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Les transformations technologiques depuis cinquante ans ont bouleversé la place de la musique dans
la vie quotidienne. Celle-ci est actuellement omniprésente tant dans l’espace que dans les temps
sociaux, et ses implications sociales ou culturelles sont si fortes qu’elles exigent d’être observées et
analysées. Cette série se propose de permettre aux lecteurs de comprendre les faits musicaux en tant
que symptômes de la société.
Déjà parus
Bertrand RICARD, Jouer de la pop aujourd’hui. « Guerre des deux pop » et fabrication d’une
distinction esthétique, 2021.
Thierry BOUZARD, Histoire des signaux d’ordonnance, Récit, 2021.
Ingrid TEDESCHI, Mémoire d’opéra. Une chronique de l’Opéra de Toulon entre 1939 et 1945,
2019.
Laure-Hélène SWINNEN, Le reggae et ses publics. Le message rastafari dans un festival de reggae,
aujourd’hui, en France, 2018.
Sonia MBAREK RAIS, Le statut du musicien en Tunisie. État des lieux de la politique musicale :
approche sociologique, 2018.
Louis FINNE, Auditorium de Dijon, 2016.
Stéphane SACCHI, Les enjeux esthétiques dans le processus de création, 2016.
Véronique FLANET, La belle histoire des fanfares des Beaux-Arts, 1948-1968, 2015.
Nicolas CANOVA, La musique au cœur de l’analyse géographique, 2014.
Michelle BOURHIS, La vie musicale à Nantes pendant la seconde guerre mondiale, 2014.
Eva VILLAR, Le voyage salsa. Une danse de société par et pour la pluralité, 2012.
Guy DUBOIS, Les chansons de cow-boys. Etude sociohistorique, 1840-1910, 2012.
Michelle BOURHIS, La musique de chambre à Nantes entre les deux guerres, 2011.
Cristina BARBULESCU, Les opéras européens aujourd’hui : comment promouvoir un spectacle ?,
2011.
Matthieu Wagner
Opéra et Géopolitique
L’art lyrique, entre rayonnement artistique
et enjeux politiques
© L’Harmattan, 2021
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-94531-6
« L’opéra en particulier et les arts en général sont constitutifs de l’identité
culturelle de l’Europe, tout autant que peut l’être le football ! ».
Jonas Kaufmann, ténor allemand
Le Figaro, 7 juin 2020.
« Les Français sont faits pour composer de la musique d’opéra, les Italiens
pour la chanter, les Allemands pour la jouer, les Anglais pour l’entendre et
les Américains pour la payer ».
Enrico Caruso (1873 – 1921), ténor italien.
Remerciements,
À mes parents, pour leur soutien, leurs encouragements et leur patient
travail de relecture.
À toutes les personnes qui ont bien voulu répondre à mes sollicitations
durant la préparation de cet ouvrage, et en particulier à Graciane Finzi,
Emmanuel Hondré, Anne Monier, Marie-Hélène Bernard.
INTRODUCTION
1 Roland BLUM, Rapport d’information déposée par la Commission des Affaires étrangères sur les
forces et les faiblesses du cinéma français sur le marché international, Assemblée nationale, 2001,
n°3197, p. 34. Disponible à l’adresse : http://www.assemblee-nationale.fr/legislatures/11/pdf/rap-
info/i3197.pdf
2 Collège de France, Conférence de Stéphane Lissner : « Pourquoi l’opéra aujourd’hui ? » [En
ligne]. [Consulté le 20 novembre 2020]. Disponible à l’adresse : https://www.college-de-
france.fr/site/college-de-france-opera-national-paris/Conference-Stephane-Lissner.htm
3 Observatoire des politiques culturelles, Observation sur l’art lyrique en France, Réunion des
Opéras de France [En ligne]. Disponible à l’adresse : http://www.observatoire-
culture.net/fichiers/files/note_de_synthese_sur_l_art_lyrique_en_france.pdf
4 Importance et popularité de l’Opéra dans le monde (blog). Disponible à l’adresse :
http://fomalhaut.over-blog.org/article-importance-et-popularite-de-l-opera-dans-le-monde-
82477004.html
5 La géopolitique étudie l’influence des facteurs économiques, géographiques et culturels sur la
politique des États. Cette définition, au sens large, signifie que la politique d’un État est déterminée
par de multiples facteurs, dont l’importance respective de chacun est évolutive.
Chapitre I
6 « Drame pour musique » : drame en vers, écrit pour être mis en musique.
7 « Fable en musique » : genre opératique de caractère légendaire ou opératique.
8 Hervé LACOMBE, Géographie de l’Opéra au XXe siècle, Paris : Fayard, 2007, p. 160.
9 Ibid., p. 161.
10 André LISCHKE, Histoire de la musique russe. Des origines à la Révolution, Paris : Fayard,
2006, p. 133. Cité dans Hervé LACOMBE, Géographie de l’Opéra au XXe siècle, Paris : Fayard,
2007, p. 162.
11 Hervé LACOMBE, op. cit., p. 159.
12 Michel FOUCHER, « Géographie des maisons d’opéra : variations sur la culture lyrique et la
géopolitique en Europe », dans Les ouvertures de l’Opéra, une nouvelle géographie culturelle ?,
Lyon : Presses universitaires de Lyon, 1995, p. 61.
13 R. STROHM (et M. NOIRAY), « Opera – IV. The 18th Century », in Grove MM. ; cité dans Hervé
LACOMBE, Géographie de l’Opéra au XXe siècle. Paris : Fayard, 2007, p. 163.
14 Michel FOUCHER, op. cit., p. 65-68.
15 Corinne SCHNEIDER, Weber, Paris : Jean-Paul Gisserot, p. 36.
16 Bojan BUJIC, « Nationalismes et traditions nationales », dans Nattiez, Musiques, p. 175-176 ; cité
dans Hervé LACOMBE, Géographie de l’Opéra au XXe siècle, Paris : Fayard, 2007, p. 168.
17 Michel FOUCHER, op. cit., p. 68.
18 Ibid., p. 63.
19 Hervé LACOMBE, op. cit., p. 181-197.
20 Alain PACQUIER, Les Chemins du baroque dans le nouveau monde, Paris : Fayard, 1996, p.
221 ; cité dans Hervé LACOMBE, Géographie de l’Opéra au XXe siècle. Paris : Fayard, 2007,
p. 187.
21 Michel FOUCHER, op. cit., p. 68-69.
22 Hervé LACOMBE, op. cit., p. 198.
23 Paul MERRUAU, L’Égypte sous le gouvernement d’Ismaïl Pacha. Revue des Deux Mondes, tome
16, 1876. Wikisource [En ligne]. [Consulté le 3 janvier 2020]. Disponible à l’adresse :
https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99%C3%89gypte_sous_le_gouvernement_d%E2%80%99
Isma%C3%AFl-Pacha
24 Michel FOUCHER, op. cit., p. 69.
25 Hervé LACOMBE, op. cit., p. 187.
26 Ibid., p. 169.
27 Ibid., p. 217.
28 Ibid., p. 219.
29 Hervé LACOMBE, op. cit., p. 255-256.
Chapitre II
A. LA FRANCE EN EUROPE
Comme le rappelait le géographe Michel Foucher lors d’un colloque en
1995, « l’opéra relève, comme d’autres arts, d’une géographie
culturelle »30. Depuis le XVIIe siècle, l’art lyrique a contribué à structurer
l’espace culturel européen. On distingue historiquement plusieurs terroirs :
1) Le terroir germanique, dominé par l’Allemagne, une partie de la Suisse
et l’Autriche. La présence de nombreuses cours princières, et les
mécénats qui les ont accompagnés, ont favorisé le développement
d’une culture opératique dynamique à travers des commandes
d’œuvres et la construction de théâtres31.
2) Le terroir français, de son côté, est plus un importateur de traditions
(influences de Lulli, Gluck, Mozart…) qu’exportateur d’œuvres ou de
répertoire32.
3) Enfin, d’autres pays — Espagne, Portugal, Grande-Bretagne —, loin
d’être inactifs dans le domaine lyrique, se situent quelque peu en
marge du croissant lyrique italo-germanique.
La mobilité des troupes allemandes et italiennes en Europe aux XVIIe et
XVIIIe siècles a favorisé la diffusion du répertoire italo-germanique, et les
pays européens ont bénéficié à des degrés divers de ce rayonnement. La
datation des premières œuvres représentées dans la langue nationale permet
en outre d’estimer l’assimilation de cet art dans la culture nationale :
Pomone, du compositeur Robert Cambert, créé dans la salle du Jeu de
paume à Paris en 1671, est considéré comme le premier opéra français,
c’est-à-dire chanté dans la langue vernaculaire. De même, les pays
d’Europe de l’Est ont subi, entre la fin du XVIIIe et le début du XXe siècle,
cette même influence du répertoire d’Europe centrale avec cependant « des
décalages liés au statut géopolitique des diverses régions culturelles »33 ;
de la Pologne à la Serbie, en passant entre autres par la Russie en 1836, les
datations des premières œuvres lyriques composées dans la langue nationale
s’étalent de 1778 à 192034.
Cette longue période de diffusion a permis aux maisons d’opéra de se
constituer un vaste répertoire qui rassemble à la fois des œuvres nationales
et étrangères. Une étude réalisée il y a quelques années par la Société des
Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD), sur un échantillon
représentatif de onze théâtres entre 1980 et 1991, avait mis en évidence le
poids politique de certaines capitales européennes (Paris et Berlin) dans la
structuration de leur répertoire lyrique. Selon le géographe Michel Foucher,
« l’appartenance d’une maison d’opéra à une aire linguistique donnée
favorise les œuvres écrites dans l’idiome national, tendance renforcée par
la préférence des capitales politiques pour les programmations en langue
officielle »35.
A ce titre, les cas de l’Allemagne et de la France illustrent encore
aujourd’hui cette tendance, comme on peut le vérifier lors de la saison
2018-2019 où une majorité des créations lyriques sont le fruit de
compositeurs nationaux. Par ailleurs, la composition dans la langue
vernaculaire n’est pas un frein au traitement de thématiques diverses,
comme l’illustrent les neuf œuvres nouvellement créées en France cette
saison-là :
– Bérénice de Michael Jarrell (Opéra Garnier) s’inspire de la pièce
éponyme de Racine.
– Le Cosmicomiche de Michèle Reverdy (Opéra de Toulon) est une
réflexion sur le sens de la vie à partir d’un recueil de l’écrivain italien
Italo Calvino.
– L’oratorio Nahasdzáán ou le monde scintillant de Thierry Pécou (Caen
et Rouen) raconte l’histoire des rites des Indiens Navajos du sud-ouest
des États-Unis.
– Nous sommes éternels de Pierre Bartholomée (Opéra-Théâtre de Metz)
explore les mondes de l’enfance. C’est une adaptation du roman
éponyme de Pierrette Fleutiaux (Prix Femina 1990).
– 7 minuti de Giorgio Battistelli (Opéra de Nancy) explore le thème de la
perte d’emploi et de la fermeture des usines.
– Trois contes de Gérard Pesson (Opéra de Lille) raconte des histoires
inspirées de contes français.
– Le Miroir d’Alice de Thomas Nguyen (Opéra de Reims) est une
adaptation d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll.
– Folles saisons de Bruno Bianchi (Trappes) est un opéra contemporain
pour enfants d’après la fable écologique de Jean François Chabas.
– Zauberland (Le Pays enchanté) de Bernard Foccroulle (Théâtre des
Bouffes du Nord) retrace l’histoire d’une femme qui cherche à quitter
l’enfer du Proche-Orient, à partir de thèmes sur les migrations et la
géopolitique.
Fort d’un patrimoine déjà bien affirmé dans les années 1870-1880, la
France est l’un des premiers États à avoir mis en place une politique
culturelle d’influence mondiale. Celle-ci se concrétise à l’étranger par des
actions telles que l’envoi de livres et de conférenciers, de compagnies
théâtrales, de films, ainsi que l’implantations d’écoles, de lycées et
d’instituts culturels (le premier à Florence en 1908)36.
L’héritage lyrique européen et l’expérience internationale sont deux
éléments, parmi ses atouts, sur lesquels la France peut compter pour
valoriser sa politique culturelle. Des réflexions et des initiatives sont en
cours pour développer et enrichir les échanges et le rayonnement français.
Rayonnement dont l’opéra ne doit pas être exclu.
Une stratégie de rayonnement fondée sur le ciblage géographique
La commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale s’est
saisie en 2018 de la question de l’influence culturelle de la France dans sa
globalité. Cette année-là, les députés Michel Herbillon et Sira Sylla ont
présenté le rapport de la mission d’information sur « La diplomatie
culturelle de la France : quelle stratégie à dix ans ? ».
