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LES ORIGINES :
Eau Principe Air Feu Terre
Thalès Anaximandre Anaximène Héraclite Xénophane
« Le monde est
« L’élément premier « Tout se convertit en feu
apeiron : infini, « Tout vient de l’air et « Tout sort de la terre et
est l’eau. De l’eau se et le feu se convertit en
illimité. Il est l’élément tout y retourne » retourne à la terre »
constitue toute chose » tout »
primitif »
Thalès, Anaximène, Héraclite et Xénophane voient dans l’eau, l’air, le feu et la terre un principe universel de la matière.
Empédocle, Platon et Aristote associent les quatre principes ; leur adjoignent des figures géométriques parfaites ; ainsi que
des qualités justifiant la transformation de l’une en l’autre.
La chimie arabe s’appelle l’alchimie. Elle mélange alors la science de la séparation des substances (chimie grecque) et celle
de leur transformation (chimie byzantine de Zosime) que l’on représente avec le mot transmutation. Elle améliore la
distillation, la fabrication et la purification des métaux (aciers de Tolède), la fabrication des verres, l’extraction, la synthèse
des parfums et savons, des teintures.
Elle définit en s’appuyant sur les travaux de Galien, l’élixir capable de « soigner les métaux » et donc de les rendre meilleurs,
c'est-à-dire à tendre vers la perfection de l’or.
De l’étude du cinabre HgS, elle dégage l’existence d’un dualisme de nature mâle (soufre, sec et dur) et femelle (mercure,
chaud et humide) qui sera également utilisé plus tard dans l’alchimie occidentale.
Du mélange des métaux et des esprits, elle dégage les acides (chlorhydrique, sulfurique, nitrique, éthanoïque), les alcalis
(soude carbonatée et potasse), le sel ammoniac (chlorure d’ammonium).
Elles proviennent des califats andalous où se rencontrent « les mondes » musulman et chrétien. Durant cette période, les courants
chimique, alchimique et philosophiques arabes se transmettent aux chrétiens qui en poursuivent le développement avec le même genre
d’antagonisme entre chimie et alchimie, influençant l’une et l’autre dans leur développement.
Les chimistes du Moyen Age et de la Renaissance poursuivent la séparation des espèces en vue de les nommer et de les
classer. Ils construisent leurs instruments et préparent une chimie reproductible donc non confidentielle. La chimie se
développe avec d’autres domaines comme la pharmacie et la sidérurgie. Les disciples de Paracelse conduisent l’association
de la médecine et de la chimie dans l’iatrochimie : l’art de guérir à l’aide de la chimie. Le sel philosophique et chimique joue
un rôle dans le développement de la chimie expérimentale et théorique. Il induit la fabrication de nouveaux médicaments (sel
polychreste de Seignette, sel merveilleux de Glauber, sel sédatif de Homberg).
Histoire de la Chimie Eric JACQUES 2
L’Atome et l’Elément Chimique
Les mots du chimiste sont l’élément, le principe, le sel, l’acide, l’alcali, la terre, l’huile, l’esprit, l’eau, l’air, le métal, le
mixte, la régule.
Agricola marque encore l’association du métal, du minerai, de la gangue et de l’alliage sous le même mot.
Après Rouelle, l’alcali deviendra la base.
Alors que Boyle définit la notion d’élément, Henning Brand isole le phosphore en 1669.
Kunckel, chimiste et alchimiste réussit à reproduire la manipulation de Brand et après lui, Homberg.
En France et en Europe les premiers cours de Chymie s’ouvrent aux publics. En même temps des ouvrages de plus en plus
clairs et accessibles voient le jour.
En 1666 l’Académie Royale des Sciences voit le jour. Lémery et Rouelle en feront partie en tant que chymistes.
Van Helmont différencie l’air du gaz (1610) mais le mot gaz ne sera utilisé que par Lavoisier en 1787 !
