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I- Contexte International
1. Panorama de l’économie mondiale
1.1- Croissance de l’économie mondiale
La croissance mondiale continue de souffrir. Le relèvement des taux d’intérêt par les banques
centrales pour juguler l’inflation et la guerre menée par la Russie en Ukraine continuent de
peser sur l’activité économique. La flambée de COVID-19 en Chine a freiné la croissance en
2022, mais la récente réouverture des pays permet d’envisager une reprise plus rapide que
prévu. L’inflation mondiale devrait décliner de 6,6 % en 2023 à 4,3 % en 2024, mais
continuera à dépasser les niveaux enregistrés avant la pandémie (2017–19) d’environ 3,5%.
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Plusieurs facteurs ont contribué à la chute, y compris la hausse des prix mondiaux des
produits de base, le durcissement de la politique monétaire en réponse à l'inflation et les
flambées de COVID-19 qui ont perturbé la production et le commerce en Chine.
Cette récession du commerce mondiale a eu des impacts diversifiés sur les marchés des
matières premières, avec une baisse importante des cours des produits énergétiques et une
hausse sensible des produits agricoles et alimentaires.
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2. Agriculture, Filière Céréalière
2.1. Bilan des principaux produits du marché des céréales
a- Blé Tendre
Les fondamentaux des indicateurs du marché mondial du blé tendre ont connu une relative
stabilité pour les indicateurs généraux au cours de la saison 2022-2023 par rapport à la saison
2021-2022, avec des variations se situant dans la fourchette de ±3%.
Bilan du blé
2021/2022 2022/2023 Évolution (%)
tendre
Stock Initial 276,93 274,42 -1%
Production 780,91 802,99 3%
Échange 195,47 199,64 2%
Utilisations 783,42 794,56 1%
Stock Final 274,42 282,85 0,03
ONICL, Rapport d'Activités Professionnelles, 2022-2023
600
500
400
300
200
100
0
Stock Initial Production Échange Utilisations Stock Final
2021/2022 2022/2023
En raison de cette stabilité, une amélioration du niveau des stocks finaux de blé tendre est
anticipée à la fin de la saison 2022-2023, avec une augmentation estimée à 3%.
Pour la saison 2023-2024, on s'attend à ce que les indicateurs enregistrent une baisse relative
de la production, des échanges et des stocks finaux. Les données pour la prochaine saison
2023-2024 concernant les principaux pays exportateurs vers le Maroc sont les suivantes :
Bilan Europe Brazil Argentine U.S Ukraine Russie
Stock Initial 19,03 0,95 2,52 16,73 4,07 16,53
Production 136,79 9,61 19,00 45,16 20,15 83,58
Importations 5,90 5,74 3,64 0,09 0,22
Utilisations 107,73 11,93 6,10 30,27 11,61 45,09
Exportations 36,25 3,02 12,50 20,26 11,01 43,65
Stock Final 17,74 1,35 2,92 15,00 1,68 11,59
D'après le tableau ci-dessus, les quantités prévues pour l'exportation de ces sources dépassent
les 126 millions de tonnes, enregistrant une augmentation de 4% par rapport à la saison
précédente. Ces quantités représentent environ 65% des disponibilités mondiales d'exportation
de blé tendre, réparties entre l'Union européenne à hauteur de 28%, la Russie à 33%, et les
États-Unis d'Amérique à 18%.
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Dans ce contexte, la production et l'utilisation de ces sources ont enregistré une stabilité
relative, atteignant respectivement environ 320 millions de tonnes et 214 millions de tonnes.
Les États-Unis d'Amérique devraient disposer d'un stock de 15 millions de tonnes à la fin de
la saison, tandis que les quantités destinées à l'exportation ont connu une légère baisse de 0,49
million de tonnes. En revanche, la Russie a enregistré une forte diminution de ses stocks de
plus de 5 millions de tonnes (29%).
Quant à l'Union européenne, on prévoit une augmentation des quantités destinées à
l'exportation de 1 million de tonnes (3%) en raison d'une amélioration relative de la
production de 2%.
En revanche, le Brésil et l'Ukraine devraient enregistrer des indicateurs négatifs, avec une
diminution de la production de 18% dans ces deux pays (6 millions de tonnes en Ukraine et
plus d'un million de tonnes au Brésil), ainsi qu'une diminution de 22% des quantités destinées
à l'exportation, en particulier en Ukraine où les quantités prévues pour l'exportation
diminueront de 4,5 millions de tonnes.
En sens inverse, la production en Argentine devrait s'améliorer de 51%, et les quantités
destinées à l'exportation passeront de 5,5 à 12,5 millions de tonnes, soit un doublement.
