Ferrance
Capitale de la Principauté d'Arly, elle est l'une des deux plus grandes villes des
terres d'Osgild.
GEOLOGIE
Ferrance est située dans la Grande
Plaine Farienne, à proximité de
l'Océan Pelurique, au début de
l'estuaire de l'Irénie.
Elle se trouve à 2 kilomètres de
l'Océan Pelurique à l'ouest, à 95
kilomètres de Goruz-Kal au nord, à
169 kilomètres de Valastir à l'est et à
108 kilomètres de Port Sable et des
Monts Argentés au sud. Une partie de
la ville située sur la rive droite de
l'Irénie repose sur un plateau calcaire
nommé Mont Pastel qui s'élève à 308
mètres au-dessus de la plaine.
HISTOIRE
Les origines humaines de la ville
remontent à 2500 ans, aux âges de la
fondation d'Osgild. Les peuples
anciens sont alors embourbés dans un
lourd conflit qui les opposent les uns
aux autres, ainsi qu'aux forces
obscures venues du nord : pendant ce
temps, le tout jeune empire humain
étend son influence sur tout ce qui
n'est pas montagnes ou forêts. Dans
ces manœuvres, profitant que le gros
des forces naines soit monopolisé par
sa guerre contre les elfes, au nord, et
par la défense de sa capitale Kaer-
Undün, dans les Serres du Monde, les
troupes impériales capturent l'avant
poste nain de Falrak (Fort Bastion).
Cette garnison offre un intérêt
stratégique et économique sur tout
l'ouest d'Osgild : elle contrôle l'entrée
fluviale de l'Irénie et donc l'accès à
l'Océan Pelurique tout proche, mais
assure aussi un lien entre la cité de
Goruz-Kal et les villes enfouies des
Monts Argentés via un antique canal
reliant la Serd et l’Irénie. Durant les
décades suivantes, sous influence
humaine, le bastion se change en
forteresse et participe à la résistance
puis l'anéantissement des maléfiques
armées septentrionales.
Devenu cité, le lieu prend le nom de
Ferbastion. Tout proche de sa capitale
Valastir, elle évolue au fil des siècles
en l'une des places fortes du nouvel
Empire d'Osgild : cette humanité
grandissante qui s'impose de plus en
plus aux autres peuples en fait, en
temps de guerre, une puissante
citadelle contrôlant le trafic fluvial de
l'ouest du continent puis, avec la paix
venue, l'un des sites privilégiés des
échanges intellectuels, artistiques et
commerciaux des terres d'Osgild.
Lorsque chute Valastir il y a un
millénaire de cela, et avec elle
l'Empire d'Osgild, à l'instar de ses
voisines continentales, Ferbastion
connaît un déclin lent mais inéluctable.
Tout au long des Âges Sombres, sa
gouvernance voit se succéder factions
et dynasties diverses, plus intéressées
par leur enrichissement propre que par
le devenir de la cité et de ses habitants.
Dans cette période troublée, d'aucun
dirait chaotique, la ville reste tant bien
que mal aux mains de l'humanité.
Il faut attendre cinq siècles pour que
Ferbastion entame sa renaissance. La
famille Arly est alors une vieille lignée
de la haute bourgeoisie ferbastienne et
ne manque pas de moyens : c'est cette
arme-là, la richesse, qui permet à son
patriarche, Valarion d'Arly, de
s'emparer du pouvoir. Très vite, sous
son influence, la cité revient au
premier plan : tant et si bien que
d’autres villes choisissent de s'agréger
à elle, parfois même, pacifiquement.
La nouvellement renommée Ferrance
devient, 30 ans plus tard, capitale de la
Principauté d'Arly, jeune nation,
belliqueuse et expansionniste, comme
nombre de ses voisines. Un siècle
passera encore avant que les terres
d'Osgild retrouvent la paix et un
certain équilibre diplomatique lors du
Traité de Monastir.
C'est ainsi que depuis plus de trois
siècles, malgré quelques anicroches
historiques, comme la bataille de
Rampart avec le voisin du Comté de
Ponant en 285 Post Monastir, la
capitale de la principauté et ses
dirigeants prospèrent.
POLITIQUE ET
ADMINISTRATION
La Principauté d'Arly est dirigée par
un monarque ayant le titre de Prince,
même si l'usage leur a parfois prêté le
titre de Roi ou Reine. Cette charge se
transmet par hérédité au plus proche
parent de la génération suivante.
Depuis l’an 285 Post Monastir,
Thomar d'Arly est le suzerain de la
principauté. Son peuple le tient en
haute estime, voyant en lui un
dirigeant modéré et compétent.
Il dirige en monarque absolu. Il est
entouré de trois conseils nommés par
lui, constitués de ministres choisis
parmi la noblesse, mais aussi des
roturiers aux connaissances et
spécialités reconnues.
Le Conseil Princier, ou Haut Conseil,
s'occupe des affaires politiques,
diplomatiques et, par extension,
militaires. Bien souvent constitué
d'une douzaine de membres, souvent
issus de la noblesse, le nombre de ses
ministres évolue tout de même au gré
des envies du Prince.
Le Conseil des Biens et du Négoce
gère le trésor et les règles du
commerce territorial. Neuf intendants
y siègent, pour la plupart provenant de
la haute-bourgeoisie.
Le Conseil des Âmes statue sur
l'immatériel, de la religion aux
différents courants de pensée,
englobant ainsi sciences et arts. Les
chambres qui le composent se
réunissent par spécialité : on y retrouve
pêle-mêle le Grand Rapporteur, des
maîtres de collège et de guilde, ainsi
que des dirigeants de culte.
A Ferrance, le Prince n'intervient qu'en
dernier recours : chaque marche est
administrée par un Légat disposant de
sa propre milice. Deux fois par mois,
ils se réunissent en séance, en présence
du Prince. L’influence de ces
administrateurs est fonction de la
hauteur de la marche qu'il gouverne, et
de la confiance que le Prince leur
octroie.
URBANISME
Ferrance s'étend, en ses murs, sur 593
hectares.
La cité semble bâtie sur des marches,
comme posées sur la Grande Plaine
Farienne : au nombre de quatre,
chacune d'entre elles est un peu plus
haute que la précédente à mesure que
l'on progresse vers le sommet, et se
trouve accessible par une multitude
d'escaliers ou de voies en pentes plus
ou moins douces, certaines anciennes
venelles se montrant parfois rien
moins qu’escarpées.
Au faîte de sa période militaire, il y a
trois siècles, trois hautes murailles
entouraient la ville, en marquant tant
les limites géologiques que sociales,
faisant de chaque marche, une ville
dans la ville. Mais depuis le traité de
Monastir, Ferrance n'a plus connu de
conflit et aujourd'hui, seules
demeurent entretenues les enceintes
fortifiées protégeant le Palais Princier,
ainsi que sa garnison et le Fort de
Ferrance.
Sur la rive droite de l'estuaire, dans les
hauteurs de la ville, la résidence
accueillant les dirigeants de la
Principauté d'Arly domine, au sud,
l'estuaire et son grand port de
commerce, Port Principe, ainsi que les
secteurs marchands de la capitale. A
l’ouest, elle voit mollement couler les
eaux des restes du Vieux Canal, quasi
stagnantes lorsqu’elles atteignent Port-
Boue. Au nord, elle toise les quartiers
de la noblesse et les collèges de magie,
puis les demeures de la haute
bourgeoisie et la Bibliothèque
Suspendue, et enfin, bien plus bas, les
faubourgs populaires : ces là que
disparut la deuxième muraille de
Ferrance, désormais absorbée dans les
architectures variées de la cité
bouillonnante.
Au loin, à hauteur de la plaine, les
remparts extérieurs, même s'ils sont
toujours présents, ne sont plus guère
préservés et ont vu s'agglutiner sur
leurs flancs nord et est, de nombreuses
bâtisses, grossières, anarchiques et
éphémères. Au sud et à l'ouest, des
boqueteaux et bosquets baignant en
eaux marécageuses et des zones
maraichères de plus en plus étendues
ont limité cette expansion.