Pourquoi la France doit-elle construire une stratégie culturelle ? Parce que
la diplomatie culturelle est un puissant vecteur de notre politique étrangère.
Les désaccords sur le plan politique peuvent être atténués par un
rapprochement des valeurs et des affinités artistiques ; le dialogue entre
deux cultures dépasse de loin le calendrier électoral ; le rayonnement
culturel et la politique étrangère s’inscrivent tous les deux sur le long terme,
et sont par conséquent étroitement liés.
Le principal mérite de ce rapport parlementaire est de dégager un état des
lieux de la situation globale de la diplomatie culturelle française. Si ses
analyses demeurent intéressantes, on ne peut que regretter que la question
de l’art lyrique n’ait jamais été abordée au cours des 173 pages de ce
document ! Or, la France peut-elle faire l’impasse sur un patrimoine lyrique
riche de près de quatre siècles d’histoire ?
On retiendra de ce document que la France doit repenser et évaluer la
diplomatie culturelle et d’influence et mener sans tarder « une vraie
réflexion stratégique »37, ce qui sous-entend d’avoir une vision d’ensemble
des enjeux et fixer des priorités claires.
Parmi ces priorités, citons dans un premier temps la production artistique.
Les députés rapporteurs notent que les créations françaises concernant les
arts de la scène « demeurent très demandées », et relèvent « une demande
plus forte de coopération et de coproductions » dans un environnement de
plus en plus concurrentiel38. Ces productions pourraient faire l’objet, selon
eux, de partenariats public-privé, en couplant par exemple l’artisanat, la
création lyrique et la mode. Ces coopérations multisectorielles permettraient
sans doute de donner davantage de visibilité à la création française sur les
scènes à l’étranger.
Cela suppose aussi que la France revoie ses priorités géographiques, qui
« ne sont pas objectivées, ne se traduisent pas réellement par une action
particulière dans les zones concernées », ce qui « envoie un signal politique
négatif à certains partenaires (Asie ou Amérique latine) ». Or l’Asie est
justement le premier marché des industries culturelles au monde, et le
marché de la culture y est en expansion. On voit mal comment la France
pourrait se passer d’un tel potentiel. Pour sa part, l’Institut français,
opérateur du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Culture,
a déjà établi un classement de 39 pays jugés prioritaires et qui font tous
l’objet d’un partenariat de long terme. La sélection de ces pays repose
notamment sur les enjeux politiques qu’ils représentent : Cuba, l’Ukraine,
les Territoires palestiniens, la République centrafricaine, le Mali, etc. Le
deuxième cercle de l’action culturelle extérieure concerne quant à lui des
zones géographiques stratégiques : des coopérations ponctuelles se
développent déjà en direction des pays du Golfe, notamment aux Émirats
arabes unis.
En attendant, les auteurs constatent que les initiatives françaises masquent
mal l’absence de vision et de stratégie à long terme : la constitution de
zones géographiques prioritaires a tendance à exclure de la réflexion
stratégique « des zones entières du monde » avec lesquels le dialogue
culturel connaît pourtant « un potentiel important ». Un zonage imparfait
qui semble, pour les députés, « davantage correspondre à une gestion de la
pénurie des moyens plus qu’à une véritable priorisation politique »39 !
Les moyens de rayonnement et d’influence ne manquent pourtant pas : les
orchestres classiques en sont un exemple. Ils peuvent être mis à l’honneur
occasionnellement pour marquer un évènement lié à un contexte
géopolitique.
Lors de l’inauguration du Programme culturel franco-émirien, en mars
2016, le Gustav Mahler Jugendorchester, sous la direction du chef
d’orchestre Christophe Eschenbach, a interprété en première mondiale deux
œuvres musicales : une création du compositeur émirien Faisal Al Saari (Le
Rêve de Zayed), et une fantaisie pour violoncelle signée du compositeur
français Bruno Mantovani (Once upon a Time). L’orchestre a joué en
seconde partie de soirée le célèbre ouvrage de Claude Debussy, La Mer
(1905). Ce programme de concert, intitulé « Inspirations universelles »,
s’inscrivait ce jour-là dans la perspective de l’inauguration du Louvre Abou
Dhabi, qui a ouvert l’année suivante. À cette occasion, le président de
l’Autorité du Tourisme et de la Culture d’Abou Dhabi, Mohamed Khalifa
Al Mubarak, déclarait : « Le Programme culturel franco-émirien est la
parfaite illustration de la pérennité dans les échanges entre la France et les
Émirats arabes unis. Nous sommes ravis d’ouvrir ce Programme avec le
célèbre Gustav Mahler Jugendorchester (…) qui interprétera deux
créations célébrant l’esprit d’universalité et d’ouverture aux autres
civilisations que représente le musée du Louvre Abou Dhabi. »40
De son côté, l’Orchestre symphonique du Théâtre Mariinsky de Saint-
Pétersbourg, dirigé par le chef d’orchestre Valery Gergiev, a marqué les
esprits la même année en jouant dans l’amphithéâtre de la cité antique de
Palmyre, tout juste délivrée du joug djihadiste, dans un programme autour
de Bach, Prokofiev et Chtchedrine. Ce spectacle représentait pour les
autorités russes une manière de lier l’action militaire à une politique – ou à
son affichage – de rayonnement culturel : un soft-power au service du hard-
power41.
La représentation des orchestres dans les grands évènements internationaux
permet d’afficher la culture musicale d’un pays, voire d’accompagner son
action diplomatique. La présence française dans des manifestations à
rayonnement mondial, notamment les arts visuels, est encouragée et
considérée comme une « priorité absolue »42. Pourquoi n’en serait-il pas de
même pour la musique, si tant est que les formations musicales ne s’en
tiennent pas uniquement à un rôle d’inauguration ? De ce point de vue, la
France pourrait investir sur des coopérations culturelles de long terme, en
lien avec nos priorités géographiques.
Si des efforts, notamment budgétaires, restent à accomplir, la France n’est
pas inactive et cible déjà quelques zones géographiques stratégiques sur le
plan du développement de l’économie culturelle. Le ministère de l’Europe
et des Affaires étrangères a créé depuis l’été 2019 plusieurs postes de
chargé de mission musique : l’un d’eux, basé à Bogota (Colombie) et
associé au Bureau Export, a une vocation régionale. Cet attaché culturel,
référent continental pour l’Amérique latine, aura la charge d’élaborer une
stratégie pour les industries culturelles et créatives dans le domaine de la
musique en vue de faciliter l’export de la filière musicale française en
Amérique latine43. Des projets intéressants qui contrastent avec l’initiative
de Claude Lévi-Strauss à New York en 194544.
Deux autres attachés musique ont vu le jour : l’un, basé à Abidjan, couvre
la zone Afrique (pays prioritaires : Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana,
Kenya, Nigéria, RDC, Sénégal)45 ; l’autre, situé à Singapour, a vocation à
rayonner sur toute la zone Asie (Cambodge, Corée du Sud, Hong-Kong,
Japon, Malaisie, Singapour, Taïwan, Thaïlande, Vietnam)46. Notons que le
label américain Universal music a ouvert une antenne à Abidjan en
septembre 2018.
Autre dispositif français : les « relais spécialisés ». L’objectif est de
déployer des stratégies sectorielles selon une couverture géographique
spécifique et coordonner les coopérations artistiques et professionnelles
entre la France et des pays étrangers. La priorité est aujourd’hui donnée au
spectacle vivant en Europe du Sud-Est (Serbie notamment) et en Amérique
du Sud, aux arts pluridisciplinaires aux États-Unis et en Italie, et aux arts
visuels en Chine. Le marché de l’art chinois est d’ailleurs l’un des premiers
marchés mondiaux après celui des États-Unis et du Royaume-Uni, deux
pays qui arrivent en tête du classement sur le soft power culturel 2019 selon
une étude du Center on Public Diplomacy47. Fort de ce constat, un relais
spécialisé dans le spectacle vivant pour la zone Asie du Sud-Est pourrait
être basé à Bangkok48.
La question des publics est l’un des autres paramètres pris en compte dans
la politique de rayonnement. Aux États-Unis, le réseau diplomatique
français cherche à toucher ce qu’il appelle « la génération Y », les jeunes
nés entre 1980 et 2000. Faut-il à ce compte-là distinguer différents publics,
et la France s’inspirera-t-elle dans ce domaine de la méthode du British
Council49 ? Comme le souligne le rapport, des études seraient nécessaires
pour avoir une vision plus large de la question. Car les publics visés ne
concernent pas seulement les jeunes, mais aussi les élites économiques et
surtout les classes moyennes émergentes. En 2013, un conseiller de
coopération et d’action culturelle résumait ainsi son analyse : « Nos cercles
d’influence traditionnels nous éloignent du pouvoir actuel. Nous devons,
tout en conservant la fidélité de nos alliés historiques, nous ouvrir à de
nouveaux publics (…) Cela nous obligera à modifier la géographie de nos
interventions, à sortir des centres-villes, par exemple, pour investir dans les
périphéries des mégapoles »50.
Quand le baroque s’exporte
Comme nous l’avons écrit plus haut, la France se classe en 2019 au
3 rang mondial sur le plan du rayonnement culturel, derrière les États-Unis
e
1. Oman
Le sultanat d’Oman est le premier à avoir implanté l’art lyrique au
Moyen-Orient. Le sultan Qabus, grand amateur d’art et de musique
classique (il était organiste et luthiste) initia en 1985 la création d’un
orchestre symphonique, puis, en 2001, la création d’un opéra dont la
construction s’est achevée dix ans plus tard. Signe distinctif : l’Opéra royal
de Mascate (ROHM, Royal Opera House Muscat) possède un orgue
immense de facture allemande (plus de 4500 tuyaux). L’architecture
fastueuse du bâtiment omanais de style contemporain a des allures de palais
de Maharadja ; la blancheur rayonnante de ses murs extérieurs contraste
avec les matériaux en bois et les couleurs dorées utilisés à l’intérieur de la
salle de spectacle.
Ces dernières années, le ROHM a attiré près de 180 000 visiteurs annuels.
Après 36 productions différentes présentées en l’espace de six ans, le
ROHM peut se targuer d’un taux de remplissage de 94 % sur la saison
2016-2017 (un peu plus de 65 % pour le Met Opera de New York la saison
précédente) ; les nationaux ne représentent cependant que 20 % du public.
Outre la salle de spectacle, l’institution lyrique abrite un centre commercial
de luxe, sept restaurants, 20 000 m2 d’expositions sur les liens entre
musique et opéra, et une bibliothèque musicale. À l’arrière, un théâtre de
540 places a vu le jour dernièrement ; destiné à la musique baroque, à la
musique de chambre et à la musique arabe, le lieu a aussi pour vocation de
devenir un centre de formation vocale et instrumentale171.
Comme les autres pays de la région, le sultanat d’Oman veut se positionner
comme un carrefour dans le domaine de la culture en mettant en avant le
patrimoine historique du pays, à l’instar de ses musées. Le ministère du
Patrimoine et de la Culture joue un rôle important dans le processus de
construction d’un récit national. Selon Marc Valeri, directeur du Centre
d’études sur le golfe Persique à l’université d’Exeter, le ministère « va ainsi
chercher à s’approprier tous les supports de la mémoire nationale ou locale
– qu’ils soient écrits, oraux, humains, etc. – pour en devenir le seul
détenteur sur le plan national et, en retour, pouvoir s’ériger en l’unique
source fondée à dispenser la vérité historique de l’Oman
contemporain »172. Cette politique s’applique notamment dans le domaine
musical, où les autorités essayent de mettre en place une immense base de
données avec les milliers d’heures de chants et de danses folkloriques
appartenant à l’histoire populaire du pays173.
L’inauguration de l’opéra royal a été pensée comme un centre d’excellence
permettant un meilleur dialogue des cultures. Plusieurs manifestations
existent déjà : des festivals, comme le « festival du patrimoine », insistent
sur le folklore national (danses paysannes, chants poétiques, etc.). « L’idée
sous-jacente, explique Marc Valeri, est qu’il n’y a pas de mouvement
artistique omanais moderne, mais seulement des variantes d’un même cœur
immuable et constitutif de l’âme nationale »174/175.
Pour la première fois de son existence, le RHOM a proposé en mars 2019 sa
propre production lyrique, entièrement conçue à Oman : Lakmé du
compositeur français Léo Delibes, mis en scène par Davide Livermore. Ce
joyau du répertoire français n’a probablement pas été choisi au hasard : le
sujet, fortement empreint d’exotisme, évoque les rapports entre hindous et
la puissance colonisatrice britannique. Dans un pays où 80 % de la
population non omanaise est composée d’Indiens et de Pakistanais176, le
thème du « choc des cultures » trouve également une certaine résonnance
pour le sultanat, très investi ces dernières années dans la résolution des
conflits régionaux.
