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Introduction à la Critique de la Raison Pure, paragraphe VI, page 43, texte numéro 3, KA 3

Texte numéro 2

Notions : à quoi sert la métaphysique ? Quel rôle est dévolu à la philosophie pure ? Quels sont les fondements d’une science ? En quoi la
vérité constitue-t-elle une valeur objective de la connaissance ?
Rôle et pouvoir de la raison et de l’entendement

La problématique posée par ce texte situé dès l’introduction de la Critique de la Raison Pure est la suivante : quelles sont les conditions de
possibilité d’une science ? Après avoir fondé une science sur des jugements synthétiques a priori qui ne sont que des jugements apodictiques (
nécessaires), universel et vrais, pourra alors être analysée par la Critique, la fonction de la raison pure théorique, son rôle et son pouvoir.

L’enjeu est moins de fonder une science que de comprendre ses fondements afin de rendre possible une métaphysique stable et pérenne.

Jugement analytique : « le corps est étendu » : il s’agit d’une explicitation d’un phénomène qui ne nous apprend rien de plus. Le jugement est
explicatif. Analyser le concept du sujet afin de déterminer ce qui est visé.
Jugement synthétique : le corps est pesant, apporte une donnée nouvelle, une connaissance en sus de celle de l’étendue du corps. JS ajoute
au concept du sujet A, un prédicat qui a un caractère nouveau. Les JS étendent notre connaissance ; ce que ne fait pas le JA
A priori : ne dérive pas de l’expérience, par exemple, le corps est pesant, dérive de l’expérience, de même une maison doit avoir des
fondations pour ne pas tomber est un jugement dérivé de l’expérience. A priori signifie que le jugement ne dérive pas du phénomène, de
l’ensemble des phénomènes appelés expérience mais émane de la raison.

Par exemple, les propositions mathématiques sont des jugements synthétiques a priori. Elles ne sont pas empiriques, mais apodictiques, vraies
et universelles.

La raison produit des JSA signifie que la raison est source de jugements purs qui ne sont pas mêlés à l’expérience.

A cette question, « comment un métaphysique est-elle possible ? », Kant répond en interrogeant la mathématique, puis la physique.

En effet, quand bien même leur objet diffère, les sciences apodictiques telles que la mathématique et dans une moindre mesure la physique
ont quelque chose en commun avec la métaphysique, les Jugements Synthétiques A priori.

Qu’est ce qui peut permettre à la métaphysique de poser des JSA à l’instar des math et de la physique ?

Quelles sont les possibilités de possibilité des- JSA- La métaphysique est-elle susceptible de répondre aux conditions de possibilité de JSA ?
Nous ne perdons pas de vue le décalage entre la math-physique/ et la métaphysique. La métaphysique peut- elle prétendre à ce savoir ?
telle est la question fondamentale que se pose ce texte et de façon plus générale l’introduction à la première Critique ( la deuxième est la
Critique de la Raison Pratique, la troisième et dernière est la Critique de la Faculté de Juger)

Kant veut s’assurer du bienfondé du JSA. Une confrontation avec l’empirie de Hume lui semble indispensable.
Pourquoi ?
Le jugement empiriste de Hume aboutirait à dissoudre la notion des –JSA- ceci à partir d’une analyse critique du principe de causalité.

L’enjeu du débat n’est autre que le salut ou la ruine de la métaphysique, sa justification ou tout simplement la destruction de toute
philosophie pure.

Dans cette perspective, la confrontation avec l’empirisme ou le scepticisme constitue un contrepoint négatif indispensable pour assumer les
bases de la critique.

Le champ du savoir humain se caractérise par contraste. A l’état d’incertitude de la métaphysique, existe la certitude des math et de la
physique.

D’où la question de Kant qui n’est pas comment est possible un métaphysique mais bien plutôt est ce qu’il est seulement possible de fonder
une métaphysique ?

Le savoir suprême appartient aux Mathématiques qui ont su poser des –JSA-, un savoir rationnel qui ne doit rien à l’expérience.

Les énoncés métaphysiques répondent à la question « l’Ame est-elle une substance ? Que dire de l’existence de Dieu, de la Détermination
du Monde ? de l’indéterminé et de l’absolu ? et bien évidemment de La liberté ?

Dieu, l’immortalité de l’Ame tout comme la liberté sont des concepts transcendantaux (qui ne sont pas dérivés de l’expérience mais ne sont
que le produit de la raison pure) hors de toute expérience possible, synthétiques car leurs énoncés apportent une détermination positive.

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Dans cette perspective, la difficulté qui surgit est cette incertitude qui ruine la métaphysique alors qu’elle est ignorée en math et en physique.
Pourquoi cet état des choses ? La critique prend alors du recul et cherche la cause des difficultés.

La ruine de la métaphysique, c’est le dogmatisme de la pensée alors que la Critique de la Raison Pure cherche une méthode et une
propédeutique ( enseignement préliminaire et non dogmatique) à une métaphysique.

Car la métaphysique concerne les besoins de la raison.

