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FILKHAR

Plus petit que le Lormyr à l’ouest et l’Argimiliar à l’est le Filkhar est un pays particulièrement fertile couvert de forêts. Les
habitants se sont lancés dans une intense activité de défrichement, suivant les traces de l’Argimiliar avant eux, et les bois
laissent peu à peu la place à des champs, des vergers et des pâturages verdoyants. Le pays ne possède qu’une seule vraie
ville, Raschil, construite dans une pierre grise locale. L’architecture de la ville, bien que modeste, n’est pas sans beauté et la
richesse croissante du pays attire de plus en plus d’artistes en mal de commandes. Le port accueille des navires marchands
des quatre coins du monde et le château qui domine la vieille ville dresse fi èrement ses trois tours crénelées soutenues par
des arcs boutants ouvragés. Cette contrée donne l’impression d’un pays en devenir. Partout les villages se dotent de maires
ou de bourgmestres et développent de petites foires, espérant se transformer ainsi en villes. À leur périphérie se construisent
de grosses fermes fortifiées semblables à de petits châteaux. Des migrants venus de régions moins aisées s’y installent
moyennant le défrichement d’une terre qu’ils auront le devoir de faire fructifi er. Le pays s’enrichit de manière
particulièrement rapide, ce qui attire l’attention de nations plus puissantes comme l’Ilmiora ou les Cités Pourpres. Le Filkhar
fut unifi é par Rasch trois cents ans plus tôt, durant l’apogée de l’Empire du Lormyr dont il n’était que l’un des nombreux
comtés. Fatiguée de l’inconstance administrative du Lormyr et des échauffourées à répétition avec l’Argimiliar, la région
déclara son indépendance et s’émancipa du contrôle impérial. Ce ne fut pas sans diffi culté. Les chevaliers du Lormyr
luttèrent sur de nombreux champs de bataille contre les indépendantistes menés par le comte Rasch, un peu partout le long
de la frontière, mais ils accumulèrent les défaites humiliantes. Finalement, le Lormyr renonça et c’est ainsi que le Filkhar naquit.
La ville de Raschil, rebaptisée en l’honneur du fondateur de la nation, fut déclarée capitale. La domination du Lormyr sur le
continent austral s’acheva avec cet épisode, qui marqua également le début de son lent mais inexorable déclin. La capitale
est célèbre pour ses conteurs, tout spécialement ceux des auberges et des tavernes du quartier portuaire. Ces artistes
nourrissent une rivalité sans pareille, cherchant constamment à supplanter leurs concurrents avec des histoires de plus en
plus longues, des descriptions de plus en plus crues et des exagérations de plus en plus éhontées de certains mythes. Le plus
célèbre des conteurs, et sans doute le plus imbibé d’alcool, s’appelle Ranyart Finn. La qualité de son art semble fl uctuer en
fonction de la quantité d’alcool qu’il ingère. De nombreux Filkharains sont très fi ers – jusqu’à la fanfaronnade – de leur fortune
et n’hésitent pas à l’affi cher. La mode est extrêmement importante à presque tous les niveaux de la société. C’est le roi
Jerned et sa cour qui décident de ce qu’il faut porter ou non à chaque nouvelle saison. Un bon tiers des Filkharains a la
chance de vivre confortablement en comparaison des populations les plus pauvres des Jeunes Royaumes. Et malgré la taille
modeste du Filkhar, certains de ses citoyens sont parmi les plus urbains et les plus civilisés du monde. C’est un pays de cour
et de courtisans qui connaît, lui aussi, ses intrigues politiques et ses excès hédonistes, mais qui sait les dissimuler derrière une
façade de respectabilité.

UN BON VIVANT

Chef parmi les chefs, doté d’une réputation de grand cuisinier et d’amant infatigable, Konrad de Raschil dirige les cuisines
de Jerned, le roi gourmand. La rumeur prétend que Konrad s’élève à la cour grâce à ses liaisons féminines, mais l’intéressé,
qui a la réputation d’être un « artiste » de talent, n’a jamais nié ou confi rmé. Il y a bien eu une augmentation sensible du
nombre de grossesses dans la capitale, mais lorsqu’on l’interroge à ce sujet, Konrad explique que c’est sans doute la qualité
des huîtres de la baie de Raschil qui en est la cause.

