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Chapitre VIII.

Caractéristiques générales du Kérogène.

1. Composition chimique et structurale du Kérogène.


Le Kérogène représente l’une des formes les plus importantes du Carbone Organique
dans la Terre. La masse totale du Kérogène dépasse 1000 fois la masse totale du
Charbon et du pétrole liquide accumulés dans les roches réservoirs, de plus, elle
dépasse 50 fois la masse totale des Bitumoîdes et d’autres formes de pétrole dispersé
dans les roches non réservoirs.
Ex: Dans les anciennes roches non réservoirs, la part du Kérogène atteint 80 – 90 %, le
reste sont des Bitumoîdes.
Pour étudier le Kérogène, ainsi que les roches contenant le Kérogène, on utilise
actuellement les méthodes d’analyse au microscope en lumière incidente (réfléchie et
transmise), ou l’analyse par ultra- violet.
Ces méthodes sont combinées avec la microcopie électronique.
Le Kérogène représente une association de différents débris organiques, c’est une
substance hétérogène (la variation des dimensions des débris, de la forme, de la
couleur, de la structure des restes organiques).
Le géologue pétrolier utilise généralement les termes suivants pour caractériser le
Kérogène:
- Matière Organique Sapropéllique et MO Humique, qui correspond au type de la MO
dans la roche mère, telle détermination se base sur l’étude du Kérogène en lumière
transmise.
Ex: La MO de type Humique est représentée par le Kérogène dont les composés
principaux sont des débris du Tissu des Plantes supérieures. La MO sapropéllique est
rencontrée dans les roches sous forme de particules amorphes microdispersées,
ressemblant à un nuage.
Pour caractériser les particules organiques d’une même roche sédimentaire pendant
l’étude du Kérogène en lumière réfléchie, on utilise généralement les termes suivants:

La Liptinite
La Vitrinite
L’Inertinite
Les particules organiques mentionnées sont disposées dans l’ordre de croissance de
leur pouvoir de réflexion. Les macéraux (particules) de la Liptinite sont composés des
restes des Algues (Alginite) et les restes des spores (Sporinite).
La Vitrinite et l’Inertinite sont composés des Tissu des végétaux supérieurs, dont leur
transformation nous donne des Gaz.
La structure du Kérogène est étudiée par différentes méthodes physiques et chimiques,
le contenu des composés principaux du Kérogène (Liptinite, Vitrinite et Inertinite)
varie dans de larges limites, certains de ces composés sont représentés par des
macéraux, les autres sont présentés sous forme de masse amorphe.

D’après les résultats de l’analyse élémentaire, ce sont le Carbone et l’Hydrogène qui


représentent les composés principaux du Kérogène quelque soit son type.
La structure chimique initiale du Kérogène dépend de la composition chimique des
restes organiques et des conditions physiques, chimiques et biochimiques dans
lesquelles les restes organiques ont étés déposés.
La différence dans la structure chimique du Kérogène peut être préservée même dans
les roches anciennes, si la profondeur d’enfouissement n’est pas grande.
Avec l’augmentation de la profondeur d’enfouissement, ces différences deviennent de
plus en plus invisibles, mais on les observe jusqu’à la limite de la zone dans lesquels la
formation de gaz est liée avec la destruction thermique du Kérogène.

2. Evolution du Kérogène et schéma général de la génération du Pétrole et


du Gaz.
Le Kérogène étant la matière condensée, se forme dans des sédiments jeunes à des
températures et pression basses. Au fur et à mesure de la sédimentation et
d’enfouissement des roches, ces dernières subissent l’influence des T et des P de plus
en plus grandes.
Dans ces conditions la structure du Kérogène devient instable, ce qui amène à sa
reconstruction dans le sens de l’équilibre thermodynamique. La tendance principale de
l’évolution du Kérogène consiste à l’augmentation du contenu du Carbone dans le
Kérogène.
Pendant l’évolution du Kérogène aura lieu la mise en ordre de la structure des atomes
de Carbone et son aromatisation.
Les noyaux du Kérogène ayant posé des couches aromatiques, s’installent de manière
de plus en plus parallèle. On constate l’élimination des cycles non plats et la liaison
hétéro atomique et aliphatique, qui empêchent la disposition parallèle des noyaux
cycliques.

On distingue 3 stades successifs dans l’évolution du Kérogène: Diagenèse, Catagenèse


et Métagenèse.
Par analogie avec les processus de l’houillification du Charbon, les courbes
d’évolution du Kérogène peuvent être présentées sous forme de diagramme de Van-
Krevelen. (Fig.7).
Fig.7 : Diagramme de Van- Krevelen d’évolution du Kérogène.

