Vous êtes sur la page 1sur 296

#ST# LVIIe année. Vol. II.

N° 13 22 mars 1905

#ST# Message
du

Conseil fédéral à l'Assemblée fédérale


concernant
le projet de loi
destiné à compléter le projet de Code civil suisse
(droit des obligations et titre final).
(Du 3 mars 1905.)

Monsieur le président et messieurs,


Notre message, du 28 mai 1904, concernant le projet de
Code civil suisse vous annonçait qu'un projet complémentaire, ren-
fermant le droit des obligations ainsi que des dispositions finales
et transitoires, vous serait soumis le plus tôt possible et qu'il serait
accompagné d'un message spécial. Nous avons l'honneur de déposer
ces documents, en allemand et en français, sur le bureau des
Chambres- Quant au mode des délibérations, nous nous bornons à
rappeler ce que nous avons dit à ce sujet dans notre message pré-
cité du 28 mai 1904.
Le Code fédéral des obligations, du 14 juin 1881, a unifié
une portion considérable du droit civil ; aussi la doctrine et la lé-
gislation l'ont-elles constammment traité, depuis son entrée en vi-
gueur, comme une partie détachée de l'ensemble du droit privé. Il
est vrai que l'art. 64 de la Constitution de 1874 forçait le légis-
Feuille fédérale suisse. Année LVII. Vol. II. 1
lateur fédéral à régler la matière des obligations dans une loi spé-
ciale, avec laquelle les cantons durent faire concorder ce qui leur
restait de droit civil. MHÌS la revision constitutionnelle du 13 no-
Tembre 1898 ayant rendu possible la codification générale du droit
privé, il est nécessaire d'envisager à nouveau le problème du droit
des obligations ; et cela pour bien des raisons. Non seulement il
existe une connexité étroite entre le droit de^ obligaions et celui de
la famille, des succès-ions ou des cho-es, tant et si bien que l'on
ne peut introduire de changements ici sans en tenir compte là,
mais le caractère de loi spéciale que dut revêtir le Code de 1881
ne permit pas d'organiser certaines institutions juridiques d'une
manière assez complète ; il fallut, en outre, aborder des points qui
ne rentrent pas, en réalité, dans le droit des obligations et qui,
maintenant, doivent être fixés où il convient qu'ils le soient : c'est
le cas, notamment, pour IV-quisition de la propriété mobilière,
pour la capacité de contracter en général et, en particulier, pour
la capacité de s'obliger des mineurs, des interdits ou des femmes
mariées (art. 34, 35 G. 0.)
On s'est demandé d'ailleurs, en préparant le projet de Code
civil suisse, ce qu'il adviendrait du Code des obligations et com-
ment celui-ci pourrait être adapté au premier, ou y être incorporò.
Déjà dans notre Questionnaire de 1S93, nous avions touché ce point.
Le Co'le de 1881 serait-il maintenu comme loi spéciale? Ne
formerait-il plus qu'une partie du futur Code civil ? C'est dans le
sens de cette dernière alternative que se prononcèrent les cantons
de Zurich, Schaff uve, Nidwald, St-Gall et Genève ; le Tribunal
féilerai aboutit aux mêmes conclusions dans son mémoire du
31 octobre 1894.
Après l'a'ibèvempnt des travaux préparatoires de l'avant-projet
départemental, plusieurs jurisconsultes furent priés (office du 5 jan-
vier 1900) de fournir au Département fédéral de Justice et Police
des préavis sur le même sujet. Des mémoires lui furent adres-
sés par MM. Alfred Martin, professeur à Genève, F Mfui, profes-
seur à Zurich, H. Oser, professeur à Frihourg, V. Rössel, profes-
seur à Berne, A. Schneider, professeur à Zurich, Ch. Soldan, juge
fédéral à Lausanne. M Alb. Gampert, notaire à Genève, lui com-
muniqua de plus une étude relative a la réforme de notre législa-
tion sur les sociétés anonymes.
La Société des juristes suisses discuta la même question, dans
son assemblée annuelle, le 27 août 1900. Les débats furent pré-
cédés par la publication de deux rapports très complets, dus l'un
à M. L. Grenier, professeur à Lausanne, l'autre à M. le D r Janqgen,
avocat à St-oall. La même association fit en 1904, de la révision
du régime légal des sociétés anonymes et de la réforme du droit
de change, l'objet de ses délibérations ; MM. Rehfous, professeur à
Genève, von Waldkirch, directeur à Zurich, d'une part, et MM. G.
Wieland, professeur à Bàie, D r Serta, à St-Gall, E. Béguelin,
professeur à Neuchâtel, de l'autre, présentèrent des mémoires, qui
furent publiés, sur ces deux problèmes législatifs.
En outre, le Département fédéral de Justice et Police chargea,
dans le courant du mois de mai 1901, nne commission spéciale de
s'occuper à la fuis des travaux d'adaptation du droit des obligations
au Code civil suisse et de l'examen d'un avant-projet portant sur
les dispositions finales et transitoires. Cette commission fut com-
posée de MM. Alfred Martin, professeur à Genève, F. Meui, pro-
fesseur à Zurich, H. Oser, professeur à Frihourg, A. Reichet, pro-
fesseur et chef du service de législation au département, à Berne,
V. Rössel, professeur à Berne, E. Ro1t, juge fédéral à Lausanne,
A. Schneider, professeur à Zurich, Hans Weber, juge fédéral à
Lausanne. M. Schneider est décédé depuis lors ; MM. Meili, Hott
et Weber, de même que M. le professeur E. Roguin, à Lausanne,
au concours duquel on avait fait appel aussi, furent empêchés, pour
des causes diverses, d'assister aux séances de la Commission. Celle-ci
se composa, en définitive, de:
MM. Buhlmann, député au Conseil national, à Grosshöchstetten ;
Dr G-rerder, professeur à Lausanne;
Dr A. Hoffmann, député au Conseil des Etats, à St-Gall ;.
Isltr, député au Conseil des Etats, à Aarau ;
Dr A. Martin, professeur à Genève ;
Dr H. Oser, professeur à Fribourg ;
A. Eeichei, professeur à Berne ;
Dr V. Rössel, professeur à Berne.
Elle se réunit à Langenthal, sous la présidence de M. le con-
seiller fédéral Brenner, chef du Département de Justice et Politce
le 19 septembre 1904. La revision et l'adaptation du Code de 1881,
de même que le texte des dispositions finales et transitoires, furen
discutés par la commission jusqu'au 7 octobre suivant. Deux avant-
projets et un exposé des motifs lui furent soumis ; ces documents
avaient été rédigés par M. le professeur Eug. Huber, qui fonc-
tionna en qualité de rapporteur. Le protocole de la Commission fut
tenu tout d'abord par M. A. Krentel, avocat à Berne, puis, dès le
28 septembre, par M. E. Reichel, juge d'appel, à Langentbal.
I. Le Code fédéral des obligations,
son adaptation au Code civil suisse et sa révision.
Nous vous proposons de ne pas laisser subsister le Code fédé-
ral de 1881, comme loi spéciale, à côté du Code civil, mais bien
de l'incorporer dans ce dernier, dont il formera le livre cinquième.
Cette solution a été préconisée dans les mémoires, auxquels nous
avons fait allusion, des gouvernements de Zurich, Schaffouse,
St-Gall, Genève, dans celui du Tribunal fédérai, dans ceux des
experts dénommés plus haut ; la Société des juristes suisses n'est
pas arrivée à un autre résultat dans son assemblée annuelle de
1900 et la Commission réunie à Langentbal s'est déclarée, par un
vote unanime, favorable à la mSme idée. On a essentiellement invo-
qué l'argument suivant : la codification du droit civil serait par
trop incomplète, si elle ne comprenait pas aussi le droit des obli-
gations. C'est ce que le Tribunal fédéral exposait en ces termes,
dans son rapport du 3l octobre 1894 : « Le peuple suisse veut un
Code unique, embrassant toutes les matières du droit civil; il en-
tend que cette loi soit rédigée de telle sorte qu'il puisse se familia-
riser avec tout l'ensemble d'institutions juridiques qui doit néces-
sairement entrer dans une oeuvre de cette envergure ; il ne s'accom-
modera jamais d'une législation fragmentaire et dispersée, dans le
dédale de laquelle les hommes de loi eux-mêmes auraient, peine à
se reconnaître, et qui créerait une confusion plus ou moins inex-
tricable au lieu de la sécurité du droit et des transactions. »
Mais la revision du droit des obligations est la conséquence
inévitable de l'incorporation du Code de 1881 dans le Code civil
suisse. On peut concevoir très différemment l'étendue même de
cette revision. Tout d'abord, il est absolument impossible de ne
pas établir une certaine conformité entre la langue du Code fédéral
des obligations et celle da Code civil ; puis l'emploi de notes margi-
nales entraînera quelques remaniements dans l'ordre des articles.
Nous devons toutefois, à cet égard, ne point nous départir d'une
grande réserve, afin de ne pas compromettre l'utilité future de la
jurisprudence et de la doctrine suscitées par l'application de la légis-
lation actuelle.
Ensuite, nous ne pouvons nous dispenser de renvoyer au droit
des choses, au droit des personnes ou de famille, certaines matières
régies aujourd'hui par le droit des obligations. On les retrouvera,
dans le Code civil, à la place qui leur est naturellement assignée.
Enfin, des modifications de fond et des adjonctions assez nom-
breuses s'imposent au légis ateur.
Ainsi, l'on ne voit pas pourquoi, dans un droit civil unifié,
la vente immobilière et les donations seraient distraites du droit des
J
obligations. Sans doute leur connexité avec le régime foncier ou
les successions avait permis jusqu'ici de les abandonner au droit
cantonal ; mais il est évident que, dans une codification intégrale,
elles ne peuvent être détachées du droit des obligations.
Il y a plus. Pouvions-nous ne pas profiter de l'occasion qui
s'offrait à nous d'entreprendre une revision matérielle du Code fé-
déral ? Il n'est pas en vigueur depuis de longues années, c'est vrai.
Mais le Code civil allemand a rajeuni le droit des obligations dans
une mesure telle, que son influence s'exercera infailliblement sur la
jurisprudence et la doctrine. Notre Code de 1881 repose en grande
partie sur le Projet de Dresde de 1866, que l'on peut considérer
comme une source du Bürgerliches Gesetzbuch. Le Projet de Dresde a
été très sensiblement amélioré au cours des travaux de la codification
allemande et nous ne pourrions plus, à cette heure, le prendre pour
modèle -, nous puiserions plutôt dans la législation civile actuelle
de l'Allemagne, si nous songions à nous approprier, pour notre
droit des obligations, les résultats de la science moderne. On pour-
rait donc, en s'appuyant sur le droit des obligations du Code al-
lemand, tirer parti de ses innovations heureuses et rejeter tout ce
que l'expérience a déjà condamné. Nous ne l'avons pas fait, car
ce serait bouleverser sans raisons suffisantes des institutions qui
sont devenues populaires. Le Code civil allemand est de date trop
récente, la jurisprudence et la doctrine qui l'ont appliqué ou com-
menté sont encore trop livrées aux tâtonnements inévitables des
débuts, pour qu'une imitation de ce Code puisse être conseillée.
Si l'on a fait et s'il était recommandable de faire, en 1881, pour
le droit commercial des obligations, des emprunts à la législation
de l'Allemagne, nous n'en aurions pas moins tort de nous lancer
aujourd'hui dans la voie de l'imitation pure et simple.
Dans ces conditions, et même en procédant à une re vision
du droit des obligations, nous avons estimé qu'il était préférable
de n'en pas entreprendre la refonte totale et de nous résigner
à ses imperfections les moins graves, celles-ci étant d'ailleurs
atténuées par l'ordre des matières fort judicieux et la langue très
claire du Code de 1881. Des modifications de fond et des ad-
jonctions ne seront proposées que sur les points où l'urgence d'une
revision est incontestable. C'est le cas, en particulier, pour la
reprise de dette (Schuldübernahme), qui est passée sous silence dans
le Code des obligations, mais qui constituera l'un des compléments
indispensables du régime adopté, dans le Code civil, pour le gage im-
mobilier. C'est également le cas pour le louage de services, qui, de
l'aveu général, est réglé de façon trop sommaire dans notre droit
actuel. Nous nous bornons à citer ces deux exemples. En ré-
sumé, nous sommes partis de ce principe, pour les modifications de
forme comme pour celles de fond : le Code de 1881 sera incorporé
tel quel dans le Code civil suisse, saut' à le remanier quand cela
paraîtra nécessaire, ou du moins très désirable, à la lumière des
expériences faites jusqu'à ce jour.
Une dernière question se posait. Devions-nous incorporer tout
le droit des obligations actuel (à l'exception des matières réglées
désormais à une autre plate) dans le Code civil, ou convenait-il
d'en distraire certaines parties, notamment celles de droit commer-
cial ? Ce n'est qu'après mûre réflexion que l'on s'est décidé, en
1881, à faire abstraction d'un Code de commerce proprement dit.
Il serait prématuré de changer de système à cette heure, d'autant
plus que des motifs sérieux peuvent être invoqués à l'appui de la
solution consacrée il y a quelque vingt ans et que cette solution
n'a pas présenté de véritables inconvénients. On a pu constater
que les transactions n'étiient nullement entravées par les ins-
titutions de droit commercial, et que la législation y gagnait
en simplicité tout en nous épargnant les controverses qui se rat-
tachent à la définition des actes de commerce. Dans son mémoire
déjà cité, le Tribunal fédéral s'est prononcé aussi pour le maintien
de l'état de choses créé en 1881, et, dans les préavis des experts
que nous avons consultés, nous voyons que personne n'a plaidé la
cause de l'élaboration d'un Code de commerce distinct à l'exemple
de la France ou de l'Allemagne. Néanmoins, il importait de recher-
cher si l'une ou l'autre des matières aujourd'hui régies par le Code
fédéral des obligations ne devaient pas ótre abandonnées à la légis-
lation spéciale.
Il est une série de matières, effectivement, qui se rattachent au
droit des obligations, mais qu'il y a lieu de traiter duns des lois par-
ticulières, soit parce qu'on l'a toujours fait, soit parce que, rentrant
plus ou moins dans le droit public, elles appellent une réglemen-
tation administrative assez intense. La législation fédérale nous offre
plusieurs exemples à l'appui de cette méthode. Il nous suffira de
mentionner ici nos lois sur les marques de fabrique, les brevets
d'invention, le droit d'auteur, la responsabilité des fabricants et
des entreprises de transport, et d'autres encore, sans parler de li
loi future sur le contrat d'assurance. Toutes ces lois spéciales sub-
sisteraient, à côté du droit des obligations, même si nous n'étions
pas en train de procéder à une codification intégrale de notre droit
privé, et elles seront naturellement maintenues comme telles après
l'incorporation du Code de 1801 dans notre Code civil suisse. Si
maintenant l'on se rend compte du caractère de ces lois, et
si l'on parcourt les divers titres de notre droit des obligations,
il n'est guère possible de ne pas reconnaître que quelques-uns de
ces titres au moins, en raison même de leur objet, rentrent plutôt
dans la législition spéciale; de là, pour nous, un motif d'examiner
ce qu'il convient de faire dans ce domaine, puisque nous revisons
notre droit des obligations et que nous allons l'introduire dans le
Code civil. La question d'un renvoi à la législation spéciale a été
tranchée affirmativement par la grande majorité de la Société des
juristes suisses, sur la proposition, de ses rapporteurs. Quelques-uns
des experts consultés par le Dépirtement de Justice et Police sont
arrivés aux mêmes conclusions, tout en différant sur l'étendue des ma-
tières qu'on pouvait renvoyer à des lois particulières. Le critère adopté
est le suivant : la législation spéciale doit être préférée pour toutes les
institutions juridiques soumises à des remaniements fréquents, de même
que pour celles qui exigent tout un appareil de prescriptions dé-
taillées, — prescriptions qui peuvent intéresser les hommes de loi,
mais qui sont assez indifférentes au public. En conséquence, les rap-
porteurs de la Société des juristes suisses ont demandé qu'on exclût
de la codification tout ce qui a trait aux sociétés commerciales, notam-
ment aux sociétés anonymes et aux associations, ainsi que le droit de
change et les dispositions concernant les papiers-valeurs. Toutefois, en
opérant ces éliminations, il ne faut pas perdre de vue qu'elles sont en
définitive contradictoires à l'œuvre même de la codification. Elles ne
se justifient qu'exceptionnellement et il est prudent de rejeter toutes
celles qui ne sont pas indiscutables. En incorporant le droit des obli-
gations dans le Code civil, on n'en éliminera dès lors que les matières
qui, de par leur nature et de par l'instabilité de leur réglementation,
ne peuvent y figurer. Voici ce que nous avons tenté de faire.
Le droit des sociétés anonymes et des associations sera réservé
à une loi spéciale. Ce sont là des institutions qui sont entraînées
dans un mouvement de rapide et profonde évolution. Le législa-
teur .suisse les avait organisées de la même manière que le droit
allemand, qui, dans l'intervalle, a subi nombre de changements
décisifs. D'autre part, le vaste champ des sociétés s'est développé
en Suisse dans des conditions qui sont, en quelque mesure, propres
à notre pays, et nous serons amenés de plus en plus à nous éman-
ciper des influences étrangères pour leur substituer nos conceptions
nationales. Aussi notre droit des sociétés anonymes et des asso-
ciations, que nous reviserons plus tard, appartient-il à la législation
spéciale.
Reste le droit de change. On ne peut évidemment parler ici
d'un droit national; les rédacteurs du Code fédéral de 1881 ont
pris pour modèle la plus moderne des œuvres législatives promul-
guées alors dans ce domaine, le Deutsche Wechselordnung. Notre
8

droit de change apparaît ainsi comme une matière étrangère, artifi-


cielle ment rattachée à notre Code des obligations. Le titre qui lui
est consacré peut être réservé sans scrupules à une loi spéciale, que
nous pourrons refondre ultérieurement, quel que soit le sort des*
tentatives faites pour internationaliser cette partie du droit privé.
En revanche, nous n'avons pas cru devoir procéder de même
pour d'autres matières, qui, bien que rentrant plus ou moins dans
le droit commercial, ont trouvé place dans notre projet. C'est le cas
pour les raisons de commerce. La méthode adoptée par le législateur
de ne régler, dans la loi, que les points essentiels et de recourir,
pour le surplus, aux ordonnances d'exécution, est certainement la
meilleure ; nous l'avons conservée, et nous pourrons aisément mo-
difier, dans le détail, tout ce qui lie cadrera plus avec les besoins
changeants de la vie industrielle et commerciale. On ne peut éga-
lement se passer, dans le droit des obligations, de dispositions gé-
nérales sur les papiers-valeurs. Elles sont indispensables déjà en
considération du fait que nous aurons des titres de gage immobi-
lier qui sont de véritables valeurs mobilières ; de plus, sous l'empire
du droit actuel, on a souvent éprouvé qu'il y avait à cet égard
une lacune dans notre Code de 1881. Nous nous contenterons d'in-
sister sur le défaut de prescriptions relatives aux titres nominatifs
et sur la jurisprudence du Tribunal fédéral à ce propos.
En somme, nous vous proposons d'incorporer le droit des obli-
gations dans le Gode civil, dont il formera le livre cinquième, et d'y
apporter les modifications nécessaires ou éminemment désirables, tout
en renvoyant la matière des sociétés anonymes, des associations et
du droit de change à la législation spéciale.
Qu'adviendrait-il si l'on se décidait à laisser subsister, en tant
que loi spéciale, le Code de 1881 à côté du Code civil ? On édic-
terait alors, dans le titre final, les dispositions destinées à complé-
ter, modifier ou abroger le droit actuel. On ferait pour le Code
des obligations ce que nous ferons pour la loi sur la poursuite
pour dettes et la faillite, qui doit subir aussi divers changements,
mais qui n'en est pas moins maintenue comme loi spéciale et sur
laquelle la codification du droit civil n'exercera pas d'autres effets
que ceux-ci : on spécifiera, dans le titre final, les modifications
déterminées par l'unification du droit des choses, et, notamment,
du régime hypothécaire. Dans ces conditions, le Code de 1881
pourrait être maintenu à peu près tel quel ; le texte et l'ordre des
articles resteraient les mêmes, ce qui permettrait d'utiliser beau-
coup -mieux les travaux publiés et les arrêts rendus jusqu'à ce jour.
Par contre, nous serions forcés d'insérer à peu près 180 articles
nouveaux dans les dispositions transitoires pour établir la concor-
dance entre le Code des obligations et le Code civil. Ce n'est pas
tout. De graves difficultés surgiraient bientôt ; la Suisse n'aurait
pas un Code civil unique, des conflits se produiraient entre le Code
et la loi spéciale, et l'on se condamnerait à perpétuer une insécu-
rité du droit que la codification intégrale est précisément destinée
à combattre. Ce que l'on y gagnerait ne compenserait pas, à Ja
longue, les suites fâcheuses d'une semblable solution. On aurait tra-
vaillé pour le présent peut-être, non pas pour l'avenir.
A nos yeux, les avantages de l'incorporation du Code de 1881
sont tels que nous n'hésitons pas à vous la recommander et que
nous l'avons réalisée dans notre projet. Nous avons quelques obser
vations générales à faire encore à ce propos.
Le droit des obligations formera le cinquième livre du Code
civil, après les quatre livres consacrés aux personnes, à la famille,
aux successions et aux droits réels. Les deux derniers, traitant des
droits patrimoniaux, constitueront la grande moitié de l'œuvre
que nous avons entreprise.
En ce qui concerne la forme, — l'ordre des matières et la
langue du projet, — nous avons cherché à la mettre, autant que
possible, en harmonie avec celle des autres parties du Code civil. Les
modifications que nous vous proposons d'accepter sont, en substance,
les suivantes :
1. Le livre cinquième sera divisé en trois parties : « Disposi-
tions générales », comprenant les cinq premiers titres du Code ac-
tuel ; «Des diverses espèces de contrats», embrassant toute une
série de titres se suivant dans le même ordre que les titres cor-
respondants de la loi de 1881, mais sans subdivisions ; « Du
registre du commerce, des raisons de commerce et des livres de
comptabilité », où l'on retrouvera le titre trente-troisième du Code
fédéral des obligations. Les anciens titres 6 et 28 ont été rempla-
cés par d'autres dispositions du Code civil ; les titres 26, 27 et 29
sont renvoyés à la législation spéciale.
2. Tous les articles sont pourvus de notes marginales, ce qui
a. entraîné quelques remaniements dans l'un ou l'autre titre où
l'on a dû veiller à une distribution plus logique des matières, sans
d'ailleurs pousser la « systématisation » du projet aussi loin que
celle des autres parties entièrement nouvelles du Code civil. Effec-
tivement, l'ordre des articles n'a été changé que lorsqu'il ne pou-
vait être question de le conserver ; ainsi, dans le titre traitant des
actes illicites (titre XXVII, anciens art. 50 à 69 C. 0.), dans celui
qui porte sur l'extinction des obligations (titre XXIX, art. 140 à
145 C. 0.) et dans celui du loua?e des choses (titre XXXIV, art.
275 à 318 C. 0.).

&
10

3. Pour les simples changements de forme, on s'est borné à


reprendre le style et le vocabulaire du projet de Code civil ; on a,
d'un autre côté, amélioré et rectifié certains textes.
4. On a supprimé, en outre, quelques articles qui renfermaient
des renvois à la législation cantonale (cfr. art. 10, 105 in,fine,
141, 170, 198, etc.. C. 0.); les matières auxquelles ils se référaient
seront régies désormais par le Code civil suisse.
Au point de vue du fond, nous avons opéré les changements
suivants :
1. Plusieurs articles ont été modifiés ou complétés aux fins de
les faire concorder avec le droit nouveau ou d'y apporter les
améliorations nécessaires ; signalons, entre autres, l'art. 4 (contrats
conclus par téléphone), les art. 18, 63, 69, 92, 115, 122, 124,
125, 146, 184, Ib9, etc.
2 I) a fallu combler des lacunes qu'avait révélées l'applica-
tion du C. O , et dont la codification intégrale de notre droit privé
a démontré plus évidemment l'existence.
3. Le projet a dû s'occuper d'institutions juridiques non
réglées dans le Code de 1881, ou ajouter des compléments impor-
tants à divers chapitres insuffisamment traités par la législation
actuelle; citons seulement les donations, la reprise d« dette, les
ventes d'immeubles, etc.
I/es modifications de fond de la première catégorie peuvent se
passer de tout commentaire, et sont, au surplus, secondaires. Mais,
parmi les autres, il en est qui impliquent une refonte de quelques
parties du Code de 1881. Nous pourrons nous dispenser de les étu-
dier en détail, Cependant, nous ne négligerons pas d'attirer l'atten-
tion sur elles et de les motiver brièvement. Dans les observations
qui suivent, nous ne nous écarterons pas de l'ordre des articles
adopté par le projet.

PREMIÈRE PARTIE.
Dispositions générales.
Le titre consacré à la formation des oUiga'ions nous suggère
quelques remarques.
1. Le Code fédéral des obligations ne mentionne pas même les
offres publiques (c'est ainsi qu'on a traduit l'expression allemande
11
Auslosung). On avait cru que les prescriptions générales relatives
à la conclusion des contrats permettaient de n'en point parler. Un
«xamen plus approfondi de la question montre qu'elles ne suffisent
pas. Une disposition spéciale au moins est indispensable, celle qui
doit déterminer la responsabilité de l'auteur de pareilles offres;
elle figure dans l'art. 1023 de notre projet et constitue une adjonc-
tion à l'ancien art. 6.
2. On constate également que le Code de 1881 ne dit rien
des éléments de la signature requise dans les contrats écrits. Comme
des doutes se sont élevés sur la légalité des signatures apposées
au moyen d'un timbre humide, nous avons cru devoir compléter
les articles 12 et 13 C. 0. (efr. art. 1029). De plus, et afin d'empê-
cher la répétition de fâcheuses expériences, nous avons disposé que
la signature des aveugles serait, pour Otre valable, dûment légalisée.
3. Dans la matière de l'objet des contrats, la défense de pas-
ser des conventions immorales doit être conçue en termes plus
généraux qu'à l'art. 17 C. 0. En réalité, un contrat peut
être immoral, alors que son objet n'est ni illicite, ni contraire aux
bonnes mœurs. Aussi l'art. 1034 a-t-il été revisé dans le sens
indiqué.
En ce domaine, nous rencontrons d'ailleurs nombre de pro-
blèmes délicats, que le législateur suisse semble avoir ignorés et
qui sont résolus dans les lois des Etats voisins du nôtre.
a. Les prescriptions du droit des obligations concernant l'objet
des contrats et leur contenu sont-elles de nature imperative ou
permissive, et dans quelle mesure ? On peut répondre que les parties
peuvent, en principe, y déroger conventionnellement ; elles ne sont
de droit strict que lorsque le Code l'a expressément déclaré. Voir
notre art. 1035.
6. Les contrats peuvent-ils être rescindés pour cause de lésion?
On a pensé que les art. 18 et suiv. C. 0. sur l'erreur et le dol
coupaient court à toutes difficultés; et cette opinion peut se justi-
fier, si l'on conçoit la vie économique d'une façon purement commer-
ciale. Il est cependant des cas dans lesquels, même en l'absence
d'une erreur ou d'un dol, il est injuste que l'une des parties
puisse réclamer de l'autre l'exécution d'un contrat qui lèse cette
dernière ; notamment, lorsque la lésion a sa source dans l'exploi-
tatiou de la gêne, de l'ignorance, ou de l'inexpérience de l'un des
intéressés. L'art. 10:Î6 du projet essaie de remédier à ces abus.
c. Malgré le silence du C. 0. sur ce point, ou a toujours
admis qu'une convention pouvait, en tant que promesse de contracter,
12

avoir la conclusion d'un contrat pour objet. Mais il règne une


grande incertitude quant à la forme de ces promesses. Cette forme
est-elle la même que celle exigée pour la validité du contrat prin-
cipal qui dépend de l'observation d'une forme légale ? Ou serait-ce
que les promesses de contracter sont soumises, à cet égard, au
principe général des art. 1 et suiv. C. 0. ? L'art. 1087 a pour but
de supprimer toute controverse ; il consacre les conclusions aux-
quelles la jurisprudence est arrivée.
4. Eelativement aux obligations qui dérivent des actes illicites,
le projet n'a pas innové ; il part de l'idée qu'une réparation n'est
due que dans les cas de faute, et il ne se rallie qu'exceptionnelle-
ment, dans des espèces expressément déterminées par la loi, au sys-
tème de la responsabilité causale. Nous n'en avons pas moins jugé
utile de reviser et de compléter les art. 50 'et suiv. C. 0., en nous
bornant toutefois aux remaniements indispensables.
a. La responsabilité repose ici sur un élément subjectif (une
faute quelconque) et un élément objectif (contravention à la loi),
auxquels doit s'ajouter un rapport de cause à effet. Il était utile
de dire que les actes ou les omissions contraires aux bonnes mœurs
doivent être assimilés aux actes illicites proprement dits, lorsque
ces actes ou ces omissions ont été intentionnels (art. 1058 al. 2
et C. civ. al. § 826). Citons, à titre d'exemple, la divulgation de
secrets par des amis qui se sont brouillés ou par des fiancés qui
ont rompu.
6. On peut déterminer plus clairement la mesure de la répa-
ration, en traitant à part le cas du tort exclusivement per-
sonnel et celui du dommage qui ne saurait faire l'objet d'une
preuve complète ; le texte de l'art. 55 C. 0. prêtait à quelque confu-
sion. Assurément, on aura souvent à procéder, dans les cas de tor-
moral, à une évaluation du préjudice subi. Mais, d'un côté, il est
des circonstances où cette évaluation doit avoir lieu sans qu'il-y
ait tort moral et, de l'autre, l'allocation d'une indemnité pécuniaire
est admise aussi, pour cause de tort moral, alors même que det
dommages et intérêts sont réclamés à titre de simple satisfaction
et non du chef d'un préjudice même indéterminé. Cette distinction
est faite «maintenant par les articles 1059 et 1063 (en particulier,
art. 1062, al. 2) combinés avec l'art. 29 du projet de Code civil.
L'art. 51, al. 2, C. 0. a, du reste, été conçu en termes
plus généraux; mais on a maintenu son principe, tel que la juris-
prudence l'a ingénieusement appliqué, et l'expérience nous enseigne
que cette solution est préférable à celles qu'ont tentées des législa-
tions nouvelles (art. 1059, al. 3).
13

c. Aux cas de mort d'homme et de lésions corporelles, le projet


ajoute celui de la concurrence déloyale. On peut, certes, affirmer
que la jurisprudence n'a pas eu besoin, jusqu'ici, d'une disposition
de droit privé autre que celle de l'art. 50 C. 0. pour protéger
efficacement le commerce. Néanmoins, des décisions de tribunaux
n'ont pas la môme valeur qu'un texte légal, dont l'absence peut
encore offrir de graves inconvénients au point de vue international,
en ce que l'étranger ne protège contre la concurrence déloyale
que sous réserve de réciprocité. Pour parer à ce danger, nous
avons besoin d'une prescription formelle, qu'il convient, au demeu-
rant, de rédiger de façon assez générale pour qu'elle présente les
mêmes avantages que l'interprétation actuellement donnée de
l'art. 50.
d. L'art. 1064, al. 1, sans modifier l'art. 60 C. 0., règle
avec plus de précision la responsabilité dérivant d'un acte illicite
auquel ont participé plusieurs personnes.
e. Parmi les causes d'exonération de la [responsabilité délic-
tuelle, le projet mentionne en son art. 1065 (cfr. art. 56 C. 0.),
outre la légitime défense, le cas de nécessité et l'usage autorisé de
la force; il cherche également à définir ces deux notions, en tant
que cela est désirable dans un Code civil. Nous pouvons dès lors
renoncer à prescrire, comme d'autres lois, dans quelles circonstances
l'usage de la force est prohibé. Si l'on n'acceptait pas cette exten-
sion de l'art. 56, il importerait d'insérer, dans le titre préliminaire,
une disposition concernant l'usage autorisé de la force ; elle concor-
derait, au fond, avec l'art. 3 du Code civil.
f. Le projet s'en est tenu au droit actuel pour toutes les
exceptions dans lesquelles une responsabilité est statuée à l'encontre
de personnes déterminées, même en dehors de toute faute à elles
imputable. Pour ce qui est de l'autorité domestique et des obliga-
tions en découlant, on pouvait renvoyer au droit de famille (art. 338
et suiv. du Code civil); et les résultats auxquels on aboutit, en
procédant ainsi, sont plus clairs que ceux fournis par le C. 0. On
peut se dispenser de régler expressément la responsabilité des per-
sonnes morales, au vu des art. 61 et suiv. du droit des personnes.
Mais nous avons élargi le système de la responsabilité causale, pour
répondre aux vœux de la jurisprudence.
Et ici, nous songeons en toute première ligne à la responsa-
bilité du propriétaire d'un bâtiment ou autre ouvrage. Elle est
délimitée conformément au Code de 1881, mais le propriétaire peut
être recherché toutes les fois qu'il outrepasse son droit de propriété,
quand bien .même il n'y aurait eu ni installation défectueuse, ni
14