Après cette époque on comprend que ni la terre ni l’eau ne représentent un élément. Certes l’eau peut être distillée pour être
pure. Dans ce sens elle peut prendre le nom provisoire d’élément. L’air et le feu que l’on sait associés dans la combustion
restent l’un des mystères qu’approchent les chimistes de différentes manières. Mais sans équation, sans mesure précise, les
théories restent imaginatives et encore chargées d’alchimie comme l’idée du phlogistique contenant le principe du feu !
LE XVIIIE SIECLE
Air Fixe, 1754 Air Inflammable, 1766 Air Déphlogistiqué, 1773 Gaz des Marais, 1776
Black Cavendish Priestley Volta
Les chimistes pneumatiques différencient, séparent, identifient les airs. L’air est-il encore un élément ?
Lavoisier sépare (1777) les deux gaz formant l’air, qu’il nomme gaz azotique et gaz oxigine.
Lavoisier et Cavendish dissocient l’eau en gaz hydrogène et gaz oxygène. Pour Lavoisier la matière est constituée de corps
purs et de mélanges. Il existe deux famille de corps purs, ceux composés d’un seul élément comme O2, H2 et N2, et ceux
composés de plusieurs comme CO2.
Lavoisier, Guyton de Morveau, Fourcroy et Berthollet utilisent la Nomenclature Chimique (1787) pour décrire les espèces
formant les corps purs. Sulfate, nitrate, carbonate, sulfurique, nitrique, muriatique font leur apparition.
Chaptal, Berthollet, Fourcroy, Vauquelin, Ampère apprennent, étudient et enseignent la chimie découverte dans le Traité
Elémentaire de Chimie de Lavoisier (1789).
A la suite de ses travaux, Lavoisier écarte donc des éléments l’air, la terre et l’eau. Quant au feu, il reste une inconnue.
Le mot élément va donc commencer à s’appliquer à des noms comme oxygène, hydrogène, azote, carbone, etc.
Ce mot élément se mélange avec l’idée d’une espèce élémentaire dont Dalton va parler en 1810, l’atome. Pour nous
aujourd’hui, l’atome est une évidence. A l’époque, c’est l’élément qui en est une.
Haüy, Dalton, Avogadro et Ampère, sont les premiers à initier deux nouvelles théories pour expliquer la constitution
intérieure de la matière : les atomes et les molécules. En 1859, Cannizzaro, chimiste convaincu de l’existence de ces deux
espèces, fera la distinction nette entre les deux au premier congrès des chimistes à Karlsruhe.
Les chimistes se divisent. Certains pensent que l’atome n’a pas de réalité physique (Dalton, Dumas et Berthelot tous deux
ministres à Paris) alors que d’autres sont convaincus de son existence (Wurtz, professeur à Strasbourg)
Davy, à partir des travaux de Scheele sur la pyrolusite réussit à produire du « gaz chlorique », qui prendra le nom de chlore.
Grâce à l’électrolyse, il obtient du calcium et du sodium. Il classe les éléments par triade. Il permet de donner la définition
d’un acide en corrigeant celle de Lavoisier.
Berzelius isole et pèse de nombreux éléments chimiques. Il associe à chacun un symbole et un nom. La notion de poids
atomique se développe de plus en plus à la suite des travaux de Dalton, Proust. Berzelius ne croit pas non plus en l’existence
d’une espèce isolée dans une substance. Ainsi pour une molécule il écrit CO et CO 2. Il induit également une idée de dualisme
électrochimique associée à l’électronégativité et l’électropositivité, concepts qui seront (re)développés sous une forme
moderne au siècle suivant par Lewis mais surtout Pauling et Millikan.
Tableau en V des
Classement par triade éléments. Vague Vis tellurique des Classement par octave Classement selon la
(Cl, Br, I) ressemblance avec le éléments. des éléments densité atomique
tableau actuel
La quête de nouveau éléments et la découverte de nouvelles substances développe de plus en plus la chimie théorique. Grâce
aux atomes, aux molécules, à la conservation de la matière, à l’écriture d’équations, et aux techniques d’analyse et de
purification, il devient de plus en plus important d’arriver à classer les éléments (qu’ils soient des atomes ou pas !).
