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Chap.

Les joints de chaussée

I. Introduction
Les joints de chaussée sont des éléments structuraux d’un tablier, qui assurent
des articulations, comme pour les appareils d’appui, donc grâce à ces éléments
l’ouvrage peut amortir et absorber les énérgie de déformation, suite àdes différentes
sollicitations, tels que :

Les efforts de freinage, les forces sismiques et notamment les contraintes dues aux
déformations au retrait et fluage, sous les variation des températures, comme en
Algérie, dans certaines régions, les températures varient entre -10oc et 50oc.

Un joint est nécessaire sur un pont, un viaduc ou une passerelle dans tous les cas
où il y a possibilité de mouvements relatifs entre deux éléments de structure de
l'ouvrage et quand la zone du mouvement affecte la chaussée supportant
la circulation .
Seules les structures en voûte, en cadre ferméou en portique ouvert ne comportent
pas de joints de chaussées en raison des faibles portées mais surtout parce qu'elles
sont encastrées sur leurs appuis2.
Le joint est d'autant plus complexe que les mouvements relatifs sont importants et
qu'il est plus ou moins affectépar le trafic routier.
Le joint peut ne pas être apparent et il est alors recouvert par le matériau de
la chaussée. C'est une disposition qui n'est possible que si le revêtement peut accepter
les mouvements de dilatation et de contraction. Le joint est alors réduit à sa plus
simple expression technique et économique ; mais, techniquement, l'ouvrage
comporte un joint de chaussée.
1.1 Définition :
Un joint de chaussée, ou joint de dilatation, est un dispositif permettant d'assurer
la continuitéde la circulation au droit d'une coupure du tablier d’un pont. Il permet,
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notamment, à la structure de se dilater en fonction de la température (ou de
l’hygrométrie pour les structures en bois), des effets du trafic et des effets propres à
chaque matériau sans subir de gêne lors de ces déplacements.

Fig. 1.1 : Joint de chaussée avec une protection dentée

1.2 Les différents types de joints de chaussée :

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1.3 Classement des joints de chaussées :

Les joints de chaussée se classent selon plusieurs critéres, parmi ces critéres, on :

– Trafic routier :

Dans ce contexte on a trois types de joints de chaussée, chaque type a un trafic limite
à supporter, soit un trafic faible, moyen ou dense et selon ces trafics, on classe les
joints, tels que on a :

 Légers ;
 Semi lourds ;
 Lourds

1.4 L a conception et mode d’exécution :

 Joint non apparent àrevêtement amélioré


Le joint est ici constitué d’un revêtement enrobé spécial s’appuyant sur une plaque de
pontage. Le revêtement amélioré est un enrobé composé en général d’un bitume
modifiépar l'adjonction de polymères.
Dans le cas du choix d’un joint à revêtement amélioré pour un joint longitudinal, il
est conseillé, pour diminuer les risques de fluage, d'orniérage ou de glissance,
d'adopter les dispositions suivantes14 :

 Diminuer les largeurs du joint et de la plaque de pontage par rapport à celles


requises pour une mise en œuvre classique,
 Chanfreiner les angles des arêtes des lèvres des maçonneries pour éviter, lors des
mouvements verticaux différentiels un poinçonnement de la tôle de pontage.

Fig.1.2 : Joint non apparent


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 Joint àhiatus :
– Les joints à hiatus (le hiatus étant le vide séparant les deux structures),
antérieurement dénommés joints àlèvres, comprennent en général un matériau
qui comble le vide entre les lèvres. Celles-ci peuvent être
en acier (profilé, fonte, . .), en alliage d’aluminium, en élastomère, en béton de
ciment, en mortier de polymère thermodurcissable (résine époxy par exemple),
etc .
– Le remplissage du vide est assurépar un profiléen élastomère (en caisson, en
V, etc .) ou en mousse d'élastomère. Celui-ci n'a qu'un rôle d'étanchéitémais
non de support de la roue, sinon ce serait un joint à bande .
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– En général le souffle possible est limité par l’importance du hiatus tolérable


pour l’usager et par les chocs subis par le joint. Pour augmenter le domaine
d'emploi on est alors conduit àmultiplier les modules de base12.