Comme d’autres institutions lyriques, le RHOM s’engage petit à petit dans
une politique de coopération avec d’autres pays. Fin 2019, il a présenté, en
partenariat avec l’Opéra de Lyon, L’Enfant et les sortilèges de Maurice
Ravel. Cette année marqua aussi l’inauguration, sur la scène nationale, du
premier opéra en langue arabe Antar wa Abla, initialement créé au Liban.
Signe du désir d’Oman de faire sienne cette culture lyrique ?
3. Qatar
Dans cette mouvance régionale, le Qatar, lui aussi, développe à dessein le
secteur de la culture, et sa stratégie est peu ou prou la même que celle de ses
voisins arabes.
L’émirat, qui a l’intention depuis les années 1990 de devenir un pôle
culturel majeur, déploie sa politique culturelle dans deux directions : l’une
favorise la mise en lumière de la culture de tradition islamique, l’autre
soutient la création contemporaine, que ce soit dans le domaine du cinéma,
de la littérature ou de la musique199. Cette politique, qui tente de lier
traditions et modernité, découle à la fois d’une recherche de ce que devrait
être l’identité nationale de l’émirat, et d’une « entreprise de légitimation »,
menée par la famille royale, en direction de la communauté
internationale200/201.
Les musées jouent en cela un rôle particulier. L’acquisition, à prix d’or,
d’œuvres mondiales et la promotion des arts islamiques locaux par le Qatar
Museums Authority illustrent la stratégie de l’institution : s’ouvrir à
l’étranger tout en faisant rayonner sa propre culture religieuse. Le champ
des arts musicaux et scéniques s’inscrit dans la même démarche, ainsi que
l’illustre l’histoire de la fondation du Qatar Philharmonic Orchestra.
Sa création en 2007, encouragée par la Qatar Foundation présidée par
Sheikha Mozah, la femme de l’émir Al Thani père, a nécessité le
recrutement de 101 musiciens sur près de 3 000 candidatures reçues ; âgés
d’à peine une trentaine d’années, ils viennent tous de pays étrangers
(Allemagne, Corée du Sud, Hongrie, Russie, Égypte, Liban…) ; aucun n’est
natif du Qatar, ce qui en fait probablement l’orchestre le plus hétéroclite du
monde sur le plan ethnique. La phalange joue à l’Opéra de Doha (Katara
Opera House, 550 places), ou à l’amphithéâtre de Katara, de style gréco-
romain, inauguré en 2011. Comme à Dubaï, les autorités du Qatar ont invité
en 2008 et 2011, lors des concerts inauguraux de l’orchestre et de
l’amphithéâtre, les plus grandes stars : le chef d’orchestre Lorin Maazel, la
soprano roumaine Angela Gheorghiu et le ténor français Roberto Alagna.
L’enjeu pour cet orchestre, dans un premier temps, est de se constituer un
répertoire musical. En 2012, le compositeur libanais Marcel Khalifé, par
ailleurs membre du conseil d’administration de la phalange, expliquait :
« L’orchestre s’inscrit dans une double culture. J’écris ainsi des œuvres
mêlant des instruments traditionnels arabes, comme l’oud ou le rababa, à
l’orchestre symphonique occidental. Je me suis aussi intéressé aux
musiques traditionnelles du Qatar. Avant l’arrivée du gaz et du pétrole, le
pays comptait de nombreux pêcheurs, qui chantaient de magnifiques
mélodies »202.
Le Qatar compte investir le terrain culturel comme un levier politique :
l’année culturelle France-Qatar 2020 illustre la manière dont l’émirat soigne
le renforcement des liens diplomatiques et économiques avec la France203.
Il est intéressant de noter que cet évènement fut une initiative de l’émirat,
coordonnée par l’ambassadeur du Qatar à Paris Cheikh Ali bin Jassem Al
Thani, en collaboration avec plusieurs institutions dont la Qatar Museums
Authority, la Qatar Foundation et le Doha Film Institute204. L’Orchestre
philharmonique du Qatar inaugura les festivités le 10 janvier 2020 dans la
salle du Katara Opera House. Dirigé par le chef français Marc Piollet,
l’orchestre y joua des pièces du compositeur qatari Hamad Naama (Doha
Secrets Symphony), le concerto n°2 pour piano et orchestre de Camille
Saint-Saëns, avec la pianiste Lise de la Salle, et la Symphonie fantastique
d’Hector Berlioz. Pour le secrétaire général du ministère de l’Europe et des
Affaires étrangères, François Delattre, cette année culturelle France-Qatar
2020 constitue « une occasion exceptionnelle pour développer nos relations
dans de nouveaux champs de coopération » et fournit « une opportunité
privilégiée pour les publics français et qatariens de mieux découvrir la
richesse et la diversité de nos cultures respectives »205.
L’éducation (la première école primaire date de 1952) est incontournable
dans le développement du secteur de la culture au Qatar. Parallèlement aux
activités de l’orchestre, l’émirat a créé en 2011 un conservatoire – la Qatar
Music Academy, toujours parrainée par la Qatar Foundation – où les jeunes
qataris et des enfants d’expatriés sont formés aux rudiments de la
musique206. L’université s’est par ailleurs beaucoup développée durant le
règne de Hamad ben Khalifa Al Thani (1995 – 2013), avec le soutien des
États-Unis via le puissant think tank américain de la Rand Corporation207.
Pour rayonner sur le terrain de la recherche et de l’expertise académique, le
Qatar ambitionne d’attirer à lui des chercheurs et de développer des
expertises dans des domaines clés208. Cela sera-t-il le cas de la musique, en
collaboration avec des universités internationales ? Et quelles sont les
marges de manœuvre de la France ? Le Qatar souhaite-t-il construire une
véritable culture musicale nationale, ou ne s’agit-il que d’une politique de
« marketing mondial de positionnement »209 ?
Si l’on sent une réelle volonté de la part de l’État de développer le secteur
culturel, de tels évènements sont aussi une manière de redorer l’image du
pays. Afficher son ouverture sur l’art lyrique peut être vu comme une
tentative de paraître œuvrer pour le bien et le beau en faisant oublier
d’autres aspects plus dérangeants210/211.
Par ailleurs, une politique culturelle se construit sur le long terme et dans un
environnement sûr. À cet égard, la situation géopolitique est une autre
donnée à prendre en compte ; la position enclavée du pays dans une région
en tension ne joue pas en sa faveur en cas de conflit. En 2012, une
musicienne de l’Orchestre philharmonique du Qatar confiait : « On est prêt
à partir si un conflit éclate »212.
4. Bahreïn
Manama a inauguré le 12 novembre 2012, la même année de son élection
comme « capitale culturelle arabe » et « capitale touristique », son premier
opéra : le Théâtre national du Royaume de Bahreïn. L’institution, implantée
dans le quartier de la culture et construite par l’agence française
d’architecture AS Architecte-Studio, est doté d’une superficie de 12 000 m2
et d’une salle de 1001 places, nombre hautement symbolique en référence
aux légendaires contes des Mille et Une Nuits. C’est le troisième plus grand
théâtre du monde arabe, après celui du Caire et d’Oman.
Évoquant l’aspect architectural du bâtiment, le journal bahreïni
Alwatannews parla à l’occasion d’un « théâtre grec combinant détails
arabes bahreïnis et conception occidentale contemporaine et qui évoque, de
surcroît, l’héritage indien »213. Selon les journalistes, le théâtre « sera tel
un ambassadeur ; Bahreïn sera connue dans le monde entier »214. Le
ministère bahreïni de la Culture a proposé un partenariat avec le Festival
d’Aix en Provence. Ce dernier a signé en 2013 une convention de travail
entre ses équipes et celles du Théâtre national215.
Comme à Dubaï, les spectacles proposés sont essentiellement inspirés
d’œuvres européennes. Rares sont les œuvres musicales arabes (en
moyenne une par an) : un concert autour des œuvres du compositeur
libanais Elias Rahbani en 2014, le premier opéra libanais en langue arabe
Antar wa Abla en 2016 ; une composition de l’irakien Hussain Al-Adhamy
en 2017 ; une soirée autour de la comédie musicale A Tale from
Muharraq216, dans le cadre de la clôture des cérémonies de « Muharraq,
capitale de la culture islamique »217.
5. Arabie saoudite
L’Arabie saoudite, comme ses voisins régionaux, a investi ces dernières
années le terrain culturel. C’est une tendance relativement récente dans un
pays qui a construit son histoire et sa richesse à partir de l’exploitation des
gisements de pétrole. Mais à partir des années 1970, plusieurs évènements
bouleversent la donne : la prise de La Mecque en 1979 par un groupe
dissident religieux, la baisse des prix du pétrole dans les années 1980,
l’explosion démographique, puis la guerre du Golfe en 1991 et les attentats
de septembre 2001. Cette période est l’occasion pour le pouvoir
monarchique de s’interroger sur son identité nationale et l’image qu’il
souhaite véhiculer à l’extérieur de ses frontières.
En effet, le caractère tribal de la société saoudienne a toujours été rejeté au
profit d’une conscience unificatrice centralisée, fortement liée à la famille
Al Saoud. « Si l’État saoudien a su s’imposer comme entité centrale
dominante, ses liens avec la société et l’histoire sont plus complexes. La
bonne fortune liée à l’industrie pétrolière (…) a encouragé la création d’un
récit national sur mesure pour légitimer le rôle historique joué par la
famille royale »218, explique la politologue Fatiha Dazi-Héni. Ce récit
national de l’autorité dynastique tend aujourd’hui à être rééquilibré par
plusieurs initiatives culturelles.
La création du festival de la Jenadriyah marque un premier tournant. La
promotion du folklore culturel local du Najd (danse du sabre traditionnelle
et lecture de poésies bédouines en dialecte najdi) participe de la volonté de
faire de la culture najdie un premier marqueur de l’identité nationale, qui
n’est donc plus constituée exclusivement du référent islamique219.
L’ouverture en 1999 d’un musée national, où différentes cultures locales y
sont présentées, constitue une deuxième étape importante quant aux liens
qu’entretient l’État Saoudien avec sa propre histoire.
Le contexte international au début des années 2000, marqué par l’attentat
contre le World Trade Center, dont la plupart des pirates de l’air venaient
d’Arabie saoudite, renforce la conviction des autorités de promouvoir une
politique étrangère marquée par une ouverture culturelle220.
L’Arabie saoudite tente en effet de restaurer et promouvoir son patrimoine
culturel via l’activité touristique. Pour ce faire, le pays s’appuie
principalement sur la Commission suprême pour le tourisme (CST),
longtemps dirigée par le deuxième fils du roi Salman bin Abdelaziz, Sultan
bin Salman, astronaute et ancien pilote de la Force aérienne royale
saoudienne. Depuis 2000, cet organisme a mis en place des programmes de
valorisation de sites archéologiques (Hifra, a’Ulâ…), parfois antérieurs à la
période islamique, et de villes historiques comme Madâ’in Salih et Djeddah
(un des ports principaux de la mer Rouge). Ces deux villes ont été classées
au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008 et 2014. La question de
l’identité et la défense du patrimoine culturel induisent par ailleurs une
redynamisation de la langue arabe, notamment à travers des concours de
poésie221.
Développement de la vie culturelle
Une réflexion au plus haut sommet de l’État est en cours pour organiser
et dynamiser la vie culturelle saoudienne, qui se produit actuellement
essentiellement dans un cadre privé. La création en juin 2018 d’un poste de
ministre de la Culture, occupé par l’homme d’affaires Badr ben Abdullah
ben Mohammed ben Farhan Al Saud, en est le signe le plus concret.
En 2016, un an après avoir été nommé prince héritier d’Arabie saoudite,
Mohammed ben Salmane, également président du conseil des affaires
économiques et du développement d’Arabie saoudite, présentait son projet
« Vision 2030 ». Ce plan, qualifié d’« ambitieux mais réalisable » par le
prince héritier lui-même, vise à ancrer de plain-pied le pays dans la
mondialisation et la modernisation.
Par ces initiatives, le pouvoir tente aussi de desserrer la contrainte
religieuse. L’annonce de l’ouverture prochaine d’un théâtre (le festival des
Troupes de théâtre a été relancé en 2015222), de salles de cinéma, de
galeries d’art est la preuve de la volonté des autorités de « sortir le pays de
son enfermement doctrinaire wahhabite », en prenant soin de valoriser
l’héritage des Al Saoud223.
