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L'Information Grammaticale

Imparfait et passé composé : des forts en thème/propos


Jean-Claude Anscombre

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Anscombre Jean-Claude. Imparfait et passé composé : des forts en thème/propos. In: L'Information Grammaticale, N. 55,
1992. pp. 43-53.

doi : 10.3406/igram.1992.3188

http://www.persee.fr/doc/igram_0222-9838_1992_num_55_1_3188

Document généré le 16/10/2015


IMPARFAIT ET PASSE COMPOSE :
DES FORTS EN THÈME/PROPOS
(cet article complète le dossier sur le Thème paru dans le n° 54 du mois de juin : ndlr)

Jean-Claude ANSCOMBRE

1. INTRODUCTION Lé chimpanzé est un singe d'Afrique.


Dans un article de 1979, O. Ducrot, se penchant sur le Cette voiture a remporté le Grand Prix.
problème de l'imparfait et de ses différentes valeurs, le premier sera vu comme l'attribution d'una-propriété à
proposait une analyse tout à fait nouvelle des chimpanzé, et le second comme faisant de cette voiture
phénomènes bien connus auxquels se trouve confronté le le siège d'un procès. Si, sur de tels exemples, la distinction
linguiste. Originale, l'approche d'O. Ducrot l'est à au moins semble facile, il n'en est pas toujours ainsi. Elle peut
deux titres : d'une part, plutôt que de tenter - ce qui était intervenir dans les endroits les plus inattendus - ce que
l'attitude générale - de ramener les différentes valeurs nous verrons plus loin. Par ailleurs, et c'est le point qui
observées pour l'imparfait à l'une d'entre elles, il propose nous intéresse ici, ces mêmes langues pour lesquelles
d'en rendre compte à partir d'une valeur abstraite l'opposition procès/propriété est valide permettent la
commune. Ce que l'on appellerait une « structure dérivation de propriétés à partir de procès et, quoique
profonde » en grammaire generative. D'autre part, les plus malaisément semble-t-il, de procès à partir de
concepts intervenant à ce niveau sont d'une grande propriétés. Voici quelques exemples de ces phénomènes :
généralité, et non ad hoc. Il s'agit des deux oppositions thème/ a) Dérivation de propriétés à partir de procès :
propos et procès/propriété.
- dans la vie courante, des pratiques comme le
Nous voudrions ici montrer qu'une démarche semblable curriculum vitae, le casier judiciaire, les diplômes, certains
permet de rendre compte d'un autre temps, à savoir le signalements, sont autant de façons de définir un
passé composé. individu (dire ce qu'il est) par ce qu'il a fait ;
Dans un premier temps, nous préciserons nos propres - les dérivations nominales : en particulier les noms
positions quant à ces oppositions. Nous introduirons en d'agent en -eur qui sont des déverbaux : voleur,
particulier la notion d'espace discursif. Nous menteur, séducteur, bricoleur, etc. ce qui permet à
reformulerons ensuite l'approche d'O. Ducrot en termes de tels O. Ducrot de montrer l'opposition entre procès et
espaces discursifs, en illustrant les propriétés propriété par des exemples du type de :
fondamentales à l'aide d'exemples. Enfin, nous montrerons que le Max est obligé de voler pour vivre, mais II n'est pas
passé composé peut être expliqué à partir de propriétés voleur.
tout à fait duales de celles de l'imparfait. Et que donc la
démarche d'O. Ducrot peut être étendue à l'analyse Remarquons, en anticipant sur la suite, que la
d'autres phénomènes temporels/aspectuels (2). combinaison de tels dérivés avec l'imparfait ou le passé composé
n'est pas totalement libre. On comparera de ce point de
2. QUELQUES RAPPELS vue:
2.1. L'opposition procès/propriété L'année dernière, Marie (a enseigné ¦* enseignait)
l'anglais.
Cette opposition, qui semble applicable à toutes les
langues indo-européennes (et peut-être à d'autres), est L'année dernière, Marie (? a été + était) professeur
fort ancienne et remonte à la philosophie grecque (3). d'anglais.
D'une part, les langues sont capables d'exprimer l'idée
qu'un « être » a accompli, accomplit ou accomplira une Certaines dérivations adjectivales, par exemple en -ant,
certaine « action » ; plus généralement, qu'une entité est -able, -If; ainsi les paires suivantes, qui représentent
mêlée à un procès. D'autre part, ces mêmes langues ont grosso modo le même événement, mais vu
capacité à attribuer une propriété à une entité. Ainsi des respectivement sous l'angle propriété et sous l'angle procès :
deux exemples : Ce résultat est étonnant.
Je suis étonné de ce résultat.
1. Cf. sur cette notion, Anscombre: 1989. Pierre est détestable.
2. En particulier au groupe nominal, cf. Anscombre : 1986, 1990.
3. Sous la forme de l'opposition entre « l'être » et le « devenir ». Je déteste Pierre.