Fig.1.3 : Joint àHaitus

 Joint non apparent àrevêtement normal


Le pontage au-dessus du vide se fait par diverses solutions d'un intérêt secondaire
car le domaine d’emploi est surtout limité par les possibilités du revêtement à
supporter la compression et surtout la traction. C'est pourquoi on utilise, parfois, au
droit du joint, un matériau de chaussée plus performant12.
Le joint non apparent àrevêtement normal consiste en la mise en place d'une feuille,
de cuivre ou de bitume élastomère armé, formant une lyre dans le vide du joint, fixée
sur la structure et prise en sandwich dans l'étanchéité de l'ouvrage. La lyre est
remplie par un mastic et le revêtement courant de la chaussée est mis en œuvre sur le
joint.
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Il peut équiper les ouvrages supportant un trafic de 550 à2000 poids lourds jour (T1
àT0 en France), mais il est surtout adaptéau cas des trafics de 50 à300 PLMJA (T3
et T2). La capacité de souffle d’un tel joint est limitée principalement par l'aptitude du
revêtement à supporter les sollicitations alternées de traction et de compression. Le
souffle est limitéà5 à10 mm maximum sous un trafic T0 et T1 et 10 à15 mm sous les
autres trafics13.
La chaussée au droit du joint doit obligatoirement être souple et avoir une épaisseur
minimale de l'ordre de 10 cm.

Fig.1.4 : Position du joint dans la chaussée


 Joint àpeigne en console
Le joint cantilever, ou joint en porte-à-faux ou joint en console, est constituéde deux
parties métalliques symétriques en forme de peigne, complétées par une plaque de
caoutchouc extrudésous-jacente permettant d’assurer l’étanchéité15.
Les dents du peigne peuvent avoir plusieurs formes : triangulaires, trapézoï
dales ou
arrondies. La présence de dentures triangulaires permet l'emploi de ce joint sur des
ouvrages d'un biais allant jusqu'à20 gr.

Fig.1.5: Joint àpeigne en consol.

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II. Les éléments du choix d’un joint de chaussée.

Les critéres du choix d’un joint de chaussée adéquat avec un ouvrage donné sont
basés sur trois paramètres, qui sont :

– Le souffle ;
– Le trafic routier ;
– L’étanchéité sur l »ouvrage.
2.1 Le souffle :
2.1.1 Définition :

Déplacement relatif maximal prévisible des deux éléments en regard, mesuré entre
leurs deux positions extrêmes.

Fig.2.1 : Positions de joint

2.1.2 Les composantes d’un souffle :

Fig.2.2 : Les composantes d’un souffle

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2.1.3 Décomposition d’un joint de chaussée :

Un joint de chaussée, doit assurer des mouvements selon trois directions,


longitudinale, transversale et en profondeur, par rapport à l’axe de l’ouvrage (voir
fig.2.2).

Fig.2.3 : Les composantes d’un joint.

2.1.3.1 Les trois directions des déplacements :

– longitudinale : retrait, fluage, température, freinage, rotation ;


– transversale : ouvrages courbes ou biais ;
– verticale : rotation d'about, tassement.
La première direction la plus importante, qui représente le raccourcissement et
l’extension de la structure selon l’axe de l’ouvrage sous l’effet du retrait, fluage,
température, freinage, rotation, ect…, ces déformations en général sont irréversibles.
Pour la composante transversale, ne concerne que les ouvrages biais, courbes ou les
ponts larges, dont leurs largeurs plus grandes que leurs longueurs. La troisième
composantes est faibles par rapport aux autres, qui due au rotation des abouts du
tablier et au tassement des appareils d’appui.

III. Calcul du joint de chaussée


3.1 Les actions et déformations prises en compte dans les calculs :
3.1.1 La température :

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L’effet le plus important, qui rentre dans le calcul de souffle d’un joint de chaussée.
La variation de la longueur du tablier d’un pont routier est définie par l’expression
suivante :

Δl = α.Δt.l ; (3.1)

Avec :

α– Coefficient de dilatation du matériau en °c- ;

Δt – Variation de température en mm;

L – Longueur de la travée àétudier m.

N.B :

α = 10.10-6/oc pour le béton ; α = 12.10-6/oc pour le métal.

Pour la variation ou la différence de température est illustrée dans le schéma ci-


dessous :

Fig.3.1 : Les déplacements thermiques.

Exemple :

- Ouvrage dans les wilayas de l’intérieure :


Tmax = 50°C et Tmin = -10°C

– Un pont en béton précontraint (Type 3)


On prend le coefficient de dilatation α = 10.10-6 /0c.

