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du clitoris
Historienne et sociologue, Delphine Gardey est professeure à l’Université de Genève à l’Institut des
Études Genre. Elle a récemment publié Les Sciences du désir. La sexualité féminine de la
psychanalyse aux neurosciences (avec Marilène Vuille) (Le bord de l’eau, 2018), Politiques de
coalition. Penser et se mobiliser avec Judith Butler (avec Cynthia Kraus) (Seismo, 2016) et Le Linge
du Palais-Bourbon. Corps, matérialité et genre du politique à l’ère démocratique (Le bord de l’eau,
2015).
A
u printemps 2018, Le Courrier, journal de la gauche genevoise
titre : « Un clitoris à la craie leur vaut une amende ». Le
journaliste s’indigne : deux étudiantes « féministes » ont été
verbalisées « après avoir dessiné à la craie un clitoris au Jardin anglais »1.
Une photographie, utilement annexée, permet de constater l’outrage. Au
même moment en bord de lac, là où aux beaux jours la cité calviniste fait
valoir ses charmes, un « clito » s’expose, provocateur. L’intervention est
éphémère (un dessin à la craie blanche), elle n’en est pas moins efficace.
Clito et jet d’eau géants se jaugent. D’un côté, le jet, installé dans la rade
depuis 1891, portant à 140 mètres de hauteur les eaux du lac, devenu depuis
l’emblème de la ville et dont la nature phallique soudainement nous
apparaît ; de l’autre, un clitoris aux bulbes « réalistes », une image sans
référent dont il s’agit de manifester l’importance aux yeux de toutes et de
tous. « À part sa partie externe (et visible) », précise l’une des activistes – et
nous devons nous interrompre à la lecture, reconnaissant avec une fierté
vite refoulée qu’il s’agit d’une de nos anciennes étudiantes – le clitoris
complet « est méconnu autant des hommes que des femmes ». Et d’ajouter :
« il est ignoré des manuels scolaires et même des cours d’éducation
sexuelle »2. Ici se situe le véritable outrage : l’ignorance d’un organe massif
et de sa physiologie. La performance se veut pédagogique. Révéler aux
yeux de toutes et de tous cette « réalité » du clitoris vise à briser les tabous
qui entourent « la sexualité féminine », déjouer le mythe de « l’orgasme
vaginal », tordre le coup à Freud et à sa conception de la sexualité de la
« femme adulte », questionner les normes qui continuent de guider les
conduites dans les chambres à coucher… Exposé ainsi sur la place
publique, le clitoris « entier » devient un objet et un enjeu public et
politique. Donner à voir, c’est proposer de savoir. Et comme depuis
Foucault, savoir c’est pouvoir, les liens que savoir, science et politique
entretiennent ordinairement deviennent ainsi manifestes.
C’est bien d’ailleurs la nature publique de l’intervention, et plus
précisément les entraves à l’usage de l’espace public et à la liberté de
circulation qu’elle suscite, que la police municipale invoque pour justifier
l’amende. Du contenu du message, de ce drôle « d’objet-clitoris », il n’est
bien entendu pas question. La police évite de mentionner ce qui
manifestement a posé problème. La contravention de 100 francs suisses
pour chacune est justifiée, précise la commandante de la police municipale,
par le fait que « ces contrevenantes, outre le fait qu’elles dessinaient sur le
domaine public (…) avaient oblitéré une partie du cheminement public avec
un vélo afin de protéger leur dessin ».
L’acte helvète n’est pas isolé. Il s’inscrit au contraire dans une longue
chaîne de performances contemporaines. Une jeune américaine, Laura
Kingsley, répertorie sur un site créé à cet effet les interventions qu’elle
décompte, une centaine dans différentes villes des États-Unis. Clitorosity,
c’est le nom du projet, se présente comme un effort « communautaire »
pour « célébrer la structure entière du clitoris »3. Le constat est simplement
mais efficacement formulé : « Des milliards de personnes sont dotées d’un
clitoris, mais cette partie du corps reste largement méconnue. Le clitoris est
souvent considéré (…) comme une petite structure externe du corps. Nous
souhaitons changer cela ». L’ensemble de l’organe clitoris « peut être
cartographié et sa fonction peut être expliquée comme pour n’importe quel
autre organe. Que vous ayez ou non un clitoris, il est temps de nous
informer et d’informer les autres sur l’une des parties les plus sensibles du
corps humain ». La page d’accueil du site arbore – clichés photographiques
et vidéos à l’appui – moult clitoris urbains et trottoirs clitoricisés. La
motivation de l’activiste ? Changer les représentations pour changer les
expériences possibles de la sexualité. Dessiner pour informer, troubler,
provoquer la discussion.
Si on suit les préconisations de la théoricienne féministe et critique des
sciences Donna Haraway4, de tels gestes symboliques et matériels comptent
comme autant de propositions perturbantes, d’actions contaminatrices. Il
s’agit par la répétition de l’acte, sa diffusion matérielle et virtuelle, de
transformer les représentations autant que la réalité de ce qui est donné
comme « nature ». Les pionnières de la critique féministe des sciences ont
montré comment le corps apparaît toujours signifié dans des contextes
particuliers et suivant des perceptions et des interprétations traduites dans la
langue et la culture d’une époque5.