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s'opposent cependant dans leur comportement avec le 2.2. Thème, espaces discursifs, espaces discursifs
Je trouve que... de Ducrot, 1975 : temporel
F Je trouve que ce résultat est étonnant. Deuxième volet de rappels : celui concernant les notions
I * Je trouve que je suis étonné de ce résultat. de thème et d'espace discursif. Nous nous contenterons
Je trouve que Pierre est détestable. d'exposer notre position en l'illustrant de quelques
{ *Je trouve que je déteste Pierre. exemples, et renvoyons pour les détails à diverses études
que nous avons consacrées à ce sujet : par exemple
Pour les adjectifs en -if, certaines paires comme malade/ Anscombre: 1986, 1989, 1990, 1992.
maladif, né/natif, permettent de marquer la distinction
entre des procès (ici des états résultants) et des Bien que des notions telles que thème et propos soient
propriétés : peu claires et loin d'être opératoires, elles semblent
cependant incontournables sous une forme ou une autre (cf.
Max est champion (né + *natif). par exemple la notion de focus chez les generativistes,
Marie se mouvait avec une grâce (innée + *née + pourtant peu enclins à l'utilisation de ce genre de notions).
native). Une définition assez répandue de thème et propos est la
suivante :
Les phrases génériques : elles fonctionnent en fait
comme des curriculums. Ainsi : Le thème est ce que le discours présente comme
étant ce dont on parle. Le propos est ce que le discours
Les singes mangent des cacahuètes. présente comme étant ce que l'on en dit.
Notons que de telles phrases ne peuvent être mises au Elle fait apparaître thème/propos comme étant une
passé composé et rester génériques, à moins de signaler opposition liée au discours, et donc non nécessairement fixée
explicitement leur dimension « essentielle ». En revanche, par avance. Peu opératoire, cette définition est souvent
l'imparfait leur convient parfaitement. On comparera de assortie de la clause supplémentaire suivante :
ce point de vue : Une expression appartenant à une affirmation est
*Les singes ont mangé des cacahuètes (générique). relative au thème si elle est reprise - ou peut être
considérée comme telle - d'une question dont elle
Les singes ont toujours mangé des cacahuètes.
serait la réponse.
Les singes mangeaient des cacahuètes.
Façon de procéder qui présente plusieurs inconvénients.
Les délocutifs lexicaux <4> : D'une part, elle empêche de parler de thème pour autre
Ce sont des formations du type un m'as-tu-vu, chose qu'une affirmation. Elle suppose en outre que l'on
abondantes dans nos langues (par exemple angl. a gopher, sache distinguer, dans ce qui suit une question, ce qui est
esp. el pésame, ail. ein Jasager, etc.). Elles se réponse et ce qui ne l'est pas (par exemple une réplique).
caractérisent par l'attribution à une entité d'une certaine Enfin, même en restant dans le domaine de l'affirmation,
propriété, décrite par le biais d'un procès. Dire d'une elle implique que certaines d'entre elles ne possèdent
personne qu'elle est un m'as-tu-vu, c'est lui voir un trait pas de thème, et ce de façon contre- intuitive. Ainsi dans
de caractère que l'on décrit en représentant cette le dialogue :
personne comme l'auteur récidiviste d'énonciations - Quel temps a-t-il fait la semaine dernière ?
comme M'as-tu-vu dans Phèdre ?... dans Clnna ?..., etc. - Hier, il a plu à seaux.
b) Dérivation de procès à partir de propriétés : Pour imparfaite qu'elle soit cependant, cette « définition »
Bien que moins abondant, semble-t-il, ce type est quand a permis de mettre en évidence certaines propriétés
même représenté, en particulier dans le domaine verbal. distributionnelles liées à l'opposition thème/propos. Les
- Avec les formations verbales en -fier: statufier, deux plus connues sont les suivantes :
pétrifier, déifier, liquéfier, solidifier, gazéifier, etc. a) une expression concernant le thème peut toujours
- Avec les formations verbales en -iser: caraméliser, être mise en position frontale (sauf contrainte
standardiser, franciser, madériser, etc. syntaxique supérieure). En revanche, une
expression relative au propos ne peut figurer en position
Ce long aparté n'avait d'autre but que de montrer la frontale (sauf si elle appartient au groupe sujet) ;
diversité des procédés permettant de passer de procès à b) une expression relative au propos peut subir
propriété et inversement. Nous en ferons largement usage l'extraction par c'est... que/qui... C'est en revanche
pour opposer l'imparfait au passé composé. impossible pour une expression relative au thème.
Propriétés à l'aide desquelles on rend compte facilement
des exemples ci-après :
r As-tu fini ton article ?
- J'ai fini mon article hier.
4. Cf. Anscombre, 1985, sur ce sujet. - Mon article, je l'ai fini hier.
5. Impossibilité qui disparaît si l'on affecte le segment « hier » d'une
intonation d'appui qui en fait un propos. - *Hier, j'ai fini mon article (5).

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Une fois passé le premier moment de satisfaction, une temporelle concerne le thème si elle sert à préciser la
étude un peu plus fine du même exemple fait apparaître tranche de temps dont on parle ou à l'intérieur de laquelle
de nouveaux problèmes : on considère l'être dont on parle... » (op. cit., p. 3). Cette
1 . On est confronté au contraste suivant : notion, dont O. Ducrot montre fort bien l'utilité, souffre
cependant d'une imprécision due à la notion de thème
As-tu fini ton article ? elle-même, lorsque l'on comprend « thème » comme ce
- ?? Mon article, hier, je l'ai fini. dont on parle (ou que l'on présente - version améliorée -
- Mon article, hier, je l'avais presque fini. comme étant ce dont on parle). Car l'expression « ce
dont on parle » est loin de fournir un critère sûr.
Un tel contraste nous oblige à considérer - solution déjà Supposons que, à la recherche d'un emploi, quelqu'un se
proposée dans de Cornulier: 1979 - la possibilité de voit questionné sur ses capacités de pilote, et réponde
thèmes emboîtés. La première réponse comporte en fait (avec fierté) :
deux thèmes emboîtés : l'un relatif à « article » (lequel A vingt ans, j'avais déjà plusieurs milliers d'heures de
apparaît ici comme une description définie comportant vol à mon actif.
donc un présupposé d'existence), l'autre, emboîté dans
le premier, relatif à « finir ». Ces deux thèmes étant induits Il est clair que ce dont parle cette personne, ce n'est pas
par la question, et hier non, ce dernier apparaît comme d'elle à vingt ans, sujet qui risque de ne guère intéresser
un pur propos, et ne peut apparaître en position frontale l'employeur futur. Le segment A vingt ans n'est donc pas
devant aucun des deux. Mais même au prix de cette un thème temporel au sens d'O. Ducrot (ce qui ne
hypothèse supplémentaire, la possibilité de la seconde l'empêche pas d'être suivi - en anticipant sur la suite -
réponse reste mystérieuse. Certes, ce n'est pas trop d'un imparfait). En fait, le thème c'est le postulant
forcer l'intuition que de voir « je l'avais presque fini » maintenant. Pour se définir, il procède de façon indirecte : il
comme un propos. Mais la position frontale de « hier » en demande à son interlocuteur d'adopter comme point de
fait une espèce de thème sur ce propos. Or l'auteur de vue le postulant à vingt ans. Ayant inscrit le dialogue
cette réponse, s'il se présente bien comme parlant de dans ce cadre, il attribue alors à cet autre moi de vingt
son livre, ne se présente pas en revanche comme parlant ans une qualité qui n'a pu que se magnifier avec le
de « hier ». Il présente plutôt cette période temporelle temps. Concluons : devant l'impossibilité actuelle de
comme étant le laps de temps qu'il faut considérer, du donner un sens précis à « parler de quelque chose », et
point de vue duquel il fait se placer. Ce qui nous amène vu que les propriétés d'une expression relative au thème
à un second type de problème. sont propres aux espaces discursifs, et non au seul
thème, nous substituerons à la notion de thème temporel
2. On peut en effet, au lieu de définir in abstracto la celle plus opératoire d'espace discursif temporel. Sera
notion de thème, puis de chercher les propriétés espace discursif temporel tout espace discursif qui
distributionnelles afférentes, procéder à l'inverse. Chercher consiste en une période temporelle, ou en une entité
quelles sont les expressions linguistiques possédant ces caractérisée dans une telle période temporelle.
mêmes propriétés, comme la possibilité de mise en
position frontale et l'impossibilité d'extraction. Or on en Ce dernier point ayant été précisé, nous pouvons passer
découvre un grand nombre. Ainsi des adverbes comme à l'étude de l'imparfait proprement dit. O. Ducrot décrit ce
sincèrement, honnêtement, dans leur rôle d'adverbes temps verbal à l'aide de quatre propriétés fondamentales :
d'énonciation, ont une grande affinité avec la position (U) Un énoncé à l'imparfait renvoie toujours à un espace
frontale, et ne peuvent être extraits. Et il semble contre- discursif temporel.
intuitif d'affirmer que dans Sincèrement, ta cravate te va O. Ducrot fait ainsi remarquer qu'un exemple comme La
mal, ce dont on parle est la sincérité du locuteur. Cette France s'appelait la Gaule, est strictement impossible s'il
sincérité y est bien plutôt présentée comme le cadre est destiné à caractériser l'être intemporel « France », et
dans lequel s'inscrit ce qui suit. De la même façon, le ne pourrait par exemple répondre a Parlez-moi de la
présupposé d'un énoncé est présenté comme le cadre France. En quoi il s'oppose à Autrefois, la France
dans lequel s'inscrit le posé. Nous appellerons de tels s'appelait la Gaule.
cadres des espaces discursifs. Ils sont de nature très
variée, et satisfont tous aux mêmes critères distribution- De la même façon, en réponse à Qu'est-ce qui se
nels que le thème (6), qui apparaît ainsi comme un cas passe ?, le seul énoncé II y avait une bagarre dans la rue
particulier d'espace discursif. Un énoncé peut ainsi est bizarre face à {Il y a -h il y a eu) une bagarre dans la
comporter plusieurs espaces discursifs, emboîtés ou non rue. Cet espace discursif peut être explicite :
(cf. Anscombre : 1989). A l'époque qui nous occupe, la France s'appelait la
Gaule.
3. L'IMPARFAIT SELON O. DUCROT Napoléon était un homme de gauche.
En vue de développer son analyse de l'imparfait, O. Ducrot mais ce n'est pas nécessaire. Il doit cependant pouvoir
introduit la notion de thème temporel : « ... Une indication être reconstitué, comme dans :
- Qu'est-ce qui se passe ,
6. Les principaux critères sont : possibilité de mise en position frontale, - Il y avait une bagarre dans la rue, et la police est
impossibilité d'extraction, impossibilité à être nié ou interrogé, comportement
spécifique dans les enchaînements. Cf. Anscombre, 1989. intervenue.