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3.1.2 Les charges d’exploitation :
– Freinage :

Q = 0,6 α ( 2Q ) + 0,10 α q w L (3.2)


lk Q1 1k q1 1k 1

 Pour L = 30 m, Q = 381 kN
lk
– Déplacement longitudinal :

v = F T / (G ab) (3.3)
x x q
– Force centrifuge :

Pour cette sollicitation, concerne uniquement les ouvrages courbes, soit dans le plan
horizontal ou vertical et les ponts biais, qui donne le déplacement transversale du
tablier, pour les ponts droits, c'est-à-dire là où l’axe principale de l’ouvrage est
perpendiculaire à l’axe des appuis est négligeable.

– Rotation d’abouts :
Valeurs généralement faibles

ΔH = α x a = (4 f / L) x a (3.4)
ΔL = (4 f / L) x H
p ( 3.5)

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Fig.3.2 : Mouvement de rotation de joint au niveau d’une culée.

– Les actions dues àla géométrie du tablier :

 A la courbure :

Au biais :

Largeur

10
– Q
k-c : effet des charges de
Pente : valeur caractéristique, y com
cumulables

IV Les combinaisons de calcul :

● Actions permanentes :

– Retrait, fluage, déplacement d'appuis G


● Actions variables :

– Effets de la température :

– Force centrifuge.

Les combinaisons des actions :

● Actions variables

– T : effet de la température avec sa valeur


k
caractéristique
– Q
k-fq-trot : effet des charges de
trafic (rotation), avec leur
valeur fréquente, y compris les
charges de trottoir cumulables
– Q
k-fq : effet des charges de
trafic (rotation) avec leur valeur
fréquente, sans charges de
trottoir
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● ELS caractéristique (capacité de mouvement
du joint de chaussée)

– G + Q + 0,6 T
k-c k (4.1)

– G+Q + Q + Q + 0,6 T
k-fq lk tk k (4.2)

– G + T +Q
k k-fq-trot (4.3)

● ELU (mouvement du vide entre maçonneries)

– 1,35 G + 1,35 Q + 1,5 x 0,6 T


k-c k (4.4)

– 1,35 G + 1,35 (Q
k-fq + Qlk + Qtk) + 1,5 x 0,6Tk (4.5)

– 1,35 G + 1,5 T + 1,35 Q


k k-fq-trot ( 4.6)

– Séisme : G + 0,5 T + 0,4E


k d ( 4.7)

Remarque :

Pour le retrait et le fluage, le coefficient ELU est 1,0.


Exemple :
Calcul de souffle :
● ELU (mouvement du vide entre maçonneries)

1,35 G + 1,35 Qk-c+ 1,5 x 0,6 Tk (4.7)



Racc. : 1,0x12,9 + 1,35x3,7 + 1,5x0,6x5,6 = 22,9 mm

All. : 1,0x0 + 1,35x0 + 1,5x0,6x7,1 = 6,4 mm
12
1,35 G + 1,35 (Qk-fq + Qlk + Qtk) + 1,5 x 0,6Tk (4.8)

Racc. : 1,0x12,9 + 1,35x(2,0+13,2+0,0) + 1,5x0,6x5,6 =
39 mm

All. : 1,0x0 + 1,35x(0,0+13,2+0,0) + 1,5x0,6x7, 1
= 24 mm

1,35 G + 1,5 Tk + 1,35Qk-fq-trot

Souffle ELU : 63 mm

Racc. : 1,0x12,9 + 1,5x5,6 + 1,35x2,2 = 24,3 mm

All. : 1,0x0 + 1,5x7,1 + 1,35x0,0 = 10,7 mm
Remarque :

Pour le retrait et le fluage, le coefficient ELU est 1,0.

● Calcul du souffle en ôtant toutes les


déformations irréversibles déjà
effectuées

– Une part du retrait


– Une part du flux.

13
Annexe :
Quelques types de joints de chaussée :

14
15
16
Annexe II.
Différents types de pose :
La pose du joint après la mise en œuvre de l’étanchéité et du revêtement peut se
faire au moins suivant quatre dispositions dont les principes sont les suivants

 pose des ancrages dans une feuillure réservée lors du bétonnage, cas le plus
courant,
 joints posés en ossature gabarit, par scellement des ancrages dans des trous
forés dans le béton,
 joints liaisonnés à la structure par scellement d’acier passifs,
 joints liaisonnés àla structure par collage.

