonnés de l’opérateur de téléphonie ment de plus de 800 millions d’euros le poursuivre. « Un groupe de créanciers a
de plein fouet par la crise sanitaire mobile. Le montant de cette opération, (1 milliard pour 2020-2021 avec les coupes eu recours à plusieurs reprises à des accu-
Ces établissements figurent parmi les attendue depuis l’accord sur l’usage du d’Europe). C’est le montant que le Catalan sations sans fondement visant à nuire à la
victimes directes de la chute du tourisme nom « Téléfoot » avec TF1, n’a pas été avait misé pour remporter l’enchère des société et à l’empêcher d’exercer ses droits
liée à la pandémie de Covid-19 dont révélé. Mais « Le Monde » estime qu’il droits télés pour la période 2020-2024. contractuels pour obtenir de nouveaux
A LA UNE DE L’ECO le nombre a sensiblement diminué ces
dernières années en France. // P.21
pourrait rapporter entre 50 et 60 millions
d’euros, soit la moitié de ce qui était
Rapidement, le groupe média espère
engranger des abonnés en devant la prin-
financements », a précisé vendredi la
compagnie dans un communiqué.
DU LUNDI AU VENDREDI demandé il y a encore quel- cipale maison du football français face à Durement touché par la pandémie, le
6H50 Retour en vol réussi ques mois. BeIn, RMC Sport, et même Canal + même groupe, endetté à hauteur de 3 milliards
AFP Photo/ESA/CNES/Arianespace