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Dernière remarque enfin. La période temporelle dont il du pain, un verre de vin, c'est du vin, etc. Caractéristique
s'agit doit être vue comme telle, et non par exemple qui distingue les massiques des comptables : ainsi, la
comme une durée. L'imparfait peut en effet mal couverture d'un livre n'est pas un livre, pas plus que la
s'accommoder de la durée : moitié d'un pain n'est un pain (8). Cette distinction a été
(Toute sa vie + sa vie durant + pendant toute sa vie), reprise dans le domaine verbal : Vendler, 1957 ; Kenny,
Napoléon (?? souffrait + a souffert) de maux 1963 ; Rohrer, op. cit. ; Mourelatos, 1978. Ce que signifie
d'estomac. (l3), c'est que le procès dénoté par une occurrence d'un
verbe à l'imparfait est homogène dans l'espace discursif
et supporte mal une trop grande imprécision au niveau de temporel considéré. C'est cette propriété d'homogénéité
la période temporelle : qui donne lieu à ce que l'on a appelé « l'effet grossissant
La France s'appelait (autrefois + ?? d'abord) la Gaule. de l'imparfait », dans des exemples comme L'année
(12) L'espace discursif temporel relatif à un énoncé à dernière, je déménageais, énoncé qui présente l'année
l'imparfait est entièrement contenu dans le passé. Il dernière comme remplie uniquement par le
s'agit là d'une des propriétés les plus connues de déménagement considéré. C'est pourquoi, face a :
l'imparfait. Citons deux arguments en sa faveur : Hier, j'ai travaillé à la maison, puis je suis sorti me
promener.
a) On ne peut répondre à une demande d'information sur
la cause d'un événement présent par un énoncé à on n'aura que difficilement :
l'imparfait : Hier, je travaillais à la maison, puis je suis sorti me
promener.
- Pourquoi Pierre est-il en train de pleurer ?
- Parce que sa femme (le bat + l'a battu + *le battait). La dernière condition régissant l'emploi de l'imparfait
s'énonce comme suit :
b) On ne peut caractériser une entité existant dans le
présent par un énoncé à l'imparfait : (l4) Dans un énoncé à l'imparfait, le procès évoqué est
présenté comme une propriété de l'espace discursif
Parmi les hommes politiques actuels, seul le premier temporel.
ministre (ne raconte jamais + n'a jamais raconté + *ne
racontait jamais) de salades (7). Un certain nombre de caractéristiques de l'imparfait vont
effectivement dans ce sens :
Remarquons qu'une simple indication de passé suffit a) La présentation de qualités intrinsèques se fait toujours
souvent à assurer l'existence d'une période temporelle à l'imparfait. Ainsi, dans des contextes « banals » :
(inscrite dans le passé), et à rendre l'imparfait possible. r - Décrivez-moi Louis XIV.
On comparera de ce point de vue :
\I" - Qui
LouisestXIV
Alain
(avait
Chartier
+ *a eu)
? le nez bourbon.
?? Les Français étaient les Gaulois.
Les premiers Français étaient les Gaulois. L - (C'était +?? ça a été) le philosophe Alain.
On peut ainsi, dans l'exemple ci-dessus relatif aux C'est ce qui fait que le cadre événementiel dans lequel se
problèmes gastriques de Napoléon, « récupérer » la durée sont déroulés certains faits passés est très généralement
comme période temporelle par l'indication d'un passé : à l'imparfait :
(Toute sa vie + sa vie durant + pendant toute sa vie), ... Madame de Rénal sortait par la porte-fenêtre du
Napoléon (avait souffert + devait souffrir) de maux salon qui donnait sur le jardin quand elle aperçut près
d'estomac. de la porte d'entrée la figure d'un jeune paysan presque
encore enfant... (Stendhal, Le rouge et le noii).
(13) Dans un énoncé à l'imparfait, l'espace discursif
temporel est qualifié « en bloc » par le procès qui y Remarquons que le passé composé, possible ici,
est inscrit. introduirait une relation causale - fréquente avec ce temps -
Propriété qu'O. Ducrot illustre par la comparaison entre souvent problématique avec l'imparfait (9). L'imparfait est
les deux dialogues : en effet du côté de l'essentiel, de l'intemporel, alors que
la cause est toujours vue en langue comme une
r - Jean a-t-il vécu à Paris l'année dernière ? succession temporelle. Remarquons que l'on ne peut affirmer
\ - (Oui, en mai + ?? Non, seulement en mai). que l'imparfait est incompatible avec la succession
r - Jean vivait-il à Paris l'année dernière ? temporelle. Ce que l'on peut dire en revanche, c'est que
I - (?? Oui, en mai + ? non, seulement en mai). l'imparfait ne sert pas à présenter comme telle une
On aura en fait reconnu là la propriété d'homogénéité, succession temporelle. Un énoncé comme Pierre entrait.
bien connue dans le domaine des termes de masse Marie sortait, ou bien sera interprété comme la
(cf. par ex. Rohrer : 1978) : en simplifiant, toute partie du présentation d'une simultanéité (« Quand je suis arrivé, Pierre
réfèrent d'un terme de masse est nommable par le terme
de masse seul. Si l'on préfère, un morceau de pain, c'est
8. Sur ces problèmes, cf. le très clair exposé de M. Galmiche : « Note
sur les noms de masse et le partitif », Langue française, 72, p. 40-53.
7. Sauf à sous-entendre, ce qui ne contredit pas la règle, une indication 9. Nous voulons dire par là que l'imparfait ne peut présenter une
temporelle du type « A l'époque », induite par le discours antérieur. relation causale comme telle.

