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HISTOIRE, GEOGRAPHIE ET GEOPOLITIQUE DU MONDE

CONTEMPORAIN

Section III : L’Union européenne : intégration et fragmentation


I) L’union européenne : un processus d’intégration inédit
1. Une harmonisation des politiques, facteur d’unité
a. Une union économique, voire monétaire : L’OIG la plus aboutie
L’UE vise à mettre en place des politiques communes, en commençant par le domaine économique. En
matière, c’est l’OIG régionale la plus avancée en termes d’approfondissement de l’intégration. Dans la
typologie des Théories de l’intégration économique posée en 1961 par l’économiste états-unien d’origine
hongroise Béla Balassa, l’UE actuelle est la seule au 4e degré sur les cinq. Elle a dépassé les stades de la
zone de libre-échange (suppression des droits de douane entre membres) avec la CECA puis la CEE, de
l’union douanière (établissement d’un tarif douanier commun vis-à-vis de l’extérieur) et du marché
commun (libre circulation des capitaux et des travailleurs avec la mise en place effective de
l’espace Schengen en 1995, suite aux accords et à la Convention signés dans la ville éponyme
respectivement en 1985 et 1990). Elle se situe désormais au degré de l’Union économique et monétaire,
depuis la mise en place effective de l’euro, en 1999 pour les bourses et en 2002 comme monnaie d’usage
au quotidien.
Elle n’est pas (encore) une union politique. En réalité, au sens strict, seuls les Etats membres de la zone
euro et de l’espace Schengen à la fois de l’union économique et monétaire. Les politiques monétaires,
économiques et fiscales sont de plus en plus harmonisées entre les Etats membres.

b. Des politiques pour corriger les inégalités territoriales à toutes les échelles ?
L’UE cherche en effet à réduire les écarts de développement entre territoire pour favoriser l’intégration
européenne : les régions les plus pauvres alors logiquement les plus aidées, tandis que les territoires les
plus développés deviennent des contributeurs nets au budget de l’UE. Parmi les politiques européennes, la
principale, en termes de budget, est la Politique agricole commune, créée en 1962. La PAC relève de
deux fonds structurels européens, le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) et
le FEAGA (Fonds européen agricole de garantie, qui a pris la suite du FEOGA, Fonds européen
d’orientation et de garantie agricole, en 2007, avec ses Organisations communes de marché s’y ajoute le
FEDER, Fonds européen de développement régional, qui vise spécifiquement à réduire les écarts de
développement entre régions des pays membres.
Une ambitieuse politique d’interconnexion des réseaux de transport (route européenne E9 d’Orléans à
Barcelone) vient renforcer tout autant qu’illustrer l’intégration des territoires promue par l’UE. L’Union
finance la construction d’importantes infrastructures : des ponts et surtout de tunnels transfrontaliers
notamment dans les Alpes (tunnel ferroviaire du Brenner entre Autriche et Italie, commencé en 2011 et
financé à 50 % par l’UE comme maillon essentiel d’un corridor reliant Munich à Vérone et à terme
Helsinki à la Valette) et les Pyrénées. Enfin, le FSE, Fonds social européen, intervient dans les territoires
les plus en difficulté et en crise, notamment face aux fermetures des mines et de l’industrie.
L’outre-mer n’est pas en reste : les territoires ultra-marins membres de l’UE disposent tous du statut de
« Région Ultrapériphérique » de l’UE (RUP) qui leur donne droit à des subventions supplémentaires et à
des dérogations pour compenser leur handicap.