vice de la construction. Ce texte (art 1073) figure déjà dans le


droit des choses (art. 670), où l'on pourra le supprimer s'il est in-
séré dans le droit des obligations. Mais l'on ne saurait se passer
d'une semblable disposition. Prenons, par exemple, le cas d'un pro-
priétaire qui installe un moteur électrique dans son bâtiment, après
que des experts lui ont donné l'assurance que ses voisins n'en
seraient pas incommodés. Cette machine ne tarde pas à être la
cause d'un dommage occasionné sans droit. Il n'y a pas eu de faute
commise ; il n'y a pas non plus installation défectueuse ou vice
de la construction ; il n'en est pas moins juste que le préjudice soit
supporté par le propriétaire plutôt que par des tiers. Le pro-
priétaire doit indemniser ces derniers, indépendamment de toute
prohibition de nouveaux troubles.
On a discuté la question de savoir s'il ne serait pas opportun
d'édicter une règle générale pour la réparation du dommage déter-
miné par des ouvrages ou des installations exceptionnellement dan-
gereuses au point de vue de la sécurité des personnes et des biens. Il est
certain qu'elle aurait été au moins aussi justifiée que les règles
spéciales concernant la responsabilité du détenteur d'un animal ou
du propriétaire d'un bâtiment, et qu'elle aurait comblé rationnelle-
ment plus d'une lacune signalée par la jurisprudence. Mais la con-
séquence d'un principe foi mule en termes très généraux eût été
que les industries qui ne tombent pas sous le coup de la loi sur
les fabriques seraient traitées, à maints égards, avec plus de
rigueur que les autres, et l'on n'a pas voulu, pour le moment, d'une
extension aussi considérable de la responsabilité civile.
g. Les autres changements apportés à ce chapitre sont de
nature secondaire. Nous ne relèverons ici que l'art. 1U76, alinéa 3,
en vertu duquel, môme après la prescription accomplie, la partie
lésée ne peut jamais être tenue de faire ce que l'autre partie
aurait été en droit d'exiger du cbef de l'acte illicite. Supposons
qu'une promesse de transfert de propriété ait été arrachée à une
personne par des manœuvres frauduleuses L'invalidité unilatérale
de la promesse ne délie pas, lorsque celle-ci est bien en connexité
avec le dol, mais n'en est pas une conséquence directe. Or, si la
partie lésée ne peut plus réclamer de dommages-intérêts, parce
que son action est prescrite, l'autre partie ne doit pas pouvoir
demander l'exécution de la promesse à elle faite.
La revision dfs art. 50 et suiv. C. O. a été discutée par la
Société des juristes suisses, dans son assemblée annuelle, en 1903;
les rapports présentés à cette occasion par MM. les professeurs
C.-Chr. Burckhardt, à Baie, et de Felice, à Lausanne, nous ont
15

engagés à proposer quelques-unes des modifications que vous


trouverez dans notre projet.
5. Le troisième chapitre du tilre consacré à la formation des
obligations s'occupe uniquement de l'enrichissement illégitime. Pour
le surplus, nous pouvions nous dispenser même de renvoyer expres-
sément aux autres institutions du droit privé. Constatons seulement
que le texte de l'art. 1084 (70) concorde avec les dispositions
correspondantes du Code civil (art. 977 et suiv.).
Nous n'avons fait que 'de rares changements et adjonctions
dans le titre traitant des effets des obligations. Quelques indications
pourront suffire :
6. Nous avons comblé à l'art. 1116 (demeure du créancier) une
lacune de la législation actuelle, qui ne renfermait aucun texte
réglant le cas du retard du créancier, lorsque l'obligation ne
consiste pas dans la livraison d'une chose. Il est possible et il est
désirable de conférer, comme en droit français, la faculté de rési-
lier au débiteur, puisqu'aussi bien c'est un droit pareil que le
créancier peut en général exercer contre son cocontractant. Et
nous avons simplement renvoyé à cet égard aux articles concernant
la demeure du débiteur.
7. Les effets de l'inexécution des contrats (art. 113 C. 0.) sont
loin d'être aussi minutieusement déterminés, dans le Code de 1881,
que les effets des actes illicites; et il y a controverse sur le point
de savoir dans quelle mesure les dispositions applicables à ces
derniers peuvent être étendues en matière de faute contractuelle.
Il convient que la loi prescrive quelque chose à ce propos. L'art.
1121, alin. 3, de notre projet admet une application par analogie
des principes adoptés dans le chapitre des actes illicites. Ceci a
entraîné une modification de l'ancien art. 116 (art. 1125, alin. 2)_
La forme et le fond du nouvel art. 115 (art. 1128; cfr. 1068
et 1069) concordent mieux avec les textes qui régissent la respon-
sabilité hors contrat.
8. Nous avons introduit deux changements dans les disposi-
tions relatives au droit de résilier en cas de demeure du débiteur.
L'adjonction renfermée à l'art. 1131, alin. 2, nous a été dictée
par les décisions de la jurisprudence. De plus, il nous a paru qu'il
était temps de mettre fin à la Controverse qui s'est élevée au
sujet de la nature et de l'importance de la réparation prévue par
les art. 124 et 125 0. 0. Comme l'a fait le Code civil alle-
mand (§ 325), nous avons substitué aux dommages et intérêts, dans
16

l'espèce d'une résiliation provoquée par la faute du débiteur, une


action en indemnité pour cause d'inexécution.
9. Nous avons expliqué déjà pourquoi l'ordre des articles n'a
pas été maintenu dans le titre vingt-neuvième. L'art. 1140, alin. 3,
est, en matière de novation, un commentaire plutôt qu'une modi-
fication du droit actuel.
L'art. 1141 est nouveau. Il se réfère au compte courant, sur
lequel le Code de 1881 garde le silence. Il importe, mais il suffit
aussi, d'au moins exprimer les effets généraux de ce contrat : le fait
aue le solde du compte a été arrêté et reconnu nove les différents
qrticles de celui-ci.
L'ancien art. 133 est devenu inutile par suite de l'adoption de
la loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite.
On a supprimé l'art. 139, alin. 3, G. 0., dans l'idée qu'il
était préférable de laisser au juge le soin de décider si une
promesse de payer comptant pouvait être interprétée comme une
renonciation au droit de compenser.
10. En son troisième chapitre, le titre XXIX règle la pres-
cription. Le Code civil unique nous permet de ne pas réserver
expressément, comme à l'art. 161 C. 0., le droit public et les
autres parties du droit privé. On pouvait se demander s'il y avait
lieu d'imiter le législateur français et d'instituer, ici, un délai gé-
néral de 30 ans pour la prescription des actions. Le titre préli-
minaire renfermait, à l'origine, une disposition dans ce sens. Elle
fut biffée, — quitte à la reprendre, éventuellement, en revisant
les art. 146 et suiv. du Code des obligations. Un examen appro-
fondi de la question nous a engagés à y renoncer; nous nous
sommes contentés, dès lors, d'établir des délais de prescription
spéciaux dans les diverses matières du Code qui en appelaient. En
dehors de ces cas, l'utilité d'admettre la prescription est pour le
moins douteuse. Il est certain, par exemple, qu'il n'est pas possible
d'introduire, sans excaption, un délai général tel que celui du Code
Napoléon; ainsi pour les actions en réclamation ou en contestation
d'état, et pour d'autres encore.
A part cela, le régime de la prescription n'a subi que des
changements de pure forme.
11. Dans le titre des modalités des obligations, nous n'avons
pas modifié les articles qui se rapportent à la solidarité; tout s'est
réduit à quelques légères revisions de textes et à la suppression de
17

l'art. 167, remplacé aujourd'hui par les art. 216 et 217 L. P.


Nous avons maintenu également tout le chapitre des conditions.
En corrélation avec lea dispositions de la loi sur le dédit, nous
avons touché, à l'art. 1184, la question des retenues de salaires,
en nous conformant à la jurisprudence des tribunaux de prud'-
hommes.
A propos de la clause pénale, nous disons que les disposi-
tions y relatives sont applicables aux conventions d'après lesquelles
les versements partiels effectués par l'acheteur sont acquis au créan-
cier en cas de résiliation de la vente. Les versements opérés
constitueront l'indemnité de résiliation. Cette adjonction a pour
but de permettre au juge, dans les cas de vente avec réserve de
propriété, de recourir au mode de réduction de l'art. 1189 (cfr.
art. 182 C. 0.). D'un autre côté, nous affaiblissons ainsi la por-
tée des objections que soulève l'admissibilité du pactum reservati
dominii; c'est ce que nous avions montré déjà dans notre message
concernant le projet de Code civil (art. 702).
12. Des changements essentiels ont été apportés au titre trente-
troisième : De la cession des créances. L'art. 1191 fait de la
forme écrite une condition de la validité de la cession, aussi bien
entre parties qu'envers les tiers. Et cela non seulement parce que
l'art. 184 G. O. a créé de la confusion dans ce domaine, sans
rendre de services aux intéressés, mais encore parce que nous
soumettons ainsi à un régime très pratique les titres nominatifs,
désormais réglés en détail par notre projet.
De plus, l'art. 1196, alin. 2, tranche une question controversée
en ce qui concerne les exceptions que le débiteur avait contre le
cédant et qu'il peut opposer au cessionnaire ; ce texte, pour peu
qu'on le juge utile, ne sera pas contesté.
L'ancien art. 196 est abrogé, parce qu'il rentre dans la pour-
suite pour dettes.
Nous avons introduit, dans le projet, la reprise de dette, qui,
comme la cession, au point de vue actif, constitue au point de vue
passif une succession à titre particulier sans novation. Le silence
de la 'loi actuelle laissait subsister un doute sur la légalité de
cette institution en droit fédéral. Mais la nécessité de celle-ci est
impérieuse au point que l'on y a recouru et que l'on a dû y avoir
recours malgré le défaut de toute disposition légale, en se bor-
nant à réserver les conventions spéciales des parties. Aussi le légis-
lateur doit-il saisir l'occasion qui lui est offerte de combler cette
lacune. Il a d'autant plus de motifs de le faire que, par suite de la
codification intégrale du droit privé, la reprise de dette jouera un
très grand rôle à l'égard des titres garantis par un gage immobilier.
Feuille fédérale suisse. Année LVII. Vol. II. 2
18

Les art. 1204 à 1212 du projet se rattachent au système-


admis en droit commun et dans le Code civil allemand; cfr. une
étude de M. E. Schurter, dans la Zeitschrift für schweizerisches Recht,
•n. sér., XX, 303 et suiv. On distingue entre l'arrangement conclu
par le débiteur et l'autre partie, et le consentement du créancier..
L'arrangement n'est pas sans effet en l'absence de ce consentement.
Celui qui reprend la dette est tenu de libérer le débiteur de ses
obligations et il est responsable de ce chef, même si le créancier
n'adhérait pas au changement de débiteur (art. 1204).
Des contrats successifs de reprise de dette doivent être appré-
ciés selon les mêmes règles. Si la dette de A. est reprise par B.,
puis par C., et, de nouveau, par D., par R et par P, le créan-
cier peut chaque fois accepter expressément ou tacitement le pro-
mettant ou reprenant, sauf à libérer le débiteur originaire. Mais
tant qu'il n'a pas accepté le nouveau débiteur, l'ancien peut déga-
ger celui-ci, qui pourrait également se substituer un tiers; cfr.
art. 1205, alin. 3. Partant, le créancier perd la faculté d'agréer
un promettant pour débiteur, dès que ce dernier a délégué la dette
à une autre personne qui, elle, pourrait d'ailleurs être acceptée par
le créancier. Assurément, le débiteur primitif, envers lequel le
promettant est obligé comme débiteur de par la reprise de dette,
doit aussi consentir à la substitution. Dès que ce consentement est
intervenu, le promettant est libéré si un autre est entré en son
lieu et place, puis cet autre lui-même si un nouveau promettant
lui a succédé, et ainsi de suite. Il est désirable que la loi déterminé-
tous ces points, qui sont essentiels, notamment lors des reprises de
gages dans les ventes d'immeubles.
Les effets de la Schuldenübernahme quant aux accessoires et
aux exceptions (art. 1208 à 1210) peuvent se passer d'explications.
Il en est autrement de quelques cas particuliers.
Le premier de ces cas est celui de la reprise d'un patrimoine
ou d'une entreprise avec actif et passif. Le promettant doit ici
répondre par le fait même des dettes envers les créanciers dès
qu'ils sont informés de la reprise, en sorte que l'adhésion du
débiteur n'est plus nécessaire; cfr. art. 1211, alin. 1, qui édicté une-
règle contraire au principe de l'art. 1205. En revanche, le débi-
teur originaire n'est pas libéré dès que la reprise a été portée à la
connai>sance fies créanciers par lui ou par son promettant, ou
annoncée dans les journaux ; il reste tenu à côté du reprenant,
mais non pas indéfiniment. On peut admettre que les créanciers
rechercheront leur ancien obligé sans retard, s'ils ont l'intention
de s'en tenir à lui; et c'est ainsi qu'au bout de deux ans ils
n'ont plus de droits que contre le promettant, et l'on peut consi-
dérer que ce délai est raisonnable (art. 1211, alin. 2.).
ld
Le même principe suffit lorsque plusieurs entreprises fusionnent
ensemble, ou lorsqu'une société reprend une entreprise industrielle;
de là notre art. 121, qui renvoie aux précédentes dispositions.
Les prescriptions spéciales qu'exigé la matière du gage immo-
bilier figurent dans les droits réels. On pouvait se contenter d'édicter
une règle pour l'espèce suivante : Un gage immobilier peut
garantir la dette à reprendre et grever un bien qui n'appartient
pas au débiteur. Si le propriétaire du gage devait l'affecter aussi
à la sûreté des obligations assiimées par le promettant, sa situation
pourrait se trouver sensiblement aggravée. Par conséquent, il vaut
mieux décider qu'en thèse générale le gage ne répondra que de
la dette du débiteur en faveur duquel il avait été constitué. Le
propriétaire du gage doit donner son consentement à ce que la
garantie subsiste au profit du nouveau débiteur, par la promesse
duquel l'ancien a été déchargé. Ceci a lieu par le fait qu'il
adhère à la reprise de dette et à la libération du débiteur origi-
naire. Comme il s'agit, dans ce cas, d'une succession à titre parti-
culier sans novation, le gage conserve son rang primitif. Les
mêmes dispositions s'appliquent au gage mobilier et au caution-
nement, ainsi que cela découle de l'art. 1208, alin. 2.

DEUXIÈME PARTIE.
Des diverses espèces de contrats.
Cette partie du projet traite des diverses espèces de contrats,
comme la partie correspondante du Code de 1881. Les modifi-
cations de fond ne sont pas importantes, si ce n'est sur quelques
points. Mais il a fallu y prévoir des institutions nouvelles et les
régler à la place qui leur était naturellement assignée. Nous
continuons, dans notre exposé, à nous conformer à l'ordre même
des articles.
1. Dans la vente, nous avons dû distinguer entre la vente
mobilière et la vente d'immeubles. Celle-ci n'a pu, comme par le
passé, être renvoyée au droit cantonal. C'est pourquoi le titre de
la vente a été divisé en plusieurs cbapitres, dont le premier, qui
reproduit en somme les art. 229 à 231, renferme les dispositions
générales applicables à toutes les ventes.
Comme le texte français du Code fédéral des obligations,
l'art. 1213 (229) parle de l'obligation du vendeur de transférer
20

la chose en propriété (au lieu de : ZUM vollem Recht und G-enuss)


à l'acquéreur. De plus, l'acheteur est tenu de payer, non le prix
convenu, mais le prix de vente, car ce prix peut être fixé autre-
ment que par convention ; c'est ue que nous montrerons plus
complètement à propos de l'art. 1215. Nous faisons observer encore
que l'art. 204 G. 0., qui traite du passage des risques de la chose
à l'acquéreur, a été détaché da titre dans lequel il avait été
inséré, pour ótre intercalé ici. Il concerne non seulement les ventes
mobilières, mais les ventes d'immeubles, bien qu'on puisse se
demander s'il ne serait pas préférable, au moins pour ces der-
nières, de faire coïncider, toute* stipulations ontr.iires réservées,
le transfert des risques avec le moment de la délivrance de la
chose. Quoi qu'il en soit, nous avons estimé qu'il importait d'avoir
une règle unique pour toutes les espèces de vente, surtout en
raison des ventes nombreuses qui comprennent à la fois des meu-
bles et des immeubles. Nous n'avions pas de motifs suffisants
pour admettre un principe différent de celui du droit actuel, puis-
qu'aussi bien l'art. 204 G. 0. n'avait été adopté qu'après de lon-
gues hésitations.
Nous avons maintenu la réserve statuée en faveur du droit
cantonal à l'art. 231 G. 0. (droit de poursuivre en justice le
recouvrement des créances résultant de la vente en détail de
boissons spiritueuses ; cfr. art. 1217).
Le chapitre deuxième, consacré à la vente mobilière, ne con-
tient pas d'innovations notables. Il convenait du moins de bien
préciser l'objet des deux espèces de vente mobilière et immobilière.
G'est ce que nous avons tenté de faire à l'art. 12Ì8, puis à
l'art. 1219, qui se réfère aux fruits et aux parties intégrantes
d'immeubles.
Nous avons cru pouvoir renoncer à des dispositions plus ex-
plicites sur les droits du créancier hypothécaire lors de la vente
de parties intégrantes du fonds (cfr. le projet du Code civil,
art. 794 et suiv., 797 et suiv.). Une défense absolue de vendre
les récoltes pendantes par les racines et les fruits non encore
recueillis des arbres, telle qu'on la rencontre dans quelques
législations, restreint par trop la libre circulation des biens.
La matière de la vente des meubles n'a pas subi d'autres
changements. Les adjonctions relatives aux ventes commerciales et
à celles de marchandises cotées à la bourse, • ainsi qu'au calcul du
dommage que l'on désigne en doctrine sous le nom de « dommage
abstrait », ne constituent pas des innovations; elles traduisent
simplement en textes légaux des décisions de la jurisprudence. Il
21

y a un avantage sérieux à ce que des questions aussi importantes


soient tranchées directement par la loi.
Seuls les cantons qui ont modifié leur droit civil possèdent
des prescriptions détaillées sur la vente d'immeubles. Les autres
ont recours à quelques dispositions qui se trouvent dans leur
régime foncier et qui se réfèrent à la forme de ces actes, tout en
renvoyant expressément ou tacitement au Code fédéral des obliga-
tions pour le surplus. U résulte de ceci que le besoin d'avoir une
législation spéciale sur les ventes immobilières n'existe que dans
une mesure restreinte et pour la solution de quelques points,
essentiels il est vrai. On ne sera donc pas surpris de constater qu»
notre chapitre consacré à cette catégorie de contrats est extrême-
ment court. Nous avons suivi les modèles que nous fournissait
le droit des cantons et nous attirons uniquement l'attention sur les
matières exposées ci-après :
La forme authentique est exigée pour la validité des ventes
d'immeubles. Aujourd'hui déjà tous les cantons, sauf deux, la
soumettent à diverses conditions de forme, et ceux qui adoptent le
système contraire ne le font pas tous sans réserves (ainsi, Argovie).
Si la plupart des lois cantonales ne réclament pas autre chose que
l'écriture, celle-ci n'en doit pas moins être assez complète pour
rendre possible l'homologation ou l'inscription du contrat. On
simplifie extraordinairement tout le régime foncier en instituant
des formes identiques pour la validité de la convention entre
parties et pour l'accomplissement du transfert de la propriété
(inscription au registre) ; le projet de Code civil exige à ces deux
fins un acte authentique (art. 654). Les cantons qui se conten-
taient jusqu'ici d'un sous-seing privé s'accommoderont d'autant plus
aisément de notre solution, que le législateur cantonal est chargé
de fixer le sens des mots « acte authentique ». Le message du.
28 mai 1904 renferme, à cet égard, toutes les explications néces-
saires.
Il n'en est pas moins juste de faire une concession ; et nous
l'avons faite, en déclarant que les parties sont liées, dans les
promesses de vente, comme aussi dans les pactes de préemption
et de rachat, par l'observation de la forme écrite. La promesse de
vente n'est pas inscrite au registre foncier et ne se passe point
devant le préposé au registre, en sorte que l'écriture n'est nullement
ici une condition de l'inscription. Mais il n'y a pas de raison de
refuser à celui envers lequel une promesse de vente a eu lieu le
droit de fonder, sur la convention écrite, une action en conclusion
du contrat, c'est-à-dire d'un acte authentique, puisque l'auteur de
la promesse peut se prévaloir de toutes les exceptions dérivant
22

'd'un vice du consentement ou d'autres causes encore. Quant aux


pactes de préemption et de rachat, qui peuvent être annotés au
registre foncier, il faut considérer que ces pactes, surtout celui de
préemption, sont très souvent des stipulations accessoires à d'autres
contrats, et qu'en pareil cas, lorsque, par exemple, ils sont insérés
dans un bail à loyer, il deviendrait excessif d'exiger qu'ils fussent, en
outre, consignés dans un acte authentique. Au demeurant, et pour
empêcher des ventes malencontreuses, il est loisible d'ajouter aux
promesses de contracter, comme dans les législations de St-Gall,
Argovie, Grisons, Fribourg, une clause aux termes de laquelle on
peut résilier en payant un dédit; de plus, la promesse n'est va-
lable que pour une durée de six mois, sous réserve de renouvelle-
ment (art. 1260, alin. 2.).
Nous ne pouvions faire abstraction de règles spéciales pour les
ventes conditionnelles. Le projet, qui adopte le système du registre
foncier, ne pouvait permettre, sans nuire à la clarté de ce registre,
que des conditions y fussent inscrites. En conséquence, les parties
n'auront-que l'alternative de passer et de rendre publique une vente
pure et simple, ou d'ajourner l'inscription d'une vente conditionnelle
jusqu'à ce que la condition se soit réalisée. Dans ces circonstances,
le mieux est d'interdire les ventes conditionnelles, — et c'est là une
prohibition qui a été étendue aux ventes avec réserve de propriété.
Il suffit d'autoriser les promesses de vente sous condition, si tant
est que l'on croie devoir conclure des ventes conditionnelles d'im-
meubles (art. 1261).
Les prescriptions concernant la garantie pourraient être les mêmes
que dans les ventes mobilières. Une question cependant veut être
examinée de plus près. Quel est l'effet du registre foncier eu égart
à l'obligation de garantie du vendeur ? On sait que le registre ne
garantit pas la consistance matérielle de l'immeuble. Il ne produid
d'effets que pour les droits réels inscrits, en ce sens que l'acquéreur
de bonne foi peut prétendre à tous les droits inscrits au profit du
bien vendu. Le registre foncier manifeste la consistance maté-
rielle de l'immeuble au m6me titre qu'elle se révèle en fait. Si
un bâtiment est porté au registre comme construit sur le fonds et
s'il n'y existe pas au temps de la vente, l'acquéreur qui a connu
ou dû connaître ce qui en était, ne peut intenter une action en
garantie. Ce n'est qu'au Sujet de la contenance de l'immeuble vendu
que les choses se présentent différemment. On ne peut guère im-
poser à l'acquéreur une mensuration préalable du fonds quand
le registre foncier en indique la contenance. Il doit pouvoir
se fier à cette indication, et si, plus tard, la contenance réelle
se trouvait être inférieure, il aurait un recours en garantie de ce
23

«chef contre son vendeur. La mesure de la responsabilité incombant


aux autorités préposées au registre se détermine en vertu de
l'art. 994 du projet du G. c. s. Il ne faut pas toutefois confondre
•cette espèce avec la suivante : L'acquéreur achète un immeuble dans
l'état décrit par le registre foncier. Si, d'après ses constatations
et d'après l'aspect extérieur du fonds, il estimait que ce dernier
• était plus grand, il n'a pas droit à la garantie de son cocontractant.
Le bien dont il s'est rendu acquéreur possède la contenance mar-
quée au registre, et c'est lui qui subira tout le dommage résultant
de la circonstance qu'une haie, un fossé, etc., l'a trompé, sans que
l'autre partie ait une faute à se reprocher, sur l'étendue de l'im-
meuble dont le registre mentionnait exactement les limites. L'art.
1263 se réfère, dès lors, exclusivement aux cas dans lesquels le fonds,
tel qu'il a été décrit au registre et tel qu'il a été vendu, n'a pas
la contenance accusée par ce document public. La garantie s'éteint
par prescription, dans les ventes d'immeubles comme dans les ventes
mobilières. Cependant, lorsque c'est un bâtiment qui a été aliéné, il
convenait d'admettre pour la durée de la garantie le même délai
que pour la responsabilité de l'entrepreneur dans le louage d'ouvrage,
— cinq ans (art. 1263, al. 2 ; cfr art. 1416 et voir art. 362, 0. 0.)-
Nous avons parlé précédemment des risques et profits de la
••chose. Les motifs pour lesquels nous avons conservé la règle du
droit actuel (art. 204 C. 0.), aussi bien dans les ventes d'immeubles que
dans les ventes mobilières, ne nous empochent pas de déclarer qu'il
eût été désirable de consacrer un autre principe dans le domaine
des art. 1259 et suivants. Mais l'importance pratique de la question
est minime, parce que, dans presque tous les contrats de vente im-
mobilière, les parties auront soin de s'expliquer sur le transfert des
risques et profits si elles y ont un intérêt quelconque. On trouve
souvent, dans ces actes, une clause d'après laquelle l'entrée en jouis-
sance aura lieu à une époque déterminée, sans égard à l'inscription
au registre foncier, qui pourra être antérieure ou postérieure an fait
•de la prise de possession. Celle-ci, comparable à la tradition des
meubles, ne peut jamais, dans une législation qui a introduit
le registre foncier, provoquer ou retarder le transfert de la pro-
priété, qui s'accomplit par l'inscription seulement. On peut néanmoins
l'interpréter, faute de convention contraire, comme un signe de la
volonté des contractants de considérer que ce moment est celui
du déplacement des profits et des risques. Et c'est une présomption
de cette nature, qu'en dérogation partielle à l'art. 204 C. 0. (1216)
nous avons admise à l'art. 1264.
Le projet a essayé de réagir, dans son art. 1262, contre les
spéculations auxquelles ont donné lieu la vente et la revente d'ex-
24

ploitations agricoles (Güterschlächterei, Hofmetzgerei). Les deux


remèdes auxquels on a songé pour combattre ces abus consistent en
ceci: contrôle officiel et aggravation des formes prévues pour ces
ventes, ou restrictions apportées au droit d'aliéner des biens de cette
espèce. La loi argovienne du 9 février 1896 a essentiellement
adopté le premier décès moyens; elle a édicté en outre quelques dis-
positions destinées à protéger le vendeur et relatives au contenu
même de l'acte d'aliénation. Mais il est plus utile de frapper ces
spéculations en visant le but dans lequel elles sont faites, et de
prohiber la revente pendant un certain délai ; elles seront rendues,
sinon impossibles, du moins singulièrement moins avantageuses. En
statuant ces restrictions à l'aliénabilité des domaines ruraux, le
projet s'efforce d'empêcher les abus signalés, en prévoyant d'ailleurs
toutes les exceptions nécessaires, notamment pour l'acquisition de
terrains à bâtir, pour les ventes par des héritiers de l'acbeteur, qui
peuvent êtres permises par l'autorité compétente, avant l'expiration
du délai légal de cinq ans, lorsque ces opérations sont justifiées pas
les circonstances. On pourra également actionner en rescision pour cause
de lésion, ainsi que nous l'avons dit plus haut; cfr. art. 1036. Même
dans cette forme atténuée, notre proposition n'en est pas moins
quelque chose de très nouveau, et qui sera envisagé dans plusieurs
cantons comme une entrave peu justifiée à la libre circulation dee
biens. C'est pourquoi nous laissons au législateur cantonal la facultr
d'admettre la prohibition de l'art. 1262, sauf à en régler l'application
Le chapitre du Code de 1881, qui traite de « quelques espèces
de ventes particulières », vente sur échantillon et vente à l'essai
ou à l'examen, n'a pas subi de modifications. Mais nous l'avons com-
plété par des dispositions sur la préemption, le rachat et la vente
aux enchères.
a. Le droit de préemption est un droit personnel que l'on peut
faire valoir contre celui qui l'a concédé en cas de revente de la
chose, meuble ou immeuble, à un tiers (art. 1271). La durée en
a été limitée déjà dans le livre des droits réels (art. 672), afin
de ne pas le rendre onéreux à l'excès ; cfr. art. 1272. Le pacte
de préemption ne produit pas d'effets réels à l'égard des meubles,
car si les meubles vendus peuvent être revendiqués contre le tiers
acquéreur qui en connaissait ou devait en connaître l'existence,
c'est pour la raison que ce. dernier n'est pas de bonne foi et qu'il
était possible de l'actionner en restitution de la chose. A la vérité,
le droit de préemption0 peut, quoique personnel de sa nature, être
annoté au registre foncier quand il s'agit d'immeubles, et il est
désormais pourvu d'effets réels en ce que le nouvel acquéreur
n'achète que sous réserve de ce droit, qui bénéficie de la pu-
2&

licite conférée aux énonciations du registre. L'action doit être


bntentée alors contre l'acquéreur en second.
6. La durée du pacte de rachat est limitée de la même manière;
il n'engendre aussi qu'un droit personnel, qui n'est pas opposable-
aux tiers de bonne foi s'il n'a pas été inscrit.
c. Dans la vente aux enchères, il faut distinguer entre les ventes
volontaires et les ventes forcées. Il est vrai que toutes deux
peuvent être définies de même, au point de vue des éléments géné-
raux de la conclusion du contrat ; les faits nous enseignent que les
criées tendent exclusivement à provoquer des offres et que l'accep- '
tation de celles-ci n'a lieu que par suite de l'adjudication (art. 1274).
11 suffit de prescrire en outre qu'à défaut de conditions différentes,
l'auteur d'une enchère reste lié jusqu'à l'acceptation immédiate de
son offre ou jusqu'à ce qu'une surenchère ait été faite (1274). La
question du paiement du prix d'adjudication sera tranchée par les
conditions de la vente; sinon, il s'effectuera au comptant (art. 1276).
Mais la garantie ne peut être la même dans les enchères volontaires
que dans les enchères forcées. Ici, elle n'existe que si elle a été
formellement promise et ti l'on a eu recours à des manœuvres fraudu-
leuses ; là, au contraire, il n'y a pas de motif de ne pas s'en tenir
à la garantie imposée d'une manière générale au vendeur. Evidemment,,
le vendeur peut dans ce dernier cas, et par une clause des condi-
tions de la vente, déterminer à son gré son obligation légale, ou même
s'en affranchir, sauf qu'il ne pourrait se libérer des conséquences de
son dol (1277). Le transfert de la propriété s'opère par l'inscription
au registre foncier, l'autorité qui procède à des enchères privées
ayant le devoir d'y veiller et de communiquer à cet effet le procès-
verbal d'adjudic;ition au préposé au registre. Dans les enchères
qui auront des meubles pour objet, l'adjudication peut parfaitement
remplacer la tradition, puisqu'elle est publique ; c'est ce que cons-
tate l'art. 1278.
On a soumis, comme en droit actuel, l'échange aux disposi-
tions applicables à la vente; cfr. art. 1279, 1280, (272, 278, 0. 0.)
Nous ne nous occuperons de la donation qu'à la fin de cette-
deuxième Partie.
2. Ce ne sont guère que des modifications de forme qui ont été
faites aux chapitres concernant le bail à loyer et le bail à fermé;
les autres changements sont peu nombreux et n'ont rien d'essentiel.
Enlevons les points suivants:
A l'art. 1298, comprenant les art. 276 et 277 C. 0., nous
ajoutons un texte aux termes duquel les défauts de la chose louée
26

qui constituent un danger sérieux pour la santé du preneur per-


mettent à celui-ci de résilier, même s'il les avait connus lora de la
conclusion du bail ou s'il avait renoncé à s'en prévaloir dans le
contrat. Cette innovation se justifie d'elle-même; divers règlements
de police récents édictent des prescriptions analogues.
L'art. 1300 complète le Code de 1881 relativement à la pro-
cédure à suivre quand des défauts de peu d'importance existaient
déjà au moment de l'entrée en jouissance ou se manifestent plus
tard.
En vertu de l'art. 1305, les baux d'immeubles pourront déployer
des effets réels s'ils sont annotés au registre foncier; ce principe
est généralisé; ce n'était pas possible sous l'empire du Code
fédéral des obligations, qui devait simplement réserver le droit can-
tonal, mais cela répond au but de la loi (cfr. art. 281, al. 3, C. 0.).
Quant à la garantie des loyers, l'art. 1318 comble une lacune
du C. O , en disposant que le bailleur peut exiger d'autres sûretés
de son locataire si ce dernier ne garnit pas les lieux loués de meu-
bles sur lasquels le droit de rétention pourra s'exercer le cas
échéant. Cette règle nouvelle s'explique déjà par le fait qu'à
l'ordinaire le bailleur est tenu d'exécuter ses obligations avant
que l'autre partie accomplisse les siennes.
L'art. 1319 mentionne la restitution de la chose louée, que
1« Code de 1881 passait sous silence. Le preneur rend la chose dans
l'état où il l'a reçue; il ne répond pas des cbangements qui sont
le résultat d'un usage normal et il est présumé avoir reçu la
chose en bon état.
Comme à l'art. 297 C. 0., nous pouvons renvoyer, pour le
bail à ferme, à toute une série de dispositions qui régissent le
bail à loyer. Notre projet, au reste, ne nous apporte pas plus
d'innovations que le précédent chapitre.
Pour le colonage partiaire et le métayage, l'art. 1323, alin. 3
réserve expressément lea usages locaux, qui sont censés exprimés, à
moins que le contraire ne soit établi, par le droit cantonal antérieu-
rement appliqué ; cfr. art. 7 du Projet de C. civ. s., et les législations
fribourgeoise et vaudoise notamment.
On a dû se demander si l'époque de la St-Marlin prévue
pour la dénonciation des baux à ferme, à l'art. 309 C. 0., était
judicieusement choisie et s'il ne serait pas préférable de la
remplacer par un autre terme de la saison du printemps ; cec
surtout en considération de l'art. 358 du projet de Code civil, qui
concerne la dissolution des indivisions en participation portant sur des
biens ruraux. Le bailleur est intéressé à ce que la St-Martin soit
27