Les trois portes historiques qui
ouvraient Ferbastion sur Osgild, au
nord, à l’est, et au sud de la ville, se
sont multipliées : la cité compte
désormais neuf entrées carrossables,
couvrant plus que les points cardinaux,
en plus de ses deux portes fluviales.
Elle possède aussi trois ponts,
permettant de traverser toute la ville à
pied si on le souhaite.
La Marche Marmoréenne,
ou Marche Blanche
Ce secteur est juché au plus haut du
Mont Pastel dominant la ville : il est
abrité, au nord, derrière de hautes
murailles parfaitement entretenues et
gardées, et au sud, par des remparts
plus discrets et un à-pic de plus de 300
mètres se jetant dans les eaux de
l'Irénie.
Il n'est accessible que par deux
grandes avenues au pavage parfait.
Celle à l'est, la Voie Royale, est dédiée
aux venues officielles ou de cour,
tandis que celle à l'ouest se destine au
personnel, à la garde princière, et aux
visiteurs officieux.
Ce quartier accueille le Palais Princier
et son Parc aux Cent Essences, mais
aussi, à sa gauche, les luxueux
appartements dédiés à l'accueil
diplomatique ; à sa droite, dissimulés
par un bosquet jouxtant le parc, se
trouvent les riches casernements de la
garde princière.
Certains adjoignent aussi à cette
marche le Fort de Ferrance.
Artificiellement séparé du palais par
l’antique ouvrage du Vieux Canal, il
est pareillement juché sur quelques
hauteurs et protégé derrière ses propres
remparts : cette bâtisse qui accueille
les officiers de haut rang de la
principauté n'est pourtant en rien reliée
au quartier princier et n'est rien moins
qu'austère comparée aux fastes qui lui
font face.
➀ Les deux accès pédestres au Palais
Princier sont clos en permanence, de
lourdes herses et épaisses portes en
barrant l'accès : leurs richesses ne
laissent toutefois pas de doute sur les
lieux qu'elles protègent. Derrière ces
murs, une centaine de soldats de la
garde princière veillent en permanence
à la sécurité de la marche. Dans ces
conditions, il est malaisé d'accéder au
palais sans obtenir une invitation
officielle.
Sur le parvis du palais, une statue de
bronze, feuilletée d'or et d'argent,
figurant le fondateur de la principauté,
Valarion d'Arly, accueille les invités :
elle trône au milieu du Parc aux Cent
Essences, délice olfactif concocté par
les mages et jardiniers du prince,
mélange hétéroclite de couleurs et
d'odeurs rendant compte de la beauté
de l'ensemble, même aux non-voyants.
Le Palais Princier reste tout de même
le joyau du Mont Pastel, et chaque
personne ayant la chance d’y être
invité est invariablement frappée par la
splendeur des lieux. Bâti peu après
l'avènement de la principauté, il repose
sur les fondations de tous ceux l'ayant
précédé, et avant eux, celles du bastion
nain de Falrak. Pourtant, le bâtiment
ne se démode pas et est resté au fil des
ans une merveille d'arts et
d'architecture : chaque génération
d'Arly a ainsi su en confier rénovation
et modernisation aux meilleurs artistes
et artisans de leurs époques, offrant
aujourd'hui à l’édifice un mélange de
styles et d'inspirations sans pareil, avec
pour seule constante la pureté des
matériaux utilisés qui donne son nom à
la marche.
C'est à Lysandre d'Arly, mère de
l'actuel dirigeant de la principauté, que
l'on doit la dernière merveille de la
ville. Bâtie en hommage posthume à
son époux le Prince Laurelith, la
majestueuse Tour Blanche évoque par
son architecture les origines semi-
elfiques du prince : elle se dresse au-
dessus du palais, tout en arabesques
finement sculptées, offrant depuis son
sommet, une vue imprenable sur toute
la région, des sombres bois d'Astreis
jusqu'aux contreforts des Monts
Argentés, en passant, quand la nuit est
venue, aux lucioles lointaines des
phares de Port-Sable. A l'inverse,
l'écharde immaculée est visible à des
dizaines de lieues à la ronde, signalant
l'importance de la cité à tous ses futurs
visiteurs, qu'ils arrivent de mer ou de
terre.
Sous le palais, au cœur du calcaire, se
cache le Port Militaire de Ferrance,
ouvrage monumental ayant autant
coûté en or,
qu’en temps et
vies : datant
de l’Empire
d’Osgild, il fut
creusé à même
le mont pour offrir à la ville une base
portuaire d’importance, à même de ne
pas gêner le trafic d’un commerce
maritime et fluvial florissant. Sous une
voûte, s’élevant par endroit à 50
mètres, des embarcadères permettent à
une petite flotte de stationner. De
grandes salles troglodytes qui
abritaient les équipages ne sont plus
utilisées que pour le stockage des
équipements des navires à quai, tandis
que les marins habitent désormais dans
les différents casernements de la ville.
Il va sans dire que gardes et patrouilles
se relaient jours et nuits pour interdire
l’accès à la caverne artificielle.
Entre la grotte et la résidence princière
demeurent les galeries de l'antique
Falrak. Pour partie dissimulées ou
effondrées, elles permettent tout de
même aux occupants du palais
d'accéder au Port Militaire via un
passage dissimulé magiquement. Des
décades ont passé depuis sa dernière
utilisation et rares sont les personnes à
connaître ce secret.
Mais à l’instar des gens du commun
ignorant l'existence de ce passage, les
dirigeants de Ferrance ne soupçonnent
pas que d'autres souterrains continuent
à être quotidiennement utilisés sous
leurs pieds : ainsi, la guilde des voleurs
use et abuse depuis toujours de
quelques vestiges nains parcourant le
promontoire, les ayant même étendus
jusque sous les quartiers populaires.
Ultime secret du mont Pastel, ignoré
de toutes et tous, un profond tunnel
nain, passant sous le Vieux Canal, relie
les deux pics rocheux de la ville.
➁ Pour pénétrer au Fort de Ferrance,
il faut montrer patte blanche, et cette
herméticité des lieux constitue bien le
seul point commun entre les deux
bâtiments qui se font face : véritable
bloc de calcaire,
renforcé de grès,
taillé à même la
roche qui le
soutient, le fort est
le plus vieil édifice
de la ville. Ses
seules décorations
sont ses étendards
flottants sur ses
murs. Définir ses origines naines
relève de la gageure tant ceux qui leur
succédèrent firent tout pour les faire
disparaître, adaptant les mesures à une
taille humaine, et détruisant la moindre
trace ou écriture d'une présence
antérieure à celle de l'empire.
On dit qu'un millier d'hommes peut y
tenir un siège de mille jours, mais
actuellement, on y compte à peine 200
occupants : y a ainsi ses quartiers la
fine fleur de l'armée de la principauté,
celle dont les origines ne sont pas
nobles. Pour les autres officiers, ainsi
que le gros des troupes de Ferrance, ils
résident dans leurs demeures, écoles et
casernements des autres marches.
Légat Blanc : Hilarion Deltresse, dit
le Triste. Intendant du palais et homme
de confiance du Prince, tout ce qui se
passe dans l'enceinte du Palais Princier
lui est connu et relève de sa
responsabilité. Fils du premier valet
d’Uther Anthrédal du Piémont, il fit la
rencontre du Prince Thomar d’Arly
lors d’un voyage protocolaire du tout
jeune monarque : les deux hommes se
firent si forte impression qu’Hilarion
abandonna sa future charge auprès du
margrave pour rejoindre la puissance
voisine. Sa venue fut bien entendu
source de nombre de suspicions auprès
de la noblesse ferrancienne, mais après
plusieurs décades irréprochables au
service de sa nouvelle patrie, il est l’un
des hommes les plus estimés du pays.
Dégingandé, ses tenues le portent plus
que l’inverse, et sa présence ne laisse
rien deviner de son importance.
La Marche Céruléenne,
ou Marche Bleue
La marche tire son nom de l’origine
sociale des populations qui l'occupent,
tous les sangs bleus de la capitale
ayant édifié au fil des décades leurs
résidences au pied de la Marche
Marmoréenne. En grande partie rebâti
sur la vieille ville de Ferbastion depuis
le traité de Monastir, ce secteur
accueille donc l’élite de la noblesse de
Ferrance, ainsi que quelques familles
bourgeoises dont la richesse extrême
compense l'absence de rang.