Qu’il soit possible de dessiner à la craie un clitoris dont la forme diffère
des représentations antérieures disponibles (tant profanes que savantes)
témoigne des transformations intervenues depuis quelques décennies dans
la sphère scientifique et médicale autant que dans la société. Il faut sans
doute de nouveaux rapports de genre et plus généralement de nouveaux
rapports sociaux pour que des scientifiques s’intéressent à décrire autrement
les caractéristiques physiologiques et fonctionnelles de ce mal-connu, le
« clitoris ». Cette connaissance nouvelle est à son tour appropriable et
susceptible de dessiner de nouvelles formes de l’expérience. Il faut encore
et toujours de la science et de la société pour que ce qu’il en est de la nature
de ce qui est (ici un organe) puisse être collectivement (et individuellement)
signifié. Qu’en est-il alors des capacités d’agir (l’agency comme on dit en
anglais) de l’organe ainsi redéfini ? Qu’est-ce que cela change de savoir
(c’est-à-dire d’admettre collectivement) que le « clito » serait plus qu’une
« simple excroissance au-dessus d’une fente », mais un organe volumineux,
interne et externe, doté de « corps spongieux » et de « bulbes » ? Quelles
sont les potentialités nouvelles qui s’offrent à ce nouveau « sujet-femme »
doté d’un tel « clito », d’un clito dit « entier » ? Quels effets, tant du point
de vue privé que public, existentiel que sexuel, individuel que collectif ? En
quoi les connaissances actuelles pourraient-elles être le moyen pour les
femmes de se réapproprier leur corps, leur sexualité et leur histoire ?
Que la question soit mise à l’ordre du jour en s’écrivant sur les trottoirs de
nos villes est matière à réjouissance. L’interpellation est un acte salutaire.
Elle est mise en acte du fait que nos corps sont politiques et suggère qu’ils
pourraient être « notre » politique. Interpeller sur ce qu’il en est de la nature
des choses c’est finalement questionner la politique des savoirs et prendre
acte du fait, comme dirait Bruno Latour, que « les sciences sont la
continuation de la politique par d’autres moyens ». L’adresse porte alors et
aussi sur les savoirs et les pratiques que nous souhaitons ou non
collectivement favoriser.
symptômes aliénants, elle est encore pratiquée au début du xxe siècle par
des professionnels français, viennois ou américains. Mais l’idée suivant
laquelle la masturbation serait l’effet plutôt que la cause de l’hystérie
s’imposant progressivement, « l’onanisme devient moins dangereux aux
yeux du corps médical et la perte du clitoris apparaît disproportionnée »32.
Dans le cas américain, les pratiques sont quelque peu décalées dans le
temps et on compte encore 24 publications sur des cas de clitoridectomie
dans des revues médicales entre 1867 et 1912. S’il est difficile de se faire
une idée du nombre d’opérations effectivement réalisées durant cette
période, il est clair que ces traitements sont discutés de la façon la plus
sérieuse par les instances médicales. De l’étude des cas cliniques présentés
par les praticiens américains, il ressort deux types de patientes et
d’indications. En premier lieu, et dans la continuité des épisodes précédents,
la clitoridectomie concerne jeunes filles et femmes aux pratiques
masturbatoires « compulsives », auxquelles s’ajoutent celles qui seront de
plus en plus souvent définies comme « nymphomanes ». L’examen par les
médecins des parties intimes de ces patientes (clitoris « élargis », « irrités »
« rougis ») permet de statuer sur la maladie et d’opérer. Mais l’opportunité
de ces opérations est de plus en plus discutée à une époque où on
s’interroge sur les origines physiologiques ou mentales de ces
« irritations ». À quoi sert, en effet, d’enlever l’organe de « l’irritation » si
l’irritation est finalement de source nerveuse et logée dans le cerveau ?
Les opérations s’orientent aussi vers d’autres indications : les préférences
auto-érotiques des femmes mariées, incompatibles avec les exigences de la
vie conjugale. Quand le désintérêt d’une épouse pour l’acte conjugal est
manifeste et qu’on a connaissance de l’existence de « manipulation
clitoridienne », il convient de restaurer « l’épouse » dans ses instincts
sexuels « normaux » et de s’orienter vers la « circoncision féminine ». Les
médecins américains du début du xxe siècle s’emploient d’abord à assainir
la vulve – leur idée étant qu’il faut prévenir l’accumulation du smegma (la
substance qu’elle sécrète) et nettoyer soigneusement pour éviter toute
source d’irritation et d’attirance des mains vers cette région de l’anatomie.
À défaut, et dans une conception qui renvoie aux représentations anciennes
de l’analogie des organes féminins et masculins, ils proposent de soulager la
patiente en dégageant le « capuchon » clitoridien, comme on le ferait en cas
de circoncision du prépuce (certains chirurgiens américains utilisent à cet
égard l’expression de « clitoris emprisonnés »). Ils sectionnent alors le pli
de la peau (souvent proche des petites lèvres) qui entoure et protège le
« gland » du clitoris. L’enjeu est de détourner l’épouse de ses instincts
sexuels malsains et de réhabiliter son ardeur pour le mari en favorisant le
frottement pénis/clitoris. Il est intéressant de constater que c’est la
connaissance de plus en plus précise de la physiologie du clitoris et de son
rôle dans la jouissance féminine – ainsi que les injonctions en faveur de
l’accomplissement harmonieux de la sexualité conjugale vaginale et
pénétrative – qui justifient ces interventions présentées comme des
remédiations pondérées. La « circoncision féminine » apparaît alors comme
une solution de bon aloi pour ces femmes qui ne témoignent d’aucun intérêt
pour la relation sexuelle avec leurs époux et ne parviennent pas à satisfaire
leur mari33.
Il est toutefois utile de rappeler que la chirurgie du clitoris participe d’un
ensemble beaucoup plus vaste de « chirurgies génitales », selon
l’expression de Sylvie Chaperon34. La gynécologie se détache de la
« médecine des femmes » dans les années 1880 pour s’affirmer en France et
en Belgique comme une discipline propre – et le terrain utéro-ovarien
devient un vaste espace d’expérimentation pour la chirurgie « moderne ». Il
exerce alors une véritable attraction sur les chirurgiens qui investissent les
opérations gynécologiques (l’ovariotomie est d’ailleurs la première
opération de chirurgie abdominale). Absolument « téméraire » à ses débuts
(première attestée aux États-Unis en 1809 ; 130 opérations en Grande-
Bretagne entre 1838 et 1851 – avec une chance sur deux de mourir), la
technologie chirurgicale est stabilisée et les interventions connaissent un
« boom » à la fin du xixe siècle35. Certains observateurs, tel le célèbre
gynécologue français, le Dr Pozzi, s’insurgent contre cette « hécatombe de
trompes et d’ovaires » et la production de cohortes « d’eunuques femelles ».
