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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO


MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR, UNIVERSITAIRE ET
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE PROTESTANTE AU CONGO
U.P.C

FACULTE DE DROIT
B.P. 4745 KINSHASA II

DROIT COMMUNAUTAIRE ECONOMIQUE


AFRICAIN

Professeur : BALANDA MIKWIN LELIEL


Gérard

BOKOLI NSONO Julie


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INTRODUCTION
I. L’intérêt du cours

L’intérêt du cours se situe à trois niveaux :

- Il intègre des facteurs économiques dans un domaine donné (ici, le domaine politique)
- Possibilité pour les étudiants d’étudier le phénomène d’intégration
- Le troisième intérêt est double : théorique et pratique

1. L’importance de la prise en compte des facteurs économiques


Après la 2ème Guerre Mondiale, plusieurs organisations ont été mises sur pied, en ne
prenant en compte que le facteur politique. C’est alors qu’on a vu naître la Société
des Nations ainsi que les Nations-Unies. Plus tard, ils se sont rendus compte qu’il
fallait aussi prendre en compte les facteurs économiques afin d’arriver à instaurer la
paix.
2. Importance de l’’étude du phénomène d’intégration : cette étude est importante car
aucun Etat ne peut se vanter de pouvoir vivre dans l’isolement. A un moment ou un
autre, des rapprochements s’effectuent.
3. Sur le plan théorique, nous avons l’avantage d’apprendre d’un maître ce qu’on
entend concrètement par processus ou phénomène d’intégration.
Sur le plan pratique, il nous faudra faire une recherche sur certains ouvrages qui
parlent du phénomène d’intégration ou du droit communautaire en général.

II. Objectifs poursuivis

- L’intérêt pour les Etats africains : le phénomène d’intégration a d’abord vécu sur le
territoire européen. Ce cours permettra d’examiner ce qu’ont fait les Européens,
examiner les différents points de la constitution européenne afin de l’intégrer dans la
construction africaine.
- Nous permettre de comprendre le phénomène ou l’institution d’intégration
- Examiner le processus d’intégration et les méthodes utilisés par les Européens.
- Examiner le régime juridique ou les institutions qui découlent de la mise en place de
l’intégration.

III. Qu’entend-on par droit communautaire ?

Le droit communautaire est le droit issu de 3 anciennes communautés (Organisations


Internationales) : la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, la Communauté
Economique Européenne et la Communauté Européenne de l’Energie atomique.
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Le droit communautaire est l’ensemble des règles régissant les communautés


(Organisations Internationales).

Il existe un type d’organisations internationales qui sont régies par le Droit


communautaire. Mais toutes les organisations internationales ne forment pas la
communauté. C’est en maîtrisant la classification que l’on saura faire le distinguo entre
les deux.

Par exemple, l’ONU et l’UA ne sont pas des communautés.

Il existe deux types de classifications des organisations internationales :

- Classification traditionnelle : elle tient compte de la nature des activités des


Organisations Internationales
- Classification moderne : elle tient compte de la nature intrinsèque des Organisations
Internationales

En tenant compte de la classification traditionnelle, nous trouvons les Organisations


Internationales à caractère social (la FAO, l’UNESCO,…), à caractère technique (l’Union
Internationale de Communication), à caractère économique (la BAD, le FMI, le GBM,..), à
caractère militaire (l’OTAN, le Traité de Varsovie,…), à caractère politique (SDN, par exemple).

Le problème avec la classification traditionnelle est que certaines organisations


internationales affichent une dualité dans les objectifs qu’ils poursuivent.

En tenant compte de la classification moderne, nous trouvons trois types d’organisations


internationales :

- Les O.I. de simple coopération (ex. : OUA, ONU) : elles ont pour caractéristique
principale que les Etats gardent les attributs de leur souveraineté. Ce regroupement a
pour nature essentielle la coopération. Les Etats sont sur le même pied d’égalité. Il n’y
a pas de contrainte dans le cadre de l’exécution de leurs obligations. Par exemple,
l’Etat et l’Etat B signent un accord. Si B ne s’exécute pas, A ne peut saisir le Conseil de
Sécurité (article 9 de la Charte des Nations-Unies).
- Les O.I. de coopération technique : elles ont pour caractéristique principale que les
Etats gardent ici aussi les attributs de leur souveraineté mais on ne tient pas compte
des représentants des Etats membres car leurs activités sont purement
techniques.Ex. : L’Union Postale Universelle.
- Les O.I. d’intégration ou O.I. intégrées : ce sont des O.I. dont les Etats membres
cèdent ou abandonnent du moins de manière partielle les attributs de leur
souveraineté dans des domaines bien déterminés ou dans des domaines spécifiques.
Cette typologie d’O.I. est communément appelée « Les communautés ».
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Dans les O.I. de coopération technique, il n’y a que des O.I. universelles. Dans les O.I.
d’intégration, jusque-là, il n’y a pas encore d’O.I. universelles. Il n’y a que des O.I. à
caractère régional (CEAC, CDAC, SADEC, CPGL, COMESA, etc.).

CHAPITRE I : NOTION, ORIGINE ET CARACTERISTIQUES DE L’INTEGRATION


Pour mieux examiner la notion d’intégration, il faudra préalablement connaître
l’origine de cette dernière.

Il y a certains éléments qui ont été le point essentiel de l’apparition du phénomène


d’intégration : la Deuxième Guerre Mondiale et le Plan Marshall.

De 1945 à 1953, le continent européen sortait fraîchement de la guerre, d’où leur


économie était devenue chancelante. Etant donné qu’il y avait destruction des infrastructures
à l’époque, aucun Etat ne pouvait de lui-même atteindre le développement. D’où l’idée, en
Europe, de la communauté pour la survie de la population et de leurs infrastructures.