pour Ariane 5 après En revanche, on sait déjà si ce dernier préserve de belles affiches du de dollars, tente de restructurer sa dette
Retrouvez le fait économique du jour quatre mois d’interruption que les spectateurs candi- championnat. La jauge se situe autour des et d’endiguer la chute de ses ventes face à
en partenariat avec Après une longue interruption dats à l’abonnement devront 3,5 millions de souscripteurs, une équa- la concurrence d’Estée Lauder et d’une
liée à la crise sanitaire et plu- débourser 25,90 euros par tion économique que les observateurs multitude d’acteurs qui se développent
sieurs reports, une fusée mois avec engagement jugent périlleuse. sur les réseaux sociaux. C’est d’ailleurs
Ariane 5 a placé en orbite géos- douze mois pour accéder Reste à savoir l’effet du Covid et des sta- en raison de cette bataille juridique que
À réécouter également sur tationnaire trois satellites dans aux championnats hexago- des vides sur la qualité du spectacle pro- Citigroup souhaitait se désengager du
RTL.fr la nuit de samedi à dimanche. naux et aux coupes euro- posé, qui pèsera forcément dans la réus- dossier Revlon… avant de signer un chè-
// P. 16 péennes pour lesquelles site de ce lancement inédit. n que de 900 millions de dollars. n
ENTREPRISES
L’écologie, pivot du plan de relance
sur les mobilités
l Les pistes cyclables provisoires ne règlent que très partiellement les nouveaux besoins de mobilité.
l Provoquant une cassure dans un mouvement de long terme, la crise sanitaire a détourné une bonne partie
des usagers des transports en commun. Ce qui pourrait remettre en question leur modernisation.
TRANSPORTS
Denis Fainsilber
dfainsilber@lesechos.fr
Au lendemain du déconfinement,
la volonté des communes de
« décarboner » les outils de mobi-
lité peut-elle servir d’axe principal à
une politique de relance des trans-
ports ? Jadis, après les épidémies
de choléra dans Paris, le baron
Haussmann avait redessiné la capi-
tale avec de larges avenues, pour
faire circuler l’air, complétées par
des réseaux d’égouts. Plus question
que les villes se transforment
autant, dans un contexte d’urba-
nisme très contraint, voire figé.
Néanmoins, les élus comme les
opérateurs de transports publics
sont nombreux à prédire que la
reprise progressive des activités ne
sera pas synonyme de retour à la
normale, et qu’il faudra, d’une
manière ou d’une autre, « réinven-
ter la ville ». La fréquentation des
transports s’était littéralement
effondrée avec la crise sanitaire, la
demande chutant d’environ 80 %
en mars et pendant les semaines
suivantes. Alors que la France est
l’un des pays qui subventionne le
plus ses transports publics, et que
le secteur de la mobilité représente
1,5 million d’emplois directs, les
choix du « monde d’avant » seront-
ils toujours les bons ? La cassure
dans un mouvement de long terme
représente un redoutable défi. Sur
les arbitrages entre les différents
modes, la rentrée de septembre
aura valeur de test.
L’« urbanisme tactique »
Dans la plupart des agglomérations
françaises, comme à Milan, Bruxel-
les ou Berlin, la star de l’été, popula-
risée par la crise épidémique, est
bien l’« urbanisme tactique » : une
notion inconnue jusque-là du
grand public, destinée à contourner
les lenteurs inhérentes à l’urba-
nisme « institutionnel ». En 2005,
à la manière d’un happening,
quelques activistes de San Fran-
cisco avaient installé pour deux
heures sur une place de parking
du gazon, un banc et un arbre en
pot, pour remettre en cause les
usages traditionnels d’une rue. En
cet été 2020, il n’est plus question
d’action coup de poing et de trans-
formation éphémère : face aux
appréhensions du public à repren-
dre les transports en commun par
peur de la contamination, de nom-
breuses villes, à commencer par
Paris, ont déroulé des pistes cycla-
bles pour quelques mois au mini-
mum, et plus si affinités.
Un des buts de l’opération : occu-
per l’espace public au maximum
pour dissuader les particuliers de
ressortir la voiture du garage. Selon
une étude auprès de 12.000 Franci-
liens détaillée par le site New Tank
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légales
Juste après le déconfinement et sa réélection, la maire de Paris a ouvert 50 km de pistes cyclables supplémentaires dans la capitale, avec des extensions en proche
banlieue. Ici, entre Paris (12e) et Saint-Mandé, le 5 mai 2020. Photo Nicolas Messyasz/Sipa
Cities début juillet, 31 % des person-
nes interrogées utilisaient « moins
ou plus du tout » les transports en
commun, 19,8 % prenaient davan-
tage leur voiture (seulement 9 %
dans Paris) et 11,9 % enfourchaient
leur vélo davantage qu’avant le
confinement.
Pas besoin pour les communes
de réinventer la roue : la rapidité du
balisage des nouvelles « coronapis-
tes » s’explique par des travaux
récents en amont, en particulier le
« Baromètre des villes cyclables »,
une enquête pointue qui sert de
base de travail entre collectivités et
militants associatifs.
La question de la pérennisation
de ces aménagements routiers
expérimentaux est posée, mais elle
appelle des réponses différentes
selon les communes. Paris en fait
un emblème politique et compte
s’inscrire résolument dans la durée,
à l’image de la rue de Rivoli réservée
aux vélos, bus et taxis. Mais d’autres
villes comme Marseille, Saint-
Etienne, Aix-en-Provence, Quim-
per, Argenteuil ou Drancy ont
déjà effacé certaines pistes, pour
dégonfler les embouteillages
qu’elles créaient artificiellement.
La profusion des trottinettes,
vélos électriques et autres « gyro-
roues » sur des voies réservées, si
elle constitue une réponse de cen-
tre-ville, ne réglera pas à elle seule
la désaffection pour les transports
annonces.lesechosleparisien.fr
01 87 39 70 08
publics. Pas question de compter
uniquement sur de tels engins pour
absorber les nouveaux besoins
de mobilité. Paris n’est pas l’Ile-de-
France, et encore moins la France.
Au niveau national, 80 % des trajets
domicile-travail sont toujours
effectués en voiture.
L’étalement urbain
La cause tient aux modes de l’habi-
tat, avec la tendance incompressi-
ble à l’étalement urbain. « Depuis
dix ans, deux tiers des personnes
qui ont rejoint des aires urbaines
se sont installées en dehors de la zone
de pertinence des transports collec-
tifs », relève Cécile Maisonneuve,
présidente de La Fabrique de la Cité,
un think tank soutenu par Vinci.
Ici, le choix quotidien se résume
donc entre sa propre voiture ou
un covoiturage avec un voisin
bienveillant.
Autre paramètre qui pèsera
lourd : la popularité dans le temps
du télétravail. Un élément de nature
à aggraver les problèmes de finan-
cement des transports publics, à
cause des pertes de recettes si les
métros, bus ou TER ne retrouvent
pas prochainement leur volume
de trafic d’avant-crise. Symbolique-
ment, les grands acteurs ont certes
commencé à se diversifier dans les
« circulations douces », à l’instar de
la RATP, actionnaire des scooters
électriques partagés Cityscoot, ou
de la région Ile-de-France qui a
lancé à l’automne dernier son ser-
vice de location de vélos électriques
Véligo.
Mais ces transports de surface ne
sont rien par rapport aux lourds
projets de « mass transit » déjà lan-
cés dans une logique de « verdisse-
ment » des transports, comme la
création du réseau Grand Paris
Express, celle d’une troisième ligne
de métro à Toulouse ou le renouvel-
lement intégral du métro mar-
seillais. Si la crise sanitaire débou-
chait sur une crise de la mobilité
collective, la question de leur finan-
cement serait aussitôt posée. n
Le télétravail aidera à résoudre
le souci des embouteillages
S
elon Joël Hazan, directeur
associé au Boston Consul-
ting Group, si le télétravail
permet de supprimer 25 à 30 %
des déplacements aux heures de
pointe, il peut alléger la charge
des transports en commun.
En matière de mobilités,
va-t-on réinventer beaucoup
de choses ?
Pour l’instant, on ne sait pas
encore très bien. Les transports
sont encore assez loin d’être reve-
nus à un état stable, et l’on observe
des vitesses de reprise assez diffé-
rentes selon les modes de trans-
port. Néanmoins, la situation sera
assez différente de celle d’avant.
Ce qui est très notable, c’est
l’influence assez forte des politi-
ques publiques mises en œuvre
après le déconfinement. Le report
modal, ce n’est pas juste la force
des changements de comporte-
ments. Cela tient aussi à la forme
des villes, comme à la manière
dont les autorités publiques tirent
parti de la nouvelle situation.
L’exemple le plus évident, c’est la
vitesse à laquelle la Mairie de Paris
a mis en place un plan d’accompa-
gnement de la montée en puis-
sance du vélo.
Tous les experts prédisaient
un recours massif à la voiture
mais on ne l’a pas tant noté ?
C’est vrai que même si la voiture
individuelle est souvent considé-
rée comme le mode le plus rassu-
rant en termes sanitaires, on n’a
pas vu de boom massif. Beaucoup
de villes se demandent surtout
comment profiter de cette crise
pour accompagner la transition
du véhicule thermique vers autre
Lundi 17 août 2020 Les Echos
JOËL HAZAN
Directeur associé au
Boston Consulting
Group (BCG)
chose, soit les mobilités douces,
soit les transports en commun.
Encore fallait-il avoir un réseau
de transports publics en état de
marche avant la crise… En fait,
l’explication principale est que le
taux de retour au travail est encore
assez faible : on est encore loin du
point de départ, et d’ailleurs per-
sonne ne dit qu’il faut revenir au
point de départ.
Si le télétravail se développe,
il aura un fort impact sur
les besoins de déplacement ?
Le télétravail est la manière de
sortir de la crise par le haut. Il ne
réduit rien à la productivité du
travail, et décharge les infrastruc-
tures de transport à la pointe. Quel
sera le point de non-retour ? Si le
télétravail permet de supprimer
25 à 30 % des déplacements aux
heures de pointe, soit un cin-
« Le report modal
tient aussi à
la forme des villes
et à la manière
dont les autorités
publiques
tirent parti
de la nouvelle
situation. »
quième de la charge, on va résou-
dre le problème des embouteilla-
ges pour un bon moment… En
gain de charge, cette formule peut
donc être aussi bénéfique que le
transfert modal. Mais cela deman-
dera un changement de menta-
lités dans les entreprises. Les
grandes entreprises américaines
étaient plus avancées que nous sur
le sujet, et continuent à accélérer.
A mon avis, le télétravail va deve-
nir un standard notamment en
matière de recrutement des sala-
riés, et celles qui ne l’offriront pas
risquent de passer pour ringardes.
Les réseaux de transports
en commun sont donc
perdants pour longtemps ?
Oui, ils sont les perdants de l’opé-
ration. En juillet, les trafics étaient
encore inférieurs d’environ 50 %
par rapport à l’avant-Covid. Le fait
qu’ils soient sur une courbe lon-
gue en matière de récupération du
trafic, de l’ordre de 18 à 24 mois à
partir du confinement, n’est pas
une surprise. Mais cela pose de
vrais problèmes de financement.
Cependant, la puissance publique
veille : on ne va pas se trouver avec
un métro en faillite ! Mais cela
va accroître l’endettement, soit
des régions, soit de l’Etat. Il est
inenvisageable que les pouvoirs
publics ne soutiennent pas les
opérateurs, et également inenvi-
sageable que ces mêmes opéra-
teurs n’adaptent pas leur offre de
manière plus flexible. Par exem-
ple en réduisant leur densité
d’offre, ou en mettant des navettes
sur des lignes de bus insuffisam-
ment contributrices aux résultats.
Propos recueillis par D. F.
Les Echos Lundi 17 août 2020
La Maison-Blanche lâche la bride
sur les émissions de méthane
l L’Agence pour la protection de
l’environnement a assoupli des règles
sur les émissions de méthane.
l Les mesures, annoncées à moins
de trois mois de la présidentielle,
représentent un gain conséquent
pour les producteurs de pétrole
et de gaz et augmenteront peu
les émissions, assure l’agence.
ÉNERGIE
Véronique Le Billon
@VLeBillon
— Bureau de New York
Le lieu n’a pas été choisi au hasard.
C’est à Pittsburgh (Pennsylvanie), au
cœur d’une zone d’exploitation du
gaz de schiste et dans un Etat clé
pour l’élection présidentielle améri-
caine du 3 novembre, que l’Agence
de protection de l’environnement
(EPA) a annoncé la dernière mesure
controversée en matière d’énergie
aux Etats-Unis : l’assouplissement
des règles pour le méthane, dont
les fuites générées à l’occasion de
l’exploitation de gaz et de pétrole
contribuent au réchauffement cli-
matique. « Les fardeaux réglementai-
res mis en place par l’administration
Obama-Biden ont lourdement pesé
sur les petites et moyennes entrepri-
ses du secteur de l’énergie. Les change-
ments réglementaires d’aujourd’hui
suppriment la paperasse superflue,
s’alignent sur la loi sur la pureté de
l’air et donnent aux entreprises la
souplesse nécessaire pour satisfaire
aux exigences en matière de contrôle
des fuites en se conformant à des
règles équivalentes des Etats », a
expliqué dans un communiqué aux
accents très politiques l’administra-
teur de l’EPA, Andrew Wheeler.
Puissance de réchauffement
supérieure
Le méthane ne représente que 10 %
des émissions de gaz à effet de serre
aux Etats-Unis, contre 81 % pour le
CO2, selon le dernier inventaire de
l’EPA. Mais sa puissance de réchauf-
fement est bien supérieure à celle du
dioxyde de carbone : sur cent ans,
une tonne de méthane équivaut à
28 à 36 tonnes de CO 2 , rappelle
l’Agence internationale de l’énergie.
Les exploitants d’hydrocarbures
n’ont en théorie aucun intérêt à lais-
ser échapper dans l’air du méthane,
qui est le principal composant du
gaz naturel, mais l’industrie a long-
temps préféré brûler, par des tor-
chères en haut des puits, le méthane
qu’elle jugeait trop coûteux de sup-
primer. La production d’hydrocar-
bures sera donc toujours soumise
à une régulation sur ses émissions
de composés organiques volatils
(COV), mais plus sur celles de
méthane : « Les contrôles de pollu-
Les pannes du téléphérique de Brest inquiètent les industriels
TRANSPORTS
Le métrocâble de Brest,
un prototype, connaît
des difficultés techni-
ques depuis sa mise
en service en 2016.
Gabrielle Serraz
— Correspondante à Grenoble
L’ambiance est devenue orageuse
autour des déboires techniques du
téléphérique de Brest et de son
constructeur suisse Bartholet
(450 salariés), qui s’attire depuis
quelques mois les foudres de ses
tion utilisés pour réduire les émis-
sions de COV réduisent également les
émissions de méthane », justifie
l’EPA. L’agence sort par ailleurs du
champ de la régulation la distribu-
tion et le stockage de pétrole et de
gaz, des étapes au cours desquelles
du méthane peut s’échapper.
Contrôles allégés
Le contrôle des fuites de méthane
sera également allégé. Les puits à
faible production seront exemptés,
tandis que la surveillance sur cer-
tains points clés des installations
n’aura plus lieu que deux fois par an
au lieu de quatre. Les exploitants
pourront en outre reporter la répa-
ration de ces fuites si l’opération
n’est pas techniquement réalisable
dans les trente jours.
Les obligations de déclaration et
d’archivage seront également assou-
plies. L’EPA estime le gain pour
l’industrie entre 750 et 850 millions
de dollars sur la période 2021-2030,
soit environ 100 millions de dollars
par an. Et tempère les critiques sur
l’impact écologique, estimant que
les émissions supplémentaires liées
à l’assouplissement des règles équi-
vaudront l’an prochain (mais aussi
en 2030 par exemple) « à moins
de 1 % des émissions de méthane »
du secteur aux Etats-Unis. Sur la
période 2021-2030, l’EPA évalue le
« coût » de ces mesures à 9 millions
de tonnes équivalent CO2, quand
le secteur était responsable en 2018
de 140 millions de tonnes.
Cet assouplissement était en
discussion depuis des mois, mais
il est loin de faire l’unanimité chez
les géants des hydrocarbures. Une
alliance de producteurs, réunis
dans l’Oil and Gas Climate Initiative
(OGCI), a ainsi entrepris de réduire
ses émissions de méthane, notam-
ment pour garantir l’avantage
écologique du gaz face au charbon,
plus polluant.
A moins de trois mois de la prési-
dentielle américaine, la mesure vise
surtout les petits producteurs, et
elle a été saluée par leurs représen-
tants. Parmi les premières critiques
de Donald Trump à l’égard de
Kamala Harris, nommée colistière
de Joe Biden pour le ticket démo-
crate, le président américain a
d’ailleurs cité très vite son opposi-
tion à la fracturation hydraulique,
la technique utilisée pour exploiter
le gaz et le pétrole de schiste. n
concurrents, inquiets des répercus-
sions sur le marché émergent de ce
nouveau mode de transport urbain.
En mai dernier, tandis que le télé-
phérique breton est une nouvelle
fois mis à l’arrêt, deux autres projets
de métrocâbles sont lancés en
France. A Grenoble, Poma décroche
un marché de 65 millions d’euros et
à La Réunion l’alliance MND-Bar-
tholet conquiert le marché du
second téléphérique urbain pour
39,8 millions d’euros. Or, c’est Bar-
tholet qui, en 2016, a construit le télé-
phérique de Brest, premier métrocâ-
ble en France. Depuis sa mise en
service, il connaît une succession de
pannes. Dernière avanie en date, le
5 juin dernier, le constructeur recon-
naît dans un communiqué l’usure
prématurée d’un assemblage bou-
lonné sur la suspente de la cabine.
Cette ligne est un téléphérique de
type « saut-de-mouton » à câble,
créé spécialement pour Brest. Les
cabines se croisent l’une au-dessus
de l’autre alors que traditionnelle-
ment le croisement se fait côte à côte.
Phase d’apprentissage
Nicolas Chapuis, qui supervise la
machine depuis sa construction
dans les usines du groupe à Zurich,
rappelle que cette innovation tech-
nologique a « subi une phase
d’apprentissage » et que le personnel
d’exploitation de la RATP a dû déve-
lopper « la culture du transport par
câble ». « La même petite panne qui,
dans une télécabine d’une station de
sports d’hiver, serait réparée en quel-
ques heures, va nécessiter plusieurs
semaines d’arrêt à Brest », résume
celui qui, depuis février 2020, est
aussi directeur du pôle transport
par câble du groupe savoyard MND
Group (Montagne et Neige Dévelop-
pement) en raison de l’alliance entre
les deux groupes.
Début août, le téléphérique a
encore retardé sa mise en service.
« Nous avons résolu tous les problè-
mes, mais nous devons attendre le feu
vert administratif », affirme Nicolas
Chapuis, qui reconnaît que « cette
situation nuit à notre image et aux
usagers et ne peut donc durer ». Il
Le schiste américain
mettra du temps
à se relever
Frappée par l’effondrement
des cours mondiaux,
la production de pétrole
des Etats-Unis risque de
souffrir pendant plusieurs
années. Les grandes
compagnies pourraient
profiter de la crise pour
racheter les producteurs
indépendants fragilisés.
Vincent Collen
@VincentCollen
Six mois après le début de la pandé-
mie, la domination pétrolière des
Etats-Unis est ébranlée. La chute des
cours du brut a forcé les producteurs
de pétrole de schiste à resserrer les
vannes pour limiter leurs pertes. La
première puissance mondiale reste
le numéro un du pétrole, devant la
Russie et l’Arabie saoudite.
Mais les volumes pompés du
sous-sol américain sont tombés à
quelque 10 millions de barils par
jour, presque 3 millions de moins
qu’en début d’année. Une chute sans
précédent par son ampleur et sa
rapidité. Les Etats-Unis étaient deve-
nus exportateurs nets de pétrole l’an
dernier. Au printemps, la tendance
s’est inversée : les importations ont
légèrement dépassé les exportations
par voie maritime pendant deux
mois consécutifs, observe Kpler.
Les forages au plus bas
Un plancher a probablement été
atteint depuis que les cours mon-
diaux se sont stabilisés au-dessus
de 40 dollars le baril. Les grands
producteurs rouvrent les robinets
de puits qui avaient été fermés au
printemps, relèvent les experts de la
banque japonaise MUFG. C’est le
cas en particulier dans les régions
dont les coûts de production sont les
plus bas, comme le Bassin permien,
au nord-ouest du Texas.
Mais la reprise s’annonce pous-
sive car les cours restent trop bas
pour de nombreux producteurs. A
court de liquidités, beaucoup de
compagnies ont réduit leurs inves-
tissements et limitent au maximum
la mise en exploitation de nouveaux
puits. La crise a particulièrement
affaibli les sociétés pétrolières peti-
tes et moyennes et celles qui ne sont
pas cotées en Bourse. Or ces derniè-
res représentent une large majorité
du secteur (60 % des forages selon
la banque américaine Citi).
Seulement 176 forages étaient en
cours début août, encore moins
qu’en 2009 pendant la crise finan-
cière. Jamais un niveau d’activité
aussi bas n’avait été enregistré
depuis quinze ans, au tout début
de l’essor du schiste. Et moins de
annonce qu’une réflexion est en
cours avec le maître d’ouvrage, la
métropole de Brest et l’exploitant, la
RATP, afin de sécuriser le fonction-
nement et éventuellement en assu-
rer la mise en marche en direct. Le
même mode de gestion est déjà acté
pour l’installation de La Réunion.
Jean Hirigoyen, président de
l’association Le Chaînon Manquant,
qui compte une centaine d’adhé-
rents et veut valoriser le transport
par câble, se montre sévère : « Même
si on soutient l’innovation, le trans-
port public n’a rien à voir avec du pro-
totypage. Ce téléphérique est né avec
une malformation congénitale. Les
sollicitations anormales et l’usure de
la visserie sont les conséquences
ENTREPRISES // 15
500 permis de forer ont été attribués
en juillet, signe que « le forage ne
devrait pas vraiment repartir cette
année », estiment les analystes du
cabinet Rystad. Cet indicateur est
crucial pour l’évolution à venir de la
production américaine, car les puits
en exploitation s’épuisent très rapi-
dement. C’est l’une des particularités
du pétrole de schiste. Sans forage de
nouveaux puits, la production est
appelée à décliner.
En conséquence, la reprise sera
lente. Citi ne prévoit qu’un demi-mil-
lion de barils supplémentaires par
an d’ici à 2025, à supposer que les
cours du baril de WTI, la référence
américaine, remontent un peu au-
dessus des 50 dollars (contre 42 dol-
lars vendredi). La production des
Etats-Unis ne retrouverait son
niveau d’avant-crise qu’en 2025 dans
ce scénario. Les experts de MUFG
sont encore plus pessimistes : la
production continuerait à décliner
de 600.000 barils quotidiens
l’an prochain selon eux. Dans tous
les cas, les Etats-Unis resteraient
néanmoins le numéro un de l’or
noir, avec nettement plus de 10 % de
la production mondiale.
Dans tous les cas, les
Etats-Unis resteront
le numéro un de l’or
noir, avec nettement
plus de 10 % de la
production mondiale.
Bien sûr, tout dépendra de l’évolu-
tion effective des cours mondiaux,
impossible à prévoir sur le moyen-
long terme. Les majors du pétrole
comme ExxonMobil, Chevron ou
Shell, de même que les grandes
sociétés américaines comme Occi-
dental Petroleum, ont les reins suf-
fisamment solides pour réinvestir
dans le forage dès qu’elles le jugeront
pertinent.
Elles pourraient d’ailleurs profiter
de la crise pour racheter les actifs
de concurrents en difficulté, dont