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2. Des valeurs et des symboles communs pour créer de l’unité


a. Une réelle proximité culturelle et de valeurs valorisées par les politiques
européennes
Sur le plan politique, derrière la diversité des régimes politiques (républiques, monarchies, Etats
unitaires et fédéraux), le point commun essentiel repose sur les valeurs démocratiques et le respect des
droits humains. Il s’agit d’une condition sine qua non pour adhérer selon les critères de Copenhague
(1993) et les membres qui ne respecteraient plus ces principes encourraient des sanctions pouvant aller
jusqu’à la suspension ou l’exclusion. La CECA et la CEE étant nées de l’idée de créer une zone de libre-
échange, les Etats membres partagent également un point commun avec le libéralisme économique et
l’économie capitaliste de marché. Sur le plan religieux, la diversité peut être relativisée. Tous les pays
actuellement membres possèdent une majorité de la population de culture (à défaut de pratique effective)
chrétienne. Sur le plan linguistique, si quelques langues nationales (hongrois) ou régionales (basque)
sont des isolats linguistiques, langues non apparentées à d’autres, l’essentiel des langues pratiques sont
indo-européennes (langues romanes ou latines, germaniques et slaves), même si le finnois, l’estonien et le
hongrois sont des langues finno-ougriennes et même si le maltais est une langue chamito-sémitique
apparentée au Proche-Orient. Il y a donc bien dans l’UE des points communs culturels et en termes de
valeurs.

La carte des langues pratiquées en Europe: Après l'héritage des religions, L'Europe regroupe aussi une grande
diversité de langues, cependant seulement trois d'entre elles dominent : les langues Germaniques comme en
Allemagne ou Norvège par exemple essentiellement répandu dans le nord de l'Europe, les langues Romanes
comme en Italie ou en Espagne qui sont donc répandu dans le sud-ouest de l'Europe et enfin les langues Slaves
comme pour la Pologne ou encore la Bulgarie qui sont répandu dans l'Est de l'Europe. Ce groupe linguistique
domine en Europe car c'est l'héritage européen remontant à plusieurs siècles. Ce sont donc les langues
maternelles de la fondation de l'Europe.
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CARTE des religions présentent en Europe :


Il existe de nombreuses religions, mais en Europe deux seules dominent : le christianisme composé des
catholiques et des protestants. Ces religions dominent car elles étaient présentes dès le début de la formation de
l’Europe moderne. En effet, le Christianisme s’est développé dans l’espace de la conquête Romaine qui était
assez conséquent. Aujourd’hui malgré la supériorité quantitative du Christianisme, on retrouve une grande
diversité de religions en Europe.

b. Des symboles pour faire vivre l’identité européenne

 L’Union accorde les mêmes droits économiques et sociaux à travers tout l’espace communautaire
non seulement aux citoyens des nations qu’elle regroupe, mais aussi aux étrangers qui y sont
régulièrement installés. Mais la citoyenneté politique ne se déduit pas, pour l’instant, de ces droits
civils et sociaux.
 Introduite par le traité de Maastricht en 1992, la citoyenneté européenne ne vient pas remplacer la
citoyenneté nationale mais la compléter en accordant de nouveaux droits à toute personne ayant la
nationalité d’un État membre de l’Union. C’est une citoyenneté dite de « superposition ».
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 Les individus n’y accèdent qu’au travers de l’État dont ils sont les ressortissants. Elle n’est donc
pas ouverte aux résidents extra-communautaires.
 Les droits politiques qui sont accordés aux étrangers ressortissants d’un autre pays membre de l’UE
ne concernent que le droit de vote aux élections locales.

 Pour autant, un espace public européen se met progressivement en place : sur le plan médiatique,
des chaînes de télévision rendent compte de l’actualité européenne.
 Le rôle des échanges universitaires dans le cadre du programme Erasmus ou du processus de
Bologne d’harmonisation des diplômes crée les conditions d’un cadre universitaire européen.
Des symboles d’une Europe unie émergent lentement : le drapeau européen adopté le 26 mai 1986,
l’Ode à la Joie devenu l’hymne européen en 1985, la journée de l’Europe fêtée le 9 mai en souvenir
de la déclaration Schuman de 1950 et surtout l’euro, mis en circulation le 1er Janvier 2002 et qui
constitue certainement le signe le plus marquant