«conservée, parce qu'alors son droit de rétention peut s'exercer sur


toutes les récoltes amassées dans les granges, caves et greniers
pendant l'automne. Par contre, le terme de St-Georges, ou tel
autre terme du printemps, conviendrait davantage au fermier, qui
pourra plus facilement régler ses comptes avec son successeur ou
son propriétaire, et qu'il y a lieu d'indemniser dans tous les cas pour
•ses frais de culture de l'année. Nous avons admis que, sauf stipula-
tion contraire, le congé pourrait être donné pour le terme de prin-
•temps ou d'automne consacré par l'usage local.
Il était nécessaire d'avoir quelques dispositions sur le bail à
cheptel. L'art. 320 C. 0. renvoyait au droit cantonal et à l'usage
des lieux. Cette solution peut être acceptée en toute première
ligne, puisque le droit cantonal exprime l'usage des lieux tant que
le contraire n'est pas établi. Mais quelques règles s'imposent lorsqu'on
ne peut recourir à ces sources d'interprétation de la volonté des
parties. Il importe alors de savoir à qui appartiennent les produits
du cheptel et sous quelles conditions le preneur peut y prétendre.
D'un autre côté, il s'agit que la dénonciation du bail ne puisse
se faire sans égard aux intérêts légitimes des deux contractants.
Nous avons décidé enfin que le preneur répondrait de tout le
dommage subi par le cheptel, à moins de prouver qu'il ne lui a
pas été possible, malgré toute sa diligence, de détourner ce dom-
mage; le fardeau de la preuve a été réparti dans cette espèce
«omme dans d'autres semblables (art. 1349 à 1352).
3. Ni dans le titre du prêt à usage, ni dans celui du prêt de
consommation, nous n'avons proposé des changements autres que
de pure forme. Nous avons cependant ajouté à l'art. 1366 un
deuxième alinéa, d'après lequel le taux stipulé sera, sauf convention
contraire, celui de l'intérêt annuel.
4. En revanche, le titre suivant, qui traite du louage de
services, a été profondément remanié. Le Code fédéral des obli-
gations ne renferme que 12 articles sur ce contrat d'une si
grande importance, et il ne règle guère de façon un peu détaillée
que ce qui a trait à l'époque du paiement des salaires et aux
«auses d'extinction du louage. Il y a longtemps que, de bien des
côtés, on a critiqué l'insuffisance de notre législation sur ce point
et réclamé des prescriptions plus complètes sur l'objet de la
convention, les droits et les obligations des parties, en tenant
•compte des formes si diverses que revêt le louage de services.
Une revision des art. 338 et suiv. C. 0. fut recommandée par
les rapporteurs de la Société des juristes suisses, dans la réunion
annuelle de 1900, et l'assemblée se prononça dans le môme
28

sens. Les cercles intéressés, en particulier la Société suisse des com-


merçants, se joignirent à ce mouvement; cette société rédigea tout
un ensemble de propositions impliquant des réformes décisives.
N'oublions pas non plus que le Code ciril allemand (§ 611 à 630)
et le nouveau Code de commerce pour l'Empire d'Allemagne (§ 59
à 83) contiennent des dispositions minutieuses sur le louage de ser-
vices. Enfin la Société des juristes suisses a repris la question en
1902, à la suite de rapports qui lui ont été présentés par M. le
professeur Lotmar, à Berne, et M. le Dp G. de Weiss, à Lausanne.
A notre avis, la revision des art. 338 et suiv. doit s'étendre
aux matières que voici :

a. Il importe que la définition du louage de services soit


assez précise pour que ce contrat se distingue nettement du mandat
ou du louage d'ouvrage. Car, selon qu'un rapport de droit est
soumis au régime légal applicable à l'une ou à l'autre de ces
conventions, ses effets sont très différents, et la jurisprudence témoigne
de fâcheuses incertitudes à cet égard.
L'art. 1369, al. 1, considère comme un critère décisif le
fait que, dans le louage de services, du travail est promis, contre
paiement d'un salaire, pour une durée déterminée ou indéterminée.
Lorsque le contrat a pour but la confection d'un objet ou l'accom-
plissement d'un acte, et qu'on prend en considération le produit du
travail sans tenir compte du temps durant lequel le locateur doit être
au service du maître, nous avons, en droit fédéral actuel, dans la
première hypothèse un louage d'ouvrage et un mandat dans la seconde.
Ce mode de différenciation subsiste lorsque le salaire est fixé non
d'après la durée, mais d'après les résultats du travail. Si le fabricant
de broderies rémunère ses ouvriers d'après la quantité de travail
fourni, ou le fabricant de clous ou de vis, etc., d'après le nombre
des pièces qui lui seront livrées, nous sommes encore en présence
d'un louage de services, dès que les locateurs sont engagés comme
ouvriers chez 'leurs patrons pour un temps déterminé ou indéter-
miné; cfr. art. 1369, al. 2 et 3. On recherchera si un ouvrier
a mis, à terme ou sans terme fixe, son activité à la disposition
d'un employeur, ou s'il n'a entrepris que d'accomplir un acte ou
d'exécuter un ouvrage sans s'être lié pour un certain laps de
temps, de telle sorte que le contrat expire par l'accomplissement
de l'acte ou l'exécution de l'ouvrage. Dans cette dernière éventualité,
il ne peut s'agir d'un louage de services. Mais si l'ouvrier, même
après qu'il a terminé sa pièce de broderie, demeure l'ouvrier de son
patron, nous avons le contrat des art. 1369 et suivants du projet.
29

Cette distinction n'offre pas de difficultés pratiques. La fabrique


possède le personnel dont elle a besoin, et celui qui en fait partie
est censé désormais être l'ouvrier ou l'employé du patron. Quand
bien même le salaire se calculerait d'après l'ouvrage fourni, les
services se renouvellent sans cesse ; il y a ici une occupation régu-
lière, qui, fût-elle interrompue parfois, n'en reste pas moins envi-
sagée de part et d'autre comme une occupation régulière. Le
maître tailleur qui livre à ses ouvriers du travail à domicile, et
qui les rémunère d'après l'ouvrage qu'ils font pour lui, a formé
avec eux un contrat de louage de services, tandis que ses clients
qui lui commandent un vêtement ont conclu un louage d'ouvrage
avec lui. Ces ouvriers, quoiqu'ils fassent leur besogne chez eux, sont
à son service, rentrent dans son personnel.
Tombent dès lors sous l'application des règles concernant le
louage de services : tous les ouvriers et employés d'un industriel,
d'un commerçant ou d'un artisan, même ceux qui travaillent à
domicile. Il en est de même des apprentis, quoique la question de
leur instruction professionnelle ait une importance toute particu-
lière et qu'ils ne louent pas simplement leurs services. On pourrait
même dire que cette instruction professionnelle est la chose princi-
pale et que, partant, il vaudrait mieux faire du contrat d'appren-
tissage un. contrat spécial se rapprochant du mandat. Mais on créerait
ainsi de la confusion plutôt que de la clarté. En réalité, l'apprenti
travaille dans les conditions d'un louage de services. Juridiquement
parlant, son ouvrage vient en toute première ligne, quoiqu'il
soit un moyen d'instruction professionnelle ; mais l'accomplissement du
travail n'en reste pas moins l'essentiel et l'apprentissage du métier
peut être tenu, en quelque mesure, pour une rémunération. C'est
ce dont on se rendra compte en constatant que, très souvent, l'apprenti
s'engage pour une durée bien supérieure au temps nécessaire pour
s'initier à sa profession. Son travail de la dernière période compense
la valeur minime des services rendus d'abord et constitue une
indemnité pour l'instruction reçue. Aussi est-il très rationnel de
considérer, — c'est ce que nous faisons à l'art. 1383, — l'obligati on
assumée par le maître de se vouer à l'instruction professionnelle de
l'apprenti comme l'équivalent du salaire dans le louage de services.
Assurément, toute la matière de l'apprentissage ne peut être
réglée par les art. 1369 et suivants. Les prescriptions du régime
tutélaire s'appliquent aux apprentis mineurs, — soit, jusqu'à ce
jour, le droit cantonal; cfr. art. 413 et 430, chiff. 11, du
Projet de G. c. s. D'une manière générale (art. 8 ibid.), les
«antons auront le faculté de compléter les dispositions de notre
30

titre par leur droit public (règlements de police, lois concernant


l'instruction professionnelle, etc.).
6. Le contrat de louage de services est valable indépendamment
de l'observation d'une forme particulière. Mais les services peuvent
être loués sous des conditions fixées par un règlement, ou les
salaires être déterminés par des tarifs, l'employeur étant tenu
d'ailleurs de faire connaître à ses ouvriers l'existence de ces règles
uniformes (art. 1870, al. 1). 11 se peut aussi que l'on ait recours
à un contrat collectif de travail ou de salaire, conclu entre patrons et
syndicats professionnels. Ici, ce n'est pas l'ouvrier qui est direc-
tement le cocontractant du maître, quoique, s'il entre au service de
ce dernier, il soit soumis aux clauses de l'entente générale et qu'il
puisse se placer au bénéfice d'une stipulation pour autrui (art. 1871,
al. 2, 1377, al. 1). Le Code peut ne pas se prononcer sur la nature,
controversée, du contrat collectif.
c. L'objet et les effets du louage de services peuvent être libre-
ment fixés, sauf disposition formelle de la loi et sous réserve de ne
pas les régler contrairement aux bonnes mœurs (art. 1373). Mais l'expé-
rience nous prouve que les contrats régis par les art. 1364 et
suivants ne sont habituellement pas rédigés avec toute la précision
et le soin désirables ; ils sont conçus en termes très brefs, et.
pourtant il serait facile de créer, pour les diverses catégories de
louages de services, des contrats modèles, que l'on réclame da
divers côtés. On peut déférer à ces vœux en ce sens que, tout en
réservant les conventions dérogatoires des parties, le législateur
établirait des prescriptions uniformes, qui seraient présumées exprimer
la volonté des intéressés ; ces prescriptions uniformes se trouve-
raient non pas dans le Code civil, mais dans des contrats-types
dressés de la manière suivante. Les syndicats professionnels et
les sociétés d'utilité publique en proposeraient pour toutes les
espèces de louages de services où il paraîtrait utile de procéder
ainsi ; puis, les autorités cantonales examineraient ces contrats,
pourraient les reconnaître et les rendre publics, et dorénavant ils
feraient loi entre maîtres et ouvriers de telle ou telle industrie,
en l'absence de stipulations contraires. Ce système n'est pas complè-
tement nouveau; ainsi la Société d'utilité publique des femmes
suisses a élaboré un contrat modèle pour l'engagement des domes-
tiques, et des associations, professionnelles ou autres, l'ont imitée.
En vertu de notre art. 1373, la teneur des contrats-types publiés
par l'autorité cantonale serait réputée exprimer la volonté des
intéressés, en ce que tous les louages de services de telle eu telle
catégorie seraient présumés conclus dans les termes desdits conti ats.
L'examen et la publication dont nous avons parlé devraient-ils-
31

être de la compétence du pouvoir fédéral ou cantonal ? Nous


avons pensé que, dans bien des cas, les usages et les idées ayant cours
dans les diverses régions de notre pays ne pourraient être négligés
sans inconvénients lors de la rédaction de semblables formulaires et
que l'approbation des cantons ne serait pas difficile à obtenir, de la
part des associations professionnelles, pour des contrats-types
destinés au pays tout entier. Néanmoins, il était prudent de réserver
le contrôle de l'autorité fédérale, dans la mesure indiquée à l'art.
1373, al. 3.
De cette façon, il est possible de prendre en considération
l'extrême diversité des louages de services, sans que le législateur
exerce quelque contrainte que ce soit et sans qu'on s'avise de
réglementer arbitrairement les conditions mêmes du travail. Dans
les limites ci-dessus tracées, la liberté existe comme devant ; mais, pour
les cas extraordinairement nombreux dans lesquels les conventions
des parties n'ont point porté sur les détails, nous aurons réalisé
une sécurité du droit dont on a fréquemment déploré l'absence.
On peut se demander si, dans d'autres matières que celle du
louage de services, il ne serait pas avantageux d'introduire ce sys-
tème, — d'exprimer la volonté présumée des parties dans des
formulaires dressés sur l'initiative des intéressés eux-mêmes. Une
disposition qui eût atteint ce but devait figurer dans le titre
préliminaire du Code civil ; mais on l'a écartée. Quoiqu'une
innovation d'un caractère aussi général n'ait pas été admise, il n'y
a pas de raison de la rejeter pour le louage de services, où elle est
surtout désirable. Sans restreindre la liberté des contractants, elle
met de la clarté dans leur situation juridique, tout en prêtant à
la convention de louage de services une mobilité et une plasti-
cité qui seront éminemment favorables à la solution de problèmes
si importants pour la grande majorité de notre peuple.
Mais ces contrats modèles ne renferment que du droit permissif,
alors qu'il est des cas dans lesquels des règles strictes sont indis-
pensables. Celles-ci ne pourraieat-elles pas être abandonnées aux
autorités qui seront chargées de rendre les ordonnances d'exécution
et qui, avec la collaboration des syndicats et associations désignés à
l'art. 1373, peuvent beaucoup mieux prendre en considération les
besoins changeants ou les conditions nouvelles de l'industrie ? Ce sont
là des questions qui rentrent soit dans le droit public, soit dans la
législation spéciale, et dont il valait mieux ne pas s'occuper dans
notre projet.
Les obligations des parties sont déterminées comme suit :
1) Les services du locateur doivent être rendus par ça dernier
en personne, conformément à l'art. 339 G. 0. (1374). Mais il y a
32

lien de completorie Code de 1881 sur deux points, notamment au


sujet de la diligence à observer par le locateur de services dans
l'accomplissement de son travail. On est en droit d'exiger que le
locateur apporte ici tout le soin voulu, bien que la mesure de sa
diligence ne puisse être la même dans tous les cas. A cet égard,
on fera entrer en ligne de compte, d'après l'art. 1875, ce qui a
été expressément ou tacitement prévu par le contrat, l'instruction
professionnelle ou les connaissances techniques réclamées par l'exé-
cution des services promis, comme aussi ce que le maître savait ou
aurait dû savoir, quand la convention a été passée, des aptitudes
de l'ouvrier ou de l'employé. Si la manœuvre se donne pour un ma-
çon au courant de son métier, il répondra de la diligence que
l'on peut attendre d'un maçon ; mais si le patron qui est renseigné
lui confie néanmoins des travaux de maçonnerie, il ne peut invoquer
une responsabilité aussi étendue.
De plus, il faut envisager les diverses espèces dans lesquelles
le locateur, qui se trouve ici dans une situation assez analogue à
celle de l'entrepreneur d'un ouvrage, doit utiliser la matière four-
nie par le maître et déployer des connaissances professionnelles. Il
est juste alors, comme le veut l'art. 376, d'imposer à l'ouvrier qui
travaille aux pièces ou qui s'est engagé à exécuter un certain ou-
vrage, la même responsabilité que dans la locatio conducilo operis.
2) La première des obligations du maître consiste dans le
paiement du salaire convenu. Le locateur peut demander, en effet,
qu'on le charge autant que possible d'un travail rémunérateur. Si
l'employeur lui en refusait d'une maniera fautive, en négligeant par
exemple d'admettre l'ouvrier à la répartition du travail existant, il
serait passible de tout le dommage causé par le chômage, dans
la mesure où le locateur pourrait exiger la continuation du contrat
(art. 1378).
Comme sous l'empire du droit actuel, que le législateur ne
peut guère songer à modifier, le paiement du salaire s'effectuera
•en général postnumerando, c'est-à-dire après que le travail aura
été livré, ou à certains termes fixés (1379). Mais ce principe ne
suffit pas pour sauvegarder tous les légitimes intérêts de l'ouvrier.
A l'ordinaire, ce dernier vit de son gain, au jour le jour, et si,
par suite de quelque événement imprévu, ses ressources se trou-
vent diminuées, il se peut qu'il soit incapable de subvenir à ses
besoins avant l'époque où il touchera la rémunération due pour
le travail en cours. Dans de pareilles éventualités, il ne sem-
ble pas excessif d'obliger le maître, s'il peut le faire sans s'o-
bérer lui-même, à faire des avances à l'ouvrier, jusqu'à concur-
rence de la valeur du travail exécuté, ces avances étant destinées
83

•à l'entretien du locateur et de sa famille ou à conjurer un dom-


mage qui le menace. Si la loi ne lui venait pas en aide, on pour-
rait craindre que l'ouvrier ne s'endettât, ne consentît à frapper
ses salaires non échus d'un droit de gage onéreux; et tout em-
ployeur sérieux doit tenir, au demeurant, à ce que son personnel
ne soit pas entraîné dans cette voie, quand des avances justifiées
peuvent remédier à la situation (art. 1380).
L'art. 1381 est conforme à l'art. 341, alin. 1, qu'il complète
seulement. On a tranché la controverse qui s'est élevée sur le sens
des mots « à long terme » et « pendant un temps relativement
• court », en disant que ce qui est décisif, c'est non pas le délai
prévu pour donner congé, mais la durde des services d'ores et déjà
rendus par le locateur. En outre, le troisième alinéa du même
texte résout une question douteuse relativement à la déduction des
•subsides versés par des caisses de secours aux malades : cette dé-
duction sera faite par le maître proportionnellement à la valeur de
ses cotisations.
Le maître peut réclamer de son ouvrier, contre un supplé-
ment de salaire, tout surcroît de travail que le locateur ne saurait
lui refuser de bonne foi; cfr. art. 1382.
Nous avons ajouté quelques dispositions spéciales sur les outils
et les matériaux (l'art. 353 C. 0. règle ceci pour le louage d'ou-
vrage, tandis que le titre du louage de services n'en parle point),
sur les locaux dans lesquels le travail doit être accompli, sur les
mesures de sécurité à prendre par le maître (art. 1385), et sur la
compensation entre le salaire et les dommages-intérêts ou d'autres
créances, cette compensation n'étant licite qu'en tant que le salaire
«st saisissable (art. 1386). La Société suisse des commerçants a
beaucoup insisté sur la nécessité d'accorder à l'ouvrier du temps
libre, notamment pour chercher une autre occupation avant la fin
du contrat; cfr. les art. 1387 et 1388, où nous avons introduit
.les prescriptions commandées par la loyauté des relations entre les
parties.
3. D'autres prescriptions se réfèrent à l'autori'é domestique,
ainsi qu'à l'entretien du locateur de services dans la famille (art.
1389, alin. 2; cfr. art. 341, alin. 2 C. 0.) Les textes que nous pos-
sédons, dans le projet de Code civil (art. 338 et suiv.), concernant
l'autorité domestique allègent singulièrement notre titre trente-
septième (cfr. art. 1389). On ne pouvait se dispenser de mentionner
à part le contrat d'apprentissage et d'édicter à ce propos des rè-
gles particulières, qui se trouvent à l'art. 1383, alin. 2.
Feuille fédérale suisse. Année LVU. Vol. II. 3
34

d. Les causes d'extinction du louage de services sont régies


par des dispositions analogues, en somme, à celles du droit actuel.
Pour les délais de congé qui n'ont qu'une valeur d'application
subsidiaire, nous avons adopté un délai plus court ou plus long
que celui du C. 0., selon que la durée des services est inférieure
ou supérieure à une année. Dans le premier cas, nous nous sommes
prononcés pour 14 jours, allant ainsi au-devant des vœux formés
par les ouvriers et les patrons ; dans le second, où les relations
personnelles entre les intéressés sont plus étroites, le délai sera
de six semaines pour la fin du trimestre courant (art. 1392, alio. 2,
et 1393). On a maintenu l'art. 344 C. 0. relatif au temps d'essai
pour les « ouvriers ou domestiques », mais en en généralisant le
principe. La question' du caractère non obligatoire des louages de
services conclus pour la vie de l'une des parties a été résolue dans
le même sens qu'en 1881; on a prescrit, en outre, que ceux
passés pour une durée excédant cinq années pourraient être dé-
noncés à tout moment, moyennant un avertissement préalable de six
mois (art. 1395).
La résiliation unilaterale du contrat est réglée d'une manière
plus précise et plus complète. On a commencé par mieux définir
les « justes motifs » de l'art. 346 C. 0., comme le code de 1881
l'avait fait pour le contrat de société dans son art. 539, et on a
utilisé les décisions de la jurisprudence (art. 1396, alin. 2) ; d'un
autre côté, l'on a ajouté au projet un article (1377) réglant, en
cas de résiliation pour de justes motifs, la matière du paiement des
salaires et celle des dommages et intérêts; enfin l'art. 1396 in fine
déclare que le service militaire obligatoire ne pourra jamjis être
considéré comme un «juste motif», mais l'art. 1398 signale comme
tel le fait que le paiement des salaires est compromis.
L'extinction du contrat pour cause de mort de l'une des par-
ties (art. 347 C. o.) a été réglée moins sommairement; on devra
tenir équitablement compte au locateur, en payant le salaire, du
dommage que lui cause la résiliation anticipée par suite du décos
du maître (art. 1399).
e. Ce n'est pas tout. La prohibition de faire concurrence ne
pouvait être passée sous silence dans le projet. Les tribunaux ont
peu à peu comblé une lacune de la législation actuelle sur ce point
spécial et ils se sont rattachés aux solutions de la jurisprudence
allemande. Mais l'Allemagne, en revisant son Code de commerce
§( 74, 75), a consacré des prescriptions assez détaillées au Kon-
Jcurreneverbot, et nous pouvions imiter le modèle qui nous était
ffert.
35

II importait de n'admettre la validité des prohibitions de faire


concurrence que pour un temps et un rayon limités, et de n'autoriser
une action de ce chef que si les contraventions du locateur pou-
vaient occasionner un préjudice réel au patron ; cfr. art. 1400,
1402, alin. 2. Si la prohibition est excessive, d'autre part le juge
n'est pas tenu, comme aujourd'hui, de l'annuler, mais il peut la
réduire à la mesure convenable (art. 1400, alin. 2). Lorsque les
intéressés invoquent le secours de la justice, on peut présumer, en
conformité de l'art. 1401, que le locateur a la faculté de se libérer
de la prohibition sanctionnée par une clause pénale, en versant
le montant des dommages et intérêts conventionnels. Comme le
droit allemand, l'art. 1402,s alin. 2; dispose que la prohibition
tombe lorsque le' maître a résilié le contrat sans raison suffisante,
ou lorsque, par sa faute, il a donné à l'autre partie un motif de
résiliation anticipée.
f. Quant aux professions libérales et aux réserves à faire en
faveur du droit public, on a conservé les art. 348 et 349 C. 0.,
sauf qu'on a prévu, à l'art. 1403, outre les services supposant
une culture scientifique, ceux qui exigent une culture artistique,
et que le titre trente-septième n'a été déclaré applicable aux pro-
fessions libérales que si le contrat conclu par un médecin, un
avocat, etc. réunissait les éléments d'un louage de services. C'était
là déjà ce qu'on entendait sous le régime du droit actuel, où ce
n'est pas le caractère des services supposant une culture scientifique
qui est déterminant mais bien celui de la convention elle-môme.
Un médecin d'hôpital, de commune, est un locateur de services,
mais non pas le médecin à clientèle privée; et l'avocat-conseil at-
taché à une société anonyme, mais non l'avocat qui offre ses ser-
vices au public (voir art. 394, alin. 2, C. 0.).
La législation fédérale sur le travail dans les fabriques est
réservée dans les dispositions transitoires; les lois cantonales de
protection ouvrière sont comprises dans la réserve générale faite
pour le droit public des cantons.
5. Le titre qui traite du louage d'ouvrage n'a subi aucune
importante modification de fond. Nous n'avons pas cru devoir sou-
mettre au même délai de prescription (à l'art. 1416; cfr. 362 C- 0.),
comme l'on en avait exprimé le vœu, la responsabilité en matière
de constructions de l'architecte et celle de l'entrepreneur, car
l'architecte qui n'est pas un entrepreneur est tenu en vertu d'un
contrat de mandat ou de louage de services pendant la durée du
délai ordinaire de prescription (dix ans). Si l'on voulait un
texte spécial sur ce point, il faudrait l'insérer parmi les disposi-
36

tions concernant lesdits contrats, et l'on voit d'emblée qu'une ex-


ception pareille ne serait pas justifiée. Nous avons élargi l'art. 364
0. 0. (1419), qui a trait au surcroît de dépenses de l'entrepreneur
dans )es marchés à forfait. Une augmentation du prix stipulé ou
la résiliation peut être demandée lorsque les difficultés qui se pro-
duisent dans l'exécution de l'ouvrage étaient impossibles à prévoir
ou exclues par les prévisions des parties. Il n'y a guère de changé
dans le titre du contrat d'édition, que ceci : d'après l'art. 1442,
l'auteur ou ses ayants cause ont, sauf convention particulière, droit
au nombre usuel d'exemplaires gratuits. Dans le titre du mandat,
nons pouvons nous borner à constater que la définition donnée de
l'assignation par notre art. 1462, alin. 2, est plus précise que
celle de l'art. 406. Le projet a conservé à l'assignation son ca-
ractère de double mandat, quoique cette conception ne soit plus
celle de la doctrine contemporaine. La procuration commerciale, la
commission, le contrat de transport continuent à être rattachés au
mandat, et ncus n'avons pas innové dans ces matières. Nous ne
rappellerons qu'une adjonction faite à l'art. 1488, alin. 2 (435 G.
0.), dans le titre de la commission, le texte plus large de l'art.
1493, alin. 2 (440 C. 0.), et, dans le titre du contrat de transport,
l'art. 1509, alin. 2, qui complète l'ancien art. 457. Le titre de la
gestion d'affaires n'a éprouvé que des changements légers et de
pure forme.
6. Le titre quarante-cinquième, qui traite du dépôt, est resté
à peu près intact, sauf que nous avons accordé aux hôteliers et à
ceux qui tiennent des écuries publiques un droit de rétention (art.
1545), et que nous avons limité à la somme de 1000 francs la
responsabilité pour de l'argent ou des titres non confiés à la garde
de l'hôtelier (art. 1543; cfr. art. 486 C. 0.). En revanche, nous
avons introduit ici le contrat d'entrepôt, dont le code de 1881 a
négligé de parler. Et pourtant le droit des obligations fait plus
d'une fois allusion à ce contrat, mais dans l'idée que la législation
cantonale établira les règles nécessaires (voir les lois de Genève,
Soleure, et, précédemment, de Bàie-ville). 11 est préférable de s'en
occuper dans notre Code. De là, nos art. 1537 à 1541. En ap-
plication de ces textes, l'entrepositaire, qui offre publiquement de
recevoir des marchandises en dépôt, ne peut émettre des papiers-
valeuis sur les objets entreposés que s'il en a reçu la permission
de la part de l'autorité compétente; cette ingérence officielle est
légitime en raison de la très grande confiance que doit inspirer
l'entrepoi-itaire. L'obligation ds garde est régie comme dans le titre
de la commi-sion. Des dispositions formelles ne sont guère indis-
pensables que [jour déterminer les droits du déposant à prendre des
37

mesures conservatoires, à procéder à des essais, et ceux de l'autre


contractant à opérer un mélange de choses fongibles de même es-
pèce (du blé, par exemple). L'entrepositaire a, comme le voiturier,
un droit de rétention pour la garantie de son salaire et de ses
avances. La restitution des marchandises a lieu selon les règles du
dépôt, ou, le cas échéant, suivant celles édictées pour les papiers-
valeurs. Nous pouvons renvoyer, pour le surplus, aux § 416 à
424 du C. com. ail. revisé.
7. Le titre du cautionnement n'a pas été modifié, si ce n'est que
nous avons ajouté à l'art. 508 C. 0. un alinéa (1565, alin. 2), qui
traduit en texte légal cette règle de jurisprudence, à savoir que le
créancier est responsable lorsqu'il néglige d'exercer envers le dé»
biteur la surveillance à laquelle il es,t tenu. Les dispositions rela-
tives au jeu et au pari sont aussi demeurées les mêmes.
8. Nous avons intercalé, dans le titre du contrat de rente
viagère, toute une série d'articles (1580 à 1589) sur le contrat
a'entretien viager, dont l'importance pratique n'est pas moindre. 11
y avait lieu de prendre en considération toute particulière le fait
que le créancier peut vivre dans le ménage du débiteur ou être
placé dans un asile. La forme de la convention est celle du pacte
successoral; et d'ailleurs, une institution d'héritier vient souvent
se greffer sur le contrat d'entretien viager. Quand le créancier
traite avec un asile, la forme écrite peut suffire. S'il remet un
immeuble à l'autre partie, il y acquiert, pour la sûreté de ses
droits, une hypothèque légale, qui devra être mentionnée à l'article
824 du projet du C. c. s. Les intéressés peuvent prévoir des ga-
ranties plus complètes.
On ne pouvait se dispenser de déterminer avec plus de dé-
tails les causes d'extinction, qui sont : la dénonciation et la res-
cision. Celle-ci peut résulter d'une violation des prescriptions de
la loi sur la réserve héréditaire ; elle pourrait également être de-
mandée si le créancier avait cherché à se soustraire aux effets de
l'obligation alimentaire imposée à certains parents. La résiliation
par suite de l'inobservation des clauses du contrat ou en vertu de
justes motifs est réglée différemment; le juge peut, ici, ne pas
annuler la convention, et se contenter de prononcer la cessation
de la vie en commun tout en allouant «ne rente viagère au créan-
cier. Les droits dérivant du contrat régi par les art. 1580 et suiv.
sont incessibles et ne sont, en conséquence, pas susceptibles de réa-
lisation. En cas de faillite du débiteur, on adoptera la même so-
lution que celle de l'art. 522 C. 0.; s'il décède, le créancier pourra
choisir entre la continuation du contrat par les héritiers et la li-
38

quidation, comme dans l'hypothèse de la faillite (art. 1588, 1589).