Le plan Marshall est la suite logique de ce regroupement. L’Europe fait appel aux
Etats-Unis pour leur venir en aide. Cette aide devait être apportée aux Européens regroupés
uniquement. Ici, l’intégration est une invention européenne, car la première expérience a eu
lieu en Europe (cfr. La déclaration de Robert SCHUMAN).

Nous chercherons également à savoir qu’est-ce qui est à la base du regroupement en


Afrique.

I. Notions de l’intégration

Il ne faut pas confondre l’intégration et la coopération. Dans une coopération, deux


Etats cherchent à trouver des solutions sur un sujet international.

La coopération vient du latin cum ferare, c’est-à-dire comparer avec, donner et


recevoir.

Ex. : Lorsque l’UE accorde un fonds à la RDC pour l’organisation des élections en RDC
ou encore l’Italie dans le cadre de la coopération envoie des sacs de riz dans les autres
Etats.

L’aide qui n’a aucune contrepartie, c’est une assistance.

La coopération consiste en un soubassement sur lequel l’intégration devrait s’asseoir.


L’intégration, c’est le niveau élevé de la coopération, elle demande la mise en commun
des biens pour enfin partager le bénéfice.

Quant à l’intégration, c’est la fusion de certaines compétences étatiques dans un


organe super étatique ou supranational (définition du dictionnaire juridique).
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Quelle serait la place de la personne morale créée par les Etats ? La définition de
l’intégration donne une réponse à cette question : « dans un organe super étatique ou
supranational ».

Dans le Larousse, l’intégration est l’action de faire entrer dans un ensemble ou dans
un groupe plus vaste certains éléments.

L’intégration est à la fois un processus et une situation qui, à partir d’une société
internationale morcelée, tend à se substituer de nouvelles unités plus ou moins vastes.

Le professeur Jean-François définie l’intégration comme le fait de rassembler des


éléments pour en former un tout ou encore de renforcer la cohésion d’un tout existant.
Il s’applique à la fois à un processus que nous appelons communément le processus
d’intégration et à des techniques ou bien à un résultat, ou une situation.

Dans le domaine des relations internationales, on parle de l’intégration de différentes


manières. D’une part, il y a l’intégration économique et d’autre part, l’intégration
politique. Certains auteurs pensent qu’il existe aussi l’intégration militaire.

Le point clef en matière d’intégration, c’est le but qui est poursuivi, le résultat
recherché. Dans ce cas, la durée du processus d’intégration dépend du résultat recherché.

Caractéristiques

- La solidarité : elle intervient lorsque les Etats qui n’ont pas les mêmes richesses,
n’ont pas les mêmes avantages, sont appelés à aller ensemble avec les Etats
nantis.
- Le partage : il est important dans le sens qu’il met à la disposition des Etats ce dont
ils ont besoin à la fin d’un exercice. Il est effectué en tenant compte des besoins
réels des Etats membres.
- La mise en commun : elle est effectuée dans un domaine précis.

Dans une intégration, l’élément important est le bénéfice.

La réalisation de l’intégration tient compte des étapes bien ordonnées.

II. Les étapes de l’intégration économique

Le processus de l’intégration est évolutif.

- Première étape : Zone de Libre Echange


Elle consiste à décider, par voie d’accord, qu’entre un certain nombre d’Etats, les droits
de douane et les obstacles non tarifaires seront supprimés pour les produits originaires
des Etats qui participent à cette zone. Mais chaque Etat conserve sa liberté en ce qui
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concerne la fixation des droits de douane et des obstacles non tarifaires à l’égard des
Etats tiers.
Les obstacles non tarifaires consistent à fixer le nombre de produits qui doivent
rentrer dans un Etat.
Les obstacles physiques consistent à vérifier les bagages à la frontière.

- Deuxième étape : Union Douanière


C’est une Zone de Libre Echange à laquelle s’ajoutent une réglementation (par rapport
à la douane) et un tarif extérieur commun. Dans ses rapports avec l’extérieur, l’union
établie une protection commune tarifaire et non tarifaire. Elle ne concerne donc pas
seulement les rapports des Etats membres entre eux mais aussi les relations avec
l’extérieur, ce qui permet une visibilité internationale.
L’Union Douanière est une forme plus avancée de procuration internationale et elle
nécessite dans ce cadre des institutions plus denses.

- Troisième étape : Le Marché Commun


Au-delà de la disparition des restrictions tarifaires et non tarifaires, il existe dans cette
étape une avancée qui consiste à supprimer tous les obstacles à la libre circulation des
facteurs économiques. Non seulement les marchandises circulent librement entre les
Etats mais les personnes également. Cette libre circulation implique l’harmonisation
des conditions de la production et des échanges qui passent nécessairement par
l’élaboration des règles communes et imposent par conséquent des réels abandons de
la souveraineté au profit des institutions communes. Déjà à ce stade, l’intégration
économique a des implications politiques fortes.

- Quatrième étape : La Communauté ou l’union


C’est l’étape ultime de l’intégration qui met en place les mécanismes qui doivent se
substituer aux Etats et évoluent de manière autonome. C’est ce qui aboutit à
l’intégration politique, jadis économique.

On met des institutions qui se substituent aux Etats. L’Etat détermine ses propres règles au
niveau interne mais en tenant compte de la position de la communauté.

Donc il deux positions : la position de la communauté et de l’Etat.


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CHAPITRE II : LE CONSEIL DE L’EUROPE

Le Conseil de l’Europe n’est pas une organisation internationale d’intégration.