Les initiatives se déclinent aussi au niveau international, par la signature
d’accords bilatéraux avec de prestigieux théâtres lyriques européens. La
Scala de Milan a annoncé en mars 2019 l’ouverture d’un conservatoire de
musique à Ryad. L’accord de projet entre l’institution lyrique italienne et
l’Arabie saoudite a été négocié par le ministre saoudien de la Culture. Le
conservatoire, dont la date d’ouverture n’a pas encore été communiquée,
accueillerait environ 600 élèves âgés de six à dix ans, et des cours de chant
seraient dispensés par des professeurs issus de l’Académie de la Scala224.
De son côté, l’ex-ministre française de la Culture Françoise Nyssen
annonçait en avril 2018 la signature d’un accord entre le royaume saoudien
et l’Opéra de Paris. Selon Jean-Philippe Thiellay, à l’époque directeur
adjoint de l’Opéra de Paris, cet accord consisterait dans un premier temps à
faire un « audit de ce qui existe en termes de musique et d’enseignement
musical dans le but de créer un orchestre symphonique et lyrique »225. Cela
fait suite à l’annonce par les autorités saoudiennes, en février de la même
année, d’un vaste plan d’investissement dans la culture et le divertissement
de 64 milliards de dollars sur dix ans226.
Les relations culturelles entre la France et l’Arabie saoudite n’ont jamais été
très développées, malgré les débuts prometteurs dans les années 1960, où
l’enseignement public saoudien proposait à ses étudiants des cours de
langue française. Mais depuis la signature du pacte du Quincy227, l’Arabie
saoudite a toujours été culturellement plus proche des États-Unis. Le
diplomate saoudien Faisal Almejfel relève d’ailleurs qu’il est « très
étonnant de noter l’absence de la France dans le grand élan saoudien
d’ouverture culturelle. Riyad a, en effet, misé considérablement sur le
développement de l’éducation et de l’enseignement et sur la promotion des
dialogues interculturels et interreligieux, au point de leur consacrer de 20 à
25 % de son budget entre 2003 et 2007. Hormis la France, la plupart des
alliés de l’Arabie Saoudite a pris une part active dans la nouvelle politique
saoudienne, dont il faut dire qu’elle n’est pas sans servir leurs propres
intérêts, les États-Unis en premier lieu, puis la Grande-Bretagne et, dans
une moindre mesure, le Canada et l’Australie, voire la Chine, la Malaisie et
l’Inde »228.
Mais les initiatives des deux théâtres lyriques européens ne sont pas sans
poser quelques problèmes. L’accord entre l’Opéra de Paris et Ryad serait
pour l’instant en attente. La situation des droits de l’homme, régulièrement
dénoncées par les ONG, l’assassinat du journaliste saoudien Jamal
Khashoggi au consulat de son pays en Turquie en 2018, et la guerre que
mène l’Arabie saoudite au Yémen depuis 2014, qui a déjà fait des dizaines
de milliers de morts, ne coïncident pas vraiment avec les valeurs de liberté
et d’humanisme véhiculées par l’art lyrique européen. De même, la Scala a
dû reculer après la polémique suscitée par l’annonce du financement de la
célèbre institution italienne par l’Arabie saoudite et l’entrée au conseil
d’administration de son ministre de la Culture. Pour La Lettre du Musicien,
« les artistes doivent aujourd’hui se mobiliser pour que les opéras
occidentaux ne deviennent pas le cheval de Troie de l’un des pires régimes
du monde en matière de droits de l’homme, qui, en 2019, continue à lapider
les femmes »229.
Malgré ces polémiques, la possibilité de construction d’un opéra à Djeddah
constituerait une première. S’il est un jour confirmé, le choix de cette ville
ne relèverait pas du hasard. Stratégiquement située sur la route de l’encens
et du café, sur la côte ouest au bord de la mer Rouge, cette cité a toujours
été historiquement tournée vers l’extérieur.
Ancienne capitale diplomatique jusqu’au mitan des années 1980, Djeddah
est aujourd’hui la deuxième ville du pays en nombre d’habitants (environ
4 millions). En raison de sa proximité avec La Mecque et Médine
(respectivement 3e et 5e villes du pays, qui représentent le cœur religieux et
touristique du Royaume) et de la concentration de son activité portuaire et
commerciale, Djeddah bénéficie d’une attractivité certaine, notamment sur
le plan démographique. De fait, le brassage des populations fait aujourd’hui
de la ville de Djeddah un lieu où les règles en matière de mœurs religieuses
sont moins intransigeantes que dans d’autres villes du pays230.
La construction d’un opéra à Djeddah traduirait aussi une concurrence de
plus en plus forte entre les pays de la région pour devenir un pôle culturel à
part entière ; l’organisation annuelle de foires de l’art (Art Dubaï, Muscat
Art Festival, Abu Dhabi Art Fair…) en est une parfaite illustration231.
Parmi les enjeux du développement culturel en Arabie saoudite, la jeunesse
constitue un autre défi : 46 % de la population du pays a moins de 30 ans.
Alors que plus de six millions des moins de 15 ans arriveront sur le marché
du travail en 2030, Mohammed ben Salmane veut construire une société qui
s’appuie davantage sur les secteurs de la culture et des loisirs232. La
création au printemps 2016 des Hautes autorités des loisirs, de la jeunesse et
des sports répond à cette volonté. Il part du constat que les attentes des 18-
30 ans se portent aujourd’hui davantage sur les notions de libertés, de loisirs
et de culture233.
Mais pour l’Arabie saoudite, comme ses voisins du Golfe, il reste à savoir
ce qui prime entre les objectifs artistiques et les projets touristiques ;
l’aspect capitalistique d’un tel marché culturel interroge sur la finalité du
projet saoudien234.
30 Michel FOUCHER, « Géographie des maisons d’opéra : variations sur la culture lyrique et la
géopolitique en Europe », dans Les ouvertures de l’Opéra, une nouvelle géographie culturelle ?,
Lyon : Presses universitaires de Lyon, 1995, p. 57.
31 Ibid., p. 61.
32 Ibid., p. 59.
33 Ibid., p. 67.
34 Quelques exemples de premiers opéras créés dans la langue nationale du pays : En Pologne, en
1778, Nędza Uszczęśliwiona (La pauvreté rendue heureuse) de Maciej Kamieński ; en Russie, en
1836, Жизнь за царя (Une vie pour le tsar) de Mikhaïl Ivanovitch Glinka ; en Serbie, en 1903, Na
uranku (À l’aube) du compositeur Stanislav Binicki.
35 Michel Foucher, op. cit., p. 73.
36 François CHAUBET, Rôle et enjeux de l’influence culturelle dans les relations internationales,
Revue internationale et stratégique [En ligne], n°89, 01/2013. [Consulté le 7/08/19]. Disponible à
l’adresse : https://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique-2013-1-page-93.htm
37 Michel HERBILLON, Sira SYLLA, Rapport d’information déposée par la Commission des
Affaires étrangères en conclusion des travaux d’une mission d’information constituée le 24 octobre
2017 sur « La diplomatie culturelle et d’influence de la France : quelle stratégie à dix ans ? », Paris,
Assemblée nationale, 2018, n°1359, p. 119. Disponible à l’adresse : http://www.assemblee-
nationale.fr/dyn/15/rapports/cion_afetr/l15b1359_rapport-information
38 Ibid., p. 71.
39 Michel HERBILLON, Sira SYLLA, op. cit., p. 122.
40 Inspirations universelles : concert pour le Louvre Abu Dhabi, Institut français [En ligne]. 2016.
[Consulté le 7 avril 2021]. Disponible à l’adresse : https://institutfrancais-uae.com/2016/03/13/16-
marsinspirations-universelles-concert-pour-le-louvre-abu-dhabi/
41 Le concept de « hard-power » désigne en géopolitique la puissance coercitive (militaire,
économique, financière…).
42 Michel HERBILLON, Sira SYLLA, op. cit., p. 69.
43 Le Bureau Export ajoute : « Les projets seront conçus et pilotés en liaison avec le Bureau Export,
les opérateurs, ainsi que la mission économique et Business France le cas échéant. Il s’agit
d’analyser, de comprendre et de restituer la structuration de la filière musicale à l’échelle régionale
et au sein des différents marchés (en priorité : Argentine, Chili, Colombie, Costa Rica, Mexique,
Uruguay), dans le secteur des musiques actuelles et de la musique classique et contemporaine, et
pour chacun des métiers (production et édition phonographique, production de spectacles, édition
musicale…) ».
44 Denis ROLLAND, Histoire culturelle des relations internationales. Carrefour méthodologique,
Paris : L’Harmattan, 2004. Les tentatives de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss d’établir à New-
York, fin 1945, un Bureau centralisé des conférences ainsi que la création d’un attaché musical ont
échoué. Ces initiatives ne reçurent pas l’accord du ministère des Affaires étrangères.
45 En association avec le Bureau Export, le MAEA recrute un.e chargé.e de mission de coopération
à vocation régionale (domaine des musiques actuelles), Le Bureau Export [En ligne]. 2019.
[Consulté le 11 septembre 2019]. Disponible à l’adresse :
https://www.lebureauexport.fr/info/2019/05/cote-divoire-en-association-avec-le-bureau-export-le-
meae-recrute-un-e-charge-e-de-mission-de-cooperation-a-vocation-regionale-domaine-des-musiques-
actuelles/
46 En association avec le Bureau Export, le MAEA recrute un.e chargé.e de mission ICC, Le Bureau
Export [En ligne]. 2019. [Consulté le 11 septembre 2019].
Disponible à l’adresse : https://www.lebureauexport.fr/info/2019/04/singap our-le-bureau-export-
recherche-un-e-charge-e-de-mission-icc/
47 Le concept de « soft power » (puissance douce en français), développé par le politologue
américain Joseph Nye, désigne la capacité d’influence ou de persuasion d’un pays ou d’une
organisation pour amener l’interlocuteur, sans contrainte apparente, à modifier son comportement ou
sa manière de penser. La « soft power » s’oppose au « hard power ».
48 Michel HERBILLON, Sira SYLLA, op. cit., p. 160.
49 Le British Council distingue quatre types de public : le public en « face to face » comme il
l’appelle (étudiants, enseignants…), le public des manifestations culturelles, le public en ligne et le
public audiovisuel. Partant de ce classement, le British Council distingue les influenceurs (les
personnes qui relaient l’opinion), les leaders et les aspirants.
50 Le réseau culturel de la France à l’étranger, Rapport de la Cour des Comptes, 2013, p. 125.
Disponible à l’adresse : https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-reseau-culturel-de-la-france-
letranger
51 Pour établir son classement Softpower, l’Institut Portland prend principalement en considération
les éléments suivants : l’éducation, la gouvernance, le numérique, l’entreprise, l’engagement (vis-à-
vis de thèmes comme le développement et l’environnement) et la culture. Disponible à l’adresse
suivante : https://softpower30.com/country/france/
52 Michel HERBILLON, Sira SYLLA, op. cit., p. 88.
53 Le volume économique de la filière musicale à l’international : bilan économique 2019, Le
Bureau Export [En ligne]. 2019. [Consulté le 3 septembre 2021]. Disponible à l’adresse :
https://cnm.fr/wp-content/uploads/2021/08/le-bureau-export-bilan-economique-2019.pdf
54 La filière musicale française à l’international : bilan économique 2018, Le Bureau Export [En
ligne]. 2019. [Consulté le 5 septembre 2021]. Disponible à l’adresse : https://cnm.fr/wp-
content/uploads/2021/08/le-bureau-export-brochure-bilan-et-succes-export-2018.pdf
55 Françoise Nyssen, ministre de la Culture, accueille le Bureau Export de la musique pour célébrer
le rayonnement international de la musique française, Communiqué de presse, Ministère de la
Culture, [En ligne]. 2018. [Consulté le 21 août 2018]. Disponible à l’adresse :
https://www.culture.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Francoise-Nyssen-ministre-de-la-
Culture-accueille-le-Bureau-Export-de-la-musique-pour-celebrer-le-rayonnement-international-de-la-
musique-francaise
56 Michel HERBILLON, Sira SYLLA, op. cit., p. 162.
57 « L’Assemblée vote la création du Centre national de la musique », France Musique [En ligne].
