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Bénédite Georges. Amon et Toutânkhamon (au sujet d'un groupe acquis par le musée égyptien du Louvre ). In: Monuments et
mémoires de la Fondation Eugène Piot, tome 24, fascicule 1-2, 1920. pp. 47-68;
doi : https://doi.org/10.3406/piot.1920.1806
https://www.persee.fr/doc/piot_1148-6023_1920_num_24_1_1806
(AU SUJET D'UN GROUPE AGO UIS PAR LE MUSÉE EGYPTIEN DU LOUVItE)
PLANCHE I
Le grand dieu thébain est assis et appose les mains sur les
deux bras du second personnage représenté debout, tournant le dos
à la divinité et en recevant dans cette attitude la protection selon
le rite familial consacré par les sculptures de l'Ancien Empire.
Nous verrons aussi qu'il en reçoit l'investiture, car le geste
égyptiennes
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48 MONUMENTS ET MÉMOIRES
En effet, ce qui a été effacé clans les deux cartouches, c'est l'élément
complémentaire du nom divin. Le nom du dieu Râ dans le premier,
celui du dieu Amon dans le second ont été scrupuleusement
respectés. Pourquoi ce respect n'a-t-il pas été étendu aux deux
mains du dieu ? Quel est le nom royal contre lequel on s'est ainsi
acharné ? Quel est enfin le personnage dont l'effigie semble avoir
déchaîné cet accès de fana¬
tisme ?
Le respect de l'iconoclaste
pour le nom d'Amon écarte à
première vue le soupçon d'un
martelage exécuté par ordre
de l'hérétique Aménophis IV.
L'examen du premier car¬
touche, quelque soin qu'on
ait pris d'en gratter la sur¬
face dans l'attente d'un nom
nouveau, aurait d'ailleurs très-
vite dissipé l'incertitude, si
le style du monument l'avait
permise. On découvre, en
effet, sans beaucoup de peiner
les deux principaux signes
qui écrivent le nom d'introni¬
Fig. 3. — Détailles dedeuxla figure
cartouches
de Toutânkhamon
du roi. donnant sation du roi Tout-
ânkhamon. Le second car-
touche est moins lisible ; pourtant un œil prévenu y retrouve
la boucle supérieure du signe Il y a mieux encore: l'accessoire
bien connu, mais non déterminé jusqu'à présent, qui est suspendu
par trois minces courroies au ceinturon et retombe à droite et un
peu en arrière du tablier porte les deux cartouches royaux gravés
à une si petite échelle qu'ils ont échappé aux auteurs de la des-
AMON ET TOUTÂNKHAMON 51
1. Dans le cartouche-nom, les trois signes inférieurs dont le déchiffrement est assez malaisé
•correspondent à îi + hk-ln-rs' « prince d'Hermonthis » , titre protocolaire de Toutânkhamon.
%.2. 4.Theodore M. Davis, Excavations: The Tombs of Harmhabi and Touatânkhamanou, p. 128,
52 MONUMENTS ET MÉMOIRES
2.1. Mariette,
Revue d'ethnographie
Abydos, I, pl.
et de46.sociologie, t. IV (1913), p. 364.
AMON ET TOUTÂNKHAMON 53
2.1. Monuments
Zeitschrift fur
de l'Egypte
aegyptische
et deSprache,
la Nubie,t. pl.
XLI237
(190/i),
(t. III).
p. 88.
54 MONUMENTS ET MÉMOIRES
de 1.Toutânkhamon
L'historique adesétépremiers
traité dans
tâtonnements
La résurrection
dans led'un
déchiffrement
règne (Revue
et l'idendification
de l'art anciendesetcartouches
moderne,
t. XXXVIII [1920], p. 65-7o).
2. L. Borchardt, Zur Geschichte der Luqsortempels (Zeitschrift fur aegypt. Sprache ), t. XXXIY
(1896), T 3 1 , 182. — Gauthier, Livre des Rois (Mém de l'Institut français d'archéologie orientale
du Caire, t. XVIII, p. 367, note 1) : M. Alan H. Gardiner lui a signalé des restes du protocole de
.
Toutânkhamon recouverts en surcharge par le protocole d'Horemheb (Armais) relevés par lui en
191 1 sur le mur Ouest de la cour de ce temple.
AMON ET TOUTÂNKHAMON 55
2.i. Les
Theodore
monuments
M. Davis,
aux cartouches
op. cit., p. d'Armaïs
2 et 3. doivent être soumis à un sévère examen. L'icono¬
graphie de ce roi serait à établir de la manière la plus précise, en partant des trois profils indiscu¬
tables de sa tombe memphite (Bœser, Beschreibung der aegyptischen Sammlung des Niederlândis
chen Reichsmuseums der Altertiimer in Leiden, IV pl. XXII, XXIV et XXV), et en relevant toutes
les figurations les plus caractéristiques sur les bas-reliefs de Thèbes, de Gebel Silsileh, les peintures
de la tombe royale et les statues. Dès maintenant il est facile d'observer que le masque du roi du
groupe de Turin (photographies Petrie nos 22g et 23o) est irréductible à celui du couvercle de canope
(le plus net et le plus affirmatif des trois couvercles de la trouvaille) trouvé par Davis (op. cit.,
pl. LXXVI). Le compte des usurpations monumentales de ce roi reste encore ouvert.
3. Recueil de travaux relatifs à la philologie et V archéologie égyptiennes et assyriennes, t. XXVII
(1905), p. 66. — Catalogue général du Musée du Caire : Statues de rois et de particuliers , nos 42 09 1
(pl. LVII et LVIII) et ki 092 (non reproduite).
4. Au moment de la trouvaille de la statue de Khonsou, Maspero ÇAnnales du Service des anti¬
quités, t. III [1902], p. 181) crut qu elle reproduisait les traits d'Armaïs (Harmhabi), fondant son
hypothèse sur la ressemblance avec le prétendu Armaïs dont il est question à la ligne suivante. C'est
la découverte de la statue £2091 du Caire qui a mis fin à cette hypothèse.
56 MONUMENTS ET MÉMOIRES
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3. Maspero (Histoire des peuples de l'Orient classique, t. II, p. 334, note 3) résume la bibliogra¬
phie de cette controverse. Partisan de la seconde thèse dans l'ouvrage cité, il est venu à la première
dans sa Note on the life and reign of Touatânkhamanou.
ì. H. Gauthier, Les noms de Toutânkhamon (Annales du Service des Antiquités, t. X [ 1 909 ,
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AMON ET TOUTÂNKIIAMON 61
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La révolution religieuse dAménophis IV a eu là son effet le plus
durable. Les sculpteurs des ateliers sacrés, englobés dans son
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62 MONUMENTS ET MÉMOIRES
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2. Il s'agit de la tête colossale trouvée en i860 par Mariette dans une des salles du temple
de Karnak et attribuée par ce savant à Ménephtah. On lira dans Une tête du pharaon Harmhabi
(Monuments de l'art antique par 0. Rayet, tome Ier, livraison V, planche XV, et Essais sur l'art
égyptien, p. 169-170) par quel raisonnement G. Maspero en est arrivé à l'identification, alors très
plausible, de cette magnifique tête a\ec Horemheb, et dans le Guide au Musée de Boulaq, p. 425,
n° 617, les liens de parenté qu'il lui suppose avec la prétendue Taïa. Depuis lors G. Legrain a
démontré (Le Musée égyptien, t. II, p. 7-9) que cette reine n'était autre que la déesse Maout,
parèdre d'un dieu Amon dont il retrouva la tête en 1896 ; mais, dominé par la pensée que ce groupe
se rapportait au règne d'Horembeb, il est resté attaché à l'hypothèse de Maspero, à savoir que les
traits de cette divinité avaient été empruntés à la mère ou à l'épouse (il opte pour cette dernière)
d'Horemheb. Je considère la tête d'Amon trouvée en i8g5 et publiée par Legrain (Musée égyptien,
t. II, pl. IV) comme reproduisant, non moins que le fameux Khonsou, le visage de Toutânkhamon,
et cela avec un degré de réalisme auquel n'arrive pas l'Amon du Louvre.
3. Aug. Mariette, Le Sérapéum de Memphis (1867), p. 8, et IIIe partie, pl. 2.
Tome XXIV. Q
66 MONUMENTS ET MÉMOIRES
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la même
M. J.provenance.
Gapart
acquis m'a
par
68 MONUMENTS ET MÉMOIRES
GEORGES BENEDITE
Illustration non autorisée à la diffusion