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Chapitre 1 : DEFINITIONS ET GENERALITES DU PROJET

I. Définitions du projet :
On distingue une multitude de définitions du projet parmi lesquelles nous
allons en tirer celles ayant trait avec l’objectif du cours.
- Définition 1 : un projet peut être défini comme un ensemble d’activités
qui peuvent être planifiées, financées et exécutées aux fins de créer, de
produire ou de réaliser un nouveau produit ou un nouveau service. Cette
définition met l’accent sur la planification qui est un facteur déterminant
de la réussite du projet.

- Définition 2 : un projet peut être également défini comme une activité


d’investissement dans laquelle des ressources sont utilisées pour obtenir
un certain nombre d’avantages. Ici, l’accent est mis sur la comparaison
avantages/couts du projet.

- Définition 3 : un projet est aussi une activité spécifique avec un point de


départ précis et un terme précis visant à atteindre un ou des objectifs
bien déterminés. Cette définition relate la durée de vie du projet ainsi
que sa finalité.
Ces différentes définitions révèlent l’existence de plusieurs types de projets.
II. Les différents types de projets
La nature du projet dépend essentiellement de son ou ses porteurs ou
promoteurs, de sa durée de vie et de son ou ses objectifs.
Ainsi nous distinguons les différents types de projets ci-dessous :
- Selon le ou les promoteurs : les projets privés qui peuvent être
individuels ou collectifs et les projets publics ou de développement qui
peuvent être eux territoriaux nationaux, communautaires, sous
régionaux, régionaux voire mondiaux ;
- Selon le ou les objectifs : les projets de produits, les projets de services,
les projets d’infrastructures, les projets d’investissements etc.
- Selon la durée de vie : les projets à court terme, les projets à moyen
terme et les projets à long terme.
III. Le cycle du projet
Le projet, de sa conception à sa mise en œuvre, passe par différentes étapes
qui peuvent être résumées en cinq grandes phases :
1. L’identification du projet
Cette étape procède généralement de l’environnement du porteur ou
promoteur du projet (ressources, compétences aptitudes, opportunités…), des
résultats d’enquêtes sur les tendances d’un marché spécifique, des orientations
et plans nationaux de développement des autorités publiques, des suggestions
des résultats de la recherche etc.
Elle aboutit à une liste de projets potentiellement faisables d’où l’importance
de la phase d’étude de faisabilité du projet.
2. L’étude de faisabilité du projet:
Elle consiste à étudier les possibilités de réalisation du projet identifié. Cette
étape qui constitue une phase pionnière du cycle du projet comprend
plusieurs sous-étapes :
a. La faisabilité technique du projet :
Ici, on s’intéresse à la possibilité technique de réaliser le projet c’est-à-dire si ce
que l’on veut faire est techniquement réalisable a l’état actuel de la
technologie.
b. La faisabilité financière du projet :
Elle a pour objet de déterminer si le (s) promoteur (s) du projet pourra
rentabiliser ses investissements c’est à dire si les avantages privés du projet
(incomming flow) sont supérieurs aux couts privés du projet (outgoing flow).
Alors si c’est le cas, on dira que le projet est financièrement rentable ou
financièrement faisable et ce, après avoir identifié, évalué et actualisé les couts
et les avantages privés de ce dernier.
Cette évaluation dénommée également analyse financière du projet se fait à
travers l’élaboration des différents tableaux de base avec le principe de
l’actualisation qui du reste permet au promoteur de faire le lien entre les
montants actuels et futurs du projet.
b.1. Le principe de l’actualisation
Il se fonde sur l’idée que l’argent disponible dans le présent n’a pas la même
valeur que le même montant d’argent disponible dans le futur. Le taux
d’intérêt du prêt constitue le trait d’union entre les deux montants.
L’actualisation permet de trouver la valeur actuelle de revenus futurs en se
basant sur le taux d’intérêt et la durée séparant les deux périodes.
Ainsi supposons que VA soit la valeur actuelle de revenus futurs et VF la valeur
future d’un revenu présent, alors on a :
VA= VF x 1/ (1+i) n
et VF = VA x (1+i) n
Avec i le taux d’intérêt et n est le nombre d’année séparant la période actuelle
et celle future.
Exemple :
- Quelle est la valeur actuelle de 100 000 pour un taux d’intérêt de 10% et
une durée de 10 ans ?
VA = 100 000 x 1/ (1+0,1)10 = 100 000x 0,3855 = 38 554
- Quelle est la valeur finale de 50 000 pour un taux d’intérêt de 15% à une
durée de 8 ans ?
VF= VA x (1+0,15)8 = 50 000 x (1,15) 8 = 50 000 x 3,0590 = 152 951

b.2. Les tableaux de base de l’étude de faisabilité financière


Il s’agit d’un certain nombre de tableaux de synthèse qui nous permettent et
nous facilitent l’étude de la faisabilité financière du projet.
b.2.1. Le tableau des investissements et renouvellement des investissements
Il s’agit de l’ensemble des investissements et renouvellement d’investissement
à réaliser pendant toute la durée de vie du projet.
Désignations Année Année ……… Année
1 2 n
1. Couts de pré-exploitation
2. Actifs corporels
- Terrains
- Bâtiments
- Machines et matériels d’exploitation
- Matériels et mobiliers de bureau
- Matériels de transport
3. Fond de roulement
Total