2019. [Consulté le 29 août 2019]. Disponible à l’adresse : https://www.francemusique.fr/actualite-
musicale/l-assemblee-vote-la-creation-du-centre-national-de-la-musique-72461
58 Notre-Dame, médias, musique… Les grands dossiers de la rentrée, Ministère de la Culture [En
ligne]. 2019. [Consulté le 29 août 2019]. Disponible à l’adresse :
http://www.culture.gouv.fr/Actualites/Notre-Dame-medias-musique-Les-grands-dossiers-de-la-
rentree
59 Dispositif sur les échanges musicaux France-Chine (2019 – 2024), Le Bureau Export [En ligne].
2019. [Consulté le 12 septembre 2019]. Disponible à l’adresse :
https://www.lebureauexport.fr/info/2019/07/france-dispositif-sur-les-echanges-musicaux-france-
chine-2019-2024/
60 A European music export strategy : final report, Rapport de la Commission européenne [En
ligne]. 2020. [Consulté le 30 avril 2021]. Disponible à l’adresse : https://op.europa.eu/en/publication-
detail/-/publication/d7de0905-68c5-11ea-b735-01aa75ed71a1
61 La Nouvelle-Orléans est française jusqu’en 1803.
62 Hervé LACOMBE, op. cit., p. 182.
63 Edith BORROFF, American Operas : A Checklist, Warren (Mich) : Harmonie Park Press, 1992 ;
cité dans Hervé Lacombe, Géographie de l’Opéra au XXe siècle. Paris : Fayard, 2007, p. 196.
64 « Interview de Peter Gelb, Directeur Général du Metropolitan Opera », Tutti Magazine [En ligne].
2012. [Consulté le 3 novembre 2019]. Disponible à l’adresse : http://www.tutti-
magazine.fr/news/page/Interview-Peter-Gelb-Metropolitan-Opera-Met-Live-in-HD-fr/
65 « Peter Gelb : “L’Opéra de New-York ? C’est le meilleur de l’Amérique” », Le Figaro [En ligne].
2018. [Consulté le 5 novembre 2019]. Disponible à l’adresse :
https://www.lefigaro.fr/musique/2018/04/22/03006-20180422ARTFIG00126-peter-gelb-l-opera-de-
new-york-c-est-le-meilleur-de-l-amerique.php
66 « Peter Gelb : “Nous devons mobiliser tout ce qui forge l’horizon intellectuel des jeunes
générations” », Forum Opéra [En ligne]. 2019. [Consulté le 5 novembre 2019]. Disponible à
l’adresse : https://www.forumopera.com/actu/peter-gelb-nous-devons-mobiliser-tout-ce-qui-forge-
lhorizon-intellectuel-des-jeunes-generations
67 Ibid.
68 Maud QUESSARD, « Quel soft-power pour les États-Unis ? La diplomatie publique de
l’administration Obama entre engagement et retrait », dans Frédéric CHARILLON & Célia BELIN
(dir.), Les États-Unis dans le monde, Paris : CNRS Éditions, 2016, p. 257-286. Maud Quessard note
que ce changement de conception de la diplomatie américaine fut formulé dans une note blanche
d’une sous-commission des Affaires étrangères du Congrès en 1964 : « Certains objectifs de
politique étrangère peuvent être poursuivis en traitant directement avec les habitants des pays
étrangers, plutôt qu’avec leurs gouvernements. Grâce à l’utilisation d’instruments et de techniques
de communication modernes, il est aujourd’hui possible d’atteindre des segments importants ou
influents des populations nationales – pour les informer, influencer leurs attitudes, et parfois peut-
être même pour les motiver à agir dans un certain sens (…) ».
69 Denis ROLLAND, Histoire culturelle des relations internationales : carrefour méthodologique,
Paris : L’Harmattan, 2004.
70 « Pour en finir (enfin) avec le regietheater », Resmusica [En ligne]. 2018. [Consulté le 23 janvier
2020]. Disponible à l’adresse : https://www.resmusica.com/2018/05/01/pour-en-finir-enfin-avec-le-
regietheater/
71 Maud QUESSARD, « Quel soft-power pour les États-Unis ? La diplomatie publique de
l’administration Obama entre engagement et retrait », dans Frédéric CHARILLON & Célia BELIN
(dir.), op. cit., p. 142.
72 Ibid., p. 143.
73 « Cultural Activities », FRUS 1955-1957, vol. IX, p. 508 ; cité dans Maud QUESSARD, « Quel
soft power pour les États-Unis ? La diplomatie publique de l’administration Obama entre
engagement et retrait », dans Frédéric CHARILLON & Célia BELIN (dir.), Les États-Unis dans le
monde, Paris : CNRS Editions, 2016, p. 143.
74 Maud QUESSARD, « Quel soft-power pour les États-Unis ? La diplomatie publique de
l’administration Obama entre engagement et retrait », dans Frédéric CHARILLON & Célia BELIN
(dir.), op. cit., p. 144.
75 Eric Ledell SMITH, Blacks in opera : an encyclopedia of people and companies, 1873-1993,
Londres : McFarland & Co Inc, 1995 ; cité dans Hervé LACOMBE, Géographie de l’opéra au
XXe siècle, Paris : Fayard, 2007, p. 184.
76 Michael COOPER, « This Summer, Opera Grapples With Race », The New York Times [En ligne].
2019. [Consulté le 24 janvier 2020]. Disponible à l’adresse :
https://www.nytimes.com/2019/05/30/arts/music/central-park-five-opera.html
77 Michael COOPER, « Seeing Voting Rights Under Siege, Philip Glass Rewrites an Opera », The
New York Times [En ligne]. 2015. [Consulté le 1er août 2020]. Disponible à l’adresse :
https://www.nytimes.com/2015/11/11/arts/music/revisiting-the-opera-appomattox-in-the-course-of-
human-events.html
78 Blue, Glimmergmass Festival [En ligne]. 2019. Disponible à l’adresse :
https://glimmerglass.org/events/blue/
79 Tazewell Thompson, « My Journey to Writing an Opera About Police Violence », The New York
Times [En ligne]. 2020. [Consulté le 29 juillet 2020]. Disponible à l’adresse :
https://www.nytimes.com/2020/06/17/arts/music/blue-opera-police-violence.html
80 Marie-Hélène BERNARD, « Croisements France-Chine ». Tierce : Carnets de recherches
interdisciplinaires en Histoire, Histoire de l’Art et Musicologie [En ligne], Numéros parus, 2018-3,
Dossier mis à jour le 02/03/2020. Disponible à l’adresse : https://tierce.edel.univ-
poitiers.fr/tierce/index.php?id=378.
81 Catherine CAPDEVILLE-ZENG, « Opéra », dans Thierry SANJUAN (dir.), Dictionnaire de la
Chine contemporaine, Paris : Armand Colin, 2006, p. 175.
82 Hervé LACOMBE, op. cit., p. 205.
83 Alain PEYREFITTE, De la Chine, Paris : Omnibus, Paris, 1997, p. 1329.
84 La Chine est déjà très active dans ce domaine, comme en témoigne le développement fulgurant
des Instituts Confucius, établissements culturels à but non lucratif qui dispensent partout dans le
monde des cours de langue et de civilisation chinoise. La Chine a inauguré en 2004 son premier
Institut à l’étranger, à Séoul (premier institut Confucius en France en 2005, à Poitiers). On comptait
en 2019 plus de 500 Instituts répartis dans environ 140 pays.
85 François-Régis DABAS, Quelle stratégie pour la Chine ?, Paris : Nuvis, 2012, p. 134.
86 Rapport présenté au XVIIe congrès du Parti communiste chinois, Perspectives Mondes [En ligne].
2007. [Consulté le 2 septembre 2020]. Disponible à l’adresse :
https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1885
87 Dans un discours prononcé lors du XVIIe congrès du Parti communiste chinois en 2007, Hu Jintao
déclare que le parti doit « renforcer la culture comme partie prenante du soft power du pays afin de
mieux garantir à la population les droits et les intérêts culturels de base » (« Hu Jianto calls for
enhancing soft power of Chinese culture », Xinhua, 15/10/07).
88 Audrey BONNE, La diplomatie culturelle de la république populaire de la Chine : enjeux et
limites d’une « offensive de charme », Paris : L’Harmattan, 2018, p. 17.
89 « Full text of Hu Jintao’s report to the 17th Party Congress », China Daily [En ligne]. 2007.
[Consulté le 29 avril 2019]. Disponible à l’adresse : http://www.chinadaily.com.cn/china/2007-
10/24/content_6204564_8.htm
90 Emmanuel LINCOT & Barthélémy COURMONT, La Chine en défi, Erick Bonnier, 2012, p. 138.
91 « Texte intégral du rapport de Xi Jinping au XIXe congrès du PCC », Xinhuanet [En ligne]. 2017.
[Consulté le 18 février 2020]. Disponible à l’adresse : http://french.xinhuanet.com/chine/2017-
11/03/c_136726219.htm
92 Pour David Shambaugh, aussi, la Chine « est devenue obsédée par le soft power » (David
SHAMBAUGH, China Goes Global, the partial power, New-York : Oxford University Press, 2013).
93 Barthélémy COURMONT, Chine, la grande séduction. Essai sur le soft power chinois, Paris :
Choiseul, 2009, p. 53.
94 David SHAMBAUGH, op. cit., p. 213-214.
95 Pan ZHONGQI & Huang RENWEI, Zhongguo de diyuan wenhua zhanlue (La stratégie géo-
culturelle de la Chine) Xiandai Guoji Guanxi, n°1, 2008, p. 44-49. Cité dans David SHAMBAUGH,
China Goes Global. The Partial Power, New-York : Oxford University Press, 2013, p. 216.
96 Ibid., p. 240.
97 Stéphanie BALME, La Tentation de la Chine, nouvelles idées reçues sur un pays en mutation,
Paris : Le Cavalier Bleu, 2013, p. 223.
98 Stéphanie BALME, op. cit., p. 212.
99 Étude menée par l’USC Center on Public Diplomacy, organisme de recherche sur la diplomatie
publique, et le cabinet de conseil Portland, le soft power chinois se classe 27e sur 30 [En ligne].
Disponible à l’adresse : https://softpower30.com/
100 Voir les articles suivants :
Bates GILL & Yanzhong HUANG, Sources and limits of chinese soft power, Survival, Global
Politics and Strategy, 2006. Disponible à l’adresse :
https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00396330600765377
Sheng DING & Robert A. SAUNDERS, Talking up China : an analysis of china’s rising cultural
power and global promotion of the Chinese langage, East Asia 23, 3-33, 2006. Disponible à
l’adresse : https://doi.org/10.1007/s12140-006-0021-2
Thomas LUM, Comparing global influence : china’s and US diplomacy, foreign aid, trade, and
investment in the developing world [En ligne], CRS Report for Congress, 2008. Disponible à
l’adresse : https://fas.org/sgp/crs/row/RL34620.pdf
Stéphanie BALME, La tentation de la Chine, Nouvelles idées reçues sur un pays en mutation, Paris :
Le Cavalier Bleu, 2013.
101 Jean-Pierre CABESTAN, La politique internationale de la Chine, entre intégration et volonté de
puissance, Paris : Les Presses de Science Po, 2015, p. 103.
102 Discours de Hu Jintao, janvier 2006 : « Le renforcement du statut international de la Chine et de
son influence internationale doit être reflété à la fois dans un hard power incluant l’économie, les
sciences et la technologie et la défense nationale, et dans un soft power comme la culture ». Cité par
Barthélémy COURMONT, Chine, la grande séduction. Essai sur le soft power chinois, Paris :
Choiseul, 2009, p. 52.
103 Emmanuel LINCOT & Barthélémy COURMONT, op. cit., p. 148.
104 David SHAMBAUGH, op. cit., p. 207.
105 Voir note 100, déclaration du diplomate Wu Jianmin.
106 Zheng LU-NIAN & Daniel HABER, Chine-Occident, le grand malentendu du XXIe siècle,
Paris : L’Harmattan, Paris, 2010, p. 81.
