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Litza Guttieres-Green
Dans Revue française de psychanalyse 2003/4 (Vol. 67), pages 1139 à 1158
Éditions Presses Universitaires de France
ISSN 0035-2942
ISBN 2130535658
DOI 10.3917/rfp.674.1139
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Litza GUTTIÈRES-GREEN
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pas l’hystérie pour une affection névrotique autonome » (Études sur l’hystérie,
p. 209).
Il l’a distinguée de la névrose d’angoisse et de la neurasthénie qui expri-
ment directement un désordre sexuel. La première trouverait son origine dans
une accumulation de traumas. On pense au trauma cumulatif décrit par
Masud Khan (1974) qui a insisté sur le rôle de la mère.
Tandis que la conversion réussit à calmer l’angoisse, d’où la fameuse belle
indifférence, dans la névrose d’angoisse, l’affect, aggravé de nos jours par les
prises répétées d’anxiolytiques, est au premier plan avec anticipation des
catastrophes, de la mort ou de la folie. « Le mécanisme – écrit Freud (1895) –,
... est à rechercher dans la dérivation de l’excitation sexuelle somatique à dis-
tance du psychisme et dans l’utilisation anormale de cette excitation, qui en est
la conséquence » (p. 31, ital. de Freud).
Grâce à la conversion qui réalise une transposition hors de la sphère psy-
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Mme K... qui apparaît comme la séductrice. Après l’échec de la cure, Freud,
se reprochera de ne pas avoir su interpréter le transfert et l’homosexualité. Il
avait cru à une névrose œdipienne simple, hétérosexuelle, alors qu’il était con-
fronté à un double Œdipe, positif et négatif et à la bisexualité. Lacan revien-
dra sur le cas de Dora, mettant en valeur son désir de s’identifier à la femme
féminine aimée du père (1951).
Rappelons que, vingt ans après son analyse avec Freud, Dora a consulté
Felix Deutsch pour des symptômes hystériques, alors que ses enfants devenus
adultes avaient quitté la maison. Elle avait des troubles du caractère, était
mécontente de son mariage, se montrait à la fois plaintive et séductrice. Elle
se dérobera au traitement comme elle l’avait fait étant jeune. Elle devait mou-
rir quelque temps après d’un cancer du colon. La psychanalyse l’avait déçue
comme le reste.
C’est seulement en 1908, dans Les fantasmes hystériques et leur relation à
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C’est par ce biais que le symptôme joue son rôle de substitut (1915). Le
corps se comporte tout entier comme un organe génital excité, l’organe
malade, érotisé, sert à nier l’absence du pénis, tout en mettant en scène la
castration.
Une de mes patientes, amoureuse du neveu de son mari, était prise de tremblements
chaque fois qu’elle sortait sans sa mère dont la présence la protégeait de son désir
incestueux tout en satisfaisant son besoin régressif de rester une petite fille.
LES POST-FREUDIENS
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Comme cette patiente de 40 ans, boulimique depuis l’âge de 15 ans qui riait et pleurait
convulsivement en me demandant de l’aide : « Vous voulez bien de moi ? Je me
dégoûte, je suis grosse, je vomis... » Elle travaillait, avait des amis qu’elle ne « suppor-
tait plus », elle s’enfermait chez elle et menaçait de « se flinguer ». Je lui ai fixé un
autre rendez-vous pour lequel elle m’a remerciée les larmes aux yeux et elle n’est pas
venue !
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L’hystérie fait donc partie de la première topique. Freud n’a jamais remis
en question la fixation de l’hystérique à la problématique génitale. Après les
premières difficultés, il a tenté d’en comprendre la cause : le narcissisme, la
réaction thérapeutique négative, la pulsion de mort et de destruction. Puis il a
conçu la deuxième topique avec les trois instances.
En revanche, il n’a pas théorisé les atteintes du moi. Ceux qui sont venus
après lui ont pu contester son optique justement au regard de ces nouveaux
cas. Aujourd’hui, l’important est moins de choisir que d’articuler les diffé-
rentes problématiques
Remarquons que, si incapacitante que soit la conversion, elle a tout de
même donné à Freud l’occasion de décrire des mécanismes ayant un étroit rap-
port à la symbolisation. C’est cette référence à la symbolisation qui paraît man-
quer dans toutes les formes où sont mises en évidence les fixations prégénitales
et maternelles. D’autres mécanismes entrent alors en jeu pour la compréhen-
sion de ces symptômes. La relation entre symbolisation « conversionnelle » et
d’autres fonctionnements appartenant à la prégénitalité, me paraît capitale.
L’analyse doit donc conduire, à travers l’interprétation du transfert – en
évitant l’érotisation – à l’élaboration permettant le travail psychique par le
fonctionnement de la libre association, afin d’étoffer le préconscient qui
pourra protéger le moi des attaques et des clivages. Ainsi le sujet parviendra à
se dégager d’un surmoi archaïque et rigide et de l’autopunition qui l’oblige à
Hystérie éternelle, encore et toujours 1157
BIBLIOGRAPHIE
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