des leaders du schiste comme
Chesapeake Energy ou Whiting
Petroleum. Plus d’une trentaine de
sociétés pétrolières américaines se
sont placées sous la protection de la
loi sur les faillites depuis janvier,
faute de pouvoir payer leurs créan-
ciers. Chevron a ouvert le bal le mois
dernier en annonçant l’acquisition
de Noble Energy pour 13 milliards de
dollars. « Le secteur du schiste devrait
survivre avec un profil plus consolidé
et plus sain, écrit MUFG. Pour résu-
mer, le schiste américain est touché,
mais pas coulé. » n
directes de cette pathologie. » « Ces
pannes à Brest ne font pas du bien à la
profession. La technologie par câble
a fait ses preuves et Bartholet est
en train de nous prouver l’inverse, ce
qui jette un froid sur la profession »,
confirme Bernard Teiller, président
de Doppelmayr France.
4
À NOTER
MND vient de bénéficier
de 38 millions d’euros de prêts
du fonds Cheyne Capital et
de 18 millions d’euros de l’Etat
français, contre-garanti
à hauteur de 50 % par la région
Auvergne-Rhône-Alpes.
16 // ENTREPRISES
Retour en vol réussi pour Ariane 5
après quatre mois d’interruption
ESPACE
Après une longue
interruption liée
à la crise sanitaire
et plusieurs reports,
une fusée Ariane 5
a placé en orbite
géostationnaire
3 satellites dans la nuit
de samedi à dimanche.
Bruno Trévidic
@BrunoTrevidic
La quatrième était la bonne. Après
trois reports en juillet et en août,
une fusée Ariane a placé en orbite
géostationnaire deux satellites de
télécommunication et un « ravi-
tailleur » de satellites dans la nuit de
samedi à dimanche.
Le lancement, initialement pro-
grammé pour le 28 juillet, avait une
première fois été repoussé « afin de
procéder à des inspections techni-
ques complémentaires », puis à
nouveau à cause « d’un comporte-
ment anormal d’une sonde dans le
réservoir hydrogène liquide de
l’étage principal cryotechnique ». Et
une troisième fois, jeudi, pour des
« conditions défavorables de vent en
altitude ». « Avec ce nouveau succès
d’Ariane 5, Arianespace se réjouit
de servir deux fidèles clients, Intelsat
et B-SAT, ainsi que la filiale de
Northrop Grumman, SpaceLogis-
tics LLC », s’est félicité le président
exécutif d’Arianespace, Stéphane
Israël.
Le tir le plus puissant
jamais effectué
Ce 109 e lancement d’une fusée
Ariane 5 revêtait une importance
particulière à plus d’un titre. Tout
d’abord, il s’agissait du premier tir
réalisé depuis la base de Kourou, en
Guyane, après quatre mois d’inter-
ruption provoquée par la crise sani-
taire, à compter de la mi-mars.
Ce tir d’Ariane 5 était également
le plus puissant jamais effectué, la
capacité d’emport de la fusée euro-
péenne ayant été augmentée, pour
l’occasion, de 85 kg, pour atteindre
10,2 tonnes. Depuis 2016, les amélio-
rations techniques apportées à
Ariane 5, en attendant l’arrivée de
son successeur Ariane 6, ont ainsi
permis de gagner, au total, 300 kg de
charge utile, ce qui peut faire la dif-
férence face à la concurrence.
L’un des trois satellites placés en
orbite samedi, le MEV-2 (Mission
Extension Vehicule 2) construit
par une filiale de l’américain
Partouche veut sa place sur le futur
marché japonais des casinos
CASINO
Le numéro deux
français des casinos
est partie prenante
d’un consortium pour
développer un méga
complexe de loisirs
dans le cadre d’un
programme japonais
en préparation.
Christophe Palierse
@cpalierse
Groupe Partouche, le numéro deux
français des casinos derrière Bar-
rière, affiche une nouvelle ambi-
tion forte à l’international. L’opéra-
t e u r, c o n t r ô l é p a r l a f a m i l l e
Partouche, compte être partie pre-
nante au futur marché japonais des
casinos, annoncé depuis des
années. Alors que le Japon ne
Le décollage d’Ariane 5 depuis la base de Kourou, en Guyane, dans la nuit de samedi à dimanche. Photo European Space Agency/AFP
Northrop Grumann, revêt aussi
une importance particulière.
Conçu pour s’arrimer à d’autres
satellites en orbite afin de les ravi-
tailler en énergie, le MEV-2 devrait
permettre de prolonger de plu-
sieurs années une durée de vie des
satellites estimée entre douze et
quinze ans. De quoi améliorer sen-
siblement la rentabilité des gros
satellites géostationnaires de télé-
diffusion pour des opérateurs
comme Intelsat, SES ou Eutelsat.
« Le premier client de MEV-2 sera
le satellite Intelsat 10-02, en service
compte pas de casinos, unique-
ment des salles de jeux de Pachinko,
machine hybride entre flipper et
machine à sous, il est question de
créer des complexes de loisirs
régionaux intégrés avec un casino,
mais aussi des hôtels, des restau-
rants, un centre de congrès, de
conférence et d’exposition, des ins-
tallations de loisirs, et des bouti-
ques. « On parle de projets de plu-
sieurs milliards de dollars. Pour les
casinos, on est probablement sur un
gabarit de 3.000 à 5.000 machines à
sous et 200 tables de jeux, à comparer
à 500 machines et 40 tables pour
notre casino d’Aix-en-Provence [le
plus gros de Groupe Partouche,
NDLR] », relate le président du
directoire de Groupe Partouche,
Fabrice Paire.
Dans ce cadre-là, la société fran-
çaise, dont le président du conseil
de surveillance Patrick Partouche
s’implique activement dans ce pro-
jet japonais, a décidé de rejoindre
« D’ici à la fin
de l’année,
nous prévoyons
de lancer jusqu’à
2 fusées Ariane 5,
3 fusées Vega
et 2 Soyouz. »
STÉPHANE ISRAËL
Président exécutif
d’Arianespace
un consortium dans l’optique d’être
l’exploitant d’un tel complexe. Ce
consortium, précise Groupe Par-
touche dans un communiqué
publié vendredi, réunit Pixel Com-
panyz Inc. une entreprise japonaise
cotée, spécialisée dans le dévelop-
pement technologique – produc-
tion d’énergie solaire ; informatique
financière ; divertissement –, et TTL
Resorts, une société de conseil spé-
cialisée dans la conception de desti-
nations touristiques.
Savoir-faire
« Nous ne serons pas un investisseur.
Groupe Partouche a vocation à
exploiter le casino à développer au
sein du “resort’’, et à apporter son
expertise et son savoir-faire dans la
gestion de casinos », explique
Fabrice Paire, avant de préciser :
« L’organisation retenue par les
autorités japonaises impose que
l’opérateur ait fait ses preuves à
l’étranger. » En conséquence, ajoute
sur l’orbite géostationnaire depuis
2004 et dont il prolongera la durée
de vie de cinq ans », explique Aria-
nespace dans son communiqué.
Une fois sa mission effectuée, ce
ravitailleur de l’espace se désarri-
mera du satellite Intelsat et restera
en orbite, en attente d’un autre
« client ».
Mettre les bouchées
doubles
La reprise des tirs depuis Kourou
doit maintenant se poursuivre,
avec le lancement, le 1er septembre,
Fabrice Paire, « il y a le gratin des
casinos sur les rangs. Des américains,
des asiatiques, des sud-africains… ».
Côté français, Barrière examine
également un développement au
Japon dans le cadre d’un partena-
riat. Le consortium auquel appar-
tient Groupe Partouche examine
« plusieurs opportunités », l’une
d’entre elles étant « plus avancée ».
« Nous ne serons
pas un investisseur.
Groupe Partouche
va exploiter
le casino, apporter
son expertise et
son savoir-faire. »
FABRICE PAIRE
Président du directoire
de Groupe Partouche
Lundi 17 août 2020 Les Echos
d’une fusée Vega, initialement
prévu à la mi-juin. Arianespace, qui
prévoyait 11 lancements en 2020,
n’a pu en réaliser que 4 avant la
crise du Covid-19.
Le groupe doit donc mettre les
bouchées doubles pour tenter de
rattraper une partie du retard accu-
mulé. « D’ici à la fin de l’année, nous
prévoyons de lancer jusqu’à deux
fusées Ariane 5, trois fusées Vega et
deux Soyouz », a expliqué Stéphane
Israël. Mais la totalité du chiffre
d’affaires perdu ne sera pas rattra-
pée cette année. n
Le processus d’élaboration de ce
futur marché des casinos japonais
prévoit l’émergence, dans un pre-
mier temps, de candidatures au
niveau de certaines préfectures du
Japon, le pouvoir central faisant
ensuite une sélection. La crise
sanitaire brouille toutefois la
donne sachant que le calendrier de
ce programme national n’en finit
pas de glisser. Certains candidats,
et pas des moindres, ont jeté
l’éponge ou revoient leur plan.
Dans le premier cas, figure depuis
mai dernier Las Vegas Sands, pro-
priétaire, entre autres, du célèbre
Venetian dans la capitale améri-
caine du jeu. Pour sa part, Wynn
Resorts paraît vouloir limiter les
frais sans formellement renoncer
au Japon. Cet autre ténor améri-
cain vient de fermer son bureau de
Yokohama, dans le cadre d’une
remise à plat de sa stratégie,
sachant qu’il avait déjà renoncé à
un projet sur Osaka. n
à suivre
Un premier grand
paquebot a repris
la mer
TOURISME Le « MSC Gran-
diosa » de la compagnie MSC
Croi sières est le premier
grand paquebot à avoir repris
la mer, dimanche, après qua-
tre mois d’interruption pour
cause de crise sanitaire. Parti
du port de Gênes, le navire
doit faire escale dans les ports
d e C i v i t ave c c h i a p r è s d e
Rome, Naples, Palerme et
La Va l et t e, à Mal t e, p o u r
cette croisière de 7 jours. Le
concurrent de MSC Croisiè-
res, Costa Croisières (filiale de
Carnival), a choisi de son côté
de retarder à septembre la
reprise partielle de ses activi-
tés. Le secteur des croisières
en Europe représente un chif-
fre d’affaires de 14,5 milliards
d ’e u r o s p a r a n e t p r è s d e
53.000 emplois.
Taïwan finalise
l’achat de
66 chasseurs F-16
DÉFENSE Malgré l’opposition
de Pékin, Taïwan a finalisé
vendredi une commande de
66 chasseurs F-16 à Lockheed
M a r t i n , d ’u n e v a l e u r d e
62 milliards de dollars sur
10 ans. Signe que le sujet est
s e n s i b l e , l e Pe n t a g o n e a
annoncé ce contrat sans pré-
ciser le nom du pays acheteur.
Mais une source proche du
dossier a précisé à l’AFP qu’il
s’agissait bien de Taïwan, qui
avait obtenu en août 2019 le
feu vert de Washington pour
l’achat de 66 F-16 de nouvelle
génération. Taïwan dispose
déjà d’une flotte de F-16 ache-
tés en 1992. Cette nouvelle
commande pourrait aller jus-
qu’à 90 appareils.
L’ancien patron
de Hertz transige
avec la SEC
T R A N S P O R T S L’a n c i e n
patron du loueur de voitures
Hertz a accepté de verser près
de 2 millions de dollars pour
solder les poursuites du gen-
darme américain de la
Bourse, la SEC, qui l’accuse
d’avoir participé à la publica-
tion de comptes financiers
trompeurs. Alors que l’entre-
prise peinait en 2013, Mark
Frissora a fait pression sur des
subordonnés pour « trouver
de l’argent » en réexaminant
les comptes de provisions,
avance la SEC dans un com-
muniqué jeudi. Cela a poussé
certains salariés à faire des
modifications dans la comp-
tabilité, rendant ainsi les rap-
ports financiers incorrects.
Le transport
aérien africain à
l’épreuve du Covid
AÉRIEN Si l’impact de l’épidé-
mie de Covid commence à
s’atténuer en Asie, en Europe
et en Amérique du Nord, la
situation continue de se dégra-
der pour le transport aérien en
Afrique. Selon l’Association
du transport aérien interna-
tional (Iata) le trafic passager
sur les lignes africaines
devrait terminer l’année en
recul de 54 %, soit 80 millions
de passagers de moins qu’en
2019. Pour des compagnies
aériennes africaines déjà très
fragiles, cette crise pourrait se
traduire par la perte de plus de
3,5 millions d’emplois directs
et indirects, sur un total de
6,2 millions d’emplois, estime
l’Iata dans un communiqué.
Le pays le plus touché serait
l’Afrique du Sud, devant le
Nigeria et le Kenya.
Les Echos Lundi 17 août 2020
Le Caveau de la Huchette, à Paris, l’un des rares théâtres ouverts cet été. Photo Only France/AFP
Au théâtre, la sortie de crise
à la rentrée n’est pas jouée
passe pas mal parce que c’est une
SPECTACLE VIVANT petite jauge, une pièce très rodée,
L’obligation d’une
une équipe restreinte, mais dans
d’autres salles, c’est difficile »,
distanciation sociale, constate Stéphane Hillel, prési-
synonyme d’une dent de l’Association pour le sou-
réduction de 30 % tien du théâtre privé (ASTP).
à 40 % du nombre de Il se montre très inquiet pour la
spectateurs, ne permet rentrée. « On va sortir des radars des
pas aux exploitants de spectateurs, alors que l’on est fermé
salles de rentabiliser depuis le 8 mars ! Tant qu’on dira au
public qu’il faut fuir les lieux confinés
leurs spectacles.
et porter le masque, ce sera compli-
qué », craint celui qui est aussi
Comme pour le cinéma, directeur associé du Théâtre de
les grosses productions Paris, des Bouffes Parisiens, de la
attendent des jours Michodière. Un signe : la clientèle
meilleurs. des comités d’entreprise ou des
groupes se contente de poser des
options, aucun achat ferme.
Martine Robert
@martiRD Le problème des places
numérotées
Pour les patrons des rares théâtres Les professionnels demandent au
ouverts cet été, l’acte est avant tout ministère de la Culture des directi-
militant, même si « le résultat n’est ves sanitaires précises pour sortir de
pas nul » en ce qui concerne la « ce flou estival ». « Les salles subven-
billetterie, souligne Jean-Marc tionnées, avec des sièges en façade et
Dumontet. Il a vendu de 50 à en placement libre, pourront plus
70 places payantes par soir, sur facilement supporter une jauge dimi-
une centaine disponible, au Point nuée de 30 à 40 % par la distanciation
Virgule et de 150 à 250, sur une sociale. Mais pas les théâtres privés à
capacité de 400 sièges, au Grand l’italienne, avec un placement numé-
Point Virgule, ouvert du jeudi au roté. Et nous n’avons pas de logiciel de
dimanche. Et ce, sans affichage, billetterie capable de laisser un siège
car pas question d’engager des vide entre deux groupes de person-
frais. « Après quatre mois d’inter- nes ; il faudrait revenir réserver au
r u p t i o n , i l fa u t ré a m o rc e r l a guichet », se désespère-t-il.
pompe », explique-t-il. « Dans un Si Stéphane Hillel salue les
théâtre comme La Huchette, ça ne se aides reçues pendant le confine-
Quand Airbnb « recadre » les moins de 25 ans
n’a pas l’intention d’être victime de
HÔTELLERIE sa formule jusqu’à présent à succès.
La plateforme de location d’héber-
La plateforme met gements (plus de 7 millions de loge-
en œuvre des restric- ments dans le monde) a annoncé
tions à la réservation vendredi la mise en place, en
de certains clients France, au Royaume-Uni, et en
de moins de 25 ans Espagne, de « restrictions » à
pour les hébergements l’encontre de certains utilisateurs de
« à proximité » moins de 25 ans, afin de « combattre
de leur domicile. les comportements inappropriés »,
limitant notamment « les fêtes non
autorisées ».
Christophe Palierse Dans un communiqué, la bran-
@cpalierse che française d’Airbnb a souligné
qu’il s’agit d’un test, déjà effectué
Quand bien même la chute du tou- avec succès au Canada et aux
risme l’a mis sous pression, Airbnb Etats-Unis, « afin de garantir la
« Tant qu’on dira
au public qu’il faut
fuir les lieux
confinés et porter
le masque, ce sera
compliqué. »
STÉPHANE HILLEL
Président de l’Association
pour le soutien du théâtre privé
(ASTP)
ment, notamment le fonds
d’urgence de 5,8 millions d’euros
alimenté par l’Etat, la Ville de
Paris, la région Ile-de-France,
l’Adami (les artistes-interprètes),
qui a permis de couvrir dix semai-
nes de charges fixes, il réclame
une nouvelle enveloppe équiva-
lente : « Le Covid pose problème
depuis bien plus que dix semaines,
ce serait un ballon d’oxygène. »
Une étude menée par le SNDTP et
le CAMULC, syndicats des théâtres
privés et des cabarets, a d’ailleurs
estimé les pertes nettes prévisibles
de ces secteurs à 100 millions
d’euros sur l’année. De fait, pour la
relance de ses plus grands théâtres,
Jean-Marc Dumontet reste pru-
dent : « J’ouvrirai le Théâtre Antoine
et le Théâtre Libre le 24 septembre,
Bobino en octobre », prévient-il.
A la Scala de Paris, les propriétai-
res Mélanie et Frédéric Biessy se
sécurité de l’ensemble des utilisa-
teurs de la plateforme cet été ». « Ce
dispositif vise à protéger les person-
nes tout en maintenant la possibilité
pour nos plus jeunes utilisateurs de
réserver des séjours en dehors de
leur voisinage. »
Ces restrictions portent sur une
location « à proximité » du domicile
des loueurs de moins de 25 ans.
Interrogé sur le périmètre retenu,
Airbnb refuse de le préciser
arguant de raisons de sécurité. Le
dispositif ne concerne que les
moins de 25 ans ayant fait l’objet de
moins de trois commentaires posi-
tifs à l’occasion de séjours précé-
dents. En cas de refus, Airbnb pro-
préparent à accueillir le public dès
le 11 septembre, mais en misant sur
« Une histoire d’amour », pièce du
très primé Alexis Michalik. « Une
jauge à moitié pleine n’est pas écono-
miquement viable, mais nous sou-
haitons que le théâtre rouvre ! C’est
un lieu de culture et d’échange essen-
tiel. » Le couple inaugurera en
même temps une seconde petite
salle, « pour conjurer le sort et don-
ner leur chance plus que jamais aux
talents émergents ». Aux Bouffes
Parisiens, Stéphane Hillel va com-
mencer dès le 24 août les répéti-
tions de « Si on savait », création
programmée pour la réouverture le
25 septembre. « Mais va-t-on réelle-
ment pouvoir jouer ? », s’interroge-
t-il. Car si la distanciation physique
demeure, ce serait à perte. « Dans le
théâtre privé, le modèle repose sur de
longues séries de représentations,
pas des one shot comme pour les con-
certs. » En outre, il suffit d’un artiste
touché par le Covid-19 et voilà la
troupe en quarantaine. Sans
aucune assurance pour couvrir
l’absence d’exploitation.
Pas de prise de risque
Autant de raisons de ne pas atten-
dre de grosses productions à
l’automne, aucun théâtre n’en
prendra le risque. Sans locomo-
tive, le théâtre privé pourrait se
trouver confronté au cercle vicieux
dans lequel est pris le cinéma : en
l’absence de films blockbusters, les
salles obscures sont désertées. n
« Seulement
0,003 % des séjours
à l’échelle
mondiale
donnent lieu
à des demandes
de réparations
importantes. »
COMMUNIQUÉ D’AIRBNB
ENTREPRISES // 17
Farine : un succès
en trompe-l’œil
ALIMENTATION
Les ventes de farine,
qui avaient
explosé pendant
le confinement,
sont en voie
de normalisation.
Les meuniers
français n’ont pas
profité du boom
des ventes, car ils
produisent très peu
de farine en sachet.
Marie-Josée Cougard
@CougardMarie
Fini le pillage des rayons de
farine. Les Français ont cessé,
ou presque, de fabriquer leur
pain et des gâteaux en quan-
tité. Après avoir bondi de 127 %
pendant les deux mois de
confinement lié au corona-
virus, les ventes de farine sont
retombées à des niveaux plus
raisonnables. Malgré tout,
pendant les deux mois qui
ont suivi le déconfinement,
elles étaient encore supé-
rieures de 24 % à ce qu’elles
étaient un an avant, selon
les chiffres de Nielsen.
Les meuniers
souffrent
aujourd’hui
de la faiblesse
de la reprise
de la restauration
hors domicile.
Et pourtant, après s’être
mis en quatre pour répondre
à l’explosion de la demande, les
meuniers sont loin de se frotter
les mains et comptent les pots
cassés. Une baisse d’activité de
– 20 % touche 90 % de leurs
débouchés, affirme l’Associa-
tion nationale de la meunerie
française. Une conséquence
directe de la chute de fréquen-
tation des boulangeries artisa-
nales, du recul des ventes de
la boulangerie industrielle et
des entreprises utilisatrices de
farine pour la biscuiterie, la bis-
cotterie, etc. « Le télétravail est
encore très présent, explique
l’Association de la meunerie.
Les élèves sont loin d’avoir, sur
cette période, retrouvé les bancs
de l’école et de la cantine. » « Et la
situation ne va certainement pas
s’améliorer pendant les vacan-
ces », soulignent les meuniers.
« Le tourisme n’est pas au ren-
dez-vous. » La chute du tou-
risme étranger se ressent.
Quant à la consommation hors
domicile, elle ne reprend que
très progressivement. Les lieux
de restauration n’ont pas rou-
vert partout et ceux qui l’ont fait
ont souvent été obligés de limi-
pose des alternatives – présumées
moins à risque –, à savoir des cham-
bres d’hôtels, ou chez l’habitant.
Service d’aide aux voisins
A ses dires, les cas de débordement
seraient toutefois limités. « Seule-
ment 0,003 % des séjours à l’échelle
mondiale donnent lieu à des deman-
des de réparations importantes »,
dans le cadre de la garantie propo-
sée par Airbnb à ses hôtes, assure la
branche française.
Cette initiative ciblant les moins
de 25 ans s’inscrit dans le contexte
d’une action au long cours de la pla-
teforme sur la question des incivili-
tés. Le groupe avait déjà interdit, fin
ter leurs capacités d’accueil.
« Globalement les clients ne sont
pas au rendez-vous. »
En fait, en temps ordinaire,
les ventes de sachets de farine
en grandes surfaces sont pour
moitié assurées par les meu-
niers allemands, équipés pour
produire en masse et s’accom-
moder de marges très faibles.
« C’est un marché de centimiers
qui ne nous intéresse pas »,
explique Jean-François Loi-
seau, le président de l’Associa-
tion des meuniers. Il repré-
sente moins de 5 % des ventes
des meuniers français. Pen-
dant la période de confine-
ment, ils se sont néanmoins
organisés pour répondre à la
demande des pouvoirs
publics, très soucieux d’assu-
rer au quotidien l’alimentation
de la population. Les moulins
français sont passés aux
semaines de 7 jours et aux
trois-huit pour fournir en
masse des sachets de farine
aux enseignes de la distribu-
tion. Tous s’y sont mis, alors
qu’en temps ordinaire seuls
quatre moulins, les plus gros,
produisent des sachets de 1 kg.
Or il y a en France 330 mou-
lins, qui réalisent un chiffre
d’affaires total de 1,7 milliard
d ’e u r o s , d o n t s e u l e m e n t
111 millions à l’export.
Innovation obligatoire
Plus de 60 % de la farine fran-
çaise est dédiée à la fabrication
du pain, qui n’est fait qu’à base
de farine tricolore. Un peu
moins de 30 % va à la biscot-
terie et à la biscuiterie. Les
sachets n’en absorbent que
4,5 %, les produits transfor-
més exportés 3,5 % et l’alimen-
tation animale 2,5 %. L’avenir
se joue clairement sur le pain.
Un secteur très concurrentiel,
sur lequel l’innovation est fon-
damentale. « Les boulangers
proposent toutes sortes de pains
aujourd’hui, y compris des
pains colorés et exubérants »,
dit Jean-François Loiseau. La
concurrence pousse dans le
sens du haut de gamme et de la
recherche de qualité. Les Fran-
çais mangent près de dix fois
moins de pain qu’à la sortie de
la guerre, mais ils sont très exi-
geants sur la qualité. n
Les chiffres clés
127 %
L’augmentation des ventes
de farine en France
pendant le confinement.
24 %
L’augmentation des ventes
de farine en France
du 11 mai au 11 juillet 2020
vs la même période en 2019.
2019, les manifestations privées, à
moins d’en être autorisé par le pro-
priétaire de l’hébergement d’accueil.
En outre, la plateforme a créé un ser-
vice d’aide aux voisins accessible
depuis son site pour permettre de
signaler d’éventuels désagréments.
Par ailleurs, la branche française
d’Airbnb a également annoncé,
vendredi, le lancement une nou-
velle campagne de sensibilisation
sur « les bonnes pratiques et les com-
portements responsables », ainsi
que les réglementations locales en
lien avec l’épidémie de Covid-19.
Diverses municipalités imposent
en France le port du masque obliga-