Toutefois, nous l’étudierons car les organisations internationales qui naitront plus tard
puiseront certaines bases dans le Conseil de l’Europe.

I. L’origine du Conseil de l’Europe


L’idée de constituer un ensemble d’Etats européens date du Moyen-âge, selon certains
auteurs. Mais il faudrait reconnaître que les origines du Conseil de l’Europe sont plus
directs et d’ordre plus immédiat. Ce sont donc des circonstances qui ont imposé et qui
imposent toujours la formation d’une Europe unie.
La guerre a entrainé une véritable déchéance sur le plan militaire, politique, économique
et financier des relations internationales. Tous ont compris que seuls, ils n’arriveraient
jamais à construire l’Europe après la fin de la 2nd Guerre Mondiale.
Exemples des conquérants ayant pour idéal une Europe unie : Alexandre le Grand, Hitler,
Charlemagne, Jules César.
Exemple des philosophes : Emmanuel Kant.

Le comte COUDHENOVE KALERGI est un des initiateurs du Congrès de la Haye (entre 5 et


10 mai 1948) d’où débouchera plus tard la Communauté Internationale des Mouvements
pour l’Unité de l’Europe (CIMUE).

Deux résolutions furent prises au sortir du Congrès :


1. Les personnes privées ont demandé à ce que soit mise en place une structure qualifiée
de Conseil de l’Europe
2. Elaborer une Convention Européenne des Droits de l’Homme

Déjà en 1945, la Charte des Nations Unies prenait, comme domaine d’élaboration, les
droits de l’homme.
Tous les actes unilatéraux des O.I. n’ont pas la même valeur juridique.
Il y a un but historique dans le cadre de la sauvegarde du droit de l’homme.
L’Europe Occidentale a constaté que le communisme aurait considérablement avancé.
Le communisme ne place pas l’homme au centre de ses activités.
Or l’Europe Occidentale place l’homme au centre des activités, d’où l’obligation de le
protéger efficacement par un texte qui précise que la vie est sacrée et par un organe
qui sanctionne celui qui viole le droit à la vie de l’homme.
On peut citer BIDAULD qui a légué le flambeau à Robert Schuman.
Le Conseil d’Etat fut créé le 5 mai 1949 à Londres par un acte constitutif appelé le Statut
de Londres.
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II. Structure du Conseil de l’Europe


Lors de la création du Conseil d’Europe, dix Etats étaient membres, à savoir la Belgique,
le Danemark, la France, l’Irlande, la Norvège, le Pays-Bas, la Suède, l’Italie, le Royaume-
Uni et le Luxembourg.
Actuellement, le Conseil de l’Europe compte 47 Etats membres. Son siège est à Strasbourg
(France). La quasi-totalité des Etats européens sont membres du Conseil d’Etat, y compris
la Russie. Il traduit par ce fait la volonté de rassembler les Etats européens autour d’un
idéal partagé, l’idéal de paix et de coopération.
La procédure d’admission prévoit que le Comité des Ministres peut inviter un Etat à
devenir membre du Conseil de l’Europe (article 4 du Statut du Conseil de l’Europe : tout
étateuropéen peut être invité à devenir membre lorsqu’il est considéré capable de se
conformer aux dispositions de l’article 3).
Pour être membre, il faut remplir deux conditions énoncées à l’article 3 du Statut : « Tout
membre du Conseil de l’Europe reconnaît la prééminence du droit et le principe selon
lequel toute personne placée sous sa juridiction doit jouir des droits de l’homme et des
libertés fondamentales. Il s’engage donc à collaborer sincèrement et activement à la
poursuite du but défini au chapitre premier ».

Le Conseil de l’Europe comprend trois organes principaux : le Comité des Ministres,


l’Assemblée consultative ou Assemblée parlementaire ainsi que le Secrétariat.

1. Le Comité des Ministres


Le Comité des Ministres est l’organe plénier composé en principe des Ministres des
Affaires Etrangères ou le cas échéant, des délégués permanents nommés pour agir en
l’absence des Ministres. Il se réunit quand cela est nécessaire et avant les sessions de
l’Assemblée. Il tient en moyenne plus d’une dizaine de réunions par an.
Le Comité des Ministres est un organe essentiel du Conseil de l’Europe car il est
habilité à agir en son nom. Ses compétences sont en principe très étendues mais son
efficacité est limitée.
Le Comité des Ministres adopte les conventions du Conseil de l’Europe qui sont
ensuite soumis à ratification auprès des Etats membres.

2. L’Assemblée consultative ou Assemblée parlementaire


C’est l’organe délibérant du Conseil de l’Europe. En son sein, on retrouve les
parlementaires qui sont une représentation des Etats européens. Cela permet de
dépasser le niveau intergouvernemental sur lequel se situent les organes
internationaux.
Les parlementaires ne siègent pas par nationalité mais par affinité politique.
Les parlementaires sont élus par les parlementaires nationaux par suffrage universel
indirect.
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Les compétences de l’assemblée parlementaire sont de nature consultative : elle


adresse des recommandations au Comité des Ministres et des avis.
Il faut quand même reconnaître la part considérable de cette assemblée sur le Conseil
des Ministres.

3. Le Secrétariat
Il est placé sous l’autorité du Secrétaire Général qui est nommé par l’Assemblée
parlementaire sur recommandation du Comité des Ministres pour cinq ans.
Il existe aussi un Secrétaire Général Adjoint et un personnel d’environ 2000
personnes, qualifiés de fonctionnaires internationaux.