Notes : - Les frais de pré-exploitation représentent l’ensemble des charges


supportées avant l’exploitation du projet. Il s’agit des frais d’études de
faisabilité, des intérêts payés durant la période de construction et tout autre
frais supportés durant la période de mise sur place du projet.
- Les actifs corporels sont matériels, physiques et palpables contrairement
aux actifs incorporels qui n’ont aucune forme physique.
- Le fond de roulement est estimé comme une proportion des charges
d’exploitation pour les années de démarrage du projet. Il doit permettre
de financer ces charges jusqu’à ce que les premières recettes du projet
puissent le faire.
b.2.2. Le tableau des charges de personnel
Ce tableau retrace les dépenses et prise en charge du personnel du projet ainsi
que les cotisations patronales auprès des institutions sociales et de prévoyance
retraite.
Poste Nombre Rémunératio Rémunération Année Année
n mensuelle annuelle 1 …… n
Directeurs
Ingénieurs
Techniciens
Comptables
Secrétaires
Ouvriers
Autres
Charges patronales
Total

La liste des postes ci-dessus n’est pas exhaustive et dépend des besoins en
qualification du projet.
b.2.3. Le tableau des amortissements
L’amortissement est la constatation de la perte de valeur des équipements
dans le temps. Ce tableau évalue ces amortissements sur la base de la
méthode de l’amortissement linéaire.
Désignations Valeur Taux Annuité Année de Valeur
d’origine rempla - résiduelle
cement
Bâtiments
Machines et matériels d’exploitation
Matériels et mobiliers de bureau
Matériels de transport
Autres
Total
mmmmm
Notes : la valeur d’origine d’un actif représente sa valeur d’acquisition.
Le taux d’amortissement qui est égale au rapport 100/durée de vie de
l’équipement permet de calculer l’amortissement annuel ou l’annuité.
L’année de remplacement constitue l’année à laquelle le renouvellement de
l’investissement dont la durée est arrivée à terme se fera.
La valeur résiduelle d’un actif à un moment donné est la différence entre sa
valeur d’origine et la somme cumulée des amortissements faits sur cet actif
jusqu’à cette période.
b.2.4. Le tableau des dépenses d’exploitation
Ce tableau regroupe les différentes charges liées à l’exploitation du projet.
Désignations Année 1 Année 2 ……… Année n
Matières premières
Energie
Maintenance
Loyer
Assurances
Autres
Total

La liste des charges d’exploitation ci-dessus est établie à titre indicatif et


dépend des besoins d’exploitation du projet.
b.2.5. Le tableau des recettes d’exploitation
Ce tableau estime les recettes issues de l’exploitation du projet.
Désignations Année 1 Année 2 ……… Année n
Ventes
Reprise valeur résiduelle
Reprise Fond de roulement
Total

Dans les ventes on peut retrouver les ventes domestiques et les exportations.
La valeur résiduelle de l’amortissement d’un investissement est considérée
comme une recette imputable à la dernière année du projet car on suppose
que les équipements qui ne sont pas totalement amortis avant sont cédés à
leur valeur résiduelle.
Le fond de roulement est également repris à la dernière année du projet car il y
a été comptabilisé deux fois : une première fois dans le tableau des
investissements et une deuxième fois dans le tableau des charges
d’exploitation lorsqu’il s’agit d’exécuter les dépenses pour lesquelles il a été
constitué.
b.2.6.Le tableau de remboursement des emprunts
Le mode de remboursement des emprunts varie en fonction des conditions
d’octroi des prêts (taux d’intérêt, différé de paiement, capitalisation ou non des
intérêts et autres). Cependant dans le cade de cours, nous retiendrons que les
méthodes standards de remboursements qui ne prennent en compte que le
taux d’intérêts comme élément du cout de l’emprunt.