toire dans certains lieux. n
HIGH-TECH&MEDIAS
Jeux vidéo : Fortnite part en guerre
contre la « taxe Apple »
l Epic Games attaque Apple en justice après avoir été éjecté jeudi de l’App Store pour avoir tenté
de contourner la commission de 30 %.
l Google a lui aussi retiré le jeu de son propre magasin d’application pour cette même raison.
GAFA
Raphaël Balenieri
@RBalenieri
La guerre est déclarée entre Epic
Games, d’un côté, et Apple et Goo-
gle, de l’autre. Le studio américain à
l’origine du jeu vidéo Fortnite, l’un
des plus populaires au monde avec
350 millions de joueurs enregistrés,
a attaqué en justice la firme à la
pomme après avoir été éjecté jeudi
du célèbre App Store. Epic Games
avait tenté de contourner la com-
mission de 30 % qu’Apple prélève
depuis 2011 sur toutes les dépenses
réalisées à l’intérieur de son maga-
sin d’application. Google (qui pré-
lève aussi une commission de 30 %)
a également retiré Fortnite de son
Play Store pour cette même raison.
A ce stade, Epic Games a cependant
concentré son action juridique
contre Apple, plus important que
Google pour sa diffusion.
Le créateur de jeux n’a pas perdu
de temps. Sa plainte contre Apple a
été déposée quelques minutes seu-
lement après son éviction. Selon le
studio américain, Apple « maintient
de façon illégale un monopole total »
sur la distribution des applications.
Fortnite est téléchargeable gratui-
tement sur l’App Store et le Play
Store. Les joueurs peuvent toutefois
faire des dépenses à l’intérieur, pour
acheter, par exemple, de nouvelles
armes ou changer l’apparence des
avatars. De cette façon, Fortnite par-
vient à générer 34 millions de dollars
tous les mois, selon les estimations.
Depuis son arrivée
sur l’App Store en
2018, le jeu a généré
1,2 milliard de dollars
de recettes.
Depuis son arrivée sur l’App Store
en 2018, le jeu a généré 1,2 milliard de
dollars de recettes, selon Sensor
Tower. Et 10 millions sur le Play Store
depuis son entrée en avril 2020. Or
jusqu’à présent, Apple et Google pré-
levaient chacun une commission de
30 % sur ce butin. Pour la contour-
ner, Epic Games avait donc lancé
cette semaine son propre moyen de
paiement. Un rabais de 20 % était
même proposé aux joueurs pour les
inciter à adopter ce système maison.
Problème, le studio américain l’avait
lancé sans obtenir le feu vert
d’Apple, ni de Google.
Epic Games est certes loin d’être le
premier à contester la « taxe Apple »
et les diverses règles qui font des éco-
systèmes mobiles des univers à part
d’Internet. Netflix la contourne lui
aussi. Depuis début 2019, les inter-
nautes ne peuvent plus s’abonner au
géant du streaming dans l’App Store
et doivent passer par le site Web de
Netflix. Spotify aussi a fait de même.
Le suédois avait d’ailleurs porté
plainte à Bruxelles à ce sujet. Suite à
n FORMATION
LES ECHOS
Apprendre à mieux décider
Prendre des bonnes décisions n’est pas une
qualité innée chez un dirigeant ou un manager,
malgré ce que l’on pourrait croire, cela s’apprend.
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Un service proposé par Les Echos Solutions
Fortnite est l’un des jeux les plus populaires au monde avec 350 millions de joueurs enregistrés. Photo Johannes Eisele/AFP
quoi la Commission européenne
s’est emparée du dossier : mi-juin,
l ’e x é c u t i f e u r o p é e n a l a n c é
deux enquêtes contre Apple dont
une portant spécifiquement sur son
App Store. Mais le fait qu’Epic
Games soit passé à l’acte renforce le
mouvement des éditeurs face aux
deux géants de l’Internet mobile, vu
le poids économique de cet acteur
dans le jeu vidéo. Pour autant, le
titre-phare d’Epic Games peut diffi-
cilement se passer d’Apple et de
Google, le smartphone étant l’appa-
reil le plus utilisé par ses joueurs.
Commissions « nécessaires »
Apple et Google, eux, estiment que
leurs commissions sont nécessaires
car elles permettent d’assurer la
sécurité de leurs magasins d’appli-
cations. Pour ces géants, il ne s’agit
que d’une juste rémunération de
leur puissance de distribution. En
passant par les « stores », les applis
peuvent cibler d’énormes parcs pré-
installés de clients. Epic Games a
« malencontreusement pris la déci-
sion de violer les règles de l’App Store
qui s’appliquent pourtant à tous les
développeurs et qui sont conçues
pour assurer la sécurité de nos utili-
sateurs », explique Apple. Pour la
firme, pas question d’accorder à
Epic Games un « traitement spé-
cial ». Au juge d’en décider. n
L’offensive des Etats-Unis sur TikTok
accélère le morcellement d’Internet
Après la Chine, l’Iran
et la Russie, les Etats-Unis
s’apprêtent à dresser
des barrières numériques
à leurs frontières.
Florian Dèbes
@FL_Debes
On pourra bientôt parler « des
Internets ». Cette expression
au pluriel est désormais d’actualité
au vu des décisions du président
américain, Donald Trump, bien
qu’elle fût moquée quand un de ses
prédécesseurs, George W. Bush,
l’employa en 2004. Plus que
jamais, les craintes autour d’un
Internet morcelé se font jour.
L’idéal d’ouverture à tous les
pays porté par les pionniers du
Web dans les années 1990 est
aujourd’hui remis en cause par la
politique isolationniste des Etats-
Unis. Dernier exemple en date,
Donald Trump a signé début août
deux décrets organisant le bannis-
sement outre-Atlantique de Tik-
Tok et WeChat, deux applications
mobiles détenues par des entre-
prises chinoises qu’il soupçonne
de siphonner les données person-
nelles des citoyens américains.
« Les Etats-Unis, le pays qui a
financé les premiers développe-
ments d’Internet, considèrent main-
tenant des stratégies qui vont le
fracturer en morceaux », a immé-
diatement réagi l’Internet Society,
un lobby réunissant une centaine
d’entreprises de la tech. Craignant
un « splinternet » (contraction des
mots « split » et « Internet »),
l’organisation alerte sur la pers-
pective d’une croissance moindre
pour l’économie du Web à l’avenir.
La décision américaine aura
déjà des conséquences dans
l’immédiat. Une douzaine de mul-
tinationales américaines (Ford,
Walmart, Disney, etc.) ont déjà
souligné leurs inquiétudes auprès
de la Maison-Blanche. D’après le
« Wall Street Journal », elles crai-
gnent des difficultés à commercer
avec la Chine, où WeChat est indis-
pensable au quotidien.
TikTok, façon puzzle
Comme un symbole de la fin d’une
utopie sous le coup d’une « balka-
nisation d’Internet », l’application
TikTok pourrait éclater façon
puzzle entre une version détenue
par son créateur chinois Byte-
Dance, une version américaine
rachetée sur ordre de Donald
Trump par un groupe américain,
et une version internationale que
ByteDance conserverait pour
l’Europe. En Inde, où l’application
a été récemment interdite, une
quatrième version pourrait aussi
émerger d’un rachat en cours de
discussion avec l’opérateur télé-
coms local Reliance Jio, d’après le
site TechCrunch.
A leur décharge, les Etats-Unis
ne sont pas les premiers à avoir
déchiré la Toile. Avec sa grande
muraille numérique, la Chine
interdit depuis le début des
années 2000 de nombreux sites
occidentaux sur son territoire.
Ses géants du numérique ont bien
profité de l’absence de concur-
rence pour se développer. Pour des
raisons diverses et variées (cen-
sure, protectionnisme économi-
que, etc.), la Russie, l’Iran et quel-
ques autres ont ensuite eux aussi
filtré Internet à leurs frontières.
Lundi 17 août 2020 Les Echos
Le revirement américain n’est
sans doute pas le fruit du hasard.
L’idée originelle d’Internet servait
jusqu’ici les ambitions internatio-
nales de la Silicon Valley, en dépit
d’un marché chinois qui leur res-
tait fermé. Des câbles sous-marins
aux logiciels, l’Internet unique
était essentiellement américain.
Mais la Chine est, depuis, montée
en puissance. L’internationalisa-
tion de TikTok et de WeChat est
désormais une menace pour les
géants du Net américains.
Dans ce contexte, le secrétaire
d’Etat américain aux Affaires
étrangères est même allé plus loin
que le président. En exposant sa
stratégie « Clean Network » le
5 août dernier, Mike Pompeo
menaçait également de bannir des
Etats-Unis les services chinois
d’informatique en ligne, comme
les clouds d’Alibaba et Tencent.
En Europe, la nouvelle politi-
que américaine ne devrait pas
rassurer. Les critiques sont déjà
vives sur les barrières qui ne
disent pas leur nom et que met-
tent en place des acteurs privés
comme Google et Apple dans
leurs univers mobiles propriétai-
res. Le service de streaming musi-
cal Spotify s’est plaint devant la
Commission européenne pour
atteinte à la libre concurrence.
« Ce morcellement d’Internet va
renforcer la puissance des Gafa »,
anticipe Stéphane Distinguin, le
fondateur du cabinet de conseil
Fabernovel, pour qui le signal
américain est clair : les compéti-
teurs internationaux de Google,
Facebook, Amazon, Apple et
Microsoft n’auront plus accès au
riche marché américain. n
Mozilla
commence
à tourner la
page Firefox
INTERNET
La branche à but
lucratif de la fonda-
tion qui développe
le navigateur Inter-
net va se séparer
de 250 personnes,
notamment à Paris.
L’inventeur du navigateur
Internet Firefox et défenseur du
Web libre, sans frontières et res-
pectueux de la vie privée, a
besoin de se concentrer sur sa
viabilité commerciale. Et pour
cela, alors que les derniers pro-
duits de Mozilla Corporation
génèrent pour l’instant moins
de recettes que prévu, la bran-
che à but lucratif de la Fonda-
tion Mozilla est prête à
employer les grands moyens.
Elle a annoncé il y a quelques
jours qu’elle allait se séparer
d’un quart de ses effectifs.
En tout, 250 Mozillians
– comme sont nommés les sala-
riés et les contributeurs de
Mozilla – vont être licenciés un
peu partout dans le monde. Les
équipes du bureau parisien ont
été priées d’attendre l’issue de
réunions entre la direction et
les représentants du personnel
avant de connaître, dans les
prochaines semaines, la propo-
sition de la maison mère.
Des difficultés anciennes
Pour la direction, il s’agit de
mobiliser ses troupes davan-
tage vers ses logiciels payants
– comme le marque-page en
ligne Pocket, l’espace privé de
discussion en réalité virtuelle
Hubs et des services de réseaux
sécurisés (VPN) – mais moins
sur le navigateur Firefox, son
produit historique.
« Les conditions économiques
résultant de la pandémie mon-
diale du Covid-19 ont eu un
impact significatif sur notre chif-
fre d’affaires », justifie par
ailleurs la patronne, Mitchell
Baker, dans son billet annon-
çant la restructuration. Mais les
difficultés de Mozilla sont
anciennes et avaient déjà justifié
le départ de 70 personnes en
janvier dernier.
Fondé en 2005 pour faciliter
les opérations commerciales de
sa maison mère, Mozilla Corpo-
ration vit quasi exclusivement
des revenus issus de partena-
riats avec des moteurs de recher-
che. En échange d’une portion
de leurs recettes publicitaires, ils
obtiennent d’être paramétrés
par défaut dans la barre de
recherche de Firefox. Or Mozilla
est de moins en moins en posi-
tion de force lors des négocia-
tions avec ces géants comme
Google, Yandex et Baidu.
Au vu de la part de marché
déclinante de Firefox (passée
largement sous les 10 % sur ordi-
nateur selon plusieurs sociétés,
quand Google Chrome affiche
plus de 65 % des pages Internet
dans le monde), les clients
imposent leurs conditions. En
2018, Mozilla a enregistré 20 %
de baisse sur son chiffre d’affai-
res, à 451 millions de dollars.
En novembre prochain, le
plus important de ces contrats,
celui qui lie Mozilla à Google,
devait arriver à expiration. Si la
nouvelle n’a pas empêché
l’annonce des suppressions de
postes, un porte-parole de
Mozilla a précisé du bout des
lèvres auprès du média spécia-
lisé ZDnet que l’entreprise de
Mountain View avait accepté de
prolonger le partenariat aux
mêmes conditions. — Fl. D.
Les Echos Lundi 17 août 2020
Feu vert de Bercy à la reprise
d’Ascoval par Liberty Steel
l Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, et la ministre
déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, « ont donné leur accord » jeudi soir.
l Le groupe britannique apportera 65 millions d’euros de financements nouveaux.
ACIER
Anne Feitz
@afeitz
Pour les 270 salariés d’Ascoval, c’est
la fin d’un long feuilleton industriel.
Après des années d’incertitudes et
de rebondissements douloureux,
l’aciérie de Saint-Saulve, dans le
nord de la France, va finalement
passer sous le giron du groupe bri-
tannique Liberty Steel, qui reprend
aussi à l’occasion l’usine de rails
d’Hayange (Moselle).
Vendredi matin, Bercy a annoncé
que Bruno Le Maire et Agnès Pan-
nier-Runacher, respectivement
ministre de l’Economie et ministre
déléguée chargée de l’Industrie,
« ont donné leur accord » à la
reprise. C’était le dernier obstacle à
passer, après le choix du repreneur
par le tribunal de commerce de
Strasbourg, fin juillet. « C’est une
très bonne nouvelle », s’est réjoui
auprès de l’AFP Nacim Bardi, délé-
gué CGT à Ascoval.
Le groupe Liberty Steel, qui
appartient à la famille Gupta et
multiplie les acquisitions en
Europe, apportera 65 millions
d’euros de financements nouveaux,
« pour permettre aux deux sociétés
de mettre en œuvre leur plan indus-
triel et de développer une compétiti-
vité durable », a indiqué Bercy.
Le sort d’Ascoval, une aciérie
r e l a t i ve m e n t m o d e r n e m a i s
confrontée à la défaillance de ses
actionnaires successifs, était
devenu un dossier hautement poli-
Mauvaise histoire belge pour l’aciérie Saint-Saulve
En décembre 2018, l’aciérie de Saint-Saulve, près de Valenciennes, est sauvée par un industriel flamand,
Bart Gruyaert, soutenu par Bercy, les collectivités, les salariés et même la direction. Deux mois plus tard,
le château de cartes s’effondre.
Olivier Ducuing
L
— Correspondant à Lille
e mot “impossible”, il
faut l’enlever de votre
dictionnaire ! » Bart
Gruyaert ne croyait pas
si bien dire quand, le
19 décembre 2018, il prend la parole
devant les 281 salariés d’Ascoval.
Quelques minutes plus tôt, le tri-
bunal de grande instance de Stras-
bourg vient de retenir l’offre de son
entreprise Altifort pour reprendre
cette aciérie électrique installée à
Saint-Saulve, dans la périphérie
de Valenciennes, l’une des plus
modernes d’Europe.
Depuis des mois, les salariés se
battent pied à pied pour éviter la
fermeture de cette cathédrale
industrielle bâtie en 1975 par
Vallourec, puis filialisée en 2017
avec un coactionnaire, Asco Indus-
tries, mis en liquidation judiciaire
un an plus tard. Historiquement
conçue pour alimenter la seule
tuberie de Vallourec, l’usine n’a pas
de logique commerciale et affiche
une productivité en berne. Une
situation qui la mène à la sauve-
garde puis au redressement judi-
ciaire, avec un actionnaire désireux
de se désengager. Une position prise
comme une trahison dans ce terri-
toire qui fut le berceau de Vallourec
– dont le nom décline VALencien-
nes, LOUvroil et RECquignies…
Bâtie en 1975 par Vallourec, l’aciérie électrique de Saint-Saulve est l’une des plus modernes d’Europe.
Photo Laurent Mayeux/RÉA
DES REPRISES À SURPRISES
Bataille sociale épique,
intense campagne de
mobilisation et de
lobbying des élus de
toutes obédiences,
focalisation
médiatique :
l ’e n j e u d e v i e n t
national. Après le
retrait d’une pre-
mière offre, puis le
dépôt d’une simple lettre
d’intention par Boost, un opérateur
qui vise le marché iranien, la seule
candidature concrète est celle d’Alti-
fort. Un petit conglomérat indus-
triel créé par acquisitions à marche
forcée par un Belge parlant
cinq langues, Bart Gruyaert, 41 ans,
associé à un Français, conseiller en
marketing, Stanislas Vigier.
« Un gros culot »
Altifort annonce même un plan
d’investissement de 140 millions
d’euros, pour créer un train à fil
– une unité de transformation
supposée créer 130 emplois ! Le
projet est validé par le cabinet
Roland Berger et par tous les
acteurs. L’enjeu social et territorial
est tel, l’attention des médias – jus-
qu’à la réalisation d’un documen-
taire, « Le Feu sacré » – et la sensibi-
lité politique si vives que le projet
sera retenu sans coup férir.
Mais sa fragilité apparaît très vite.
L’apport financier d’Altifort, même
SÉRIE D’ÉTÉ
rehaussé de 10 à 30 millions
d’euros, reste faible eu
égard aux besoins, tan-
dis que les finance-
ments publics sont,
eux, considérables
– pas moins de
42 millions. La taille
d’Altifort (140 mil-
lions de chiffre d’affai-
res annoncé, avec
1.200 salariés) est inférieure
au périmètre de reprise. Trois ans
plus tôt, Bart Gruyaert (qui n’a pas
répondu aux sollicitations des
« Echos ») avait déjà agi de même en
jetant son dévolu sur une entreprise
de robinetterie en difficulté dans
la Somme, Pentair, à Ham, plus
grosse que ses activités.
« Je connaissais déjà Bart
Gruyaert. Il était prêt à reprendre tout
projet qui n’allait pas bien, du centre
équestre à l’industrie ! Toujours avec
la même méthode, un gros culot et
une vraie capacité à convaincre des
gens qui ne sont pas techniciens », se
souvient Eléonore Calandre, diri-
geante du fonds Picardie Investisse-
ment (dont la région Hauts-de-
France est le premier actionnaire),
très sévère sur la chronique de ce
fiasco, prévisible à défaut d’être
annoncé.
« Tout le monde fermait les yeux
car il n’y avait qu’un seul candidat.
Bercy a regardé les comptes. Ils
auraient dû savoir qu’il y aurait une
dégradation de notation [d’Altifort]
parce qu’ils rachetaient plus gros
qu’eux », se rappelle Cédric Orban,
dirigeant d’Ascoval, qui était déjà en
poste au moment de la reprise.
Fort engagement
du personnel
Le 1er février 2019, Altifort entre for-
mellement en jouissance d’Ascoval.
Mais l’argent promis n’arrive pas.
Cédric Orban se rend au QG du petit
groupe, au sud de Paris. Il y décou-
vre un site très médiocre. « Ils m’ont
donné l’impression d’être des ama-
Dates clefs
1975 Création de
l’aciérie par Vallourec.
2017 L’aciérie est filialisée
avec un coactionnaire,
Asco Industries.
1er février 2019 Altifort
entre formellement
en jouissance d’Ascoval.
22 février 2019 La reprise
est annulée par le tribunal
de Strasbourg.
22 mai 2019 Le nouveau
repreneur, British Steel,
connaît un redressement.
PME & REGIONS // 19
tique depuis plusieurs années,
ayant mobilisé le gouvernement et
les pouvoirs publics locaux, notam-
ment Xavier Bertrand.
L’avenir d’Ascoval s’était lié
ces derniers mois à celui de l’usine
de rails d’Hayange, qui emploie
430 salariés et avec qui il avait
signé en novembre 2019 un gros
contrat de fourniture d’acier
(140.000 tonnes par an pendant
quatre ans, à compter de septem-
bre 2020), destiné à satisfaire
une commande de SNCF Réseau.
Bruno Le Maire ne cachait pas son
souhait de voir les deux sociétés
reprises par le même industriel.
Production « verte »
Le groupe chinois Jingye, qui a
racheté fin 2019 British Steel
(l’ancien propriétaire de l’usine
d’Hayange), s’était porté candidat,
mais Bercy avait refusé de donner
son accord, sceptique sur le plan
stratégique de l’industriel et sou-
cieux du risque de dumping chinois
sur l’acier. ArcelorMittal figurait
parmi les repreneurs potentiels.
Liberty Steel promet d’investir
mais aussi de maintenir à Saint-
Saulve la pro duction d’acier
« vert ». Car Ascoval est une aciérie
électrique, utilisant le recyclage de
ferrailles d’acier et non des hauts-
fourneaux, plus polluants. « Cela
permet de réduire les émissions de
CO2 de 220.000 tonnes, l’équivalent
des émissions de 12.000 foyers »,
expliquait il y a quelques mois Mar-
cel Genet, fondateur du consultant
Laplace Conseil. Reste à s’assurer
que les promesses seront tenues. n
1/10
teurs, j’ai même cru à une caméra
cachée ! » se souvient-il. Il saisit dans
la foulée l’administrateur judiciaire.
Le tribunal de Strasbourg annu-
lera la reprise le 22 février… Mais
entre-temps, l’aciérie a passé ses
coûts à la paille de fer, gagné beau-
coup en compétitivité, avec un fort
engagement du personnel et mené
une intense politique commerciale.
De quoi séduire un nouveau repre-
neur, British Steel. Lequel connaîtra
en Grande-Bretagne un redresse-
ment judiciaire le 22 mai !
Repris dans un premier temps
par le fonds Olympus Steel, Ascoval
a enfin connu l’épilogue de cet
incroyable feuilleton, Bercy ayant
annoncé vendredi que Bruno
Le Maire et Agnès Pannier-Runa-
cher, respectivement ministre de
l’Economie et ministre déléguée
chargée de l’Industrie, « ont donné
leur accord » à la reprise de l’aciérie
par le britannique Liberty Steel
dans le cadre d’une reprise com-
mune avec le laminoir d’Hayange.
De quoi construire une filière inté-
grée de fabrication de rails, un mar-
ché porteur : l’amont pour Ascoval,
l’aval pour Hayange. Et de regarder
l’avenir plus sereinement.
6 ventes et répondre aux appels
Et demain La station
de Villard-de-Lans dans
le panier de Tony Parker
Praxy
s’empare
de la
branche
industrie
d’Epur
CENTRE-VAL
DE LOIRE
Le réseau des
indépendants
du recyclage veut
concurrencer Veolia,
Suez et Paprec.
Stéphane Frachet
@FrachetStephane
Le réseau d’indépendants du
recyclage Praxy double de
taille en acquérant la branche
industrie d’Epur, un groupe
familial marseillais qui
transforme bon an mal an
190.000 tonnes de métaux et
autres matériaux. Le montant
de la transaction, réalisée via
une filiale commune, Praxy
Développement, reste confi-
dentiel. « Nous consolidons
ainsi l’axe Paris-Lyon-Mar-
seille », se réjouit Fabrice Joyen,
le nouveau directeur général
de Praxy Développement.
Praxy, une SAS basée à Joué-
lès-Tours (Indre-et-Loire),
acquiert ainsi des plateformes
de tri et de transformation à
Stains (Seine-Saint-Denis),
Digoin et Mâcon (Saône-et-
Loire), Cusset (Allier), Arnas
(Rhône) Gignac (Bouches-du-
Rhône) et Montpellier
(Hérault), soit 110 nouveaux col-
laborateurs et 57 millions
d’euros de chiffre d’affaires
l’an passé.
La branche industrie de
Praxy, Praxy Centre, s’appuie,
elle, sur une douzaine de sites,
dont le plus important est à
Issoire (Puy-de-Dôme). Il a réa-
lisé un chiffre d’affaires de
77 millions l’an passé.
Le nouvel ensemble flirte
avec les 400.000 tonnes de
déchets industriels recyclés.
« Comme nous ne sommes pas
présents sur le métier de
l’enfouissement, nous visons
une valorisation maximale »,
souligne Fabrice Joyen, taclant
ses concurrents parfois accu-
sés de favoriser la mise en
décharge au détriment de la
réutilisation. Une manière
aussi de positionner son
groupe face à de probables
taxes européennes sur les pro-
duits non recyclés afin de
financer les plans de relance.
Mutualiser
les volumes
Le marché du négo ce des
matières premières recyclées
est à la baisse, depuis que la
Chine a fermé ses frontières
l’an passé. L’idée de Praxy est
de mutualiser les volumes de
déchets industriels recueillis
auprès des organismes collec-
teurs puis de grouper les ven-
tes à travers Praxy Développe-
ment, décrit comme le « bras
armé » du réseau créé en 2009
par quelques indépendants.
Le groupe Praxy regroupe
une quinzaine d’actionnaires
régionaux, des sociétés telles
que Bourgogne Recyclage,
Barbazanges, Vacher, BS Envi-
ronnement, Arc En Ciel,
Sclavo, qui réalisent 824 mil-
lions d’euros de chiffre d’affai-
res. Onze d’entre elles ont sous-
crit au capital de la filiale