Ampère, Davy et Dobereiner sont à la même époque les premiers à proposer une théorie des triades. La masse d’un élément
centrale égale la moyenne des masses des deux autres éléments de la triade. M(Br) = ½ (m(Cl) + m(I)).
Beguyer de Chancourtois puis Leopold Gmelin sont les premiers à proposer un classement visuel en tentant d’y faire
apparaitre une périodicité.
S’appuyant sur les poids atomiques, Newlands tente un classement par octave (c'est-à-dire par huit éléments qui n’est pas
non plus sans rappeler l’octet de Lewis) et Meyer sur les densités. Les deux essais échouent car les deux chimistes utilisent
les éléments de leur époque sans penser que certains puissent leur échapper. Une erreur que ne fera pas Mendeleïev.
En 1869, le chimiste russe Dimitri Mendeleïev (qui a assisté au Congrès de Karlsruhe) pose les bases d’une table où les
éléments sont regroupés par similitude de propriétés chimiques et par ordre croissant de poids atomique. L’idée novatrice de
Mendeleïev est de laisser des trous dans son tableau supposant qu’il y manque des éléments qui ne sont pas encore
découverts. L’ekaaluminium et l’ekasilicium restent donc à découvrir et lorsque Lecoq de Bois Baudrant trouvera ainsi le
gallium qui se place sous l’aluminium la réputation du chimiste russe fut définitivement établie. Cependant en 1869, si l’on
trouvait encore des éléments, on ignorait la nature véritable de la matière et si l’atome existait bel et bien !
Quelle est la véritable nature de la matière ? Après Lavoisier et les chimistes de la première moitié du XIX e siècle, on sait
finalement que l’on doit compter avec trois états principaux solide, liquide et gaz. D’autres sont pressentis, énumérés,
discutés. L’état cristallin, l’état supercritique qui induisent d’entrée de jeu la difficulté de comprendre la matière. A
l’approche de la fin du siècle, on découvre également les premiers polymères « artificiels » à base de camphre comme le
celluloïd. La nature et les propriétés des métaux que l’on parvient à isoler et purifier, l’état ionique, sont autant d’énigmes qui
ouvrent la voie des études du XXe siècle.
Finalement, les travaux de Kohlrausch, Arrhenius et Ostwald montrent l’existence des ions utilisés par Faraday pour
expliquer le passage d’un courant dans un liquide. Dans les tubes à vide de Geissler ou de Crookes, on réussit à ioniser des
gaz en très faibles quantités, mettant en évidence l’existence d’ions mais aussi d’une particule capable de réagir avec le verre
du tube. La matière neutre contient des charges qui ne sont pas forcément due à son ionisation. Après Stoney, Thomson
utilise le mot électron pour désigner cette découverte.
La querelle pour l’existence de l’atome fait alors rage. Pour certains comme Lord Kelvin, en cette fin de XIX e siècle, la
science est unifiée et il ne reste aucune découverte importante à faire en physique. Lorsque Heisenberg désire s’orienter vers
la physique à Göttingen une dizaine d’années plus tard on lui fait le même genre de recommandation. Préférez les
mathématiques, il n’y a plus rien à faire en physique (!). Alors que Roentgen vient de découvrir les rayons X (1896),
Becquerel la radioactivité naturelle, Thomson l’électron et Rutherford les particules alpha, c’est en poursuivant l’étude de la
constitution fondamentale de la matière que les physiciens vont découvrir la véritable nature de l’élément chimique et de
l’atome.