Ce diagramme est complété par les données reflétant le type des HC générés.
La génération des HC peut être considérée comme la suite de l’adaptation continue du
Kérogène aux nouvelles températures au fur et à mesure de l’accroissement de
l’épaisseur des roches sus-jacentes.
L’histoire de la formation du Pétrole et du Gaz, qui est liée avec l’évolution du
Kérogène pendant l’enfouissement des Roches Mères est présentée par le schéma
suivant (Fig.8):

A. Diagenèse du Kérogène:
1. Les sédiments récents:
Le contenu des HC dans les sédiments récents à de petites profondeurs est faible (mais
on a des HC).
Les HC se caractérisent par une structure qui reflète leur genèse biologique. On les
considère comme fossiles géochimiques.
La composition du Kérogène dans les sédiments récents est déterminée principalement
par la nature de la MO initiale et par l’activité des microorganismes. Parmi les HC,
c’est le Méthane (CH4), qui peut être généré à ce stade, l’activité des microorganismes
dans certains cas peut ramener à la génération de grande quantité de Méthane. Ex:
Gaz des marais.
Fig.8 : L’histoire de la formation du Pétrole et du Gaz

2. Stade de Matière Organique immature:


Les HC et le Kérogène sont assez stable dans les conditions existantes près de la
surface de la Terre, c’est pourquoi la MO ne se change pas pendant l’enfouissement
jusqu’à une profondeur déterminée. L’augmentation de la température provoque la
rupture des liaisons hétéroatomiques dans le Kérogène et l’évacuation d’Hydrogène,
par suite de l’élimination des groupes C=O. Ce processus est accompagné par la
formation intense du CO2 et de H2O.
Les premiers produits hydrocarbonés qui se dégagent lors de ces transformations sont
présentés essentiellement par des composés hétéroatomiques à haut poids moléculaire.
Du point de vue recherche du Pétrole, ce stade se caractérise par le Kérogène qualifié
d’immature et par la formation faible des HC dans la roche mère.
Le PRV est variable (suivant le type de la MO) et ne dépasse pas 0,5 % .

B. Catagenèse du Kérogène:
La catagenèse est liée avec de grandes profondeurs et se caractérise par la diminution
intense de la concentration d’Hydrogène, qui est conditionnée par la génération et le
dégagement des HC.

1. Zone à Huile: (Zone de la phase majeure de la formation d’Huile).


L’augmentation de la température pendant l’enfouissement des roches contenant de
l’Hydrgène, amène à la rupture de plusieurs liaisons, y compris les liaisons de
Polyethers O = C – O et certaines liaisons C – C (chaines aliphatique).
Le Kérogène et les composés hétéroatomiques qui étaient formés au stade de la MO
immature, dégagent des molécules d’HC et surtout les chaines aliphatiques.
Toutes les transformations du Kérogènes correspondent à la phase majeure de la
formation d’huile (d’après N. Vassoévitch). Cette zone est appelée généralement «
fenêtre à huile ».
La formation des HC liquides dans cette zone est accompagnée par la formation d’une
grande quantité de Gaz.
Le Kérogène de type II produit surtout des HC cycliques saturés et aromatiques, la part
des Alcanes normaux et isomériques est relativement faible (20 % de tous les HC). Les
HC générés par le Kérogène de type III est composé de 40 %, et enfin le Kérogène de
type I de 60 %
La dendance principale à la phase majeure à la formation d’huile, est l’aumentation de
la concentration relative desAlcanes par rapport aux types de structures chimiques.
La quantité des molécules polycycliques qui ont été héritées de la matière organique
des organismes vivants diminue fortement.

2. Zone de Gaz humide:


Cette zone correspond au stade de la formation du Gaz humide et du condensât par le
craquage.
Lors de l’enfouissement ultérieur des dépôts et l’augmentation de la température, aura
lieu la rupture des liaisons hydrocarbonées dans les HC nouvellement générés et dans
le Kérogène restant.
Le résultat du craquage est la formation des HC légers, dont le contenu augmente
fortement aussi bien dans la fraction des HC des roches mères, que dans le Pétrole déjà
formé.
Le méthane devient le produit principal dans cette zone.
H/C = 1,5 – 2 Pour l’Huile.
H/C = 4 Pour le CH4.
Pour le Kérogène restant H/C diminue jusqu’à 0,5, ce qui est conditionné par la perte
d’Hydrogène.
Dans le Kérogène restant:
- Le contenu du Carbone augmente.
- Les groupes aliphatiques (CnH2n) sont éliminés complètement.
- Les groupes OH et COOH disparaissent complètement.
Du oint de vue recherche des accumulations des Hydrocarbures, le stade de catagenèse
correspond à la zone où se manifeste la phase majeure de la génération d’huile et le
commencement du craquage d’huile à la fin de ce stade, on observe la génération de
gaz humide et l’augmentation rapide de la concentration du Méthane.