III. Caractéristiques du Conseil de l’Europe


Le Conseil d’Etat est une O.I. qui n’est pas une O.I. d’intégration. Nous l’examinons par
rapport à l’héritage qu’il a légué à l’Europe.
Le regroupement de l’Europe se penche d’abord vers la reconstruction. L’objectif est
notamment le souci de rapprocher l’Allemagne, sans laquelle le regroupement ou la
reconstruction de l’Europe serait impossible. Ces éléments seront étudiés en profondeur
lorsque nous étudierons l’héritage légué par le Conseil de l’Europe.

Les caractéristiques du Conseil de l’Europe nous permettrons de comprendre pourquoi


on doit l’examiner.

a) Le système de promotion et de protection des droits de l’homme


Parmi les deux résolutions, il y avait la résolution concernant les droits de l’homme.
Le 4 novembre 1950, une Convention a été adoptée. Elle a insisté sur les mécanismes
qui devaient être mis en place pour vérifier si la DUDH peut être appliquée. L’avantage
de la convention est de la mise en application de deux mécanismes ou institutions : la
Cour Européenne des Droits de l’Homme et la promotion des Droits de l’Homme.
Avant 1950, aucun mécanisme ne permettait à une personne physique ou morale de
droit privé d’ester en justice internationale. Seuls les sujets de droit international
avaient ce droit.
La protection diplomatique règle ce problème car elle permet aux personnes
physiques de droit privé d’ester en justice sur la scène internationale. Cela a été mis
en place en 1950.
L’originalité du C.E. se trouve en deux points : la place de l’individu sur la scène
internationale et l’abandon de la souveraineté des Etats.

3. L’abandon de la souveraineté : avant 1950, le seul mécanisme accordé aux individus


en cas de violation du droit international était la protection diplomatique. La
Convention Européenne a reconnu aux individus la possibilité d’ester en justice sur le
plan international.
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4. La protection diplomatique : un Etat X prend faits et cause sur la violation faite à son
ressortissant. Cet Etat endosse la responsabilité en prenant la place de la victime. Il
faut donc qu’elle soit de la nationalité de l’Etat X, qu’elle soit innocente, et qu’il y ait
épuisement des voies de recours.
La Convention Européenne de 1950 fait de la victime un sujet de droit international,
c’est-à-dire une personne peut saisir une juridiction internationale, le CIDH en
l’occurrence.

Apport du C.E. : toutes ces O.I. ont adopté ces mécanismes qui fait des particuliers des
sujets de droit international.

Par la suite, les O.I. d’intégration ont fait de cet élément leur cheval de bataille. L’article
1er de la Convention signifie que lorsqu’un Etat adhère à la Convention, tous les
individus se trouvant dans son territoire ne peuvent subir les préjudices qui violent la
Convention.

Il faut faire un distinguo entre le territoire au sens technique et le territoire au sens


pratique.

Toutes les O.I. qui ont pour vocation l’intégration ont en leur sein des organes qui
permettent aux particuliers d’être en contact avec l’organisation.

b) Le respect et l’engagement de la prééminence de l’Etat de droit


De manière spécifique, le Traité de Paris se limite à dire que peuvent devenir membre
du C.E. uniquement les Etats qui partagent un idéal commun. L’idéal commun est
composé de la démocratie, d’un Etat de droit et de la prééminence des droits de
l’homme.

L’Etat de droit : les gouvernants et les gouvernés subissent les mêmes lois. L’exemple
le plus clair réside en matière administrative. En cas d’incident, les particuliers doivent
être en mesure d’ester en justice et d’obtenir réparation.
Le C.E. est considéré comme l’école de la démocratie. Il a permis aux Etats européens
de devenir des sujets de droit.

c) Le dynamisme et le pragmatisme
Ils consistent en la volonté qui a animé les Etats européens dans le cadre d’un
regroupement. Cette volonté se justifie dans ce sens qu’aucun obstacle d’ordre
politique ou juridique ne saurait être accepté s’il vise à freiner, à anéantir ou à ralentir
l’engagement des Etats à atteindre l’union plus étroite énoncée à l’article premier du
Statut.
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1. Les accords partiels : c’est une technique qui tend à conserver l’union tout en
permettant à chaque Etat d’évoluer à son propre rythme. L’essentiel est
d’atteindre l’objectif commun visé par tous. Cette technique a été récupérée dans
le cadre de la reconstruction de l’Europe.
Les Etats peuvent adopter un traité et déposer les instruments de ratification
mais ce traité ne prend pas effet au même moment pour tous les Etats. Par
exemple, l’adoption de la monnaie Euro. L’euro n’est pas utilisé dans tous les
Etats de l’U.E. alors que son adoption a été approuvée par tous les Etats.
Ce mécanisme est qualifié de « rébellion juridique » par le professeur.
Autre exemple, au niveau des communautés économiques africaines, la R.D.C.
a demandé un moratoire pour la mise en place d’une zone de libre échange car
la mise en place de cette zone entraîne une diminution des recettes.

2. La petite révision : il s’agit de la manière dont un traité qui entre en vigueur peut
être amendé. Ce genre de mécanisme est adopté afin d’éviter les obstacles
pouvant ralentir l’élan de l’Union.

3. L’interprétation extensive : dans ce système, on va au-delà de ce que prévoit le


texte. Les O.I. sont limitées dans ce que prévoient leurs actes constitutifs, ce qui
fait qu’une O.I. à caractère économique ne peut pas s’intéresser aux affaires
sociales ou militaires, par exemple. Dans l’interprétation extensive, le Conseil
d’Etat et ses organes ont acquis des compétences para statutaires. Celles-ci sont
considérées comme une pratique car elles ne sont pas prévues dans le Statut.