Conclu :
La stabilité dans les indicateurs généraux du marché du blé tendre semble positive,
permettant une anticipation d'augmentation des stocks finaux à la fin de la saison.
Cependant, la baisse prévue de la production, des échanges et des stocks finaux pour la
saison suivante (2023-2024) peut indiquer des défis potentiels, nécessitant une analyse
plus approfondie des facteurs sous-jacents.
b- Blé Dur
En ce qui concerne le blé dur, le marché mondial a enregistré une baisse des stocks finaux
pour la deuxième saison consécutive, avec une diminution de 12% au cours de la saison 2022-
2023. On s'attend à ce que cette tendance à la baisse se poursuive avec une baisse de 10% au
cours de la saison 2023-2024, malgré la prévision d'une stabilité de la production autour de 32
millions de tonnes. Le Canada et l'Union européenne devraient connaître une augmentation
d'environ 10% (soit environ 0,7 million de tonnes), tandis que les États-Unis devraient
enregistrer une baisse relative de 2%.
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Bilan du Blé dur
40
35
Million de Tonnes
30
25
20
15
10
5
0
Stock Initial Production Importations Utilisations Exportations Stock Final
c- Maïs
D’autre part, le marché du maïs a connu une baisse des stocks finaux de 6% au cours de la
saison 2022-2023, tandis qu’il était stable lors de la saison précédente. Cette diminution est
attribuée à une baisse de la production d’environ 6% et à la prévision d’une diminution des
échanges de 6% également.
5
Bilan du Mais
1400
1200
Million de Tonnes
1000
800
600
400
200
0
Stock Initial Production Importations Utilisations Exportations Stock Final
Pour la saison 2023-2024, une amélioration est prévue de la production de maïs de 5% (52,5
millions de tonnes), ainsi qu'une amélioration des quantités destinées à l'exportation de 5%
(5,4 millions de tonnes), en plus d'une amélioration des stocks finaux de 2% (4,4 millions de
tonnes).
Il est également prévu que les sources traditionnelles d'approvisionnement du Maroc en maïs
(le Brésil, l'Argentine et les États-Unis) représentent 47% de la production mondiale, dont
environ 31% proviennent des États-Unis. D'autre part, les quantités destinées à l'exportation
de ces sources représentent 84% au niveau mondial, dont 32% proviennent des États-Unis.
Conclu :
La baisse des stocks de maïs en 2022-2023 a été attribuée à une diminution de la
production et des échanges. L'amélioration prévue pour 2023-2024 est encourageante,
mais il convient d'analyser la situation, au fur et à mesure, au cours de l´année.
La forte représentation des États-Unis en tant que source d'approvisionnement souligne
leur importance dans le marché mondial du maïs.
d- Orge
Pour ce qui est de l'orge, on prévoit une amélioration de 10% du niveau des stocks finaux en
fin de saison en raison de l'augmentation de la production par rapport à la saison précédente,
malgré l'augmentation relative des utilisations de 1%. De plus, on s'attend à une réduction des
quantités destinées à l'exportation de 6% (2,1 millions de tonnes), avec une poursuite de cette
tendance à la baisse prévue pour la saison 2023-2024, avec une réduction de 4% (1,2 million
de tonnes).
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Bilan d´Orge
180
160
Million de Tonnes
140
120
100
80
60
40
20
0
Stock Initial Production Importations Utilisations Exportations Stock Final
Pour la saison 2023-2024, on prévoit des résultats négatifs pour tous les indicateurs, avec une
diminution de la production de 5% (8,2 millions de tonnes).
Il convient de noter que la source traditionnelle d'approvisionnement du Maroc en orge
(l'Union européenne) devrait représenter 36% de la production mondiale. D'autre part, les
quantités destinées à l'exportation de cette source représentent 35% au niveau mondial.
Conclu :
L'amélioration des stocks d'orge en 2022-2023 est positive, mais la prévision de résultats
négatifs pour 2023-2024, y compris une diminution de la production, est un point
d'attention.
La dépendance du Maroc vis-à-vis de l'Union européenne comme source
d'approvisionnement souligne la nécessité d'une diversification potentielle.
Source : FAO
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II- Contexte National
1. Performances de l’économie nationale
Au cours de la période 2017-2022, l'économie marocaine a traversé des phases de croissance,
de ralentissement et de récupération. Les taux de croissance du PIB ont varié, atteignant un
pic de 7,9% en 2021 après une contraction de -6,3% en 2020, attribuable aux impacts de la
pandémie de COVID-19. La Valeur Ajoutée Agricole a connu des fluctuations marquées, avec
une reprise notable en 2021 après une contraction en 2020. Cependant, en 2022, une nouvelle
contraction a été enregistrée. La Valeur Ajoutée Non Agricole a généralement affiché une
croissance positive, contribuant à la stabilité économique globale du pays. Ces tendances
suggèrent une économie marocaine résiliente mais influencée par des facteurs variés tels que
la météo et les chocs économiques mondiaux.
