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Groupe LOKO 2022-2023 Génie du Bâtiment 1ère Année

Chapitre 3 : Acides et bases en solution aqueuse, Ph, 𝐊 𝐀 et 𝐩𝐊 𝐀

3.1. Acides et bases : modèles et définitions

3.1.1. Définition d’Arrhenius pour les bases fortes courantes

Une base d’Arrhenius est un composé ionique comportant des ions hydroxyde OH − ,
qui sont dispersés lors de la dissolution par l’eau.

La soude NaOH et la potasse KOH (très solubles dans l’eau), la baryte Ba(OH)2 (assez
soluble), ainsi que la chaux éteinte Ca(OH)2 et la magnésie Mg(OH)2 (peu solubles),
sont les plus connues et les plus utilisées des bases d’Arrhenius. Elles sont appelées
bases fortes car ce sont des électrolytes forts :
H O
NaOH (s) 2 Na+ (aq) + OH − (aq)

3.1.2. Définitions de la théorie de Brønsted-Lowry

• Un acide de Brønsted est une espèce chimique capable de céder un proton H + ; c’est
un donneur de proton.

• Une base de Brønsted est une espèce chimique capable de capter un proton H + ; c’est
un accepteur de proton.

• Un amphotère (ou ampholyte) est une espèce chimique susceptible de se comporter


comme un acide ou comme une base.

La perte du proton H + par l’acide ne se fait qu’en présence de la base qui le fixe. Il y a
simultanément déprotonation de l’acide et protonation de la base. La particule
élémentaire H + est donc échangée sans être libérée dans les solutions.

- Une réaction acide-base est une réaction de transfert de proton du donneur (acide) à
l’accepteur (base). Par exemple :

CH3 COOH (aq) + NH3 (aq) → CH3 COO− (aq) + NH4 + (aq)

3.2. Autoprotolyse de l’eau

3.2.1. Équilibre d’autoprotolyse

La structure de la molécule H2 O confère à l’eau un caractère amphotère. L’auto-


ionisation de l’eau liquide, interprétée à la lumière de la théorie de Brønsted, est le
transfert d’un proton d’une molécule d’eau qui joue le rôle d’un acide à une autre
molécule d’eau qui joue le rôle d’une base. Les processus aller et retour se déroulant à
la même vitesse, l’eau liquide est le siège de l’équilibre d’autoprotolyse :

H2 O + H2 O ⇌ H3 O+ + OH −

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3.2.2. Produit ionique de l’eau

Sachant que :

• 1 L d’eau a une masse de 1000 g et que M(H2 O) = 18 g ∙ mol−1 ,

[H3 O+ ] [OH − ]
• = = 1,8 ∙ 10−9 à 25 °C,
[H2 O] [H2 O]

alors les concentrations de H2 O, H3 O+ (ion hydronium) et OH − (ion hydroxyde) sont,


dans l’eau pure à 25 °C :
1000
[H2 O] = = 55,56 mol ∙ L−1
18
[H3 O+ ] = [OH − ] = 1,8 ∙ 10−9 ∙ 55,56 = 10−9 mol ∙ L−1

L’existence de l’équilibre d’autoprotolyse impose que les concentrations des ions H3 O+


et OH − ne puissent pas varier indépendamment. Ce sont des grandeurs liées par le
produit ionique de l’eau dont la valeur est calculée à partir des concentrations [H3 O+ ]
et [OH − ] dans l’eau pure :
K e = [H3 O+ ] × [OH − ] = 10−14 à 25 °C

On définit aussi le logarithme de K e :


pK e = – log10 K e ou K e = 10−pKe

3.3. pH, définition et échelle

En solution pas trop concentrée, le pH est donné par la formule approchée :

pH =– log10 [H3 O+ ] ou [H3 O+ ] = 10−pH

Pour la grande majorité des applications pratiques, l’échelle de pH s’étend de 0 à 14.

1°) En milieu neutre, dans l’eau pure à 25 °C, pH = 7 :

[H3 O+ ] = [OH − ] = 10−7 mol ∙ L−1

2°) En milieu acide, pH < 7 :

[H3 O+ ] > 10−7 mol ∙ L−1 et [OH − ] < 10−7 mol ∙ L−1

2°) En milieu basique, pH > 7 :

[H3 O+ ] < 10−7 mol ∙ L−1 et [OH − ] > 10−7 mol ∙ L−1

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3.4. Forces des acides et des bases dans l’eau

Pour comparer les forces des acides et des bases, on compare leur action sur l’eau.

3.4.1. Couple acide/base et réaction acide-base

Tout couple acide/base est tel que :


Acide = base + H +

Il ne s’agit là que d’une relation stoechiométrique. Il ne se produit pas de transfert de


proton entre deux formes acide et basique conjuguées. Il n’y a transfert de proton, et
donc réaction acide-base, qu’entre un acide et une base appartenant à deux couples
différents. La dissolution des acides et des bases de Brønsted dans l’eau est une réaction
acide-base :

a) Dissolution d’un acide HA dans l’eau

HA (aq) + H2 O (l) ⇌ H3 O+ (aq) + A− (aq)


Acide 1 Base 2 Acide 2 Base 1

Couples acide/base en jeu :


(1) HA/A−

(2) H3 O+ /H2 O

b) Dissolution d’une base de Brønsted (B) dans l’eau

B (aq) + H2 O (l) ⇌ BH + (aq) + OH − (aq)


Base 3 Acide 4 Acide 3 Base 4

Couples acide/base en jeu :