Dans cette perspective, la théorie de Hume conduit à une mise en doute sceptique du jugement synthétique a priori et de tout savoir a priori.
Kant se doit alors d’analyser la position de Hume afin de démontrer que les jugements synthétiques a priori sont a priori et ne dérivent pas de
l’expérience.
L’analyse de Kant s’effectue en deux parties. Dans un premier temps, il fait l’éloge du philosophe dans la mesure où dans le Traité de la Nature
Humaine, section VII, il a mis en œuvre une philosophie critique. Mais dans un second temps, Kant considère cette critique comme incomplète
et particulièrement ruineuse pour toute métaphysique.
Le problème du rôle de la raison et de sa capacité à énoncer des jugements apodictiques est analysé par Hume à travers le principe de la
causalité
Hume, selon Kant, a saisi le caractère synthétique du rapport causal. Hume a compris le pouvoir de l’entendement ne peut pas conduire du
concept d’une chose à l’existence de quelque chose donnée de façon nécessaire. Kant admet dans la causalité de A et B, l’apparition de A
entraîne B sans que le rapport de causalité n’implique les conditions nécessaires de l’expérience. D’où caractère synthétique de la causalité.
Le fait cependant que Hume se soit borné à la causalité le conduit à un constat juste mais limité : l’entendement ne peut établir la connexion
entre A et B. En effet, tout ne dérive pas de l’expérience. La causalité est située sur un autre plan que la relation contingente du phénomène A
induisant le phénomène B.
Selon Kant, la causalité doit s’analyser selon la forme sur laquelle on subsume un contenu. L’expérience n’offre que des conjonctions mais pas
de connexion. La conception empirique conduit à une conception réductrice qui est le résultat de l’habitude : je vois que A implique B,
habitude du phénomène A impliquant B. Je crois que A produit B.
Selon Kant, Hume a décrit une genèse psychologique quand Kant développe une explication transcendantale car il distingue la forme de la
matière.
Dans cette perspective, le parti pris empirique détruit toute possibilité de la causalité car celle-ci ne dérive que de l’expérience.
Concomitamment, si je renonce à énoncer un jugement de causalité universel, parce que ce la causalité ne serait qu’une croyance ; je dois
renoncer à tout jugement tel que « il existe un commencement au monde, et » l’intelligible car cause d’une série indéfinie des phénomènes
est possible » sont rendus impossibles.

Enfin, comment la math serait-elle possible comme science si tout énoncé dériverait de l’expérience ? Alors même que l’axiome est un
jugement en dehors de l’expérience saisie par l’intuition et qui est considérée comme vrai et indubitable ?

Ainsi l’empirisme de Hume dépasse le cas de la causalité et conduit de facto au scepticisme.

Cette analyse confirme la nécessité d’une réflexion philosophique systématique.

Les deux alinéas suivants montre la ligne de démarcation entre les Math-physique/ métaphysique. S’agissant des deux premières sciences,
quelles sont les modalités qui les rendent possibles alors que pour la métaphysique, on ne pose que la question des conditions de possibilité
de son existence. Le but essentiel de la métaphysique est de satisfaire les besoins de la raison.

Dans le dernier alinéa, Kant distingue deux points de vue possibles. Il se tourne vers cette raison humaine qui a consacré tant d’efforts à poser
le problème métaphysique sans résultat.

Selon Kant cette disproportion entre les efforts de la métaphysique et ses médiocres résultats sont le signe d’une « disposition naturelle »

La métaphysique est « une disposition naturelle » de la raison et donc une réalité. Pourquoi ?

La métaphysique en tant que disposition précède toute doctrine établie. Avant d’être une doctrine la métaphysique est une exigence de la
raison. Elle revient et renaît toujours.

Cependant, distinguons clairement la raison de l’entendement : l’ENTENDEMENT est le pouvoir de ramener les phénomènes à l’unité au
moyen de règles. L’entendement unifie les données empiriques. La tâche de l’entendement est toujours infinie car il subsume sous ces
règles, le matériau infini de l’expérience. On ne parvient jamais à atteindre l’absolu. Elle ne peut penser l’inconditionné et donc la liberté à
titre d’exemple.

Par opposition, la raison se caractérise par l’unité la plus haute, un achèvement qui est refusé à l’entendement. La raison est cette faculté
des principes, faculté à maîtriser l’inconditionné en tant que pensé, à maîtriser la totalité de la série des conditions. Il existe une légitimité
reconnue à la raison de dépasser la série des phénomènes, à se hisser au-dessus de l’expérience. L’idée de la raison est transcendante et
intelligible.

Cependant, l’insatisfaction de la raison reflète un intérêt légitime. C’est pourquoi il existe une réelle disposition métaphysique dans la
nature de la raison.

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Conclusion :

On s’étonne de la primauté accordé aux mathématiques dans le domaine du savoir. Les mathématiques sont la pierre de touche de la
possibilité du JSA. Lorsque la métaphysique chancelle, Kant se tourne vers les mathématiques considérées comme une connaissance
rationnelle pure. Les mathématiques sont le Rampart contre le scepticisme. Cependant, en aucun cas les math ou les sciences en général, ne
sont capables de satisfaire les exigences de la raison. Certes, il existe une primauté du savoir à la science rationnelle, à l’instar des
mathématiques, car celle-ci construit des concepts grâce à l’intuition, capacité refusée à la métaphysique, mais il exclut pour Kant que la
raison humaine se borne au savoir. En effet, la raison humaine poursuit un besoin et un but. La nature est une providence par laquelle toute
faculté est appelé à un but. La fin de la métaphysique n’est donc pas spéculative. La fin de la métaphysique est pratique*. Refonder la
métaphysique signifie que l’on réoriente vers un but pratique.

NB * : pratique, signifie morale dans le sens transcendantal c’est –à dire non dérivé de l’expérience. L’objet de la deuxième Critique est bien
de fonder une morale transcendantale car non dérivée de l’expérience.

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