c. Des pratiques et des institutions politiques qui incarnent l’UE


Surtout, la citoyenneté européenne se manifeste par des pratiques et des institutions politiques. L’UE
dispose d’un organe exécutif, la Commission européenne, chaque pays disposant d’un commissaire
européen en charge d’une thématique (agriculture, commerce, transport, etc.). Elle siège à Bruxelles,
considérée comme la (principale) capitale de l’UE, au cœur du Benelux. Le président ou la présidente de
la Commission européenne incarne l’UE et la représente ; au Luxembourgeois Jean-Claude Junker, a
succédé la Néerlandaise Ursula Van Der Leyen.
Le deuxième grand organe européen est législatif : le Parlement européen siège à Strasbourg, tout près du
cœur battant de l’UE et de la dorsale européenne. Les eurodéputés sont élus directement par les citoyens
européens depuis 1979 (les ressortissants européens vivant dans un pays membre autre que le leur
peuvent voter) ; ces élections européennes rendent concrète l’appartenance politique à l’UE. Le Parlement
européen, traditionnellement dominé depuis l’origine par le centre-droit (Parti populaire européen) tend à
voir son rôle se renforcer, l’UE évoluant progressivement d’un modèle centré sur un exécutif fort à un
système parlementaire.
Le Conseil européen réunit les chefs d’Etat ou de gouvernement tandis que le Conseil de l’Union
européenne accueille les ministres liés à une thématique précise, les deux se tiennent à Bruxelles.
Luxembourg constitue la capitale judiciaire de l’UE avec le Cour de justice de l’Union européenne (un
juge par Etat membre), à ne pas confondre avec la Cour européenne des droits de l’homme, autre instance
judiciaire qui est liée non à l’UE mais au Conseil de l’Europe. La première tranche les litiges entre les
Etats membres et l’UE, notamment à propos de la compatibilité du droit national vis-à-vis du droit
européen (chaque Etat devant « transposer » dans son propre droit les directives européennes, sous peine
de sanctions) tandis que la seconde promeut le respect des droits de l’homme. Enfin, Francfort abrite la
Banque centrale européenne (BCE), qui gère l’euro mais aussi encore d’autres institutions, moins
connues, comme la Cour des comptes européennes (Luxembourg), le Comité économique et social
européen (Bruxelles), ou le Comité européen des régions (Bruxelles).

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 Des institutions plus démocratiques?

Le Sommet de Paris de 1974 a décidé que le parlement européen serait élu au suffrage universel à partir
de 1979. Bloqué jusqu’alors par la France gaulliste qui craignait une orientation fédérale, ce tournant
conforte la légitimité du Parlement et favorise par-là l’extension de ses compétences. Le traité sur l’Acte
unique lui permet de disposer d’un pouvoir de coopération, c’est à dire d’amendement, sur tous les textes
législatifs concernant la mise en place du marché unique (1986) ; le traité de Maastricht de 1992 poursuit
dans cette voie en lui conférant le pouvoir de codécision avec le conseil des ministres, notamment en
matière budgétaire. Le Parlement a aussi vu ses pouvoirs renforcés en matière de contrôle de l’exécutif :
depuis le traité d’Amsterdam (1997), il investit la commission européenne. Si le Parlement européen a
ainsi vu ses prérogatives étendues, il ne dispose pas de la totalité du pouvoir législatif. Il n’a aucun
pouvoir sur les recettes et n’a le dernier mot que sur la moitié des dépenses. Le traité de Lisbonne étend
toutefois le champ de la codécision à 50 nouveaux domaines (y compris sur le plan de l’immigration
clandestine et du contrôle des personnes aux frontières), lui permet de participer au vote sur le budget de
la PAC et d’élire, sur proposition du Conseil, le président de la Commission, qui, depuis les élections
européennes de juin 2014, est issu du groupe majoritaire au Parlement européen.