LES REVERS D’ARGIMILIAR

Du temps d’Elric, le Filkhar et le Lormyr profi teront mutuellement d’une alliance stable. On ne peut pas en dire autant de
l’Argimiliar qui, lui, se rebellera contre le Lormyr. Ce faisant, il tentera d’absorber le Filkhar, plutôt que de laisser un royaume
indépendant prendre de l’importance. Malgré une lourde défaite infl igée par l’alliance de ses voisins, l’Argimiliar, envieux,
lorgnera toujours sur les riches campagnes du Filkhar
LA NEF DES FOUS

LE LIVRE DES CHOSES ECLATANTES


ARGIMILIAR
L’Argimiliar est actuellement la nation la plus puissante du continent austral. Son ascension s’est en partie faite aux dépens
du Lormyr. Il s’agit d’un pays fl orissant. Les terres ont été défrichées, les champs ont été mis en culture. Les citoyens sont
dotés d’une solide éducation et sont dirigés par une noblesse obéissant à un code d’honneur traditionnel : celui de la
chevalerie lormyrienne. L’essentiel du pays est couvert de champs et de riches pâturages. Au nord, des villes comme
Cadsandria, la Ville aux Toits d’Argent ou la Cité de la Côte Jaune prospèrent, ouvrant leurs portes aux voyageurs, aux
pèlerins et aux marchands de tous les Jeunes Royaumes. L’université de Cadsandria, au cœur de la célèbre capitale,
accueille tous ceux qui s’y présentent, car elle s’est fi xée pour but de rassembler tous les savoirs scientifi ques et, plus
généralement, de comprendre l’ordre du monde. Dans la partie la plus au sud, Andlermaign, autrefois citadelle du Glorieux
Empire, est à présent une place forte tenue par des barons éleveurs. Ils se sont installés dans les splendides constructions
melnibonéennes, dont les charmes morbides les mettent mal à l’aise. Les hauts murs de la citadelle leur procurent une
formidable protection. Toutefois, il ne peuvent comprendre l’usage des mécanismes et des sortilèges subtils qui font de cette
citadelle un lieu virtuellement imprenable. Le culte du Chaos, abandonné après le départ des derniers gouverneurs
melnibonéens, est en pleine renaissance. Il se renforce derrière les portes closes d’Andlermaign et se diffuse pour atteindre
les agglomérations plus au nord. La Loi prévaut, mais le Chaos s’étend. À travers le pays, de petites sectes très discrètes à la
gloire de Xiombarg, Slortar et d’autres Seigneurs du Désordre fl eurissent. L’expansion du Chaos est favorisée par le règne
permissif du roi dandy, Jiku. Cet homme vain et stupide cherche à dissimuler ses faiblesses en s’attirant les bonnes grâces de
ceux qui sont plus cultivés ou plus créatifs que lui. Ces traits de caractère sont assez communs chez ceux qui s’allient avec le
Chaos. En effet, ce dernier a séduit le roi qui feint d’ignorer l’arrivée imminente de la tempête. Autour de lui, la cour et les
nobles sombrent dans des quêtes hédonistes inspirées par les cultes du Chaos, en particulier celui de Xiombarg, dont un
favori, un Démon, a pris la place de conseiller auprès du roi.

L’avenir &LES GRANDES PURGES


La situation changera lorsque Jiku sera tué durant le sac d’Imrryr. Son successeur, le roi Hozel, élevé dans un monastère voué
à la Loi, brûlera du désir d’égaler en tout point le Vilmir. Alors que son prédécesseur était faible, le roi Hozel, mal inspiré par
une tare résultant de relations incestueuses sur plusieurs générations et par le souvenir de sa lutte contre le Favori de
Xiombarg, prendra le trône et se lancera dans une croisade sanglante. Il voudra purger son royaume de toute souillure du
Chaos. Sa méthode consistera à engendrer le soupçon et la délation pour éradiquer à la racine la moindre trace
d’allégeance à l’ennemi de la Loi. Les enfants trahiront leurs parents. Les parents dénonceront leurs enfants. Les innocents
seront emportés par la soif de sang d’Hozel. Tous accepteront de voir leurs proches accusés d’être des adorateurs du Chaos
sans le moindre commencement d’un début de preuve. Les savants et les intellectuels, maîtres comme disciples, seront
touchés par ces pogromes, fouettés sur chaque centimètre carré de leur peau, avant de devoir confesser leurs « crimes » et
supplier qu’on mette un terme à leurs souffrances.