Cette chirurgie est considérée par certains comme abusive car mettant en
péril la précieuse « santé reproductive » des femmes.
Comme on le voit, l’ablation du clitoris en Occident n’est qu’un des
aspects de l’interventionnisme chirurgical masculin sur le sexe et l’utérus
des femmes. Derrière cette « consommation de chair et de sujets féminins »,
comme le dit la psychanalyste Diane Garnault, se dévoile cet « impensé de
la médecine », « d’une science travaillée par la tyrannie de l’Autre comme
question, qui s’évertue à négocier avec la différence »36. Pas de limites à la
démiurgie du médecin quand le sexe/corps des femmes est en jeu. Pas de
limites à sa puissance et son désir d’arraisonnement de la nature et de la
différence. Ainsi, alors que des décennies de médecins et chirurgiens
s’escriment à pratiquer des clitoridectomies sur leurs patientes, d’autres
luttent en manipulant ou faisant procéder à des manipulations sur leur sexe.
C’est ce que révèlent les travaux de Rachel Maines : l’ampleur des
traitements par le massage manuel, hydrothérapeutique ou mécanique de la
vulve – par l’orgasme clitoridien ! On y découvre la mode de
l’hydrothérapie dans les années 1880, la substitution des traitements
« vibratoires » aux massages manuels au début du xxe siècle, puis le succès
dans les institutions, au cabinet médical et bientôt dans les foyers du
vibromasseur électrique37. En bref, l’historienne nous rappelle qu’on a aussi
pratiqué ou fait pratiquer à titre thérapeutique des orgasmes sur le clitoris de
femmes, décidément patientes.
« Il est très important pour le devenir-femme de la petite
fille que le clitoris cède au bon moment et complètement
cette sensibilité en faveur de l’entrée du vagin »
38
Sigmund Freud, 1922
On l’a vu, l’histoire des clitoris d’ailleurs, des clitoris d’Orient, des Suds,
des clitoris africains et « barbares », ou tout au moins « barbarisés »,
comme l’histoire des clitoris opprimés à libérer, est l’histoire d’une longue
relation entre ce qui a été défini comme l’ici et « nos » femmes et ce qui a
été défini comme l’ailleurs et « leurs femmes » ou « ces » femmes qui sont
« à protéger » et à émanciper. Les études postcoloniales ne nous apprennent
pas seulement à multiplier et articuler les perspectives, tenir compte de la
diversité des récits et des expériences, elles ne sont pas seulement le témoin
du voyage et de la circulation des savoirs et des personnes d’un continent à
un autre, elles nous apprennent à considérer l’imbrication du présent et du
passé dans les relations contemporaines entre les Nords et les Suds. Mais
encore à tenir compte de l’hybridité, de la multiplicité, des ambivalences et
des enchevêtrements des identités d’aujourd’hui99.
Il s’agit en particulier de contester les catégories simplistes qui assignent à
chacun·e une carte d’identité monoculturelle en négligeant justement
l’ancienneté et la présence des échanges et appartenances multiples. Il s’agit
encore de comprendre ce qu’il en est du passage du temps colonial de
l’exotisation de l’autre au temps postcolonial de démarcation et
reproduction de l’autre « parmi nous ». Il s’agit inversement d’être en
mesure de témoigner de l’expérience du déplacement parmi celles et ceux
qui, à de multiples égards, incarnent par leur vie la présence d’un ici, d’un
ailleurs, et d’un « ailleurs de l’ici » dans chacun des « ici » et des
« ailleurs » qui les constituent comme êtres individuels et sociaux. Comme
tente d’en rendre compte Nacira Guénif Souilamas avec sa notion
« d’altérité de l’intérieur » : il faut prendre acte du fait que « l’exotisme
n’est plus une réalité ou une ressource pour ceux qui l’ont construit, dans la
mesure où, d’une part, l’exotisme est rendu impossible par la mondialité et
par la coprésence, la simultanéité d’un certain nombre de dynamiques ; et,
d’autre part, ceux qui étaient les figures de l’exotisme sont aujourd’hui
parmi nous »100. Inversement, pourrait-on dire, « l’occidentalité » devient
une réalité, une contrainte et une ressource pour les « autres de l’intérieur »
que sont les migrant·e·s et les descendant·e·s de migrant·e·s.
Les migrations et les déplacements massifs de population des pays du Sud
signifient « l’apparition » en Europe de pratiques qui avait jusque-là été
traitées et conçues comme lui étant allogènes. La France est le premier pays
à criminaliser, en 1979, l’excision sur son territoire101. Du fait de procès
retentissants contre des exciseuses et des parents, l’opinion publique
découvre que des bébés ou des fillettes sont mutilées en France et que de
jeunes françaises le sont lors de visites dans le pays d’origine de leurs
familles. Les autorités françaises font le choix d’un traitement répressif de
ces situations102, contribuant à une stigmatisation particulièrement marquée.
D’autres pays occidentaux, l’Italie, par exemple, avec son modèle de
« politique sanitaire multiculturelle », empruntent d’autres voies, moins
répressives et moins polarisantes. Le traitement « républicain » et
« universaliste » de ces « affaires », s’il se définit comme une défense
« humaniste » de l’intégrité physique et sexuelle des fillettes et des femmes
mutilées, contribue tout autant à une défense assimilationniste de l’intégrité
du corps national français. La tolérance « zéro » s’accompagne de peu
d’accompagnements, au moins en ce qui concerne les discours officiels et la
ligne politique affichée.