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2) L’union européenne : crises et fragmentation

Selon le dernier baromètre de la Commission européenne, réalisé à la fin de l'année 2019, les
Français sont les citoyens européens les plus sceptiques envers l'UE. En effet, seuls 32 %
déclarent qu'ils tendent à avoir confiance dans les actions de l'institution, soit la plus faible
proportion après les Britanniques (29 %), qui ont quitté officiellement l'UE Comme le montre notre
infographie, les niveaux de confiance les plus élevés, c'est à dire plus de 55 % de la population,
sont observés à la frontière orientale de l'UE (Lituanie, Bulgarie, Roumanie,...), dans les pays
scandinaves ainsi qu'au Portugal et en Irlande. À l'inverse, les citoyens des pays du pourtour
méditerranéen sont de loin les plus sceptiques : moins de 40 % des Grecs, Italiens et Espagnols
affirment faire confiance à l'UE.

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1. L’influence française s’étiole


avec l’élargissement vers l’Europe centrale et orientale, sur laquelle la France a peu d’influence,
s’éloigne le rêve de construire une Europe sur le modèle d’« une France élargie », servant les
intérêts de sa puissance et permettant en quelque sorte de jouer un rôle de compensation à la perte
de son empire colonial. Cela explique une partie des oppositions françaises à l’adhésion de la Turquie.
L’adoption, le 5 Février 2003, par les dix pays candidats d’Europe centrale et orientale, de la déclaration
de Vilnius soutenant l’intervention militaire étatsunienne en Irak, alors que la France s’y était opposée,
consacre ce tournant et la nécessité d’élaborer un compromis. Le retour de la France dans le
commandement intégré de l’OTAN en 2009 pourrait en constituer à ce titre un autre ferment possible.
Le rejet à plus de 55 % par les Français du projet de traité constitutionnel à l’occasion du débat
référendaire de 2005 représente également un autre motif de marginalisation des positions des élites
françaises par rapport aux critiques exprimées par une grande majorité de Français d’une construction
européenne trop technocratique et trop libérale. Il traduit aussi une perte d’influence de la France sur
l’évolution du processus d’intégration européenne, à l’égard des autres États membres.

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La France défend traditionnellement aussi un modèle social fondé sur un État protecteur, ce qui n’est pas
le cas du Royaume-Uni ni d’une majorité de pays d’Europe de l’Est, mais peut constituer un terrain
d’entente avec les Scandinaves, qui consacrent une part importante de leur budget à la protection sociale.

2. Le Royaume-Uni a quitté l’UE au moment où son influence européenne a gagné


du terrain

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Les Pays-Bas, l'Irlande et la Belgique seraient les plus touchés en cas de Brexit, tout simplement
parce qu'ils sont les plus exposés au commerce avec le Royaume-Uni et liés par un réseau
d'investissements croisés. Mais en valeur, c'est l'Allemagne qui encaisserait le plus gros choc. Elle
perdrait au total 6,8 milliards d'euros d'exportations de marchandises, dont 2 milliards pour le secteur
automobile et 1 milliard pour les machines.
La France serait, elle aussi, affectée au travers des mêmes mécanismes que l'Allemagne mais dans
une moindre mesure. Les secteurs les plus touchés seraient les machines, l'agroalimentaire et la chimie
qui afficheraient chacun des pertes de 0,5 milliard d'euros de manque à gagner d'ici à 2019.Pour les
analystes d'Euler Hermes, comme pour le Trésor britannique, c'est bien le Royaume-Uni qui serait le
plus directement et le plus durement touché.
L’effet Brexit serait particulièrement toxique si le pays ne renégociait pas un accord de libre-échange
avec l'Union européenne. Le pays sombrerait alors rapidement en récession. Il perdrait plus de 4
points de PIB en deux ans, la livre se dépréciant d'au moins 20 %. Les experts du Trésor avaient
calculé, eux, que le PIB serait inférieur de 3,6 % au bout de deux ans et même inférieur de 6 %
dans le cadre du scénario le plus pessimiste, l'économie perdant 820.000 emplois et les salaires 4
%.La conception britannique exprime, depuis les origines du processus d’intégration européenne,
une grande méfiance à l’égard des institutions communautaires, jugées trop bureaucratiques et
contraires à ses intérêts dès lors qu’elles pourraient distendre le lien avec les États-Unis.
L’indiscipline britannique s’est exprimée à différentes époques : quand M. Thatcher négocie la
ristourne de sa contribution au budget européen (1984), quand Londres montre son hostilité à l’égard
du traité de Maastricht (1992), ce qui installe le Royaume-Uni en dehors de la zone euro. Avec le
développement de la crise financière de la zone euro depuis 2009, les Britanniques se montrent de plus
en plus réticents à mutualiser des éléments de leur souveraineté pour construire une Europe monétaire
voire politique à laquelle ils n’ont jamais vraiment adhéré. L’arrivée au pouvoir des conservateurs en
2010 a renforcé ce sentiment ; si les Britanniques restent favorables au marché unique ou à coopérer
sur un plan européen dans le secteur de la défense, la question de la participation au budget européen
est à nouveau posée, sur fond de crise économique et budgétaire. C’est le sens du projet de référendum
organisé le 23 juin 2016 pour consulter l’opinion publique sur son souhait de rester ou non dans l’UE.
Les Britanniques ont voté finalement à 51,9 % en faveur du Brexit de manière toutefois très contrastée
sur un plan géographique, puisque si l’Angleterre a voté à 53,4 % en faveur du Brexit comme le Pays
de Galles à 52,3 %, l’Irlande du Nord et l’Écosse votèrent respectivement à 55,8 % et 62 %, à front
renversé, en faveur du remain. La même opposition peut se lire entre les votes métropolitains des
centres-villes plutôt favorables au remain et les votes ruraux et des régions industrielles en difficulté
plutôt favorables au Brexit.