industrie Praxy Développe-
ment afin de mutualiser leurs
d’offres des collectivités, éco-
organismes et industriels face
aux concurrents Veolia, Suez,
Paprec et Séché. n
FINANCE&MARCHES
A Wall Street, la crise est presque finie
l Le S&P 500 cote tout juste en dessous de son niveau
d’avant-crise.
l Les marchés actions sont portés par la performance
des valeurs technologiques et par l’espoir d’un nouveau
plan de relance américain.
BOURSE
Etienne Goetz
@etiennegoetz
La crise ? Quelle crise ? Le S & P 500
a repris 50 % à 3.372,85 points
depuis son creux en mars dernier. Il
cote désormais à un cheveu du plus
haut niveau de son histoire, atteint
en février, avant que la crise sani-
taire et les mesures de confinement
ne secouent l’économie mondiale.
Jeudi, il est même brièvement passé
au-dessus de cette jauge. Depuis le
début de l’année, l’indice progresse
de 4,4 %, effaçant au passage les
pertes liées au plus violent choc
depuis les années 1930.
Licenciements, chômage, plans
d’économies, faillites, hausse des
provisions… Les mauvaises nouvel-
les accablent pourtant l’économie
réelle. Alors pourquoi les investis-
seurs se montrent-ils si optimistes ?
En réalité, les marchés sont surtout
portés par l’envolée des valeurs
technologiques qui profitent à plein
de la crise et des mesures de confi-
nement. Pour preuve, le Nasdaq
gagne 22,81 % depuis janvier.
M i e u x , l ’ i n d i c e FA N G + q u i
regroupe, entre autres, les valeurs
Facebook, Amazon, Netflix et Goo-
gle n’a que marginalement reculé
au moment de la crise et progresse
de près de 58 % depuis le début de
l’année. Contraints de rester chez
eux, les consommateurs ont fait
leurs emplettes depuis leur écran,
un phénomène qui a profité aux
géants de l’e-commerce comme
Amazon.
Cicatrisation de l’économie
Le développement massif du télé-
travail a dopé le cours de Bourse des
sociétés avec des services de visio-
conférence. Et la fermeture des
cinémas et lieux de culture a donné
un coup de fouet aux valeurs « stay
at home », comme Netflix. L’effet
des valeurs technologiques est
d’autant plus important que leur
poids dans les indices n’a cessé
d’augmenter. La capitalisation
b o u r s i è r e d ’ A p p l e s ’é l è v e à
1.947 milliards de dollars, quand
Le franc-tireur du courtage en ligne Robinhood s’impose aux Etats-Unis
Devenue le premier courtier
en ligne américain, grâce
à sa politique tarifaire
agressive et un grand
succès auprès des 18-35 ans,
la société californienne veut
révolutionner le courtage
en adoptant la stratégie des
groupes de la Silicon Valley.
Nessim Aït-Kacimi
@NessimAitKacimi
Pionnier du zéro commission,
Robinhood (« Robin des bois ») est
devenu le premier courtier en ligne
américain en juin, confirmant sa
fulgurante percée cette année. Très
populaire chez les 18-35 ans, l’appli-
cation pour spéculer sur tous les
produits financiers (actions, pro-
duits dérivés, cryptomonnaies…) a
généré 4,3 millions de transactions
par jour devant tous ses rivaux, TD
Ameritrade (3,8 millions), Charles
Schwab (1,8 million) et E-Trade
(1,1 million), selon Business Insider.
Au premier semestre, les pro-
duits qui ont rapporté le plus
d’argent à Robinhood ont été les
options puis les actions américai-
celle du CAC 40 est tombée à
1.874 milliards de dollars. Le Rus-
sell 2000, un indice sans masto-
donte, est toujours en dessous de
ses niveaux d’avant-crise, mais loin
de son creux du 18 mars dernier.
Globalement, les investisseurs
estiment que l’épidémie est sous
contrôle, malgré la hausse des
décès dans certaines régions des
Etats-Unis. Le risque de confine-
ment généralisé est donc à leurs
yeux limité et le redémarrage de
l’activité inévitable. Ils accueillent
d’ailleurs avec optimisme les indi-
cateurs macroéconomiques,
même quand ils sont légèrement
inférieurs aux attentes. Vendredi,
les ventes au détail aux Etats-Unis
pour juillet sont ressorties en
hausse de 1,2 %, soit un peu moins
que prévu. La production indus-
trielle a, elle, progressé de 3 %,
conformément aux prévisions.
« L’économie américaine continue
de cicatriser, mais c’est très différent
selon les données économiques,
explique Matt Maley chez Miller
Tabak & Co, cité par Bloomberg, le
secteur des services essaie de se
redresser, mais reste à mille lieues de
ses niveaux pré-Covid. »
Les investisseurs
estiment que
l’épidémie est
sous contrôle.
Ils accueillent
avec optimisme
les indicateurs
macroéconomiques,
même ceux
légèrement inférieurs
aux attentes.
Parallèlement, outre-Atlantique,
le marché du travail semble s’amé-
liorer. Pour la première fois depuis
la tempête économique, les inscrip-
tions hebdomadaires au chômage
sont passées sous la barre du mil-
lion. Mais « pendant les pires semai-
nes qui ont suivi la crise financière de
2008, ce chiffre n’était’’que’’ de
nes de petite et moyenne taille (c’est-
à-dire hors indice S&P 500 qui
regroupe les 500 plus grands grou-
pes américains). Le courtier en ligne
oriente les ordres de ses clients, qui
ne paient pas de commissions, vers
des firmes de trading comme les
traders haute fréquence (THF), les
automates de trading ultrarapides.
Ils ont versé 271 millions de dollars
à Robinhood sur les six premiers
mois de l’année pour capter ses
volumes. Les THF souhaitent trai-
ter le plus de transactions possible
pour gagner de l’argent.
Liquidité et volatilité
Le courtier en ligne qui réfléchissait
à se lancer au Royaume-Uni préfère,
pour l’heure, se concentrer sur le
marché américain, où il a gagné
plus de 3 millions de clients depuis le
début de l’année portant leur nom-
bre à 13 millions. Cet afflux a provo-
qué des encombrements de ses sys-
tèmes avec l’impossibilité parfois,
certaines journées, de se connecter
à l’application. En début d’année,
une action américaine était détenue
en moyenne par 3.000 comptes de
Robinhood, contre 8.000 en juin.
Lundi 17 août 2020 Les Echos
665.000, nous sommes bien au-des-
sus de ce niveau, même aujourd’hui,
et le retour à la normale pré-Covid est
encore long », souligne Craig Nicole,
de Deutsche Bank.
La perspective d’un plan de
relance aux Etat-Unis, discuté au
Congrès entre démocrates et répu-
blicains, soutient également les
indices. « La probabilité qu’un
accord de relance budgétaire soit
trouvé en août est passée de mince à
nulle ces derniers jours, mais les
investisseurs partent quand même
du principe qu’une enveloppe de
1.500 milliards de dollars arrivera en
septembre », détaille Yousef Abbasi
de StoneX. « Les décrets signés par
Trump en fin de semaine dernière
ont donné une bonne excuse au Con-
grès pour viser un accord en septem-
bre », poursuit l’expert.
Le rôle des ETF
La course aux nouveaux records
historiques est toutefois semée
d’embûches. La séance de vendredi
en est un parfait exemple : à peine le
Royaume-Uni a-t-il annoncé met-
tre en quarantaine les voyageurs
revenant de France, que les places
du Vieux Continent ont marqué le
pas, mettant sous pression les indi-
ces américains. « Les marchés sont
de moins en moins versés dans l’ana-
lyse des fondamentaux à chaque
semaine qui passe », déplore Tangi
Le Liboux d’Aurel BGC. A qui la
faute ? « Aux investissements mas-
sifs réalisés via les ETF qui bénéfi-
cient aux plus gros poids dans les
indices », indique l’observateur.
Pour expliquer cette remontée de
Wall Street, il faut aussi regarder du
côté du marché obligataire. Avec
des taux réels négatifs, les investis-
seurs se tournent vers l’or quand ils
cherchent de la sécurité, et vers les
actions quand ils visent du rende-
ment. « Les taux zéro (ou presque)
transforment radicalement les stra-
tégies en matière d’allocation d’actifs,
ce qui offre un coussin de sécurité
assez formidable aux actions »,
explique l’analyste d’Aurel BGC. La
tendance n’est pas près de s’inver-
ser : une hausse des taux directeurs
est loin d’être à l’ordre du jour de la
Réserve fédérale. n
Durant la période de confine- apportant de la liquidité au plus fort dans la spéculation boursière un faire du trading comme les grands
ment, ses clients ont particulière- de la crise. Ils ont notamment acheté moyen de compenser la perte, pro- intervenants, et sans payer la moindre
ment traité les actions mises en les valeurs dont voulaient se débar- visoire ou définitive, de leur emploi. commission. En trois clicks, j’ai acheté
avant par les médias – en bien ou en rasser des investisseurs profession- Au restaurant, à la plage, dans les une action. Voilà, c’est aussi simple »,
mal – contribuant à augmenter leur nels comme les fonds de placement. files d’attente ou les salles de sport, vantait une de ses premières campa-
volatilité selon une étude (1). Ils ont En mars, lors des séances les plus les spéculateurs amateurs ne quit- gnes publicitaires.
profité de la chute de titres dure- actives, les courtiers en ligne ont tent plus des yeux leurs smartpho- Pour Robinhood, une transaction
ment impactés par la crise et ont représenté jusqu’au quart des trans- nes dans l’espoir de faire fortune boursière est comme un e-mail, un
parié sur leur rebond. Ils ont aussi actions à Wall Street. Robinhood a rapidement. Dans une de ses publici- produit gratuit d’appel qui doit orien-
misé sur la capacité de certaines bio- le plus profité de cette ruée vers les tés intitulées « Il est temps de gagner ter vers des services payants (prêts
techs à trouver un vaccin. Les parti- actions, devenue un phénomène de de l’argent », Robinhood indique que pour spéculer davantage…). Le
culiers clients du courtier en ligne société touchant toutes les catégo- « vous pouvez commencer à investir groupe, qui prend son inspiration
ont enfin eu un rôle bénéfique en ries sociales. Certains voient même où que vous soyez ». « Nous pouvons dans la Silicon Valley plus qu’à Wall
Street, vient de recruter une nouvelle
responsable du marketing passée
Le courtier passe à l’achat par Facebook, PayPal et Amazon.
Christina Smedley va poursuivre
« Robinhood achète l’action X » est en soi automatiques. Dès qu’ils percevaient un flux le renforcement d’une marque qui
une information de nature à faire grimper acheteur important sur un titre, ils pou- veut aider ses clients « à prendre le
un titre compte tenu des 13 millions vaient l’acheter très rapidement et les clients contrôle de leurs destinées financiè-
de clients du courtier en ligne. Et le groupe de Robinhood trop « lents » à réagir l’ache- res ». La société a adopté une nouvelle
ne souhaite plus donner cette information taient par la suite à un cours supérieur. A identité visuelle avec des références à
gratuitement à Wall Street. Un signe de l’inverse, ils pouvaient parfois estimer que la un monde futuriste, inspirées du
son influence grandissante sur les cours des spéculation sur un titre était allée trop loin. dessinateur Moebius, qui évoquent
petites et moyennes valeurs. Il a décidé de ne Ils le vendaient alors à découvert et tentaient l’innovation. Comme Tesla dans son
plus divulguer les actions les plus populaires de le faire baisser. Les clients de Robinhood secteur, Robinhood veut casser les
de sa clientèle au site Robintrack, accessible devenaient alors la cible d’autres traders. codes et imposer un style nouveau.
gratuitement et qui suivait en temps réel « La grande majorité de notre clientèle n’est
les investissements des boursicoteurs. Ces pas composée de “day-traders” [traders qui (1) « Flattening the Illiquidity Curve :
données étaient suivies par certains hedge spéculent au jour le jour] mais d’investisseurs Retail Trading during the Covid-19
funds, traders et programmes de trading de long terme », assure le courtier en ligne. Lockdown », Ozik, Sadka, Shen.
Les Echos Lundi 17 août 2020
La fièvre des
biotechs s’est
emparée de
Wall Street
Les montants levés par
les biotechs introduites
en Bourse depuis
le début de l’année
ont atteint le niveau
record de 9,4 milliards
de dollars.
Sophie Rolland
@Sorolland
Depuis quelques mois à Wall
Street, la course au vaccin crée
un engouement sans précédent
pour les valeurs biotech. Envo-
lée des cours, valorisations qui
flambent, levées de capitaux
record… La pandémie apporte
avec elle son lot d’attentes irra-
tionnelles et les investisseurs
particuliers se ruent sur ces
valeurs au potentiel énorme… à
la hausse comme à la baisse.
Les montants levés par les
biotechs introduites en Bourse
depuis le début de l’année ont
atteint des niveaux record. Plus
de 9,4 milliards de dollars ont
déjà été récoltés auprès des
investisseurs. Nettement plus
qu’en 2018, la meilleure année
jusque-là, avec 6,5 milliards de
levées, selon Dealogic. C’est aussi
trois fois plus que la moyenne
annuelle de ces dix dernières
années. Même tendance du côté
des augmentations de capital,
qui n’ont jamais été aussi massi-
ves, puisque les biotechs cotées
ont levé plus de 32 milliards de
dollars cette année. Vendredi, le
laboratoire allemand CureVac,
bien placé dans la course au vac-
cin contre le Covid, a levé
213 millions de dollars lors de
son IPO.
L’enthousiasme du marché
se mesure aussi à l’aune des pre-
mières séances boursières des
sociétés nouvellement cotées.
Le jour de leur introduction en
Bourse, les biotechs ont en
moyenne vu leur cours s’appré-
cier de 34 % cette année. Seuls
ceux qui ont vécu les grandes
heures de la bulle Internet
en 2000 avaient déjà observé
des mouvements d’une telle
ampleur. Et parmi les dix plus
grosses opérations de l’année,
certaines valeurs se sont littéra-
lement envolées leur premier
jour de cotation : Legend Bio-
tech (487 millions de dollars) a
pris 61 %, Relay Therapeutics
(460 millions) 75 %, Forma The-
rapeutics (319 millions) 95 % et
Nkarta (290 millions) 166 %.
Perspectives de gains
Les perspectives de gains phé-
noménaux et les promesses de
ces jeunes sociétés attirent en
masse les boursicoteurs. Ils
misent sur les retombées com-
merciales d’hypothétiques vac-
cins ou de traitements du
Covid-19. Ils estiment aussi que
les laboratoires vont bénéficier
du soutien du gouvernement.
L’indice Nasdaq des valeurs bio-
technologiques est en hausse de
11 % cette année. C’est moins que
le Nasdaq qui progresse de 24 %,
grâce aux géants de la tech, mais
nettement plus que le S&P 500
qui gagne 5 %. Certaines valeurs
sont devenues de véritables
stars à Wall Street. Moderna,
dont le vaccin a été le premier à
atteindre la phase III des tests
cliniques, a vu sa valorisation
passer de 7 à 30 milliards de
dollars en quelques mois.
Les vétérans du marché appel-
lent à la prudence. Pour eux,
l’enthousiasme du marché pour
les valeurs Covid est excessif.
Ils évitent les introductions en
Bourse, qui financent souvent
des sociétés qui n’en sont qu’aux
premières phases de développe-
ment de leurs produits. n
Les bureaux de change frappés
de plein fouet par la crise sanitaire
l Ils figurent parmi les victimes directes de la chute du tourisme, liée à la pandémie de Covid-19.
l La crise fragilise un peu plus ces établissements dont le nombre a sensiblement diminué
ces dernières années en France.
DEVISES
Timothée Talbi
Dans une rue commerçante de
Paris, à quelques pas des Invalides,
une enseigne se démarque, avec
de grands écrans de télévision
visibles derrière sa vitrine. Maî-
tresse des lieux en cette période
estivale, Sylvie Fontana essaie tant
bien que mal de les allumer : ils
sont des attributs essentiels à son
activité, notamment pour afficher
les conversions entre devises. Il
s’agit d’un des rares bureaux de
change qui a ouvert cette année en
France, en janvier dernier.
Il est bientôt midi et aucun tou-
riste à l’horizon, malgré la proxi-
mité avec la tour Eiffel. « On subit le
Covid car nous sommes dans ce
qu’on appelle le quartier américain
et nous constatons une baisse de
régime à cause de la situation sani-
taire aux Etats-Unis », déplore-t-
elle. Très dépensiers durant leurs
séjours dans la capitale, les Améri-
cains constituaient la première
nationalité de touristes en région
parisienne l’année dernière, avec
2,6 millions de visiteurs. Si son
bureau propose des services de
change sur plus de 100 devises,
Les bureaux de change souffrent de la baisse de la fréquentation touristique étrangère en France. Photo Charly Triballeau/AFP
Leader mondial, Travelex dépose le bilan
A l’image du secteur,
le groupe britannique de
bureaux de change souffre
de la baisse du tourisme
due à la pandémie
de Covid-19. Après l’échec
de sa tentative de vente,
Travelex a décidé de
restructurer ses activités,
supprimant 1.300 postes
rien qu’au Royaume-Uni.
C’est le symbole de la détresse de
tout un secteur. Le leader mondial
des bureaux de change, le britan-
nique Travelex, s’est finalement
résolu au dépôt de bilan. Durement
touché par la crise sanitaire et la
chute du tourisme, le groupe avait
d’abord envisagé de se vendre au
mois d’avril.
Face à des offres jugées insuffi-
santes, Travelex a préféré opter
pour une restructuration de ses
activités depuis mi-juin.
Sylvie Fontana reconnaît que le
dollar reste la principale.
L’euro, premier coup dur
La crise sanitaire s’inscrit dans
la lignée d’autres événements
qui ont nui à l’activité des bureaux
de change ces dernières années
en réduisant temporairement la
fréquentation touristique. « Il y a
d’abord eu les attentats, puis les
“gilets jaunes’’, les grèves et mainte-
nant cette épidémie, rappelle Ruby,
qui travaille depuis trente ans
dans un bureau de change au pied
de la tour Montparnasse. Avant
le confinement, on pouvait réaliser
10.000 euros de chiffre d’affaires par
jour. Maintenant, on peine à attein-
dre les 1.000 euros. »
L’économie des bureaux de
change a déjà été mise à mal avec
l’arrivée de l’euro au début du siècle.
D’après les chiffres de la Banque de
France, le nombre de changeurs
manuels agréés est passé de 828 en
2001 à 676 en 2005. L’année der-
nière, seulement 177 étaient agréés
par l’Autorité de contrôle pruden-
tiel et de résolution (ACPR) en
France. Un changeur manuel pou-
vant regrouper plusieurs bureaux,
on en compte plus de 400 en France
à l’heure actuelle, mais ce nombre
pourrait encore évoluer à la baisse
Nommé administrateur de la
société, le cabinet PwC a conclu
début août un accord avec les
créanciers pour réduire la dette du
groupe de 385 millions à 165 mil-
lions de livres, avec un renfloue-
ment à hauteur de 84 millions
de livres. Certains créanciers ont
récupéré des actifs.
Plus de 40 % des emplois
britanniques supprimés
Si cette restructuration permet
à Travelex de survivre, elle n’est
pas sans conséquence pour les
employés du groupe. « La conclu-
3.635
EMPLOIS
sauvegardés dans le monde,
dont 1.802 au Royaume-Uni.
en 2020. « Certains bureaux n’ont
pas pu rouvrir après les cinquante-
cinq jours de confinement, celui de
Saint-Michel à Paris a fermé définiti-
vement par exemple », évoque Ruby.
Secrétaire de l’Union française
des sociétés de change (UFSC),
Michael Piccioloni mentionne
une perte de chiffre d’affaires
de l’ordre de 80 % pour le secteur,
dont les échanges de devises s’éle-
vaient à 1,6 milliard d’euros en 2018
selon un rapport de l’ACPR. Il ne
cache pas son pessimisme pour les
mois à venir : « Le passage à l’euro
avait été digéré grâce à une activité
« Avant
le confinement,
on pouvait réaliser
10.000 euros
de chiffre d’affaires
par jour.
Maintenant,
on peine
à atteindre
les 1.000 euros. »
RUBY
Changeur à Paris
sion de cette transaction a permis de
sauvegarder 1.802 emplois au Royau-
me-Uni, 3.635 dans le monde, et de
conserver une marque mondia-
lement reconnue, explique dans
un communiqué Toby Banfield,
administrateur chez PwC. Mal-
heureusement, la majorité de notre
activité auprès des particuliers au
Royaume-Uni ne pouvant se pour-
suivre, cela a entraîné le licenciement
de 1.309 salariés britanniques. »
Le 31 décembre dernier, Travelex
avait subi une vaste cyberattaque.
Celle-ci avait notamment mis
hors-ligne les systèmes de services
aux particuliers pendant un mois.
Cette branche B to C de l’activité du
groupe, contrairement aux servi-
ces aux entreprises, est la grande
perdante des opérations des ces-
sions opérées dans le cadre de la
restructuration. Trop déficitaire,
elle n’a pas pu être cédée. « Certains
bureaux de change, situés dans les
FINANCE & MARCHES // 21
touristique très soutenue en France.
Aujourd’hui, on est dans une situa-
tion hors normes par rapport aux
crises précédentes. Il y aura sûrement
de gros dégâts à la rentrée avec des
fermetures car les bureaux de change
ne peuvent pas arriver en hiver sans
avoir fait une bonne saison et sans
perspectives. »
L’or à la rescousse
Pour compenser cette perte d’acti-
vité dans les devises, certains
bureaux trouvent un semblant de
refuge dans l’or. C’est le cas de l’éta-
blissement de Sylvie Fontana,
qui propose du rachat d’or et des
conseils en investissement dans le
métal précieux. « En ces temps un
peu compliqués, les gens sont frileux
vis-à-vis des actifs papier et l’or fait
office de valeur universelle et d’actif
réel. En plus, son cours augmente en
ce moment et on observe un intérêt
croissant des jeunes pour l’or depuis
le confinement », assure-t-elle.
Mais cette diversification est
rarement suffisante pour des
établissements qui dépendent
très largement de l’échange de devi-
ses. « L’or aide un peu à compenser
mais les gens attendent toujours
que les cours montent davantage »,
s’exclame Ruby. « C’est une activité
qui est généralement secondaire
aéroports et en dehors, n’ont pas été
vendus », indique le communiqué
de PwC.
Présent dans 70 pays
Créé en 1976, Travelex propose
ses services de change en espèces
dans quelque 80 devises. Le groupe
Diffusez vos enquêtes publiques
dans Les Echos
annonces.lesechosleparisien.fr
par rapport au change et tous les
bureaux ne l’exercent pas, mais
une période de crise est souvent inté-
ressante pour les transactions en or,
un métal qui a un statut de valeur
refuge », admet Michael Piccioloni.
Face à des clients exigeants et une
concurrence féroce, en particulier
dans les grandes villes, relever les
commissions perçues n’est pas
envisageable pour les changeurs.
« Même en les augmentant, le gain
serait totalement dérisoire par rap-
port à la perte de chiffre d’affaires »,
insiste le secrétaire de l’UFSC.
Ce dernier constate avec amertume
la baisse de l’usage des espèces
en France au profit des cartes
bancaires, un phénomène qui
assombrit un peu plus le futur
des bureaux de change.
A cela s’ajoute un fonctionne-
ment des bureaux de change qui
est régi par de fortes contraintes
réglementaires et en constante
évolution dans le cadre de la lutte
contre le blanchiment d’argent.
Michael Piccioloni n’entrevoit
qu’une seule solution, exogène :
« On essaie de formuler des deman-
des pour pouvoir vendre d’autres
produits, mais mis à part une hausse
du tourisme, il n’y a pas grand-chose
à faire pour améliorer la situation
des bureaux de change. » n
britannique dispose d’un réseau de
plus de 1.200 magasins et guichets
automatiques répartis dans une
cinquantaine de pays. En comptant
ses partenariats avec des banques,
des supermarchés et des agences
de voyages, Travelex est présent
dans près de 70 pays. — T. T.
01 87 39 70 08
22 // FINANCE & MARCHES Lundi 17 août 2020 Les Echos