C’est dans ce contexte singulier de criminalisation des pratiques qu’une
autre singularité se fait jour. Elle est d’abord le fait des activités médicales
et humanitaires d’un urologue français, Pierre Foldès. Celui-ci développe à
la fin des années 1990, dans le cadre de la médecine humanitaire, des
techniques chirurgicales visant à offrir des solutions aux femmes mutilées
présentant des complications graves et douloureuses. L’opération consiste à
reconstituer un « gland clitoridien », à restaurer une « anatomie normale »
de l’organe, à l’innerver et, si possible, à le rendre fonctionnel – une
technique et des résultats qui font l’objet d’une série d’articles dans des
revues médicales103. Améliorant ses connaissances tant de l’organe, des
mutilations, que des possibilités de recouvrer chirurgicalement une
apparence et une fonctionnalité du clitoris, Pierre Foldès importe en France
une technique à laquelle il forme d’autres chirurgien·n·es. Il opère
personnellement près de 3 000 patientes entre 1998 et 2009. Son activisme
est également à l’origine de la reconnaissance de la nécessité de ces
opérations pour le bien-être et la santé des femmes mutilées, et il se traduit
par le remboursement de ces opérations par l’assurance maladie.
En suivant la pensée d’une Soheir Morsy on pourrait sans doute lire
l’exceptionnalité française comme une forme caractérisée du néo-
colonialisme ou comme la définition très française d’un certain type de
traitement néocolonial de l’altérité. La reconnaissance des opérations de
chirurgie reconstructive du clitoris et leur remboursement par la sécurité
sociale, le transfert de techniques du terrain humanitaire au terrain français,
la légitimation en fait et en droit de l’interventionnisme médical (pratiqué et
défendu par les « French Doctors »), comme la notion même de
« réparation », résonnent comme une sorte de « sauvetage national » des
femmes « autres de l’intérieur ». Ce point se doit d’être mentionné et pris en
considération. Mais le point symétrique qui consiste à rendre compte de
l’intérêt de ce dispositif dans l’amélioration concrète de la santé
reproductive et sexuelle de milliers de femmes, l’est tout autant.
Venons-en en effet à Awa, cette jeune femme d’origine malienne, dont les
propos ont été recueillis dans le cadre de ses recherches sur la clinique de la
réparation clitoridienne par la sociologue Michela Villani104. Sa parole nous
conduit du côté des ressources activables en cette fin des années 2000 en
tant que femme excisée vivant en France. Awa, fille de migrants et
assistante maternelle de 28 ans, témoigne d’un sentiment de honte,
d’incomplétude, d’anormalité. Pour elle, comme pour de nombreuses
femmes interrogées, être « normale », c’est être « entière », « comme tout le
monde », avoir un « sexe normal » et un sexe « capable ». La logique est
bien de recouvrer une certaine forme d’identité et d’intégrité en tant que
femme – en renversement, en quelque sorte, des significations imputées à
l’excision comme un rituel de « féminisation » ou d’inscription dans le
genre féminin. La réparation clitoridienne se fait réparation de la féminité.
La réassignation dans le sexe/genre féminin passe par cette dimension
double d’un clitoris « normal », d’un point de vue visuel ou plastique, et
conforme d’un point de vue sexuel ou fonctionnel. Il s’agit de recouvrer un
« vrai » sexe, esthétiquement, anatomiquement, physiologiquement,
intimement.
La « réparation » n’est pas alors et seulement du côté de ce que le
chirurgien ou l’équipe médicale ont défini comme tel et se proposent
d’offrir. C’est le propre des technologies biomédicales de se présenter
comme des solutions à un problème qui – comme on le voit ici – n’est pas
seulement médical, mais individuel, social, culturel. L’idéologie du
« sauvetage » se confronte aux parcours réels et aux conditions de réussite
effectives des opérations. Loin d’être passives ou « victimes », les femmes
qui se présentent sont les actrices d’une histoire personnelle et culturelle
qu’elles entreprennent de réécrire, de réorienter. Awa, comme d’autres
femmes, se saisit de l’opération comme d’un droit. Elle ne demande pas
réparation en justice – un nombre infime de femmes mutilées sollicitent la
justice en France pour obtenir réparation – mais en « fait ». Dans les faits, la
réussite de l’opération ne dépend pas des seuls critères objectivés ou
objectivables par la technique chirurgicale, mais du sens négocié à propos
de ce qui advient : itinéraires préalables, expériences, valeurs et conceptions
personnelle et collective du corps, du sexe, de la féminité, de la sexualité.
De même, la plupart des équipes médicales proposent des prises en charge
pluridisciplinaires, persuadées que la chirurgie ne pourra réussir
qu’accompagnée d’un travail psychologique sur les dimensions
traumatiques de la mutilation ou de sa révélation. Une sorte de paradigme
« biopsychosocial » est ainsi mis en œuvre. Au fond, il apparaît que, pour
que la « chirurgie fonctionne », il est essentiel que la patiente « partage » le
modèle de sexualité promu par l’équipe médicale et le pays d’accueil. C’est
aussi parce que ce modèle est promu et socialement défendu que la patiente
peut s’en saisir en droit et en pratique. De nouveau, s’expriment ici à la fois
une contrainte et une opportunité.
Les femmes « mutilées » activent finalement un droit à l’égalité dans un
contexte (celui d’un pays occidental au début du xxie siècle) où la norme
sexuelle est celle du corps capable et apte au plaisir. La socialisation aux
normes et aux valeurs occidentales mais aussi aux normes et
comportements sexuels qui y ont cours les conduit à définir pour elles-
mêmes « ce qui leur convient » ou « qui elles veulent être ». En ce sens, la
demande de réparation est aussi l’expression de ce temps nouveau de la
« démocratie sexuelle » où chacun·e peut devenir l’agent de son propre
corps, de sa propre sexualité. La demande apparaît alors, selon les termes de
Michela Villani, comme une revendication de capabilité « au nom de
l’égalité », dans un contexte où la sexualité et le plaisir sont définis comme
des droits et des biens.