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entrait et Marie sortait »), ou, si on veut y voir une dont les péripéties événementielles sont conférées
succession temporelle, il faudra en donner une comme autant de propriétés constitutives, le passé
interprétation itérative Chaque fois que Pierre entrait, Marie composé, à l'inverse, fait intervenir des êtres intemporels,
sortait, ce qui revient à dire que la relation causale entre à identité permanente, dont il nous décrit l'histoire
les entrées de Pierre et les sorties de Marie est une événementielle.
habitude de Pierre et de Marie à une certaine époque de Plusieurs propriétés du passé composé permettent
leur relation. L'imparfait est ici « en facteur commun », et d'illustrer la propriété (C,) :
l'énoncé s'analyse comme (entrée (Pierre) cause sortie
(Marie)) -ait a) Une première remarque venant à l'appui de (CO
concernera le genre « biographie ». Hormis le passé
b) C'est que, propriété bien connue, l'imparfait entretient simple, fort désuet, le temps verbal de la biographie peut
des relations privilégiées avec l'itération. D'où ce que l'on être le présent, l'imparfait ou le passé compose :
a coutume d'appeler l'Imparfait d'habitude. Il n'y a en fait
pas d'imparfait d'habitude, et il s'agit là d'une illusion qui Issu d'une famille de musiciens, Mozart (manifeste +
provient en fait de (l4). Comme le note Ducrot, attribuer manifestait + a manifesté) très tôt des dons musicaux
une certaine habitude à une entité, c'est la créditer de la hors du commun.
tendance à répéter une certaine action ou suite d'actions. Il semblerait donc a priori que le choix du temps verbal
C'est donc lui conférer une propriété, sur la base soit, dans ce domaine, pure affaire de style ou de goût
aristotélicienne que l'habitude est une seconde nature. Or, non personnel. Or ce genre biographique particulier qu'est le
seulement l'imparfait est apte à exprimer l'habitude, mais curriculum vitae supporte mal l'imparfait. Par exemple :
dans ce rôle, il est incompatible avec les indications de Jean Dupont : est né en 1925 à Plougastel. A étudié à
nombre. Par exemple : la Sorbonne, où il a obtenu son diplôme en 1949. Est
f Q- Comment Pierre se distrayait-il l'année entré chez Olida en 1950 comme expert comptable.
dernière ? curriculum que l'on imagine mal à l'imparfait. C'est qu'un
R - L'année dernière, pour se distraire, Pierre tel CV n'est pas destiné à caractériser Jean Dupont à une
allait (souvent + parfois + quelquefois + une certaine époque de sa vie - ce que ferait l'imparfait -
fois par semaine + tous les jours) au mais à qualifier l'individu, l'entité « Jean Dupont ». Autre
exemple de même nature, la formulation propre aux
R' - cinéma.
L'année dernière, pour se distraire, Pierre diplômes : « Le président de l'Université de Paris XXII
allait (*cinq fois + ?? plusieurs fois + ??à certifie que Monsieur Dupont Jean a soutenu avec succès
plusieurs reprises -f ?? tous les jours sauf le 30 février 1968 une thèse ayant pour sujet... ». Là
un) au cinéma. encore, on imagine mal l'imparfait : c'est qu'il ne s'agit
Comportement de l'imparfait tout à fait analogue à celui pas de parler de Jean Dupont de 1968, mais de l'être
que l'on observe dans le cas d'une propriété : intemporel Jean Dupont, dont le diplôme fait, ad vitam
aeternam, l'heureux détenteur d'une certaine propriété.
Pierre est (souvent + parfois + quelquefois + tous les
jours) dans la lune. La caractéristique (CO permet ainsi de comprendre
Pierre est (*cinq fois + *plusleurs fois + *à plusieurs qu'avec un énoncé au passé composé, il n'est nul besoin
reprises) dans la lune. de préciser un intervalle temporel : une entité intemporelle
n'en désigne aucun et est à l'aise dans n'importe lequel.
Voilà, très grossièrement résumée, la théorie de l'imparfait Un énoncé comme Le Napoléon du début a été un homme
due a O. Ducrot. de gauche, et qui peut sembler contre-exemplaire, met
Une fois défini l'imparfait comme nous venons de le faire, en fait en scène cet être historique qu'est le Napoléon de
on peut songer à mener une analyse du passé composé la première période, intemporel parce qu'immortalisé par
s'appuyant sur les mêmes concepts. l'histoire. En ce sens, il est aussi intemporel que l'est la
dénomination « cubisme » par exemple. Bien que
4. LE PASSÉ COMPOSÉ s'agissant à l'origine de certains événements relatifs à
une certaine époque, la reconnaissance officielle de ce
Le passé composé est fréquemment analysé comme le courant en a fait cet être intemporel qu'est le style cubiste.
temps par excellence de la description événementielle (10) :
la propriété ci-après, en quelque sorte symétrique de (li) Ainsi, à une demande d'information genre « question
peut donc paraître surprenante au premier abord : d'examen », on peut répondre par un simple passé
(Ci) Un énoncé au passé composé renvoie toujours à un composé, sans autre précision chronologique, l'imparfait
espace discursif intemporel. convenant mal dans un tel emploi. On comparera, de ce
En d'autres termes, le passé composé a pour fonction point de vue :
essentielle de mettre en scène des entités intemporelles. - Parlez-moi de la France.
Alors que l'imparfait nous présente des êtres temporels .-La
- La France (s'appelait + s'est appelée) autrefois
Gaule.
.aLa France (?? s'appelait + s'est appelée)
l d'Ê
d'abord la Gaule.
10. Cette notion sera précisée plus loin.
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C'est également (d) qui autorise le passé composé dans : dans les grammaires, bien qu'elle ne soit peut-être pas
Pierre connaît bien le Mexique, puisqu'il y a habité. aussi simple qu'elle le paraisse :
là où (10 empêche l'imparfait : (C2) La période temporelle (11) correspondant à la
réalisation du procès présenté par un énoncé au
?? Pierre connaît bien le Mexique, puisqu'il y habitait. passé compose est située dans le passé, mais peut
sauf précision chronologique explicite ou fournie par le comprendre le moment présent. Soit directement,
contexte, comme par exemple jusqu'à une date récente. soit par ses prolongements.
b) Une autre et curieuse propriété du passé composé, Rappelons que le passé dont il s'agit est celui qui est
due en partie à (Ci), est son emploi dans les vérités défini comme tel par le moment de renonciation. Ce que
générales, les aphorismes. Usages où l'imparfait est signifie (C2), c'est qu'un énoncé au passé composé indique
impossible, sauf dans des cas bien spécifiques de style de façon certaine que le procès considéré a eu son point
indirect libre : de départ dans le passé, mais que sauf précision
L'esprit humain (a toujours accompli + ?? complémentaire, on ignore si le procès s'est achevé dans
accomplissait toujours) des miracles. le passé ou a perduré jusqu'au moment présent. C'est ce
Le monde (n'a jamais manqué + *ne manquait jamais) qui permet de dire aussi bien :
de charlatans. Aujourd'hui, j'ai commencé mon article à huit heures
du matin, et j'ai travaillé jusqu'à huit heures du soir.
L'homme (a toujours été + *était toujours) un loup que:
pour l'homme.
Aujourd'hui, j'ai commencé mon article à huit heures
Exemples clairement destinés à qualifier ces êtres du matin, et j'ai travaillé jusqu'à maintenant.
intemporels que sont l'esprit humain, le monde, l'homme. D'où
un usage du passé composé relevé dans la plupart des Cette propriété distinguait autrefois de façon précise, et
grammaires : le passé d'habitude, comme dans : jusqu'au XVI" siècle, le passé simple (ou défini), qui
désignait une action passée sans le moindre rapport avec
Quand Pierre a fini de travailler, il va faire un tour. le présent, du passé composé (ou indéfini), qui fait le lien
Lorsqu'on a peiné toute sa vie, on a bien droit à la entre passé et présent. Cette opposition, pratiquement
retraite. disparue en français contemporain, s'est en revanche
maintenue en espagnol, où le passé simple est d'un
c) En rapprochant - pour les comparer - (Ci) et (I,), on usage courant.
voit alors poindre la différence, pour ténue qu'elle soit,
entre : Voici quelques arguments en faveur de la propriété (C2).
La France s'appelait autrefois la Gaule. a) Le passé composé convient particulièrement bien pour
La France s'est appelée autrefois la Gaule. indiquer que les conséquences d'un acte se font encore
sentir dans le moment présent, emploi d'où est exclu
La présence de l'imparfait dans le premier énoncé fait l'imparfait :
que l'espace discursif considéré est temporel. Il s'agit de On ne peut pas entrer par cette porte : hier, la clé
« la France, autrefois », dont on dit que le nom est « la (s'est cassée + ?? se cassait) dans la serrure <12).
Gaule ». Dans le second énoncé, à l'inverse, le passé Je ne peux rien vous dire de Louis XIV. Hier, je (n'ai
composé introduit un espace discursif cette fois pas appris + *n 'apprenais pas) ma leçon.
intemporel : « la France », dont on affirme qu'autrefois,
elle avait pour nom « la Gaule ». Grossièrement parlant, On me fait signe : Prost ne repart pas. Dès le premier
ces deux énoncés disent la même chose, ont le même tour, son circuit hydraulique (a lâché + ?? lâchait).
« contenu informatif ». Mais il y est présenté dans chacun Nous reviendrons plus avant sur ce point et le problème
d'entre eux de façon différente. On voit ainsi apparaître le qu'il soulève.
rôle dévolu aux espaces discursifs : ils servent à rendre
compte du fait que parler, c'est toujours (et de façon b) Ce double aspect du passé composé - origine du
constitutive) se placer d'un certain point de vue. Une procès dans le passé et prolongement jusque dans le
simple manipulation fera ressortir qu'il y a des traces de présent - apparaît également dans ses possibilités de
ces différences de point de vue entre nos deux énoncés : combinaison avec des compléments adverbiaux se
La France d'autrefois s'appelait la Gaule. rapportant aussi bien au présent qu'au passé :
?? La France d'autrefois s'est appelée la Gaule. Maintenant, j'ai assez mangé (Jespersen, 1 924 :
p. 381).
On voit ce qui gêne dans le second cas. L'introduction du Aujourd'hui, j'ai fini mon article.
génitif dans le groupe nominal force une lecture
temporelle de l'espace discursif. Ce qui va bien entendu
à rencontre de (Ci). 11. Nous ne poserons pas là non plus le problème de la définition
La propriété suivante du passé composé est de loin la d'une entité comme « période temporelle ».
12. Cette impossibilité est un contre-exemple è Smith: 1986, qui
plus connue, et elle est abondamment citée et commentée affirme que l'imparfait se prolonge jusqu'au présent.