Dernière caractéristique : L’harmonisation des législations. Elle est d’une


importance considérable. Le Conseil d’Etat a mis en place des noyaux et laissé les
détails aux Etats respectifs. Ce qui a fait que les Etats au niveau interne avaient des
législations similaires aux conventions adoptées par le Conseil d’Etat. A l’avènement
du processus d’intégration, les Etats n’ont pas connu de problème pour légiférer dans
plusieurs domaines.

LES TROIS COMMUNAUTES EUROPEENNES


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Historique

Après la mise en place du Conseil d’Etat, les Etats européens ont compris qu’il fallait mettre
en place certains regroupements plus cohérents.

Mais ces regroupements devaient se limiter dans le cadre plus régional de l’Europe (E-OCC)
parce que ces Etats étaient plus rapprochés par leur histoire et leur communauté d’intérêt.

Une nouvelle étape est franchie lorsque J. MONNET et R. SCHUMAN font accepter par les
partenaires de la France la nécessité d’une mise en commun de certaines ressources et de
certaines industries.

Les O.I. qui vont naître à la suite de ces initiatives auront comme objectif non seulement la
coopération mais aussi une véritable intégration économique dont la réalisation est prévue
par palier successif et dont l’étape ultime devrait être l’union politique.

Réaliser une intégration économique entre les Etats de l’Europe était il y a peu d’années, une
idée assez abstraite. Elle s’est imposée peu après du fait de la volonté de coopération des
Etats européens, victimes de graves difficultés après la guerre.

I. Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA)

Formulée par Robert SCHUMAN dans sa célèbre déclaration à la presse du 09/05/1950


avec le concours de Jean MONNET, le plan SCHUMAN jette les bases intellectuelles et
juridiques de la construction communautaire.

Le point de départ réside dans le constat déjà nettement perceptible de l’échec des
premières organisations européennes.

Robert SCHUMAN, après avoir rappelé les objectifs finaux de la construction européenne,
notamment le maintien de la paix européenne, la réconciliation franco-allemande et la
constitution d’une entité européenne, se propose d’inverser la demande. D’après lui, il
importe de partir des secteurs limités c’est-à-dire des intérêts économiques en vue de
créer des solidarités de fait.

Sur ce secteur précis seront concentrés de réels moyens d’action juridiques matériels et
humains.

Il appartient ensuite d’amplifier la mise en commande des secteurs économiques et


techniques par la suite et progressivement par un effet d’entrainement, l’Europe
débouchera sur une union économique générale qui va rendre l’appartenance au
processus d’unification.
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L’union économique à son tour va générer un mouvement analogue sur le plan politique
de telle manière que les communautés seront transformées en union politique générale
proche du modèle de l’Etat fédéral.

Le plan SCHUMAN a été rédigé par J. MONNET.


Selon SCHUMAN, il faudrait imaginer une structure qui doit intégrer l’Allemagne pour
éviter certaines conséquences. D’où les Etats vont se regrouper pour la mise en
commun des intérêts divergents.
1. Comme l’intégration au niveau politique n’a pas abouti, il a proposé de
l’abandonner au profit de l’intégration économique car les Etats sur le plan
politique ont été réticents (ils ne voulaient pas céder les attributs de leur
souveraineté).
2. Il a également voulu mettre en place l’intégration sectorielle au lieu de l’intégration
globale.
Fonctionnalisme : technique mise en place par R. SCHUMAN visant à
abandonner l’intégration politique provisoirement et mettre en place
l’intégration économique en se basant sur certains secteurs d’activités qui
vont permettre de retourner à l’intégration politique. Par exemple, la mise en
place d’une zone de libre échange. La zone de libre échange est du domaine
économique, mais elle rentre dans le domaine politique vu que sa mise en
place est décidée par une loi élaborée par le Parlement.
Le domaine choisi en Europe était le domaine du charbon et de l’acier.
Pourquoi ?
Il importait de trouver un terrain d’expérimentation pour la méthode
MONNET (fonctionnalisme). Le choix du charbon et de l’acier paraissait tout à
fait important car il présentait un caractère symbolique.
Ces deux secteurs ont servi pendant des décennies de support au
développement des industries de guerre et des industries économiques.Le
charbon demeurait à cette époque la première source d’énergie et l’acier la
base de l’industrialisation et donc de la croissance économique.
Raison économique du choix : Le charbon permettait à ce que les industries
économiques qui existaient à l’époque puissent fonctionner. L’acier, de son
côté, permettait la croissance économique.
Raison politique : éviter la guerre entre la France et l’Allemagne.
L’élément essentiel était d’ôter les compétences autrefois reconnues aux
Etats et mettre en place des organes indépendants pour gérer, exploiter et
distribuer le charbon et l’acier.
Conséquences : Les Etats ne vont plus exploiter le charbon et l’acier. Ils seront
gérés par les institutions supranationales.
L’acte constitutif de la CECA a été signé à Paris le 18/04/1951 et va entrer en vigueur le
25/07/1952. Ce traité instaure la première communauté européenne qu’on a appelée la
Petite Europe (P.E.).
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Les Etats qui composaient cette communauté sont la France, l’Allemagne, l’Italie et les
trois pays du BENELUX (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg).