Tout ceci est emprunté, en somme, à notre droit cantonal, notam-
ment au C. civ. zuricois.
9. Dans la matière des sociétés, on pouvait se demander s'il
n'était pas désirable d'entreprendre une réforme sérieuse, en décla-
rant expressément, à l'exemple de la législation allemande et comme
l'exige la nature des choses, que le système de la propriété com-
mune, du Gesammteigentum, est applicable entre associés. Si, pour
ne pas dévier de notre méthode, nous n'avons pas procédé à
cette modification décisive, les dispositions du projet du C. c. s.
concernant les deux espèces de propriété de plusieurs sur un même
bien (art. 640 à 648) nous obligeaient du moins à ne pas fausser,
en employant le terme de « copropriété », le véritable caractère
des droits de propriété entre associés; et nous avons parlé, à l'art.
1610 (544, alin. 2, C. 0.), de propriété leur appartenant en commun.
Dès lors, les associés ne sont pas de simples copropriétaires ; ils
sont soumis aux effets des conventions passées entre eux et les
tiers avec lesquels ils contractent. Et c'est intentionnellement qu'à
l'art. 1610, alin. 2, les mots « part et portion » ont été remplacés
par ceux de « part de liquidation ». Pour le surplus, le titre
vingt-troisième du Code de 1881 n'appelle que fort peu d'in-
novations. A l'art. 1609, on a établi la présomption que l'associé
chargé d'administrer pouvait également engager la souiété envers
les tiers. A l'art. 1614, la continuation des affaires après la disso-
lution a été l'objet de règles plus précises. Nous n'avons pas
jugé utile, comme nous l'avons fait à l'art. 1395, d'assimiler, à
l'art. 1611, chiff. 6, la société formée pour cinq ans et davantage
à celle conclue pour toute la vie de l'un des associés.
A part quelques adjonctions destinées à élucider des points
douteux (voir, entre autres, art. 1629 et cfr. 561 C. 0.), les titres
de la société en nom collectif et de la société en commandite ont
été, pour ainsi dire, maintenus sans changement. Il était urgent,
néanmoins, de ne pas laisser subsister les art. 556 et 557 C. 0.
(art. 1623, 1624), qui établissent le mode de participation aux
pertes et aux bénéfices. Les §§ 120 à 122 du C. comm. ail.
revisé ont adopté une solution qu'on a signalée comme très heu-
reuse: les intérêts des apports ne sont plus considérés simplement
comme des dettes dans le bilan ; ils ne peuvent être réclamés que si
la société a réalisé des gains suffisants pour les acquitter. On ne
pourra plus, comme du passé, les porter au crédit des associés et
ceux-ci ne pourront pas y prétendre en cas de perte ; ils n'y auront
droit que s'il existe un bénéfice, mais les honoraires prévus dans le
•contrat seront traités toujours comme une dette de la société. Nous
39

avions imité le droit commerciai allemand en 1881; nous ne pou-


vions pas ignorer qu'il a été revisé. Nous avons, de plus, suivi le
môme modèle, en insérant, dans nos art. 1647, 1652 et 1653, des
prescriptions plus détaillées sur les conditions et la procédure de la
liquidation dans les sociétés. Nous avons enfin dû adapter à la loi sur
les poursuites et la faillite les art. 569, 570, 574, 577 et 607 G.
0. (art. 1637, 1641,1644, 1677), qui se réfèrent aux droits des créan-
ciers particuliers contre la société; ces derniers ne pourront faire
prononcer [que la faillite de l'associé qui sera leur débiteur per-
sonnel.
Rappelons encore que, dans son art. 1665, alin. 2 (596 C. 0.),
le projet tranche, dans le domaine de la société en commandite,
une question qui était très controversable.
10. Le titre des papiers-valeurs est, en bonne partie, nouveau.
Le droi-t de change étant renvoyé à la législation spéciale, comme
nous l'avons précédemment expliqué (cfr. art. 1689), il y avait
'lieu de créer, pour les autres papiers-valeurs, un régime légal, qu'on
avait souhaité vivement sous l'empire du Code des obligations et
qui nous sera nécessaire, ne fût-ce que pour compléter les dispo-
sitions sur les titres de gage immobilier du futur Code civil suisse.
Ce titre se subdivise en cinq chapitres :
a. Le premier traite, en trois articles, des papiers-valeurs en
général. Conformément à l'opinion prédominante en doctrine, nous
disons que l'on doit tenir pour des papiers-valeurs tous les titres
auxquels le droit qu'ils constatent est si étroitement lié, qu'on
ne peut ni l'exercer, ni le céder indépendamment du titre même.
En principe, toute prétention dérivant d'un contrat peut être
constatée ainsi: il suffit que le débiteur l'exprime nettement par
le texte et le caractère du titre. Il résulte de ceci la possibilité
de créer de ces titres en faveur d'une personne déterminée, à ordre
ou au porteur. Le projet fait, en conséquence, trois catégories de
papiers-valeurs: titres nominatifs, titres à ordre, titres au porteur.
Notre jurisprudence a cru devoir refuser, en invoquant le silence
de la loi à cet égard, la qualité de papiers-valeurs, de Wertpa-
piere, aux titres nominatifs. Mais cette interprétation est bien ar-
tificielle. D'abord, la loi elle-même reconnaît directement ou indi-
rectement cette qualité à certains de ces titres, ainsi aux lettres de
change non à ordre et aux actions nominatives. Ensuite, on ne
peut nier le fait que des titres pareils sont créés dans notre pays
ou nous viennent de l'étranger. Si des bons de dépôt ou des
carnets de caisse d'épargne sont libellés de telle manière que le
débiteur y déclare expressément que les droits constatés ne peu- •
40

vent être exercés qu'au moyen du titre, le législateur n'a aucum


motif de lui dire qu'il s'est trompé et que, partant, le créancier
peut faire valoir ses droits sans représenter son titre. Bien au
contraire, il faut respecter la volonté du débiteur, et alors le titre
nominatif peut être un papier-valeur. C'était la théorie de diverses
lois cantonales avant l'entrée en vigueur du Code fédéral des
obligations.
Les papiers-valeurs constituent des dettes quérables (Hol-
scJiulden), puisque le créancier ne peut exercer ses droits contre le-
débiteur que par la présentation et la remise du titre; il en est
ainsi, du moins, quand des exceptions spéciales n'ont pas été pré-
vues, soit que le titre les mentionne, soit que, dans la lettre de-
change par exemple, le titre ait été domicilié chez lé créancier, ou
que la loi elle-même le veuille ainsi (c'est ce que font, sous cer-
tains rapports, les art. 826 et suiv. du Projet de G. c. s).
Pour les papiers-valeurs émis en grand nombre, il est indis-
pensable de créer un lien co.nmun entre les divers créanciers, en?
vue des mesures ou des décisions à prendre contre le débiteur.
Sans cela, l'on n'aperçoit pas comment il leur serait possible d'agir
ensemble dans leur intérêt à tous. La nouvelle législation alle-
mande y a pourvu, ainsi que le montre la loi impériale du
4 décembre 1899 concernant les droits collectifs des créanciers. On
peut imaginer plus d'une solution. Les obligations sont émises
comme des fractions d'un titre commun et pour faire valoir les
droits dérivant de celui-ci; on môme temps, on désigne un repré-
sentant de tous les créanciers, qui est mentionné aussi bien sur le
titre principal que sur les coupures, où son mandat e-it exactement
délimité et où le rôle des assemblées de créanciers est défini. Ou
bien le titre même renferme, parmi ses conditions, une clause à
teneur de laquelle les créanciers pourront se réunir et prendre, à
une majorité déterminée, des décisions opposables à tous ; cfr.
art. 846 Projet C. c. s. Si ces règles paraissent insuffisantes, on
pourra, soit dans les dispositions générales de notre titre, soit
dans une loi spéciale, organiser tout ceci conformément ù, la loi
allemande de 1899, ou rattacher à la loi fédérale sur l'hypothèque
et la liquidation forcée des chemins de fer une institution dont
les grandes lignes se résumeraient ainsi : « Lorsque des papiers-
valeurs sont émis pour constater une dette de 5uO,000 francs ou
davantage, et que l'on crée à cet effet au moins 1000 titres, les
créanciers de ceux-ci peuvent, si une minorité possédant au moins
la vingtième partie du capital le demande, ótre convoqués par le-
juge compétent en une assemblée dans laquelle la majorité (qu'il
y agirait lieu de fixer) des titres représentés pourrait prendre des.
41

décisions opposables à tous pour l'exercice des droits des créanciers


contre le débiteur. » L'importance considérable d'une institution
de ce genre, et son évidente corrélation avec le régime des faillites
nous engagent à n'en point parler ici et à la réserver à la légis-
lation spéciale.
b. Dans le chapitre des titres nominatifs, il s'agissait de régler
avant tout le mode du transfert de ces titres ; il consiste, à la fois et
nécessairement, dans une cession ordinaire (l'art. 1191 exige la forme
écrite) et dans la remise du titre. Le cessionnaire qui n'est pas
détenteur du titre ne peut pas plus faire des actes de créancier
que le détenteur qui ne peut se prévaloir d'une cession. Cependant, ni
la seule remise du titre, ni le simple fait qu'une cession a eu lieu
ne peuvent être tenus pour dépourvus de tont effet juridique; il
en résultera une action personnelle, contre l'aliénateur du titre, en
accomplissement de la formalité manquante. Le détenteur sans
cession ou le cessionnaire qui n'e&t pas détenteur n'est donc pas
encore le véritable acquéreur. En cas de faillite, il ne pourrait
invoquer la qualité de créancier, mais il a un droit personnel
de se la faire reconnaître contre son adversaire (non pas contre
les créanciers de celui-ci); cfr. art. 1684, 1685.
On doit permettre au débiteur, dans les titres nominatifs, de
se réserver la faculté de considérer tout détenteur comme son créan-
cier ; s'il s y obligeait, nous aurions un titre au porteur. Tant
qu'il n'y a qu'un droit, et non une obligation, de tenir tout dé-
tenteur pour le créancier, le titre ne cesse pas d'être nominatif;
c'est là ce que la doctrine allemande désigne sous le nom de hin-
kendes Inhaberpapier (art. 1686). D'autre part, le débiteur peut
se réserver la faculté de payer sans présentation du titre, mais
nous pouvions nous dispenser de prévoir ce cas dans le projet.
Nous ferons observer, au surplus, qu'un autre papier-valeur,
un titre au porteur par exemple, peut être transformé en papier
nominatif, en particulier lorsque le créancier entend que les droits
découlant du titre lui soient garantis personnellement avec plus de
certitude ; c'est ce qui arrive parfois pour des titres au porteur
qui dépendent d'une tutelle. Mais il faut distinguer : Le' débiteur
qui a émis un titre au porteur ne peut pas être unilatéralement
forcé de le transformer. Aussi longtemps qu'il n'a pas consenti à
y mentionner, comme créancier, le nom d'une personne déterminée,
le titre reste un titre au porteur. Une transformation valable sup-
pose dès lors le concours du débiteur. Si le titre était modifié
sans son intervention, l'opération n'est pas indifférente, car le
créancier pourra mieux établir ses droits de propriété et exercer
42

avec plus de chances de succès l'action en revendication, ou prouver


plus aisément la mauvaise foi de l'acquéreur ; le papier n'en est pas
moins un titre au porteur comme devant.
Notre chapitre doit être complété sur un point, et c'est préci-
sément la lacune que nous allons essayer de combler qui a permis
à la jurisprudence de refuser aux titres nominatifs le caractère de
papiers-valeurs. Les titres nominatifs que l'ayant droit a perdus
sont passibles de la procédure d'annulation, afin que le créancier
diligent puisse soit rentrer en possession d'un nouveau titre, soit
exercer ses droits sans faire courir de risques au débiteur. Con-
vient-il d'adopter une procédure particulière, ou ne suffirait-il pas
d'appliquer le système d'annulation institué pour les titres au por-
teur ou les effets de change ? On s'est déjà prononcé pour cette
dernière alternative, relativement aux titres de gage immobilier
(art. 856etsuiv.). On peut fort bien recourir aux prescriptions du
projet sur l'annulation des titres au porteur pour celle des autres
papiers-valeurs, les titres à ordre exceptés et, tout spécialement,
les effets de change avec leurs échéances très courtes; cfr. art. 1688.

c. Le Code de 1881, dans ses titres vingt-neuvième et suivants,


notamment dans le droit de change, consacre déjà aux titres à
ordre une série de dispositions, qui, d'une façon générale, peuvent
être reprises dans notre chapitre troisième.
Les titres à ordre doivent être expressément créés à ordre,
sauf la lettre de change, qui est un papier à ordre (art. 1689)
même à défaut d'une clause pareille. On applique à tous la règle
générale de l'art. 690, d'après laquelle le débiteur ne peut opposer
que les exceptions dérivant du titra môme ou de son objet, et celles
qu'il a personnellement contre le demandeur.
On peut faire les distinctions suivantes parmi les titres à ordre
qui ne sont pas des effets de change:
Nous avons les titres analogues aux effets de change, régis
aujourd'hui par les art. 838 à 842 C. 0., que l'on retrouvera
presque sans changement dans notre projet (art. 1691 à 1695).
Nous avons en outre les autres titres endossables, en tant
du moins qu'ils sont des papiers-valeurs et que l'endossement n'y
est pas équivalent à une cession ordinaire. La législation actuelle
renferme également toutes les prescriptions nécessaires à cet égard
(art. 843 à 845 C. 0.), et nous avons pu les reprendre sans y
apporter aucune modification de fond; cfr. art. 1696 à 1698.
43

d. Les dispositions que le Code de 1881 consacre aux titres


au porteur peuvent, somme toute, être considérées comme suffi-
santes; aussi avons-nous inséré dans notre projet les art. 846 à
848 de la loi présentement en vigueur, tout en les mettant au
point ou en les complétant. Nous n'avons fait que de rares mais
d'essentiels remaniements, et nous avions le devoir d'y procéder.
En première ligne, nous constatons que le C. 0. ne nous fournit
pas une définition claire et précise du titre au porteur. Celle de
l'art. 846, alin. 1, est trop étroite, du moins à l'interpréter litté-
ralement. Nous lui substituons celle de notre art. 1699, alin. 1.
La réserve formulée au deuxième alinéa du même art. 846 doit
aussi être élargie. Ce n'est pas seulement quand une défense offiiiulle
de payer lui a été notifiée que le débiteur ne doit pas se libérer entre
les mains du porteur, mais encore quand il sait que ce dernier
n'est pas légitimé ; et c'est d'ailleurs le sens de l'art. 846. Le ban-
quier qui verse le montant d'un titre au porteur, bien qu'il sache
que l'individu auquel il remet les fonds est un voleur, agit déjà
contrairement au vœu de notre droit actuel. Mais il est désirable
que le législateur s'explique sur cette question, d'un intérêt pratique
évident.
En second lieu, nou? ne pouvions limiter, dans la môme mesure
que l'art. 847 C. 0., les exceptions accordées au débiteur. Ce texte
exclut tout à la fois celles dirigées personnellement contre les pré-
possesseurs da porteur et celles qui existeraient contre celui-ci, alors
que ces dernières peuvent être opposées dans la matière des effets
de change (art. 811 C. 0.) et des assignations (art. 403 C. 0.).
Dès l'origine, une controverse a surgi sur ce point : Cette rigueur
répondait-elle à un besoin, était-elle voulue par les rédacteurs du
Code des obligations, ou n'était-ce que par inadvertance que les
exceptions appartenant au débiteur contre le porteur personnellement
n'avaient pas été mentionnées à l'art. 847 Ì N'était-il pas excessif, eu
particulier, de ne pouvoir exciper, envers le porteur, du chef de la
compensation Ì En vérité, disait-on, si l'on a de bonnes raisons pour
refuser cette exception entre le débiteur tombé en faillite et le
créancier, ces mêmes raisons font défaut dans le cas inverse, car,
si le créancier est tombé en faillite de son côté, il n'y a pas de
danger que le débiteur s'enrichisse illégitimement en opposant la
compensation. La volonté incontestable du législateur d'exclure
toutes exceptions personnelles repose sans doute sur ce fait: c'est
que le créancier en vertu d'un semblable titre pourrait facilement,
lorsque le débiteur a en même temps une créance contre lui, se sous-
traire à l'effet desdites exceptions en chargeant un tiers de présen-
ter le titre au paiement. Que cela soit possible, on ne peut le nier,
44

mais c'est .dépasser le but que de ne pas admettre les exceptions


personnelles pour ce seul motif. Lorsque le débiteur possède l'une
de ces exceptions contre le porteur qui lui réclame le paiement,
il doit pouvoir y recourir. Nous ne mentionnerons, à ce propos, que-
celle fondée sur le dol, dans les circonstances déjà signalées ad
art. 1699, alin. 2. On n'entrave nullement la négociabilité des titres
au porteur en adoptant notre solution, puisqu'aussi bien ce n'est
que chaque porteur, individuellement, qui sera touché par l'excep-
tion personnelle à lui opposable.
Comme le § 794 du 0. civil ail., mais sans préjuger la ques-
tion purement doctrinale (théories de la création ou de l'émission),
nous n'autorisons pas, à l'art. 1700, alin. 2, le débiteur à exciper
de te que le titre aurait été négocié contre son gré.
Le 3me alinéa du même article accueille, d'autre part, une
cause spéciale d'exclusion de certaines exceptions; elle est géné-
ralement admise par la législation et la jurisprudence des autres
pays, quoique nos tribunaux n'aient pas eu l'occasion de s'en oc-
cuper. Le débiteur se protège, contre l'exclusion de l'exception
mentionnée dans ce texte, en ne payant le capital que contre dé-
livrance des coupons non retirés ou sous déduction d'un montant
égal à leur valeur, et qui lui sert de garantie jusqu'à la prescrip-
tion des coupons d'intérêts.
La disposition de l'art 848 G. 0. est applicable à tous les
papiers-valeurs ; c'est pourquoi nous l'avons placée à l'art. 1683, en
tête du titre cinquante-deuxième.
Dans la procédure d'annulation des titres au porteur (art. 1701
à 1707; cfr. art. 849 à 858 C. 0.), nous avons estimé qu'il y
avait 'lieu d'opérer une réforme urgente : Nous distinguons, à cette
heure, entre l'annulation des titres au porteur munis de feuilles
de coupons (art. 849), et celle de coupons isolés on autres titres
au porteur ne donnant pas droit à percevoir des redevances pério-
diques (art. 857); mais, dans la piemiôre espèce, la procédure est
beaucoup trop lente et compliquée, alors qu'elle est suffisante dans
la seconde. Les nécessités pratiques exigent que l'on institue, pour
tous les titres au porteur et sauf pour les coupons isolés, une pro-
cédure d'annulation où le délai sera de trois ans au plus (trois ans
au moins, d'après le C. 0.), et où, pour les coupons isolés, le mon-
tant du titre pourra être réclamé une fois que trois ans se seront
écoulés depuis l'échéance. C'est le seul point qui ait été modifié
par les art. 1701 et suiv. et 1706 de notre projet.
c. Un cinquième chapitre devait traiter du chèque, qui peut
être u : titre nominatif ou un titre au porteur; cfr. art. 830 C. 0.
45

II nous a paru que le Code de 1881 n'avait besoin que d'un


complément en cette matière : la mention du contrat de chèque,
fondement du chèque lui-même, et nous y avons ajouté une dis-
position à teneur de laquelle le créancier est responsable de la garde
des formulaires de chèques (art. 1709). Quant aux modifications,
elles sont au nombre de trois : nous avons consacré un usage ' très
répandu en prescrivant que la date du chèque pouvait ne pas être
écrite en toutes lettres (1710 chif. 4); nous avons dit expressément
que le chèque nominatif est aussi un titre à ordre quand même il
ne renferme pas la clause à ordre (art. 1712, alin. 2); et l'art.
1706 déclare, afin de parer aux incertitudes de la jurisprudence,
que le chèque n'est point révoqué par la faillite du tireur. Voir,
au reste, les art. 1710 à 1717; cfr. art. 830 à 837 C. 0.

11. Les diverses espèces de contrats qui n'étaient pas réglées


dans le Code des obligations et qu'on trouvera dans notre projet,
ont toutes pu être intercalées dans des titres ou chapitres de la
loi actuelle, hormis la donation. Celle-ci, placée entre la vente
et le louage des choses, comprend les art. 1281 à 1295 et forme
le titre XXXIII de notre projet.
Il importe que la définition de ce contrat résolve directement
•quelques points essentiels. Ainsi, dans les alin. 2 et 3 de l'art.
1281, nous n'admettons une donation ni quand une personne re-
nonce à un droit non acquis, ni lorsqu'elle répudie une succession.
Il en est de même pour l'accomplissement d'un devoir moral, qui
est bien une « disposition» sans «contre-prestation correspondante»,
mais qui ne saurait être assimilée à une donation ni au point de
vue de sa rescision, ni à celui de sa révocation, de sa réduction,
ou des conditions de forme auxquelles la donation doit satisfaire.
Cette convention n'est parfaite, comme cela résulte de sa na-
ture même, que par l'acceptation du donataire. Jusqu'alors, elle ne lie
point en principe le donateur, qui peut la révoquer comme une offre
ordinaire ; cfr. art 1286. Relativement à la capacité personnelle et à la
faculté de disposer du donateur, nous rappellerons les limites fixées
dans le droit des successions (projet du C. c. s., art 530) et de la
famille (ibid., art. 185, entre autres). Des individus interdits pour
cause de prodigalité ne peuvent sans doute être rétroactivement
frappés d'incapacité civile ; et pourtant, il faut que l'on ait un
moyen quelconque de réagir contre des libéralités qui constituent
peut-être la justification la plus décisive de la demande d'interdic-
tion. Nous avons tranché ce cas de la même manière que plusieurs
législations cantonales (art. 1282, alin. 3).
46

On peut donner même à un incapable, s'il a la capacité de


discernement. Il doit cependant ótre possible au représentant légal
de défendre à son pupille d'accepter une donation, ou de lui or-
donner de restituer; et l'art. 1283 est conçu en termes tels, que
le tuteur ou le père pourrait empêcher toute donation en recou-
rant à ce texte.
Pour la formation du contrat, nous avons suivi le Code civil
bernois et ses imitations, où l'on distingue entre la promesse de
donner (Scherikungsversprechen) et la donation même (Schenkung
von Hand zu Hand). La promesse de donner doit être constatée
par écrit; l'écriture est d'ailleurs la condition de l'inscription au
registre foncier.
Les charges et conditions jouent un grand rôle dans les dona-
tions. Nous nous sommes rapprochés ici du Code civil zuricois et
des lois cantonales qui procèdent de ce code.
Les donations dont l'exécution est. ajournée au décès du do-
nateur peuvent être régies de la même manière que les disposi-
tions pour cause de mort, en tant que les règles du contrat de ma-
riage n'entrent pas en ligne de compte ; cfr. art. 1287.
Ce n'est pas seulement au donateur qu'on doit accorder une
action à fin do poursuivre l'exécution d'une charge ou condition,
mais aussi, après son décès, à l'autorité compétente quand la
charge a été créée dans l'intérêt public. En général, le donataire
ne peut être obligé d'exécuter une charge qui lui imposerait des
sacrifices excédant la valeur de la libéralité (art. 1288).
Le droit de retour conventionnel, qui n'est licite que pour le
cas du prédécès du donataire, peut être annoté au registre foncier,
si la donation comprend des immeubles ; cfr. art. 1289.
Outre la responsabilité du donateur (art. 1290), qui ne pré-
sente rien de particulier, nous devions déterminer encore les
éléments et les effets de la révocation des libéralités entre vifs.
Cette révocation entraîne, dans les donations, une obligation de
restituer pour les mêmes causes qu'en matière d'exhérédation et,
de plus, pour inaccomplissement des charges ou conditions (art.
1291) ; dans les promesses de donner non exécutées, le droit de
refuser l'exécution existe pour les mêmes motifs, comme aussi en rai-
son de pertes subies par le donateur, de l'accroissement de ses de-
voirs de famille (art. 1292) et de son insolvabilité (art. 1293), —
la promesse étant révoquée de lege dans cette dernière circonstance.
La durée du droit de révoquer est restreinte à une année ;
ce délai court dès le moment où le donateur a eu connaissance
47

de la cause de révocation. L'action passe aux héritiers quand le


donateur est mort avant l'expiration de l'année, mais ils ne peu-
vent l'intenter que jusqu'à la fin du délai. On doit, au demeu-
rant, permettre aux héritiers de faire annuler la libéralité lors-
que le donataire aura causé avec préméditation la mort du dona-
teur ou empêché sans droit la révocation; ceci est, en quelque sorte,
le pendant de l'indignité' dans les successions.
On présume (art. 1295) que les donations ayant pour
objet des prestations périodiques s'éteignent au décès du donateur
(art. 1295).

D'autres espèces de contrats devaient-elles trouver • accueil


dans le droit des obligations revisé ? Nous avons répondu négati-
vement. Bornons-nous à relever les points suivants :
La garantie des vices rédhibitoires dans le commerce du
bétail aurait pu être réglée dans le titre de la vente. Mais il
semble que cette question ne soit pas encore mûre pour une solution
générale, applicable sur tout le territoire suisse. On l'avait ren-
voyée, dans le Code de 1881, à la législation spéciale ; le peuple
a repoussé un projet de loi qui lui a été soumis, en sorte que le
mieux est, pour le moment, d'attendre que des circonstances
nouvelles rendent possible l'adoption d'une loi fédérale sui1 la
matière.
Dans un autre domaine, on pouvait songer à introduire la so-
ciété en participation (Stille Gesellschaft) et la société à respon-
sabilité limitée. C'est à dessein, et pour des raisons sérieuses, que
la première de ces espèces de sociétés n'a pas été admise dans le
Code des obligations ; et l'on ne saurait prétendre que cette lacune
ait contrarié les intérêts du public. L'autre est une création ré-
cente du droit allemand, où les restrictions apportées à la consti-
tution des sociétés anonymes l'ont rendue nécessaire. Il n'est pas
impossible que nons arrivions un jour à en reconnaître l'utilité.
Cependant notre régime légal des sociétés par actions n'est pas
assez rigoureux pour que cette institution doive absolument figurer
dans notre projet, et d'ailleurs elle est en corrélation si étroite avec
ce régime même qu'il sera préférable de discuter ce problème légis-
latif lors de la revision des art. 612 et suiv. G. 0.
48

En ce qui concerne le Leibgeding, que l'on rencontre dans le


droit civil de plusieurs législations de la Suisse allemande, nous
avons les prescriptions relatives au contrat d'entretien viager, qui,
combinées avec celles traitant de la rente viagère, peuvent être
tenues pour suffisantes.
Nous avons estimé qu'il n'était pas indispensable de déter-
miner expressément les conditions et les effets de la transaction.
Les dispositions générales du projet permettront aux intéressés de
se soustraire aux conséquences de transactions contraires à toute
équité. Et l'on a pas éprouvé que le silence de la loi actuelle sur
ce point eût suscité de réelles difficultés.
Enfin, l'on trouve dans quelques codes cantonaux des textes
particuliers sur le devoir de produire des pièces en justice et
sur le compromis. Ce sont là des matières qui rentrent plutôt dans
la procédure. Le Code de 1881 ne s'en est pas occupé et le Code
civil unique peut fort bien les abandonner au droit des cantons ;
les principes généraux leur seront d'ailleurs applicables, en tant
qu'elles ne seront pas régies par des lois cantonales.

TROISIÈME PARTIE.

Du registre du commerce, des raisons de commerce


et des livres de comptabilité.
Cette partie, qui correspond au titre XXXIII du Code fédéral
des obligations, n'a été modifiée ou complétée que dans une faible
mesure, et dans le sens du droit actuel. C'est le cas pour l'art.
1719 (renvoi aux ordonnances d'exécution du Conseil fédéral),
pour l'art. 1722 (publicité du registre du commerce), pour l'art.
1734 et les art. 1738 et suiv., au sujet de la tenue et de la con-
servation des livres de comptabilité, auxquels nous avons ajouté
les copies de lettres.
Nous avons toutefois adopté une innovation d'une assez
grande portée. Nous ne pouvions guère oublier que le Code de
1881 n'était pas en vigueur depuis très longtemps, que les prin-
cipes consacrés par cette loi ne l'avaient été qu'après mûre
réflexion et que de nombreuses raisons de commerce avaient dû,
depuis douze ans, se conformer au système de l'entière sincérité
des raisons commerciales et autres. Il eût été prématuré, selon
nous, de passer brusquement au système contraire du droit allé-
49

mand, qui reconnaît la cessibilité et la transmissibilité héréditaire de


ces raisons. Néanmoins, nous ne pouvions nous dispenser de remédier
à quelques inconvénients graves de notre législation ; aux termes de
l'art. 1734 (art. 873 G. 0.), les sociétés anonymes et les associa-
tions pourront former leurs raisons librement, moyennant y ajou-
ter, en toutes lettres, sans abréviations, les mots « société ano-
nyme », « société en commandite par actions », ou « association ».
De cette manière, nous sauvegardons les légitimes intérêts du
public et nous ne refusons plus à ces sociétés, — ce qui était excessif,
— le droit de faire entrer dans la composition de leurs raisons
de commerce le nom d'une personne vivante. Quant aux raisons
•des autres sociétés et aux raisons individuelles, elles demeurent sou
mises aux règles que leur appliquait le Code de 1881.

II.

Titre final. De la promulgation et de l'application


du Code civil suisse.
Les prescriptions nécessaires ou désirables sur la promulgation
•fit l'application du Code civil suisse pouvaient être édictées dans
un titre final ou dans une loi spéciale d'introduction. Placées dans
un titre final, elles se trouvent plus étroitement rattachées au
Code lui-même. Du reste, dans les éditions, commentaires et ma-
nuels de notre droit privé, on les aurait considérées comme une
partie intégrante de notre codification. Quoique nombre de ces
prescriptions n'aient qu'un caractère transitoire, nous nous sommes
prononcés pour la solution du titre final, que nous avons divisé
en trois chapitres, l'un traitant des conflits entre droit national et
droit étranger, l'autre des conflits entre loi ancienne et loi nou-
velle, le dernier renfermant des dispositions transitoires au pre-
mier chef. Les chapitres II et III ont été déjà expliqués à la
fin de l'avant-projet du 15 novembre 1900. Le chapitre Ier est
formé de textes qui figurent la plupart dans les divers titres de
«et avant-projet, mais que nous avons groupés sous une même ru-
brique embrassant tout le droit international privé du futur Code
civil. Cette méthode est-elle préférable à celle que nous avions
adoptée à l'origine ? On peut en douter. Dans l'avant-projet de
1900, nous avions marqué, à propos de chacune des matières qui
y étaient réglées, comment les conflits enlre la loi suisse et la loi
•étrangère seraient tranchés désormais. Même extérieurement, nous
Feuille fédérale suisse. Année LVII. Vol. II. 4
50

sauvegardions l'unité de l'œuvre législative; et notamment presque-


tontes les questions de for, qui touchent indirectement le droit
.matériel, pouvaient être résolues en corrélation avec celles de droit
international privé. Mais la dispersion de règles qui, en somme,
ne laissent pas de constituer un tout, aurait présenté des incon-
vénients, comme nous l'avons indiqué antérieurement ; puis on
n'aurait pu se passer de dispositions générales, qu'il aurait fallu
insérer dans le titre préliminaire ou dans le titre final. De plus,
les conventions internationales s'emparent de ce domaine depuis
quelques années ; il est probable qu'à plus ou moins brève
échéance elles le régiront complètement, et ces traités auront la
forme de véritables codes. Enfin notre loi fédérale sur les rap-
ports de droit civil des citoyens établis ou en séjour est, elle aussi,
un petit code de droit intercantonal et international privé.
De là notre premier chapitre, qui réunit et complète des dis-
positions éparses dans l'avant-projet de 1900. Les dispositions qu'il
contient furent soumises d'abord à l'examen de nos délégués aux
Conférences de la Haye, MM. les professeurs F. Meili, à Zurich,
et E. Koguin, à Lausanne ; elles furent discutées ensuite par le
rédacteur de l'avant-projet, M. le professeur Eoguin et, M. le pro-
fesseur Grenier, à Lausanne (M. Muli ayant été empêché de-
prendre part à ces travaux). On les intercala dans le titre final ;
elles furent revues, avec les autres parties de ce titre, par la com-
mission dont nous avons parlé plus haut.