Année SPDP Principal Intérêts Repaiements


échu échus
1
2
.
.
.
n
Total

Notes : SPDP c’est le solde principal de début de période qui représente le


montant de l’emprunt à rembourser pour chaque année pendant la durée du
prêt.
Le principal échu constant s’obtient par le rapport entre le montant initial de
l’emprunt et sa durée de remboursement. Pour chaque année, on soustrait ce
qui a été payé au titre du principal l’année précédente, pour avoir le solde du
principal en début de période de l’année de paiement sur la base duquel est
calculé les intérêts échus à son produit avec le taux d’intérêt de cette année.
Le repaiement ou service de la dette est obtenu pour chaque année par la
somme du principal et des intérêts échus de cette année.
L’introduction d’une période de grâce ou différé de paiement suspend
uniquement les remboursements au titre du principal et seuls les intérêts sont
payés. Il faut noter que la période grâce n’a aucun impact sur la durée de
l’échéance du remboursement.
La capitalisation ou non des intérêts influe sur la valeur du SPDP de l’emprunt.
b.3.Le compte d’exploitation prévisionnel
Il est également dénommé compte de résultat prévisionnel et il nous permet
de faire la projection dans le futur des résultats d’exploitation du projet. Ce
tableau représente la synthèse des résultats des six tableaux précédents.
Années Année1 Année 2 ……… Année n
Recettes d’exploitation (1)
- Charges d’exploitation (y compris
les frais de ventes et frais de
personnel)
- Amortissements
- Intérêts des emprunts (2)
Bénéfice avant impôts (3)
Impôts sur le bénéfice (4)
Bénéfice après impôts ou Bénéfice Net (5)

Notes:
(3) = (1) – (2) : le bénéfice avant impôt représente la différence entre les
recettes d’exploitation et les charges d’exploitation incluant les frais de vente
et de personnel ainsi que les amortissements et intérêts de la dette.
(4) = (3) x taux d’impôt sur le revenu fixé par les autorités publiques
(5) = (3) – (4) le bénéfice après impôt ou bénéfice net constitue la différence
entre le bénéfice avant impôt et l’impôt sur le bénéfice.
c. La faisabilité économique ou sociale du projet :
Elle vise à mesurer la rentabilité du projet du point de vue de l’économie
nationale à savoir si les couts sociaux du projet (sortie de devises, pertes
d’emplois,…) sont inférieurs aux avantages sociaux (création d’emplois, entrée
de devises, augmentation de revenus…) de ce dernier.
Alors, si tel est le cas, on dira que le projet est économiquement ou
socialement rentable toujours après avoir identifié et évalué ces couts et
avantages sociaux du projet.
Il faut noter qu’un projet peut être financièrement rentable et
économiquement non rentable et vice versa.
Il convient souligner que c’est dans cette phase que se réalise également
l’étude d’impact environnementale de la réalisation du projet qui consiste à
évaluer les impacts négatifs de la réalisation du projet sur l’environnement et à
prévoir par la suite des actions alternatives ou de correction à ces dits
impacts.
d. La faisabilité politique ou légale du projet:
Il s’agit naturellement de se poser la question de savoir si l’activité ou l’objectif
du projet est conforme aux lois et règlements en vigueur dans le pays ou
l’espace géographique d’intervention du projet. Par exemple même si la
production et la vente de drogue est financièrement rentable, elle reste une
activité illégale et illicite.
e. La faisabilité organisationnelle du projet :
Elle a pour objet de concevoir la structure d’organisation et de pilotage la plus
appropriée pour la réussite du projet. Autrement Il s’agit d’identifier le type
d’organisation ou l’organigramme type le plus approprié parmi tous en vue
d’atteindre l’objectif d’efficacité visé par le projet tout en tenant compte les
différentes ressources mises à la disposition du promoteur .
3. L’évaluation ex-ante du projet
Elle est réalisée par les partenaires financiers du projet à travers une révision
critique des calculs qui ont été faits et des hypothèses qui ont été posées avant
tout engagement de ces derniers en vue d’un éventuel financement ou
participation au projet.
Il s’agit plus précisément de la vérification de l’exactitude des calculs effectués
et de la pertinence des hypothèses posées par le promoteur.
Le cas échéant, des calculs complémentaires seront exigés et des hypothèses
additionnelles demandées par les bailleurs avant leur agrément au projet.

4. La mise en œuvre du projet :


Il s’agit de la matérialisation et de la réalisation de l’activité du projet qui
dépend essentiellement de l’effectivité des précédentes étapes. Cette phase
est scindée en deux grandes périodes :
- La période d’investissement ou de construction durant laquelle sont
réalisées les constructions, les aménagements et installés les
équipements.
- La période d’exploitation ou de développement du projet qui marque le
début de l’exploitation opérationnelle du projet.

5. L’évaluation ex-post ou évaluation rétrospective du projet :


Elle se fait à mi-parcours de l’exploitation du projet, ou à une période suffisante
pour que des tendances très claires puissent être identifiées, relativement à
l’exécution des activités du projet et ce, à la lumière des prévisions faites dans
l’étude de faisabilité.
En d’autres termes cette évaluation permet de déceler d’éventuelles déviations
par rapport aux prévisions initiales et de pouvoir les corriger le cas échéant.
Il faut noter que dans l’étude de faisabilité ainsi que l’évaluation ex-ante, les
données utilisées sont prévisionnelles alors qu’elles sont réelles dans la phase
d’évaluation ex-post.

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