Toute faite des pierres blanches des
Monts Argentés, sillonnée de belles,
hautes et larges avenues pavées mais
parfois abruptes, les petits manoirs y
rivalisent d'ostentation avec les hôtels
particuliers, tandis que les riches
devantures des boutiques de luxe
pratiquant des tarifs prohibitifs
succèdent aux fines façades de pierre
des ateliers des maîtres artisans où se
déniche le pinacle des parures
somptueuses, des espadons ouvragés,
ou des mises aux étoffes les plus rares.
Autre signe de la richesse, et de la
modernité, des lieux, des réverbères
souvent finement forgés y illuminent
les rues et avenues : le crépuscule
approchant, des allumeurs de lanternes
y cheminent rapidement pour qu’une
fois la nuit tombée, ses artères
conservent leur beauté, et leur sécurité.
La Marche Marmoréenne bénéficie
bien sûr de cet embellissement, mais
une partie nord de la Marche
Emeraude a aussi la chance d’avoir
accès à ce service, quoique plus discret
et moins régulier.
Au centre du quartier, l'Esplanade du
Couronnement est le plus grand espace
plat de la capitale et accueille tous ses
grands évènements : avec le Bois
d'Oméliane qui domine l’embouchure
du Vieux Canal, c'est le principal lieu
de rencontre des élites de le ville,
sociales et scientifiques. Car la Marche
Céruléenne est aussi le centre du
savoir de Ferrance : on y trouve la
Bibliothèque Suspendue, l'Université
Princière, le Grand Collège de Magie,
le Palais de Justice, mais aussi les
Temples de Dénora, de Guardal et de
Voronna.
La milice céruléenne y patrouille le
plus discrètement possible, et en
chasse quiconque se démarque
socialement des lieux : ainsi,
mendiants, marchands ambulants, ou
toute personne semblant trop pauvre
pour pouvoir s’y offrir résidence ne
peut s’attarder dans le voisinage.
➂ L'Esplanade du Couronnement,
immense place dont chaque côté
dépasse les 200 mètres, n’accueille
pourtant qu’un unique monument, la
statue du Prince Thomar. A chaque
succession du pouvoir, après que
l'Epreuve des rois a eu lieu,
l’extraordinaire représentation du
prince défunt est retirée et fondue alors
même que le corps du monarque est
inhumé. Au premier anniversaire de
règne du dirigeant suivant, des
festivités sont organisées en son
honneur au cours desquelles un
cortège parcourant les rues en liesse de
Ferrance accompagne le bronze et
argent monumental du nouveau prince
régnant : ce dernier prend alors la
place de celui de son prédécesseur.
Chaque année suivante, la ville
continue de célébrer son prince.
Au nouvel an, pour signifier le Pacte
de Monastir, et au printemps, pour le
festival de Linnarré, l’esplanade est
aussi le théâtre de festivités
extraordinaires dont la renommée va
bien au-delà des frontières de la
principauté.
Ces trois évènements sont les seuls où
le tout Ferrance peut accéder à la
Marche Blanche.
Le reste de l’année, cette grande place
reste constamment active, accueillant
nombre d’attractions, salons et
marchés, où viennent se croiser
étudiants, nobles, bourgeois et
professeurs.
➃ En descendant de l’esplanade vers
l’antique Pont des Pleurs, vos pas vous
dirigent invariablement vers ce large
carré de verdure qu’est le Bois
d'Oméliane : tirant son nom de la
première princesse d'Arly ayant régné
sur la nation, il accueille promeneurs,
couples et enfants, si leur mise sied à
aux gardes qui y patrouillent
fréquemment. Une fois la nuit tombée,
sa fréquentation devient plus
confidentielle et illégitime, même si à
l’ombre d’une de ses topiaires
extravagantes, on craint plus d'y
croiser les regards d'un voisin trop
bavard que celle d'un malandrin mal
intentionné.
Ce bosquet est aussi
un mur naturel et
une bouffée d’air
frais aux riverains
importunés, lorsque par trop le soleil
chauffe les eaux lentes et fétides du
Vieux Canal, qu’il surplombe de
franches coudées.
➄ En remontant tout au sud, par
l’Avenue d’Amuort, cernée de toutes
parts d’hôtels particuliers, on finit par
découvrir les façades de l’Université
Princière : chaque fenêtre y est
entourée de pilastres finement
ouvragés, et surmontée du portrait en
médaillon d'une figure historique de la
principauté. Ce bâtiment fut rebâti sur
les ruines d’un ancien collège avec
l’avènement de la dynastie d’Arly.
Tout entier dédié à l’apprentissage, il
accueille uniquement des enfants de la
noblesse, de Ferrance bien sûr, mais
aussi de tous les recoins du pays. Des
étudiants étrangers, provenant souvent
du Ponant, viennent aussi y chercher
un savoir de qualité, mais le critère des
origines sociales reste incontournable.
Toutefois, depuis vingt ans, une
entorse a été faite à ce règlement sans
âge : une section d'élèves s'étant
distingués à l'Université du Peuple est
autorisée à poursuivre son instruction
dans l'illustre établissement, mais il va
sans dire que ceux-là sont assez mal
vus de leurs camarades de noble
engeance.
Accolé à ce haut-lieu de
l’enseignement, le Temple de Guardal
respecte son credo jusque dans son
architecture : il oppose une austérité
urbaine au faste ambiant du quartier.
Seul son fronton simple et immaculé
lui permet de se fondre dans la masse,
mais malgré son escalier monumental,
il fait pâle figure, comparé à la riche
façade de l'Université Princière
voisine. Ses prêtres et novices y sont
respectés et nombre d’entre eux
appartiennent aussi aux différents
corps armés accueillis par la capitale.
➅ L’Ecole Militaire de Ferrance, qui
abrite aussi nombre des casernements
de la ville, ceint de ses sept bâtiments
une grande cour aux pavés martelés
par le pas, le sabot et la roue, de jour
comme de nuit. Elle octroie
l’enseignement martial et le logis aux
nobles officiers, contient les états-
majors ferranciens de l’infanterie, de la
marine, de la cavalerie, et du génie, les
bureaux de l’intendance, ainsi que les
quartiers de la milice céruléenne et,
enfin, une caserne dédiée à la
formation de la soldatesque.
Côté rues et
avenues,
chacun de
ces édifices
portent les
couleurs
bigarrées de
nombre
d’étendards
et blasons, chacun rappelant les corps
occupants. Et si toute cette population
militaire apporte elle aussi vie à la
Marche Bleue, les moins gradés et les
soldats ont en revanche interdiction de
s’y répandre une fois le soir venu ou le
service achevé : ils suivent alors la
Voie des Armées, venelle située juste
en face de la cour de l’Ecole, longeant
le Temple d’Irrion et menant
directement à la Marche Vermeille.
➆ Sur le côté ouest de l'Esplanade du
Couronnement, à deux pas du Temple
de Guardal, le Grand Collège de
Magie de Ferrance réunit en fait de
nombreux courants provenant de tout
Osgild, même s’il est vrai que ceux
originaires de la principauté sont
majoritaires. En concurrence directe
avec l'académie de magie des Marches
du Piémont à Monastir, et celle de la
Baronnie de Bordant à Illistar, s'y
croisent toutes sortes de mages,
d'élèves, de professeurs et de membres
de l'académie de Ferrance.
C'est le deuxième plus haut édifice de
la marche. Bâtis sur un modèle
pyramidal à étages, ses trois niveaux
s'élèvent, tous un peu plus que le
précédent, dans un équilibre
architectural pour le moins précaire,
défiant les lois du possible.
A l’instar des autres étages, le rez-de-
chaussée offre de grands espaces et ne
procure jamais la moindre sensation
d’étouffement. Il culmine à huit mètres
et se dédie à l'administratif et à la
détection des novices. Si l'on passe
l'accueil, on y trouve bureaux, salles
de cours théoriques et pratiques, et
laboratoires d'apprentissage à
l'alchimie : cela en fait le plus
fréquenté des trois étages puisque, au
final, limité sera le nombre de ses
résidents à démontrer de vraies
aptitudes à la manipulation des
énergies magiques.