Cesh
Il s’agit d’une cité-État située sur les terres arides du Dorel, désorganisée mais aspirant à la grandeur. Cette grandeur, elle
l’a peut-être connue autrefois : ses murs imposants décorés de frises de motifs géométriques de calcaire et de basalte
évoquant la Rune du Chaos et ses titanesques portes de bronze le suggèrent. Mais quelle que soit la fortune qu’elle a un
jour possédée, elle a été dilapidée par ses grandes familles arrogantes, pourtant toujours avides de posséder plus. Cesh se
situe dans la partie australe du Pikarayd, coincée au milieu des basses collines et des vallées désolées qui la séparent du
Dorel par le sud-est. Melniboné ne s’est jamais vraiment intéressé à ce coin perdu du monde. À l’abri de ses hautes
murailles, derrière ses portes massives, la ville est construite selon des proportions très humaines : malgré l’ambition des
familles patriciennes, les façades de calcaire sculptées cachent de simples maisons rectangulaires en briques crues. La cité
s’est développée autour de la forteresse d’un chef barbare nommé Cesh, qui signifi e « le Grand Exalté » dans le dialecte
local. Les historiens affi rment que Cesh se prépara à combattre les Dharzi qui dévastaient le Glorieux Empire. On raconte
qu’il fi t fortifi er la cité en quelques semaines, quand il prit la mesure de l’incroyable danger représenté par les Dharzi. En
réalité, la ville fut fortifi ée grâce à un pacte avec le Chaos. C’est ainsi que Cesh se développa. Les chevriers venus pour
commercer ne repartirent jamais. La ville lança alors des expéditions contre les cités voisines, soulagée, sans doute, que
l’attaque dharzi ne se soit jamais produite, et sa population augmenta. Cesh le barbare pratiquait la polygamie et eut de
nombreux descendants. Sa lignée devint si importante qu’il décida que la société devrait être séparée en deux castes :
une caste de sang cesh réunissant ceux qui étaient purs de cœur et d’âme, et une caste descendant des chevriers
installés depuis peu ou des esclaves capturés lors des attaques sur les villages voisins. La cité fut donc divisée entre les
Ceshs de sang et les Ceshs de terre, mais le Grand Cesh régnait pareillement sur les deux. Et sa ville resta de petite taille. En
effet le tyran, terrifi é par la Sorcellerie qui se tapissait de l’autre côté du désert, décréta que Cesh avait tout ce dont elle
pouvait avoir besoin, ou presque. Les Ceshs de sang y crurent car ils croyaient tout ce que leur dirigeant déclarait. Les
Ceshs de terre, eux, n’y crurent pas mais ils n’avaient pas leur mot à dire. Quiconque quittait la cité renonçait à tout lien,
quelle que soit sa caste, et comme la plupart pensait qu’il n’y avait rien de l’autre côté des collines, ils restèrent là. À
présent, Cesh n’a pas vraiment évolué. Les Ceshs de sang contrôlent le peu de richesses de la ville, alors que les Ceshs de
terre travaillent, tout simplement parce qu’ils l’ont toujours fait. Toute ambition a été tuée dans l’œuf et cette frange de la
population, ne connaissant rien d’autre, accepte sa condition misérable. Les Ceshs de sang sont tous des descendants du
Grand Cesh et ils passent leur temps à batailler afi n d’obtenir le titre de Cesh des Ceshs. Les familles s’affrontent avec une
violence dont se délecterait Melniboné, mais lorsque les intérêts de la ville sont en jeu, surtout quand la menace vient de
l’extérieur, elles s’unissent toutes contre l’ennemi. Peu à peu le culte de la Loi s’est répandu dans toutes les couches de la
population. L’infl uence du Chaos s’estompe. La conséquence immédiate est l’érosion et l’effondrement programmé du
mur de Cesh. Le pacte avec les Ducs du Chaos ayant depuis longtemps été oublié, les habitants sont en proie à un grand
désarroi car ils ne comprennent pas l’origine de cette détérioration inéluctable. Ils cherchent un architecte ou un artisan
capable de réparer leur mur et ce quel qu’en soit le prix et quelle qu’en soit la méthode. Sans doute ne s’attendentils pas
à ce que le prix à payer ne soit pas de l’argent sonnant et trébuchant, mais des âmes et du sang.

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