48
Actuellement, j'ai renoncé à toute ambition. Considérons maintenant :
A présent, je vous a! tout dit. (3) // doit y avoir un feu quelque part : tout à l'heure,
J'ai trop mangé pendant les fêtes. l'essence du dépôt ne s'est pas enflammée toute
Hier, j'ai fini mon article. seule.
J'ai renoncé à toute ambition l'année dernière. (A) Il doit y avoir un feu quelque part : tout à l'heure, on
sentait comme une odeur de brûlé.
Samedi, je vous ai tout dit.
Dans (3), il s'agit bien évidemment d'un scénario externe,
Ce qui a parfois fait considérer le passé composé comme fondé sur le constat empirique que l'essence s'enflamme
une forme de présent, indiquant un état présent résultant quand on y met le feu. Rien de semblable dans (4) :
d'événements passés. Jespersen (1924, p. 381 sq.) parle aucun lien ou factuel ou logique ne relie une sensation
ainsi de présent de permanence ou rétrospectif. Thèse subjective comme « odeur de brûlé » à l'existence d'un
reprise entre autres par Von Wartsburg et Zumthor (1 958, incendie. En revanche, une telle sensation est suffisante
p. 211 sq.), qui parlent de «l'intérêt psychologique pour motiver l'hypothèse d'un incendie. Un topos est
actuel » des faits passés qu'exprime le passé composé. vraisemblablement à l'oeuvre ici, variante de « Il n'y a
Critiquant cette analyse, en particulier la présence d'un pas de fumée sans feu ». (4) présente donc cette fois un
élément sémantique « présent » dans le passé composé, scénario interne. Or, de façon tout à fait surprenante,
Schogt : 1 968 objecte que certes, on peut trouver un alors que (4) admet le passé composé, (3) refuse
passé composé dans le cadre d'une relation de cause à l'imparfait. On voit quelle est la règle : alors que le passé
effet, ainsi dans l'exemple (Von Wartburg et Zumthor, op. composé s'accommode, pour ce qui est du prolongement
cit., p. 215): dans le présent, aussi bien d'un scénario interne que d'un
(1) Je suis obligé de téléphoner: il n'est pas encore externe, l'imparfait en revanche tolère les seuls scénarios
venu. internes. Autre façon de dire les choses : les
conséquences d'un événement rapporté par un énoncé à
mais que la même relation est à l'oeuvre dans cet autre l'imparfait restent dans le passé si un scénario externe
exemple, cette fois à l'imparfait (Schogt : op. cit., p. 39) : est à l'oeuvre, mais peuvent comprendre le moment
(2) Je suis obligé de lui faire des reproches : il y a une présent s'il s'agit d'une qualification, évaluation ou
heure, il ne travaillait toujours pas. commentaire (scénario interne). On trouve la même
Tout le problème vient en fait de ce que le mot « cause » opposition scénario interne/scénario externe dans la paire
sert en langue à désigner des relations de natures d'exemples :
sensiblement différentes. Etant donnés deux énoncés e, et e2 Je suis obligé d'appeler la police : cet homme
rapportant des situations s, et s2 (13), la formulation « s, ressemble trait pour trait à celui qui, hier, (a
est cause de s2 » peut signifier deux choses : assassiné + assassinait) deux hommes de sang-froid.
1. une loi de nature empirique ou logique fait que de s1t Je suis obligé de vous condamner (dit le président du
on tire obligatoirement s2. Nous parlerons alors de tribunal) : la semaine dernière, vous (avez assassiné +
scénario externe pour indiquer que le ressort de ?? assassiniez) deux hommes de sang-froid.
l'enchaînement est de nature non-linguistique. Par ex. : C'est que le président du tribunal n'a pas le choix : selon
Il n'y a pas de lumière (= S2) : j'ai retiré l'ampoule le code juridique, qui lui est imposé de l'extérieur (scénario
(= s,) (cause logique). externe), le crime entraîne une condamnation
Don Padrone est mort (= S2) : son grand rival l'a tué systématique. Il ne s'agit donc pas de la même obligation que
hier (= s,) (cause logique). celle, purement morale et subjective, d'un citoyen
ordinaire face à sa propre évaluation des circonstances.
Ce type de cause est indépendant du locuteur. Revenons maintenant à (1) et (2). Aucune loi empirique
2. Une loi de nature linguistique fait que de s1t le locuteur ou logique n'entraîne la nécessite d'un reproche dans le
soit justifié (ou se présente comme tel) de tirer s2. Nous cas d'un non travail, même s'il s'agit là d'une pratique
parlerons alors de scénario interne. C'est le cas dans : usuelle. On pourrait en fait voir à l'oeuvre dans (2) un
topos graduel comme « Moins il y a de travail fait, plus un
Pierre doit être au lit : hier, il était très malade. reproche est justifié ». (2) fait jouer un scénario interne,
On remarque que le locuteur d'un tel enchaînement se d'où la possibilité de l'imparfait. A l'inverse, on imagine
contente de faire jouer une loi de plausibilité, et que son facilement dans (1) un scénario externe. Un contexte
raisonnement repose sur une simple évaluation banal serait par exemple la nécessité d'un contact entre
(subjective) de la situation. C'est, nous le verrons, le domaine les deux protagonistes. Un premier rendez-vous ne
par excellence des topoï (14). semble pas être honoré, et il faut téléphoner pour un
autre rendez-vous. Certes, la notion de rendez-vous, si
elle comporte le trait linguistique « cause de rencontre »
ne réfère pas à un scénario externe. Mais un tel scénario
existe bel et bien. Des raisons d'efficacité ou de sérieux
13. Il ne s'agit pas nécessairement de faits matériels, ou présentés font que c'est une loi commune qu'un rendez-vous soit
comme tels.
14. Cf. sur cette notion, Anscombre-Ducrot, 1986. - suivi d'une rencontre.