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Cette carte permet de visualiser à quoi ressemblerait l’Union européenne après le Brexit. A sa droite,
cette carte représente sous la forme de camemberts les effets de la sortie du Royaume-Uni de l’UE pour la
population (-12,91%), le PIB (-15,16%) et la superficie (-5,4%).

3. L’« eurovolontarisme » allemand se fait plus tiède alors que son leadership est
de plus en plus critiqué

Pour l’Allemagne, la construction européenne constituait le moyen de s’amender des errements de la


guerre et de retrouver une place dans le giron européen. L’attractivité du modèle « rhénan » (économie
sociale de marché, Le terme a été popularisé par l'ouvrage de Michel Albert paru en 1991, Capitalisme
contre capitalisme) et leur efficacité industrielle et commerciale ont conduit les Allemands à imposer
petit à petit leur modèle économique et monétaire au reste de l’Europe. Berlin a aussi imprimé sa
marque à l’organisation institutionnelle de l’UE : le fédéralisme allemand se retrouve dans le principe de
subsidiarité – traité de Maastricht – qui prévoit de traiter un problème ou une compétence à l’échelon
institutionnel se révélant le plus approprié : Union, État, région ou commune.

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La réunification a changé le rapport de l’Allemagne avec la construction européenne. Avec le temps,


son rapport au passé s’est modifié et elle cherche surtout à défendre ses intérêts au sein du concert
européen, en développant ses relations avec les PECO ou la Russie, ce qui explique son soutien aux
élargissements successifs. Berlin cherche à restaurer une influence économique et culturelle en
Europe centrale et dans les Balkans, à redevenir un acteur géopolitique (ce qui se réalise de manière
effective en 1999 lorsque le gouvernement autorise l’envoi de la Bundeswehr au Kosovo, puis en 2001
en Afghanistan).
Tout ceci rappelle que l’UE ne constitue pas un bloc homogène, et que l’élaboration d’un consensus
y est structurellement difficile. Cela montre que la construction européenne ne doit pas être
entendue selon une lecture linéaire inéluctable : les orientations répondent au rapport de force
établi entre les États membres et leurs intérêts respectifs.