C’est d’ailleurs la condition sine qua
non pour accéder au premier niveau :
membre, invité, ou visiteur, auquel cas
il vous faut payer 1 pièce d'or, l’accès
n’en est ouvert qu’aux pratiquants du
Grand Art. Ici, les murs culminent à
une quinzaine de mètres et s’y sont
amoncelés bureaux, laboratoires et
bibliothèques, tous reliés par des
escaliers labyrinthiques. Sur sa terrasse
extérieure, tentes, jardins et bassins se
mélangent pour accueillir les
réflexions et échanges des occupants.
Les vingt mètres du dernier étage ne
sont accessibles qu'aux grands
sorciers, maîtres de collège, et à leurs
invités. En son sein, les dimensions
"humaines" n'ont plus vraiment court :
on y trouve tout autant d'appartements
incongrus et de laboratoires
incroyables que de simples portails
menant vers d'autres... espaces.
La rumeur voudrait que s’y trouve
l’emplacement réel du Bazar Fabuleux
de Balthazar, mais celle-ci a court dans
tous les hauts collèges d’Osgild et
d’ailleurs.
Si les murs extérieurs de cet étage sont
nus et sans aucune ouverture, la
perspective intérieure en est toute autre
puisque qu’on peut y observer les
hauteurs de la ville en une multitude
d’endroits, aussi larges que variés.
Initialement, l’histoire veut qu’un
pinacle aurait dû s’élever pour achever
l’édifice, mais il ne semble avoir
jamais été construit. On sait pourtant
que le Grand Collège de Magie abrite
le refuge de l'Archimage de Ferrance,
Volnor de Tanith, mais nul n’ayant
jamais aperçu sa résidence en ces
lieux, les bruits de couloir entre initiés
vont bon train en ce qui concerne
l’invisible et l’intangible d’un
quatrième niveau.
A l’est de l’esplanade, le Temple
de Voronna fait face à la Cour de
Justice : il n’est pas rare que des
individus passent de l’un à l’autre pour
y effectuer leurs offices, l’un placé
sous la tutelle de la Déesse, l’autre
sous celle de l’Etat.
Pour accéder au temple, il vous faut
passer sous le bras tendu de la déesse
aveugle, son corps drapé faisant office
de montant droit de l’entrée, tandis que
l’épée monumentale qu’elle tient
figure le gauche.
⑧ Face à elle, la Cour de Justice
propose un bâtiment rectangulaire aux
bas-reliefs nombreux et précis, dont le
seuil est une structure cubique
composée toute entière de carreaux de
verre, figurant la transparence de la
justice.
Sont jugées en ces lieux, les affaires
civiles et pénales en ce qui concerne la
Cour de Justice, tandis qu’à Voronna
sont affectées les affaires et offenses
divines. Les peines capitales, assez
rares, sont exécutées sur la Place de
l’Estramaçon adjacente.
Le plus grand temple de la ville,
mais aussi le plus ancien, est dédié à
Dénora : il dispense magie curative et
soins normaux, sans distinction
d'origine ou de rang, ce qui explique la
présence moindre de la milice
céruléenne à son voisinage.
Les lieux nécessitant air et eau en
grande quantité afin d'assurer la
meilleure salubrité possible à ses
résidents, le sanctuaire fut construit sur
les bords de l'Irénie
aux premières
années du jeune
Empire d’Osgild. Il
changea de forme,
de taille, de hauteur
au fil des âges,
mais ne quitta jamais cet emplacement,
dominant encore, aux plus hautes
marées, le fleuve de dix bons mètres.
Aujourd’hui, d’épaisses colonnades
soutiennent son toit. Dessous, il abrite,
éparpillées, des cellules destinées à la
guérison des malades, à l'étude et à la
prière. Au-dessus, se trouvent les
habitations de l'ordre. Il n’est bien
entendu pas rare d’y croiser des
pensionnaires des deux universités, ou
du Collège des Sciences, en mal de
pratiques ou de recherches.
Au nord du quartier, marquant la
limite avec la Marche Emeraude, se
trouve le plus haut et étendu des
ensembles architecturaux de la
capitale.
⑨ La Bibliothèque Suspendue y a été
érigée quelques centaines d'années
après celle de Monastir, durant les
Âges Sombres, alors que l'humanité de
ce côté d'Osgild tâchait de sauver ses
connaissances du retour des peuples
anciens. Bâtie sur l'architecture
monolithique des collèges des arts, des
sciences, d'histoire et de botanique,
qu’elle domine, elle prend la forme
d'un grand bâtiment circulaire de plus
de cent mètres de diamètre dont le
dôme de feuilles d'or et de lapis-lazuli
ne cesse d'attirer l'œil même du plus
blasé des ferranciens. Son
administration est confiée aux plus
hauts représentants de tous les collèges
de Ferrance et, à leur tête, au Grand
Rapporteur.
⑩ Le Collège des Arts, au nord, est le
siège de l'enseignement destiné aux
artistes, mais aussi aux artisans. Il est
le plus animé des quatre collèges de
l’ensemble, vivant des activités de ses
hôtes, de jour comme de nuit. Les
ateliers y succèdent aux classes, tandis
que dans ses couloirs et étages se
croisent peintres, enlumineurs, bardes,
tisserands, joailliers, etc. Aujourd'hui,
le collège a tant de succès que sa
propre guilde a dû quitter ses murs
pour s'installer sur la Marche
Vermeille, à côté du Temple de
Gaëlm.
⑪ Le Collège des Sciences, à l’est,
s'intéresse tant aux mathématiques et à
la physique qu’à la géographie et
l'astronomie. Ici, les ateliers laissent
place aux laboratoires, et nombreux
sont les bureaux à posséder des
lunettes de toutes tailles et formes
pointées vers le ciel.
Il est notable de constater que, depuis
quelques dizaines d'années, la section
des sciences mécaniques, jusqu'alors
anecdotiques, tend à y prendre son
essor, par la place et le bruit.
⑫ Le Collège d'Histoire, au sud,
regroupe nombre de domaines, tels
l'héraldique, la théologie ou même la
mythologie. Ses occupants suivent
donc les chronologies des nations
connues tout autant qu'ils débattent des
dogmes et croyances locales ou
exotiques. Des prêtres de nombreuses
croyances y côtoient donc historiens,
archéologues et même conseillers
politiques et diplomates venus
chercher dans le passé des leçons pour
l'avenir.
⑬ Le Collège de Botanique et
Zoologie, à l’ouest, est le seul des
quatre à posséder deux spécificités
architecturales : ses hauts murs nus ont
ainsi laissé place à deux péristyles
délimitant le bâti de la rue, et le toit a
pour grande partie été sacrifié au profit
de la simple voûte céleste, parfois
cachée d’immenses toiles suspendues.
Car, en ces lieux, tout de même
protégés sur la rue d'imposantes
grilles, prolifèrent plantes exotiques,
insectes chatoyants et animaux
étranges, en un jardin que les citadins
curieux et souvent émerveillés ne
peuvent qu'apercevoir.
L'accès au parc n'est réservé qu'aux
initiés et naturalistes qui au plus
profond de l'institution annotent et
étudient les faunes et les flores ainsi
rassemblées, préparant de futures
expéditions amenées à enrichir la
collection du collège.
⑨ Et au-dessus de cet ensemble trône
la Bibliothèque Suspendue. On ne peut
y accéder que par l'un des quatre
collèges qui architecturalement la
soutiennent. Une fois à l'intérieur, le
gigantisme des lieux justifie
l'extraordinaire collection qui y est
amassée.