La principale originalité de la CECA se situe sur le plan institutionnel. Le traité constitutif


de la CECA se distingue par certains éléments de supranationalité. Ainsi, il confère
notamment à l’organe exécutif qu’on appelle « la haute communauté » le pouvoir direct
à l’égard des entreprises à l’intérieur des Etats et l’organisation dispose des ressources
provenant non pas des contributions d’Etats mais des prélèvements calculés en fonction
de la production du charbon et de l’acier (un véritable impôt européen).
Il est mis en place dès le début de 1953 un marché commun européen du charbon et de
l’acier où règnent la libre circulation et la libre concurrence.
Ainsi, l’on verra se confirmer la justesse de cette affirmation de Robert SCHUMAN
« L’Europe ne se fera pas d’un coup ni dans une construction d’ensemble », elle se fera
par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait.

La Haute Communauté était composée des personnalités indépendantes à qui l’on


reconnaît des larges pouvoirs de gestion et d’exploitation du charbon et de l’acier.

A côté de la Haute Communauté, il a été mis en place un Comité Consultatif représenté


par les représentants des travailleurs du charbon et de l’acier.

Outre la Haute Communauté et le Comité Consultatif, il y avait aussi le Conseil des


Ministres, l’Assemblée Commune et la Cour de Justice.

II. Communauté Européenne d’Energie Atomique

L’idée de mettre en place les deux communautés a germé après l’échec qui a été constaté
lorsque l’Europe a voulu mettre en place l’organisation internationale à caractère
politique et militaire. Après ce double échec, les Européens ont compris une fois de plus
que seule la voie de l’intégration économique resterait praticable.

Il fallait donc étendre l’intégration économique à toutes les communautés. Ils ont accepté
en outre l’idée d’une nouvelle intégration sectorielle dans le domaine spécifique de
l’énergie nucléaire. Ils ont mis en place un comité intergouvernemental sous la présidence
de Paul Henri SPAAK, homme d’Etat belge, en vue d’élaborer un rapport sur les
possibilités d’une union économique de manière générale ainsi que sur une union dans le
domaine nucléaire.

Le rapport SPAAK remis en 1956 ouvrit rapidement la voie à une négociation qui conduit
le 25 mars 1957 à la signature des deux traités dont l’un instituant la CEEA qui vise à
promouvoir l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et le développement
d’une puissante énergie nucléaire.
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L’autre de portée plus considérable a institué une communauté économique européenne


qui sera chargée de la mise en place d’un marché commun.

Cette communauté (CEEA) a pour ambition d’assurer le développement d’une source


d’énergie considérée comme prometteuse et d’acquérir une certaine autonomie face aux
Etats-Unis qui, grâce à leur programme militaire, possède une véritable primauté tant sur
le plan scientifique qu’industriel, plus concrètement avec l’EURATOM (CEEA). Le
développement d’une industrie nucléaire civile organise un régime très original
d’approvisionnement de la communauté en matière nucléaire.

Face à la pauvreté de l’Europe en minerais, le traité met en place une agence


d’approvisionnement qui est un organe technique. S’agissant des organes, il en existe
quatre : la Commission, le Conseil, l’Assemblée, la Cour de Justice. La structure de cette
organisation est différente de celle de la CEEA du fait que la CEEA n’a que comme organe,
la Haute Autorité.

III. La Communauté Economique Européenne

Plus ambitieuse encore, cette communauté vise à regrouper l’ensemble de l’économie


des Etats membres en vue d’ouvrir à terme un espace économique unifié.

L’économique l’emporte nettement sur les préoccupations scientifiques ou


institutionnelles.

Le Marché Commun ne se limite pas seulement aux marchandises mais s’étend également
à l’ensemble des facteurs de production donnant ainsi naissance au régime des quatre
libertés (marchandises, personnes, services et capitaux).

Le traité prévoit essentiellement trois politiques communes, à savoir la politique


commerciale, l’agriculture, le transport.

Dans le cadre du marché commun, une méthode a été préconisée : on établissait des
étapes pour une période bien donnée. Il s’agit là de progressivité, c’est-à-dire que tous
les plans n’étaient pas réalisés immédiatement.

Qu’en est-il alors de l’appartenance définitive ?

Les traités ne prévoyaient pas de procédure à suivre au cas où un Etat exprimait le vœu
de se retirer d’une O.I. Cependant, le droit des traités donne la possibilité à chaque Etat
de se retirer d’une O.I.
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La C.E.C.A. a été créée pour une durée de cinquante ans. Elle a donc cessé d’exister en 2002.
Contrairement à la C.E.C.A. qui avait pour rôle le développement économique via la
production et la distribution, les deux autres O.I. avaient pour rôle de légiférer dans certains
domaines.

SOURCES DU DROIT COMMUNAUTAIRE EUROPEEN

Ces sources sont communément appelées « actes unilatéraux ». Ces sources sont
hiérarchisées.

Il y a d’une part, les sources primaires et d’autre part, les sources dérivées.

I. Sources primaires

5. Les traités et les protocoles additionnels relatifs à ces traités : ces traités ont la
primauté sur les textes des Etats membres et les faits directs.
a. La primauté est basée sur l’article 215 de la Constitution
b. Fait direct : au niveau interne des Etats, pour appliquer le droit international
général, il y a une procédure : la publication. Cependant, le fait direct veut qu’il
y ait ratification, c’est-à-dire l’Etat est immédiatement lié. Donc la publication
n’a aucune incidence sur l’application ou le respect des dispositions
communautaires. Lorsqu’il y a conflit, de manière spécifique, la Charte des
Nations-Unies, en son article 103 parle de l’inopposabilité d’un traité aux
dispositions de la Charte des Nations-Unies. Mais au niveau des communautés,
il y a abrogation tacite lorsque certains textes sont contraires aux dispositions
du traité communautaire.

II. Sources dérivées

Il s’agit des actes unilatéraux des institutions ou des organes des communautés.

