Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
2011
n° 117
La coopération décentralisée
franco-marocaine (2001-2008)
Direction générale
de la mondialisation,
du développement
et des partenariats
Synthèse du rapport
MINISTÈRE
DES
AFFAIRES ÉTRANGÈRES
ET EUROPÉENNES
DIRECTION GÉNÉRALE DE LA MONDIALISATION, DU DÉVELOPPEMENT ET DES PARTENARIATS
La coopération décentralisée
franco-marocaine (2001-2008)
le CIEDEL
Bernard HUSSON
Anna Maria OLIVEIRA
Véronique QUIBLIER
Nicolaas HEEREN
Synthèse du rapport
Janvier 2009
Le CD-Rom joint contient le rapport complet de l’évaluation ainsi que ses annexes.
Remerciements
depuis l’année 2000 en décrivant et en analysant les instruments, moyens et dispositifs mis
en œuvre ;
■ porter une appréciation sur les réalisations et leurs impacts, notamment sur le renforcement
Les objectifs de l’évaluation et la volonté du comité de pilotage ont incité à porter une grande
attention à dépasser les propos déclaratifs pour essayer de mesurer la portée réelle des actions
et comprendre les méthodes de travail par des investigations menées directement sur le terrain.
Cette approche a pour effet de produire des résultats originaux, en décalage avec les
appréciations souvent énoncées sur la coopération décentralisée franco-marocaine.
agglomérations qui souvent bénéficient de plu- les trois niveaux prévus sont mis en place ;
sieurs coopérations (Fès, Marrakech, Rabat). ■ l’ouverture du pays sur l’extérieur ;
les plus dynamiques du point de vue économique ■ la qualité de ses atouts géographiques et
connaît une dynamique quantitative, sa qualité sont très fortes d’une année sur l’autre ;
reste précaire. L’incontestable force des motivations ■ les actions retenues s’appuient peu ou mal
masque une situation réelle plus complexe. sur une analyse des besoins locaux ;
■ les choix d’actions sont faits sans débat avec
1- « La coopération internationale des collectivités locales marocaines », numéro spécial de la lettre des Collectivités Locales,
septembre 2005.
2- Toutes les coopérations n’ont pas « découvert » l’appui institutionnel avec le PAD Maroc. La ville d’Aix-en-Provence, par exemple,
s’est engagée dans cette voie avec sa ville partenaire Oujda depuis l’origine de leur coopération.
3- Commune urbaine de Marrakech
➔ Les coopérations décentralisées qui unissent Dans ce contexte, l’État marocain, à travers la
les deux pays ont suscité tout un réseau de tutelle technique et financière, impacte parfois
relations et de comportements qui, bien que non le choix et la conduite des actions (ce fut
apparents, n’en sont pas moins réels. notamment le cas dans la décision prise par
plusieurs partenariats de faire du Plan de
La vitalité de ces réseaux génère des relations déplacement urbain leur thème central de
qui permettent une meilleure interconnaissance coopération).
des pratiques administratives réciproques et une
qualité de relation qui va souvent au-delà des ■ La multiplicité des projets rend difficile la
seules dimensions professionnelles. La coopé- cohérence :
ration décentralisée a ainsi des effets positifs : - entre les actions au sein d’un même parte-
■ une ouverture sur le monde de celles et ceux nariat, par exemple entre les réalisations
qui participent aux actions ; techniques et la mise en place de forma-
■ une mise en confiance et un respect mutuel tions. Les actions cofinancées par le PAD
entre les personnes qui, de près ou de loin, sont en revanche fortement structurées
sont impliquées dans la coopération. autour d’un domaine précis, voire exclusif ;
- entre les diverses coopérations décentra
À travers la panoplie d’acteurs, des contacts lisées, y compris lorsqu’elles mènent des
personnels se nouent, les regards des uns sur projets de nature similaire. L’adoption d’une
les autres se modifient. charte de collaboration entre les coopéra-
tions décentralisées de la région de l’Orien-
tal est de ce point de vue une innovation
Des résultats mitigés qui pourrait avoir un impact important.
rare, sauf pour celles qu’ils gèrent directement. développement local comme axes centraux
de la coopération décentralisée ;
Ainsi, malgré leur volume important, les coopé- ■ les relations interpersonnelles comme base
rations entre collectivités décentralisées ont peu essentielle pour consolider la volonté politique
de poids sur les dynamiques nationales. Elles de construire une coopération décentralisée ;
disposent d’un réel potentiel d’actions mais ne répond une dissymétrie des objets d’actions.
parviennent pas à apporter une plus-value col-
lective à des coopérations qui restent dans une Les collectivités marocaines attendent de la coo-
relation binomiale. pération décentralisée :
■ « des projets concrets, visibles et directement
➔ Aux yeux de beaucoup de collectivités fran- Maroc ». Elles saisissent les opportunités
çaises, le Maroc apparaît comme familier. d’actions qui vont dans ce sens ;
Au-delà de cette apparence, l’expérience montre ■ un « moyen de proposer un savoir-faire » pour
que les difficultés à surmonter dans la coopéra- la mise en place et la gestion de services
tion décentralisée franco-marocaine sont très publics locaux ;
largement sous-estimées. ■ un soutien aux dynamiques de développe-
ment « à la base ».