107 Jean-Marc PROUST, « Chine : quand l’opéra s’éveillera », Slate.fr [En ligne]. 2014. [Consulté le
30 janvier 2019]. Disponible à l’adresse : http://www.slate.fr/story/90927/opera-chine
108 Ariane BAVELIER, « Les opéras du bout du monde », Le Figaro [En ligne]. 2013. [Consulté le
10 septembre 2020]. Disponible à l’adresse : https://www.lefigaro.fr/musique/2013/05/10/03006-
20130510ARTFIG00187-les-operas-des-antipodes.php
109 Jean-Marc PROUST, op. cit.
110 Sarah DEFOIN-MERLIN, « Géographie et lieux de chant à Shanghai », EchoGéo [En ligne], 46 |
2018, mis en ligne le 31 décembre 2018. [Consulté le 14 janvier 2019]. Disponible à l’adresse :
http://journals.openedition.org/echogeo/16304
111 Ibid.
112 Laurent PETITGIRARD, L’Opéra de Pékin de Paul Andreu, Séance solennelle de l’Académie
des beaux-arts [En ligne]. 2019. [Consulté le 27 novembre 2019]. Disponible à l’adresse :
https://www.academiedesbeauxarts.fr/sites/default/files/inline-files/discours-laurent-petitgirard-
opera-de-pekin-de-paul-andreu-seance-solennelle-2019.pdf
113 Emmanuel LINCOT, De l’opéra au temple. L’œuvre de Paul Andreu à Pékin, revue Cités [En
ligne]. 2019. [Consulté le 15 janvier 2019]. Disponible à l’adresse : https://www.cairn.info/revue-
cites-2011-2-page-179.htm : « Dans la transformation mentale que suppose le passage du monde
quotidien au rêve éveillé de l’opéra, on pressent le rôle assigné par Andreu à cette étape centrale du
recours au parcours initiatique. S’offre au spectateur une allée centrale de marbre blanc de Xuzhou
flanquée de deux allées de briques d’or, ces briques chinoises de couleur grise fabriquées à Suzhou,
située près de Shanghai. Ce motif renvoie aux cheminements, jadis, de l’empereur dans la Cité
interdite voisine. Comme l’empereur, le spectateur siège dos au nord (caractérisé, dans les croyances
ancestrales, par l’humidité, l’obscurité, le froid et la couleur noire) et regarde la scène au sud
(région de la lumière, de la chaleur, du feu et de la couleur rouge). À sa gauche, l’est, région faste,
du matin, du printemps, correspondant à l’élément bois et à la couleur verte. À sa droite, l’ouest,
contrée néfaste, du soir, de l’automne, du rapport avec le métal, la mort et la couleur blanche
symbole de deuil. Cette association des couleurs aux régions cardinales était, dans la cosmologie
chinoise, l’expression des lois physiques de la nature. Quel est donc ce spectateur impérial à qui
Andreu réserve une place de choix ? Le Peuple. Le Peuple de Chine dont le régime communiste, à
travers son histoire pourtant tumultueuse, n’a jamais cessé de rechercher l’unanimité. »
114 Emmanuel LINCOT, op. cit.
115 Laurent PETITGIRARD, op. cit.
116 Colloque « Villes durables de demain » et hommage à Paul Andreu à l’Ambassade de France en
Chine, Ambassade de France à Pékin, ministère de l’Europe et des Affaires étrangères [En ligne].
2019. [Consulté le 13 décembre 2019]. Disponible à l’adresse : https://cn.ambafrance.org/Colloque-
villes-durables-de-demain-et-hommage-a-l
117 François BOUGON, Dans la tête de Xi Jinping, Paris : Actes Sud, Paris, 2017, p. 181.
118 Alain PEYREFITTE, Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera, Paris : Fayard, 1973.
119 Paroles citées par Alain Peyrefitte, dans Quand la Chine s’éveillera, Paris : Fayard, 1971, p. 238.
120 Alain Peyrefitte, op. cit., p. 238.
121 Ibid., p. 229. Alain Peyrefitte rapporte cette anecdote, représentative de l’idéologie de l’époque :
« Quel est le compositeur ? demandons-nous – Il n’y a pas de compositeur, nous répond-on ; cette
musique a été composée par les masses, armées de la pensée invincible du président Mao ». Au-
dessus de la fosse d’orchestre de l’Opéra de Wuhan, un calicot se déploie, reproduisant une
calligraphie de Mao : “Avec de l’étranger, faisons du national” ».
122 George WALDEN, China : a wolf in the world ?, Londres : Gibson Square, 2008, p. 216.
123 Jean-Marc PROUST, op. cit.
124 Opera Thaïs, NCPA [En ligne]. Disponible à l’adresse :
http://en.chncpa.org/whatson/zdyc/201711/t20171107_178839.shtml
125 Jean-Marc PROUST, op. cit.
126 « L’épopée Manas volée par la Chine », Courrier international [En ligne]. 2009. Disponible à
l’adresse : https://www.courrierinternational.com/breve/2009/10/23/l-epopee-manas-volee-par-la-
chine
127 Hubei Opera and Dance Drama Theatre King Zhuang of Chu, NCPA [En ligne]. Disponible à
l’adresse : http://en.chncpa.org/whatson/zdyc/201802/t20180211_182609.shtml
128 Ningbo Performing Arts Group Incorporated Company TU Youyou, NCPA [En ligne].
Disponible à l’adresse : http://en.chncpa.org/whatson/zdyc/201803/t20180315_183996.shtml
129 NCPA Opera Commission LAN Huahua, NCPA [En ligne]. Disponible à l’adresse :
http://en.chncpa.org/whatson/zdyc/201809/t20180920_190975.shtml
130 NCPA Commission & Chinese Epic Opera The Long March, NCPA [En ligne]. Disponible à
l’adresse : http://en.chncpa.org/whatson/zdyc/201803/t20180319_184069.shtml
131 Commission and Chinese Epic Opera The Long March appears in the Guangzhou Opera House
on invitation, NCPA [En ligne]. Disponible à l’adresse :
http://en.chncpa.org/NEWS/wzxw/201906/t20190605_203682.shtml
132 Shandong University of Arts Sandalwood Death (Opera Commission), NCPA [En ligne].
Disponible à l’adresse : http://en.chncpa.org/whatson/zdyc/201808/t20180828_189878.shtml
133 NCPA Opera Commission Jinsha River, NCPA [En ligne]. Disponible à l’adresse :
http://en.chncpa.org/whatson/zdyc/201805/t20180521_186204.shtml
134 2047 Apologue 2 by Director ZHANG Yimou, NCPA [En ligne]. Disponible à l’adresse :
http://en.chncpa.org/whatson/zdyc/201803/t20180319_184065.shtml
135 Marie-Hélène BERNARD, Les compositeurs chinois à l’heure de la mondialisation R-R-R :
Résider-Résonner-Résister. Recherche dans les arts : présentation des travaux en cours, EHESS,
avril 2011, Paris, France. Disponible à l’adresse : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-
00670728/document
136 Marie-Hélène BERNARD, « Croisements France-Chine ». Tierce : Carnets de recherches
interdisciplinaires en Histoire, Histoire de l’Art et Musicologie [En ligne]. Numéros parus, 2018-3,
Dossier, mis à jour le 2/03/2020. [Consulté le 10 septembre 2020] Disponible à l’adresse :
https://tierce.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=378
137 En France, par exemple, si l’État participe à hauteur d’environ 60 % au financement des 22
théâtres lyriques, il n’est pas dans l’usage, à la différence de la Chine, de financer prioritairement
telle ou telle œuvre selon la thématique abordée.
138 L’opéra Tian Han, qui fait partie du programme « Développement de l’héritage opératique » du
ministère chinois de la Culture et du Tourisme, évoque la vie de l’écrivain chinois Tian Han qui a
notamment composé les paroles de l’hymne de la République populaire de Chine, « La Marche des
Volontaires », inscrit dans la Constitution chinoise en 2004. Tian Han est mort emprisonné pendant la
Révolution culturelle.
139 L’opéra Red Boat raconte l’histoire du premier congrès national du PCC en 1921, qui s’est tenu,
en partie, sur un bateau, sur le lac Nanhu à Jiaxing. Parmi les personnes présentes à ce congrès
originel figurait Mao Zedong.
140 Humanities & Social Sciences, Peking University [En ligne]. Disponible à l’adresse :
http://english.pku.edu.cn/research_humanity.shtml
141 Pauvreté, pourcentage de la population vivant avec moins d’un dollar par jour (PPP),
Perspectives Mondes [En ligne]. 2016. [Consulté le 4 mai 2021]. Disponible à l’adresse :
https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays/?
codeStat=SI.POV.DDAY&codePays=chn&codeTheme=2
142 PIB ($ US constant 2010), Perspectives Mondes [En ligne]. 2019. [Consulté le 4 mai 2021].
Disponible à l’adresse : https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?
codeTheme=2&codeStat=NY.GDP.MKTP.KD&codePays=CHN&optionsPeriodes=Aucune&codeTh
eme2=1&codeStat2=x&codePays2=CHN&optionsDetPeriodes=avecNomP
143 Inscriptions à l’école, enseignement supérieur (% brut), La Banque mondiale [En ligne]. 2019.
[Consulté le 4 mai 2021]. Disponible à l’adresse :
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SE.TER.ENRR?
end=2019&locations=CN&start=1970
144 Selon Le Monde, on recensait 2 500 écoles de musique en 2008. Élodie CORVÉE, « Les
musiciens amateurs ont fait de sacrés progrès », Le Monde [En ligne]. 2011. Disponible à l’adresse :
https://www.lemonde.fr/culture/article/2011/06/20/les-musiciens-amateurs-ont-fait-de-sacres-
progres_1538342_3246.html
145 Vincent AGRECH, « Quand la Chine s’éveilla à notre musique », revue Diapason, n°687, février
2020, p. 25.
146 « Un marchand d’armes investit dans les salles de spectacle », France Musique [En ligne]. 2018.
[Consulté le 12 septembre 2019]. Disponible à l’adresse : https://www.francemusique.fr/emissions/la-
chronique-d-antoine-pecqueur/chine-un-marchand-d-armes-investit-dans-les-salles-de-spectacle-
66238
147 « Poly Culture Group Brings World Renowned China Philharmonic Orchestra for Landmark
Vancouvert Performance », Canadian Insider [En ligne]. 2016. [Consulté le 12 septembre 2019].
Disponible à l’adresse : https://www.canadianinsider.com/poly-culture-group-brings-world-
renowned-china-philharmonic-orchestra-for-landmark-vancouver-performance
148 Jacques WEBER (dir.), La France en Chine (1843-1943), Centre de recherches sur l’histoire du
monde atlantique, Nantes : Presses académiques de l’ouest, 1997, p. 103.
149 A.D.N., Shanghai, carton 172, 31 janvier 1929, Comité régional de Shanghai au consul général ;
cité dans Jacques WEBER, La France en Chine (1843-1943), Centre de recherches sur l’histoire du
monde atlantique, Nantes : Presses académiques de l’ouest, 1997, p. 118.
150 Albert SALON, L’action culturelle de la France dans le monde, thèse de doctorat, Paris,
Panthéon Sorbonne, 1981, p. 197 ; cité dans Jacques WEBER (dir.), La France en Chine (1843-
1943), Centre de recherches sur l’histoire du monde atlantique, Nantes : Presses académiques de
l’ouest, 1997, p. 106-107.
151 Jacques WEBER (dir.), op. cit., p. 117.
152 Bernard KROUCK, De Gaulle et la Chine. La politique française à l’égard de la République
Populaire de la Chine, Paris : Les Indes savantes, 2012, p. 386.
153 L’opéra La Fille aux cheveux blancs a été donné en France en 1977, d’après Alain Peyrefitte.
154 Alain PEYREFITTE, De la Chine, Paris : omnibus, 1997.
155 Les relations franco-chinoises, Rapport du Conseil économique et social, 1995, p. 146.
156 Lettre d’invitation envoyée à la compositrice Graciane Finzi, consultée par l’auteur.
157 Ibid.
158 Tournée en Chine de l’Orchestre national de France, Ambassade de France en Chine [En ligne].
2020. [Consulté le 4 mai 2021]. Disponible à l’adresse : https://cn.ambafrance.org/Tournee-en-Chine-
de-l-Orchestre-National-de-France
159 Vincent AGRECH, op. cit.
160 L’œuvre a paru chez Gallimard en 1985, et a fait l’objet de rééditions.
161 Victor H. MAIR, The Columbia History of Chinese Literature, Columbia University Press, 2002,
p. 642. Disponible à l’adresse : https://books.google.fr/books?
id=n2DfEmr2g0YC&pg=PA640&redir_esc=y#v=snippet&q=uncompromising%20moral%20vision
&f=false
162 Un premier livret a été écrit, mais, insatisfait, le metteur en scène l’a fait retravailler par un autre
auteur, ce qui n’a pas plus au premier librettiste. Le metteur en scène David Li Wei a proposé l’œuvre
au Grant théâtre national de Pékin, mais ce dernier ne l’a pas accepté non plus. En fin de compte,
l’institution a commandé une œuvre de style plus léger (opérette musicale) à un autre compositeur.
163 Louis FRÉDÉRIC, Le Japon, Dictionnaire et civilisation, Paris : Robert Laffont, 1996, p. 1 116.
164 Seiko SUZUKI, « Le gagaku, musique de l’Empire : Tanabe Hisao et le patrimoine musical
comme identité nationale », Cipango [En ligne]. 2013. [Consulté le 4 mai 2021]. Disponible à
l’adresse : https://journals.openedition.org/cipango/1999
165 Jing SUN, Japan and China as Charm Rivals, The University of Michigan Press, 2013, p. 25.
166 Ibid., p. 51.
167 Jean-Marie BOUISSOU, Géopolitique du Japon. Une île face au monde, Paris : Presses
universitaires de France, 2014, p. 118.