Au sol et dans les airs, ouvrages et
manuscrits envahissent l'espace, qu'ils
proviennent des collèges voisins, de
ceux d'autres domaines, ou d'autres
nations, connus ou méconnus. Les sept
grandes allées qui occupent la salle
principale et desservent des dizaines
de rayonnages sont ouvertes aux
membres des établissements
d'enseignement de Ferrance, quels
qu’ils soient : dans le cas contraire, un
coût prohibitif, une invitation, ou une
autorisation administrative est
nécessaire aux communs, citadins
curieux, ou savants étrangers, pour
pénétrer dans les lieux. Mais s'il est
alors possible de consulter les dizaines
de milliers d'ouvrages qui s'y trouvent,
les emprunter relève de l'exceptionnel.
Au centre, un grand escalier de marbre
à double vis mène à l'étage supérieur,
sous la coupole, mais son accès n'est
ouvert qu'aux professeurs, enseignants,
copistes, mages et chercheurs. S'y
trouvent d'autres salles dédiées à
l'étude et la recherche, l'enluminure,
l'écriture et la copie.
Enfin, quelques chambres, gardées
physiquement ou magiquement, sont
destinées aux livres précieux, écrits
obscurs ou grimoires étranges, mais
seules les hautes instances du pouvoir,
de la bibliothèque et des collèges
peuvent y pénétrer.
C'est aussi là que demeure le Grand
Rapporteur, Modeste Iné de Sandestin,
et certains de ses assistants.
Quant au personnel attaché à la
Bibliothèque Suspendue, devenu trop
nombreux à mesure que la réputation
des lieux enflait, il est logé dans le
bâtiment faisant face au Collège des
Arts, sur la Marche Emeraude... tout
comme certains visiteurs itinérants.
Légat Bleu : le Duc Fimur de
Valenoy. Maréchal de cavalerie, cet
initié de Guardal ne fait pas son âge…
avancé : il servait déjà la principauté
sous le règne de Lysandre d’Arly.
Epais et noueux comme un chêne, il
arbore sous un vilain nez toute la
pilosité que son crâne a perdu, et si son
tempérament est calme, ses colères
sont par conséquent légendaires.
Juste, il administre tout de même la
Marche Bleue d’une poigne de fer et
reste attaché aux anciennes valeurs et
aux différences de rang : la bravoure et
le courage peuvent parfois faire
vaciller ces idées.
La Marche Emeraude,
ou Marche Verte
Ici, fortunes se font et se défont, la
famille d’Arly pouvant en témoigner.
Car si la Marche Blanche est la tête de
Ferrance, la Marche Emeraude en est
le cœur économique, avec sur la rive
droite de l’Irénie, sa bourgeoisie, ses
familles marchandes et sa petite
aristocratie d’affaires, et sur la rive
gauche, Port Principe et les Nouvelles
Halles entourant son Grand Marché.
Conséquemment, dans la continuité de
la Marche Céruléenne, l’architecture
est encore de belle facture au nord, à
l’horizontale comme à la verticale,
principalement en pierre, avec de
belles hauteurs : le bois y est tout de
même visible, mais beaucoup moins
que sur la partie sud de la marche où il
est omniprésent, les bâtiments étant
plus dédiés au commerce qu’à
l’habitation : le sol n’y est d’ailleurs
que rarement pavé, mais il est renforcé
de pierres.
Dans ces quartiers qui attirent toute la
population de la capitale, la milice
verte a donc fort à faire, tout comme
les malfrats, escrocs et voleurs à la
tire, établis ou de passage.
⑭ La zone portuaire de Ferrance
couvre une bonne partie du sud de la
ville. De hauts quais y longent le cours
tumultueux de l’Irénie encore soumis
aux marées, afin que puissent y
accoster les flottes commerciales de
l’Océan Pellurique, ou les bateaux et
péniches en provenance de Valastir,
Benastir, et même de Piémont. Ainsi,
Port Principe ne dort, dit-on, jamais :
pensé et équipé pour le fret, ses
quelques 500 mètres de quai
fourmillent en permanence de marins,
marchands, et négociants chargeant et
déchargeant des navires toujours de
passage.
⑮ Sa Capitainerie, tout en longueur,
est le premier bâtiment que l’on
remarque lorsque l’on arrive de la
mer : elle accueille sur deux étages
l’administration portuaire, mais aussi,
à l’arrière, dans les baraquements
qu’elle dissimule, les casernements des
marins servant au Port Militaire et
d’une partie de la milice verte. Ainsi
les quais de Port Principe sont sûrs de
jour comme de nuit. Mais peut-on en
dire autant des entrelacs d’entrepôts,
tavernes, auberges, tripots et pensions
qui lui font face ? En tous cas, rares
sont les habitués à s’y aventurer seuls
une fois la nuit venue.
⑯ En remontant le cours du fleuve,
Port Principe se termine sur une forme
de radoub où sont mis en eau les
navires sortant des chantiers tout
proches. Le bassin jouxte deux places
d’importance de la capitale.
⑰ Le Grand Marché est approvisionné
en majorité par les ports de Ferrance,
mais aussi par les routes de la capitale.
Quelques grandes familles
commerçantes s’en partagent le
contrôle et leurs comptoirs encerclent
son immense cour à ciel ouvert qui
accueille chaque jour une multitude
d’étals, tentes et échoppes.
Les maisons enserrant le marché,
régulièrement rafraîchies, valent aussi
aux lieux le nom de
Nouvelles Halles :
on peut y cheminer,
via un couloir
traversant les
bâtiments, comme
s’il ne s’agissait
que d’un seul
ensemble. La
Guilde de Commerce s’y est même
établie depuis deux décennies,
exerçant sur Ferrance une influence
d’importance, tout autant économique
que politique.
Le Haut Temple de Linnaré, d’où
démarre chaque année les festivités
dédiées à la divinité, ne possède que
deux niveaux. Ses murs d’enceinte
blancs sont décorés de scènes marines
formées de céramique bleue, souvent
délavées par le vent, le sel et le temps :
la déesse y accomplit
d’incroyables exploits
ou y pourvoie plus
simplement au besoin de
ses croyants, marins,
pêcheurs et autres individus vivant de
ses fruits. L’entrée figure la tête d’un
trident d’argent où suivants, prêtres et
même matelots de passage viennent
officier, prier, ou simplement trouver
un lit pour la nuit.
Chaque mise à l’eau d’un navire
conséquent dans le radoub voisin
donne lieu à une bénédiction menée
par la plus haute instance présente
dans le temple.
La flotte militaire de Ferrance compte
désormais trois navires aux mâtures
trop élevées pour pénétrer dans le Port
Militaire, et il n’est pas rare de les
voir, lorsqu’ils ne sont pas en
manœuvre, stationner le long des quais
qui courent ensuite jusqu’au Pont de
Fer.
Du nom de ce dernier, peu nombreux
sont ceux qui savent encore qu’il ne le
doit en aucun cas au métal dont il est Tout autour, et jusqu’au Fort de
d’ailleurs assez peu pourvu, mais bien Ferrance, les habitations et commerces
à l’ancienne appellation de la cité sont construits en bois, et le sol y est
princière, Ferbastion. similaire à celui du quartier de Port
Principe, constitué d’une terre épaisse
De l’autre côté de l’Irénie, des parois et dure, naturellement cimentée
du Mont Pastel, de nombreux orifices d’innombrables pierres.
affleurant la marée haute charrient le
contenu des égouts de la rive nord de Le Pont des Pleurs doit son nom aux
la ville. Bien dotée en ce domaine en galets, polis par les passages et le
ce qui concerne ses trois plus hautes temps, composant la voie qui le
marches, la partie sud de Ferrance ne traverse et qui, au moindre crachin,
dispose pas de ce luxe, ce qui ajouté à ressemblent à des larmes : c’est aussi
sa principale activité commerciale, la pluie, qui rend son passage glissant
n’en fait pas la plus salubre des et périlleux et provoque nombre de
communautés. chutes, qui a donné son patronyme à
cet ancien pont à voûtes.