Il s’agit d’un corps de normes secrétées par la communauté elle-même. Ce corps est
composé des règlements, des directives, des décisions, des recommandations et des avis.

Ils constituent des sources parce que les sujets du droit communautaire (particuliers,
entreprises, etc.) peuvent les invoquer.

a) Règlement

Il a une portée générale et est obligatoire dans tous les éléments. Il est directement
applicable dans tous les Etats membres de la communauté.
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b) Directive

Elle n’a pas, en principe, de portée générale étant donné qu’elle ne lie que les
destinataires et n’est pas directement applicable.

On laisse aux instances nationales la compétence quant à la forme et aux moyens de


la directive.

c) Décision

Elle n’a pas de portée générale et ne lie que ses destinataires. Cependant,
contrairement à la directive, la décision est un acte obligatoire en tous ses éléments.

d) Recommandations et Avis

Ils ne lient pas les parties et n’ont pas de force contraignante. Les deux sont des
invitations mais ils constituent de très utiles instruments d’orientation dans les
comportements des Etats ainsi que dans les législations des Etats.

Concernant les sujets de droit communautaire, il est à remarquer que, contrairement au droit
international général, les particuliers peuvent présenter des réclamations en matière
contentieuse.

Hormis l’originalité de la Haute Autorité dans le cadre de la C.E.C.A., la Cour de Justice dans
les deux autres communautés fonctionne comme les juridictions internes.

La Cour de Justice est compétente pour :

6. Annuler les mesures législatives au niveau des Etats : les arrêtés rendus par la Cour de
Justice sont obligatoires et exécutoires tandis que les arrêts de la Cour Internationale
de Justice sont obligatoires entre les parties (problématique de l’article 94 de la Charte
des Nations-Unies).
7. Recours en carence : il s’agit d’une innovation qui vise à ce que les Etats membres aient
en quelque sorte un droit de surveillance et un droit de regard leur permettant de voir
si oui ou non un Etat respecte les dispositions du droit communautaire.
8. L’interprétation : au niveau du droit des traités, la compétence relative à
l’interprétation relève de la compétence des parties en présence. En droit
communautaire, le droit d’interpréter est dévolu à la Cour de Justice Européenne. En
conséquence, la Cour de Justice Européenne a des compétences plus étendues que
d’autres juridictions internationales.

CONDITIONS THEORIQUES DE REALISATION D’UNE INTEGRATION


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Les conditions sont :

1. La volonté politique
2. La proximité géographique
3. Le réalisme dans la détermination des secteurs prioritaires
4. La complémentarité
5. La nécessité de réalisation graduelle (progressivité)
6. La faiblesse de la mise en place des institutions ou mécanismes de réalisation
7. Nécessité d’instituer les mécanismes d’évaluation
8. L’importance de l’Etat moteur ou de l’Etat leader
9. Mouvement de masse

1. La volonté politique

Toute activité, peu importe le domaine, nécessite un degré de volonté qui doit être
indigène et non exogène, c’est-à-dire une expérience vécue (il doit y avoir un intérêt).

Les intérêts qu’ont les Etats doivent constituer un élément moteur.

La volonté politique est donc le fondement dans le cadre d’une intégration.

D’ailleurs, en droit international, les intérêts des Etats sont divergents.

La volonté politique doit se matérialiser dans les prises de décision. Par là, la volonté
politique devient comme une activité d’intérêt mutuel.

Le fait pour un Etat d’abandonner les attributs de sa souveraineté nécessite une


volonté politique.

En Afrique, cette volonté politique fait défaut car il faut qu’il y ait des convictions
personnelles (manque d’introspection).

2. Proximité géographique

Toute institution de coopération et surtout d’intégration ne peut se réaliser qu’entre


des Etats voisins, étant donné que dans la mise en accord et la mise en œuvre du
processus d’intégration, on doit avoir comme principe l’ouverture des frontières, qui
permettra la réalisation de quatre libertés : liberté de circulation des personnes, liberté
de circulation des marchandises, liberté de circulation des capitaux et liberté de
circulation des biens.

Dans l’intégration, il y a suppression des barrières tarifaires et puis après,


harmonisation des législations entre les Etats membres.
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L’inconvénient de cette condition est qu’il y a, entre Etats voisins, des guerres qui
entraînent l’instabilité politique.

Par ailleurs, il y a un avantage qui est la réduction du taux de transport.

3. Réalisme dans la détermination des secteurs prioritaires

Pour l’intégration, il est important de fournir des efforts dans certains secteurs. Ces
derniers doivent refléter une certaine priorité qui fait que le choix devra être
consensuel.

Fonctionnalisme : quitter l’intégration politique pour chuter à l’intégration


économique mais dans les secteurs prioritaires.

4. Complémentarité

La complémentarité a permis au processus d’intégration de promouvoir les intérêts


communs. Par exemple, dans la CECA, les Etats se partageaient le domaine de l’acier
et du charbon.

5. Progressivité ou nécessité de réalisation graduelle

La construction européenne n’était pas faite de manière linéaire. Il a fallu passer par la
suppression des droits de douane, les restrictions quantitatives, la circulation des
personnes.

6. La souplesse

Il faut mettre en place des mécanismes souples pour que tout le monde puisse se
retrouver. Aucun obstacle d’ordre juridique et politique ne pourrait être accepté s’il
vise à entraver ou ralentir le processus d’intégration.

7. Nécessité d’instituer les mécanismes d’organisation

Comment savoir qu’on a atteint un objectif ? On passe par l’évaluation théorique.


Celle-ci peut se réaliser d’autant plus que c’est par étape que le processus avance. Pour
le professeur BALANDA, la spécificité africaine est de ne pas recourir à l’évaluation.