euronext
SÉANCE DU 14 - 08 - 2020 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année
CAC 40 : 4962,93 (-1,58 %) NEXT 20 : 10671,95 (-1,43 %) civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations
CAC LARGE 60 : 5493,91 (-1,56 %) supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures
CAC ALL-TRADABLE : 3851,44 (-1,55 %) à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
DATE DE PROROGATION : 26 AOÛT CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
ACCOR (AC) R A 24,96 24,21 - 3,93 - 42,01 MICHELIN (ML) R A 96,44 96,3 - 0,25 - 11,73 GENSIGHT (SIGHT) g C 3,02 3,02 + 0,67 + 21,53 ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 22,75 22,7 - 0,22 - 11,33
1518315 25,01 + 3,77 42,24 255034 96,44 + 4,04 112,8 83089 3,03 + 1,51 4,88 12674 22,75 + 6,32 26
FR0000120404 10/05/19 1,05 261.355.688 24,16 - 35,13 20,15 FR0000121261 01/07/20 2 178.641.341 94,82 + 3,22 68 2,08 FR0013183985 32.827.362 2,97 +112,38 1,36 FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 22,3 - 7,91 14,62
AIR LIQUIDE (AI) R A 141,5 139,95 - 1,24 + 10,9 ORANGE (ORA) R A 9,972 9,906 - 1,09 - 24,5 GETLINK (GET) LR A 13,3 13,21 - 2,29- 14,83
544963 141,95 + 2,94 143,7 5128859 10,015 - 8,91 13,545 RUBIS (RUI) G A 40,2 39,76 - 1,34 - 27,38
957349 13,43 + 1,15 17,04 DIV 2 28/07/17 128395 40,22 - 1,97 57,45
FR0000120073 11/05/20 2,7 473.509.961 139 + 26,7 94,86 1,93 FR0000133308 02/06/20 0,2 2.660.056.599 9,746 - 25,32 8,84 2,02 FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 12,89 + 6,53 8,615
AIRBUS GROUP (AIR) R A 72,77 72,11 - 1,62 - 44,73 3,4 PERNOD-RICARD (RI) R A 146,5 142,85 - 2,43 - 10,38 FR0013269123 17/06/20 1,75 103.554.889 39,26 - 21,89 31,6 4,4
GL EVENTS (GLO) g B 11,22 11,08 - 1,95
- 53,93
1475525 72,77 + 8,99 139,4 21,24 386596 146,5 + 1,53 171,1 11118 11,22 - 8,28 24,45 SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 290 285,4 - 1,59 + 93,23
NL0000235190 15/04/19 1,4 784.064.748 70,76 - 40,82 48,12 2,29 FR0000120693 08/07/20 1,18 261.876.560 142,8 - 7,57 112,25 0,83 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 10,94 - 54,5 10,02 DIV 6 10/05/16 61726 290,2 +21,55 290,2
ARCELORMITTAL (MT) R A 10,216 10,062 - 1,7 - 35,67 PEUGEOT (UG) R A 15,17 15,095 - 1,34 - 29,13 GROUPE CRIT (CEN) g B 48 50 - 0,2 - 32,07 FR0013154002 29/06/20 0,34 92.180.190 285,4 +114,59 133,9 0,12
5600709 10,216 - 1,31 16,85 2484810 15,23 + 4,9 22,01
LU1598757687 16/05/19 0,15 1.102.809.772 9,872 - 12,5 5,98 FR0000121501 02/05/19 0,78 904.828.213 14,795 - 21,6 8,878 2768 50,5 + 1,63 74,4 SAVENCIA (BH) B 54 52,8 - 0,38 - 14,01
FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 48 - 19,61 36,15 2 552 54 + 3,53 64,8
ATOS SE (ATO) R A 72,9 71,76 - 1,83 - 3,44 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 29,8 29,53 - 1,24 - 26,83
395098 73,18 - 4,7 82,46 629343 29,95 +10,15 43,7 GROUPE GORGÉ (GOE) g B 12,44 12,28 - 1,29
- 27,93 FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 52,6 - 19,76 45,1
FR0000051732 03/05/19 1,7 109.993.166 71,12 + 8,5 43,26 FR0000130577 25/06/19 2,12 240.712.988 29,04 - 28,81 20,94 7,18 6945 12,72 - 8,77 19 SCOR (SCR) LR A 22,1 21,94 - 1,61 - 41,37
FR0000062671 01/07/20 0,32 13.502.843 12,14 - 5,68 8,59 2,61
AXA (CS) R A 17,576 17,552 - 0,67 - 30,1 RENAULT (RNO) R A 24,575 24,44 - 0,57 - 42,06 323614 22,28 -10,81 39,12
4044178 17,604 - 5,58 25,615 1514529 24,61 + 8,09 43,365 GTT (GTT) G A 81,9 81,7 - 0,18 - 4,33 FR0010411983 30/04/19 1,75 186.674.276 21,74 - 38,65 15,88
FR0000120628 07/07/20 0,73 2.417.706.674 17,246 - 17,62 11,844 4,16 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 23,8 - 49,86 12,77 28347 82,5 +11,01102,7
FR0011726835 08/06/20 1,75 37.078.357 81,15 - 0,37 48,76 2,14 SEB (SK) G A 147,4 145,2 - 2,09 + 9,67
BNP PARIBAS (BNP) R A 36,86 36,66 - 0,89 - 30,61 SAFRAN (SAF) R A 103 101,5 - 2,17 - 26,26
3610360 36,945 - 2,25 54,22 589066 103,05 +13,1 152,3 GUERBET (GBT) g B 29,7 29 - 1,7- 29,78 34354 147,5 + 0,07 150,6
FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 35,67 - 6,77 24,505 FR0000073272 27/05/19 1,82 427.235.939 100,9 - 18,15 51,1 4252 29,7 -13,95 44,1 FR0000121709 22/05/20 1,43 50.307.064 143,9 + 9,26 86,35 0,99
BOUYGUES (EN) R A 32,9 32,74 - 0,73 - 13,57 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 34,28 33,82 - 1,94 - 7,34 FR0000032526 30/06/20 0,7 12.599.674 28,4 - 41,65 26 2,41 SES-IMAGOTAG (SESL) Gg B 25,85 25,6 - 0,78 - 19,24
911927 32,99 + 2,28 41,32 972907 34,28 + 4,09 37,255 HAULOTTE GROUP (PIG) g B 4,72 4,8 + 1,7 - 9,43 2084 25,85 +19,63 37,5
FR0000120503 30/04/19 1,7 380.062.741 32,27 + 3,57 22,27 FR0000125007 10/06/19 1,33 544.683.717 33,39 + 5,99 16,408 5355 4,8 - 3,13 5,78 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.758.108 25,55 - 15,51 19,5
CAP-GEMINI (CAP) R A 113,7 111,35 - 1,81 + 2,25 SANOFI (SAN) R A 86,44 85,46 - 1,76 - 4,64 FR0000066755 15/07/20 0,22 31.371.274 4,68 - 26,94 3,27 4,58
260787 113,85 + 5,6 120,9 1717048 86,85 - 6,59 95,82 SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g C 0,612 0,625 - 0,79 - 5,47
HEXAOM (HEXA) g B 31,5 31,4 - 14,67 49899 0,627 +16,86 0,87
FR0000125338 03/06/20 1,35 169.449.699 111,1 + 5,75 51,78 1,21 FR0000120578 04/05/20 3,15 1.258.936.943 85,05 + 13,3 67,65 3,69 724 31,5 - 3,38 39,8
CARREFOUR (CA) R A 13,85 13,75 - 0,76 - 8,03 SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 104,1 102,55 - 2,1 + 12,08 FR0013006558 51.201.284 0,612 + 8,98 0,243
FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 31,3 - 6,96 21,7
1810827 13,895 - 2,24 16,915 717875 104,3 + 5,87 105,55 HIGH CO (HCO) g C 4,36 4,31 - 0,92 - 29,11 SOITEC (SOI) G A 107,5 106,3 - 1,12 + 13,45
FR0000120172 08/06/20 0,23 817.623.840 13,58 - 10,63 12,095 1,67 FR0000121972 05/05/20 2,55 567.068.555 102,25 + 42,19 61,72 2,49 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 41236 107,6 + 5,98 110
3236 4,36 +14,02 6,32
CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 8,9 8,788 - 1,33 - 32,01 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 14,118 14,066 - 0,94 - 54,65 FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 4,27 - 19,89 2,95 FR0013227113 33.180.921 106,3 + 23,03 48,86
5276417 8,914 - 2,46 13,8 5594668 14,118 - 8,1 32,23
FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 8,594 - 11,52 5,7 FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 13,644 - 34,47 11,346 ICADE (ICAD) G A 56,8 56,55 - 0,7 - 41,73 SOLOCAL GPE (LOCAL) g B 0,09 0,088 - 2 - 84,02
50808 56,9 - 6,91 106 REGR. 2840749 0,09 - 9,54 0,583
DANONE (BN) R A 56,38 56,12 - 0,74 - 24,06 STMICROELETRONICS (STM) R A 25,23 24,73 - 2,37 + 3,17 0,23 FR0000035081 06/07/20 1,6 74.535.741 55,6 - 26,84 53,8
1307345 56,38 - 6,44 75,16 2892054 25,35 - 0,2 29,44 108,82 FR0012938884 627.041.466 0,088 - 87,45 0,087
FR0000120644 14/07/20 2,1 686.629.600 55,3 - 28,78 50,26 3,74 NL0000226223 22/06/20 0,04 911.204.420 24,66 + 59,81 13,73 0,17 ID LOGISTIC (IDL) g A 191,2 193,4 + 1,05 + 7,21 SOLUTIONS 30 (ALS30) A 13,7 13,36 - 2,2 + 34,14
DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 152,95 150,75 - 1,98 + 2,87 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 264 259,8 - 2,15 + 19,5 915 193,4 + 6,85 194 150606 13,7 + 7,22 15,16
185940 154 - 1,08 164,15 141783 264,1 +15,57 266,6 FR0010929125 5.649.427 190,2 + 10,26 115
FR0013379484 107.127.984 13,32 + 67,1 5,3
FR0000130650 28/05/20 0,7 264.749.037 150,3 + 19,6 105 0,46 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 258,8 + 37,9 150,3 0,92 IMERYS (NK) G A 35 34,56 - 1,87 - 8,28
81246 35 +15,35 43,54 SOMFY (SO) A 106,2 107,6 + 1,51 + 22,97
ENGIE (ENGI) R A 11,905 11,75 - 2,17 - 18,4 1,21 THALES (HO) R A 70,48 69,3 - 1,7 - 25,1 3811 107,6 +17,08 107,6
4013422 11,94 + 6,72 16,795 9,74 246382 70,66 -1 99,96 FR0000120859 15/05/20 1,72 85.015.055 34,24 - 3,63 20,68 4,98
FR0010208488 21/05/19 0,8 2.435.285.011 11,57 - 11,79 8,626 FR0000121329 03/12/19 0,6 213.340.377 68,66 - 31,18 52,5 INGENICO GROUP (ING) LR A 137,4 134,85 - 2,35 + 39,31 FR0013199916 30/06/20 1,25 37.000.000 105 + 38,84 63,6 1,16
ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 111,65 109,95 - 1,57 - 19,04 TOTAL (FP) R A 33,8 33,5 - 1,44 - 31,91 67983 137,6 - 2,88 147,9 SOPRA STERIA GP (SOP) G A 134,6 133,1 - 1,48 - 7,25
447565 111,85 - 7,25 145 3947327 33,8 - 1,6 50,93 FR0000125346 17/06/19 1,1 63.713.047 134,5 + 58,09 64,46 15463 135,6 +14,74 162
FR0000121667 21/05/19 2,04 437.564.431 109,05 - 14,27 86,76 FR0000120271 29/06/20 0,68 2.653.124.025 33,1 - 23,24 21,12 2,03 INNATE PHARMA (IPH) g B 5,3 5,18 - 2,26 - 13,09 FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 133 + 17,79 78,15
HERMES INTL (RMS) R A 705 702 - 0,93 + 5,37 UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 45,7 42,91 - 6,64 - 69,49 107059 5,36 - 2,63 7,48 SMCP (SMCP) g B 4,11 4,002 - 2,72 - 57,65
52239 708,6 - 6,82 788,2 1867197 45,81 -16,19 142,05 FR0010331421 78.898.264 5,17 - 9,12 2,9
FR0000052292 28/04/20 3,05 105.569.412 696,4 + 16,46 516 0,43 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.472.385 42,47 - 64,39 40,64 95268 4,11 + 5,43 10,08
INTERPARFUMS (ITP) g A 40,4 40,15 - 1,35 + 8,51 FR0013214145 74.117.760 3,918 - 67,09 2,945
KERING (KER) R A 505,9 496,6 - 1,99 - 15,14 VEOLIA ENV. (VIE) R A 20,37 19,995 - 2,18 - 15,67 12239 40,65 - 0,25 42,85
139553 505,9 - 1,95 614,9 1708213 20,37 + 3,82 29,09 FR0004024222 02/05/19 0,71 47.262.190 39,35 + 1,13 26,05 SPIE (SPIE) G A 14,74 14,28 - 2,86 - 21,37
FR0000121485 23/06/20 4,5 126.279.322 491,75 + 15,91 348,55 0,91 FR0000124141 12/05/20 0,5 567.266.539 19,8 - 7,47 16,015 2,5 148600 14,84 + 9,09 19,58
IPSEN (IPN) G A 87,95 86,4 - 2,04 + 9,37
L.V.M.H. (MC) R A 390 386,05 - 1,32 - 6,8 VINCI (DG) R A 81,3 80,38 - 1,95 - 18,81 75121 88 + 8,95 88,25 FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 14,25 - 10,08 7,805
296881 390,4 - 4,6 439,05 1043763 82,02 - 0,72 107,35 FR0010259150 03/06/20 1 83.814.526 85,7 - 8,52 34,2 1,16 SQLI (SQI) g C 20,8 20,6 + 1,98 - 15,92
FR0000121014 07/07/20 2,6 504.757.339 384,05 + 10,89 278,7 0,67 FR0000125486 23/06/20 1,25 612.405.455 79,64 - 13,5 54,76 1,56
IPSOS (IPS) G A 22,35 22,05 - 1,34 - 23,83 1964 20,8 - 0,96 24,5
LEGRAND (LR) R A 71 69,9 - 1,8 - 3,77 VIVENDI (VIV) R A 24,26 23,94 - 1,28 - 7,28 67542 22,4 - 1,56 32,1 FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 20,3 + 2,23 13,42
301406 71 + 1,72 77,94 1464152 24,26 + 2,79 26,42 FR0000073298 01/07/20 0,45 44.436.235 21,7 - 4,13 15,82 2,04
FR0010307819 01/06/20 1,34 267.447.746 69,72 + 14,82 45,91 1,92 FR0000127771 21/04/20 0,6 1.185.525.292 23,82 - 4,47 16,6 2,51 STEF (STF) g B 67,4 67,4 - 16,17
L'ORÉAL (OR) R A 280,9 278,5 - 1,42 + 5,49 WORLDLINE (WLN) G A 73,84 72,24 - 2,54 + 14,39 JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 10,98 11 + 0,18 - 28,66 342 67,6 - 4,8 85,1
398626 280,9 - 2,55 297,2 489694 73,84 - 3,53 80,48 3437 11 - 0,36 15,86 FR0000064271 03/05/19 2,5 13.000.000 67,2 - 16,38 57,2
FR0000120321 03/07/20 3,85 559.298.180 275,7 + 21,03 196 1,38 FR0011981968 183.390.254 71,46 + 20,3 36,36 FR0000033904 01/07/20 0,2 23.461.313 10,9 - 30,56 7,6 1,82
JCDECAUX (DEC) G A 15,87 15,7 - 0,25 - 42,87 SUEZ (SEV) LR A 11,905 11,75 - 1,59 - 12,87
171423 15,87 + 1,62 27,74 1281089 11,92 +10,38 16,035
FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 15,3 - 37,35 13,58 FR0010613471 18/05/20 0,45 628.362.580 11,625 - 10,31 8,046 3,83
KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 35 34,9 - 1,27 - 5,68 SWORD GROUP (SWP) g B 33,15 33,25 + 0,91 - 2,49
41021 35,25 + 0,29 41,86 4680 33,3 +18,33 37,15
SRD VALEURS FRANÇAISES FR0004007813
KLEPIERRE (LI) LR
08/06/20 1,75 22.088.023
A 15,485
34,05
15,28
- 2,46 19,4
- 2,43 - 54,86
5,01 FR0004180578
SYNERGIE (SDG) g
07/05/19 1,02 9.544.965
B 20,85
32,35
20,65
+ 6,91 20,45
- 0,96 - 29,28
3,61