En s’intéressant tout particulièrement aux populations qui vivent « ici »
mais à la « frontière » de sociétés et d’ordres sociaux différents, ces
travaux, comme ceux, précurseurs en Europe, d’Armelle Andro, nous
permettent de sortir des cadres faciles d’analyse en termes soit
d’émancipation, soit de domination. Ce qui se joue s’avère bien plus
complexe dès lors qu’on s’intéresse aux parcours des femmes qui accèdent
à une réparation clitoridienne qu’elles ont souhaitée, qu’on étudie dans le
détail les transformations des valeurs et des comportements des aînées
(mères et sœurs) à l’endroit de l’excision des plus jeunes. Les « capacités
d’agir », de s’opposer, de définir un autre rapport à la sexualité ou de
transgresser et transformer les rapports de genre se dessinent de façon
contrastée et dynamique. Et elles passent pour les femmes nées ailleurs ou
ici par le rapport à l’ordre biomédical et l’instrumentation possible de la
biomédecine. Pas plus pour ces femmes que pour toutes les autres, la
question n’est alors résolue de ce que l’offre médicale ouvre en termes
d’opportunités ou clôt en termes de prescriptions normatives et sociales. Ce
qui est certain, cependant, c’est qu’un espace de redéfinition des possibles
s’ouvre pour elles, et qu’elles sont de leur temps quand elles s’en saisissent.
3
Clito-today :
clitartefact,
clito straight,
lesbien ou queer ?
« Notre inquiétude, c’est d’opérer des gens qui n’en
n’ont pas besoin, voilà »
105
À propos de la nymphoplastie, Chirurgien, 2016
27 Laqueur Thomas, Le sexe en solitaire : contribution à une histoire culturelle de la sexualité, Paris, Gallimard, 2005.
28 Brown Baker Isaac, On the Curatibility of Certain Forms of Insanity, Epilepsy, Catalepsy, and Hysteria in Females, Londres,
Hardwicke, 1866, pp. 17-18.
29 Deslandes Léopold, De l’onanisme et des autres abus vénériens considérés dans leur rapport à la santé, Paris, Lelarge, 1835,
pp. 430-431.
30 Rapport daté de 1867 cité in Scull Andrew, Favreau Diane, « Médecine de la folie… » art. cit.
31 Ullerspreger Dr, « De la clitoredectomie comme traitement de l’hystérie », op. cit.
32 Chaperon Sylvie, Les Origines de la sexologie (1850-1900), op.cit.
33 Rodriguez Sarah W., « Rethinking the History of Female Circumcision and Clitoridectomy : American Medicine and Female
Sexuality in the Late Nineteenth Century », Journal of the History of Medicine and allied Sciences, Vol. 63, n° 3, 2007, pp. 324
- 347.
34 Chaperon Sylvie, Les Origines de la sexologie (1850-1900), Villeneuve d’Asq, Audibert, 2007.
35 De Ganck Julie-Tommy, « Cultiver la différence, histoire du développement de la gynécologie à Bruxelles », thèse de doctorat
en histoire, Université Libre de Bruxelles, 2016.
36 Garnault Diane, « Le ventre des femmes entre guerre et soin : les enjeux fantasmatiques de la gynécologie envisagés à partir de
la transplantation d’utérus », Thèse de doctorat en psychanalyse, Université Paris Sorbonne Cité, 2015.
37 Maines Rachel, Technologie de l’orgasme. Le vibromasseur, « l’hystérie » et la satisfaction sexuelle des femmes, Petite
bibliothèque Payot, Paris, 2012.
38 Freud Sigmund, « 20e Leçon. La vie sexuelle de l’être humain », Leçons d’introduction à la psychanalyse. Presses
Universitaires de France, 2013 (1922), pp. 313-329.
39 Ibid.
40 Laqueur Thomas, Le Sexe en solitaire…, op. cit., p. 17.
41 Irigaray Luce, « Psychanalyse et sexualité des femmes », Les Cahiers du GRIF, n° 3, 1974, pp. 51-63.
42 Horney Karen, La Psychologie de la femme, Payot, édit., Paris, coll. « Bibliothèque scientifique », 1971 (1926), p. 83.
43 Bonaparte Marie, « Notes sur l’excision », Revue Française de psychanalyse, XII, 2, 1948, pp. 213-232.
44 Irigaray Luce, « Psychanalyse et sexualité des femmes », art. cit.
45 Fouque Antoinette, « Qu’est-ce qu’une femme ? », in Fouque Antoinette (dir.), Génération MLF, Des femmes, Paris, 2008, pp.
15-28.
46 Wittig Monique, « On ne naît pas femme », La pensée straight, Paris, Balland, 2001, p. 87.
47 Rich Adrienne, La Contrainte à l’hétérosexualité et autres essais, Genève et Lausanne, Éditions Mamamélis et NQF, (1980)
2010.
48 De Lauretis Teresa, Theorie Queer et cultures populaires de Foucault à Cronenberg, Paris, La Dispute, 2007.
49 Molinier Pascale, « Pénis de tête ou comment la masculinité devient sublime aux filles », Cahiers du Genre, 2008/2 n° 45, pp.
153 à 176.
50 Koedt Anne, « The Myth of the Vaginal Orgasm » in Liberation Now, Notes from the Second Year, New-York, Radical
Feminists, 1970, pp 37-41 : en français in « Le mythe de l’orgasme vaginal », Partisans, Libération des femmes, Année Zéro.
51 Reich Wilhelm, Die Funktion des Orgasmus: Zur Psychopathologie und zur Soziologie des Geschlechtslebens, Wien,
Internationaler Psychoanalytischer Verlag, 1927 ; Kinsey Alfred C., Sexual Behavior in the Human Male, Philadelphia,
Saunders, 1948.
52 Gardey Delphine et Hasdeu Iulia, « Cet obscur objet du désir. Médicaliser les troubles de la sexualité féminine en Occident »,
Travail, Genre et Sociétés, n° 34, 2015, pp. 73-92.
53 Gardey Delphine, « Masters of Sex. Sciences, orgasme et société dans l’Amérique de la guerre froide », in Bréro Thalia et
Farré Sébastien (dir.), The Historians. Les séries décryptées par les historiens, Georg éditeurs, Genève, 2017, pp. 115-138.