⑱ Le long du Vieux Canal, là où l’eau
Plus prosaïquement, le Pont des
circule encore faiblement entre les
Miettes, lui, tire son sobriquet du fait
Ponts des Pleurs et des Miettes, se
qu’il fut modifié, réparé, rebâti,
trouve le Port Antique, premier relai
déplacé, qu’il était et demeure en bois,
du chenal qui reliait autrefois l’Irénie à
et que nombreuses furent les personnes
la Serd. Aujourd’hui, ce n’est plus
à l’avoir, au fil des âges, traversé et
qu’un bassin en eaux troubles où les
aperçu un morceau s’en détacher pour
mises à l’eau concernent encore
disparaître dans le Vieux Canal.
quelques péniches : il est surtout utilisé
Aujourd’hui, c’est un pont à poutres,
pour les réparations des embarcations
couvert, principalement en chêne, qui
à fond plat, et les petits chantiers
est surtout emprunté par les piétons :
navals y ont encore une honnête
les cavaliers, les chariots et convois
activité dédiée principalement aux
d’importance lui préfèrent l’édifice en
entreprises de taille moyenne ou
pierre voisin.
moindre.
⑲ L’Université du Peuple fut
construite autour d’une chapelle dédiée
au dieu Solar. Son patron, Guillaume
de Gligeux, y était prêtre peu d’années
avant que la famille des Arly n’accède
au pouvoir : dans cette période où les
tensions sociales agitaient la ville et où
ses classes bourgeoises lorgnaient vers
de plus hautes fonctions, le saint
homme participait sans le vouloir à ce
mouvement, dispensant un savoir de
qualité aux enfants des familles issues
des quartiers défavorisés. Le lieu
devint l’un des symboles d’une
certaine lutte, et des familles
bourgeoises, dont la future régnante,
firent affluer les dons vers la chapelle :
de nouveaux murs finirent par
dissimuler ceux d’origine, avalant la
chapelle et la transformant d’abord en
école, puis en collège, et après
quelques dizaines d’années, en
université. Le bâtiment prit alors une
forme d’étoile à six branches comme
l’avait souhaité son fondateur.
Aujourd’hui, ce lieu d’apprentissage et
de savoir n’est plus ce qu’il fut à son
apogée, et des pans ont été détruits ou
se sont fondus dans la ville. Car si les
Arly avaient supporté cette université
avant de régner, une fois les plus
hautes fonctions atteintes, les héritiers
de Valarion firent rebâtir l’institution
des élites, et des élites seules,
l’Université Princière. A mesure que
les décades passèrent, les dons vinrent
donc à s’amenuiser pour ne plus
permettre à l’Université du Peuple
qu’à survivre dans l’ombre de sa riche
voisine.
Le bâtiment reste lumineux, ses murs
blancs rappelant ses origines
religieuses. Ses salles et son dortoir
continuent d’accueillir des élèves de
tout âge et origine, appartenant au
mieux à la basse bourgeoisie. La
plupart des professeurs qui y officient
le font bénévolement, et une grande
majorité sert encore Solar : au centre
de l’université, un oratoire est le
dernier vestige de la chapelle, une
plaque y célébrant Guillaume de
Gligeux.
⑳ Le Petit Palais est…
la plus grande des deux
prisons de Ferrance. Pas
la plus peuplée, la plus
grande.
Ancienne demeure fortifiée d’une
famille dont le nom s’est perdu dans le
temps, par la force plus que la raison,
on raconte que ses propriétaires
rivalisaient alors d’influence et de
richesse avec le jeune pouvoir en
place : tant et si bien qu’un matin, la
ville se réveilla pour constater que, du
castel aux jolies tours pointues et toits
de tuiles polychromes, fenêtres et
portes avaient disparu, à l’exception de
quelques rares et hautes meurtrières
maintenant équipées de grilles et
barreaux, et d’une immense porte de
bois ferré désormais placée sous la
surveillance d’une escouade de la
garde princière. On ne revit jamais ses
occupants d’origine, qu’ils en soient
légataires ou simples servants, et leur
oubli se fit par l’or et l’épée.
Depuis, le bâtiment a bien sûr perdu de
sa superbe mais ses formes restent bien
trop élégantes pour que l’on puisse
deviner qu’elles cachent en fait une
prison.
Celle-ci reste tout de même réservée à
des détenus bénéficiant de certains
atouts, en titres ou en finances, et la
rumeur voudrait qu’ils y « profitent »
d’un certain confort. D’autres
racontars ont la peau dure, prétendant
qu’y sont emprisonnés au plus sombre,
les individus mis au secret par le
Prince ou ses trois conseils… une
rumeur !
㉑ Formant la pointe nord de la
Marche Verte, la Caravalle est un
ensemble d’officines et de maisonnées,
de celles établies depuis des lustres
aux plus éphémères : elles encerclent
un immense bazar couvert rivalisant en
taille avec le Grand Marché du sud.
Cette halle de pierres aurait été un
caravansérail bien avant que les murs
de la cité ne s’élèvent, mais aucun
historien n’a jamais pu en apporter la
preuve. Ce qui est certain, c’est que
son centre était encore récemment
l’emplacement où siégeait la Guilde du
Commerce, avant qu’elle ne rejoigne
le Grand Marché. Y demeure sur son
flanc sud-est, un rien isolée,
l’administration fiscale de la ville,
l’Impôt : cette bâtisse carrée est la
seule de l’ensemble à compter trois
étages, tout le reste n’étant que de
plein pied.
Par ailleurs, la Caravalle est bordée de
nombreux escaliers accueillant chaque
jour des populations de toutes les
marches environnantes, multitude se
faufilant dans ses allées étroites et
bondées : la foule y est dense, bien
plus que dans les Nouvelles Halles
dont la clientèle est surtout
professionnelle. Les produits sont
acheminés par les trois avenues qui
l’enserrent, que ce soit sur roues, ou à
dos d’hommes. La milice verte y est
présente mais la foule qui s’y presse
chaque jour est une bénédiction pour la
criminalité, qu’elle soit derrière ou
devant le comptoir.
Les miliciens stationnent d’ailleurs
non loin, leur casernement étant adossé
sur le flanc nord du Temple d’Irrion.
Face à l’Ecole Militaire de Ferrance, et
longé par la Voie des Armées qui
mène à la Marche
Rouge, les murs nus
du bâtiment sont
drapés d’étendards
blancs aux bordures
bleues crénelées,
descendant de son
large toit à doubles
pentes : lui-même est soutenu par de
grands piliers sur lesquels sont gravés
d’immenses épées.
En passant dans le quartier, on y
entend souvent les chocs métalliques
de lames s’entrechoquant, mais il est
toujours malaisé de savoir si ses sons
proviennent de la cour militaire ou de
l’enceinte sacrée, leurs occupants
respectifs s’entraînant chaque jour au
métier des armes.
Une fois l’entrée franchie, vous y
croiserez tout autant de novices de
nobles origines que de prêtres à la
naissance anecdotique, leurs points
communs étant de souvent se retrouver
dans l’académie voisine, la hiérarchie
étant alors fréquemment inversée.
Légat vert : Randa Cavilanem dirige
sa famille d’une main de fer, tout
autant que la Guilde du Commerce
dont elle a pris la tête il y a quelques
années. Pourtant, son rang social,
certes bourgeois, est loin de pouvoir
concurrencer celui de ses condisciples,
mieux nés, ou plus riches, et parfois
les deux. Mais la femme qui approche
la quarantaine est d’une intelligence
redoutable et a su tisser un réseau
d’influence probablement sans pareil
dans la principauté : que cela soit par
les liens de sang, l’amitié, ou d’autres
moyens beaucoup plus discutables, on
lui prête des relations à l’Impôt, et
jusque dans les trois conseils, mais
aussi, murmure-t-on, dans des cercles
bien moins recommandables. Elle
arbore invariablement un sourire franc
et enjoué, quelque soit son humeur, ce
qui rend ses intentions bien malaisées
à deviner.
La Marche Vermeille,
ou Marche Rouge.
Incontestablement plus peuplée que
toutes celles qui la dominent, elle est
aussi la plus récente. La Marche Jaune,
ainsi nommée à l’époque de
Ferbastion, accueillait autrefois des
champs et fermes abrités derrière la
première muraille de la ville. Mais à
mesure que la cité connut conflits,
famines et autres avanies humaines,
elle prit le nom de sanglante, livrant un
écot en vie bien supérieur à celui des
autres marches. Puis le bâti d’une
démographie croissante emporta
cultures et élevages, les repoussant
hors des murs. Avec l’avènement de la
principauté, les quartiers adoptèrent le
qualificatif de rouge, puis vermeille,
moins péjoratif pour la réputation de la
ville devenue capitale. Mais ne vous y
trompez pas : cette marche reste
toujours celle où l’espérance de vie est
la plus courte.