CHAPITBE PKEMIEE
De l'application du droit national et du droit
étranger.
Le projet commence par édicter quelques dispositions géné-
rales (art. 1741 à 1743), dans lesquelles on fixe la relation entre
le traité et la loi en matière de droit international privé, déter-
mine la répartition du fardeau de la preuve en ce qui concerne
la teneur du droit étranger et décide que l'applicabilité du droit
national fait passer en Suisse le for des actions par lui régies ;
sur ce dernier point, on a consacré le principe de l'art. 2 de la
loi fédérale précitée. Nous distinguons ensuite trois catégories de
droits : ceux se rattachant aux personnes, à la famille et aux succes-
sions, ceux relatifs aux choses et ceux qui dérivent des obli-
gations.
1. La question primordiale et capitale à résoudre, en ce qui
a trait aux lois sur les personnes, la famille et les successions,,
est celle de savoir si nous devons maintenir les solutions que fournit
51

notre législation actuelle. En 1891, le principe territorial l''emporta


sur le principe de la personnalité ; mais cène fut qu'après de longs
débats, dont l'issue était plus ou moins préparée par la Constitu-
tion fédérale de 1874. On ne peut se dissimuler cependant que le
principe de la personnalité a de plus en plus étendu son empire
dans l'intervalle, surtout depuis que le droit allemand y a été
gagné ; et les conventions internationales en voie d'élaboration
l'adopteront toutes. Il ne faut pas non plus perdre de vue ceci :
c'est que la Constitution fédérale et la loi de 1891 ont essentiel-
lement admis le principe du domicile. en matière de droit inter-
cantonal privé, et que, si nous appliquons également ce principe à
l'égard des étrangers, la situation n'est plus la même depuis
qu'il s'agit pour nous de légiférer sur les conflits entre le Code
civil suisse et les lois civiles des autres Etats.
Quoique nous ayons la perspective d'être soumis au principe
de la personnalité, en vertu des futures conventions internatio-
nales, des raisons d'opportunité n'en militent pas moins en faveur
du principe du domicile, sur lequel repose la loi de 1891 ; mais
nous aurons soin de le restreindre dans la mesure justifiée par
les circonstances.
Si nous avons adhéré au système de la lex domicilii en
1874 et en 1891, c'est en particulier pour le motif que la Suisse
compte un nombre proportionnellement considérable d'étrangers
établis sur son territoire, et cela depuis des années, ou môme
depuis plusieurs générations, sans qu'ils aient été naturalisés. La
régime que nous leur offrons est si libéral, qu'ils peuvent occuper
des emplois publics dans notre pays sans être forcés de changer
de nationalité ; il est vrai que la médaille a son revers et que
nous leur refusons le droit de cité suisse même s'ils ont long-
temps vécu de notre vie, et leurs ancêtres avant eux. Aussi bien,
nous avons beaucoup d'étrangers qui, s'ils habitaient un autre sol
que le nôtre, auraient été plus ou moins contraints -de subir, la
naturalisation, car les autres Etats ne les traitent pas comme
nous. Si nous procédions autrement, notre législation civile s'ap-
pliquerait, conformément au principe^ de la personnalité, à des
classes de la population qu'elle n'atteint pas. C'est pourquoi
l'avant-projet de 1900 distinguait déjà entre les étrangers établis
chez nous à demeure et les autres : les premiers auraient été régis
par le droit suisse, les seconds par leur loi nationale. Cette dis-
tinction se retrouve dans nos propositions ; seulement notre
critère n'est plus le même. On avait d'abord songé à prendre pour
modèle la nouvelle loi fédérale sur l'organisation et la perte de
la nationalité suisse et à prévoir l'application de la lex domicilii
52

pour les étrangers auxquels cette loi accorde des facilités au moins
relatives de naturalisation. Mais comme on aurait essentiellement
dû tenir compte de la durée du domicile en Suisse et que souvent
la question de la preuve aurait été malaisée à trancher, nous
avons accepté une solution plus simple : de par le principe du
domicile, le droit suisse est applicable aux étrangers nés et établis
dans notre pays ; tous les autres étrangers, en revanche, sont
soumis aux lois auxquelles leur propre législation les soumet.
En conséquence, dans les matières du droit des personnes, de
famille et de succession, nous avons en général le principe du
domicile ; toutefois, pour les Suisses, avec la réserve inscrite dans
la loi de 1891 (art. 4, al. 2 et 3, notamment, 28 et suiv.), et,
pour les étrangers, dans les conditions ci-dessus définies (art.
1745). Nous n'avons pas accueilli l'idée d'appliquer le même prin-
cipe à tous les étrangers établis en Suisse et dont l'Etat d'origine
l'appliquerait aux Suisses fixés sur son territoire, car nous croyons
avoir remédié à toutes les complications possibles par le texte de
notre art. 1773.
Il nous reste à entrer dans quelques détails. On verra que
nous n'avons pas quitté le terrain du droit actuel, sauf l'une ou
l'autre adjonction et l'un ou l'autre changement.
a. Pour l'exercice des droits civils par des étrangers, nous
avons conservé l'exception que connaît déjà la loi fédérale sur la
capacité civile (art. 1746).
b. En ce qui a trait à la déclaration d'absence, l'article 1747
dispose qu'en thèse générale la loi suisse régit les étrangers pour
les matières soumises à notre droit. Les alin. 2 et 3 de cet article
sont empruntés à la loi d'introduction du G. civ. ail.
c. Les personnes morales sont soumises à la législation du
pays où elles ont leur siège; mais le droit public veut qu'elles ne
puissent prétendre à la personnalité civile, si elles ont leur siège à
l'étranger, que dans la mesure où nous la reconnaissons au profit
de celles qui se sont constituées en Suisse. En outre, l'acquisition
d'immeubles par les personnes morales de droit public est subor-
donnée à une autorisation du Conseil fédéral ; des raisons d'ordre
politique nous imposaient cette règle (art. 1748).
d. La célébration du mariage n'a pas nécessité d'innovations
autres que celles réclamées par l'expérience (art. 1749 à 1752). Nous
en dirons tout autant du divorce (art. 1753 à 1754); on cons-
tatera que l'art. 1755 mentionne aussi la séparation de corps et
53

« toute autre institution équivalente du droit étranger * (telle


que celle désignée en droit allemand sous le nom de Aufhebung
der ehelichen Gemeinschaft).
e. Dans le régime matrimonial, nous n'avons guère dévié non
plus du droit actuel; toutefois, les dispositions mêmes du Code
civil appellent quelques modifications, en ne distinguant plus, comme
la loi de 1891 (art. 19), les effets entre époux des effets à l'égard
des tiers. L'art. 1756 déclare que deso époux qui transportent leur
domicile en Suisse ne peuvent rendre leur régime matrimonial
étranger opposable aux tiers qu'en observant les mesures de publi-
cité prévues par notre loi (inscription au registre des régimes
matrimoniaux). D'un autre côté, l'ordre public exige que des con-
joints qui vivraient en Suisse sous un régime matrimonial étranger
soient régis par notre loi relativement à la conclusion d'un contrat
de mariage ou à leur séparation de biens légale ou judiciaire.
Notre art. 1757 correspond à l'art. 31, alin. 2, de la loi fédérale
de 1891.
/*. La filiation legitime ne peut être soumise à des prescriptions
aussi sommaires que celles de la loi présentement en vigueur (art. 8) ;
il est nécessaire de disposer notamment que l'adoption et la légiti-
mation d'un enfant régi par le droit étranger ne sont pas possi-
bles lorsqu'elles sont prohibées par le pays d'origine de cet enfant
(art. 1759). Ce texte rend inutile la réserve de l'art. 8 de la loi
précitée, concernant la loi nationale du père ou de l'adoptant. On
peut de même renoncer à celle de l'article 9, alin. 2, en ce qui
a trait à l'application de la lex originis en matière d'obligation
alimentaire.
g. Il y a lieu, dans le domaine de la filiation illégitime, de
prendre également en considération l'éventualité d'un conflit entre
la législation des parents et celle de l'enfant. Lorsque c'est le
même droit, national ou étranger, qui est applicable, on s'en tient
au principe général. Dans l'espèce contraire, on peut s'en remettre,
pour tout ce qui se rapporte aux effets pécuniaires, à la loi sous
l'empire de laquelle sont placés la mère et l'enfant; mais, pour
régler la condition de l'enfant, il est indispensable de décider que
la paternité d'un étranger domicilié en Suisse ne peut être déclarée,
avec ses conséquences d'état civil, que si elles sont admises par la
loi d'origine du père et de l'enfant (art. 1761).
Ces prescriptions se trouvent complétées par celle qui détermine
le for du Suisse domicilié à l'étranger ; cfr. l'art. 320 du projet de
Code civil.
54

h. On n'a, en somme, pas modifié le droit actuel (art. 23, 24,


29 et 33 de la loi de 1891) relativement à la tutelle des étran-
gers en Suisse et des Suisses à l'étranger. Le principe territorial
a pu être maintenu pour la curatelle, puisqu'aussi bien il s'agit
alors de mesures qui ont pour objet la sauvegarde d'intérêts patri-
moniaux et qui, de par la nature même des choses, rassortiront aux
autorités du domicile (art. 1764).
1. De même, les articles 1765 à 1767 qui se réfèrent aux
successions correspondent aux articles 22 et suiv. de la loi fédérale
précitée ; cependant l'art. 22, alin. 2, de cette loi, qui a surtout
une portée intercantonale, pourrait être retranché, et, pour les
pactes successoraux comme pour les droits héréditaires du conjoint
survivant, il suffirait de renvoyer aux principes généraux (art. 1745).
Si la succession d'un étranger s'ouvre en Suisse, conformément à
notre loi, mais si la législation nationale du défunt ne reconnaît
pas l'application de notre droit, il est tout naturel que ce droit
régisse toute la fortune mobilière et immobilière du de cujus qui
est située dans son pays d'origine. Quant à la forme des disposi-
tions pour cause de mort (art. 1767), nous rappelons en outre
notre art. 1786.
2. La loi de la situation des biens domine nécessairement
dans tout le livre des droits réels (art. 1768). Mais, et comme
le veulent tant l'opinion prépondérante eu doctrine que la loi
d'introduction au Code civil allemand, l'application de cette règle
aux meubles devait être expliquée en ce sens que l'on considérera
comme des choses mobilières situées en Suisse celles à l'égard
desquelles l'ayant droit pourra s'inscrire dans un registre tenu par
une de nos autorités et celles pour lesquelles la compétence de
nos tribunaux sera établie. Cette disposition concerne évidemment
aussi les immeubles, mais, en fait, elle se confond ici avec le prin-
cipe du 1er alin. de l'art. 1768.
3. Dans le droit des obligations, nous nous sommes prononcés
pour la solution qui est celle de la majorité des auteurs : les
contrats sont régis par la loi du lieu de leur exécution. En consé-
quence, les papiers-valeurs, qui représentent des dettes quérables,
seront soumis au droit du domicile du débiteur ; néanmoins, les
intentions contraires des parties demeurent réservées et, dans le
droit de change, nous aurons les art. 822 et suiv. C. 0. S'il
pouvait paraître superflu d'exprimer ceci dans notre projet, il
importait de prescrire qua les créances dérivant d'actes illicites qui
se sont produits en Suisse tombent sous le coup de notre légis-
55

lation (art. 1769). Sur tous les autres points, nous n'avions aucun
.motif d'édicter des dispositions particulières.
L'article 1770 déclare, d'une manière générale, que les règles
d'ordre public, seront appliquées sans exception devant les tribu-
naux suisses.
Quant à la forme des actes, on est forcé d'admettre une
distinction. La question de savoir si la validité d'un acte est subor-
donnée à l'accomplissement d'une certaine forme doit se décider
•d'après la loi applicable à l'objet de cet acte. Il en est autrement
pour les conditions mêmes auxquelles cette forme doit satisfaire.
L'acte passé à l'étranger peut souvent ne pas revêtir les formes
exigées par la loi nationale, parce que l'on est placé en face d'une
impossibilité matérielle d'y recourir. Serait-ce que, dans ces circons-
tances, un acte valable ne pourrait être reçu à ^étranger? On ne
voit pas pourquoi. 11 vaut mieux adopter le critère suivant : A
l'égard des dispositions pour cause de mort, la solution libérale
l'emporte partout, et nous l'avons consacrée dans notre projet
(art. 1767). Dans les autres cas, on peut de même déclarer qu'en
général les actes dont l'objet est régi par le droit suisse, mais
qui sont passés à l'étranger, seront valables si les formes employées
répondent à celles qui y sont en vigueur. Ainsi un cautionnement,
dont l'exécution doit avoir lieu en Suisse et qui, d'après notre
législation, ne peut être constaté que par écrit, pourra être vala-
blement donné à l'étranger, si la forme écrite qu'on y observera
équivaut à celle, soit de la loi suisse, soit de la loi étrangère,
î^ous avons donc le principe locus régit actum, quoiqu'il ne
.soit pas consacré d'une façon aussi positive dans le projet. En
revanche, toutes les fois que noire droit exige l'observation d'une
forme quelconque pour des raisons d'ordre public, les formes
étrangères ne peuvent absolument pas lui être substituées (l'ins-
cription dans un registre public, par exemple); cfr. art. 1772.
Enfin, nous pouvions nous demander, s'il était opportun de
réserver le droit de rétorsion. La législation allemande l'a fait, et,
en vérité, on ne peut guère s'en passer en vue de circonstances
particulières, et, sans doute, très exceptionnelles. Toujours est-il
qu'une mesure de cette gravité ne saurait être laissée à l'appré-
ciation souveraine du juge; c'est aux corps politiques qu'il ap-
partient de l'ordonner. L'art. 1777 délègue au Conseil fédéral la
compétence nécessaire à cet effet; mais il ne peut exercer le droit
de rétorsion qu'avec l'autorisation de l'Assemblée fédérale.
56

CHAPITKE II
De l'application du droit ancien
et du droit nouveau.
Nous sommes ici dans la matière du droit « intertemporal »
privé. Le principe de l'article 1774 est conforme à celui de
l'art. 882 G. 0. Les dispositions contenues dans les art. 1775-
et 1776 ne seront pas contestées.
Dans le détail, nous faisons remarquer ce qui suit :
1. Le droit des personnes s'appliquera, en principe, dès l'entrée
en 'vigueur du Code civil. L'art. 1777, alin. 2, est emprunté à
l'art. 12 de la loi fédérale sur la capacité civile. On pourra com-
parer notre art. 1779, qui règle la situation des personnes juri-
diques, à l'art. 898 C. 0. relatif aux sociétés anonymes et aus:
associations.
2. De même, le droit de famille s'appliquera dès la promul-
gation de la loi nouvelle. Nous appelons tout spécialement l'atten-
tion sur l'art. 1781, qui, en contradiction avec l'opinion dominante,
mais en harmonie avec quelques législations cantonales récentes
(celle de Baie-ville, entre autres, de 1884), proclame, dans la
matière de régime matrimonial, le principe de la mutabilité des
rapports d'intérêt créés entre époux par le mariage. Le système de
l'immutabilité du régime matrimonial est dangereux pour le
crédit public. Il régnerait, pendant de longues années, une grande
insécurité, si les seuls mariages célébrés sous l'empire de la loi
nouvelle étaient soumis à cette loi dès le moment de son entrée
en vigueur. Du reste, les droits des conjoints ne sont pas lésés à
l'excès par notre solution, puisqu'on a la faculté de conserver le
régime matrimonial antérieurement constitué, avec effets envers les
tiers, par la simple inscription de ce régime dans le registre à ce
destiné, avant la promulgation du Code civil suisse. Comme l'adop-
tion de celui-ci et la date de son entrée en vigueur seront
séparées par un laps de temps considérable, on aura toutes faci-
lités de remplir les formalités requises pour peu qu'on tienne à ne
pas changer son précédent régime matrimonial.
Pour la filiation illégitime, il y a lieu de fixer le moment à
compter duquel le nouveau droit sera déterminant. D'accord avec
la doctrine moderne et les lois les plus récentes, nous avons pris
pour point de départ non pas la date de la conception, mais celle
de la naissance de l'enfant. Cependant le père doit pouvoir recon-
naître son enfant, en conformile de la loi nouvelle, même si la.
57

naissance remontait à une époque antérieure à celle de l'entrée en


vigueur du Code civil (art. 1783).
3. Il n'est pas douteux que le droit nouveau doit s'appliquer
immédiatement aux successions. Une réserve spéciale n'est nécessaire
ici qu'au sujet des dispositions pour cause de mort faites avant la
promulgation du Code. Il va de soi, d'un autre côté, que la loi
nouvelle régit, dès son entrée en vigueur, tous les cas survenus
ultérieurement et se rattachant à la liberté de tester (art. 1783,
alin. 3). Pour la capacité de disposer, toutefois, et pour les formes
des actes de dernière volonté, on devait tenir compte du droit
applicable lorsque les actes ont été dressés; cfr. alin. 1 et 2 de
l'article précité.
4. Les droits réels exigeaient beaucoup plus de développements.
En toute première ligne, nous avons dû tenir compte du fait que
l'entrée en vigueur de cette partie du Code civil créerait une situa-
tion transitoire au double point de vue de l'application même du
droit matériel et du fonctionnement du registre foncier.
a. Relativement aux droits réels constitués sous l'empire de la
loi ancienne, nous distinguons comme suit :
Nous partons de ce principe fondamental que, dès la promul-
gation du Code civil, on ne pourra pas constituer d'autres droits réels
que ceux prévus par la législation nouvelle. Comme il s'entend,
ceci ne concerne pas les droits réels qui, tels l'engagement des
allmends, alpages, etc., sont restés dans la compétence législative
des cantons (art. 786, alin. 2, du Projet de Code civil suisse).
Un autre principe, non moins important, est consacré en ces
termes: l'étendue des droits réels acquis avant la promulgation de
la loi nouvelle est respectée par celle-ci. Cette règle protège aussi
les droits réels résultant d'une prescription de la loi ancienne,
comme, par exemple, l'hypothèque légale du Code civil français,
en tant qu'il ne s'agit pas de droits qui, — tels ceux dérivant des
rapports de voisinage, — sont soumis, quant à leur existence et à
leur objet, à la législation en vigueur au moment où ils sont
exercés. Ceux de ces droits, en revanche, qui, tout en reposant
sur un texte légal n'engendrent que la faculté de les acquérir
et non le droit lui-même, sont tenus pour des droits acquis à
l'époque seulement où ils sont réclamés ; citons, entre autres, le
cas du passage nécessaire (art. 1787).
&. Lorsque c'est uniquement la cause d'un droit réel qui a
pris naissance sous le régime de la loi ancienne (le contrat, par
58

exemple), tandis que sa constitution même s'accomplit en vertu de


la loi nouvelle, la question de savoir si cette cause existe sera
résolue en conformité de la législation antérieure. L'équité veut
toutefois que cette cause, même si elle ne répondait pas aux exi-
gences de la loi ancienne, puisse suffire à l'établissement d'un
droit réel, moyennant qu'elle satisfasse aux dispositions de la loi
nouvelle.
On peut en décider de même au sujet de l'étendue d'un
droit réel, quand elle a été fixée par contrat ou autrement sous
l'empire de la loi ancienne.
Mais la consistance légale d'un jus in re est régie par la loi
nouvelle, à compter de la promulgation de celle-ci, lorsque du
moins elle la reconnaît et en tant d'ailleurs qu'elle n'a pas statué
d'exceptions sur ce point. On maintient cependant les droits réels,
dans les termes de la loi ancienne, même si la loi nouvelle ne les
admettait plus, dès l'instant où ils n'ont rien de contraire à l'ordre
public (art. 1788).
c. De môme que la consistance légale des droits réels, la pos-
session est soumise à la loi nouvelle dès son entrée en vigueur ;
cfr. art. 1805. Ceci s'applique, dans tous les cas, aux effets de
la possession en général, alors que ses conditions demeurent régies
par l'ancienne législation cantonale, si le registre foncier n'a pas
encore été introduit ou s'il s'agit de droits qui ne peuvent plus
être constitués aux termes de la loi nouvelle. Cette loi, une fois
qu'elle aura été promulguée, régira aussi la prescription acquisitine.
Mais si une prescription, conforme au surplus à la loi nouvelle, a
commencé à courir avant la promulgation du Code civil, on doit
pouvoir invoquer le temps déjà écoulé. Elle sera censée accomplie
quand le temps qui reste à courir, après imputation proportion-
nelle de la prescription commencée, sera lui-même expiré. Soit,
par exemple, une prescription qui était de 20 ans d'après la loi
ancienne, et que la loi nouvelle réduit à 10 ans. Elle a couru
depuis 12 ans à l'époque où le Code civil est entré en vigueur;
pour qu'elle s'opère à teneur de la loi nouvelle, il faudra qu'elle
continue pendant 4 ans encore (1789). Tous les autres modes d'im-
putation et de calcul discutés, à propos du Code fédéral des obli-
gations, — et il en est ainsi de l'article 883 de ce Code, — ne
constituent pas des solutions très heureuses.
d. Nous pouvons nous dispenser de commenter l'art. 1790, qui
a trait aux droits de propriété sur des arbres plantés dans le
fonds d'autrui (art. 667 du projet de Code civil); l'exposé des mo-
59

tifs à l'appui de l'avant-projet de 1900 fournit tous les renseigne-


ments nécessaires.
e. Dans la matière des servitudes foncières, la règle générale
est que les droits et les obligations existant lors de l'introduction
du registre foncier sont maintenus dans la même mesure que pré-
cédemment ; cela, quant à leur étendue et quant à leur constitu-
tion. Par contre, si des effets particuliers ne sont pas attachés à la
prescription instinctive ou acquisitive des servitudes, la question
de savoir si elles sont opposables aux tiers se décide d'après la loi
nouvelle (art. 1791). Les choses se compliquent dès qu'on cherche
à se représenter les conséquences que l'introduction du registre
foncier entraînera pour cette catégorie de charges réelles. Lorsque
les cantons ont institué leurs registres publics, ils ont à l'ordinaire
procédé ainsi : les titulaires de droits grevant des immeubles étaient
sommés de les faire connaître, sous peine de déchéance, si ces
droits n'étaient pas signalés en temps utile. Ce système, pourvu
que les délais soient raisonnubles et ne soient pas appliqués avec
une rigueur excessive, offre le très grand avantage de créer, à
brève échéance, une situation extrêmement claire. Toujours est-il
que nous n'avons pas cru devoir l'admettre ; et nous avons pré-
féré la méthode suivante:
On sommera publiquement, lors de l'introduction da registre
foncier, tous les intéressés de faire connaître et de faire inscrire
«n vertu de la loi nouvelle les servitudes foncières existantes. Celles
qui ne seront pas inscrites ne seront pas éteintes pour autant, et il
sera loisible de les inscrire ultérieurement. Mais, aussi longtemps
qu'elles n'auront pas été rendues publiques, elles ne seront pas
opposables aux tiers qui auront acquis de bonne foi les immeubles
grevés ; les tiers acquéreurs de mauvaise foi, c'est-à-dire ceux au
su desquels les servitudes existent, ne pourront invoquer le défaut
d'inscription.
Nous obvions ainsi aux suites fâcheu?es de l'autre solution, qui
entraîne, entre parties, entre les propriétaire? mômes des deux fonds,
au mépris de toute loyauté, l'extinction d'un droit acquis, simplement
parce que l'on a omis de déférer à une sommation officielle. Si
l'on s'était prononcé pour le système d'une déchéance absolue, il
aurait fallu à tout le moins réserver les cas dans lesquels la
preuve aurait été faite que le débiteur de la servitude en con-
naissait fort bien l'existence. Notre article 1791 renferme une
règle beaucoup plus juste, et qui répond suffisamment au but de
l'institution du registre foncier.
Cela dit, nous ne contestons pas que ce but ne sera vérita-
blement atteint que si le registre révèle tous les droits réels
60

frappant des immeubles. On finira bien par y arriver avec le-


temps, car tous les droits à constituer devront être érigés et
conservés selon la loi nouvelle ; et puis, lors de chaque mutation
de propriété, les intéressés se garderont bien de ne pas requérir les-
inscriptions qui auraient été négligées. Au bout d'un certain nombre
d'années, les choses seront dans un état tel qu'on pourra fixer un
dernier délai, suffisamment long et durant lequel tous les droits
réels devront être inscrits sous peine de déchéance. Mais ce sont
des mesures que l'on peut abandonner au législateur de l'avenir.
f. C'est, en somme, d'après les mômes principes qu'on procédera
pour le gage. Les gages mobiliers créés avant l'entrée en vigueur
de la loi nouvelle, suivant d'autres formes que celles prescrites par
elle, devront être régularisés dans les six mois ; cfr. art. 1802 et s.,
de même que les art. 884 et 885 C.O., qui avaient adopté le
même régime. Pour le droit de rétention, nous avons repris, à l'art.
1804, le teste de l'article 886 G. 0. Quant au gage immobilier,.
il appelle des dispositions détaillées; en voici la substance :
1) Les titres hypothécaires existant avant la promulgation du
Code civil sont naturellement reconnus, et il n'y a pas lieu de les
adapter à la loi nouvelle ; on n'aura donc besoin ni de les réclamer,
ni de les refaire. Assurément, les cantons pourront ordonner un re-
nouvellement de ces titres, si les circonstances l'exigent. Ils agiront
de la même manière que lors des « revisions » qu'il leur est ar-
rivé de prescrire, à la suite d'une refonte de leurs registres pu-
blics; cfr. art. 1792.
2) De nouveaux gages immobiliers ne pourront être établis,
dès l'entrée en vigueur du Code civil, que dans les formes par lui
prévues. Mais, jusqu'à l'introduction du registre foncier, il est in-
dispensable d'utiliser à cet effet celles des anciennes lois can-
tonales, du moins en tant que les formes de la constitution du gage
consisteront dans l'homologation ou d'autres institutions équivalentes.
D'après ce que nous avons exposé plus haut, les causes du gage
demeurent régies par la loi applicable au temps où elles ont pris
naissance, et les formes observées sont absolument valables si elles
répondent au vœu soit de la loi ancienne, soit de la loi nouvelle;
cfr. art. 1793.
3) L'acquittement ou la modification d'un titre, de même que
toutes les opérations destinées à l'extinction d'un gagà, sont soumis
à la loi nonvelle dès sa promulgation; toutefois les formes à suivre
continueront à être déterminées par le droit cantonal jusqu'à l'in-
troduction du registre foncier. Les cantons pourvoiront au noces-
61

«aire, en établissant un contrôle et en prenant toutes les mesures


propres à garantir l'efficacité de leurs instruments de publicité des
droits réels (art. 1794).
4) Les droits et les obligations tant du débiteur que du créan-
cier, en vertu de gages immobiliers créés avant la promulgation
du Code civil, sont régis par la loi ancienne ; ceci, du moins, pour
tous les effets de nature contractuelle, tandis que les effets dérivant
•de la loi et soustraits aux convention< des parties s'apprécieront con-
formément à la législation nouvelle. Cette question, tranchée à l'ar-
ticle 1796, doit être examinée de plus près.
llétendue des charges hypothécaires est fixée par la loi nou-
velle, que celle-ci en élargisse ou en restreigne l'objet. Il n'en sau-
rait cependant être ainsi pour les accessoires, si du moins il s'agit
de l'engagement de choses mobilières que le droit cantonal an-
térieur permettait d'affecter de gage avec l'immeuble grevé. Dans
cette espèce, on a contracté, envers le créancier, une obligation qui
ne peut être résolue unilatéralement, en sorte que des gages cons-
titués sur des meubles, dans ces conditions, subsistent sous l'empire
de la loi nouvelle bien qu'ils ne satisfassent pas à cette dernière.
Pour les accessoires déclarés tels par la loi, il n'y a pas de
raison pour que le créancier ne puisse les considérer comme affec-
tés de son gage sous la législation nouvelle comme auparavant
(voir article 1795).
Les prestations garanties par le gage se régleront d'après les
mêmes principes. Les intérêts, par exemple, qui étaient assurés hy-
pothécairement à teneur de la loi ancienne, ne le seront dès lors,
.aux termes de la loi nouvelle, que si cette garantie a été réguliè-
rement exprimée dans le contrat. A défaut d'une semblable stipu-
lation, le créancier s'est soumis dès l'origine à l'effet des dispositions
légales, qui sont, dorénavant, celles du nouveau Code. C'est donc le
principe général qui s'applique aux intérêts des créances hypothé-
caires et aux autres accessoires de la créance (art. 1796).
Les droits du créancier pendant la durée de l'engagement et
ceux du débiteur sont également régis par la loi nouvelle pour les
gages immobiliers de date antérieure à sa promulgation. Ceci con-
cerne, en particulier, les mesures conservatoires, l'extension du gage
à raison des impenses nécessaires, etc. (art. 1797).
Il en est autrement pour la dénonciation et le transfert des
titres hypothécaires. Ces actes se régleront d'après la loi ancienne,
aussi longtemps que le registre foncier ne leur sera pas applicable.
Faisons remarquer, à ce propos, que le Code civil édicté des près-
62

criptions différentes pour la dénonciation et le transfert des diverses


espèces de gage immobilier : hypothèque, cédule hypothécaire, lettre
de rente. Si maintenant les anciens titres peuvent être assimilés à
ceux de l'une ou de l'autre des catégories faites par la loi nou-
velle, une fois celle-ci entrée en vigueur, leur dénonciation et leur
transfert s'opérera évidemment, dès que cette assimilation se sera
produite, selon les formes prévues par le Code civil. Pour le sur-
plus, nous renvoyons à l'art. 1798.
Lorsque plusieurs immeubles ont été grevés d'un gage sous
l'empire de la loi ancienne, ils en demeurent grevés sous l'empire
de la loi nouvelle, mais on observera les formes prescrites par celle-ci
dès l'introduction du registre foncier (art. 788, 985 du projet de
Code civil). L'étendue du gage Ee détermine, pour le créancier,
d'après la loi ancienne ; cfr., notamment, l'art 1796, alin. 3.
5) II n'est pas possible que le rang se règle autrement qu'en
vertu de la loi ancienne jusqu'à l'introduction du registre foncier.
Dès qu'il sera introduit, la foi publique attachée au registre sera
évidemment décisive à l'égard des créanciers. La question de savoir
s'il existe une case fixe, ou si les créanciers peuvent modifier leur
rang, est dominée par cette considération : c'est que les nécessités
pratiques exigent, pour les gages antérieurement établis, l'appli-
cation immédiate de la loi nouvelle. Mais le droit contractuel à
une modification de rang est si important pour le créancier, que-
nous ne pouvions pas ne point en tenir compte. Aussi bien,
jusqu'à l'introduction du registre foncier, ces droits seront reconnus
en faveur des créanciers, pour les gages précédemment constitués,
dès qu'ils apparaîtront comme ayant été spécialement réservés
dans le contrat d'hypothèque. Quand le registre foncier aura été
introduit, on en permettra l'annotation ; à défaut de laquelle ils.
ne pourraient prétendre aux effets de la foi publique attachée au
registre. Au reste, nous ne voyons pas pourquoi l'on n'autoriserait
pas les cantons à édicter toutes dispositions transitoires complémen-
taires, ainsi, par exemple, pour la subrogation du droit français
ou les hypothèques générales du droit tessinois ; ces disposition
devront être approuvées par le Conseil fédéral (art. 1799, alin. 3s)
6) Les prescriptions du Code civil qui restreignent la faculté
de créer des gages immobiliers d'après la valeur estimative du fonds
ne peuvent régir, comme il est naturel, que les gages constitués
après l'entrée en vigueur de la loi nouvelle. Les gages de date
antérieure demeurent valables, même s'ils étaient d'une catégorie
soumise par la loi nouvelle à des restrictions de cette nature. Par
conséquent, une lettre de rente lucernoise grevant toute la valeur
63

du fonds demeurera valable dans cette mesure, quand bien même


la loi cantonale d'introduction assimilerait, ces titres aux lettres de
rente au porteur du Code civil suisse. Nous renvoyons d'ailleurs
au texte formel de l'art. 839.
Nous pouvons en dire autant des effets de l'estimation, telle
qu'on la trouve dans quelques cantons. Que ces effets soient plus
ou moins étendus que ceux de la loi nouvelle, ce n'en est pas
moins la loi ancienne qui s'appliquera, à moins toutefois que le
législaleur cantonal n'ait, sur ce point aussi, admis l'application
du Code civil; cfr. art. 1800.
C'est de la même manière qu'il y a lieu d'apprécier, à d'autres
égards encore, la répercussion de la loi nouvelle sur les gages
immobiliers existants. L'entrée en vigueur du Code civil ne les mo-
difiera guère ; il en sera autrement dès la mise en activité du re-
gistre foncier, auquel on recourra volontiers pour régulariser tout
l'ensemble des charges hypothécaires.
Comme les points de contact entre les institutions de la loi
nouvelle et celles des lois anciennes sont nombreux, il conviendra
d'autoriser les cantons à fixer, dans leurs mesures d'exécution, toutes
ces analogies ; ils pourront décider en outre à quelles catégories de
la loi nouvelle les gages de la loi ancienne seront assimilés. Ainsi
les Pfandbriefe de St-Gall et, en général, les cédules hypothé-
caires de la Suisse orientale pourront être assimilées à celles du projet,
les Zedel d'Appenzell à la lettre de rente, les gardances de dam
bernoises à l'hypothèque, etc. On pourra même permettre, sans hé-
sitation, une assimilation partielle, par exemple en ce qui concerne
le transfert. Si les cantons se décident, dans leurs lois d'introduc-
tion, à comp'éter quelque peu les anciennes formes consacrées par
leur droit privé, tout notre régime hypothécaire sera simplifié bien
avant que fonctionne le registre foncier; cette réforme sera extrê-
mement bienfaisante et les titres constitués avant la promulgation
du Code civil s en ressentiront très avantageusement, sans que ni
le créancier ni le débiteur en éprouvent le moindre dommage.
g. L'inircduction du registre foncier ne pourra, -— nous y
avons fait allusion plus haut, — être contemporaine de l'entrée en
vigueur du livre quatrième du Code civil suisse. Toute une série
de travaux seront nécessaires pour la préparer, et il y aura lieu
de tenir compte de l'état de choses actuel. Aussi est-il non seule-
ment compréhensible, mais impérieusement commandé par les
circonstances, que la mise en activité du registre foncier soit or-
donnée par le Conse'l fédéral avec l'assentiment des cantons (art.
1806). Ceux-ci pourront donc conserver jusqu'à nouvel ordre, pen-
64