168 Arnaud LEVEAU, Géopolitique de la Corée du Sud. Une puissance paradoxale, Paris : Argos,
2014, p. 113.
169 Red Shoes, KOREA NATIONAL OPERA [En ligne]. Disponible à l’adresse :
http://www.nationalopera.org/ENG/Pages/Perf/Detail/Detail.aspx?
idPerf=500505&genreid=88&year=2020
170 Song SEUNG-HYUN, « Korea Opera Festival to begin from June 4 », The Korea Herald [En
ligne]. 2020. [Consulté le 13 août 2020]. Disponible à l’adresse :
http://www.koreaherald.com/view.php?ud=20200519000686
171 Jean-Claude RASPIENGAS, « L’Opéra de Mascate, un écrin de splendeur », La Croix [En
ligne]. 2018. [Consulté le 26 décembre 2018]. Disponible à l’adresse : https://www.la-
croix.com/Culture/Musique/LOpera-Mascate-ecrin-splendeur-2018-12-26-1200991716
172 Marc VALERI, Le sultanat d’Oman, une révolution en trompe-l’œil, Paris : Khartala, 2007, p.
216.
173 Ibid., p. 217.
174 Oman : les années de la réussite, Mascate, Ministère de l’Information, 2001, p. 114 ; cité dans
Marc VALERI, Le sultanat d’Oman, une révolution en trompe-l’œil, Paris : Khartala, 2007.
175 Ibid., p. 224.
176 Marie-Aude ROUX, « Oman, un opéra ouvert sur le monde », Le Monde [En ligne]. 2019.
[Consulté le 3 mars 2020]. Disponible à l’adresse :
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/04/05/oman-un-opera-ouvert-sur-le-
monde_5446077_3246.html
177 Caroline PIQUET, Les défis de l’identité aux Émirats arabes unis ; cité dans Emma SOUBRIER
(coord.), Les pays du Conseil de coopération du Golfe. Nouvelles puissances du monde arabe ?,
Paris : Éditions du Cygne, 2014.
178 Cynthia GHORRA-GOBIN, « Une ville mondiale est-elle forcément une ville globale ? Un
questionnement de la géographie française », revue L’Information géographique [En ligne], 02/2007,
Vol.71, p. 32-42 [Consulté le 12 novembre 2020]. Disponible à l’adresse :
https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2007-2-page-32.htm?contenu=article
179 Thierry BURON, « Dubaï : mise en scène d’une ville-monde », revue Conflits, n°15, octobre-
décembre 2017, p. 80-81.
180 Rob GARRATT, « A grand opening at Dubai Opera », The National [En ligne]. 2016. Disponible
à l’adresse : https://www.thenational.ae/uae/a-grand-opening-at-dubai-opera-1.154703
181 « Dubaï inaugure son opéra », France Musique [En ligne]. 2016. Disponible à l’adresse :
https://www.francemusique.fr/opera/dubai-inaugure-son-opera-249
182 Caroline PIQUET, Les défis de l’identité aux Émirats arabes unis. Cité in Emma SOUBRIER
(coord.), op. cit., p. 134.
183 Rory MILLER, Desert Kingdoms to Global Powers. The rise of the Arab Gulf, Yale University
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184 Promoting the Arts, Department of Culture and Tourism [En ligne]. 2016. [Consulté le
10 septembre 2020]. Disponible à l’adresse :
https://tcaabudhabi.ae/en/what.we.do/culture/promoting.the.arts.aspx
185 Émirats arabes unis, BNP Paribas [En ligne]. [Consulté le 5 novembre 2020]. Disponible à
l’adresse : https://www.tradesolutions.bnpparibas.com/fr/explorer/emirats-arabes-unis/apprehender-
le-contexte-economique
186 L’expression est de William Guéraiche, professeur associé en sciences sociales à l’université
américaine de Dubaï.
187 Situation économique de Dubaï, Ministère de l’économie, des finances et de la relance [En
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188 Laure SEMPLE, « Le mégaprojet du Dubai Water Canal : fabrique d’une ville mondiale à travers
la construction d’un réseau touristique », Géoconfluences, 2017. Disponible à l’adresse :
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/de-villes-en-
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189 Alexis NORMAND, Les émirats du Golfe, au défi de l’ouverture, Paris : L’Harmattan, 2011, p.
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190 Mike DAVIS, Le stade Dubaï du capitalisme, Paris : Les Prairies Ordinaires, 2007.
191 Caroline PIQUET, Les défis de l’identité aux Émirats arabes unis. Cité dans Emma SOUBRIER
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193 Tribune de Françoise Cachin, Jean Clair et Roland Recht, « Les musées ne sont pas à vendre »,
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194 Jean-Jacques LARROCHELLE, « Patrimoine : le Théâtre impérial de Fontainebleau, tremplin de
la renommée », Le Monde [En ligne]. 23 août 2019. [Consulté le 23 août 2019]. Disponible à
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195 Claire ARSENAULT, « Le théâtre impérial de Fontainebleau retrouve son lustre grâce à Abou
Dhabi », RFI [En ligne]. 4 mai 2014. [Consulté le 23 août 2019]. Disponible à l’adresse :
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dhabi-mecenat
196 Ce dernier a signé avec l’hôtel de la Marine, en 2018, une convention s’étalant sur 20 ans afin de
présenter des expositions permanentes et temporaires de la collection d’art de l’émir Hamad bin
Abdullah. En contrepartie de la mise à disposition des lieux par la France, le Qatar aurait déboursé
20 millions d’euros. Emmanuelle GIULIANI, « L’hôtel de la Marine, vitrine pour le Qatar », La
Croix [En ligne]. 23 octobre 2018. [Consulté le 23 août 2019]. Disponible à l’adresse :
https://www.la-croix.com/Culture/Lhotel-Marine-vitrine-Qatar-2018-10-28-1200979195
197 Denis BAUCHARD, « La France et les émirats et monarchies du Golfe. Un partenariat d’intérêt
mutuel », revue Pouvoirs, 2015, n°152, p. 107-120. Disponible à l’adresse :
https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2015-1-page-107.htm?contenu=article
198 William GUÉRAICHE, Géopolitique de Dubaï et des Émirats arabes unis, Nancy : Arbre bleu,
2014, p. 127.
199 Mehdi LAZAR, Le Qatar aujourd’hui. La singulière trajectoire d’un riche émirat, Paris :
Michalon, 2013, p. 180.
200 Ibid., p. 184.
201 Nabil ENNASRI, L’énigme du Qatar, Paris : Armand colin, 2013, p. 144.
202 Antoine PECQUEUR, « Le Philharmonique du Qatar : Bartok et Mozart au pays de l’or noir »,
revue Classica, décembre 2012 – janvier 2013, p. 67.
203 Pascal BONFICACE & Sylvie MATELLY, Les relations économiques entre la France et le
Qatar : des bénéfices mutuels, étude de l’IRIS, mars 2016, p. 40. Disponible à l’adresse :
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205 Nouveau programme de l’année culturelle Qatar-France 2020, ministère de l’Europe et des
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208 Mehdi LAZAR, Op. cit., p. 177.
209 Concept créé par Loïc Ravenel, maître-conférencier à l’université de Franche-Comté et co-auteur
de L’Atlas du sport mondial. Business et spectacle : l’idéal sportif en jeu, Paris : Autrement, 2010.
210 « Qatar : le Club Med des terroristes », Courrier international [En ligne]. 20 septembre 2014.
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https://www.courrierinternational.com/article/2014/09/30/le-club-med-des-terroristes
211 Christian CHESNOT & Georges MALBRUNOT, Qatar papers. Comment l’émirat finance
l’islam de France et d’Europe, Paris : Michel Lafon, 2019. Les journalistes Georges Malbrunot et
Christian Chesnot ont révélé des documents confidentiels qui montrent comment la plus puissante
ONG de l’émirat, Qatar Charity, « liée au sommet de l’État qatarien », mène un certain prosélytisme
en France et en Europe via des projets de financement de mosquées, d’écoles et de centres
islamiques, au profit d’associations liées à la mouvance des Frères musulmans.
212 Antoine PECQUEUR, op. cit., p. 70.
213 , Alwantan News [En ligne]. [Consulté le 10 septembre 2020]. Disponible à
l’adresse : https://urlz.fr/dMij
214 Ibid.
215 Ariane BAVELIER, « Les opéras du bout du monde », Le Figaro [En ligne]. 10 mai 2013.
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216 Dreams of a Traveler – A Tale from Muharraq, Bahrain Authority for Culture & Antiquities [En
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217 Muharraq Capital of Islamic Culture 2018, Bahrain Authority for Culture & Antiquities [En
ligne]. Disponible à l’adresse :
http://culture.gov.bh/en/authority/CulturalHighlights/MuharraqCapitalofIslam icCulture2018/
218 Fatiha DAZI-HÉNI, L’Arabie Saoudite en 100 questions, Paris : Tallandier, 2017, p. 132.
219 Certains auteurs critiquent cependant cette réappropriation de la culture bédouine par l’État.
Ainsi, Pascal Ménoret, agrégé de philosophie et ancien collaborateur de l’ambassade de France à
Riyad, distingue par exemple « la conservation de coutumes et de comportements inentamés par la
modernisation, et la réinvention d’une tradition artificielle ou factice en réponse à la modernisation
et comme un ultime avatar de la modernité ». L’auteure saoudienne Faziya Abu Khalid, citée par
Pascal Ménoret, critique aussi la confusion entretenue selon elle entre la modernité matérielle et
l’héritage spirituel qui ne peut aboutir qu’à la construction artificielle d’une culture nationale. Cité
dans Pascal MÉNORET, L’énigme saoudienne, les saoudiens et le monde, 1744-2003, Paris : La
découverte, 2003, p. 191-192.
220 Faisal ALMEJFEL, Les relations entre la France et l’Arabie Saoudite, de 1967 à 2012, Paris :
L’Harmattan, 2014, p. 379. Page 372, Faisal Almejfel écrit par ailleurs : « Après le 11 septembre,
Riyad a adopté une nouvelle politique étrangère dans le domaine culturel, surtout pour les
programmes relatifs aux bourses d’études. De plus, de nouvelles classes sont construites sur le
modèle occidental. La France ne saisit pas cette occasion et ce sont les États-Unis et la Grande-
Bretagne qui en bénéficient. En France, il n’y a que 1500 étudiants saoudiens, contre 40 000
étudiants saoudiens en Grande-Bretagne et 200 000 aux États-Unis. »
221 Caroline PIQUET, Les pays du Golfe, de la perle à l’économie de la connaissance : les nouvelles
terres du libéralisme, Paris : Armand Colin, 2013, p. 149.
222 Yasmina TOUAIBIA, Arabie Saoudite, Paris : De Boeck Supérieur, 2018, p. 94.
223 Fatiha DAZI-HÉNI, op. cit., p. 145.
224 « La Scala lance une école de musique en Arabie Saoudite sur fond de polémique en Italie », Le
Figaro [En ligne]. 28 mars 2019. [Consulté le 4 avril 2019]. Disponible à l’adresse :
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de-polemique-en-italie-20190328
225 « Arabie Saoudite : la France et l’Opéra de Paris vont aider à la création d’un orchestre », France
Musique [En ligne]. 10 avril 2018. [Consulté le 28 mars 2019]. Disponible à l’adresse :
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aider-a-la-creation-d-un-orchestre-60967
226 Daniel BASTIEN, « L’Arabie Saoudite frappe les trois coups de la culture et du
divertissement », Les Echos [En ligne]. 22 février 2018. [Consulté le 25 août 2020]. Disponible à
l’adresse : https://www.lesechos.fr/2018/02/larabie-saoudite-frappe-les-trois-coups-de-la-culture-et-
du-divertissement-985102
227 Pacte conclu entre les États-Unis et l’Arabie saoudite en février 1945. À l’issu de cet accord, le
premier s’engage à protéger militairement le second en échange d’une garantie d’approvisionnement
en pétrole.
228 Faisal ALMEJFEL, op. cit., p. 380-381.
229 Antoine PECQUEUR, « Arabie Saoudite et opéras », La Lettre du Musicien [En ligne]. 2 avril
2019. Disponible à l’adresse : https://www.lalettredumusicien.fr/s/articles/6011_317_arabie-saoudite-
et-operas?idarticle=6011
230 David RIGOULET-ROZE, Géopolitique de l’Arabie Saoudite, Paris : Armand Colin, 2005, p.
128.
231 Franck TÉTARD, La péninsule arabique : cœur géopolitique du Moyen-Orient, Paris : Armand
Colin, 2017, p. 166.
232 Rapport McKinsey, décembre 2015 ; cité dans Fatiha DAZI-HÉNI, L’Arabie Saoudite en 100
questions, Paris : Tallandier, p. 165.