1171397 15,565 - 7,81 34,66 26 20,85 - 4,4 31,4

FR0000121964 07/07/20 1,1 299.939.198 15,02 - 43,07 12,625 FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 20,65 - 26,77 13
VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA KORIAN (KORI) G A 33,26 33,02 - 0,6 - 21,23
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 46883 33,26 + 1,98 45,66 TARKETT (TKTT) G B 11,36 11,18 - 1,41 - 22,36
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT 32185 11,36 +15,68 16,56
FR0010386334 11/06/19 0,6 82.920.740 32,88 - 5,93 25,16
A.S.T. GROUPE (ASP) g C 2,62 2,56 - 0,78 - 28,69 CATANA GROUP (CATG) g C 2,31 2,21 - 4,33 - 48,96 LAGARDÈRE (MMB) G A 15,45 15,69 + 1,03 - 19,25 FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 11,02 - 13,33 7,53
487 2,62 - 5,88 4,05 137385 2,325 + 0,91 4,49 250935 15,79 +13,7 19,76 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 264 259,8 - 2,15 + 19,5
FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 2,56 - 33,68 1,82 FR0010193052 30.514.178 2,21 - 16,92 1,7 FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 15,27 - 16,54 8,14 141783 264,1 +15,57 266,6
AB SCIENCE (AB) g B 8,6 8,58 - 0,58 + 59,48 CGG (CGG) G A 0,851 0,831 - 2,58 - 71,28 LDC (LOUP) A 103 102,5 - 1,91 FR0000051807 02/07/20 2,4 58.730.600 258,8 + 37,9 150,3 0,92
35184 8,66 + 1,78 11 11024122 0,855 - 9,2 3,121 289 103 - 0,49 110,5
FR0010557264 41.597.243 8,53 +110,29 4,81 FR0013181864 711.323.839 0,815 - 48,87 0,704 TF1 (TFI) G A 5,29 5,245 - 0,85 - 29,12
FR0013204336 27/08/19 1,6 17.134.471 102,5 - 6,82 74,2 1,56 232444 5,3 + 7,39 7,805
ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 6,95 7,04 + 0,57 + 5,07 CHARGEURS (CRI) g C 14,3 14,28 - 0,42 - 17,36 LE BÉLIER (BELI) g C 37,8 37,9 + 0,27 + 4,12
18009 7,04 + 0,43 7,27 36194 14,34 + 1,42 24,1 FR0000054900 29/04/19 0,4 210.397.574 5,145 - 38,04 4,062 7,63
609 37,9 + 2,43 38
FR0004040608 07/07/20 0,03 58.512.053 6,95 + 12,1 5,05 0,43 FR0000130692 04/05/20 0,2 24.003.377 14,16 - 9,28 7,9 1,4 FR0000072399 21/05/19 1,18 6.582.120 37,8 + 49,51 26,15 TFF GROUP (TFF) B 29,2 29,5 + 0,68 - 19,62
ABIVAX (ABVX) g B 19,28 19,24 - 0,31 - 14,68 CHRISTIAN DIOR (CDI) A 350 349 - 1,02 - 23,6 288 29,5 + 1,37 38,2
LNA SANTÉ (LNA) g B 50,6 51,1 + 0,39 + 3,13
6592 19,44 -16,71 25 EX D OP 08/06/17 4853 350,8 -10,1 479,8 1258 51,1 + 4,5 53 FR0013295789 06/11/19 0,35 21.680.000 29,1 - 18,06 22 1,19
FR0012333284 12.228.269 19,2 +134,92 10,4 FR0000130403 07/07/20 2,6 180.507.516 345 - 20,03 252,4 0,75 FR0004170017 08/07/20 0,45 9.705.937 50,3 + 9,77 31,75 0,88 THERMADOR GROUPE (THEP) B 56,2 55,2 - 0,72 + 4,15
ACTIA GROUP (ATI) g C 2,305 2,26 - 1,95 - 47,56 CNP ASSURANCES (CNP) G A 11,51 11,42 - 0,95 - 35,59 LECTRA (LSS) g B 18,94 18,98 - 0,11 - 15,08 2733 56,2 + 3,76 58,8
2281 2,305 + 1,12 4,625 418339 11,51 + 3,82 18,17 8610 18,98 +12,57 24,85 FR0013333432 09/04/20 1,8 9.200.849 54,4 - 2,47 35,7 3,26
FR0000076655 12/06/19 0,1 20.099.941 2,26 - 45,15 1,8 4,43 FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 11,18 - 30,87 5,3 FR0000065484 06/05/20 0,4 32.251.200 18,58 + 7,35 12,2 2,11 TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 22,9 22,8 + 3,64
ADOCIA (ADOC) g B 8,1 8,18 + 1,24 - 17,37 COFACE (COFA) G A 6,87 6,79 - 0,29 - 38,1 LINEDATA SVICES (LIN) g B 24,8 24,5 + 1,24 - 8,24 EX D S 03/07/17 9609 22,9 - 0,87 26,4
1517 8,19 - 1,56 16,18 172368 6,87 + 6,26 12,51 5880 24,8 - 5,04 30,9
FR0011184241 6.976.454 8,06 - 59,9 5,6 FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 6,62 - 35,76 4,448 FR0013230612 22/05/20 0,5 136.802.970 22,6 + 24,59 15,45 2,19
FR0004156297 06/07/20 0,95 6.625.726 24 - 16,1 18 3,88
AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 88,2 88 - 1,4 - 50,03 COLAS (RE) A 118,5 116 - 1,7 - 17,61 TRANSGÈNE (TNG) g B 1,46 1,466 + 0,27 - 5,42
LISI (FII) g A 20 19,38 - 2,81 - 35,51
69002 88,5 - 3,19 179,2 257 119 143 10053 20 + 8,51 32,7 34450 1,49 2,08
FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 86,65 - 42,26 70,7 FR0000121634 29/04/19 5,55 32.654.499 116 - 15,82 90 FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 19,12 - 25,75 12,5 FR0005175080 83.841.334 1,46 - 16,23 0,81
AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 3,98 3,816 - 5,78 - 61,55 COVIVIO (COV) G A 64,2 62,45 - 3,63 - 38,29 LUMIBIRD (LBIRD) g C 11,98 11,96 + 1,18 - 20,8 TRIGANO (TRI) G A 106,2 105,2 - 1,22 + 11,8
6160883 3,98 - 6,7 10,27 158928 64,35 - 5,31 112,2 7118 11,98 - 1,97 15,499 17171 107 +14,6 108,8
FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 3,77 - 62,48 3,26 FR0000064578 27/04/20 4,8 94.488.052 62,05 - 32,99 38,84 FR0000038242 22.466.882 11,68 - 23,32 5,365 FR0005691656 14/01/20 2 19.336.269 104,3 + 23,98 41,76 1,9
AKKA TECHNOLOGIES (AKA) Gg B 16,98 16,8 - 0,94 - 71,79 COVIVIO HOTELS (COVH) A 14,85 15,05 + 1,35 - 47,19 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 10,48 10,76 + 2,67 - 35,88 UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 69,62 69,08 - 1,03 + 12,18
43476 16,98 -31,29 62,273 753 15,2 -11,99 30 106215 10,8 + 7,71 17,07
FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 16,5 - 68,73 15,88 4,17 FR0000060303 13/05/20 1,55 132.547.616 14,85 - 41,89 14,55 300016 70,24 - 5,14 80,8
FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 10,34 - 30,31 8,55 FR0000054470 122.239.704 68,56 - 2,57 51,16
AKWEL (AKW) g B 14,58 14,7 + 0,27 - 27,23 DASSAULT AV. (AM) G A 800 797 - 0,62 - 31,88 MAISONS DU MONDE (MDM) G B 13,87 13,8 - 0,93 + 6,4
5949 14,7 + 7,77 20,8 4399 800 - 2,75 1192 44368 13,99 +18,45 14,17 VALEO (FR) LR A 25,17 25,3 + 0,48 - 19,45
FR0000053027 08/06/20 0,2 26.741.040 14,16 - 8,47 8,8 1,33 FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 785,5 - 32,97 624 FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 13,78 - 13,91 5,35 860327 25,35 + 5,5 33
ALBIOMA (ABIO) Gg B 39,5 39 - 1,14 + 50 DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 4,176 4,076 - 2,4 - 79,24 FR0013176526 29/06/20 0,2 241.036.743 24,74 + 1 10,51 0,79
MANITOU (MTU) g B 15,96 16,1 + 2,81 - 24,94
26393 39,55 - 4,88 41,1 218048 4,176 -45,62 25,44 7857 16,1 22,3 VALLOUREC REG (VK) G A 29,735 29,81 - 1,68 - 73,5
FR0000060402 11/06/20 0,35 31.601.983 38,95 + 63,18 22,85 0,9 FR0010417345 54.927.187 4,06 - 75,37 3,5 FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 15,76 - 9,85 11,36 58046 29,82 - 7,06 114,68
ALD (ALD) G A 9,18 9,02 - 1,96 - 34,83 DERICHEBOURG (DBG) g B 2,566 2,494 - 1,81 - 31,67 MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,17 1,18 - 0,84 - 26,34 FR0013506730 11.449.694 28,63 - 69,43 25,35
71348 9,18 + 6,24 14,2 187288 2,566 + 2,55 3,784 16675 1,19 + 5,92 1,7 VALNEVA (VLA) g B 5,41 5,31 - 2,03 +106,61
FR0013258662 29/05/20 0,63 404.103.640 8,97 - 31,04 6,29 6,98 FR0000053381 07/02/20 0,11 159.397.489 2,46 - 20,12 2,07 4,41 FR0000060873 27/09/07 0,5 44.698.754 1,16 - 39,61 0,651 389437 5,47 +21,23 5,99
ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 15,72 15,54 - 1,77 - 47,94 DEVOTEAM (DVT) g C 97,5 97,2 - 0,31 + 2,86 MAUNA KEA (MKEA) g C 1,226 1,246+ 1,8 - 8,78 FR0004056851 90.951.812 5,28 + 76,41 1,784
12844 15,78 - 9,23 30,95 7423 97,5 - 0,21 99,1 24991 1,25 + 2,64 2
FR0000053324 10/03/20 0,7 24.510.101 15,26 - 34,84 13,2 4,51 FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 97 - 1,32 47,25 FR0010609263 30.558.480 1,218 - 15,81 0,566 VERALLIA (VRLA) g A 26,65 26,4 - 0,75 - 12,76
ALSTOM (ALO) LR A 48,23 47,7 - 1,24 + 12,95 EDENRED (EDEN) LR A 44,27 43,34 - 2,08 - 5,99 14221 26,95 + 0,57 36,01
MEDIAWAN (MDW) g B 11,94 11,94 + 14,37
380584 48,23 + 4,93 50,64 322500 44,27 + 2,68 51,56 3041 11,96 12 FR0013447729 15/06/20 0,85 123.272.819 26,3 - 2,22 19,26 3,22
FR0010220475 15/07/19 5,5 226.867.161 47,36 + 26,69 29,73 FR0010908533 13/05/20 0,7 246.583.351 43,24 - 0,96 29,74 1,62 FR0013247137 32.147.961 11,94 + 17,06 5,02 VERIMATRIX (VMX) g B 2,67 2,65 + 0,95 + 33,84
ALTAREA (ALTA) A 125 124,6 + 0,48 - 38,47 EDF (EDF) LR A 9,002 8,902 - 1,22 - 10,33 MERCIALYS (MERY) G A 6,25 6,215 - 0,72 - 49,59 181017 2,69 +13,98 2,69
4092 127,2 + 2,98 210 EX-DS 7/03/17 1901648 9,008 - 4,71 13,61 308152 6,265 -11,72 12,64 FR0010291245 84.927.567 2,55 + 43,24 1,138
FR0000033219 06/07/20 4,5 17.275.839 124,2 - 31,16 103,2 FR0010242511 26/11/19 0,15 3.103.621.086 8,728 - 14,77 5,978 FR0010241638 27/04/20 0,48 92.049.169 6,035- 39,07 5,7 VICAT (VCT) g A 31,4 30,85 - 1,12 - 23,54
ALTEN (ATE) G A 70,75 68,05 - 3,61 - 39,51 EIFFAGE (FGR) LR A 79,78 79,22 - 1,44 - 22,33 MERSEN (MRN) g B 25,45 24,9 - 2,54 - 27,09 23774 31,4 +12,59 41,65
81328 70,9 - 0,44 119 154516 80,06 + 0,13 111,75 23534 25,55 +18,85 35,3 FR0000031775 20/04/20 1,5 44.900.000 30,45 - 20,59 22,5 4,86
FR0000071946 20/06/19 1 34.196.917 68,05 - 35,56 54,5 FR0000130452 21/05/19 2,4 99.601.884 78,28 - 8,92 44,65 FR0000039620 03/07/19 0,95 20.856.460 24,7 - 14,73 12,38
AMUNDI (AMUN) G A 66 65,05 - 1,29 - 6,94 EKINOPS (EKI) g C 5,84 5,84 - 0,68 - 11,65 VILMORIN & CIE (RIN) g A 50,1 50,3 + 4,25
METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,87 1,845 - 0,81 + 19,81 1644 50,4 + 8,87 52,4
EX-DS 15/03/17 61972 66 - 8,06 78,55 38153 5,98 + 5,99 6,8 25860 1,87 + 1,93 2,04
FR0004125920 24/05/19 2,9 202.163.305 64 + 19,14 43,82 FR0011466069 24.628.580 5,83 + 83,07 3,67 FR0004177046 27.813.800 1,82 + 32,35 0,921 FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 49,7 + 2,34 34,25 2,68
ARCHOS (JXR) g C 0,042 0,041 - 0,24 - 61,31 ELIOR (ELIOR) G A 5,2 5,125 - 2,01 - 60,88 NANOBIOTIX (NANO) g B 7,14 6,97 - 2,38 - 15,82 VIRBAC (VIRP) G A 202 197,4 - 2,52 - 16,53
823850 0,043 + 6,43 0,115 278345 5,2 - 0,19 13,83 26160 7,14 + 4,5 9,56 3939 203 + 1,33 244,5
FR0000182479 145.183.473 0,041 - 71,84 0,031 FR0011950732 07/04/20 0,29 174.125.268 5,055 - 53,83 4,072 5,66 FR0011341205 13/05/19 26.031.122 6,94 - 16,38 3,54 FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 197 + 20,37 132,2
ARGAN (ARG) A 84,2 85,6 + 1,66 + 10,31 ELIS (ELIS) G A 11,38 11,16 - 2,02 - 39,68 NATIXIS (KN) G A 2,492 2,48 - 0,36 - 37,34 WAVESTONE (WAVE) g B 20,15 20 - 0,74 - 23,08
2647 86 + 1,42 93 362891 11,38 + 7,1 19 8923227 2,498 + 3,08 4,411 392 20,3 + 1,42 29
FR0010481960 26/03/20 1,9 22.309.227 84 + 37,18 54 FR0012435121 27/05/19 0,37 221.793.981 10,92 - 28,05 5,375 FR0000120685 31/05/19 0,78 3.155.951.502 2,405 - 27,55 1,471 FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 20 - 22,18 15,5
ARKEMA (AKE) LR A 92 92,84 - 1,28 - 1,96 EOS IMAGING (EOSI) g C 1,446 1,426 - 1,38 - 35,62 NEOEN (NEOEN) G A 41,95 42 + 35,92
186549 93,12 + 2,2 95,66 71718 1,448 + 3,63 2,9 WENDEL (MF) G A 86,6 84,7 - 2,25 - 28,52
59192 42,45 + 7,97 43,2
FR0010313833 25/05/20 2,2 76.736.476 90,96 + 24,65 42,5 2,37 FR0011191766 26.569.946 1,42 + 44,77 1,18 FR0011675362 85.242.638 41,6 + 81,82 25,3 59001 86,6 + 2,11 127,5
ARTMARKET.COM (PRC) g C 7,66 7,72 - 0,52 - 18,82 ERAMET (ERA) G A 27,7 27,16 - 2,2 - 40,75 FR0000121204 07/07/20 2,8 44.682.308 83,5 - 27,91 54,8 3,31
NEXANS (NEX) G A 48,42 48,16 - 0,91 + 10,74
2355 7,76 - 4,22 10,1 29119 27,85 -12,95 47,18 58625 48,92 +12 50,8 WORLDLINE (WLN) G A 73,84 72,24 - 2,54 + 14,39
FR0000074783 6.651.515 7,6 - 25,63 5,01 FR0000131757 29/05/19 0,6 26.636.003 26,99 - 29,27 18,665 FR0000044448 17/05/19 0,3 43.606.320 48,1 + 70,9 21,55 489694 73,84 - 3,53 80,48
ASSYSTEM (ASY) B 22,1 22,3 + 0,68 - 30,96 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 6,26 6,2 - 1,27 - 7,46 NEXITY (NXI) G A 28,62 28,62 - 0,14 - 36,09 FR0011981968 183.390.254 71,46 + 20,3 36,36
OPA 24/11/17 3504 22,3 - 0,45 34,65 27071 6,3 -10,79 11,46 99704 28,64 46,2 XPO LOGISTICS (XPO) A 234 234 - 2,5 - 10
FR0000074148 08/07/20 1 15.668.216 21,85 - 40,77 16,58 4,48 FR0011471135 18.081.843 6,11 + 19,46 2,8 FR0010112524 25/05/20 2 56.129.724 27,84 - 30,53 23,3 6,99 1 234 280
ATARI (ATA) g C 0,297 0,289 - 0,86 - 12,31 ESI GROUP (ESI) g C 38 38 + 16,92 NICOX (COX) g B 4,075 4,06 + 0,74 - 6,77 FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 234 - 20,95 214
547668 0,3 + 6,84 0,36 3441 38 + 8,57 41 29254 4,075 + 0,74 5,23
FR0010478248 267.782.050 0,286 - 17,89 0,17 FR0004110310 6.023.892 37,7 + 24,18 24,6 FR0013018124 33.491.370 3,965 - 8,87 2,53
AUBAY (AUB) g C 33,1
6331
32,3
33,4
- 1,07 - 3,44
+12,94 34,75
EURAZEO (RF) G A 44,56
84387
44,06
44,64
- 1,08 - 27,77
- 4,34 67,05
NRJ GROUP (NRG) B 5,96
1800
5,98
5,98
- 0,33 - 10,75
- 0,33 6,88
AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO
FR0000063737 15/05/20 0,27 13.208.296 32,25 + 2,87 15,32 0,84 FR0000121121 08/05/19 1,25 78.645.486 43,44 - 24,81 35,6 FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 5,92 - 9,39 4,5 EURONEXT (ENX) G A 98,4 98,35 - 0,15 + 35,38
AVENIR TELECOM (AVT) g C 0,014 0,013 - 8,7 + 3,28 EUROFINS SCIENTIFIC (ERF) LR A 660,6 655,2 - 0,76 + 32,58 ONXEO (ONXEO) g B 0,692 0,68 - 0,73 + 22,52 127882 99,5 + 8,26 99,9
28215353 0,014 + 3,28 0,029 20855 661,4 +20,09 689 58074 0,692 - 3,13 0,979
FR0000066052 21/10/11 0,05 848.797.338 0,012 - 60,38 0,005 FR0000038259 03/07/19 2,45 18.941.892 654 + 77,08 393 0,44 NL0006294274 20/05/20 1,35 70.000.000 96,85 + 44,63 52,9 1,62
FR0010095596 78.317.810 0,677+ 0,74 0,3
AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 19,65 19,8 + 0,76 + 59,68 EUROPCAR GROUPE (EUCAR) g B 1,421 1,405 - 0,78 - 67,58 ORPÉA (ORP) LR A 109,85 107,25 - 2,37 - 6,17 NOKIA (NOKIA) R A 4,249 4,204 - 1,55 + 27,12 0,3
1182 19,85 + 0,76 21,2 761757 1,421 -28,75 4,688 84072 110 + 6,88 129 255990 4,271 +11,25 4,352 14,20
FR0011040500 02/07/19 0,4 21.308.766 19,3 + 69,23 10,55 FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 1,373 - 74,24 1,22 FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 107,25 + 0,23 69,1 FI0009000681 29/07/19 0,02 5.653.886.159 4,193 - 8,92 2,083 1,19
BAINS MER MONACO (BAIN) B 56,6 56 + 0,36 - 2,44 EUTELSAT COM. (ETL) G A 8,838 8,816 - 0,05 - 39,16 PHARMAGEST INT. (PHA) g B 83,9 82,9 - 1,19 + 36,8 SES (SESG) LR 6,402 6,278 - 1,66 - 49,78
1272 56,6 + 2,94 67,6 1143455 8,88 + 4,65 14,825 1572 83,9 - 1,43 85 1065042 6,42 - 0,03 14,165
MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 55,8 - 3,45 44 FR0010221234 21/11/19 1,27 230.544.995 8,54 - 43,32 7,984 14,41 FR0012882389 01/07/20 0,9 15.174.125 82,6 + 55,83 41,25 1,09 LU0088087324 21/04/20 0,34 370.693.490 6,176 - 55,09 4,87 6,37
BÉNÉTEAU (BEN) g B 6,86 6,825 - 1,09 - 36,98 EXEL INDUSTRIES (EXE) B 36,1 36,4 + 0,83 - 21,89 PIERRE & VACANCES (VAC) g B 14,65 14,3 - 3,38 - 29,21 X-FAB SILICON (XFAB) g A 3,17 3,18 - 0,94 - 23,74
105324 6,88 +23,19 10,9 169 36,4 - 2,67 47,8 9402 14,65 - 8,63 33,9 116797 3,205 + 8,16 6,08
FR0000035164 12/02/20 0,23 82.789.840 6,73 - 20,04 4,9 3,37 FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 36,1 - 17,27 31 FR0000073041 19/03/12 0,7 9.891.447 14,25 - 11,18 9,9 BE0974310428 130.781.669 3,11 - 12,88 1,868
BIC (BB) G A 50,1 49,72 - 0,86 - 19,81 FAURECIA (EO) LR A 36,71 36,93 - 0,19 - 23,11 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 18,95 19,06 - 23,45
45926 50,1 + 9,71 66,05 295909 37,05 + 5,51 49,49 76432 19,1 + 0,32 26,41
FR0000120966 01/06/20 2,45 45.532.240 49,28 - 13,9 41,86 4,93 FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 36,24 + 2,84 20,58
BIGBEN INT. (BIG) g C 13,56 13,14 - 2,38 - 18,08 FDJ (FDJ) G A 31,18 30,79 - 1,28 + 29,23
FR0000124570
PLASTIVALOIRE (PVL) g
29/04/20 0,49 148.566.107
B 3,97
18,64
3,84
- 4,99 12,01
- 3,03 - 44,51
2,57
VALEURS ZONE INTERNATIONALE
41534 13,56 + 5,8 17,1 99990 31,19 +14,38 32,18 DIV 8 02/05/17 16879 3,97 + 3,78 7,48
FR0000074072 24/07/19 0,2 19.718.503 12,48 + 17,11 8,1 FR0013451333 26/06/20 0,45 191.000.000 30,68 + 57,9 18,3 1,46 FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 3,72 - 32,87 2,79 GENERAL ELECTRIC (GNE) 5,65 5,615 - 0,09 - 42,98 1,29
4450 5,65 - 5,9 12,1
BIOMÉRIEUX (BIM) G A 141,6 138 - 2,47 + 73,91 FFP (FFP) g A 69 68,5 - 1,3 - 34,13 PROLOGUE (PROL) g C 0,242 0,243+ 0,41 - 28,95
96324 141,9 +10,05 143,2 6166 69 + 6,04 105,6 US3696041033 USD 26/06/20 0,01 8.753.289.000 5,5 - 31,52 5,052
56707 0,243 + 3,85 0,387
FR0013280286 14/07/20 0,19 118.361.220 138 + 87,25 75 0,14 FR0000064784 22/05/20 2,15 24.922.589 67 - 17,77 42,15 3,14 FR0010380626 46.585.630 0,229- 50,71 0,15 HSBC (HSB) 3,83 3,792 - 1,62 - 45,94 52,19
BOIRON (BOI) g A 34,1 34,05 - 0,15 - 6,46 FIGEAC AERO (FGA) g B 3,58 3,44 - 3,91 - 63,01 QUADIENT (QDT) g B 12,45 12,28 - 1,37 - 43,1 15973 3,85 -10,61 7,121
1508 34,1 -15,3 41,65 18064 3,58 -11,57 9,69 37178 12,45 - 2,77 24,3 GB0005405286 USD 27/02/20 0,21 20.366.093.154 3,747 - 41,83 3,575
FR0000061129 02/06/20 1,05 17.545.408 33,55 - 8,22 26,75 3,08 FR0011665280 31.839.473 3,4 - 69,66 2,48 FR0000120560 02/08/19 0,53 34.562.912 12,15 - 28,19 10,67 4,32 LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 41,1 40,66 - 1,17 - 16,94 4
BOLLORÉ (BOL) G A 3,18 3,11 - 2,14 - 20,05 FIN. ODET (ODET) A 690 684 - 1,72 - 12,53 RALLYE (RAL) A 5,82 5,9 + 0,51 - 41,7 17558 41,1 - 0,12 49,79
1530801 3,18 + 6,58 3,996 534 690 - 0,29 810 26429 5,9 -13,62 10,3 CH0012214059 CHF 15/05/20 2 615.929.059 40,5 - 3,19 26,89
FR0000039299 04/06/20 0,04 2.946.208.874 3,092 - 18,84 2,01 1,29 FR0000062234 04/06/20 1 6.585.990 682 - 9,52 497 0,15 FR0000060618 20/05/19 1 52.373.235 5,74 + 49,37 3,87
SCHLUMBERGER (SLB) A 16,9 16,55 - 0,9 - 53,9 3,45
BONDUELLE (BON) g B 20,25 20,25 - 0,74 - 13,09 FNAC DARTY (FNAC) G A 36 35,98 - 0,66 - 31,86 RAMSAY GDS (GDS) A 17 17,3 + 1,17 + 2,98 32762 16,95 + 5,41 36,9
5610 20,25 - 5,37 23,9 32148 36,14 -4 53,85 128 17,4 - 3,08 21,8
FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 20 - 13,28 16,58 2,47 FR0011476928 26.608.571 35,24 - 38,23 16,29 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 17 - 5,46 15,2 AN8068571086 USD 02/06/20 0,13 1.385.122.304 16,55 - 43,71 11,05
BUREAU VERITAS (BVI) LR A 19,51 19,175 - 1,79 - 17,56 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 68,2 68 - 0,29 - 7,86 RECYLEX SA (RX) g C /130520 - 45,57
364115 19,525 - 2,04 26,01 158 68,8 - 0,87 83,4 3,66
FR0006174348 20/05/19 0,56 452.204.032 19,09 - 6,05 15,165 FR0000033409 21/04/20 2,65 46.528.974 66,8 + 0,89 58 FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 - 45,81 1,3
BURELLE SA (BUR) A 514 506 - 1,56 - 38,14 GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,029 0,028 + 2,96 - 15,24 RÉMY COINTREAU (RCO) G A 136,8 134 - 2,26 + 22,37
29 516 - 5,24 842 899450 0,029 -11,46 0,07 59207 136,8 + 6,1 141,3
FR0000061137 03/06/20 15 1.757.623 506 - 37,68 407 2,96 FR0000079634 01/10/01 0,1 224.582.624 0,027 - 57,16 0,018 FR0000130395 28/07/20 1 50.149.787 133,2 + 3,72 79,2 0,75
CARMILA (CARM) g C 9,33 9,21 - 1,29 - 53,95 GECINA (GFC) LR A 116,6 114,4 - 1,63 - 28,32 REXEL (RXL) G A 11,14 10,825 - 2,87 - 8,61
36102 9,33 -13,76 20 111280 116,6 + 5,63 183,6 762872 11,14 + 2,22 13,415
FR0010828137 03/07/20 1 142.357.425 9,04 - 37,77 8,69 FR0010040865 01/07/20 2,5 76.411.605 113,3 - 17,99 88,5 FR0010451203 02/07/20 0,48 304.425.106 10,76 + 23,24 4,921
CASINO (CO) G A 25,1 24,35 - 2,76 - 41,61 GENFIT (GNFT) G B 4,464 4,35 - 1,81 - 75,35 ROBERTET (RBT) G B 915 910 - 0,55 - 1,41
341458 25,1 -18,7 42,85 155106 4,464 - 3,59 20,96 63 915 - 4,71 1068
FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 24,04 - 29,52 21,58 6,41 FR0004163111 38.858.617 4,344 - 69,58 3,854 FR0000039091 02/07/20 5 2.172.551 906 + 38,09 662 0,55
Les Echos Lundi 17 août 2020 FINANCE & MARCHES // 23

euronext//taux&changes
ACTIONS ACTIONS ACTIONS
EURONEXT HORS SRD FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES CHANGES COURS AU COMPTANT
VAR. VAR.
14-08-2020 COURS VEILLE ANNÉE
ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL 1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %
FR0013341781 2CRSI g C 3,52 3,52 3,39 3,475 - 0,29 26703 FR0012650166 ENGIE EPS g C 11 11 10 10,4 - 5,46 35134 FR0004065605 MEDINCELL C 7,32 7,52 7,32 7,44 - 1,06 2106 DOLLAR US 1,1833 0,15 5,45
FR0013185857 ABEO g C 6,76 6,84 6,74 6,84 + 1,48 416 FR0000120669 ESSO g B 13,55 13,6 13,2 13,3 - 2,21 2633 FR0010298620 MEMSCAP g C 0,96 0,96 0,944 0,95 - 1,04 5227 LIVRE STERLING 0,9029 -0,20 6,65
FR0012616852 ABIONYX PHARMA g B 0,89 1,056 0,89 0,932 + 5,19 842730 FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3,45 3,45 3,4 3,45 + 1,17 672 FR0000077570 MICROPOLE g C 1,115 1,12 1,095 1,095 - 1,35 29553 FRANC SUISSE 1,0758 0,07 -0,89
COURONNE DANOISE 7,4478 0,00 -0,34
FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,423 0,423 0,423 0,423 670 FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 9,5 10,2 9,35 9,6 + 1,05 13971 FR0013482791 NACON SAS B 6,01 6,14 5,78 6,09 + 1,5 31969
COURONNE NORV. 10,5281 0,27 6,58
FR0000076861 ACTEOS g C 1,595 1,595 1,59 1,59 + 1,27 1988 FR0010490920 EUROPACORP g C 0,796 0,8 0,772 0,774 - 0,77 63261 FR0013018041 NAVYA g B 2,17 2,235 2,1 2,125 - 1,85 269790 KUNA CROATE 7,5249 0,12 1,07
FR0012821890 ADUX g C 1,415 1,425 1,415 1,415 2173 FR0011271600 FERMENTALG g C 1,72 1,742 1,68 1,682 - 2,21 43188 FR0004154060 NETGEM g C 1,085 1,1 1,07 1,095+ 0,46 37558 COURONNE SUEDOISE 10,2938 0,25 -1,93
FR0004152874 ADVENIS g C 1,04 1,05 1,02 1,02 - 2,86 494 FR0000060824 FINANCIERE MARJOS C 0,195 0,195 0,195 0,195 - 9,72 4000 FR0004050250 NEURONES B 24,6 24,6 24,3 24,5 - 0,81 1309 DOLLAR CANADIEN 1,5682 0,37 7,63
YEN JAPONAIS 126,009 -0,25 3,32
FR0013296746 ADVICENNE g C 7,24 7,3 7,1 7,1 - 1,93 589 FR0004076891 FLO (GROUPE) g B 0,152 0,152 0,15 0,15 13515 FR0000052680 OENEO g B 11,5 11,5 11,4 11,4 2001
DOLLAR AUSTRALIEN 1,651 -0,10 3,23
FR0013421286 ALPHA MOS C 1,51 1,51 1,5 1,5 - 2,6 1994 FR0011277391 FONC. PARIS NORD g C 0,03 0,03 0,03 0,03 - 1,67 12800 FR0010428771 OL GROUPE g C 2,22 2,22 2,15 2,19 - 1,79 34090 ROUBLE RUSSE 86,1465 -0,11 24,02
FR0011051598 AMOEBA g C 2,855 2,855 2,735 2,75 - 1,79 108640 FR0010341032 FONCIERE INEA B 38,9 38,9 38,4 38,4 295 FR0000075392 ORAPI g C 5,2 5,26 5,16 5,2 10553 ROUPIE INDIENNE 88,637 0,25 10,78
FR0012789667 AMPLITUDE g C 2,13 2,14 2,12 2,12 - 0,47 11179 FR0000053944 FONCIERE VOLTA C 6,75 6,75 6,75 6,75 - 0,74 300 FR0010609206 OREGE C 1,01 1,01 0,986 1,01 18547 DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,8055 0,07 8,21
COURONNE TCHEQUE 26,0985 -0,12 2,71
FR0013258589 ANTALIS INTL g B 0,738 0,738 0,738 0,738 - 1,34 4900 FR0010501692 GENERIX g C 7,1 7,24 7,1 7,24 + 1,97 1185 FR0012127173 OSE IMMUNO g C 5,56 5,7 5,52 5,7 + 2,52 13265
FORINT HONGROIS 346,44 0,30 4,63
FR0011992700 ATEME g C 16,1 16,3 16 16,3 + 2,13 21733 FR0013399474 GENKYOTEX g C 2,9 2,93 2,85 2,93 82568 FR0004038263 PARROT B 3,14 3,16 3,09 3,16 5821 ZLOTY POLONAIS 4,4003 0,02 3,09
FR0000039232 AUREA g C 4,68 4,68 4,57 4,67 + 1,97 290 FR0011799907 GENOMIC VISION g C 0,404 0,404 0,383 0,384 - 5,19 1520602 FR0000038465 PASSAT g C 4,56 4,62 4,56 4,62 + 0,87 4676 LEV BULGARE 1,9564 0,01 0,01
FR0013183589 AURES TECHNO g C 13,8 13,8 13,65 13,7 - 0,73 647 FR0000065971 GRAINES VOLTZ C 62 62 62 62 665 FR0011027135 PATRIMOINE ET COMM B 14,25 14,4 14,1 14,4 + 1,41 1341 DOLLAR HONG-KONG 9,171 0,15 4,98
FR0011800218 AWOX g C 0,886 0,886 0,864 0,88 - 0,9 2340 FR0004050300 GROUPE OPEN g C 14,88 14,88 14,72 14,8 - 0,4 6401 FR0000053514 PCAS B 11,1 11,1 10,3 10,5 - 4,55 4271 WON SUD COREEN 1404,19 0,27 8,37
PESO MEXICAIN 26,0644 -0,49 22,70
FR0013258399 BALYO g C 1,296 1,296 1,242 1,25 + 0,16 48204 FR0012612646 GROUPE PARTOUCHE B 19,7 20,9 19,7 20,4 + 3,82 1642 FR0012432516 POXEL g C 6,96 6,96 6,66 6,7 - 3,18 139479
REAL 6,3784 0,56 41,51
FR0004023208 BASSAC B 48,4 48,4 47,8 48,4 + 0,83 415 FR0010214064 GROUPE PIZZORNO C 20 20,2 19,9 19,9 - 0,5 736 FR0004052561 PROACTIS C 0,095 0,1 0,092 0,1 + 2,04 26771 DOLLAR SINGAPOUR 1,6218 0,01 7,45
FR0000035370 BASTIDE CONF.MED. g C 41,3 41,3 40,75 41 - 0,73 2335 FR0004155000 GROUPE SFPI g C 1,08 1,09 1,055 1,07 - 0,93 30626 FR0012613610 PRODWAYS GROUP g C 1,82 1,82 1,78 1,78 - 2,2 17494 RAND SUD-AFRICAIN 20,5385 -0,25 30,73
FR0011814938 BOOSTHEAT C 5,28 5,28 5,04 5,1 - 3,41 4714 FR0000066722 GUILLEMOT g C 5,22 5,3 5,18 5,28 + 0,76 39635 FR0000075954 RIBER g C 1,46 1,51 1,455 1,51 + 3,78 7561 LIVRE TURQUE 8,7351 0,68 30,86
RENMIBI YUAN 8,2237 0,22 5,32
FR0000074254 BOURSE DIRECT C 1,68 1,72 1,66 1,7 + 1,8 17989 FR0012821916 HIPAY GROUP g C 3,24 3,24 3,12 3,23 + 1,57 1930 FR0000054199 S.T. DUPONT C 0,083 0,087 0,083 0,086 - 1,15 60049
RUPIAH 17506,1848 0,28 12,38
FR0012969095 CAPELLI g C 25,5 25,6 25,1 25,1 - 1,57 568 FR0000065278 HOPSCOTCH GROUPE g C 4,99 4,99 4,84 4,93 - 1,2 501 FR0000060071 SAMSE B 135 135 130 132 - 1,49 421 PESO PHILIPPIN 57,5971 -0,32 1,39
FR0000072894 CAST g C 2,63 2,77 2,56 2,77 + 5,32 2082 FR0004165801 HOTELS DE PARIS C 2,7 2,7 2,7 2,7 300 FR0006239109 SCBSM g C 7,1 7,3 7 7 - 5,41 11537 RINGGIT MALAIS 4,9624 0,17 8,05
FR0000064446 CATERING INTL SCESg B 10,6 10,7 10,5 10,5 + 0,96 16545 FR0000051393 IDI B 41,5 41,5 41 41,5 329 FR0000039109 SECHE ENVIRONNEM. g B 33,3 33,3 32,4 32,4 - 1,52 2876 BATH THALANDAIS 36,7931 0,29 10,39
FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,25 3,27 3,25 3,25 19764 FR0000071797 INFOTEL g C 38,1 38,2 38,1 38,2 + 0,26 2244 FR0011950682 SERGEFERRARI GP g C 5,54 5,64 5,52 5,54 + 0,36 4734
FR0000053506 CEGEDIM B 27,5 27,6 26,9 27,4 + 0,74 2873 FR0000064297 INNELEC MULTIMEDIAg C 5,92 5,94 5,54 5,6 + 2,56 44646 FR0000074122 SII g C 20,7 20,8 19,75 19,95 - 2,68 2511 TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES
FR0000054322 CIBOX INTERACTIVE g C 0,174 0,177 0,17 0,177 + 1,72 10197 FR0013233012 INVENTIVA g B 10,24 10,32 9,83 9,96 - 3,86 159832 FR0004016699 SMTPC g B 17,75 17,9 17,65 17,8 1629 MARCHÉS MONÉTAIRES
14-08-2020 JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN
FR0013426004 CLARANOVA g B 6,44 6,45 6,205 6,315 - 1,48 257689 FR0000072597 IT LINK g C 13,15 13,15 12,85 12,85 - 2,28 731 FR0000078321 SODITECH C 0,486 0,486 0,486 0,486- 18,32 1700 ZONE EURO -0,43/-0,73 -0,37/-0,67 -0,31/-0,61 -0,33/-0,63 -0,29/-0,59
FR0000053399 CNIM GROUP C 14,9 14,9 14,15 14,5 - 3,01 550 FR0004026151 ITESOFT g C 3,44 3,44 3,32 3,32 - 3,49 1661 FR0010526814 SUPERSONICS g C 1,38 1,38 1,365 1,365 - 1,09 400
ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE
FR0013335742 COGELEC g C 6,16 6,3 6,16 6,3 + 2,27 1624 FR0004029411 KEYRUS g C 2,08 2,1 2,01 2,1 + 0,96 8069 FR0010918292 TECHNICOLOR g B 2,685 2,685 2,585 2,667 - 0,43 52051 14-08-2020 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS
FR0010483768 CRCAM BRIE PIC. CC B 21,69 21,7 21,46 21,5 + 0,19 3827 FR0000066607 LACROIX g C 23,5 23,5 23 23,3 - 0,85 461 FR0000033003 TOUAX g C 6,48 6,7 6,34 6,68 + 3,09 29264 ALLEMAGNE 100,27 -0,63 -0,66 -0,59 -0,45
FR0010461053 CRCAM LANGUED CCI B 60,98 60,99 60,98 60,98 677 FR0000032278 LATECOERE g C 1,822 1,83 1,8 1,818 - 0,22 11725 FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 30 30 29 29,9 - 0,33 1540 PORTUGAL 0 5,51 0,40 0,48 0,64
FR0000185514 CRCAM NORD FR. B 19,402 19,502 19,35 19,35 + 0,52 697 FR0006864484 LAURENT-PERRIER B 73,4 73,6 72,6 73 - 1,62 877 FR0000034548 UNION FIN.FRANCE g B 16,25 17,2 16,25 16,6 + 2,47 7449 FRANCE -0,02 0,03 0,16 0,15 0,27
ESPAGNE -0,05 0,19 0,42 0,54 0,70
FR0000045528 CRCAM PARIS IDF B 72,74 72,74 72,53 72,53 - 0,29 260 FR0000121295 LEBON (CIE) C 89 89 87 87,6 - 1,57 417 FR0000074197 UNION TECH.INFOR. g C 0,54 0,565 0,515 0,52 - 3,7 6509
ITALIE -0,12 0,47 0,33 1,22 1,43
FR0007317813 CS GROUP g C 3,55 3,55 3,47 3,47 - 2,53 905 FR0013233475 LYSOGENE g C 2,41 2,49 2,41 2,45 + 1,66 48933 FR0004186856 VETOQUINOL B 72,8 73 72,2 72,8 + 1,11 1206
FR0013283108 DELTA PLUS g B 52,2 52,8 50,8 52,2 + 0,39 2586 FR0000060196 M.R.M. C 0,955 0,955 0,95 0,95 - 1,04 8951 FR0000050049 VIEL ET CIE C 5,04 5,1 5,04 5,1 386
FR0012202497 DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,53 1,56 1,53 1,54 - 0,32 4673 FR0000032302 MANUTAN INTER. B 54 55 54 55 +3 384 FR0004183960 VOLUNTIS g C 1,43 1,43 1,37 1,418 - 0,84 5775 CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10
FR0010099515 ECA g B 23,8 23,9 23,6 23,6 - 0,84 656 FR0000051070 MAUREL ET PROM g B 1,872 1,872 1,79 1,79 - 3,24 85004 FR0000062796 VRANKEN - POMMERY B 13,55 13,55 13,35 13,5 + 0,75 2141 INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 118,15 -2,07
FR0000072373 EGIDE g C 0,756 0,756 0,73 0,75 - 1,06 86463 FR0011742329 MCPHY ENERGY g C 22 22,2 21,5 21,55 - 2,49 82380 FR0004034072 XILAM ANIMATION g C 45,5 45,85 45 45,4 + 0,44 2521 INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 98,79 1,03