Si vous trouvez encore quelques
petites bourgeoisies autour de Port
Boue, tout le nord de la ville abrite la
vraie population de Ferrance, son
peuple. Elle vit dans des habitations
aux rez-de-chaussée de pierre,
surmontés sur deux ou trois étages
d’encorbellements de bois. Les voies
non pavées, étroites et sinueuses qui
les séparent voient rarement la lumière
du ciel, et l’absence d’égouts, encore
rares dans ce secteur, ne font
qu’accroître la saleté et les odeurs qui
y règnent : le sol humide et poisseux
s’attache ainsi souvent à vos pas. Ces
derniers peuvent tout de même vous
mener aux abords des deux plus hauts
bâtiments empierrés de la Marche
Rouge, l’extravagant Temple de
Gaëlm ou l’inquiétante Colonne. A
moins que vous ne préfériez vous
perdre dans le mystérieux Parc de la
Source, ou les allées froides et
silencieuses des cimetières ferranciens.
㉒ Quand les nains perdirent Falrak,
ils abandonnèrent aussi l’exploitation
de leur canal. Avec le temps, celui-ci
finit par disparaître de la Grande
Plaine Farienne. Seul un tronçon intra-
muros de cette voie artificielle
subsista, entretenu par l’humanité pour
approvisionner la Marche Jaune.
Le bassin qui y fut creusé, marque la
fin ou le commencement du Vieux
Canal. Il ne possède aucune autre
maçonnerie que celle de jadis, mais a
depuis été « enrichi » de quais en bois,
aujourd’hui sans âge. Le fait qu’à
marée basse les bateaux amarrés y
soient invariablement pris dans une
vase noire et nauséabonde donna aux
lieux le sobriquet de Port Boue.
Accueillant des embarcations fluviales,
il approvisionne les alentours de
produits de pauvre qualité, ou de
légalité plus que douteuse : l’activité y
est néanmoins encore assez vivace
pour les citoyens de la marche et en
fait l’un de ses centres d’intérêts.
Quelques familles commerçantes de
moindre importance y ont d’ailleurs
toujours leurs demeures, rivalisant plus
souvent avec la pègre locale qu’avec
les négociants de la Marche Verte.
㉓ A deux pas de Port
Boue, la vieille Guilde des
Bateliers octroie les permis
de commercer pour le trafic
fluvial. Si celui-ci est plutôt contrôlé
dès lors que les échanges engagent
Port Principe ou les grandes halles et
marchés de la ville, cela semble plus
discutable lorsque le marchandage
concerne la Marche Vermeille.
Ses bureaux se cachent derrière des
murs crasseux, dont la pierre semble
pourtant robuste et sans âge, et pour
cause : elle repose sur les bases de
l’accès d’une crypte naine.
Lorsque l’Empire d’Osgild s’empara
des lieux, on pilla ses sous-sols puis,
les fondations étant trop lourdes et
profondes pour qu’elles soient
extraites, on construisit par-dessus
l’ancien. Aujourd’hui, aucun occupant
ne connait plus cette histoire : l’accès
d’origine n’existe plus et une partie de
son réseau a été assimilé par les
catacombes de la ville. Toutefois, il
n’est pas impossible que s’y dissimule
encore quelques antiques secrets.
㉔ La milice rouge est stationnée dans
deux casernes, l’une située non loin de
Port Boue, et l’autre à l’entrée nord de
la ville, sur l’avenue menant à la suspendues dans ses sommets et
Colonne. Les deux bâtisses sont travailler la matière.
comme toutes celles des environs, avec
leur base en dur et deux étages de ㉕ La Guilde des Arts, qui a investi le
bois : leur taille leur permet de loger quartier très récemment, a décidé de
deux cents hommes chacune, ainsi que suivre cette voie. Après avoir acquis
leurs sous-officiers. les maisonnées faisant face au temple,
L’autorité locale, jugée trop dure, dans le terrain a été rasé pour pouvoir y
l’application de la loi, mais parfois rebâtir un nouvel édifice de pierre qui
aussi en affaires, n’a pas une continue encore sa croissance et se
excellente réputation auprès de ses renouvèle en permanence. Ses
concitoyens. hauteurs sont encore très modestes
mais dépassent déjà les toits voisins.
Le Temple de Gaëlm est une
ancienne et noble demeure, donnée
bien avant que n’existe la Principauté
d’Arly. Son seigneur, artiste manqué,
compensait son manque de talent dans
le domaine en confiant la décoration
de ses biens immobiliers aux meilleurs
peintres, sculpteurs et architectes de
l’époque. En naquit un castel aux deux
tours vertigineuses dont les courbes, ㉖ Dans l’ombre du temple, enfin, se
comme taillées dans le corail, défient
trouve l’un des trois cimetières de
les règles de la gravité : surchargées de Ferrance, et l’entrée de sa nécropole. A
détails, ses nefs semblent encore plus
la surface, on y trouve de très
irréelles de par le paysage environnant.
nombreuses tombes et caveaux,
A la mort du propriétaire des lieux, sa destinés à ceux pouvant y payer
famille eut la surprise de voir les lieux
concession. Mais pour la grande
offerts à l’ordre de Gaëlm, mais n’en
majorité de la population, les
prit pas ombrage tant l’emplacement dépouilles finissent dans les
du manoir était devenu… inapproprié.
catacombes de la ville. On les dit sans
Depuis, même si les dimensions du
fin mais en réalité, elles s’étendraient
bâti n’ont pas changé, ses exubérantes surtout en profondeur, et jusque loin
ornementations aux couleurs vivaces et
sous les remparts de la ville.
changeantes n’ont cessé d’évoluer à
mesure que les générations d’artistes et Un peu plus au nord, le second
de prêtres de la divinité venaient y
cimetière de la ville accueille surtout
ajouter, par leurs outils et leurs talents,
les sans noms, regroupés dans des
les témoignages de leurs muses. fosses communes accueillant les
Aujourd’hui encore, il n’est pas rare
dépouilles par années distinctes.
d’y apercevoir des silhouettes
㉗ L’autre tour perçant le ciel de la taille et volume. Nombre de visiteurs
Marche Rouge est de sombre en font désormais l’expérience, y
réputation. La Colonne, qui coupant une branche un jour, pour la
se trouve dans les quartiers retrouver intacte le lendemain.
pauvres de la ville, est la Malheureusement, le bois, ainsi coupé,
principale prison de pourrit très vite, et dégage une odeur
Ferrance. Très étroite mais aussi très nauséabonde et piquante lorsqu’il est
haute, elle trouve toute sa superficie brûlé : la capitale n’y trouve pas une
dans sa verticalité. De l’extérieur, les source inépuisable en bois de
quatre murs du monument carré ne construction ou de chauffage.
dévoilent d’autre ouverture que son En outre, six voies traversant ce bois,
imposante porte d’ébène. En fait, les mènent en son centre à un grand bassin
seules fenêtres dont elles disposent naturel dont une source claire et
sont ouvertes sur la minuscule cour limpide jaillit durant toute l’année.
intérieure, si bien que la lumière
n’entre que très rarement dans le
monolithe, à l’inverse du froid dont on
ne fait rien pour gêner la circulation.
Les geôles, de par les dimensions du
bâtiment, y sont exiguës et rien moins
qu’inconfortables, rendant assez vite
cauchemardesque toute détention dans
les lieux. Ceux qui sortent de la
Colonne, s’ils en sortent, font souvent
tout pour ne jamais y retourner, tant la
réalité y est bien pire que ce que
d’aucun s’imagine.