Points d'arrêt et points critiques


Phase des travaux Points d'arrêt
Joints de chaussée  Acceptation des joints de chaussée
avant fixation ou scellement ou
coulage.
 Autorisation de serrage des barres
d’ancrage suite à la réception des
épreuves d’information sur la
résistance du béton ou des
scellements.

Liaison du joint àl'étanchéitégénérale


– Liaison par fermeture de l'étanchéité
La fermeture de l'étanchéité est réalisée par une feuille de bitume armée
conforme à la norme NF P 84-316 (type 40 T.V., à autoprotection métallique
par feuille d'aluminium ou similaire). Cette feuille est collée horizontalement
sur le support béton sur quelques centimètres et est appliquée sur la tranche du
revêtement en insérant le drain quand celui-ci est requis.
Cette fermeture de l'étanchéitéest systématique au droit du trait de scie régnant
sur le tablier de pont.

– Liaison par collage d'un élément du joint àla tranche de l'étanchéité


Cette disposition fait partie intrinsèque de la technique du joint et est donc
réalisée conformément à l'avis technique sur les joints de chaussée des ponts-

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routes, délivrépar le SETRA tant pour la fermeture de l'étanchéitéque pour la
mise en place du drain éventuel.

Évacuation des eaux


– Dispositions générales
Com. : Dans le cas oùles dispositifs de recueil des eaux font partie intrinsèque
du produit (Cf. Avis technique), ils sont à prévoir par le poseur du joint et leur
composition est définie dans le dossier technique du produit.
La décision d'implanter un dispositif de recueil des eaux sous un joint dont la
technique n'en prévoit pas doit être appréciée par le Maître d'œuvre en sachant
que ceci est plus aiséà faire sous les joints à grand souffle que sous les petits
joints et que cela ne paraî t pas justifiépour les souffles inférieurs à 100 mm;
sauf cas très particuliers.
Des dispositifs de collecte et d'évacuation des eaux qui percolent au travers des
joints de chaussée, sont prévus sous les joints de dilatation de l'ouvrage. Ces
dispositifs sont conformes aux plans joints au présent CCTP.

– Bavettes de récupération des eaux


Com : le présent article n'est pas àreprendre si le dispositif de récupération des
eaux est prévus dans l'Avis Technique
Les bavettes en élastomère ont une épaisseur au moins égale à 1,5 mm. Les
caractéristiques sont les suivantes :
 DuretéShore A : 60 +/- 5,
 Résistance àla rupture : supérieure à12 MPa,
 Allongement àla rupture : supérieur à450 %.
Les variations des caractéristiques mécaniques après vieillissement à l'étuve
suivant la norme NF T 46-004 et comportant un séjour de 72 heures à 100 °C
doivent être inférieures aux valeurs ci-après :
 DuretéShore A : +15 maxi,
 Résistance àla rupture : +/- 15 %,
Les variations des caractéristiques mécaniques après vieillissement à l'étuve
suivant la norme NF T 46-004 et comportant un séjour de 72 heures à 100 °C
doivent être inférieures aux valeurs ci-après :
 DuretéShore A : +15 maxi,
 Résistance àla rupture : +/- 15 %,
 Allongement àla rupture : -40 % maxi.

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Le matériau doit présenter une bonne résistance à l'action des sels de
déverglaçage, des huiles des véhicules routiers et des conditions climatiques .

Réservation réalisée. Les aciers de la structure laissés en attente et le


ferraillage complémentaire posé. Le vide entre les deux structures est ici de
l'ordre de 3 cm.

L'enrobéa étédécoupéàla scie et une feuille d'étanchéitéa étécollée sur son


bord.

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Préparation des pièces avant la pose : bande élastomère et éléments de peigne

lignement des éléments de joint.

Éléments de peigne, àdents triangulaires, en pièces détachées

Déroulement de la bande d'élastomère qui assurera l'étanchéitéen dessous du


peigne.

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Réservation dans le trottoir pour permettre d'assurer la continuitédu joint de
chaussée

Préparation pièces de finition. Noter les autres ponts en construction en


perspective dans le cadre de la construction de l'autoroute A19

Vue rapprochée du joint, la bande d'élastomère apparaî


t sous les dents du
peigne

21
La finition de surface est faite avec un mortier de ciment

Joint fini

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