SICAV/FCP
VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER VAL. UNIT DATE DERNIER
CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION

CLASSIFICATION
DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET
CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS** CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**
MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE MONT. DATE

Banque Cantonale
de Genève (France) SA
Mirabaud Asset Management Tél. 04 72 07 31 50
Tél. +41 058 200 60 01
www.mirabaud.com bcgef.fr/fonds
marketing@mirabaud-am.com
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LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ 186,31 13/08 LU0705071701 RAM (L) SF L/S EUROPEAN EQ 136,32 13/08
gestion active de conviction ? LU1626130063 SWISS SMALL & MID CAPS (CHF) 114,03 13/08
LU0375629556 RAM (L) SF EUROPEAN EQ 435,55 13/08 LU0375630729 RAM (L) SF NORTH AM EQ 326,39 13/08 LU1626130816 SILK ROAD ZONE STOCKS (USD) 95,15 13/08
LU0851564038 BALANCED (EUR) 125,36 13/08
Tous les details de nos LU1048876350 RAM (L) SF GB STB INCOME EQ 119,5 13/08 LU0419186167 RAM (L) TF GB BD TOT RET 154,71 13/08
LU0851564384 DYNAMIC (EUR) 144,2 13/08
solutions d’investissement LU0705072691 RAM (L) SF L/S EM MKT EQ 105,32 13/08 LU0935723782 RAM (L) TF II ASIA BD TOT RET 154,52 13/08 LU1626130220 HIGH DIV. EUROPE STOCKS (EUR) 89,26 13/08
à disposition ici : www.mirabaud-am.com LU0851564541 WORLD EQUITY (EUR) 164,84 13/08

Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP.
Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-
geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

carnet
fr

ENTREPRISES Laurent Jurrius, 49 ans,

diplômé de l’Institut national
PHARNEXT
Adrian Hepner
Benoit Fouilland, 55 ans, est titu-
laire d’une maîtrise en gestion de
directrice des risques en 2010
pour AXA Assistance. En 2011, +
ARKÉA
Véronique Crouzier
des sciences appliquées (Insa)
de Rennes, a rejoint le groupe
accède au poste de directeur
médical.
l’Ecole Supérieure Libre des
Sciences Commerciales Appli-
elle est nommée directrice des
risques à la Mutuelle d’assurance
Ils sont nés
Laurent Jurrius Arkéa en 1995. A partir de 2007, quées (ESLSCA Business School) des professionnels de la santé un 17 août
Frédéric Laurent il a assumé les fonctions de Adrian Hepner, 58 ans, titulaire de Paris, d’un master en finance (MACSF), avant de rejoindre,
Au sein du comité exécutif,
ils sont respectivement
directeur général, puis de pré-
sident du directoire chez Pro-
d’un doctorat en psychiatrie et
neurologie de l’université de Bue-
de l’université Paris-Dauphine et
d’un MBA de l’Insead. Actuelle-
en 2016, le groupe Macif comme
directrice des risques et du
•Dubourg,
Allain Bougrain-
journaliste, 72 ans.
nommés directrice
des ressources humaines,
Capital. En 2012, il est devenu
directeur adjoint, puis direc-
nos Aires, est diplômé en méde-
cine. Il fut vice-président de la
ment, il assure la direction finan-
cière de Criteo. Il bénéficie d’une
contrôle permanent. •acteur,
Robert De Niro,
77 ans.
directeur du pôle
innovation et opérations
teur de l’organisation et des
moyens du groupe. L’année
recherche clinique d’Avanir Phar-
maceuticals, vice-président de la
expérience en matière de direc-
tion et de finance acquise au sein
•président
Pierre Donnersberg,
de Siaci
ÉVÉNEMENT
et responsable du pôle dernière, il a intégré le pôle recherche clinique et des affaires de sociétés comme British Tele- Saint Honoré, 73 ans.
clientèle retail. innovation et opérations en
qualité de directeur des études
m é d i c a l e s c h e z B i o D e l i ve r y
Sciences International et direc-
com, Business Objects et SAP. ARMADA
Jean-Paul Rivière
•chanteur,
Stephan Eicher,
60 ans.
Véronique Crouzier, 47 ans,
diplômée de l’Ecole supérieure
informatiques. teur médical chez UCB BioScien-
ces, Inc. Dernièrement, il assu-
est élu à la présidence. •et Larry Ellison, fondateur
ex-PDG d’Oracle, 76 ans.
MUTUELLE
des sciences économiques et
commerciales (Essec), a d’abord
Frédéric Laurent, 57 ans,
ingénieur informaticien de
mait les fonctions de vice-
président exécutif et directeur UMR
Jean-Paul Rivière, 69 ans, titu-
laire d’un MBA de gestion, est
•ex-footballeur,
Thierry Henry,
43 ans.
travaillé dans la filiale Federal
Finance. En 2010, elle a intégré
formation, est membre du
comité exécutif du groupe Arkéa
médical d’Eagle Pharmaceuticals. Virginie Le Mée
est directrice générale
ingénieur de formation (Ensi). Il
est le fondateur et actuel prési-
•deSerge Moati, réalisateur
documentaires, 74 ans.
la direction des ressources
humaines du groupe. En 2015,
depuis 2016 en tant que direc-
teur du pôle innovation et
FIRMENICH
Benoit Fouilland
de l’Union mutualiste retraite
depuis le 1er juin.
dent d’Altitude. Il bénéficie de
plus de trente-cinq années
•deHervé Morin, ex-ministre
la Défense, président
elle a ensuite rejoint le Crédit opérations. A partir de 2007, il deviendra directeur financier d’expérience entrepreneuriale à du Conseil régional
Mutuel du Sud-Ouest où elle a assumé la présidence du à compter du 1er septembre. Virginie Le Mée, 53 ans, titulaire travers des entités comme CSI, de Normandie, 59 ans.
fut directrice de secteur avant directoire de Federal Finance. Membre de la direction générale, d’un master 2 d’économie de Avolys, Altitude Telecom et Alti- • Sean Penn, acteur, 60 ans.
d’assurer la direction de la vie
c o o p é r a t i ve , d u s e c r é t a r i a t
C’est en 2012 qu’il est devenu
directeur général adjoint et
il sera aussi secrétaire du comité
des finances, de l’audit
l’université de Paris-II, est diplô-
mée de l’Institut des actuaires.
tude Infrastructure. • Marion Rousse, cycliste
et consultante, 29 ans.
général et de la communica-
tion en 2018.
responsable du pôle innovation
et opérations d’Arkéa.
et des risques du conseil
d’administration.
Elle fut directrice de l’audit et du
contrôle interne en 2007, puis , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr
• Jean-Jacques Sempé,
dessinateur, 88 ans.

Les Echos est une publication du ÉDITRICE Marie Van de Voorde-Leclerq Elsa Conesa (Finance et Marchés) DIRECTRICE ARTISTIQUE LES ECHOS WEEK-END DIRECTEUR DE LA DIFFUSION ET DU MARKETING CLIENTS
PRINCIPAL ASSOCIÉ UFIPAR (LVMH) ÉDITRICE ADJOINTE Clémence Callies Daniel Fortin (Magazine, Opinions et Innovation) Marion Moulin DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Etienne Porteaux
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Edité par Les Echos, SAS au capital de 794.240 euros RCS 582 071 437 RÉDACTEURS EN CHEF Marie-Christine Sonkin (Patrimoine) (Le Crible) RÉDACTRICE EN CHEF Frédérique Dedet DIRECTEUR GÉNÉRAL Philippe Pignol
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SERVICE ABONNEMENTS LES ECHOS 4, rue de Mouchy 60438 Noailles Cedex. Tél. : 01 70 37 61 36 du lundi au vendredi de 9h à 18h. IMPRESSION L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi Libre (Montpellier). TIRAGE DU 14 AOÛT 2020 : 76.518 exemplaires. Origine du papier : France. Taux de fibres recyclées : 56%.
Ce journal est imprimé sur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002. Eutrophisation : Ptot 0.01kg/tonne de papier Membre de membre ACPM OJD CPPAP : 0421 c 83015. Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957)
24 // Lundi 17 août 2020 Les Echos

= Les chiffres de l’économie

// Budget de l’Etat 2020 : 399,2 milliards d’euros // PIB 2019 :2.479,4 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale :3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire : 10,15 euros à partir du 01-01-2020
// Capitalisation boursière de Paris :1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)
// Indice des prix (base 100 en 2015) :103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) : 8,6 % au 3e trimestre 2019
// Dette publique :2.415,1 milliards d’euros au 3e trimestre 2019

crible

EN VUE
L’or, la poule et ses œufs
Michelle Obama Avec Barrick Gold, Warren Buffett soigne son allergie au métal jaune.

« C’est beaucoup mieux d’avoir une poule qui ne cesse de pondre des œufs
qu’une poule qui reste assise et mange des assurances et des entrepôts. »
En 2009, il n’y avait pas photo, selon Warren Buffett, entre la régularité
de Coca-Cola et les intermittences de l’or physique. C’est dire la grosse
surprise des épargnants devant la mise de son holding Berkshire Hathaway
dans Barrick Gold. Il reste fidèle à son soda préféré mais les récessions
se suivent sans se ressembler avec l’« oracle de Omaha », comme le montre
aussi sa prudence vis-à-vis des banques, hors Bank of America. Il faudra
quand même attendre sa propre exégèse pour y voir le signal d’une
couverture anti-krach, face à une Bourse américaine au plus haut malgré
le chômage. Car, sans même parler de la mise assez modeste (564 millions
de dollars, moins de 0,3 % du portefeuille d’actions) – peut-être celle
d’un lieutenant –, investir dans une mine d’or canadienne ne revient pas
à acheter des lingots ni même des ETF, malgré la forte corrélation avec
le métal jaune (70 à 80 % selon une étude d’UBS d’avril dernier). Ces poules
aurifères sont de la race des pondeuses de coupon (rendement de 1,2 %
pour Barrick) et elles couvent des œufs variés (cuivre en l’occurrence).
Ce sont surtout des entreprises industrielles, aux prises avec des risques
géopolitiques (Afrique, Amérique latine, Papouasie-Nouvelle-Guinée

P
our la convention démocrate qui débute ce
lundi, le programme des keynotes clôturant
chaque journée est réglé comme du papier à
musique. Jeudi, Joe Biden, mardi son épouse Jill, mer-
credi Barack Obama. Et pour le premier soir ? Une
superstar nommée… Michelle Obama. L’ancienne
First Lady s’était révélée une grande communicante
durant les mandats de son mari. Depuis, sa popularité a
atteint des niveaux stratosphériques, au fil d’un plan
d’action rappelant que, jeune avocate, elle était spécia-
liste entre autres du marketing. Il y eut d’abord son auto-
biographie, « Becoming », traduite en 31 langues et ven-
due à des millions d’exemplaires, puis une tournée
mondiale de conférences passée à Paris par rien de
moins que l’AccorHotels Arena ; et depuis peu un pod-
cast où elle évoque des sujets de société mais aussi sa vie
personnelle avec une franchise qui fait le buzz.
Plus d’un(e) pensera en l’écoutant « Et si cela avait été
elle ? », tant l’espoir fut grand chez les démocrates de la
voir sur le « ticket » pour la présidentielle. Mais celle qui
ne cache plus combien ses années à la Maison-Blanche
lui ont pesé a résisté à ces « amicales » pressions et s’en
tiendra à ce discours. Celui qu’elle avait prononcé à la
convention de 2016 avait réjoui les réseaux sociaux. Les
caméras avaient capté le regard admiratif et le « Wow ! »
d’un Bill Clinton qui s’y connaît un peu en éloquence,
après une attaque de « Michelle » contre Donald
Trump. D’autres sont attendues ce lundi, de même que
des mots forts en faveur de Joe Biden et Kamala Harris.
Entre les deux femmes flotte un air de passage de flam-
beau. Pour novembre, et peut-être déjà 2024.
et Arabie saoudite). Et même si le multimilliardaire du Nebraska s’était
vraiment converti sur le tard – 90 ans le 30 août prochain – au métal
physique, il faudra voir s’il ne retombe pas dans son ancienne religion,
comme pour les compagnies aériennes.
Trou noir et bonne étoile
SoftBank Group en pince aussi
pour les « blue chips » cotées et les dérivés.
Masayoshi Son aime comparer ses nombreuses participations à une Voie
lactée brillante pour des siècles. L’entrepreneur visionnaire de l‘Internet et
du mobile au Japon, devenu le leader mondial du capital-risque grâce aux
Saoudiens, n’aura donc pris que quelques mois pour reprendre confiance
dans sa bonne étoile. Non seulement, il continue de refinancer WeWork,
comme si le trou noir des dépréciations de cet astre désorbité du « co--
working » était conjuré, mais il vient de doter Softbank Group d’un bras
armé pour gérer son cash excédentaire et diversifier son portefeuille,
tout en restant dans « l’Information Revolution ». Cette société de gestion
mise sur des actions déjà cotées et très liquides -et non des start-up ou des
licornes-, directement ou via des produits dérivés. Selon Bloomberg,
le portefeuille pourra dépasser la dizaine de milliards de dollars, digne
d’un hedge-fund. La finance sophistiquée n’a jamais fait peur au
techno-gourou. En atteste la monétisation de la participation
dans Alibaba. Mais la place de Tokyo aura plus de mal à jauger sa valeur
d’actif net (231 milliards de dollars), publiée seulement par trimestre
désormais. La décote boursière reste astronomique (50 % environ).
Et des experts de la gouvernance tiquent de voir un PDG détenteur
d’un cinquième de la maison mère se retrouver personnellement

( Lire nos informations

Page 6
à la tête du tiers de la nouvelle filiale. Plus que jamais, il lui faudra réussir
les cotations attendues – mission accomplie avec KE Holdings – et trouver
pour Arm une porte de sortie aussi réussie que celle de Sprint.

La Bourse de Paris en baisse

•phare
A la Bourse de Paris, l’indice
CAC 40 a terminé la séance
en recul de 1,58 % à 4.962,93 points.
Le marché parisien a pâti de la déci-
sion britannique d’imposer une
quatorzaine aux voyageurs reve-
nant de France et des Pays-Bas.
Cette mesure alimente les craintes
des investisseurs autour de l’évolu-
tion de la situation sanitaire en
Europe.
Les investisseurs ont également
intégré la publication de mauvais
indicateurs en Chine : les ventes au
détail ont baissé en juillet alors que
les analystes tablaient sur une
hausse ; la production industrielle
a, elle, été inférieure aux attentes.
Du côté des valeurs, Unibail-Ro-
damco du CAC 40 a enregistré la
plus forte baisse (– 6,64 %) d’une
cote entièrement dans le rouge.
Le secteur du transport et des loi-
sir a accusé le coup. Le groupe
Accor a signé la deuxième plus
forte baisse avec un recul de 3,93 %,
Airbus a cédé 1,62 %.
Les valeurs cycliques, sensibles à
la conjoncture, ont elles aussi souf-
fert. Société Générale a lâché
0,94 %, BNP Paribas 0,89 % et Cré-
dit Agricole 1,32 %.