54 Masters, William H., Virginia E. Johnson. Human Sexual Response, Toronto-New-York, Bantam Books, 1966.
55 Alfred C. Kinsey, Pomeroy Wardwell B, Martin Clyde E., and Gebhard Paul H., Sexual behavior in the human female,
Philadelphia, Saunders, I953.
56 Koedt Anne, « The Myth of the Vaginal Orgasm » op. cit.
57 Löwy Ilana, « Le féminisme a-t-il changé la recherche biomédicale ? Le Women Health Movement et les transformations de la
médecine aux États-Unis », Travail, genre et sociétés, vol. nº 14, nº 2, 2005, pp. 89-108.
58 Our Bodies Ourselves, New York, Simon & Schuster, 1971 ; The New Our Bodies, Ourselves : A Book by and for Women, New
York, Simon & Schuster, 1984 et A New View of a Woman’s Body, New York, Simon & Schuster, 1981.
59 Ibid.
60 Dickinson Robert Latou, A topographical Hand Atlas: Human Sex Anatomy (1932), Baltimore, Williams & Wilkins, 1949.
61 A New View of a Woman’s Body, op.cit.
62 Larousse Pierre, Grand dictionnaire universel du xixe siècle, T. VIII, Paris, 1872, p. 203.
63 Cuvier Georges, Extrait d’observations faites sur le cadavre d’une femme connue à Paris et à Londres sous le nom de Vénus
Hottentote, Mémoires du Muséum, T. III, 1817.
64 Ibid.
65 Ibid.
66 Ibid.
67 Merchant Carolyn, The Death of Nature ; Woman, Ecology and The Scientific Revolution, New York, Paperback, 1980 ;
Haraway Donna, Manifeste Cyborg et autres essais…, op. cit.
68 Pestre Dominique (dir.), Histoire des sciences et des savoirs, volume 2 et 3, Paris, Seuil, 2015.
69 Le Vaillant François, Voyage de F. Le Vaillant dans l’intérieur de l’Afrique par le Cap de Bonne Espérance dans les années
1780, 81, 82, 83, 84 et 85, Tome 2, Lausanne, Chez Mourer, 1790, p. 255.
70 Cuvier Georges, Extrait d’observations faites… op. cit.
71 Raoul-Clair-Joseph Gaillard, « Étude sur les lacustres du Bas-Dahomey », L’Antropologie, T. 18, Paris, Masson et Cie, 1907.
72 Villeneuve Annie (de), « Étude sur une coutume Somalie : les femmes cousues », Journal de la Société des Africanistes, tome
7, 1937, pp. 15-32
73 Ibid., p. 28.
74 Chéron Georges, « La circoncision et l’excision chez les Malinké », Journal de la Société des Africanistes, 1933, tome 3,
fascicule 2, pp. 297-303.
75 Sindzingre Nicole, « Un Excès par défaut : excision et représentations de la féminité », L’Homme, 1979, tome 19, n° 3-4 ; « Le
plus et le moins : à propos de l’excision », Cahiers d’Études Africaines, Vol. 17, Cahier 65, 1977, pp. 65-75.
76 Couchard Françoise, L’Excision, Que sais-je ? Paris, PUF, 2003.
77 Fainzang Sylvie, « Circoncision, excision et rapports de domination », Anthropologie et Société, vol. 9, n° 1, 1985, pp 117-127.
78 Soheir A. Morsy, « Safeguarding Women’s Bodies: The White Man’s Burden Medicalized », Medical Anthropology Quarterly,
New Series, Vol. 5, Nº 1, 1991, pp. 19-23.
79 Gordon, Daniel, « Female Circumcision and Genital Operations in Egypt and the Sudan: A Dilemma for Medical
Anthropology », Medical Anthropology Quarterly, 5 (1), pp. 3-14.
80 Saïd Edward W., L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Points, 2015.
81 Dorlin Elsa, La Matrice de la race. Généalogie sexuelle et coloniale de la Nation française, Paris, La Découverte, 2009.
82 Blanchard Pascal, Bancel Nicolas, Boëtsch Gilles, Thomas Dominic, Taraud Christelle, Sexe, race & colonies. La domination
des corps du xve siècle à nos jours, Paris, La Découverte, 2019.
83 Peiretti-Courtis Delphine, « Quand le sexe incarne la race : le corps noir dans l’imaginaire médical français (1800-1950) », Les
Cahiers de Framespa, 22 | 2016, http://journals.openedition.org/framespa/4021.
84 Burton Antoinette, Burdens of History…, op.cit.
85 Ibid.
86 Groult Benoîte, Ainsi soit-elle, Paris, Grasset, 1975.
87 « En finir avec l’innocence », Entretien croisé entre Isabelle Stengers et Donna Haraway in Dorlin Elsa et Rodriguez Eva (dir.),
Penser avec Donna Haraway, Paris, Puf, 2012.
88 Haraway Donna, Manifeste cyborg et autres essais. Sciences, fictions, féminismes, Paris, Exils, 2007.
89 « Aspects épistémologiques, théoriques et culturels de la recherche sur le genre en Afrique » interview de Maréma Touré
Thiam, Présence Africaine, vol. 197, nº 1, 2018, pp. 313-336.
90 Adrienne Rich, “Notes Towards a Politics of Location”, in Reina Lewis & Sara Mills (dir.), Feminist Postcolonial Theory : A
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91 Spivak Gayatri Chakravarty, Les Subalternes peuvent-elles parler ?, Paris, Amsterdam, 2009 (1988) ; Chandra Talpade
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92 Hay Margaret Jean, « Reviewed Work: The Hosken Report: Genital and Sexual Mutilation of Females by Fran P. Hosken »,
The International Journal of African Historical Studies, Vol. 14, No. 3,1981, pp. 523-526.