•dant une période qui sera longue sans doute, leurs instruments de
publicité des droits réels, moyennant qu'ils les adaptent aux exi-
gences de la future législation. Ce sera le cas, entre autres, pour
les institutions registrales de Baie-ville, Soleure, Vaud, Schwyz,
Nidwald, pour les protocoles et cadastres fonciers de Zurich, pour
les états de servitudes de St-Gall, Appenzell E.-E., etc. Les com-
pléments que la Confédération devra demander aux cantons
s'entendront de registres auxiliaires, rôles immobiliers, réper-
toires, états des droits non encore inscrits, etc., par l'intermé-
diaire desquels s'accompliront les formalités requises par la loi
nouvelle.
De même, avant l'introduction du registre foncier et dès la
promulgation du Code civil, on pourra désigner les formes à l'ob-
servation desquelles seront attachés les effets immédiats de la
publicité du registre pour la constitution, la modification ou le
transfert des droits réels. Nous signalerons comme telles l'homolo-
gation, l'inscription dans les registres ou rôles hypothécaires, dans
les états de servitudes, etc. Il n'y a pas de raison pour ne pas
procéder ainsi. Néanmoins, aussi longtemps que le registre foncier
ou quelque institution équivalente ne fonctionnera pas, il ne sera
pas possible de conférer à ces formes un effet registrai au profit
des tiers de bonne foi, — de leur attribuer ce que les Allemands
appellent la force obligatoire positive du registre. Evidemment, le
droit réel sera constitué par l'accomplissement des formalités an-
ciennes sous l'empire de la loi nouvelle, mais il ne bénéficiera point
pour autant de l'effet de publicité que prévoit le Code civil lui-
même. Cet effet ne pourra se produire que dès le moment où le
registre foncier aura été mis en activité.
De plus, il sera loisible de distinguer, lorsqu'on déterminera
les effets registraux attachés à certaines formes cantonales, entre
les diverses espèces de droits réels ; et le registre foncier pourra
fort bien ne pas être introduit partout à la même époque. Le
mieux est de laisser aux cantons toute la latitude et tout le
temps désirables pour réorganiser leur régime des droits réels ;
cfr. art. 1806, 1812 à 1814.
Pour l'introductidh successive du registre foncier, le Conseil
fédéral se concertera avec les gouvernements cantonaux. Nous utili-
serons, autant que faire se pourra, les instruments de publicité exis-
tants et, spécialement, les plans cadastraux déjà dressés. Nous nous
sommes expliqués à ce sujet soit dans l'exposé des motifs de 1900,
soit dans notre message du 28 mai 190-1. On peut admettre
que la mise en activité du registre foncier ne dépendra pas de
la cadastration intégrale du territoire suisse; on n'exigera que des
65

mensurations suffisantes, que les cantons ne pourront du reste pas


ordonner sans y être autorisés par le Conseil fédéral (art. 1807).
Cette autorisation est prévue également pour la cadâstration som-
maire de territoires dont la loi permet de dresser les plans sans
înensufation géométrique : forêts, alpages, pâturages d'une étendue
considérable ; sur ce point, les cantons de Berne et de Neucnâtel se
sont livrés à des essais qui ne seront point perdus pour la Confé-
dération (art. 1806 et 1808 ; cfr. art. 987, alinéa 2, du Projet de
C. c. s.).
Quant aux dépenses, les dispositions transitoires ne renfer-
ment qu'un texte général ainsi conçu et répondant aux vœux que
la grande commission d'experts a émis en avril 1903 : « La Con-
fédération supportera la majeure partie des frais de cadâstration »
(art. 1809). L'application de ce principe est réservée à des déci-
sions ultérieures.
5. On pourra, dans la matière du droit des obligations, régler de
la même manière qu'en 1881 les effets de l'entrée en vigueur de la
loi nouvelle. Nous avons repris les dispositions transitoires d'alors,
en tant du moins qu'elles ont conservé quelque importance pratique
(art. 1815 à 1817); pour la prescription libératoire, nous avons
adopté la solution de l'ancienne loi, et non point celle que nous avons
consacrée pour la prescription acquisitive.

CHAPITRE III.
Mesures d'exécution.
Nous pouvons être très brefs, puisque toutes les questions essen-
tielles ont été examinées, soit dans l'exposé des motifs, soit dans
notre message du 28 mai 1904.
Tout d'abord, nous déclarons en termes généraux que, sauf
dispositions contraires du Code, toutes les lois civiles de la Confédé-
ration et des cantons sont abrogées ; cfr. art. 1818.
La Confédération est compétente pour rendre les ordonnances
d'exécution ; le Conseil fédéral est chargé de ce soin. Le Code a
mentionné déjà toutes les ordonnances complémentaires absolument
indispensables ; mais il y en aura d'autres. Dans certains cas, ces
mesures d'exécution sont abandonnées aux cantons, qui seront obligés
d'y pourvoir toutes les fois que la loi Je leur enjoint. Et l'on con-
cevra que l'approbation du Conseil fédéral ait été réservée, en ce
sens que les ordonnances cantonales ne pourront être appliquées avant
de l'avoir obtenue. S'il arrivait qu'un canton n'accomplit pas la
Feuille fédérale suisse. Année LVII. Vol. II. 5
66

tâche qui Ini est dévolue, nous proposons de dire que le Conseil
fédéral aura le droit de faire le nécessaire. Ceci ne concerne cependant
que les éventualités dans lesquelles l'application du Code civil ne serait
pas possible sans ordonnances d'exécution ; on s'en tiendra aux dis-
positions delà loi nouvelle e Ile-même pour les matières dans lesquelleç
les cantons auront négligé d'édicter des . prescriptions complémen-
taires qui n'étaient pas indispensables (art. 1819 et suiv.).
Nous nous bornons à rappeler que les cantons désignent les
autorités compétentes, fixent la procédure à suivre devant elles, ainsi
que les éléments de la forme authentique (art. 1821 et suiv.).
Les art. 1825 et suiv. contiennent des dispositions détaillées
sur l'abrogation des lois fédérales existantes et sur les compléments
dont elles auront besoin. Nous avons énuméré à l'art. 1826 toute
une série de modiBcations que devra subir la loi fédérale sur la
poursuite pour dettes et la faillite. Pour le droit des obligations,
nous vous recommandons d'adopter la solution que nous avons
indiquée déjà, lorsque nous avons discuté le problème de l'adapta-
tion et de la revision du Code de 1881.
Berne, le 3 mars 1905.

Au nom du Conseil fédéral suisse :


Le président de la Confédération,
RÖCHET.
Le chancelier de la Confédération,
RlNGJER.
Livre cinquième.

DES OBLIGATIONS.

PREMIÈRE PARTIE.

Dispositions générales.

Titre vingt-septième.
De la formation des obligations.
Chapitre premier.
Des obligations résultant d'un contrat.
1016 (1).
Un contrat est parfait lorsque les parties ont, réci- A. Conclusion du con-
trat.
proquement et d'une manière concordante, manifesté I. Accord des par-
ties.
leur consentement. 1. Conditions gé-
nérales.
Cette manifestation peut être expresse ou tacite.
1017 (2).
Si les parties se sont mises d'accord sur tous les 2. Points secon-
daires réser-
points essentiels, le contrat est réputé conclu, alors vés.
même que des points secondaires ont été réservés.
A défaut d'accord sur ces points secondaires, le
juge les règle en tenant compte de la nature de l'affaire.
Les dispositions qui régissent la forme des contrats
demeurent réservées (1027).
C8

1018 (3).
II. Offre et accep- Toute personne qui propose à une autre la conclu-
tation.
1. Offre avec dé- sion d'un contrat en lui fixant un délai pour accepter,
lai pour ac-
cepter. est liée par son offre jusqu'à l'expiration de ce délai.
Elle est dégagée, si la déclaration que l'offre est
acceptée ne lui parvient pas avant le terme fixé. '

1019 (4).
•2. Offre sans dé- Lorsque l'offre a été faite à une personne présente
lai pour ac-
cepter. sans fixation d'un délai pour accepter, l'auteur de l'offre
«. Entre pré-
senta. est dégagé si l'acceptation n'a pas lieu sur-le-champ.
Un contrat conclu par téléphone est censé fait
entre présents, lorsque les parties ou leurs mandataires
en ont personnellement arrêté les termes.

1020 (5).
6. Kntre ab-
sents.
Lorsque l'offre a été faite sans fixation de délai à
une personne non présente, l'auteur de l'offre reste lié
jusqu'au moment où il peut s'attendre à l'arrivée d'une
réponse expédiée à temps et régulièrement.
Il a le droit d'admettre, pour déterminer ce mo-
ment, que le destinataire a reçu l'offre en temps voulu.
Si l'acceptation expédiée à temps parvient tardive-
ment à l'auteur de l'offre, et que celui-ci entende ne
plus être lié, il doit, sous peine de dommages-intérêts,
en informer immédiatement l'acceptant.

1021 (5).
3. Acceptation
tacite.
Lorsque l'auteur de l'offre ne devait pas, à raison
soit de la nature spéciale de l'affaire, soit des circons-
tances, s'attendre à une acceptation expresse, le con-
trat est réputé conclu si l'offre n'a pas été refusée dans
un délai convenable.
69

1022 (6).
L'auteur de l'offre n'est pas lié s'il a fait à cet 4. Offre sans en-
gagement.
égard des réserves expresses (par l'adjonction des mots :
«sans engagement», etc.), ou si son intention de ne
pas s'obliger résulte soit des circonstances, soit de la
nature spéciale de l'affaire.

1023.
Le simple fait de provoquer des demandes par l'en- f>. Öftres ot'pro-
messes publi-
voi de tarifs, de prix-courants, etc., ne constitue pas ques.
une offre obligatoire.
Toutefois, celui qui promet publiquement un prix
ou une récompense est tenu d'exécuter sa promesse si
la prestation répondant à celle-ci lui est offerte.
S'il retire sa promesse avant qu'une offre lui soit
parvenue, il sera tenu de rembourser les dépenses faites,
de bonne foi et dans l'espoir fondé d'un succès, par les
personnes qu'il a induites à les faire.

1024 (7).
L'offre est considérée comme non avenue si le (i. Retrait de,
l'offre.
retrait en parvient à l'autre partie avant l'offre ou en
même temps.
Il en est de même de l'acceptation, si le retrait en
parvient à l'auteur de l'offre avant que l'acceptation ait
été déclarée ou en même temps.

1025 (8).
Lorsqu'un contrat a été conclu entre absents, il III. Temps auquel
remontent les
déploie ses effets dès le moment où l'acceptation a été effets d'un con-
trat entre ab-
expédiée. sents.
Si une acceptation expresse n'est pas nécessaire,
les effets du contrat remontent au moment de la récep-
tion de l'offre non refusée.
70

1026 (9).
B. Forme des contrats. Les contrats ne sont soumis à une forme parti-
1. Effets des for-
mes prescrites. culière, au point de vue de leur validité, qu'en vertu
d'une prescription spéciale de la loi.
A défaut d'une disposition contraire sur la portée
et les effets de la forme prescrite, le contrat n'est va-
lable que si cette forme a été observée.

1027 (11).
U. Forme prescrite Lorsque la loi exige qu'un contrat soit fait en la
par la loi.
l. Portée de la forme écrite, cette disposition s'applique également à
forme écrite.
toutes les modifications du contrat, hormis les stipula-
tions complémentaires et accessoires qui ne sont pas en
contradiction avec l'acte.

1028 (12).
_'. Eléments de Le contrat pour lequel la loi exige la forme écrite doit
la torme écrite.
être signé de toutes les personnes auxquelles il impose
des obligations.
Sauf disposition contraire de la loi, un échange de
lettres ou même de télégrammes vaut comme forme
écrite, si les dépêches originales sont signées des par-
ties qui s'obligent.
1029.
U.Elémentsdela Une signature doit être écrite de la main même de
signature.
son auteur.
Celle qui procède de quelque moyen mécanique n'est
tenue pour suffisante que dans les affaires où elle est
admise par l'usage ou lorsqu'il s'agit de la signature de
papiers-valeurs émis en nombre considérable.
La signature des aveugles ne les oblige que si elle
ii été légalisée par l'autorité compétente.
7l

1030 (13).
D est permis à toute personne qui ne peut signer de 1. Marques pou-
vant rempla-
remplacer sa signature par une marque à la main, dû- cer la signa-
ture.
ment légalisée, ou par une attestation authentique ; de-
meurent réservées les dispositions concernant la lettre
do change.

1031 (14).
Lorsque les parties sont convenues de donner une III. Forme réservée
dans le contrat
forme spéciale à un contrat pour lequel la loi n'en
prescrit pas, elles sont réputées n'avoir entendu se lier
que dès l'accomplissement de cette forme.
S'il s'agit de la forme écrite, sans autre indica-
tion plus précise, on observe les dispositions relatives
à cette forme, lorsqu'elle est exigée par la loi (1028).

1032 (15).
La reconnaissance d'une dette est valable, même si C. Cause de l'obliga-
tiOD.
elle n'énonce pas la cause de l'obligation.

1033 (16).
Pour apprécier la forme et les clauses d'un contrat, 9. Interprétation des
contrats. Simula-
il faut rechercher la réelle et commune intention des tion.
parties, sans s'arrêter aux expressions ou dénominations
inexactes dont elles se sont servies, soit par erreur,
soit pour déguiser la nature véritable de la convention
(simulation).
Le débiteur ne peut opposer l'exception de simula-
tion au tiers qui possède une reconnaissance écrite de
la dette.
1034 (17).
Le contrat est nul s'il a pour objet une chose E. Objet du contact.
I En général
impossible, illicite ou contraire aux bonnes mœurs.
f.*
1035.
II. Liberté des con- L'objet d'un contrat peut être librement déterminé-
ventions.
1. Conventions ians les limites fixées par la loi.
qui déroerent
a la loi. Celle-ci n'exclut les conventions des parties que lors-
qu'elle édicté une règle de droit strict, ou lorsqu'un«
âérogfetion à son texte serait contraire à l'ordre public,
aux bonnes moeurs ou aux mesures protectrices de la
capacité civile (28).
1036.
u. Rescision pour Un contrat dans lequel il y a disproportion évidente
«anse de lésion.
entre la prestation promise par l'une des parties et la
contre-prestation de l'autre peut être rescindé à la de-
mande de la partie lésée, si la lésion a été déterminée
par l'exploitation de sa gêne, de sa légèreté ou de son
inexpérience.
1037.
111. Promesses de On peut assumer contractuellement l'obligation de
contracter.
passer une convention future (promesse de contracter).
Ce pacte est soumis aux formes établies pour la
convention future, à moins que, dans l'intérêt même des
parties, la loi n'en subordonne la validité à l'observation
d'une forme spéciale.

1038 (18).
>'. Vices du consen- Un contrat n'oblige pas celle des parties qui, au
tement.
I. Erreur. moment de le conclure, se trouvait dans une erreur
l.Effeis de l'er-
renr. essentielle.
1039 (19).
y. Erreur essen- L'erreur est essentielle, notamment :
tielle.
a. Sur le con- 1. lorsqu'une des parties entendait faire un contrat
trat et son
objet. autre que celui auquel elle a déclaré consentir ;
2. lorsque la partie qui allègue l'erreur avait en vue
autre chose que ce qu'elle a déclaré ;
78

3. lorsque les qualités attribuées à la chose par er-


reur sont d'une importance telle que cette chose,
selon qu'elle les possède ou non, appartient à une
catégorie de marchandises toute différente ;
4. lorsque la prestation promise par l'un des contrac-
tants est notablement plus étendue, ou lorsque
la contre-prestation l'est notablement moins qu'il
ne le voulait en réalité.

1040 (20).
L'erreur sur la personne avec laquelle on contracte l>. Sur la per-
sonne.
n'est essentielle que si l'on s'est engagé principalement
en considération de cette personne ou des qualités de
celle-ci.
1041 (21).
;f. Krreur non es-
L'erreur qui n'est pas essentielle n'infirme pas le sentielle.
contrat.
C'est le cas, en particulier, lorsqu'elle porte sur
les motifs du contrat, notamment sur le profit espéré
ou sur la solvabilité. de l'autre partie.
1042 (22).
De simples erreurs de calcul n'infirment pas le 4. Fautes de cal-
cul.
contrat ; elles doivent être corrigées.

1043 (23).
La partie qui invoque son erreur pour se soustraire r>. Krreur com-
mise par n*-
à l'effet du contrat est tenue à des dommages-intérêts slisence.

si l'erreur provient de sa propre faute, à moins que


l'autre partie n'ait connu ou dû connaître l'erreur.

1044 (24, 25).


La partie qui a été amenée à contracter par le dol II. Dol.

de l'autre n'est pas obligée, même quand son erreur


n'est pas essentielle.
74

Lorsque le dol a été commis par un tiers, la partie


qui en est victime demeure obligée, à moins qu'au mo-
ment de la conclusion du contrat l'autre partie n'ait
connu ou dû connaître le dol.

1045 (26, 27).


Iti. Crainte, foniliir. Si l'une des parties a conclu le contrat sous l'em-
pire d'une crainte fondée que lui aurait inspirée sans
droit l'autre partie ou un tiers, elle n'est point obligée.
La crainte est réputée fondée lorsque la partie
menacée devait croire, d'après les circonstances, qu'un
danger grave et imminent la menaçait elle-même, ou
l'un de ses proches, dans sa vie, sa personne, son hon-
neur ou ses biens.
La crainte de voir invoquer un droit ne peut être
prise en considération que lorsqu'on a abusé de la situa-
tion critique de la partie menacée pour lui extorquer des
avantages excessifs.

1046 (23).
IV. Vice du couscn- Le contrat entaché d'erreur ou de dol, ou conclu
tement couvert
par la ratifica- sous l'empire d'une crainte fondée, est tenu pour ratifié
tion du »outrât.
lorsque la partie qu'il n'oblige point a laissé écouler une
année sans déclarer à l'autre sa résolution de ne pas le
maintenir, ou sans répéter ce qu'elle aurait déjà payé.
Le délai d'un an court dès la découverte de l'er-
reur ou du dol, ou dès le moment où la crainte s'est
dissipée.
La partie qui a ratifié un contrat entaché de dol
ou conclu sous l'empire d'une crainte fondée ne perd
point par cela même la faculté de demander des dom-
mages-intérêts.
75

1047 (29).
Toute personne majeure et capable de discernement O. Capacité de con-
tracter et repré-
peut valablement contracter. sentation.
I. Personnes capa-
Les mineurs et les interdits peuvent contracter dans ble».
la mesure où ils possèdent l'exercice des droits civils
(14 et suiv.).
1048 (36, 37).
il. Représentation.
Lorsqu'un contrat est fait au nom d'une autre per- 1. En vertu du
pouvoirs.
sonne par un représentant dûment autorisé, c'est le «. Effet- de la
représenta-
représenté et non le représentant qui devient créancier tion
ou débiteur.
Lorsqu'au moment de la conclusion du contrat, le
représentant ne s'est pas fait connaître comme tel, le
représenté ne devient directement créancier ou débi-
teur que si l'autre contractant devait inférer des cir-
constances qu'il existait un rapport de représentation.
S'il n'en est pas ainsi, il faut une cession de la,
créance ou une reprise de la dette, conforme aux prin-
cipes qui régissent ces actes.

1049 (38, 39, al. 1).


Le pouvoir d'accomplir des actes juridiques pour b. Etendue
des pou -
autrui, en tant qu'il découle du droit public, est réglé voirs
par le droit public cantonal ou fédéral.
Lorsque les pouvoirs découlent du fait de l'homme,
leur étendue est déterminée par la convention intervenue
expressément ou tacitement entre le représenté et le
représentant.
1050 (40, 41).
c. Restriction
Le représenté a en tout temps le droit de restrein- et révoca
tiou des
dre ou de révoquer les pouvoirs qu'il a conférés, sans pouvoirs.
préjudice des réclamations que le représentant peut
avoir à former contre lui en vertu d'une autre cause.
76

Est nulle toute renonciation à ce droit faite d'avance


par le représenté.
Lorsque le représenté a fait connaître, soit en ter-
mes exprès, soit par ses actes, les pouvoirs qu'il a con-
férés, il ne peut en opposer aux tiers de bonne foi la
révocation totale ou partielle que s'il a fait connaître
également cette révocation.

1051 (42).
d. Effets du dé- Les pouvoirs découlant du fait de l'homme s'étei-
cès, de l'in-
capacité un gnent par la mort, par la perte de la capacité et par
«le In fail-
lite. la faillite du représenté ou du représentant.
Lorsqu'ils émanent d'une personne inorale ou d'une
société inscrite au registre du commerce, ils prennent
fio en même temps que cette personne morale ou cette
société.
Il n'est porté par là aucune atteinte aux droits
personnels des parties l'une envers l'autre.

1052 (48).
t. Restitution Le représentant qui a été nanti d'un titre consta-
il» titre
constant
les pou-
tant ses pouvoirs est tenu, lorsqu'ils ont pris fin, de le
voirs. restituer ou d'en effectuer le dépôt en justice.
Si le représenté ou ses ayants droit négligent de
l'y contraindre, ils répondent envers les tiers de bonne
foi du dommage résultant de cette omission.

1053 (44).
/'. Moment à Tant que le représentant n'a pas connaissance de
compter
duquel l'ex- l'extinction de ses pouvoirs, le représenté ou ses ayants
tinction des
pouvoirs droit deviennent par son fait créanciers ou débiteurs
produit ses
. effets. comme si les pouvoirs existaient encore.
Il en est autrement, si l'autre partie a su qu'ils
avaient pris fin.
77

1054 (46, 47).


Lorsqu'une personne contracte sans pouvoirs au nom -. Représenta-
tion on l'ab-
d'un tiers, celui-ci ne devient créancier ou débiteur que sence de pou
voirs.
s'il ratifie le contrat. a. Ratifica-
tion.
L'autre partie a le droit d'exiger que le représenté
déclare, dans un délai raisonnable, s'il ratine ou non
le contrat.
A défaut de ratification dans ce délai, elle cesse
d'être liée.
1055 (48).
Si la ratification est refusée expressément ou taci- b. Responsa-
bilité faut»
tement, l'autre partie peut actionner en dommages-inté- de ratifica-
tion.
rêts celui qui s'est donné pour représentant (1058 et
suiv.), à moins qu'elle n'ait su ou dû savoir d'après les
circonstances qu'il était sans pouvoirs.

1056 (49).
Le droit d'intenter une action pour cause d'enri- . Responsa-
bilité ron-
chissement illégitime subsiste dans tous les cas. dée sur
l'enrichis-
sement.
1057 (45).
Demeurent réservées les dispositions du présent 3. Dispositions
spéciales ré-
Code qui déterminent les attributions légales des admi- servées.
nistrateurs de sociétés, des fondés de procuration et
autres représentants ou mandataires commerciaux.

Chapitre II.
Des obligations résultant d'actes illicites.
1058 (50).
. Responsabilité dé-
Quiconque cause sans droit un dommage à, autrui, rivant de l'acte il-
licite.
soit à dessein, soit par négligence ou imprudence, est I. Conditions do
cette responsa-
tenu de le réparer.
78

Celui qui cause intentionnellement un dommage à


autrui par des actes ou des omissions contraires aux
bonnes mœurs est également tenu de le réparer.
1059 (51, 55).
II. Fixation <\<- l'in- Le juge détermine le mode ainsi que l'étendue de la
demnité
réparation, d'après les circonstances et la gravité de la
faute.
Lorsque le montant du dommage subi n'est pas ap-
préciable en argent, le juge le fixe en considération du
cours ordinaire des choses, de l'attitude de la partie
lésée et des mesures prises par elle.
Le juge peut réduire proportionnellement les dom-
mages-intérêts, ou même n'en point allouer, lorsqu'il
y a également une faute imputable à la partie lésée, lors-
que cette dernière a consenti à l'acte illicite, ou lorsqu'elle
aggrave la situation de l'autre partie contrairement aux
règles de la bonne foi.
1060 (52).
111. CBH particuliers. En cas de mort d'homme, les dommages-intérêts
1. Mortd'homme.
comprennent les frais en résultant, ; notamment ceux
d'inhumation.
Si la mort n'est pas survenue immédiatement, ils
comprennent en particulier les frais de traitement, ainsi
que le préjudice causé par l'incapacité de travail.
Lorsque, par suite de la mort, d'autres personnes
ont été privées de leur soutien, il y a également lieu
de les indemniser de cette perte.
1061 (53).
!1. Lésions cor- En cas de lésions corporelles, la partie lésée a
porelles.
droit au remboursement des frais et aux dommages-
intérêts qui résultent d'une incapacité de travail totale
ou partielle, y compris ceux dérivant du fait que sa
situation économique est désormais compromise.
79

1062.
3. Concurrence
Celui dont la clientèle est diminuée par des publi- déloyale.
cations mensongères, ou par d'autres procédés con-
traires à la bonne foi, a le droit d'actionner l'auteur de
ces manœuvres en cessation de celles-ci et en répa-
ration du préjudice causé.
Le juge fixe le montant des dommages-intérêts d'a-
près les circonstances.

1063 (54, 55).


En cas de lésions corporelles ou de mort d'homme, IV. Allocation d'une
indemnité équi-
le juge peut, en tenant compte des circonstances parti- table.
culières, notamment s'il y a eu dol ou faute grave,
allouer à la victime ou, en cas de décès, à sa famille
une indemnité équitable, indépendamment de la réparation
du dommage constaté.
Celui qui subit une atteinte dans sa situation per-
sonnelle peut, en cas de faute du défendeur, réclamer
des dommages-intérêts sans préjudice d'une indemnité
à titre de réparation morale lorsqu'elle est justifiée
par la nature de l'acte illicite (29).

1064 (60).
Lorsque plusieurs ont causé ensemble un dommage, V. Responsabilité
de- plusieurs
soit comme instigateur, auteur principal ou complice, participants à
l'acte, illicite.
ils sont tenus solidairement de le réparer, même s'il n'est
pas possible de déterminer auquel d'entre eux le pré-
judice est imputable.
Le juge apprécie s'ils ont un droit de recours
les uns contre les autres,, et quelle est l'étendue de
leur recours.
Le fauteur n'est tenu du dommage qu'autant qu'il
a reçu (une part du gain ou causé un préjudice par le
fait de sa coopération.
bO

1065 (56).
VI. Liigitime défen-
se, cas de néces- En cas de légitime défense, il n'y a pas lieu à ré-
sité, usage auto-
risé de la force. paration du dommage causé à la personne ou aux biens
de l'agresseur.
Le juge détermine d'après les circonstances le mon-
tant des dommages-intérêts dus par celui qui porte
atteinte aux biens d'autrui pour détourner, dans son in-
térêt ou dans celui d'un tiers, un préjudice imminent
ou un danger actuel.
Celui qui recourt à la force pour protéger ses droits
ne doit aucune réparation, lorsque l'assistance de l'auto-
rité ne peut être obtenue en temps utile et qu'il n'est
pas d'autre moyen d'empêcher que ces droits ne soient
perdus ou que l'exercice n'en soit rendu beaucoup plus
difficile.
1066 (59).
VII. Collision entre Le juge n'est point lié par les dispositions du droit
droit civil et
droit pénal. criminel en matière d'imputabilité, ni par l'acquittement
prononcé au pénal, pour décider s'il y a eu faute com-
mise ou si l'auteur de l'acte illicite était capable de dis-
cernement.
Le jugement pénal ne lie pas davantage le juge
civil en ce qui concerne l'appréciation de la faute et la
fixation du dommage.

1067 (57, 58).


B. .Responsabilité de
Si l'équité l'exige, le juge peut condamner une per-
personnes incapa-
bles de discerne-
sonne même irresponsable 'à la réparation totale ou
ment. partielle du dommage qu'elle a causé.
Celui qui a été frappé d'incapacité passagère de
discernement est tenu de réparer le dommage qu'il a
causé dans cet état, s'il ne prouve qu'il y a été mis
sans sa faute.
81

1068 (61).
Celui à qui incombe légalement la surveillance d'une C. Kespousiibilité à
raison du fait d'un-
personne de sa maison est responsable du dommage tali.
I. Du chef do l'au-
causé par cette personne, à moins qu'il ne justifie l'avoir torité domesti-
que.
surveillée de la manière usitée et avec l'attention com-
mandée par les circonstances.
1069 (62).
II. Pour les loca-
Le maître ou patron est responsable du dommage teurs de ser-
vices.
causé par ses ouvriers ou employés dans l'accomplis-
sement de leur travail, à moins qu'il ne justifie avoir
pris toutes les précautions nécessaires pour prévenir ce
dommage.
Les personnes morales qui exercent une industrie
sont soumises à la même responsabilité.