49
Un dernier point concernant (C2) : l'existence, souvent Un des critères habituellement retenus pour distinguer
notée, d'énoncés comme : les deux types d'énoncés est que l'énoncé-événement
Demain, j'ai fini mon article. présente, au contraire d'un énoncé-propriété, un ancrage
Dans cinq minutes, je suis parti. temporel spécifique.
où le passé composé semble pouvoir prolonger jusqu'au Ce que nous exprimions en 2.1. peut donc se reformuler
futur l'incidence d'un événement passé. Assez limités, ainsi : que le syntagme verbal exprime un état ou une
ces emplois supposent que l'action envisagée soit déjà action, la langue possède des procédés spécifiques pour
en cours au moment de l'énonciation, comme on le voit leur faire représenter des événements ou des propriétés,
sur: même si ces possibilités ne sont pas également réparties.
?? Demain, j'ai commencé mon article. La troisième propriété du passé composé se formule
?? Demain, je suis venu te voir. alors:
Notons l'impossibilité totale de l'imparfait dans de tels (C3) Dans un énoncé au passé composé, le procès est
emplois. C'est le côté statif du passé composé qui est à présenté comme un événement dont l'espace
l'origine de cet usage, dans la mesure où il décrit l'état discursif (intemporel) est le lieu.
présent résultant d'un événement passé. Il permet une On voit ainsi que la différence entre l'imparfait et le passé
lecture quasiment en style indirect : demain, je serai dans composé est essentiellement aspectuelle. Quelques
l'état de quelqu'un qui peut dire « J'ai fini mon article ». proches par le sens que puissent être deux énoncés
Analyse que semble appuyer le phénomène illustré par : aussi simples que :
Demain, (je finis + je finirai + *j'ai fini) d'abord mon (3) Hier, Pierre est venu me voir.
travail, puis je vais me promener. (4) Hier, Pierre venait me voir.
La troisième propriété du passé composé nécessitera ce qui les distingue est la présentation de ce qui est dit.
quelques explications préliminaires qui nous ont été (3) parle de Pierre, qu'il présente comme le lieu de
suggérées en particulier par Galmiche : 1986, qui oppose l'événement « venir me voir hier ». Dans (4) en revanche, il est
les deux notions d'événement et de propriété. Quelques question de « Pierre hier », qui a comme propriété « venir
mots d'explication s'imposent donc, puisque nous avons me voir » <16>. Une comparaison cinématographique fera
précédemment opposé procès à propriété. C'est que la peut-être saisir cette différence entre les deux temps : on
terminologie dans ie domaine du temps et de l'aspect est peut remarquer que outre le temps présent, qui
flottante : tantôt la notion de procès renvoie au temporaire, conviendrait dans les deux cas, le récit d'un film se fait de
et s'oppose alors de la permanence de la propriété. Tantôt préférence au passé composé, alors que la description
elle renvoie à tout ce qu'exprime le verbe ou le syntagme d'un instantané utilisera l'imparfait (et le plus-que-parfait).
verbal. Par ailleurs, « procès » signifie parfois «
événement », ce qui ajoute à la confusion. Donnons quelques arguments en faveur de (C3).
a) Tout d'abord, il est généralement difficile d'affecter une
Nous opterons arbitrairement pour les définitions propriété intrinsèque à une entité (intemporelle donc) à
suivantes : l'aide du passé composé :
1. au niveau lexical, nous parlerons de procès pour
désigner en général ce qui est exprimé par le verbe Louis XIII (*a été + était) le fils d'Henri IV.
ou le syntagme verbal, et éventuellement certains Autrefois, cette porte (?? a donné + donnait) sur la
noms, ceux dits d'agent et d'action. Bien entendu, cour.
on peut, dans un second temps, si on le désire, Cette règle devrait cependant être atténuée, car certaines
classer les procès selon différents critères, comme interprétations permettent en fait le passé composé.
cela a été fréquemment fait (cf. dans la Considérons :
bibliographie : Kenny, Vendler, Mourelatos, Smith,
(5) Max était courageux.
Rohrer) <15>.
2. au niveau du discours, nous distinguerons cette fois (6) Max a été courageux.
les énoncés exprimant un événement (ou énoncés- Nous soutiendrons en fait que dans (5), il s'agit de la
événements) de ceux exprimant une propriété (ou propriété intrinsèque « courageux », et dans (6), l'attitude
énoncés-propriétés) . locale « courageux », correspondant à une interprétation
Nous n'entrerons pas ici dans les détails de la événementielle. On peut le voir sur des enchaînements
détermination du type d'énoncé - événement ou propriété - comme :
auquel on est confronté. Signalons qu'on peut par Max était courageux : il n'a donc pas reculé.
exemple s'interroger sur la nature exacte d'énoncés ?? Max a été courageux : il n'a donc pas reculé.
comme : ?? Max n'a pas reculé : pour une fois, il était
Pierre est toujours venu me voir le samedi. courageux.