93 Hosken Fran P. The Hosken Report: Genital and Sexual mutilation of Females, Lexington, Women’s International Network
News, 1979.
94 Hay Margaret Jean, Reviewed Work: The Hosken Report…, op. cit.
95 Andro Armelle et Lesclingand Marie, « Les mutilations génitales féminines. État des lieux et des connaissances », Population,
71, 2, 2016, pp. 224-311.
96 Villani Michela, Médecine, sexualité et excision, Sociologie de la réparation clitoridienne chez les femmes issues des
migrations d’Afrique sub-saharienne, Thèse de Doctorat de sociologie, EHESS, Paris, 2012.
97 Thiam Awa, La Parole aux négresses, Paris, Denoël-Gauthier, 1978 ; El Saadawi Nawal, The Hidden face of Eva, London, Zed
Press, 1980 ; Accad Evelyn, L’Excisée, Paris, L’harmattan, 1982.
98 Parole recueillie in Villani Michela, Médecine, sexualité et excision, Sociologie…, op. cit. ; p. 341 et sq.
99 Debonneville Julien, Les Écoles de la servitude aux Philippines : des carrières migratoires de travailleuses domestiques aux
processus d’altérisation. Pour une approche socio-anthropologique des études postcoloniales, Doctorat en études genre,
Université de Genève, 2016.
100 Guénif-Souilamas, Nacira. « L’altérité de l’intérieur », Marie-Claude Smouts (dir.), La Situation postcoloniale. Les
postcolonial studies dans le débat français. Presses de Sciences Po, 2007, pp. 344-352.
101 La France ne possède pas de législation concernant spécifiquement l’excision, mais punit celle-ci en tant qu’elle constitue une
mutilation, et par conséquent un crime.
102 En droit français : l’excision n’est pas nommée : les normes déjà existantes dans le code pénal telles que « infraction à la
personne, acte de torture et barbarie, violence ayant entrainé la mort sans intention de la donner » sont appliquées.
103 Foldès Pierre et Sylvestre Louis, « Results of surgical clitoral repair after ritual excision : 453 cases », Gynécologie,
obstétrique & fertilité, 2006, Dec, 34(12), 2006, 1137-1141 ; Foldès Pierre, Andro Armelle, Cuzin Béatrice, « Surgery after
female genital mutilation: a prospective cohort study », Lancet. 2012 Jul 14, 380 (9837).
104 Villani Michela, Médecine, sexualité et excision, Sociologie…, op. cit.
105 Parole recueillie in Martin Hélène, Bendjama Rebecca et Bessette-Viens Raphaëlle « Adapter le sexe au bien-être. La
chirurgie esthétique des organes génitaux féminins », in Gardey Delphine et Vuille Marilène, Les Sciences du désir. La sexualité
féminine de la psychanalyse aux neurosciences, Lhormont, Le Bord de l’Eau, 2018, pp. 213-228.
106 Vuille Marilène, « De nouvelles sciences pour de nouveaux problèmes ? La biomédicalisation de la sexualité féminine depuis
les années 1980 » in Gardey Delphine et Vuille Marilène (dir.) Les Sciences du désir…, op.cit., pp. 89-106.
107 Fishman Jennifer R., « Manufacturing Desire », Social Studies of Sciences, vol. 34, 2004, p. 187-218.
108 Giami Alain, « Santé sexuelle : la médicalisation de la sexualité et du bien-être », Le Journal des Psychologues, vol. 250,
n° 7, 2007, pp. 56-60.
109 Preciado Beatriz, Testo Junkie. Sexe, drogue et biopolitique, Paris, Grasset, 2008, p. 31.
110 Martin Hélène, Bendjama Rebecca et Bessette-Viens Raphaëlle, « Adapter le sexe au bien-être. La chirurgie esthétique des
organes génitaux féminins », in Gardey Delphine et Vuille Marilène, Les Sciences du désir. op.cit. pp. 213-228.
111 Sara Piazza, « La nymphoplastie – Nouvelle modalité de l’insupportable du sexe féminin », Recherches en Psychanalyse [En
ligne], 17|2014, mis en ligne le 20 juin 2014 ; Piazza Sara, « Images et normes du sexe féminin : un effet du contemporain ? »,
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112 Lesclingand Marie, Les Pratiques de mutilation génitales féminines entre condamnation et valorisation, prépublication,
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02110298
113 Martin Hélène, Hertz Ellen, Rey Séverine, « Une disgrâce commune. Pour une anthropologie symétrique des pratiques de
marquage du sexe », Daniela Cerqui (dir.), Mélanges en l’honneur de Mondher Kilani. BSN Press, 2015, pp. 103-122.
114 Lesclingand Marie, Les Pratiques de mutilation génitales… ibid.
115 Bader Dina, « Nationalisme sexuel : le cas de l’excision et de la chirurgie esthétique génitale dans les discours d’experts en
Suisse », Swiss Journal of Sociology, 42 (3), 2016, pp. 573-591.
116 O’Connell Helen et alii, « Anatomical relationship between urethra and clitoris », The Journal of Urology, 1998, 159, pp,
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117 Tuana Nancy, « Coming to understand: Orgasm and the Epistemology of Ignorance », Hipatia, 2004, 19, pp. 194-232.
118 Moore Lisa Jean et Clarke Adele E., « Clitoral Conventions and Transgressions: Graphic Representations in Anatomy Texts,
1900-1991 », Feminist Studies, Vol. 21, 2, 1995, pp. 255-301.
119 Lloyd Elisabeth A., The Case of the Female Orgasm. Bias in the Science of Evolution, Harvard University Press, 2005.
120 Basson Rosemary et al., « Report of the International Consensus Development Conference on Female Sexual Dysfunction :
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121 Marilène Vuille, « Le désir sexuel des femmes, du DSM à la nouvelle médecine sexuelle », Genre, sexualité & société [En
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122 Cencin Alessandra, (Mé)connaissance du clitoris. Dynamique contemporaine du dévoilement anatomique, maîtrise en Études
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123 O’Connell Helen, Hutson John et al., « Anatomical relationship between urethra and clitoris », The Journal of Urology, Vol.