1070 (63).
Celui qui, en qualité de chef de famille, de maître, III. Keconrs contre
l'auteur du dom-
de patron, est tenu du dommage, a son recours contre mage.
l'auteur en tant que celui-ci peut être recherché en
dommages-intérêts.
1071 (65).
En cas de dommage causé par un animal, la per- V. Responsabilité du
détenteur d'ani-
sonne qui le détient est responsable, à moins qu'elle ne maux.
I.Dommages-inté-
justifie l'avoir gardé et surveillé avec le soin voulu. rêts.
Son recours demeure réservé, si l'animal a été ex-
cité soit par un tiers, soit par un animal appartenant
à autrui.
1072 (66).
Le possesseur d'un immeuble a le droit de s'em- II. Droit de s'empa-
rer des animaux
parer des animaux appartenant à autrui qui causent qui causent im
dommage.
du dommage sur cet immeuble, et de les retenir en
garantie de l'indemnité qui peut lui être due ; dans les
cas graves, il est même autorisé à les tuer s'il ne
peut se défendre autrement.
Feuille fédérale suisse. Année LV11. Vol. IL 6
82

Toutefois, il est tenu d'aviser sans retard le pro-


priétaire des animaux et, s'il ne le connaît pas, de pren-
dre les mesures nécessaires pour le découvrir.

1073 (67).
E. Responsabilité
pour des bâtiments
Tout propriétaire d'immeuble est tenu, même s'il
et autres ouvrages.
I. Dommages-inté-
n'a pas commis de faute, de réparer le dommage qu'il
rêts. a causé à autrui en outrepassant ses droits de pro-
priétaire.
Le propriétaire d'un bâtiment ou de tout autre ou-
vrage est responsable du dommage causé par le défaut
d'entretien, ou par le vice de l'installation on de la
construction.
Dans ce dernier cas, son recours contre le construc-
teur demeure réservé.
1074 (68).
II? Mesures de sù- Celui qui est menacé d'un dommage provenant de
rett'.
l'ouvrage d'autrui a le droit de contraindre le proprié-
taire à prendre les mesures nécessaires pour écarter le
danger.
Demeurent réservés les règlements de police con-
cernant la protection des personnes et des propriétés.

1075 (64).
F. Kesponsabilito îles Les lois fédérales ou cantonales peuvent déroger
employés et fonc-
tionnaires publics. aux dispositions du présent chapitre, quant à la respon-
sabilité encourue par des employés ou fonctionnaires
publics en raison du dommage causé dans l'exercice de
leurs attributions.
Les lois cantonales ne peuvent néanmoins déroger
à ces dispositions s'il s'agit d'actes d'employés ou de
fonctionnaires publics se rattachant à l'exercice d'une
industrie.
83

1076 (69).
L'action en dommages et intérêts se prescrit par G. Prescription.
un an à compter de jour où la partie lésée a eu con-
naissance du dommage ainsi que de la personne qui en
est l'auteur, et, dans tous les cas, par dix ans dès le
jour où le fait dommageable s'est produit.
Toutefois, si les dommages-intérêts dérivent d'un
acte punissable soumis par les lois pénales à une pres-
cription de plus longue durée, la même prescription
s'applique à l'action civile.
Même après la prescription accomplie, la partie lésée
n'est tenue dans aucun cas de faire ce que l'autre partie
aurait été en droit d'exiger d'elle du chef de l'acte
illicite.

Chapitre III.

Des obligations résultant de l'enrichissement illégitime.


1077 (70, 71).
Celui qui, sans cause légitime, s'est enrichi aux A. Conditions.
I. En général.
dépens d'autrui, est tenu à restitution dans la mesure
de son enrichissement.
On est tenu, en particulier, de restituer ce qu'on a reçu
sans cause valable, en vertu d'une cause qui ne s'est pas
réalisée, ou en vertu d'une cause qui a cessé d'exister.
1078 (72).
Celui qui a payé volontairement ce qu'il ne devait II. Paiement de
l'indu.
pas ne peut le répéter qu'à charge de prouver qu'il a
payé parce que par erreur il se croyait débiteur.
Toutefois, on peut répéter en prouvant simplement
qu'on ne devait pas les sommes versées au cours de
poursuites, soit pour avoir négligé de former opposition
. u commandement de payer, soit en cas de mainlevée
ou en vertu de toute autre contrainte légale.
84

On ne peut répéter ce qu'on a payé pour acquitter


une dette prescrite ou pour accomplir un devoir moral.

1079 (73)
B. Etendue de la II n'y a pas lieu à restitution, si celui qui a reçu
restitution.
I. Obligations du ce qui ne lui était pas dû prouve qu'il n'est plus en-
défendeur.
richi lors de la répétition, à moins cependant d'établir qu'il
s'est dessaisi de mauvaise foi de son enrichissement.
Il y a lieu à restitution pleine et entière, si celui
qui a reçu était déjà de mauvaise foi lors de la ré-
ception.

1080 (74).
II. Droits résul- Le défendeur a droit au remboursement de ses im-
tant des im-
penses. penses nécessaires ou utiles ; néanmoins, s'il était déjà
de mauvaise foi lors de la réception, les impenses
utiles ne lui sont remboursées que jusqu'à concurrence
de la plus-value existant encore au moment de la ré-
pétition.
Il ne peut réclamer d'indemnité pour ses autres
impenses ; mais si le demandeur en restitution ne lui offre
pas de l'indemniser, il a la faculté d'enlèvement lors-
qu'il peut l'exercer sans endommager la chose (977).

1081 (75).
C. Répétition exclue. Il n'y a pas lieu à répétition de ce qui a été donné
I. l'ar la loi.
en vue d'atteindre un but illicite ou immoral.

1082.
II. Eu cas de pres-
cription. L'action pour cause d'enrichissement illégitime se
prescrit par un an à compter du jour où la partie lésée
a eu connaissance de son droit de répétition, et, dans
tous les cas, par dix ans dès la naissance de ce droit.
85

Titre vingt-huitième.
De l'effet des obligations.
Chapitre premier.

De l'exécution des obligations.

1083 (77).
Le débiteur n'est tenu d'exécuter lui-même l'obli- A- Prinoi pos généraux
I. Le débiteur.
gation que si le créancier a intérêt à ce qu'elle ne soit
pas exécutée par un tiers.

1084 (78).
Le créancier peut refuser un paiement partiel, lors- II. Objet de l'exé-
cution.
que la dette est liquide et exigible pour le tout. 1. Paiement par-
tiel.
Si le créancier est disposé à accepter un paiement
partiel, le débiteur ne peut refuser d'acquitter la partie
de la dette qu'il reconnaît devoir.

1085 (79).
Lorsque l'obligation est indivisible et qu'il y a a. Obligation in-
divisible,
plusieurs créanciers ou plusieurs débiteurs, chacun des o. Droit d'exi-
ger et obli-
créanciers peut en exiger l'exécution intégrale et cha- gation de
payer ponr
cun des débiteurs est tenu de l'acquitter pour le tout. le tout.
A moins que le contraire ne résulte des circonstances,
le débiteur qui a payé a un recours contre ses codébiteurs
pour leur part et portion.
Dans cette mesure, il est subrogé aux droits du
créancier.
1086 (80).
Si l'obligation indivisible se convertit en une obli- b. Vin de l'in-
divisibilité.
gation divisible, par exemple si elle se résout en dom-
mages-intérêts, chacun dés créanciers n'a d'action et
56

îhacun des débiteurs n'est tenu que pour sa part et


portion.
1087 (81).
8. Dette d'une Lorsque la chose due n'est déterminée que par
chose Indéter-
minée. son espèce, le choix appartient au débiteur, à moins que
le contraire ne résulte de l'affaire.
Toutefois le débiteur ne peut offrir une chose de
qualité inférieure à la qualité moyenne.

1088 (82).
4. Obligations al- Le choix appartient au débiteur, à moins que le
ternatives.
contraire ne résulte de l'affaire, lorsque son obligation
porte sur plusieurs objets mais qu'il ne peut être tenu
de livrer que l'un ou l'autre.

1089 (83).
5. Intérêts. Le débiteur tenu de payer des intérêts dont le
taux n'est fixé ni par la convention, ni par la loi ou
l'usage, doit les payer sur le pied de cinq pour cent
par an.
Le droit public pourra d'ailleurs édicter des disposi-
tions contre les abus en matière d'intérêt conventionnel.

1090 (84).
B. Lieu de l'exécution. Le lieu où l'obligation doit être exécutée est déter-
1. D'après la na-
ture de la dette. miné tout d'abord par la volonté expresse ou présumée
des parties.
A défaut de convention contraire, on observe les
règles suivantes :
1° Lorsqu'il s'agit d'une somme d'argent, le paiement
s'opère dans le lieu ou le créancier a son domi-
cile à l'époque du paiement.
2° Lorsque l'obligation porte sur une chose déterminée,
87

la délivrance doit être faite dans le lieu où se


trouvait la chose au temps du contrat.
'3° Toute autre obligation doit être exécutée dans le
lieu où le débiteur avait son domicile lorsqu'elle a
pris naissance.
1091 (85).
Si l'exécution de l'obligation qui devait être acquit- II. Changement de
domicile du cré-
tée au domicile du créancier, est notablement aggravée uncier.
par le fait qu'il a changé de domicile depuis que l'obli-
gation a pris naissance, l'exécution peut avoir lieu va-
lablement en son domicile primitif.

1092 (86).
A défaut de terme stipulé ou résultant de la nature CI. Epoque de l'exé-
cution.
de l'affaire, on peut exécuter l'obligation ou en réclamer I. Oblisationssans
terme.
l'exécution immédiatement.

1093 (87).
Le terme fixé pour l'exécution au commencement ou . Fixation d'un
terme.
à la fin d'un mois s'entend du premier ou du dernier 1. Terme d'il
mois.
jour du mois.
Le terme fixé au milieu d'un mois s'entend du quinze
dudit mois.
1094 (88).
Lorsqu'une obligation doit être acquittée à l'expira- 2. lOxpiration
d'un certain
tion d'un certain délai à partir de la conclusion du délai."]
ii. A partir de
contrat, le terme pour le paiement s'entend comme suit: la conclu-
slonidu con-
1° si le délai est fixé par jours, la dette est échue
le dernier jour du délai, le jour de la conclusion
du contrat n'étant pas compté, et s'il est de huit ou
de quinze jours, on comprend par là non pas une
• ou deux semaines, mais huit ou quinze jours pleins ;
2° si le délai est fixé par semaines, la dette est
échue le jour de la dernière semaine qui, par son
B8

nom, correspond au jour de la conclusion du


con r at ;
3° si le délai est fixé par mois ou par un laps de
temps embrassant plusieurs mois (année, semestre,
trimestre), la dette est échue le jour du dernier
mois qui, par son quantième, correspond au jour
de la conclusion du contrat ; s'il n'y a pas de
jour correspondant clans le dernier mois, l'obliga-
tion s'exécute le dernier jour dudit mois.
L'expression « demi-mois » équivaut à un délai
de quinze jours ; -si le délai est d'un ou plusieurs
mois et d'un demi-mois, les quinze jours doivent
être comptés en dernier.

1095 (89).
b. A partir •
d'un autre
Les mêmes règles s'appliqueront lorsque le délai
moment. court, non depuis le jour de la conclusion du contrat,
mais à partir d'une autre époque.

1096 (91).
:(. Kxécution du
rant un cer-
Lorsqu'une obligation doit être exécutée durant un
tain laps de
temps.
certain laps de temps, le débiteur est tenu de s'acquit-
ter avant l'expiration du délai fixé.

1097 (90, 91).


4. Dimanche et
jours fériés.
Si l'échéance tombe sur un dimanche ou sur un
autre jour reconnu férié par l'Etat dans le lieu du paie-
ment, elle est reportée de plein droit au premier jour
non férié qui suit.
Toutes conventions contraires demeurent réservées.

1098 (92).
III. Exécution pen- L'exécution doit se faire et être acceptée, le'jour
dant les heures
consacrées aux de l'échéance, pendant les heures habituellement consa-
affaires.
crées aux affaires.
89

1099 (93).
En cas de prolongation du délai convenu pour l'exé- IV. Prolongation
du terme.
cution, le nouveau délai court, sauf convention contraire,
du premier jour qui suit l'expiration du délai précédent.

1100 (94).
Le débiteur peut exécuter l'obligation même avant V. Exécution anti-
cipée
l'échéance, à moins que l'intention contraire des parties
ne ressorte soit des clauses ou de la nature du contrat,
soit des circonstances.
Toutefois il n'a le droit de déduire un escompte que
s'il y est autorisé par la convention ou par les usages
du commerce.
1101 (95).
Celui qui veut poursuivre l'exécution d'un contrat VI. Dans les con-
trats bilatéraux.
bilatéral doit avoir accompli ou offrir d'accomplir sa 1.Mode del'exé-
cution.
propre obligation, hormis les cas dans lesquels il est au
bénéfice d'un terme d'après les clauses ou la nature du
contrat.
1102 (96).
, Si, dans un contrat bilatéral, les droits de l'une des 2. Résiliation
unilaterale
parties sont menacés parce -que l'autre est tombée en dans les cas
d'insolvabili-
faillite, a été l'objet de poursuites infructueuses ou a té.
suspendu ses paiements, la partie ainsi menacée peut
se refuser à l'exécution jusqu'à ce qu'une garantie lui
ait été fournie pour l'exécution de l'obligation contractée
à son profit.
Elle peut se départir du contrat si cette garantie
ne lui est pas fournie dans un délai convenable (1131).

1103 (97).
D. Un paiement.
Le paiement d'une dette d'argent doit être effectué I. Monnaie natio-
dans la monnaie du pays. nale et monnaie
étrangère.
90

Si le contrat indique une monnaie qui n'a pas cours


dans le lieu du paiement, le paiement peut être fait en
monnaie du pays au cours du jour de l'échéance, à
moins que l'exécution littérale du contrat n'ait été sti-
pulée par les mots « valeur effective » ou par quelque
autre expression analogue.

1104 (98).
II. Billets de ban-
que et papier-
Le créancier d'une somme d'argent n'est pas tenu
monnaie. d'accepter, au lieu de numéraire, des billets de banque
ou du papier-monnaie.
1105 (99, 100).
lu. Imputation. Le débiteur ne peut imputer un paiement partiel
. En cas de
paiement par- sur le capital qu'en tant qu'il n'est pas en retard pour
tiel.
les intérêts ou les frais.
Si le créancier a reçu pour une fraction de la
créance des cautionnements, gages ou autres sûretés,
le débiteur n'a pas le droit d'imputer un paiement par-
tiel sur la fraction garantie ou mieux garantie de la
créance.
1106 (101).
2. S'il y a plu- Le débiteur qui a plusieurs dettes à payer au même
sieurs dettes
du même dé- créancier a le droit de déclarer, lors du paiement, la-
biteur.
a. D'après la quelle il entend acquitter.
déclaration
du débiteur Faute de déclaration de sa part, le paiement est
on du cré-
ancier. imputé sur la dette que le créancier désigne dans la
quittance, à moins que le débiteur ne conteste cette im-
putation au moment môme où il reçoit la quittance.

1107 (101).
4. D'aprüs Ja Lorsqu'il n'existe pas de déclaration valable, ou que
loi.
la quittance ne porte aucune imputation, le paiement
s'impute sur la dette échue ; si plusieurs dettes sont
échues, sur celle qui a donné lieu aux premières pour-
91

suites contre le débiteur ; s'il n'y a point eu de pour-


suites, sur la dette échue la première.
Si elles sont échues en même temps, l'imputation
se fait proportionnellement.
Si aucune des dettes n'est échue, l'imputation se
fait sur celle qui présente le moins de garanties pour
le créancier.
1108 (102).
Le débiteur qui paie a le droit d'exiger une quit- II. Quittance.
a. Droit d'en
tance et, si la dette est éteinte intégralement, la remise exiger une.
ou l'annulation du titre.
Si le paiement n'est pas intégral ou si le titre con-
fère d'autres droits au créancier^ le débiteur peut seu-
lement exiger la quittance et faire mentionner le paie-
ment sur le titre.
1109 (103).
Lorsqu'il est dû des intérêts ou autres redevances b. Effet de In
«luittance.
périodiques, le créancier qui donne quittance pour un
terme, sans formuler de réserves, est présumé avoir
perçu les termes antérieurs.
S'il donne quittance^ pour le capital, il est présumé
avoir perçu les intérêts.

1110 (104).
La remise du titre au débiteur fait presumer l'ex- 1. Remise du ti-
tre.
tinction de la dette. a. Droit de.
l'exiger.
1111 (105).
Si le créancier prétend avoir perdu son titre, le i>. Remise du
titre reni-
débiteur qui paie peut l'obliger à lui délivrer une décla- ulucée_ par
ïa quittan-
ration authentique ou dûment légalisée, constatant l'an- ce.
nulation du titre et l'extinction de la dette.
Demeurent réservées les dispositions concernant l'an-
nulation des papiers-valeurs (856 et s., 1688,1700etsuiv.).
92

1112 (106).
E. Demeure du cré- Le créancier est en demeure lorsqu'il refuse sans
ancier.
I. Conditions. motif légitime d'accepter ce qui lui est régulièrement
offert en exécution du contrat, ou d'accomplir les actes
préparatoires qui lui incombent et sans lesquels le débi-
teur ne peut exécuter l'obligation.
1113 (107).
II. Effets.
1. Quand l'objet
Lorsque le créancier est en demeure ou que, pour
<le la presta-
tion consiste
toute autre raison, la prestation due ne peut être faite
en une chose.
a. Droit de
ni au créancier ni à son représentant, le débiteur a
consigner. le droit de consigner la chose, aux frais et ris-
ques du créancier, et de se libérer ainsi de son obli-
gation.
Le juge du lieu du paiement décide où la consignation
doit être faite ; toutefois les marchandises peuvent, même
sans décision du juge, être consignées dans un entrepôt.

1114 (108).
II. Droit de Si, de par la nature de la chose ou d'après le
vendre.
genre d'affaires du débiteur, une consignation n'est pas
possible, si la chose due est sujette à dépérissement ou si
elle exige des frais considérablesad'entretien, le débiteur
peut, après sommation préalable et avec l'autorisation du
juge/ la faire vendre publiquement et en consigner le prix.
Si la chose est cotée à la bourse on au marché, ou si
sa valeur est minime, proportionnellement;! aux frais, il
n'est pas nécessaire que la vente soit publique, et le
juge peut l'autoriser même sans sommation préalable.

1115 (109).
c. Droit dcre- Le débiteur est en droit de retirer la chose consi-
lirrndre la
chose con-
signée.
gnée, tant que le créancier n'a pas déclaré l'accepter
ou que la consignation n'a pas eu pour conséquence
l'extinction d'une hypothèque ou la restitution d'un gage.
93

La créance renaît avec tous ses accessoires dès le


retrait de la consignation.

1116.
Lorsque l'obligation ne consiste pas dans la livrai- L'. Quand l'objet
de In presta-
son d'une chose, le débiteur peut, en cas de demeure tion n'est pas
une chose.
du créancier, résilier le contrat en conformité des dispo-
sitions qui régissent sa propre demeure (1131 à 1134).

Chapitre II.
Des effets de l'inexécution des obligations.
1117 (110).
Lorsque le créancier ne peut obtenir l'exécution de A. Responsabilité du
débiteur.
l'obligation ou ne peut l'obtenir qu'imparfaitement, le I. En cas de faute.
1. Fardenu de la
débiteur est tenu à des dommages-intérêts, à moins preuve
qu'il ne prouve qu'aucune faute ne lui est imputable.

1118 (111).
Toute obligation de faire se résout en dommages- 2. Dans les obli
gations de fai-
intérêts en cas d'inexécution imputable au débiteur. re.
Toutefois le créancier peut être autorisé à faire
exécuter l'obligation aux frais du débiteur.

1119 (112).
Celui qui contrevient à une obligation de ne pas ii. Dans los obli-
gations (le ne.
faire doit des dommages-intérêts par le seul fait de la pas faire.
contravention.
Le créancier a d'ailleurs le droit d'exiger que ce
qui a été fait par contravention à l'engagement soit
supprimé, et il peut être autorisé à opérer cette sup-
pression aux frais du débiteur.
94

1120 (112).
4. Procédure. Le mode de l'exécution forcée est régi par les dis-
positions légales sur la poursuite pour dettes et la fail-
lite, ainsi que par les ordonnances fédérales et cantonales.

1121 (113).
6. Etendue de la En général, le débiteur est tenu de toute faute.
réparation.
Cette responsabilité est plus ou moins étendue se-
lon la nature particulière de l'affaire, et doit notamment
être appréciée avec moins de rigueur lorsque l'affaire
n'a pas pour but de procurer un avantage au débiteur.
Les dispositions relatives à la responsabilité déri-
vant des actes illicites (1058 à 1074) s'appliquent pai-
analogie aux effets de la faute contractuelle.

1122 (114).
ti. Convention
exelusive de
Est nulle toute stipulation tendant à libérer d'a-
la responsabi- vance le débiteur de la responsabilité qu'il encourrait en
lité'.
cas de dol ou de faute grave.
Le juge peut même, selon les circonstances, tenir
pour nulle une clause qui libérerait d'avance le débi-
teur de toute responsabilité en cas de faute légère,
si le créancier, au moment où il a renoncé à rechercher
le débiteur, se trouvait à son service, ou si la respon-
sabilité résulte de l'exercice d'une industrie concédée
par l'autorité-
1123 (115).
II. Responsabilité Celui qui, même d'une manière licite, confie à des
pour des auxi-
liaires. membres de sa famille, des gens de service, des ouvriers
1. Principe.
ou des représentants quelconques, le soin d'accomplir
une obligation ou d'exercer un droit en dérivant, est
responsable envers l'autre partie du dommage que l'inter-
médiaire lui cause, dans ces circonstances, en n'exécutant
pas la convention ou de toute autre manière.
95

1124 (115, al. 2).


Le débiteur peut s'exonérer en tout ou en partie, 2. Convention
exclusive de
par une convention préalable, de la responsabilité qu'il laresponsabi-
lité.
encourt à raison de la faute de ses auxiliaires.
Toutefois, si le créancier, lorsqu'il a renoncé à
rechercher le débiteur, se trouvait à son service, ou si
la responsabilité résulte de l'exercice d'une industrie con-
cédée par l'autorité, le débiteur ne peut s'exonérer con-
ventionnellement que de la responsabilité découlant d'une
faute légère.
1125 (116).
Les dommages-intérêts dus par le débiteur consis- III. Etendue de
réparation.
tent dans la réparation du préjudice qui a pu être prévu,
lors du contrat, comme une conséquence immédiate de
l'inexécution ou de l'exécution imparfaite.
Il appartient au juge de décider, en tenant compte
des circonstances, si, dans les cas de faute grave, de
plus amples dommages-intérêts sont dus, ou si, en cas
de faute du créancier, il y a lieu de les réduire ou même
de les supprimer.

1126 (117).
Le débiteur d'une obligation exigible est constitué B. Demeure du débi-
teur. '•
en demeure par l'interpellation du créancier. I. Conditions.
Lorsque le jour de l'exécution a été déterminé d'un
commun accord, ou fixé par l'une des parties en vertu
d'un droit à elle réservé et au moyen d'un avertissement
régulier, le débiteur est mis en demeure par la seule
expiration de ce jour.

1127 (118).
Le débiteur qui est en demeure répond même du II. Effets.
1. Responsabili-
cas fortuit. té pour les cas
fortuits.
96

II peut se soustraire à cette responsabilité en prou-


vant qu'il s'est trouvé en demeure sans aucune faute
de sa part ou que le cas fortuit aurait atteint la chose
due au détriment du créancier, même si l'exécution avait
eu lieu à temps.
1128 (119).
ü. Intérêts mo- Lorsqu'il s'agit du paiement d'une somme d'argent,
ratoires,
a. En général. le débiteur qui est en demeure doit les intérêts mora-
toires à cinq pour cent l'an, encore qu'un taux inférieur
ait été fixé pour les intérêts conventionnels.
Si le contrat stipule, directement ou sous la forme
d'une provision de banque périodique, un intérêt supé-
rieur à cinq pour cent, cet intérêt plus élevé peut éga-
lement être exigé du débiteur en demeure.
Entre commerçants, tant que l'escompte dans le
lieu du paiement est à un taux supérieur à cinq pour
cent, les intérêts moratoires peuvent être calculés au
taux de l'escompte.
1129 (120).
Le débiteur en demeure pour le paiement d'in-
ii. Quand Je
débiteur est térêts, d'arrérages ou d'une somme dont il a fait
en demeure
pour les in-
térêts, ar-
donation, ne doit les intérêts moratoires qu'à partir
rérages,
sommes
du jour de la poursuite ou de la demande en justice.
données. Toute stipulation contraire s'apprécie conformément
aux dispositions qui régissent la clause pénale.
1130 (121).
Lorsque le dommage éprouvé par le créancier est
. JJommajro supérieur aux intérêts moratoires, le débiteur est tenu
supplémen-
taire. de réparer également ce dommage.
1131 (122).
4. Droit de rési- Lorsque, dans un contrat bilatéral, l'un des con-
liation du cré-
ancier. tractants est en demeure, l'autre partie a le droit de
a. Avec fixa-
tion d'un lui fixer ou de lui faire fixer par l'autorité compétente
délai.
97

un délai convenable, en le prévenant que, faute par lui


de s'exécuter, elle se départira du contrat à l'expiration
du délai.
La fixation d'un délai n'est pas exigée, lorsqu'il
ressort de l'attitude du débiteur que cette mesure serait
inutile.
1132 (123).
S'il résulte du contrat que, d'après l'intention des par- b. Résiliation
immédiate.
ties, l'obligation devait être exécutée à une époque déter-
minée, ni plus tôt, ni plus tard, ou dans un délai fixé et non
plus tard, la partie envers laquelle l'obligation n'est pas
acquittée à l'époque convenue ou dans le délai voulu
peut se départir du contrat sans autre formalité.

1133 (125).
Lorsque, par le fait de la demeure du débiteur, c. Exécution
devenue
l'obligation est devenue sans utilité pour le créancier, inutile.
celui-ci peut se départir du contrat.
1134 (124).
Celui des contractants! qui se départ du contrat 5. Effet de Ja ré-
siliation.
peut refuser la prestation promise et demander la resti-
tution de ce qu'il a déjà payé.
Toutes les fois que l'exécution tardive est exclue
par le contrat ou est devenue inutile pour le créancier
(1132,1133), celui-ci peut, au lieu de se départir du contrat,
demander des dommages-intérêts à raison de l'inexécution.

Chapitre Ili.
De l'effet des obligations à l'égard des tiers.
1135 (126).
Le tiers qui paie le créancier est légalement subrogé, A Subrogation.
jusqu'à due concurrence, aux droits de ce dernier :
Feuille fédérale suisse. Année LVII. Vol. II. 7
98

1° lorsqu'il rachète un gage par lui constitué pour la


dette d'autrui ;
2° lorsque, étant lui-même créancier gagiste, il paie
une autre créance garantie par son gage ;
3° lorsque le créancier a été prévenu par le débiteur
que le tiers qui le paie doit prendre sa place.

1136 (127).
B. JL'orté-fort. Celui qui promet à autrui le fait d'un tiers, est tenu
à des dommages-intérêts en cas d'inexécution de la part
de ce tiers.
1137 (118).
C. Siipulatiuua pour Celui qui, agissant en son propre nom, a stipulé une
autrui.
obligation en faveur d'un tiers a le droit d'en exiger
l'exécution au profit de ce tiers.
Le tiers ou ses ayants droit peuvent aussi réclamer
personnellemdnt l'exécution, lorsque telle a été l'intention
des parties.
Dans ce cas, et dès le moment où le tiers déclare
au débiteur vouloir user de son droit, il ne dépend plus,
du créancier de libérer le débiteur.

Titre vingt-neuvième.
De l'extinction des obligations.
1138 (129).
A. Kxtinctioii des ae- Lorsque l'obligation principale s'éteint par le paie-
cesaoires de l'obli-
gation. ment ou d'une autre manière, les cautionnements, droits
de gage et autres droits accessoires s'éteignent éga-
lement.
99

Les intérêts courus antérieurement ne peuvent, plus


être réclamés que si ce droit a été stipulé ou résulte
des circonstances.
Demeurent réservées les dispositions spéciales sur
les papiers-valeurs et le concordat.

1139 (140).
Il n'est besoin d'aucune forme spéciale pour annu- K. Ko i me de la remise
conventionnelle.
ler ou réduire conventionnellement une créance, encore
que, d'après la loi ou la volonté des parties, l'obligation
n'ait pu prendre naissance que sous certaines conditions
de forme.
1140 (143).
La novation ne se présume point. C. ^Novation-
1. Conditions.
La volonté de l'opérer doit résulter clairement de l'acte.
En particulier, la novation ne résulte pas de la sous-
cription d'un engagement de change en paiement d'une
dette existante, ni de la signature d'un nouvel acte de
cautionnement.
1141 (142).
Il y a novation, à défaut même de convention II. Novation objec-
tive et subjec-
spéciale : tive.
1° lorsque le débiteur contracte envers son créan-
cier une nouvelle dette, qui est substituée à l'an-
cienne ;
2° lorsqu'un nouveau débiteur est substitué à l'an-
cien, qui est déchargé ;
3° lorsqu'un nouveau créancier est substitué à l'an-
cien, envers lequel le débiteur se trouve déchargé.

1142.
Il y a également novation lorsque, dans un con- III. Novation en ver-
tu d'un compte
trat de compte-courant convenu entre parties, le solde courant.
du compte a été arrêté et reconnu.
100

En revanche, la seule inscription des divers postes


dans le compte courant n'emporte point novation.

1143 (144).
D. Confusion. Lorsque les qualités de créancier et de débiteur se
trouvent réunies dans la même personne, l'obligation
est éteinte par confusion.
Toutefois l'obligation renaît, si la confusion vient à
cesser.
Demeurent réservées les dispositions spéciales sur
le gage immobilier et les papiers-valeurs.

1144 (145).
£. Impossibilité de L'obligation s'éteint lorsque, par suite de circons-
l'exécution dans
les contrats bila- tances non imputables au débiteur, il devient impossible
téraux.
de l'exécuter.
Dans les contrats bilatéraux, le débiteur ainsi libéré
est tenu de restituer ce qu'il a déjà reçu de l'autre
partie et ne peut plus réclamer ce qu'elle lui doit encore.
Sont exceptés les cas dans lesquels la loi ou le con-
trat font passer les risques sur la tête du créancier
avant même que l'obligation soit exécutée.

1145 (131).
i'. Compensation. Lorsque deux personnes se trouvent débitrices l'une
I. Conditions.
1. Kn {jënoral. envers l'autre de sommes d'argent ou d'autres choses
fongibles de même espèce, chacune d'elles peut compen-
ser sa dette avec sa créance, si les deux dettes sont,
exigibles.
Le débiteur peut opposer la compensation lors même
que sa créance est contestée.

1146 (132).
2. Créances non Ne peuvent être éteintes par compensation contre
compensantes.
la volonté du créancier.
101

1° les créances ayant pour objet soit la restitution


d'une chose déposée, soustraite sans droit ou re-
tenue par dol, soit des dommages-intérêts dus à
raison d'une semblable chose ;
2° les créances dont la nature spéciale exige le paie-
ment effectif entre les mains du créancier, telles
qu'une créance alimentaire, un salaire insaisissable,
et autres prestations analogues ;
3" les créances de l'Etat et des communes fondées
sur le droit public.

1147 (134).
La caution peut compenser ce qu'elle doit avec ce 3. Cautionne-
ments.
qui est dû par le créancier au débiteur principal; mais
celui-ci ne peut compenser ce qu'il doit avec ce qui est
dû par le créancier à la caution.