2. Financement de l’agriculture
Le Département de l’agriculture a bénéficié d’une enveloppe budgétaire d’investissement de
l’ordre de 15,5 milliards de dirhams (MMDH), en hausse de 7% par rapport à 2021. Cette
augmentation vise à consolider la durabilité de la stratégie de développement agricole à
travers la mobilisation d’investissements pour améliorer la résilience de l’agriculture au
changement climatique, le recours aux eaux non conventionnelles, l’usage des énergies
renouvelables et l’utilisation des techniques d’économie d’eau.
Le budget mobilisé vise, également, la redynamisation de l’agrégation agricole pour en faire
un levier d’intégration industrielle à même de répondre aux exigences quantitatives et
qualitatives du secteur de l’agro-industrie et d’améliorer la production agricole en termes de
quantité et de qualité pour renforcer la compétitivité du pays et améliorer l’offre exportable.
3. Conditions climatiques
L'année 2022 représente la quatrième année consécutive déficitaire en pluviométrie. L'écart
relatif par rapport à la normale des précipitations annuelle a avoisiné les -27% (Figure 11).
Les quatre dernières années (2019-2022) ont affiché un déficit moyen d'environ -32% qui est
le plus important depuis 1981 devant les -22% des quatre années consécutives de 1998 à
2001.
Comparativement à une moyenne des 30 dernières années, le déficit pluviométrique a touché
l’ensemble des régions agricoles à l’exception de la région de l’Oriental ce qui s’est traduit
par une campagne agricole moyenne dans les régions du Saïss et du Gharb et faible dans le
reste des régions
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4. Filière Céréalière au Maroc
Selon le ministère de l´agriculture, la filière céréalière présente de forts enjeux socio-
économiques avec un poids très important sur le secteur agricole au Maroc. En effet, la filière
totalise, à elle seule, près de 71% de la Surface Agricole Utile (SAU) totale. Elle génère 20%
du chiffre d’affaires agricole global avec des fluctuations selon les campagnes. Elle contribue
à l’emploi à hauteur de 19% et contribue à la consommation humaine et à l’alimentation
animale, engendrant des interdépendances très marquées avec le secteur de l'élevage.
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4.2. Fédération interprofessionnelle des activités céréalières
De la fourche à la fourchette, toutes les composantes de la filière, en amont et en aval, font
partie de cette union. Semenciers, producteurs, négociants, coopératives, minoteries,
semouleries, boulangeries et pâtisseries se défendent et se dynamisent dorénavant les uns les
autres.
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- La localisation des entreprises à Casablanca, Nouaceur, et El-Jadida pourrait influencer
leur accès aux marchés, leurs réseaux logistiques et leurs synergies avec d'autres industries.
Diversité des Tailles d'Entreprises
- La variété des tailles d'entreprises, de grandes à petites (de [100, 500] MDH à < 1 MDH),
indique une diversité dans la structure du marché, avec des opportunités pour les acteurs de
différentes échelles.
Défis pour les Petites Entreprises
- Les entreprises avec un CA inférieur à 1 MDH, comme FLORIJAR et GERNAS,
pourraient faire face à des défis concurrentiels, nécessitant une stratégie claire pour rester
compétitives sur le marché.
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4.4. Capacité de stockage
ONICL 2020
Au Maroc, la capacité totale de stockage des céréales s'élève à 67 millions de quintaux, dont
les deux tiers sont détenus par des organismes stockeurs, principalement dans les régions de
Fès-Meknès et Casablanca-Settat. Ces organismes disposent de 209 dépôts, gérés par 137
opérateurs, dont 5 coopératives, et plus d'un tiers de cette capacité est constitué de silos.
Cependant, le stockage de blé tendre à la ferme connaît un déclin en raison de la stabilité des
prix de vente dès la moisson, ce qui limite la capacité individuelle de stockage des
agriculteurs. En conséquence, la plupart du blé tendre est vendu immédiatement après la
récolte, avec seulement une partie conservée pour des usages tels que la semence pour la
saison suivante ou l'autoconsommation. Les coûts supplémentaires associés au stockage
dissuadent les agriculteurs de conserver davantage de leur production.
4.5. Importations
La gestion des importations de céréales
Compte tenu de la situation nationale marquée par une faible production céréalière, il y a eu
prolongation de l'application de la dispense des droits d'importation sur le blé tendre et le blé
dur depuis le 1er novembre 2021. De plus, le mécanisme des subventions sur le blé tendre
importé a été prolongé jusqu'à mai 2023.