4. Une diversité difficile à gérer

 La question linguistique
Plus de 200 langues sont parlées en Europe, et l’UE doit faire face à un double défi :

le recul de cette richesse par uniformisation linguistique en faveur de l’anglais, langue de


communication, et la crispation identitaire (le regain d’intérêt pour les langues régionales et
minoritaires traduisant à la fois la prise de conscience de cette richesse culturelle et la crainte de perte
d’identité).
Bruxelles a mis en place, avec l’appui du Conseil de l’Europe, une politique favorable aux langues
régionales minoritaires, rappelée dans la Charte européenne des droits fondamentaux.
Des crispations identitaires régionalistes peuvent nourrir leurs velléités séparatistes par la
différenciation linguistique (exemples catalan en Espagne ou flamand en Belgique). Le séparatisme se
sert toutefois souvent de l’appartenance à une communauté linguistique alors que la motivation principale
renvoie souvent à une différence de richesse.
 Des minorités plus ou moins respectées
 Le fait minoritaire est important en Europe, singulièrement en Europe centrale et orientale du fait
des nombreux changements de frontières intervenus à la suite des conflits mondiaux.
 Les droits de ces minorités sont, plus ou moins, reconnus par les États dans lesquels elles se
retrouvent dispersées ou imbriquées ; ils peuvent s’appuyer sur une convention cadre du Conseil de
l’Europe de 1998. L’UE leur apporte une protection que les États n’accordent pas systématiquement dans
les faits même si les constitutions garantissent l’égalité devant la loi.
 L’affirmation un peu partout du processus de décentralisation a permis la reconnaissance du
droit des minorités, surtout lorsqu’elles sont assez nettement territorialisées, par exemple grâce au
processus de dévolution engagé au Royaume-Uni par Tony Blair en 1999 pour reconnaître une plus
grande autonomie aux nations écossaise et galloise.
 En Espagne, il existe ainsi dix-sept régions autonomes qui disposent de pouvoirs spécifiques,
élargis pour les trois « nations » historiques que constituent la Catalogne, la Galice et le Pays basque.

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 Une montée de la xénophobie et du racisme envers ces minorités, souvent considérées comme
des boucs émissaires des difficultés économiques et des citoyens de seconde zone (cas des turcophones en
Bulgarie, ou des Roms en Roumanie qui ne sont rattachables à aucun État-nation), inquiètent cependant
les autorités européennes.

 Religions et laïcité

L’identité européenne est marquée par le pluralisme religieux, la liberté de culte partout garantie.
L’importance des Églises et le degré de religiosité sont variables d’un pays à l’autre.

En Pologne ou en Irlande, ils sont forts, et pour partie hérités de l’association entre catholicisme et
défense de l’identité nationale ; de même, en Grèce, l’Église orthodoxe a-t-elle joué le rôle de gardien de
la langue et de la culture grecque pendant les quatre siècles d’occupation ottomane (XVe-XIXe siècles).
Aux Pays-Bas par contre, la pratique religieuse, l’appartenance aux Églises et l’impact de celles-ci sur les
mœurs sont très faibles.

Les relations des religions entre elles ont également été structurantes pour façonner la société
européenne, qu’elles aient été faites de confrontations (les croisades entre chrétiens et musulmans au
Moyen-âge, les guerres de religion entre catholiques et protestants au XVIe siècle), de coexistence, de
tolérance (l’ancienne Espagne multiconfessionnelle chrétienne, juive et musulmane), voire d’action
commune comme on en a de nombreux exemples aujourd’hui.

Par ailleurs, si les pays européens peuvent être classés en trois principaux groupes (catholique, protestant,
et orthodoxe), aux marges de l’Europe, dans le Caucase ou les Balkans, la cohabitation des religions reste
de mise, notamment ici avec la présence d’un islam autochtone, ancré depuis plusieurs siècles.

L’histoire de la laïcité remonte au moins à l’héritage des Lumières, mais la séparation des Églises et de
l’État s’est imposée plus récemment (en France, il est consubstantiel à l’héritage républicain). Si elle ne
s’est pas généralisée, le processus de sécularisation est, par contre, partout avancé. Pourtant, pas plus
que l’Europe ne saurait se réduire à un « club chrétien », elle ne doit s’identifier à un « club séculier »,
qui, sous prétexte de désir universaliste et neutraliste, gommerait plus ou moins consciemment toute
référence au rôle des religions et à leur contribution possible au dialogue des cultures.

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