C. Métagenèse du Kérogène (Zone du gaz sec).


- Ce stade peut avoir lieu à de grandes profondeurs.
- Anciennes roches.
- Grands gradients géothermiques.
- Le kérogène ne contient plus les groupes C = C.
- Les liaisons C – C prédominent.
- Formation du Méthane.
- Craquage des HC formés et du Kérogène restant dans la roche mère.
Le stade de la métagenèse est considéré comme la phase majeure de la génération du
gaz sec.
Le méthane se caractérise par une grande stabilité thermique, il reste très stable même
dans la zone de température très élevée.
Le méthane peut être détruit chimiquement en présence du Soufre
Le Kérogène se débarrasse totalement des groupes aliphatiques, ce sont les composés
à poids moléculaires très bas et surtout la Méthane qui se forme pendant ce stade.
Le craquage des Hydrocarbures renfermés dans les roches mères, ainsi que dans les
gisements, amène à la formation de grandes quantités de Méthane. C’est pourquoi le
stade de métagenèse est considéré comme la phase majeure de la génération du gaz
sec.
Les processus catagénétiques provoquent l’évacuation des composés instables du
Kérogène et la restructuration de ce dernier, en particulier on observe le regroupement
des noyaux aromatiques.
La succession des étapes principales de l’évolution de la MO (Diagenèse, Catagenèse
et Métagenèse) reste la même quelque soit le type de la MO. Mais la quantité des HC
générés et leur composition, ainsi que le degré de la transformation de la MO se
diffèrent fortement. C’est pourquoi lors des études géochimiques de la MO, il faut
tenir compte des paramètres suivants:
- Nature de la MO.
- Température.
- Laps du temps géologique.
- Pression.

Chapitre IX.
Nature de la Matière Organique et son influence sur la formation des
provinces pétrolifères et gazéifères.

Les études géochimiques montrent que le Kérogène autochtone d’origine marine et


lacustre (type I et II) riche en groupe aliphatique, est capable de produire de grandes
quantités de Bitumoides.
Exemple :
1. Bassin de Paris – Toarcien inférieur- Jurassique (Type II).
- Coefficient Bituminologique = 180 mg/g.
2. Bassin de Uinta (USA) (Type I).
- Coefficient Bituminologique = 200 mg/g.
3. Bassin de Douala – Crétacé supérieur (Type III).
Coefficient Bituminologique = 100 mg/g.

Les propriétés génétiques de la MO influent beaucoup sur la formation des provinces


de pétrole et de gaz.
Généralement, la capacité de la MO de différents types de générer de l’huile est
différente. Mais la MO de n’importe quel type est capable de générer du gaz,
conformément à la profondeur d’enfouissement de la MO et du laps du temps
géologique.

1. La source principale de la MO de type I et I.


Association naturelle des végétaux et des animaux d’origine marine et lacustre. Cette
MO est mélangée et homogénéisée par les fleuves, par les courants marins, ainsi que
par l’activité des microorganismes.
L’évolution de cette MO donne soit de l’huile, soit du gaz, conformément à l’histoire
géothermiques des sédiments.
a. A de petites profondeurs, le gaz est habituellement sec.
b. A des profondeurs de 1 à plusieurs km, le gaz est humide. Ce gaz peut être lié
avec les gisements d’huile.
c. A de grandes profondeurs, le gaz devient encore sec, c’est ce Méthane qui
prédomine.

2. La MO qui correspond au Kérogène de Type III.


Contient beaucoup de reste des végétaux terrestres supérieurs, elle devient
principalement de la Lignine et de la MO terrigène humique.
Elle peut exister soit sous forme disséminée dans les roches sédimentaires, soit en état
concentré sous forme de couche de Charbon.
Cette MO est capable de générer du gaz sec composé de Méthane (CH4), du CO2 et
du N2. Ce gaz ressemble d’après sa composition chimique au gaz des gisements de
Charbon (Grisou).
Ex: Les gisements de gaz en Hollande.
La destruction de cette MO peut produire également une faible quantité d’huile
(impuretés de la MO d’autres types) présentés par des restes de Planctons et de
microorganismes.
Le schéma général de la formation du gaz, qui reflète l’influence de la matière
organique initiale sur la composition chimique des gaz générés, peut être représenté
par le schéma ci-dessus (Tab.7).

Type de la Matière Principaux produits Type de gaz


Organique
Type I, II CH4 Gaz sec
(Roche mère de pétrole et de - Huile
gaz). - C1, C2, C3, C4, C5
Matière Source primaire: MO mixte - CO2
Organique C1, C2, C3, C4, etc
- H2S, CO2 Gaz
humide
CH4, H2S, N2 Gaz sec
Type III - CH4 Gaz sec de
(Roche mère de gaz). - CO2, N2 profondeur
Source principale: MO des - Huile en faible
plantes supérieures terrestres quantité

Tab.7: Schéma général de la formation du gaz.

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