(3) BH + /B

(4) H2 O/OH −

3.4.2. Acides et bases forts

• Un acide fort dans l’eau est totalement converti en H3 O+ et en sa base conjuguée ; par
exemple, le chlorure d’hydrogène HCl, gaz dont la solution dans l’eau est l’acide
chlorhydrique :
HCl + H2 O → H3 O+ + Cl−

• Une base forte de Brønsted dans l’eau est totalement convertie en OH − et en son
acide conjugué. La réaction sur l’eau des amidures alcalins et alcalino-terreux montre
que l’ion amidure NH2 − , par exemple, est une base forte :

(Na+ ) + NH2 − + H2 O → NH3 + OH − + (Na+ )

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Dans un couple acide/base, si la forme acide est forte, sa base conjuguée est indifférente
(elle ne se comporte pas comme une base dans l’eau) ; inversement, si la forme basique
est forte, son acide conjugué est indifférent (pas de rôle acide dans l’eau).

3.4.3. Acides et bases faibles : 𝐊 𝐀 , 𝐊 𝐁 𝐞𝐭 𝐩𝐊 𝐀

• Un acide est faible si sa dissolution dans l’eau conduit à l’établissement d’un équilibre :

Acide + H2 O ⇌ H3 O+ + Base

En solution pas trop concentrée, la constante d’acidité K A s’exprime par :

[Base] ∙ [H3 O+ ]
K A (Acide/Base) =
[Acide]

1
pK A = – log10 K A = log10 ou K A = 10−pKA
KA

Pour tout couple acide/base faible en solution aqueuse :

KA < 1
{
pK A > 0

• Une base est faible si sa dissolution dans l’eau conduit à l’établissement d’un équilibre :

Base + H2 O ⇌ OH − + Acide

La constante de basicité K B est :

[Acide] ∙ [OH − ]
KB = avec pK B = – log10 K B
[Base]

K B est reliée à la constante d’acidité K A du couple acide/base concerné par :

KA ∙ KB = Ke pK A + pK B = 14 à 25 °C

Remarque : Certains acides sont des polyacides faibles, certaines bases sont des
polybases faibles. Un polyacide est susceptible de subir des déprotonations successives,
une polybase, des protonations successives.

3.4.4. Loi de dilution d’Ostwald

Par définition, les acides faibles de type HA ne se dissolvent pas totalement sous forme
d’ions H3 O+ et A− ; similairement, les bases faibles de type B ne se convertissent pas
totalement en ions BH + et OH − . Ce ne sont pas des électrolytes forts, mais des
électrolytes faibles.

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Ils obéissent à la loi de dilution d’Ostwald qui stipule que l’équilibre de dissociation d’un
électrolyte faible en ions se déplace vers la droite par dilution. À très grande dilution,
l’équilibre est totalement déplacé vers la droite, il devient une réaction quantitative dans
le sens 1. L’électrolyte faible se comporte alors comme un électrolyte fort.

Cette loi, très importante, se généralise à tout acide ou toute base faible donnant lieu aux
équilibres vus plus haut ; à grande dilution, tout acide se comporte comme un acide fort :

Acide + H2 O → H3 O+ + Base

et toute base comme une base forte :

Base + H2 O → OH − + Acide

3.4.5. Coefficient de dissociation d’un acide et constante d’acidité

Soit un acide faible, introduit en solution à la concentration c, et donnant lieu à


l’équilibre acide/base. On appelle coefficient de dissociation α de cet acide le rapport :

[Base]
α=
c
Ce coefficient mesure la position de l’équilibre dans des conditions expérimentales
données ; α est compris entre 0 (dissociation négligeable) et 1 (acide se comportant
comme un acide fort).

La conservation de la matière à l’équilibre s’écrit :

c = [acide] + [base]

Par conséquent, on a [base] = cα et [acide] = c(1– α).

Sauf à très grande dilution de l’acide, l’autoprotolyse de l’eau rétrograde suffisamment


pour générer une quantité d’ions H3 O+ négligeable devant l’apport dû à l’acide :

[H3 O+ ]auto = ε

On peut donc écrire :

Acide + H2 O ⇌ H3 O+ + Base

c(1– α) cα + ε ≈ cα cα

D’où l’expression de K A :

cα2 α2 KA
KA = ce qui donne ausssi ∶ =
1−α 1−α c

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3.5. Prédominance et diagramme de distribution

3.5.1. Relation d’Henderson-Hasselbalch

Rappelons que :
[Base] ∙ [H3 O+ ]
K A (Acide/Base) =
[Acide]

La transformée logarithmique de cette expression de la constante d’acidité K A conduit à


la relation d’Henderson-Hasselbalch :

[Base] [Base]
pH = pK A + lg10 soit = 10pH−pKA
[Acide] [Acide]

3.5.2. Espèce prédominante/majoritaire

Des deux formes acide et basique conjuguées, celle qui est en quantité supérieure à
l’autre est l’espèce prédominante. Si elle est en quantité au moins dix fois supérieure à
l’autre, elle est dite majoritaire.

Les formes sont en concentration égale lorsque :

[Base]
pH = pK A soit = 100 = 1
[Acide]

3.5.3. Diagramme de prédominance et de distribution

La représentation des domaines de prédominance des espèces en fonction du pH sur un


axe est le diagramme de prédominance.

On peut également calculer les rapports [base]/c et [acide]/c (c = [acide] + [base]) et


tracer les courbes de distribution des espèces : [base]/c = f(pH) et [acide]/c = f(pH).

Ces courbes se coupent au point d’abscisse pH = pK A et d’ordonnée 1/2. De telles


courbes peuvent être généralisées à un polyacide ou à une polybase.

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