15. Cette classification, bien utile, mais critiquée, confond la nature du


procès et la nature de l'événement représenté par l'occurrence du procès. 16. Dans l'interprétation la plus courante.

50
Max n'a pas reculé : pour une fois, il a été courageux. Enfin, une opposition adverbiale entre :
Marie était (fréquemment -f habituellement)
Un problème analogue se pose avec le couple : maladroite.
(7) Enfant, Marie était maladroite. Marie a (fréquemment + habituellement) été
(8) Toute sa vie, Marie a été maladroite. maladroite.
qui semble également contrevenir à la règle selon laquelle semble relever de la même analyse (qui reste à faire).
on n'exprime pas une propriété intrinsèque à l'aide du b) C'est qu'il convient de distinguer, comme le note
passé composé. Il nous faut donc montrer que (7) est un Ducrot : 1979, la simple répétition d'une action, et le fait
énoncé-propriété, et que, contre toute apparence, (8) est que cette répétition a pour origine une habitude. En
un énoncé-événement. Une première remarque est que d'autres termes, une itérativité événementielle reste
(7) et (8) ont des structures sémantiques différentes, ce événementielle, sauf indication qu'elle est une manifestation
qui apparaît à travers le test de l'interrogation : habituelle. Et ce, bien qu'il y ait en langue une forte
(7') Est-ce qu'enfant, Marie était maladroite (ou non) ? tendance à voir l'itérativité comme issue d'une habitude.
(&) Est-ce que toute sa vie, Marie a été maladroite (ou D'où probablement des expressions comme Quelle (sale)
seulement à certaines périodes) ? manie I, J'espère que ça ne va pas devenir une habitude,
etc. Notre second argument en faveur de <C3) sera le
Test de l'interrogation qui montre que (7) parle de Marie comportement particulier du passé composé lorsqu'on
enfant (espace discursif temporel), et lui attribue la l'introduit dans des phrases à lecture générique (sur la
maladresse comme caractéristique. Et que (8) en revanche, généricité, cf. Kleiber, 1983, 1987). Considérons, dans
s'intéresse à la maladresse de Marie (espace discursif leur interprétation exclusivement générique :
intemporel), dont il déclare qu'elle accompagne la vie de (9) (Un ¦*¦ le + les) diplodocus mange(nt) une grosse
Marie. Les règles (li) et (Ci) en particulier expliquent ainsi quantité d'herbe.
que le passé composé soit médiocre dans (7), et
l'imparfait mauvais dans (8). C'est que toute sa vie est (1 0) (Un + le + les) diplodocus mangeai(en)t une grosse
souvent lu comme « pas seulement à une période T quantité d'herbe.
particulière » ; peut-être même est-ce là son sens premier. Passons au passé composé :
Se prêtant facilement à la discrétisation, l'intervalle (11) Un diplodocus a mangé une grosse quantité d'herbe.
temporel qu'il dénote favorise donc les lectures (1 2) Le diplodocus a mangé une grosse quantité d'herbe.
événementielles. Quelle peut être une telle lecture dans (8), le
seul qui fasse problème, (7) étant conforme en tout point (13) Les diplodocus ont mangé une grosse quantité
d'herbe.
à notre description ? Nous dirons que, tant dans (7) que
dans (8), il s'agit bien de la maladresse, mais présentée On remarque que seuls (12) et (13) ont encore
sous deux angles différents. Dans (7), il s'agit de la interprétation générique, (11) ayant cette fois interprétation
maladresse en tant que propriété inhérente à un individu exclusivement spécifique. On peut le voir sur la possibilité
à un certain moment de sa vie. Dans (8) en revanche, il de reprise par ça (Galmiche, 1985) :
s'agit de la maladresse en tant qu'elle est à l'origine de (1 1 ') ?? Un diplodocus, ça a mangé une grosse quantité
faits qui eux, sont événementiels. (8) signifierait quelque d'herbe.
chose comme « Toute sa vie, Marie a cassé des objets (12') ? Le diplodocus, ça a mangé une grosse quantité
du fait de sa maladresse ». Analyse que nous d'herbe.
confirmerons à l'aide de la distinction entre se révéler et se (13') Les diplodocus, ça a mangé une grosse quantité
montrer. En effet, les deux constructions se révéler Adj. d'herbe.
et se montrer Adj. différent en ce que la première présente
Adj. comme une caractéristique intrinsèque (apte donc à Ce que montrent (1 1 ) et (1 2'), c'est que le passé composé
décrire des propriétés), et la seconde, comme une tend à faire de la détermination au singulier une
caractéristique extrinsèque (apte donc à dénoter des détermination singulière. Phénomène dû selon nous à ce trait
événements). D'où des oppositions comme : événementiel qui lui est propre. Car (1 1), (12) et (13) sont
Max s'est révélé (courageux + *découragé + ? événementiels, comme le montre l'impossibilité de les
méprisant). combiner avec habituellement. Alors que (9) et (10)
acceptent aussi bien ça que habituellement. Autre indice :
Max s'est montré (courageux + découragé + alors que l'on peut enchaîner sur (12) et (13) par un
méprisant). énoncé-événement comme D'où disparition de la
L'imparfait étant susceptible de transformer tout procès végétation, il est plus difficile de leur adjoindre un énoncé
en propriété, les deux constructions sont possibles, faisant des événements une propriété, ainsi C'était leur
mutatis mutandis dans (7) : principale caractéristique. A l'inverse, (9) et (1 0) acceptent
Enfant, Marie se (révélait + montrait) maladroite. , les deux types d'enchaînement. Dernière remarque : pour
qu'un énoncé au passé composé devienne habituel, il
Il n'en est pas de même pour (8) : faut l'indiquer de façon explicite : par exemple en y
Toute sa vie, Marie (?? s'est révélée + s'est montrée) insérant toujours. On voit alors qu'ainsi modifiés, (11),
maladroite. (12) et (13) sont très proches de (9) et (10).