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124 http://allodoxia.odilefillod.fr/ https://odilefillod.wixsite.com/clitoris
125 Buisson Odile, Foldès Pierre, Jannini Emmanuele & Mimoun Sylvain, « Coitus as revealed by ultrasound in one volunteer
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126 https://www.sophiawallace.art/cliteracy-100-natural-laws
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https://transhackfeminist.noblogs.org/post/2014/07/29/transhackfeminist-manifesto/
128 Haraway Donna, Manifeste cyborg et autres essais…, op.cit.
129 Karkazis Katrina, Fixing Sex : Intersex, Medical Authority, and Lived Experience, 2008, Durham, Duke University, p. 203.
130 Kraus Cynthia, « La bicatégorisation par sexe à l’épreuve de la science. Le cas des recherches en biologie sur la détermination
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131 Dreger Alice, Hermarphrodites and the Medical Invention of Sex, op.cit.
132 Löwy Illana, « Intersexe et transsexualités : Les technologies de la médecine et la séparation du sexe biologique du sexe
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133 Révenin Régis, « Conceptions et théories savantes de l’homosexualité masculine en France de la Monarchie de Juillet à la
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134 Goldschmidt Richard, « Intersexuality and the Endocrine Aspect of Sex », Endocrinology 1 (4), 1917 ; pp 433-456.
135 Hirschfeld Magnus, Le Troisième sexe. Les homosexuels de Berlin, Paris, Librairie médicale et scientifique Jules Rousset,
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136 Tamagne Florence, « L’identité lesbienne : une construction différée et différenciée », Cahiers d’histoire, 84, 2001, pp. 45-57.
137 Terry Jennifer, « The Lesbians under the Medical Gaze : Scientists Search for Remarkable Differences », The Journal of Sex
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138 Löwy Ilana, « Intersexe et transsexualités : Les technologies de la médecine et la séparation du sexe biologique du sexe
social », Cahiers du Genre, 2003/1 (n° 34), p. 81-104.
139 Oudshoorn Nelly, Beyond the Natural Body : Archeology of Sex Hormons, London, Routledge, 1994.
140 Transsexualité est le terme retenu ici car il correspond au vocabulaire et aux conceptions de l’époque. Hausman Bernice,
Changing Sex, Tanssexualism, Technology and the Idea of Gender, Durham-Londres, Duke University Press, 1995.
141 Elbe Lili, Man into Woman, The first Sex Change, 1933, reed. Blue Boat Books, 2004.
142 Stoller Robert, Sex and Gender, New York, Science House, 1968 ; Chiland Colette, Robert Jesse Stoller, Paris, Puf, 2003.
143 Kessler Suzanne, “The Medical Construction of Gender: Case Management of Intersexed Infants”, Signs, Vol. 16, 1, Autumn,
1990, pp. 3-26.
144 Marignier Noémie, Les Matérialités discursives du sexe. La construction et la déstabilisation des évidences du genre dans les
discours sur les sexes atypiques, Thèse en sciences du langage, Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité, 2 volumes,
novembre 2016.
145 Ibid.
146 Beaubatie Emmanuel, Transfuges de sexe. Genre, santé et sexualité dans les parcours d’hommes et de femmes trans’ en
France, Thèse de sociologie, EHESS, Paris, 2017.
147 Butler Judith, Trouble dans le genre. Le féminisme et la subvention de l’identité, Paris, La Découverte, 2005 (1990), p. 228.
148 Haraway Donna, How like a Leaf. An interview with Thyrza Nichols Goodeve. London & New York, Routledge, 1999, p. 24
149 Wittig Monique, « On ne naît pas femme », La Pensée straigth, Ballard, Paris, 2001.
150 Irigaray Luce. « Ce sexe qui n’en est pas un », Les Cahiers du GRIF, n° 5, 1974, pp. 54-58.
151 Ibid., p. 56.
152 Wittig Monique, « On ne naît pas femme »…, op. cit.
153 Chloé Jacquesson, « « Sautant en mille morceaux sans pouvoir m/e disjoindre complètement » : sur quelques effets
d’illisibilité dans Le Corps lesbien de Monique Wittig », Fabula-LhT, n° 16, « Crises de lisibilité », janvier 2016, URL :
http://www.fabula.org/lht/16 /jacquesson.html.
154 Teresa de Lauretis, « Quand les lesbiennes n’étaient pas des femmes : sur la portée épistémologique de La Pensée straight et
du Corps lesbien des années 1980 à nos jours », dans Marie-Hélène Bourcier et Suzette Robichon (dir.), Parce que les
lesbiennes ne sont pas des femmes, op. cit., p. 52.
155 Natacha Chetcuti, « Monique Wittig et Judith Butler : du Corps lesbien au phallus lesbien », dans Benoît Auclerc et Yannick
Chevalier (dir.), Lire Monique Wittig aujourd’hui, op. cit., p. 54.
156 Kosofsky Sedgwick Eve, « Jane Austen and the Masturbating Girl », Critical Inquiry, Vol. 17, No. 4 (Summer, 1991), pp.
818-837.
157 Lorde Audre, « De l’usage de l’érotisme. L’érotisme comme puissance », (1978), Sister Outsider. Essais et propos d’Audre
Lorde, Editions Mamamélis, Carouge, 2003, pp. 55-62.
158 Rich Adrienne, « La contrainte à l’hétérosexualité et l›existence lesbienne », Nouvelles Questions Féministes, n° 1,
mars 1981, pp. 15-43.
159 Lorde Audre, « De l’usage de l’érotisme… », art. cit., p. 56.
160 Ibid., p. 61.
161 Rich Adrienne, « La contrainte à l’hétérosexualite », art. cit., p. 39.
162 Lorde Audre, « De l’usage de l’érotisme. », art. cit.
163 Butler Judith, Trouble dans le genre… op. cit., p. 253.
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