8. Importance des Etats moteurs ou des Etats leaders

En Europe, c’est la France et l’Allemagne qui ont compris cette nécessité d’attirer les
autres Etats dans le cadre de l’intégration.

L’idée de l’intégration ne devait se réaliser que si et seulement si l’Allemagne et la


France étaient membres. C’est la raison pour laquelle ils sont considérés comme le
moteur de l’intégration.
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La question est : « Quel est l’Etat africain que l’on peut considérer comme moteur ? »

Trois pays peuvent être considérés comme Etats moteurs : le Nigéria, l’Afrique du Sud
et la R.D.C.

9. Mouvement de masse

Le processus d’intégration nécessite l’apport non négligeable du mouvement de


masse.

LES PHASES DE L’INTEGRATION

10. Création des blocs économiques régionaux (objectif qu’il fallait atteindre en 1999)
11. Renforcement de l’intégration intracommunautaire économique régionale et
harmonisation intercommunautaire régionale (objectif achevé en 2007)
12. Création d’une Zone de Libre Echange et l’Union Douanière dans chaque bloc régional
(achèvement en 2017)
13. Création de l’Union Douanière Continentale (achèvement en 2019)
14. Création d’un Marché Commun Continental (achèvement en 2023)
15. Création de l’Union Economique et Monétaire

CARACTERISTIQUES DES O.I. AFRICAINES

Les O.I. africaines sont en pratique de simples mécanismes de coopération et de coordination.

En Afrique, si théoriquement il y a plusieurs O.I. d’intégration mais elles ne sont pas de


véritables communautés.
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Contrairement à l’intégration européenne, dans les pays d’Afrique, il n’y a pas d’intérêt
commun. La conséquence est que le vocable de « communauté » est considéré comme un
mimétisme.

Par ailleurs, nous avons l’harmonisation des législations nationales. Dans la pratique, il se pose
un problème. En effet, pour qu’il y ait vraiment intégration, les mesures prises au niveau
interne doivent être identiques ou similaires à celles de l’organisation.

Au niveau institutionnel, nous constatons que dans la plupart des organisations d’intégration,
ce sont les organes politiques qui dominent les autres organes (voir art. 7 de l’acte constitutif
de la CEEAC, l’article 9 de l’acte constitutif de la SADC, l’article 7 de l’acte constitutif du
COMESA, l’article 6 de l’acte constitutif de la CEDEAO).

La Conférence des Chefs et des Gouvernements est l’organe suprême de la Communauté, ce


qui est différent de la CEEAC, dans laquelle l’organe suprême était la Haute Autorité,
composée d’indépendants.

La Conférence des Chefs et des Gouvernements était considérée comme un club d’amis.
Généralement, les chefs et les gouvernements manquent de volonté politique or parmi les
conditions théoriques d’une intégration figure cette dernière.

Un autre problème que nous pouvons relever : l’organe judiciaire de la communauté dépend
de la Conférence des Chefs d’Etats et des Gouvernements. Dans ce cas, il n’y aura pas une
bonne jurisprudence.

Concernant la multiplicité des O.I. africaines, le prof BALANDA établit dans son ouvrage
« Organisations Internationales Africaines » certaines statistiques en dénombrant qu’il existe
en Afrique pas moins de 300 O.I.A. Parmi elles se trouvent les communautés économiques
régionales ci-après : CEDEAO, COMESA, CEEAC, SADC, AID, UMA, CAE, Communauté
Economique des Etats Sahariens.

Il y a plusieurs regroupements en Afrique. L’OUA, qui deviendra UA par la suite, a pris en


compte ces huit communautés. L’Union Africaine s’est basée sur elles pour la réalisation de
l’intégration.

Il saute aux yeux, au regard de ce qui vient d’être dit qu’il y a effectivement une multiplicité
d’organisations internationales africaines. Il y a lieu de constater que ces communautés ou
organisations poursuivent les mêmes objectifs. La R.D.C. fait partie de trois communautés sur
les huit citées. Il y a alors un problème surtout en ce qui concerne l’adoption d’une monnaie
unique. En effet, la R.D.C. risquerait d’avoir plusieurs monnaies ayant cours légal.

Autre problème : l’autosuffisance des pays. Nous constatons qu’il y a carence des produits au
niveau interne due au manque de production. Les produits exploités sont extraits en Afrique
mais la valeur ajoutée se trouve à l’extérieur du pays.
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Le manque d’infrastructures locales de développement entraîne la récurrence de la


problématique du chômage.

L’effort du processus d’intégration économique africaine vient de l’extérieur, précisément de


l’ONU.

Au niveau africain, la construction se réalise par le haut (précipitation) alors qu’en Europe, elle
a commencé par le bas (progressivité).

En Europe, l’intégration a commencé avec une seule organisation (CEEAC).

L’intégration se fait normalement de manière graduelle. Au début, on ne s’intéresse qu’à des


secteurs bien déterminés. Or, en Afrique, au lieu d’aller graduellement en commençant par
certains secteurs ciblés, on a pris en compte tous les secteurs (énergie, transport, industrie,).

L’OAPI (Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle : Certains Etats ont abandonné


une partie de leur souveraineté dans le cadre de la délivrance des titres aux titulaires des
œuvres de l’esprit. Cette organisation a des organes mais manque une Cour de Justice.
Conséquence : manque d’harmonisation de la juridiction.

En conclusion, l’Afrique a un processus d’intégration totalement différent de celui de l’Europe.


Vu cela, il serait mieux de ne pas imiter le processus européen mais de marcher vers
l’intégration tout en tenant compte des réalités africaines.

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