51
c) Dernier point en faveur de (C3) : à l'inverse de Quatrième et dernière propriété du passé composé :
l'imparfait, le passé composé est le temps par excellence - avec (C4) Dans un énoncé au passé composé, l'espace
le passé simple - de la succession temporelle. Nous ne discursif invoqué n'est pas homogène pour le procès
voulons pas dire par là que, étant donné une suite Ei + E2 exprimé.
d'énoncés, ils décrivent des événements simultanés
chaque fois qu'ils sont tous deux à l'imparfait, ni successifs Remarquons que de même que (l3) et (l4) n'étaient pas
quand tous deux sont au passé composé. Des cas sans rapport l'une avec l'autre, il y a un lien entre (C3) et
comme : (C4). Lien qui vient de ce que le passé composé marque
Quand Jean voulait travailler, il se couchait avec les fortement l'aspect événementiel des faits qu'il rapporte.
D'où une tendance à la discrétisation, qui rapproche le
poules, et se levait au chant du coq. passé composé du comptable- l'imparfait se situant pour
Hier, j'ai assisté à la réunion : on a décidé de changer sa part côte massique. Ceci rend le passé composé apte
les statuts. à représenter une entité comme siège d'une pluri-événe-
seraient des contre-exemples immédiats. Ce qu'il faut mentialité, au contraire de l'imparfait, régi, nous l'avons
dire, c'est non pas que l'imparfait est incompatible avec la vu, par la condition « de bloc ».
succession temporelle, mais que son rôle n'est pas de
présenter une succession temporelle comme telle. Ainsi, Nous avons déjà évoqué certains arguments en ce sens,
dans l'exemple ci-dessus, la succession temporelle est dans la partie consacrée à l'imparfait. En particulier :
d'origine lexicale. Nous savons tous que le lever est a) Dans la période considérée par un énoncé au passé
postérieur au coucher. Le rôle de l'imparfait n'est pas composé, l'événement présenté n'est pas nécessairement
d'introduire la successivité, mais de la présenter comme le seul :
une propriété d'une certaine entité temporelle. D'où la {- Où Jean a-t-il vécu l'année dernière ?
tendance certaine à lire la combinaison succession - L'année dernière, il a vécu à Paris, mais seulement
temporelle + imparfait comme l'indication d'une itération. au premier trimestre.
Dans le second exemple à l'inverse, on chercherait en
vain une quelconque succession d'événements dans le D'où des contrastes comme :
temps. Tout ce que l'on peut dire, en effet, c'est qu'il y a La nuit dernière (j'ai dormi + je dormais)
une forte propension à lire une suite de deux passés profondément.
composés comme indiquant une succession La nuit dernière, (j'ai dormi + ?? je dormais)
événementielle, chaque fois que c'est possible. On vérifiera la profondément jusqu'à 2 h du matin.
validité de ce point de vue sur la variation qu'introduit le
passage au passé composé dans les vers suivants - b) Comme nous l'avons déjà signalé, seul le passé
G. de Nerval nous pardonne : composé est compatible avec les indications de nombre,
C'était un trésor plein de charmes trait qui l'oppose à ce que l'on observe dans le cas des
Où son amour se conservait : propriétés (sauf à les comprendre comme accidentelles,
A chaque fols qu'il y buvait comme résultat d'une action). D'où l'exemple inspiré de
Ses yeux se remplissaient de larmes. ceux donnés pour l'imparfait :
- Comment Pierre s'est-il distrait l'année dernière ?
Un cas est cependant clair : lorsque, dans la suite E, + - L'année dernière, pour se distraire, Pierre est allé
E2, E2 prend Ei pour thème, et qu'il n'y a pas, pour des (cinq fois + plusieurs fois + à plusieurs reprises +
raisons lexicales ou autres, de lien temporel entre les tous les jours sauf un) au cinéma.
deux énoncés. Alors, si tous deux sont à l'imparfait, les
deux événements sont interprétés comme simultanés. Si c) Dernier point : on remarque que certains adverbes, qui
tous deux sont au passé composé, la suite Ei + E2 est tendent à imposer une interprétation d'homogénéité sont
vue comme référant à une succession événementielle bien meilleurs avec l'imparfait qu'avec le passé composé :
(pour plus de détails, cf. Ducrot, 1979) : Ces dix dernières années, Il résidait (habituellement +
(1 ) Quand Victor Hugo mourait, en 1885, toute la France généralement) à Paris.
récitait ses poèmes. Ces dix dernières années, H a résidé
(2) Quand Victor Hugo est mort, en 1885, toute la ^habituellement + ?? généralement) à Paris.
France a récité ses poèmes. L'année dernière, il prenait (habituellement +
Les deux lectures - simultanéité dans (1) et succession généralement) ses repas au petit restaurant du coin.
dans (2) - apparaissent clairement. On note de plus L'année dernière, il a (^généralement + ?
qu'un alors de succession est difficile en (1), banal en (2). habituellement) pris ses repas au petit restaurant du coin.
A l'inverse, un depuis longtemps s'insère facilement après
le E2 de (1), beaucoup moins naturellement dans (2). 5. CONCLUSION (BRÈVE)
Enfin, (1) répondrait mieux que (2) à la question Quelle
était la notoriété de Victor Hugo ?, et (2) mieux que (1) à Au terme de cette étude longue - mais bien sûr incomplète
Que s'est-il passé à la mort de Victor Hugo ? - nous ferons ressortir le point suivant. Si le passé
composé n'est certes pas le symétrique parfait de

52
l'imparfait (ce symétrique étant sans doute le passé Ducrot O., 1979. « L'imparfait en français », Unguistische
simple), on peut cependant remarquer qu'ils s'opposent Berichte, 60, p. 1-23.
de façon quasi parfaite sur le plan que nous appellerons Galmiche M., 1985. « Phrases, syntagmes et articles
thème/propos pour simplifier. Au thème de l'imparfait et génériques », Langages, 79, p. 2-39.
au propos du passé composé la temporalité, au thème du Galmiche M., 1986. « Référence indéfinie, événements,
passé composé et au propos de l'imparfait l'intemporalité. propriétés et pertinence », in Les déterminants :
On voit par ailleurs apparaître au niveau des temps une syntaxe et sémantique, J. David & G. Kleiber éds.,
autre opposition, propriété/événement, qui n'oppose donc Paris, Klincksieck, p. 41-71.
pas seulement les types de procès, mais également leur Garey H.B., 1957. « Verbal Aspect in French », Language,
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Wartburg W. von, Zumthor P., 1958. Précis de syntaxe
17. Je remercie de son aide O. Ducrot, avec qui j'ai eu de nombreuses du français contemporain, La Haye-Paris, Mouton.
discussions sur les différents « thèmes » abordés dans le présent article. Weinrich H., 1973. Le temps, Paris, Seuil.

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