1904, Thomson 1910, Rutherford 1913, Bohr 1915, Sommerfeld 1927, Schrödinger
Plum Pudding Planétaire Quantique Orbitalaire Probabiliste
Les physiciens, utilisant des appareillages de plus en plus performants isolent alors de plus en plus d’éléments :
Le Gallium (1875), l’Ytterbium (1878) puis le Thulium, le Scandium, l’Holmium, le Samarium (1879) avant de Gadolinium
(1880), le Praséodyme et le Néodyme (1885) qui complètent donc les lanthanides.
En 1886 sont isolés le fluor (par Henri Moissan), le Germanium (par Clemens Winkler) et le Dysprosium (par Lecoq de Bois
Baudrant).De 1894 à 1898, Ramsay découvre une grande partie des gaz nobles, Ar, Ne, Kr, Xe.
En 1898, Pierre et Marie Curie découvrent le Radium et le Polonium. Puis Debierne découvre l’Actinium en 1899
C’est aussi à cette époque que la radioactivité et les éléments radioactifs sont découverts.
Entre temps, la nature de l’atome et sa constitution ont été percées à jour. A l’échelle de l’infiniment petit la physique
classique ne s’applique plus. Il faut utiliser la mécanique quantique et la relativité.
Histoire de la Chimie Eric JACQUES 5
L’Atome et l’Elément Chimique
En 1940, la classification périodique « s’arrête » à l’uranium avec Z = 92.
Théorie de la Radioactivité
Radioactivité naturelle
Bêta
Radioactivité naturelle Découverte du radium et du Radioactivité Artificielle
Fusion Nucléaire
polonium
Pile Nucléaire
L’étude de l’élément chimique se poursuit alors dans la physique nucléaire, ce qui va permettre à la fois de produire de
nouveaux éléments, de comprendre la nature interne de l’atome et du noyau et de découvrir la fission nucléaire. Celle-ci,
mise en avant par Otto Hahn à la suite de ses travaux avec Lise Meitner aboutissent à redémontrer expérimentalement la
formule d’Einstein, E=mc2 (élaborée en 1905).
Grâce à des sources de radioactivité naturelle, Irène et Frédéric Joliot Curie mettent au point des procédés permettant de
produire des isotopes artificiels et radioactifs. Ils réussissent alors la transmutation d’éléments, selon l’acception alchimiste
du terme, comme par exemple la transmutation de l’aluminium en phosphore ou encore le bore en azote radioactif. Ils
poursuivent les travaux en radiothérapie développée par Marie Curie et l’Institut du Radium.
De 1942 à 1955, Glenn Seaborg et ses collaborateurs découvrent une centaine de nouveaux isototopes et une dizaine de
nouveaux éléments, induisant la création des actinides, éléments suivant l’actinium et une nouvelle période de la
classification périodique. Seaborg est l’un des rares chimistes à avoir eu un élément portant son nom de son vivant.
De 1939 à 1945, les savants regroupés autour du Manhattan Project réussissent à induire la fusion nucléaire (incontrôlable) à
l’aide de la fission de l’uranium 235. Enrico Fermi est chargé de développer un processus de fission contrôlée. Il aboutira à la
création de la pile atomique, ancêtre des centrales nucléaires.
Après 1955 sont découverts les derniers éléments de post-transition de la septième période de la classification.
La recherche de l’élément indécomposable selon la formule de Boyle s’est poursuivie à l’état subatomique où les physiciens
ont commencé à récolter des particules et à les organiser en familles (leptons, hadrons, bosons). Ces recherches ont abouti à
la distinction entre les particules. Dans le modèle standard on trouve ainsi :
o Les fermions qui suivent la statistique de Fermi-Dirac
Les fermions sont des particules de champ. Elles sont sensibles à tout ou partie des quatre interactions fondamentales (gravité,
électromagnétisme, interaction forte, interaction faible).
Les quarks, les muons, les neutrinos, l’électron, le proton, le neutron sont des fermions.
Le photon est le boson de l’interaction électromagnétique, les gluons, les bosons de l’interaction fortes et les particules W +, W- et Z0,
les bosons de l’interaction faibles. Le graviton serait le boson de la gravitation.