De cette magie, nul ne sait l’origine :
elle est même devenue naturelle à la
㉘ Le Parc de la Source constitue une
population qui chaque jour vient se
curiosité non seulement de la Marche
ravitailler en précieux liquide, faisant
Vermeille, mais plus simplement de
de la source un endroit populaire en
Ferrance, voire de la principauté.
journée. Les nuits y sont en revanche
Un bosquet, aux arbres anciens,
bien plus périlleuses : les ombres
noueux et invariablement verts, s’y
angoissantes des frondaisons rajoutent
dresse sur la pente abrupte menant à la
à l’obscurité et à l’insécurité des lieux,
marche supérieure : mais outre sa
rendant prolifique le commerce des
verdure permanente, c’est une autre
corps, vivants ou non, qui s’y tient.
particularité qui en fait sa renommée.
En effet, malgré les coupes et
㉙ Le Cimetière des Biens Nés est
tentatives de défrichage qui y eurent
lieu au travers des âges, au matin, les l’intrus de cette marche, puisqu’il est
bois toujours reprennent leur place, en réservé aux familles nobles et aisées de
 la capitale.
Situé aux
pieds du
Temple de
Dénora et
toisant les
flots de
l’Irénie, il est
bien plus
étendu que les
deux autres cimetières de Ferrance. Y
ont été bâtis des cryptes, tombeaux et
caveaux aux architectures riches et
variées, mais aucune nécropole n’y a
été creusée. Ceint de murs et grilles
s’élevant à deux hauteurs d’homme,
ces six portes sont, de jour comme de
nuit, gardées par des membres de la
milice bleue, mais cette affectation est
souvent synonyme de punition.
㉚ Depuis des décennies, les
autorités de Ferrance suspectent les
guildes des voleurs et des assassins de
tenir conseil quelque part sur la
Marche Vermeille, une réflexion
logique aux vues de la criminalité
régnant dans ces quartiers. Mais les
rares incursions armées qui eurent lieu
sur cette marche, fruits de longues
enquêtes, n’ont laissé que la certitude
de la mobilité de ces regroupements de
malfaiteurs.
Mobiles, elles le sont effectivement,
tout autant que souterraines, mais seuls
les initiés y ont leurs entrées.
Les fidèles d’Hellion qui en font partie
ne manquent d’ailleurs jamais de bâtir
un oratoire à leur dieu sur ces lieux
éphémères, seules preuves physiques
jamais trouvées de leur existence.
Légat Rouge : Johann « Petiplat »
Dombril est un halfelin qui fêtera
bientôt son centième anniversaire. Né
dans la Marche Vermeille, il n’a
commencé à s’y faire un nom que peu
avant le décès de la Reine Lysandre.
Ancien garçon d’auberge, il sut passer
les étapes qui le firent aubergiste, puis
patron de son propre établissement.
Aujourd’hui, cet homme d’affaire, qui
partage ses jours entre le céruléen et le
vermeille, est propriétaire d’une
dizaine d’affaires dans Ferrance, dont
au moins une sur chaque marche.
S’il ne paie pas de mine, on le
remarque surtout par ses tenues
extravagantes, sans omettre un ton
tranchant et un humour acerbe. Plus
que doué en affaires, il possède un
remarquable talent pour savoir
s’entourer. On en dit pourtant peu de
bien lorsque l’on monte dans la ville,
mais son succès lui a assuré une belle
réputation dans les quartiers
populaires, où son parcours est souvent
montré en exemple.
Les Faubourgs
Si la muraille extérieure est toujours
debout, elle n’est plus que l’ombre de
ce qu’elle fut en épaisseur et
robustesse. Une croissance
démographique constante y a agglutiné
nombre d’habitations, commerces et
ateliers d’artisans, là où la stabilité du
terrain le permettait, et pour ceux qui
ne pouvaient s’offrir la quiétude des
marches.
Trois raisons expliquent que les
faubourgs ne se soient pas étendus
uniformément autour de la cité. La
première est que sur une bonne partie
de l’ouest de la ville, les terres sont
encore trop marécageuses pour que la
stabilité du terrain et la salubrité de
l’environnement ne permettent
d’accueillir des installations humaines
durables. La seconde est que, si les
marches protègent Ferrance des crues
de l’Irénie, de larges pans de la Grande
Plaine Farienne autour de la ville n’ont
pas cette chance. La dernière vient des
autorités qui repoussent toute tentative
d’empiéter sur les champs et marais
salants situés sous les remparts sud de
la capitale.
Aussi, au nord et à l’est de ses murs,
Ferrance a vu sortir du sol un dédale
inextricable de ruelles et culs de sac,
de maisons enchevêtrées, faites de
paille, de bois, de briques, et de tout
autre matériau à disposition. Les sols
tout en terre sont rarement visibles,
masqués par les immondices d’une
population trop nombreuse et l’ombre
de « constructions » en équilibre,
architectures instables chevauchant
d’étroites traboules malodorantes. Il
n’est d’ailleurs pas rare que les
habitants y possèdent quelque animal,
leur assurant à la fois la pitance
familiale, et une certaine salubrité des
rues. L’ensemble rend presque
accueillante et chaleureuse la pauvre
Marche Vermeille voisine.
Ces faubourgs se sont progressivement
élevés autour des larges routes menant
aux portes de la cité, jusqu’à atteindre
les rives de l’Irénie. La vie s’y
installant, toutes sortes de commerces,
d’auberges, et d’artisans, jusqu’aux
maisons de pêcheurs ont fini par s’y
établir, mais l’économie y reste
précaire et instable. Les tarifs y étant
peu élevés et la ville fermant ses portes
une fois le jour passé, les pensions et
hôtels y sont probablement la première
source de revenus.
Aucune milice officielle n’y assure de
sécurité, et la moindre activité y est
soumise à la loi du plus fort, les
guildes souterraines de Ferrance
s’assurant d’y prélever leurs écots.
A toute heure de la journée, les rues
grouillent donc de vie, les marchands
criant leurs prix, des gens pressés de
toutes races allant et venant en toutes
directions, et la criminalité locale
s’occupant de vous faire les poches,
quand ce n’est pas pire que cela. La
nuit, seuls les fous, les gens ivres ou
mal accompagnés osent emprunter ces
venelles.
POPULATION ET SOCIETE
Le dernier recensement de Ferrance
compte 21217 feux en ses murs, ce qui
porterait le nombre de ses habitants à
environ 65 000 âmes (coefficient
multiplicateur : 3,5) : cela signifie
qu’il y a une centaine d’habitants par
hectare.
Le chiffre pourrait paraître faible, mais
avec de grands monuments tels les
collèges ou temples, ainsi que les
avenues, places et cimetières de la cité,
Ferrance possède une population plutôt
dense à mesure que l’on s’éloigne de
son sommet, la Marche Vermeille
étant même proche de la
surpopulation, puisqu’y demeure au
moins 80% des ferranciens sur 50% de
sa surface. Aucun recensement n'a été
effectué hors des murs de la ville, mais
les autorités ont estimé que les
faubourgs, au moins aussi densément
peuplé, abritait une population
d’environ 35 000 individus.
Ces chiffres ne prennent pas compte
des commerçants et autres visiteurs de
passage.
De nombreuses autres races résident
dans et surtout hors de la cité, mais
aucune ne représente de communauté à
part entière. Les sangs-mêlés, surtout
orques, y sont peut-être plus tolérés
qu’ailleurs en Osgild, Ferrance étant la
ville du continent la plus éloignée des
Terres du Nord et n’ayant plus connu
de conflit avec ses peuplades depuis
des siècles.

Plusieurs races occupent Ferrance.

La communauté majoritaire est bien

sûr humaine (80%). Souvent native de
la Principauté, de nombreuses autres
nationalités s'y croisent principalement
dans les lieux d'échanges
commerciaux.

Les petits peuples constituent la

deuxième communauté notable de la
ville (10%) avec par ordre
d'importance les gnomes, les nains
puis les halfelins. Leur visibilité est
particulièrement importante dans les
quartiers commerçants et artisans.

Les communautés elfiques, et en

majorité semi-elfiques, sont ensuite les
plus représentées (5%), mais le
phénomène est récent. Le fait que la
ville ait connu un prince consort elfe
durant le siècle passé n’y est
certainement pas étranger. On en
croise sur la Marche Céruléenne et la
Marche Emeraude.