Les réalisations des importations principales de céréales pour la saison 2022-2023 ont atteint
86,9 millions de quintaux. Parmi celles-ci, 61% proviennent du blé tendre, 24% du maïs et
12% du blé dur. En termes de catégories, ces quantités ont enregistré une augmentation de
53% pour le blé tendre, de plus de 100% pour le blé dur, et de 26% pour le maïs.
Quant aux importations d'orge, elles ont connu une baisse significative de 63% en raison de
l'augmentation des prix sur le marché mondial et des difficultés de commercialisation sur le
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marché intérieur en dehors des appels d'offres organisés par l'office dans le cadre des
programmes visant à atténuer les effets de la diminution des précipitations. En comparaison
avec la saison précédente, les quantités importées ont connu une augmentation d'environ 35%,
comme indiqué dans le tableau suivant :
Importations
Céréales 21 - 22 22 - 23 Évolution (%)
Blé Dur 34.71 52.23 53%
Blé Tendre 4.94 10.29 > 100%
Orge 8.66 3.22 -63%
Maïs 16.69 21.20 26%
Total 65.0 86.94 35%
6% France
11% Argentine
US
Russie
22% 14% Allemagne
Reste du Monde(24)
22%
13
Pourcentage des importations 2022-2023 selon les pays
2%
12% Canada
14% Brazil
Roumanie
France
2% 3% 11% Argentine
2% US
Lithuania
3% 3% Czech
Boulogne
Allemagne
11% Reste du Monde(9)
37%
14
Evolution production des céréales
120
100
80
60
40
20
0
Blé Dur Blé Tendre Orge Total
4.7. Consommation
Un Marocain consomme en moyenne 200 kg de blé par an, soit trois fois plus que la moyenne
mondiale. Comme dans les autres pays du Maghreb, cette céréale, à travers le pain
notamment, est un élément de base dans le régime alimentaire. Mais le Royaume ne produit
pas suffisamment, et entre 2014 et 2019, la production locale n'a permis en moyenne de
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couvrir que 54 % des besoins en céréales (blé, maïs, orge), selon l'Office national
interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL).
5. Perspectives d´évolution
Le marché de la filière céréalière au Maroc présente plusieurs perspectives d'évolution en
tenant compte des tendances actuelles et des défis spécifiques.
Technologie et Innovation :
- Adoption croissante de technologies agricoles intelligentes pour améliorer le rendement.
- Intégration de pratiques agricoles durables, y compris des techniques de conservation des
sols et de l'eau.
Diversification des Cultures
- Promotion de la diversification des cultures pour réduire la dépendance aux céréales
traditionnelles.
- Encouragement des agriculteurs à explorer des cultures alternatives plus adaptées aux
conditions climatiques changeantes.
Résilience aux Changements Climatiques
- Mise en œuvre de stratégies de résilience face aux changements climatiques, avec des
semences adaptées aux conditions climatiques variables.
- Développement de pratiques agricoles résilientes pour faire face aux périodes de
sécheresse et d'irrégularités climatiques.
Renforcement des Chaînes d'Approvisionnement
- Amélioration des infrastructures logistiques pour faciliter le transport et la distribution des
céréales.
- Renforcement des liens entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs pour
optimiser la chaîne d'approvisionnement.
Investissements dans la Recherche et le Développement
- Promotion de la recherche agricole pour développer des variétés de céréales plus
résistantes et productives.
- Soutien financier aux projets innovants visant à moderniser les pratiques agricoles.
Intégration des Petits Agriculteurs
- Développement de programmes visant à intégrer les petits agriculteurs dans la filière
céréalière, avec un accès accru aux ressources et aux marchés.
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- Promotion de coopératives agricoles pour renforcer le pouvoir de négociation des petits
exploitants.
Adaptation aux Tendances de Consommation
- Réponse aux évolutions des préférences des consommateurs en investissant dans des
céréales à valeur ajoutée et des produits transformés.
- Promotion des initiatives locales et durables pour répondre à la demande croissante de
produits alimentaires respectueux de l'environnement.
BIBLIOGRAPHIE
Rapport-situation-agriculture-marocaine, Ministère de l’Agriculture, de la Pêche
Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts.
Fiche Sectorielle, Culture du Céréales, Centre régional d’investissement Fès – Meknès.
Le portail agricole du Crédit Agricole du Maroc.
Rapport d'activités professionnelles, ONICL.
Le secteur agricole marocain, DEPF.
Le Maroc en Chiffre 2022, HCP.
Rapport de l´Office de Change.
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