■ Le Maroc est un pays émergent
Les attentes des collectivités marocaines Cette dissymétrie des objets renvoie à l’éluci
s’expriment à deux niveaux, d’une part contri- dation de questions fondamentales peu ou pas
buer à résoudre les problèmes de pauvreté, traitées entre partenaires.
d’autre part bénéficier de l’expérience la plus
élaborée des collectivités françaises pour i. Quelles modalités de coopération pour que la
améliorer l’exercice de leur responsabilité. coopération décentralisée gagne en crédibilité
auprès des habitants et des différents acteurs
■ L’encadrement de la décentralisation des territoires ? Quelles modalités de coopé-
La décentralisation est fortement encadrée ration pour accompagner les collectivités
(techniquement, financièrement, politiquement) locales marocaines dans leur consolidation ?
et les collaborations entre les niveaux de décen- ii. Qu’entend chaque partenaire par « actions
tralisation sont difficiles à mettre en œuvre prioritaires » : ont-elles pour objet de répondre
en raison d’un insuffisant corpus juridique. au besoin du plus grand nombre, de toucher
les groupes de population dans les situations
■ Le cruel manque de cadres administratifs, les plus précaires, ou de consolider des
techniques et financiers constitue un handi- domaines qui ont un effet d’entraînement fort
cap qui limite la progression des dossiers et sur les dynamiques locales ?
le suivi des réalisations.
exceptionnel, comme exemplaire dans son inté- ■ Collaborer entre les différents niveaux de
rêt et son efficacité. Ceci obère l’engagement décentralisation
d’un débat qui permette d’explorer les mesures La collaboration entre les niveaux de décen-
à prendre pour consolider des relations que tralisation est soumise, d’une part à la culture
tous souhaitent plus efficaces ; des administrations, qui échangent peu entre
■ l’importance donnée aux relations humaines niveaux de décentralisation, d’autre part à
comme fondement de la coopération décen- l’absence de structures juridiquement établies
tralisée recouvre une incontestable réalité, mais associant des collectivités de différents niveaux
son affirmation est insuffisante pour consoli- de décentralisation. Les collectivités françaises,
der une relation et lui donner les dimensions régions et départements notamment, peuvent
politiques et techniques nécessaires. verser leur expérience dans ce domaine.
3 - Préparer les dossiers présentés aux comités 1 - Produire une connaissance quantitative de
d’orientation des collectivités concernées la coopération décentralisée
Il s’agit moins de réaliser un répertoire de
4 - Renforcer les organes techniques de suivi plus, dont la vie ne dure que le temps de la
de la coopération au sein des collectivités collecte des informations, que de mesurer
marocaines : en continu le poids de la coopération décen-
- en consolidant les capacités de leur ser- tralisée franco-marocaine par rapport à la
vice de coopération décentralisée par un décentralisation au Maroc et à l’implication
appui spécifique du service équivalent de des grandes villes et des régions.
leur collectivité ;
- en organisant des rencontres entre les ser- 2 - Développer une politique d’évaluation
vices de coopération décentralisée des Conduire des évaluations et tirer enseignement
collectivités marocaines. Ces services tra- de leurs conclusions permettraient aux collec-
vaillent aujourd’hui sans relation entre eux tivités partenaires de mieux partager leurs
et ne sont pas en mesure d’échanger leurs motivations, d’avoir une plus grande réactivité
expériences. en cas de difficultés apparentes ou latentes,
d’engager les ajustements nécessaires.
Cet axe repose sur la construction d’un diagnos-
tic institutionnel croisé. 3 - Organiser une « réunion-bilan annuelle » par
pays sur la coopération décentralisée
2- A
méliorer le fonctionnement du compte de 2- O
rganiser des espaces de débats et de
dépense sur dotation (CDD) concertation nationale et territoriale
Ces comptes, mis en place dans le cadre Ouvrir les débats sur les motivations et
du PAD, permettent le financement et le cofi- l’intérêt des collectivités locales à engager
nancement de projets pluriannuels et une et développer des relations de coopération
traçabilité des opérations pour chacun des décentralisée, regarder de près les modes
contributeurs au projet. Leur ouverture et le d’organisation de leur coopération, faire
début de leur mise en œuvre ont été difficiles l’analyse des difficultés rencontrées et des
mais ils peuvent constituer, sous réserve problèmes résolus, interroger la pertinence
de plus de souplesse, un outil utile pour des des modes de relations politiques, techniques,
projets de renforcement de capacité. financières, etc. sont autant de questions
soulevées par les collectivités locales maro-
3- M ettre en place des fonds de développe- caines et françaises qui méritent d’être
ment locaux traitées avec rigueur pour générer un dyna-
Pour soutenir le développement local, les coo- misme renouvelé pour la coopération décen-
pérations décentralisées peuvent accom- tralisée. L’organisation de rencontres, entre
pagner le démarrage de fonds locaux de collectivités marocaines d’une part, entre
développement en prenant en charge tout collectivités françaises d’autre part, sur des
ou partie du financement des travaux thèmes communs en vue d’échanger ensuite
préparatoires à leur mise en place et en leurs lectures permettra d’amener en débat
accompagnant leurs premiers temps de des points de vue qui n’ont pas de lieu où
fonctionnement. s’exprimer et de traiter de questions qui
restent tues.
Les fonds de développement reposent sur
une mutualisation des ressources financières
mobilisées par les collectivités locales
partenaires, ressources propres et ressources
négociées, et versées sur un compte géré
par un organisme agréé.
1- A
ssurer une coordination entre les coopéra-
tions décentralisées aux niveaux régionaux
ou infrarégionaux
Cette concertation peut s’articuler autour
de trois axes :
- élaborer un « code de conduite » et des
références de travail partagées sur la
démarche de coopération décentralisée
pour plus d’égalité dans les partenariats
à l’image de la démarche engagée dans
la région de l’Oriental ;
www.diplomatie.gouv.fr