233 Fatiha DAZI-HÉNI, op. cit., p. 166.
234 Pour Rory Miller, professeur à l’université de Georgetown au Qatar et auteur de « Desert
Kingdoms : The Rise of the Arab Gulf », les initiatives de l’Arabie Saoudite soulèvent « un certain
scepticisme quant à savoir si l’investissement massif dans les pôles culturels du golfe ne sont pas
principalement motivés par des objectifs moins idéalistes, d’abord et avant tout un désir de
transformer la région en une destination artistique à la mode qui peut attirer des touristes haut de
gamme. » (p. 295)
Chapitre III
Thématiques et concours
235 En 2010, Jean-Claude Yon rappelait, dans un article de la revue de l’École des Chartes, que les
sujets liés à l’Antiquité gréco-romaine ont toujours inspiré les créations de l’Opéra de Paris au cours
du XIXe siècle. Un arrêté parisien de 1807 stipulait comme suit : l’Opéra « peut seul représenter les
pièces qui sont entièrement en musique et les ballets du genre noble et gracieux : tels sont tous ceux
dont les sujets ont été puisés dans la mythologie ou dans l’histoire, et dont les principaux
personnages sont des dieux, des rois ou des héros. » Arrêté cité par Nicole Wild, Dictionnaire des
théâtres parisiens au XIXe siècle, Paris : Aux amateurs de livres, 1989 ; cité dans Michel NOIRAY &
Solveig SERRE, Le répertoire de l’Opéra de Paris (1671 – 2009), analyse et interprétation, études et
rencontres de l’École des Chartes. Disponible à l’adresse : http://www.chartes.psl.eu/fr/publication/r
epertoire-opera-paris-1671-2009
236 Sunyoung Seo, Opera base. Disponible à l’adresse : https://www.operabase.com/a/sunyoung-
seo/16367/fr
237 Youngmin Park, Opera base. Disponible à l’adresse : https://www.operabase.com/a/jongmin-
park/8735/fr
238 Hansung Yoo, Opera base. Disponible à l’adresse : https://www.operabase.com/a/hansung-
yoo/24147/fr
239 Kate MOLLESON, « How Mongolia went wild for opera », The Guardian [En ligne]. 2 janvier
2018. Disponible à l’adresse : https://www.theguardian.com/music/2018/jan/02/how-mongolia-went-
wild-for-opera-ariunbaatar-ganbaatar
240 « From the steppes to the stage », BBC Radio 4 [En ligne]. 11 janvier 2018. Disponible à
l’adresse : https://www.bbc.co.uk/programmes/b09l1ygv
241 Enkhbatyn Amartüvshin, Mongolia state academic theater of opera and ballet, E. Amartuvsin,
« Eri tu… », BBC Cardiff Singer of the World 2015. [Vidéo]. 2015. Disponible à l’adresse :
https://www.youtube.com/watch?v=9-cR75I9Rmw
242 Jean-Michel OGIER, « Triomphe sud-coréen au 51e Concours international de chant de
Toulouse », France Info [En ligne]. 12 septembre 2016. Disponible à l’adresse :
https://culturebox.francetvinfo.fr/opera-classique/musique-classique/triomphe-sud-coreen-au-51e-
concours-international-de-chant-de-toulouse-245861
243 Concours international de chant « Robert Massard », AGT Opéra de Bordeaux. Disponible à
l’adresse : http://agtbordeaux.blogspot.com/2016/0 1/concours-international-de-chant-robert.html
244 https://www.youtube.com/watch?v=peJTLsB1tcI
245 Haeran Hong, Opera base. Disponible à l’adresse : http://operabase.com/a/Haeran_Hong/6669/fr
246 Sumi Hwang, Opera base. Disponible à l’adresse :
http://operabase.com/a/Sumi_Hwang/21982/fr
247 Sumi Hwang, G. Puccini Si, Mi chiamano mini from Opera La Bohème, Concert du centre des
arts de Séoul [Vidéo]. 2015. Disponible à l’adresse : https://www.youtube.com/watch?
v=q82CXn6DIzk
248 « Les candidats du Concours Reine Élisabeth sont connus », RTBF, 5 mars 2018. Disponible à
l’adresse : https://www.rtbf.be/culture/musique/concours-reine-elisabeth/detail_les-candidats-du-
concours-reine-elisabeth-sont-connus?id=9858123
249 Lauréats concours international chant 2011, Concours Long Thibaud-Crespin. Disponible à
l’adresse : http://www.long-thibaud-crespin.org/concours/chant-2011.html
250 Kihwan Sim, Opera base. Disponible à l’adresse : https://www.operabase.com/a/kihwan-
sim/9735/fr
251 Programma del concerto finale, Concours lyrique international Adriana Maliponte. Disponible à
l’adresse : https://docs.wixstatic.com/ugd/4d50ad_623a596f627e4c2a8326f6bb31ef1f5a.pdf
252 Seconda Edizione Concorso Lirico Internazionale, Associazone Artistico Culturale Italiana.
Disponible à l’adresse : https://www.assivtc.org/concorsi
253 Thierry HILLÉRITEAU, « La déferlante asiatique à l’opéra », Le Figaro [En ligne]. 25 juin
2013. Disponible à l’adresse : http://premium.lefigaro.fr/musique/2013/06/25/03006-
20130625ARTFIG00259-la-deferlante-asiatique-a-l-opera.php
254 « Opéra : les chanteurs asiatiques peuvent-ils faire carrière en France ? », France Musique [En
ligne]. 20 octobre 2017. Disponible à l’adresse : https://www.francemusique.fr/opera/pas-facile-de-
faire-carriere-dans-le-lyrique-quand-est-chanteur-d-origine-asiatique-37901
255 Ibid.
256 Anne-Laure LEMANCEL, La composition musicale au Conservatoire de Paris : un
rayonnement international, Sacem, blog de la fabrique culturelle, 15 janvier 2019. Disponible à
l’adresse : https://la-fabrique-culturelle.sacem.fr/blog/education-sacem/la-composition-musicale-au-
conservatoire-de-paris--un-rayonnement-international
CONCLUSION
Nous avons voulu montrer dans quelle mesure le monde de l’opéra est
parfois tributaire d’un environnement culturel, social, politique, ou pouvait
être le bras culturel d’enjeux géopolitiques.
En Europe, l’art lyrique bénéficie aujourd’hui d’un patrimoine culturel
important et de ressources qui lui permettent de rester en tête pour une
créativité de qualité. Il n’est plus, à la différence du XIXe siècle, un enjeu
identitaire imbriqué dans des rivalités géopolitiques. La vocation de
l’Europe et de la France en particulier est d’assumer cet héritage culturel, et
de le faire prospérer.
La France compte développer et promouvoir une diplomatie culturelle et
d’influence dont on peut espérer que l’opéra en soit une des composantes.
Les autorités travaillent sur une stratégie qui tente d’articuler une politique
d’exportation des œuvres et des créations avec un meilleur ciblage des
publics. Mais ces initiatives ne peuvent réussir qu’à condition de reposer
sur des convictions et une exécution suivie de la stratégie définie, eu égard
aux retombées positives pour la France.
Aux États-Unis, le rayonnement international de l’art lyrique bénéficie en
grande partie de la renommée historique du Met Opera, dont le théâtre new-
yorkais a su investir des moyens dignes d’Hollywood pour diffuser ses
spectacles dans les cinémas du monde entier. Pour autant, le rayonnement
artistique de l’institution fait quelque peu écran aux activités des autres
théâtres aux États-Unis, où la création suit de près l’histoire contemporaine
du pays.
Si en Chine le théâtre jouit d’une longue tradition, un regain d’intérêt pour
l’opéra a été constaté ces dernières années ; la mise à contribution de
l’université dans le domaine de l’art lyrique, par exemple, montre qu’une
dynamique volontariste de développement est enclenchée. Mais au moment
où la jeunesse du pays est plus disposée que les générations précédentes à
assister à des représentations lyriques, l’opéra redevient un vecteur de
propagande des autorités communistes. Dans ce contexte de durcissement
du régime, l’opéra chinois est encore loin de s’imposer comme une
référence culturelle nationale, et encore moins internationale.
Dans les États arabes du Golfe, enfin, l’opéra a fait en moins de dix ans une
percée remarquable sur la scène régionale. Les nouveaux temples lyriques
viennent en appui du rayonnement des mégalopoles ; pour ces monarchies
pétrolières, ils sont le symbole de leur volonté de grandeur, l’espoir de faire
jeu égal avec l’Occident et l’affirmation de pouvoirs régionaux. Mais cette
dynamique architecturale court le risque de n’être qu’une coquille vide si
elle ne s’adosse pas à une politique de formation de qualité.
L’opéra apparaît comme un révélateur intéressant de la valeur qu’une
société accorde à la culture : espace de liberté, production de sens,
exploration spirituelle, quête d’absolu, ou bien uniformisation des esprits et
des représentations, politisation de la création, voire financiarisation des
échanges. Si en France une tradition de liberté de création se perpétue et
enrichit le patrimoine lyrique, il en va autrement en Chine : l’opéra est au
contraire perçu par les autorités comme un instrument politique au service
de l’idéologie du Parti communiste.
De leur côté, les pays du Golfe profitent de l’image de prestige dont jouit
l’opéra en Occident pour investir ce secteur comme ils le font dans d’autres
domaines (musées, sites archéologiques, etc.). Encore faut-il que cette
réplique d’un art européen sur des terres vierges de toute tradition lyrique
soit inscrite dans un projet national et culturel cohérent, où la création
locale serait par exemple mise à l’honneur, ce qui est encore loin d’être le
cas. De leur côté, les États-Unis ont peut-être trouvé un certain équilibre
entre le rayonnement international d’un art classique, via l’institution phare
du Met Opera, et la création contemporaine.
Dans les différents cas analysés, nous avons constaté que si la forme
institutionnelle a été copiée, le contexte culturel (philosophique,
religieux…) et politique (démocratie, parti unique, monarchies…) de
chaque pays a engendré des contenus différents, à l’image des enjeux
culturels et politiques propres à chaque zone géographique. L’opéra peut,
grâce à sa richesse de créations, rayonner au profit d’un pays et d’une
culture, mais également être mis à l’honneur par un régime, avec une
intention déclarée ou non de valoriser ce régime ou une identité nationale.
Quel que soit le pays étudié, l’image d’un art jugé « passéiste » ne résiste
pas à l’analyse ; les exemples abondamment cités ci-dessus démontrent, au
contraire, qu’il demeure un art ancré dans le présent. Les nouvelles œuvres,
les thématiques abordées et le succès des concours lyriques sont la preuve
d’une émulation certaine chez les créateurs autant que chez les interprètes.
Si les dynamiques de développement de l’opéra ont évolué différemment au
cours des dernières décennies, c’est que l’engouement contemporain de
l’opéra, que d’aucuns ont pu constater, est autant le produit d’une longue
histoire que le reflet d’une époque257.
Après ce parcours nécessairement limité de l’opéra dans le monde austère
de la géopolitique, ne perdons pas de vue cependant que son
développement, autant en Europe que dans le reste du monde, est dû avant
tout à la magie de la beauté que cet art total a pu exercer sur plusieurs
générations de publics, d’artistes et de compositeurs. Il est une forme
d’expression de la spiritualité humaine, forme dans laquelle tout homme,
quelle que soit sa culture, peut se retrouver et s’exprimer.
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df
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
Chapitre I : Genèse et diffusion de l’opéra
Les processus de mondialisation de l’opéra
L’Égypte et la Turquie : premières formes lyriques
à l’est de la Méditerranée
Une nouvelle mondialisation ?
Chapitre II : Les enjeux du monde de l’opéra
dans une nouvelle géographie des espaces lyriques
A.La France en Europe
Une stratégie de rayonnement fondée
sur le ciblage géographique
Quand le baroque s’exporte
B.Les États-Unis
L’opéra et ses créations, reflet de l’histoire
contemporaine des États-Unis
C.La Chine et ses voisins
Une politique culturelle axée sur l’idéologie
du Parti communiste chinois
Des discours aux actes : un soft power chinois à relativiser
Les constructions de nouveaux théâtres lyriques en Chine
Le patriotisme comme « objet de création »
Le répertoire lyrique chinois dans le contexte politique actuel
La Chine, nouvelle puissance musicale ?
Quelles relations entre la Chine et la France ?
La Chine et son environnement immédiat :
le Japon et la Corée du Sud
D.Les États arabes du Golfe
1. Oman
2. Émirats arabes unis
3. Qatar
4. Bahreïn
5. Arabie saoudite
Chapitre III : Thématiques et concours
A.Les thématiques abordées dans les opéras
B.Les concours internationaux de chant lyrique
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE