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Intro

L’endométrite est définie comme une inflammation de l’endomètre qui peut être aigue,
chronique, infectieuse ou non infectieuse. Aujourd’hui cette physiopathologie est la première
cause d’infertilité chez la jument cyclée. Elle se caractérise par l’accumulation de débris
cellulaire, de matières inflammatoires et de micro-organismes rendant le milieu utérin hostile
pour le développement du fœtus dans le cas où la fécondation a lieu. On estime que 25% à 60%
des juments présentant des problèmes de fertilité sont atteintes d’endométrites bactériennes.
15% des juments pur-sang sont atteintes d’endométrites post-saillie suite à une monte
naturelle.

Bien que cette physiopathologie soit plurifactorielle, elle se développe préférentiellement chez
les juments prédisposées présentant un défaut des mécanismes de défenses utérines. Il
semblerait aujourd’hui que le mécanisme déterminant impliqué dans la prédisposition des
juments aux endométrites persistantes serait un défaut de clairance utérine. Le traitement de
l’endométrite viserait alors à améliorer les défenses utérines. Parmi ces traitements, les lavages
utérins et l’administration d’agents uterotoniques tel que l’ocytocine. Cependant l’ocytocine
possède une durée d’action très courte amenant le vétérinaire à administrer plusieurs doses,
soit 3 par jours environ, d’où paru la nécessité de développer une molécule analogue à celle-ci,
la carbetocine. En conséquent, pourquoi avoir recours à la carbetocine plutôt qu’à l’ocytocine
dans le traitement des endométrites chez la jument ?

Nous parlerons d’abord des types d’endométrites, leurs effets sur la gestation, les facteurs
favorisant la survenue des endométrites, comment les diagnostiquer, quelles sont les méthodes
de traitement et de préventions ainsi que des symptômes, pour ensuite réaliser une
comparaison directe entre l’ocytocine et la carbetocine et expliquer leur mode d’action.

Comparaison
Malgré leur mode d’action identique l’ocytocine et la carbetocine sont différentes sur plusieurs
niveaux. L’ocytocine est un polypeptide de masse molaire 1007,187g/mol principalement
synthétisé par les corps cellulaires des neurones situes dans le noyau paraventriculaire de
l’hypothalamus tandis que la carbetocine est une molécule non peptidique d’origine
synthétique et de masse molaire égale a 988,17g/mol. Pour la formule chimique, l’ocytocine est
la C43H66N12O12S2 alors que la carbetocine est la C45H69N11O12S. la demi vie de la
carbetocine est largement supérieure à celle de l’ocytocine avec 17,22 minutes contre 6,8
minutes.
Structure
Comme il est illustré dans l’image ci-dessous on note le remplacement de la cystéine par un
atome d’hydrogène, le remplacement du groupe hydroxyle de la tyrosine par un groupe
méthoxyle et enfin le remplacement du groupe disulfite par un groupe thioéther. Tout comme
l’ocytocine, la carbétocine est dégradé par clivage mais le remplacement de la cystéine et du
groupe disulfite assurent une protection des deux sites de clivage de l’ocytocine par les
disulfidases et les peptidases qui sont présents dans de très nombreux tissus et
particulièrement dans les reins. De plus, le remplacement du groupe hydroxyle de la tyrosine
confère une lipophilie plus marquée d’où l’affinité dix fois supérieure pour les récepteurs à
ocytocine. Ce sont ces modifications de structure qui confèrent à la carbétocine une demi-vie
plus longue.

Mode d’action
Les récepteurs à l’ocytocine (récepteurs OT) sont situés au niveau des fibres musculaires lisse
de l’utérus, des vaisseaux sanguins, de la mamelle et de l’intestin. Leurs sécrétions à la surface
des cellules utérines est stimulée par un taux en œstrogène élevé et inhibée par un taux élevé
en progestérone. L’ocytocine est impliquée dans les contractions utérines. Elle est responsable
de la migration dans les cornes utérines des spermatozoïdes mais aussi des déplacements de
l’embryon au début de la gestation ainsi que lors de la mise-bas.
Il a été montré chez les juments en période de reproduction que le nombre de récepteurs à
ocytocine variait selon le stade du cycle et était maximal 14 à 17 jours après l’ovulation, c’est-à-
dire lorsque le taux en œstrogène est maximal, et minimal après l’ovulation, lorsque le taux de
progestérone augmente.
Le mécanisme d’action de la carbetocine est identique à celui de l’ocytocine. L’ocytocine est
une molécule de nature peptidique et nécessite alors la présence de protéines G sur la
membrane plasmatique des cellules cibles pour faire son effet. Le récepteur a ocytocine est une
rhodopsine de classe 1 de la famille des GPCR et contient 7 alpha-hélices transmembranaires.
L’ocytocine se lie tant aux résidus extra membranaires qu’au niveau des domaines
transmembranaires. En effet ces derniers sont organisés dans l’espace sous forme d’anneau,
délimitant une étroite « fente » dans laquelle doit se loger l’ocytocine afin d’établir des liaisons
spécifiques avec son récepteur. La chaine NH2 terminale et la première boucle sont impliqué
dans les liaisons avec la partie tripeptidique de l’ocytocine, on considère que l’interaction du
NH2 terminal s’effectue avec la leucyle de l’ocytocine, tandis que la seconde boucle extra
membranaire établit des liaisons avec la partie cyclique.
La fixation de l’ocytocine aux protéines G active la phospholipase C. Cette enzyme est
responsable de l’hydrolyse de la PIP2 avec production d’inositol triphosphate IP3 et de
diacylglycérols DAG. Les IP3 ainsi forme se lient aux récepteurs situe sur la membrane du
réticulum endoplasmique et entraine la libération de Ca2+ dans le milieu intracellulaire. Il a
également été montre que l’ocytocine inhibait l’activité des ATPases Ca2+-Mg2+ dépendantes
diminuant l’expulsion des Ca2+ vers le milieu extracellulaire ce qui prolonge l’effet de
contraction de l’ocytocine.
Il faut noter toutefois que les métabolites de la carbetocine ont une affinité pour les récepteurs
à ocytocine cependant leur activité est nulle. Ils n’interfèrent que peu, soit due à une demi-vie
plus courte soit parce qu’ils sont excrétés à un rythme plus rapide

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