Rousseau dépeint la relation indissoluble entre la Passion et la Vertu. En effet, il
célèbre la passion et en démontre le caractère irrésistible chez ces deux personnages : "L'amour véritable est un feu dévorant qui porte son ardeur dans les autres sentiments... C'est pour cela qu'on a dit que l'amour faisait des héros." Il dépeint leurs émotions, leurs souffrances cruelles, leurs joies et leurs faiblesses d'une manière remarquable, à tel point que cette œuvre a pu être qualifiée de véritable "hymne à l'amour". Il convient également de souligner l'importance primordiale de la Vertu dans leur relation. Ainsi, au XVIIIe siècle, une condamnation morale implacable pèse sur la passion. Cependant, cet amour interdit, en raison des conditions chimériques, loin de diminuer les sentiments des deux protagonistes, les élève à un niveau supérieur, presque mystique, grâce à la vertu, un amour inébranlable mais dépourvu de désir charnel : "Pour nous aimer toujours, il faut renoncer l'un à l'autre ; oublions tout le reste et soyez l'amant de mon âme." Cependant, au début du roman, les deux personnages s'écartent du droit chemin, comme le remarque Rousseau dans sa préface : "Ils sont dans le délire, et ils pensent philosopher… Ils parlent de tout et se trompent sur tout" - notamment sur le véritable sens de la Vertu. Selon eux, les inclinations du cœur ne peuvent les égarer puisqu'ils sont inspirés par la Nature et donc la Vertu. Julie sera la première à dénoncer cette confusion Ainsi, ils lutteront contre leur passion au nom de la Vertu, dont ils ont retrouvé le véritable sens, et qui dénonce les égarements du cœur, ce qui leur permet de résister aux impulsions d'une passion aussi intense que la leur. Julie préférera même la mort plutôt que de succomber à la tentation, comme elle le déclare dans sa dernière lettre : "Trop heureuse d'acheter au prix de ma vie le droit de t'aimer toujours sans crime et de te le dire encore une fois." Nous pouvons donc voir que la réconciliation entre la Passion et la Vertu pour aboutir au bonheur passe par la religion, thème très important dans ce roman : La vertu qui nous sépara sur Terre nous unira dans le séjour éternel.