1148 (135).
Celui qui s'est obligé en faveur d'un tiers ne peut 4. Stipulations
pour autrui.
compenser cette dette avec ce que lui doit l'autre con-
tractant.
1149 (136).
Les créanciers ont le droit, dans la faillite d'un dé- 5. En cas de fail-
lite du débi-
biteur, de compenser leurs créances, même si elles ne teur.
sont pas exigibles, avec celles que le failli peut avoir
contre eux.
L'inadmissibilité ou la révocabilité di la compensa-
tion en cas de faillite du débiteur est d'ailleurs régie
par la loi sur la poursuite pour dettes et la faillite.

1150 (138).
La compensation n'a lieu qu'autant que le débiteur II. Effets delacom-
pensiitiou.
fait connaître au créancier son intention d'user du droit
de l'opposer.
102

Les deux dettes sont alors réputées éteintes, jus-


qu'à concurrence du montant de la plus faible, depuis
l'instant où Belles étaient susceptibles de se compenser.
Demeurent réservés les usages particuliers du com-
merce en matière de compte courant.

1151 (139).
III. Renonciation ;ï Le débiteur peut renoncer d'avance à la compen-
la compensa-
tion. sation.
1152 (146).
G. Prescription. Les actions dérivant du droit des obligations se
I, Champ d'appli-
cation et dolala.
1. Dix ans. prescrivent par dix ans lorsque le présent Code ou
d'autres lois fédérales n'ont pas établi une prescription
différente.
Dans la mesure où une créance est garantie par
un gage, l'action ne se prescrit pas, tant que le gage
subsiste.
La prescription des actions soumises, au droit can-
tonal est régie par ce droit.

1153 (147).
2. Cinq uns. Se prescrivent par cinq ans :
1° les loyers et fermages, les intérêts de capitaux et
toutes autres redevances périodiques :
2° les actions pour fournitures de vivres, pour pen-
sion alimentaire et pour dépenses d'auberges
3° les actions des artisans, pour leur travail ; des
marchands en détail, pour leurs fournitures ; des
médecins et autres gens de l'art, pour leurs soins ;
des avocats, procureurs, agents de droit et no-
taires, pour leurs services professionnels ; des com-
mis, domestiques, journaliers et ouvriers de fabri-
que pour leurs gages ou salaires.
103

1154 (148).
Les délais de prescription fixés dans le présent .'t. Délais sous-
traitsaJacon-
•Code ne peuvent être modifiés par convention. vention des
parties.

1155 (149).
La prescription court du moment où la créance est •1. Début de la
prescription.
devenue exigible.
Si l'exigibilité de la créance est subordonnée à un
avertissement, la prescription court du premier jour
pour lequel cet avertissement pouvait être donné.

1156 (150).
Pour la supputation des délais, le jour à partir du- 5. Supputation
des délais.
quel court la prescription ne doit pas être compté dans
le délai, et celle-ci n'est acquise que lorsque le dernier
jour s'est écoulé sans avoir été utilisé.
Les dispositions générales en matière de computa-
tion de délais (1093 à 1097) s'appliquent d'ailleurs à la
prescription.
1157 (151).
La prescription de la créance principale entraîne 6. Prescription
des accessoi-
celle des intérêts et autres droits accessoires. res.

1158 (152). '


En matière de rentes viagères et autres redevances 7. Dans les cas
de rentes et
périodiques analogues, la prescription court, quant au de prestations
analogues.
droit même d'en réclamer le service, dès le jour de l'é-
chéance du premier terme demeuré impayé.
La prescription de ce droit entraîne celle des ar-
rérages.
1159 (153).
La prescription ne court point et, si elle a com- II. Empêchement et
suspension de la
mencé à courir, elle est suspendue : prescription.
104

1° à l'égard des créances des enfants contre leurs


parents, tant que dure la puissance paternelle ;
2° à l'égard des créances des pupilles contre leur tu-
teur ou contre l'autorité tutélaire, pendant la tu-
telle ;
3° à l'égard des créances des époux l'un contre l'autre,
pendant le mariage ;
4° à l'égard des créances des domestiques contre
leurs maîtres, pendant la durée de leur service ;
5° tant que le débiteur est usufruitier de la créance ;
6° tant qu'il est impossible de faire valoir la créance
devant un tribunal suisse.
La prescription commence à courir, ou reprend son
cours, à partir de l'expiration du jour où cessent les
causes indiquées au présent article.
Demeurent réservées les dispositions spéciales en,
matière de poursuite pour dettes et de faillite.

1160 (154).
III. Interruption. La prescription est interrompue :
1. Actes inter-
ruptifs. 1° lorsque le débiteur reconnaît la dette, notamment
en payant des intérêts ou des acomptes, en cons-
tituant un gage ou en fournissant une caution ;
2° lorsque le créancier fait valoir ses droits par des
poursuites, par une action ou une exception de-
vant un tribunal ou devant des arbitres, par une
intervention dans une faillite ou par une citation
en conciliation.
1161 (155).
a. Effets de l'in- La prescription interrompue à l'égard de l'un des
terruption en-
vers des co- débiteurs solidaires ou de l'un des codébiteurs d'une
obligés.
dette indivisible l'est également contre tous les autres.
La prescription interrompue à l'égard du débiteur
principal l'est également contre la caution.
105

La prescription interrompue à l'égard de la cau-


tion ne l'est point par là même contre le débiteur
principal.
1162 (156).
A partir de l'interruption, un nouveau délai de :l. Début du nou-
veau <)<lai.
prescription commence à courir. a. Si l'Inter-
ruption do-
Si une reconnaissance de dette a été faite par titre, rive i d'une
reconnaiR-
le nouveau délai de prescription est toujours de dix sance de
dette.
ans.
1163 (157).
La prescription interrompue par l'effet d'une action 6. Si elle a
en lieu an
ou d'une exception recommence à courir, durant l'instance, moyen "{, ,
d'une ac-
à partir de chaque acte judiciaire des parties et de tion, d'une
exception,
chaque ordonnance ou décision du juge. d'une pour-
suite ou de
Si l'interruption résulte de poursuites, la prescrip- l'iinterven-
tion dans
tion reprend son cours à compter de chaque acte de une faillite
poursuite.
Si l'interruption résulte de l'intervention dans une
faillite, la prescription recommence à courir dès le mo-
ment où, d'après la législation sur la faillite, il est
de nouveau possible de faire valoir la créance.

1164 (158).
Lorsque l'action ou l'exception a été rejetée pour IV. Delà supplé-
mentaire lors-1
cause d'incompétence du juge saisi, ou bien à raison que l'action a et*
mal introduit«.
d'un vice de forme susceptible d'être couvert, ou parce
qu'elle était prématurée, le créancier jouit d'un délai
supplémentaire de soixante jours pour faire valoir ses
droits, si le délai de prescription est expiré dans l'in-
tervalle.
1165 (159).
On peut renoncer à la prescription acquise. V. Renonciation à
la prescription.
Si cette renonciation est faite par l'un des codébi-
teurs solidaires, elle n'est pas opposable aux autres.
106

II en est de même si elle émane de l'un des codé-


biteurs d'une dette indivisible, et la renonciation faite
par le débiteur principal n'est pas opposable à, la
caution.
1166 (160).
Tt. Invocation de la Le juge ne peut pas suppléer d'office le moyen résul-
prescription.
tant de la prescription.

Titre trentième.

Des modalités des obligations.


Chapitre premier.

Des obligations solidaires.


1167 (162).
A. Solidarité passive.
I. Conditions.
Il y a solidarité entre plusieurs débiteurs lorsqu'ils
déclarent vouloir s'obliger de manière qu'à l'égard du
créancier chacun d'eux soit tenu de l'exécution pour
le tout.
A défaut d'une semblable déclaration, la solidarité
n'existe que dans les cas déterminés par la loi.

1168 (163).
IL Effets.
1. Kesponsabili-
Le créancier peut, à son choix, exiger de tous les
té des codébi-
teurs.
débiteurs solidaires ou de l'un d'eux l'exécution totale
ou partielle de l'obligatipn.
Même dans ce dernier cas, ils demeurent tous tenus
jusqu'à l'extinction complète de l'obligation.
1169 (164).
a. Exceptions Le codébiteur solidaire ne peut opposer au créan-
appartenant
aux codébi- cier d'autres exceptions que celles qui résultent, soit de
teurs.
107

ses rapports personnels avec lui, soit de la cause ou de


l'objet de l'obligation solidaire elle-même.
Il est responsable envers ses coobligés s'il ne fait-
pas valoir les exceptions qui leur sont communes à tous.

1170 (165).
L'un des débiteurs solidaires ne peut aggraver par 8. Fuit personne
de l'un des co-
son fait personnel la position des autres. débiteurs.

1171 (166).
Si l'un des débiteurs solidaires éteint la dette en m. Extinction de,
l'obligution sou-
totalité ou en partie par voie de paiement ou de com- dai re.
pensation, les autres sont libérés jusqu'à concurrence
de la portion éteinte.
Au contraire, si l'un des débiteurs solidaires est libéré
sans que la dette elle-même ait été payée, ce fait ne
profite aux autres que dans la mesure que comportent
les circonstances ou la nature de l'obligation.

1172 (168).
A moins que le contraire ne résulte des relations IV. Rapports eatre
les codébiteurs.
de droit existant entre les codébiteurs solidaires, cha- 1. Partage de .la
solidarité.
cun d'eux doit prendre à sa charge une part égale du
paiement fait au créancier.
Ce qui ne peut être récupéré de l'un d'eux se répar-
tit par portions égales entre tous les autres.

1173 (168).
Le débiteur solidaire qui jouit d'un recours est su- •2. Subrogation.
brogé à tous les droits du créancier jusqu'à concurrence
de ce qu'il lui a payé.
Si le créancier améliore la condition de l'un des
codébiteurs au détriment des autres, il supporte person-
nellement les conséquences de son fait.
108

1174 (169).
B. Solidarité active. Il y a solidarité entre plusieurs créanciers lorsque
I. Naissance.
le débiteur déclare vouloir conférer à chacun d'eux le
droit de demander le paiement du total de la créance.
A défaut d'une semblable déclaration, la solidarité
n'existe que dans les cas déterminés par la loi.
1175 (170).
II. .Extinction. Le paiement fait à l'un des créanciers solidaires
libère le débiteur envers tous.
Le débiteur a le choix de payer à l'un ou à
l'autre, tant qu'il n'a pas été provenu par les poursuites
de l'un d'eux.
Chapitre IL
Des obligations conditionnelles.
1176 (171).
A. Condition suspen- Le contrat est conditionnel, lorsque l'existence de
sive.
I. Moment ù comp- l'obligation qui en forme l'objet est subordonnée à l'ar-
ter duquel le
contrat déploie rivée d'un événement incertain.
ses eft'ets.
Il ne produit d'effets qu'à compter du moment où
la condition s'accomplit, à moins que les parties n'aient
manifesté une intention contraire.

JI. Pendant que In 1177 (172).


condition est en
suspens. Tant que la condition n'est pas accomplie, le débi-
teur doit s'abstenir de tout acte de nature à empêcher
que l'obligation ne soit dûment exécutée.
Le créancier dont les droits conditionnels sont mis
en péril peut prendre les mêmes mesures conservatoires
que si sa créance était pure et simple.

III. Profit retiré. 1178 (173).


dans J'inter-
valle. Si, avant l'accomplissement de la condition, la chose
promise a été livrée au créancier, il peut, lorsque la.
109

condition s'accomplit, conserver tout le profit retiré dans


l'intervalle.
Lorsque la condition vient à défaillir, il est tenu de
le restituer.
1179 (174).
Le contrat dont la résolution a été subordonnée à B. Condition résolu-
toire.
l'arrivée d'un événement incertain cesse de produire
ses effets à partir du moment où la condition s'ac-
complit.
En principe, il n'y a point d'effet rétroactif.

1180 (175).
Si la condition est que l'une des parties fasse une C. Dispositions com-
munes.
chose, sans qu'il soit essentiel qu'elle la fasse elle- ï. Accomplisse-
ment de In con-
même, son héritier peut accomplir la condition en son dition.
1. Fait^d'une
lieu et place. partie.
1181 (176).
La condition est réputée accomplie quand l'une des 2. Empêchement
frauduleux.
parties en a, de mauvaise foi, empêché l'accomplis-
sement.
1182 (177).
Lorsque la condition stipulée a pour objet de pro- II. Conditions pro-
hibées.
voquer un acte illicite ou immoral, ou une omission de
même nature, l'obligation qui en dépend est nulle et de
nul effet.
Chapitre III.
Des arrhes, du dédit, des retenues de salaire
et de la clause pénale.
1183 (178).
En cas de doute, les arrhes sont présumées données A. Arrhes et dédit.
en signe de conclusion du contrat et non à titre de
dédit
110

Sauf usage local ou convention contraire, celui qui


a reçu les arrhes les garde sans avoir à les imputer sur
sa créance.
Lorsqu'un dédit a été stipulé, chacune des parties
est censée pouvoir se départir du contrat, celle qui a
versé la somme en l'abandonnant, celle qui l'a reçue en
la restituant au double.

1184.
B. Retenues (le sa- Lorsque, dans un contrat de travail, le patron ou
laire.
l'auteur de la commande retient une partie du salaire en
vertu de la convention (décompte, etc.), cette garantie
doit, sauf stipulation ou usage contraire, être envisagée
comme un dépôt destiné à couvrir un dommage éventuel,
et non comme une clause pénale.
Ces retenues ne sont admises que dans la mesure
où les dommages-intérêts peuvent être compensés avec
le salaire (1386).
1185.
C. Clause penalo. On peut convenir, accessoirement à un contrat, qu'en
I. En général.
cas d'inexécution ou d'exécution imparfaite, le débiteur
fournira au créancier une certaine prestation à titre de
peine ou de dommages-intérêts (clause pénale).
Les dispositions concernant la clause pénale sont ap-
plicables à la convention aux termes de laquelle les ver-
sements partiels effectués restent, en cas de résiliation,
acquis an créancier.
1186 (179).
II. Droit du créancier. Lorsqu'une peine a été stipulée pour le cas dans
1. Relation entre la
peine et l'exécn- lequel le contrat ne serait pas exécuté, le créancier
tion.
peut demander, à son choix, l'exécution ou la peine
com^enue.
Lorsque la peine a été stipulée pour le cas dans
Ili
lequel le contrat ne serait pas exécuté au temps (1092
et suiv.) ou dans le lieu convenu (1090 et suiv.), le créancier
peut demander tout à la fois l'exécution du contrat et
la peine, à moins qu'il n'y renonce expressément, ou
qu'il n'accepte l'exécution sans réserves.
Le débiteur a toujours la faculté d'établir qu'il peut
se départir du contrat en payant la peine stipulée.

1187 (180).
La peine est encourue lors même que le créancier 2. Relation en tre la.
peine et le dom-
n'aurait éprouvé aucun dommage. mage.

Si le dommage qu'il a éprouvé dépasse le montant


de la peine, le créancier ne peut réclamer une indem-
nité supérieure qu'en établissant une faute à la charge
du débiteur.
1188 (181).
La peine stipulée ne peut être exigée lorsqu'elle III. Extinction et ré-
duction de la
a pour but de sanctionner une obligation illicite ou con- peine.
1. Extinction.
traire aux bonnes mœurs, ni lorsque l'exécution de l'o-
bligation est devenue impossible par le fait du créan-
cier, par-un cas fortuit frappant la personne du créan-
cier, ou par suite de force majeure.

1189 (182).
Les parties sont libres de stipuler telle peine que 1. Réduction.
bon leur semble.
Le juge a néanmoins le droit de réduire librement
les peines qu'il trouverait excessives, et cela jusqu'à
concurrence du préjudice établi.
112

Titre trente et unième.

De la cession des droits et de la reprise de dette.


1190 (183).
tlession de droits. Le créancier peut céder son droit à un tiers, même
I. Conditions.
1. Cession volon- sans le consentement du débiteur, à moins que la ces-
taire.
a,. Objet. sion n'en soit interdite par la loi, la convention ou la
nature de l'affaire.
1191 (184).
l>. Inorine du La cession n'est valable que si elle a été constatée
contrat
par écrit.
1192 (185).
2. Cession légale Lorsque la cession s'opère en vertu de la loi ou
ou judiciaire.
d'un jugement, elle est opposable aux tiers sans aucune
formalité et même indépendamment de toute mani-
festation de volonté de la part du créancier origi-
naire.
1193 (186).
y. CHS d'une cvé-
ance cédée
S'il a été fait plusieurs cessions d'une même créance,
plusieurs fois. la cession constatée par le titre le plus ancien l'emporte
sur les autres.
1194 (1S7).
11. Kn'ets de la ces- Le débiteur est valablement libéré si, avant que la
sion.
i. Situation du cession ait été portée à sa connaissance par le cédant
débiteur cédé,
a. Paiement ou le cessionnaire, il paie de bonne foi entre les mains
opéré de
bonne foi. du créancier primitif ou, en cas de cessions multiples,
entre les mains d'un cessionnaire subséquent.

1195 (188).
li. Kefus de Le débiteur d'une créance dont la propriété est liti-
paiement et
consigna- gieuse peut en refuser le paiement et se libérer par la
tion.
consignation du montant en justice.
113

S'il paie, bien qu'ayant connaissance du litige, il le


fait à ses risques et périls.
S'il y a procès pendant et que la créance soit exi-
gible, chacune des parties peut contraindre le débiteur
à consigner la somme due.

1196 (189).
Le débiteur peut opposer au cessionnaire, comme c. Exceptions
du débiteur
il aurait pu les opposer au cédant, les exceptions qui cédé.
lui compétaient au moment où il a eu connaissance de
la cession.
S'il possédait contre le cédant une créance dont
l'exigibilité n'existait pas à cette époque, il peut néan-
moins exciper de la compensation, pourvu que la créance
ne soit pas devenue exigible après la créance cédée.

1197 (190).
La cession d'une créance comprend les droits de 2. Transfert du
droit cedei
préférence et autres droits accessoires, à l'exclusion a. Droits de.
préférence
de ceux qui sont attachés exclusivement à la personne et accessoi-
res.
du cédant.
Les intérêts arriérés sont présumés avoir été cédés
avec la créance principale.

1198 (191).
Le cédant est tenu de remettre au cessionnaire 6. Titres et
moyens de
le titre de la créance, et de lui fournir les moyens de preuve.
preuve existants ainsi que les renseignements nécessai-
res pour faire valoir la créance.

1199 (192).
Si la cession a lieu à titre onéreux, le cédant ;î. Garantie.
a. Dans la l'.i'K-
est garant de l'existence de la créance au moment de siou volon-
taire en p^-
la cession. néral.
Feuille fédérale suisse. Année .LVII. Vol. IL 8
114

II ne répond de la solvabilité du débiteur que lors-


qu'il s'y est engagé.
Si la cession a lieu à titre gratuit, le cédant n'est
pas même garant de l'existence de la créance.

1200 (193).
b. Cession à
titre de da-
Lorsqu'une cession a été faite à titre de paiement,
tion en
paiement.
mais sans indication de la somme à décompter, le ces-
sionnaire n'est tenu d'imputer sur sa créance que ce
qu'il reçoit effectivement du débiteur, ou ce qu'il aurait
pu recevoir de lui en faisant les diligences nécessaires.

1201 (194).
c. Étendue de
la garantie.
Le cédant obligé à garantie n'est tenu envers
le cessionnaire que jusqu'à concurrence de la somme
qu'il a reçue, en principal et intérêts, outre les frais
de la cession et des poursuites infructueuses contre le
débiteur.
1202 (195).
d. Cession lé- Lorsque la cession s'opère en vertu de la loi, le
gale.
créancier originaire n'est garant ni de l'existence de la
créance, ni de la solvabilité du débiteur.

1203 (197).
4. Règles spé- Le transfert des lettres de change, des titres à ordre
ciales réser-
vées pour les ou au porteur et des créances garanties par un gage im-
papiers-va-
leurs et les mobilier est régi par les dispositions spéciales de la loi.
créances hy-
pothécaires.
1204.
H. Reprise de dette.
I. Contrat avec le
Celui qui promet à un débiteur de reprendre la
débiteur. ,dette s'engage à le libérer et à entrer en son lieu et
1.. Effet pour le
reprenant place comme débiteur du créancier, si ce dernier y con-
sent.
115

Le reprenant ne peut être actionné en exécution de


son engagement par le débiteur, aussi longtemps que
eelui-ci n'a pas accompli envers lui les obligations dont
dérive le contrat de reprise de dette. %

1205.
A moins qu'une intention contraire ne résulte du 2. Effet" pour le
créancier.
contrat de reprise de dette, le créancier est en droit, a. Droit du
créancier
lorsque le paiement lui est offert en commun par le dé- d'accepter
la reprise
biteur et le reprenant, d'accepter ce dernier en lieu et de dette.
place du débiteur.
En cas d'acceptation du nouveau débiteur, et sauf
convention contraire, l'ancien est entièrement déchargé.
Lorsque le débiteur opère un nouveau transfert de
la dette, le créancier n'est plus en droit, si le contraire
n'a été convenu, d'accepter le reprenant libéré pour
débiteur.

1206.
La volonté du créancier d'accepter le reprenant 6. Accepta-
tion tacite.
pour débiteur peut être expressément déclarée ou résul-
ter des circonstances.
On tiendra pour une acceptation tacite le fait par
le créancier d'accepter sans réserves un paiement ou
quelque autre acte libératoire au nom du reprenant.

1207.
Toute personne peut convenir avec le créancier de II. Contrat avec le
créancier.
reprendre la dette en lieu et place du débiteur.

1208.
Les droits accessoires, en particulier les gages et III. Effet du change-
ment de débi-
cautionnements, subsistent malgré le changement de dé- teur.
I. Accessoires d
biteur, dans la mesure où ils ne sont pas inséparables la dette.
de la personne de ce dernier.
116

Toutefois, les tiers qui ont constitué un gage en ga-


rantie de la dette et la caution ne sont plus obligés en-
vers le créancier, après l'acceptation du nouveau débi-
teur, que s'ils ont consenti à ce que l'ancien fût libéré.

1209.
2. Exceptions. Les exceptions dérivant de la dette passent de l'an-
cien débiteur au nouveau.
Le nouveau débiteur ne peut faire valoir les excep-
tions personnelles que l'ancien aurait pu former contre
le créancier.
Il ne peut opposer au créancier les exceptions que
le contrat de reprise de dette aurait permis au re-
prenant de faire valoir contre le débiteu*, à moins qu'elles
ne soient dirigées contre l'existence même de ce contrat.
1210.
IV. Nullité du con-
trat. Lorsque la nullité du contrat de reprise de dette
se produit après l'acceptation du nouveau débiteur
par le créancier, l'ancienne dette renaît avec tous ses
accessoires, mais sous réserve des droits appartenant
aux tiers de bonne foi.
En outre, le créancier peut se faire indemniser par
le reprenant du dommage qu'il a subi par suite de la
révocation du changement de débiteur, soit en perdant
des garanties antérieurement constituées, soit de toute
autre manière ; des dommages-intérêts ne lui sont dus,
toutefois, que dans la mesure où le reprenant ne peut
établir que la révocation du changement de débiteur et
le préjudice causé ne lui sont pas imputables.

1211.
V. Reprise d'un pa- Celui qui acquiert un patrimoine ou une entreprise
trimoine, etc.,
avec actif et pas- avec leur actif et leur passif répond par là même des
sif.
dettes envers les créanciers, dès l'instant où cette acqui-
117

sition a été portée à leur connaissance par lui et par-


son cédant ou annoncée sans réserves dans les journaux.
Toutefois, si les créanciers n'ont pas libéré l'ancien
débiteur, celui-ci reste tenu pendant deux ans, à côté
du nouveau ; ce délai court, pour les créances exigibles,
dès l'avis ou la publication, et dès la date de l'exigibi-
lité pour les autres créances.
Les effets d'un transfert de dettes accompli dans
ces circonstances sont d'ailleurs les mêmes que ceux du
contrat de reprise de dette proprement dit.
1212.
Lorsque deux entreprises fusionnent en se trans- VI. Fusion do plu-
sieurs entrepri-
férant réciproquement leur actif et leur passif, les créan- ses et transfor-
mation d'une
ciers de l'une et de l'autre ont les mêmes droits que sous entreprise indi-
viduelle en so-
l'empire d'un contrat de reprise de dette, et l'entreprise ciété.
nouvelle répond de toutes les dettes.
Les mêmes effets s'attachent à la constitution d'une
société en nom collectif ou en commandite, quant aux
dettes de l'entreprise individuelle absorbée par la so-
ciété.
118

DEUXIÈME PARTIE.

DES DIVERSES ESPÈCES


DE CONTRATS.

Titre trente-deuxième.
De la vente et de l'échange.
Chapitre premier.

Dispositions générales.

1213 (229).
À. Définition de Ift La vente est un contrat par lequel le vendeur s'o-
Tente.
blige à livrer la chose vendue à l'acheteur et à lui en
transférer la propriété, moyennant un prix que l'ache-
teur s'engage à lui payer.

1214 (230).
B. Exécution simul- Sauf usage ou convention contraire, le vendeur et
tanée de .la part
des contractants. l'acheteur sont tenus de s'acquitter simultanément de
leurs obligations respectives.

1215.
0. Détermination du Le prix de vente est déterminé par le contrat.
prix.
Les parties peuvent également convenir de laisser
la fixation du prix à l'arbitrage d'un tiers ou à la déci-
sion du juge, et cette convention est valable même si le
prix n'est déterminable que d'après les circonstances.
119

1216.
A défaut de circonstances ou de stipulations parti- D. Transfert it«s pro-
lits et des rlsqucn •
culières, les profits et les risques de la chose passent à
l'acquéreur dès la conclusion du contrat.
Si la chose est déterminée seulement quant à son
espèce, il faut en outre qu'elle ait été individualisée; si
elle doit être expédiée dans un autre lieu, il^ faut que
le vendeur s'en soit dessaisi à cet effet.
Dans les contrats sous condition suspensive, les
profits et les risques de la chose aliénée ne passent à
l'acquéreur que dès l'accomplissement de la condition.

1217 (231).
Il appartient à la législation cantonale de res- E. Droit île poursui-
vre le paiement <i«
treindre ou même de supprimer le droit de poursuivre créances résultant
de certaines ven-
en justice le recouvrement de créances résultant de la tes.
vente au détail de boissons spiritueuses, y compris les
dépenses d'auberge.

Chapitre II.

De la vente mobilière.
1218.
La vente mobilière est celle de toutes choses qui A. Objet.
I. En général
ne sont pas ou des biens-fonds, ou des droits immatri-
culés comme immeubles au registre foncier.
1219.
La vente des parties intégrantes d'un immeuble est II. Parties inté-
grantes d'un im-
-une vente mobilière lorsque, tels des fruits ou les ma- meuble.
tériaux d'un bâtiment démoli, elles sont, séparées du sol
«t livrées comme meubles à l'acquéreur.
120

1220 (232).
B. Obligations du ven- Sauf usage ou convention contraire, les frais de la
deur.
1. Délivrance. délivrance, notamment ceux du mesurage et du pesage,
1. Frais de la dé-
livrance. sont à la charge du vendeur, les frais d'acte et les
frais de l'enlèvement, à la charge de l'acheteur.

1221 (233).
•2. Fruis de trans- Sauf usage ou convention contraire, les frais d»
port.
transport sont à la charge de l'acheteur si la chose
vendue doit être expédiée en un lieu autre que coiai de
l'exécution du contrat.
Le vendeur est présumé avoir pris à sa charge les
frais de transport s'il a été stipulé que la livraison au-
rait lieu franco.
Sauf usage ou convention contraire, les frais de
transport comprennent dans ce cas les droits de sortie,
de transit et d'entrée perçus pendant le transport, mais
non les droits de consommation perçus lors de la récep-
tion de la chose.
1222 (234).
:!. Résiliation en En matière de commerce, lorsque la convention fixe
cas de déli-
vrance tar- un terme pour la livraison, l'acheteur est présumé avoir
tive.
le droit de se départir du contrat sans autre formalité,
dès que le vendeur est en demeure.
Si l'acheteur préfère demander la délivrance, il doit
en informer le vendeur immédiatement après l'échéance
du terme ; sinon il ne peut plus réclamer l'exécution
du contrat, mais seulement des dommages - intérêts
(1134).
1223.
•I. Obligation de Le vendeur qui n'accomplit pas son obligation de
payer des
dommages-in- livrer répond du dommage causé à l'acheteur par le fait
térêts et droit
d'en réclamer. de l'inexécution ou de l'exécution imparfaite du contrat.
121

En matière de commerce, l'acquéreur peut se faire


indemniser du dommage représenté par la différence entre
le prix de vente et le prix qu'il a payé de bonne foi pour
acquérir une chose en lieu et place de celle qui ne lui a
pas été livrée.
Lorsque la vente porte sur des marchandises cotées
à la bourse ou au marché, il peut se dispenser d'en
acheter d'autres et réclamer, à titre de dommages-inté-
rêts, la différence entre le prix de vente et le cours du
jour au temps de l'exécution.

1224 (235).
Le vendeur est tenu de garantir l'acheteur de l'évic- II. Garantie pour
cause d'éviction,
tion qu'il souffre, dans la totalité ou dans une partie de l. Objet delaga-
rantie.
la chose vendue, à raison d'un droit qui appartenait déjà
. à un tiers au moment de la vente.

1225 (236).
Si l'acheteur connaissait, lors du contrat, les risques L'. Garantie pro-
mise.
d'éviction, le vendeur n'est tenu que de la garantie qu'il
a promise expressément.

1226 (237).
Toute clause qui supprime ou restreint l'obligation ;î. Garantie ex-
clue.
de garantie est nulle si le vendeur a sciemment dissimulé
le droit compétant au tiers.

1227 (238).
Le vendeur soumis à garantie auquel l'instance est 4. Procédure.
a. Effet de la
dénoncée par l'acheteur menacé d'éviction, est tenu, dénoncia-
tion d'ins-
selon les circonstances et conformément aux lois de tance.
procédure, d'assister l'acheteur ou de prendre sa place
au procès.
Si la dénonciation d'instance a eu lieu en temps
122

utile, la condamnation prononcée contre l'acheteur est


opposable au vendeur, à moins qu'il ne prouve qu'elle
est la conséquence du dol ou d'une faute grave de l'a-
cheteur.
1228 (289).
ti- Dénoncia-
tion d'ins-
Lorsque l'instance n'a pas été dénoncée au vendeur,
tance né-
gligée.
sans que cette omission lui soit imputable, il est libéré
de son obligation de garantie dans la mesure où il éta-
blit que le procès aurait pu avoir une issue, plus favo-
rable si l'instance lui avait été dénoncée à temps.

1229 (240).
c. Renoncia-
tion à une
Il y a lieu à garantie, alors même que l'acheteur a.
décision ju-
diciaire.
reconnu le droit du tiers sans attendre une décision
judiciaire ou qu'il a accepté un compromis, pourvu qu'il
ait averti le vendeur en temps utile et qu'il l'ait vaine-
ment invité à prendre sa place au procès.

1230 (241).
5. Droits (le l'a- En cas d'éviction totale, la vente est réputée rési-
cheteur.
«. En cas d'é-
viction to- liée, et l'acheteur à qui la garantie est due a le droit
tale. de réclamer du vendeur :
1° la restitution du prix payé, avec les intérêts, dé-
duction faite des fruits et autres profits qu'il a
perçus ou négligé de percevoir ;
2" ses impenses, en tant qu'il ne peut s'en faire in-
demniser par le tiers qui l'évincé ;
3° tous les frais du procès, tant judiciaires qu'extra-
judiciaires, en, tant qu'ils n'ont pas été causés par
l'omission de la dénonciation d'instance ;
4° tous autres dommages - intérêts résultant direc-
tement de l'éviction.
Si le vendeur est en faute, il est tenu de réparer
aussi le dommage plus élevé qu'aurait subi l'acheteur.
123

1231 (242).
En cas d'éviction partielle, ou lorsque la chose est b. En c,as d'<5
victlon par-
grevée d'une charge réelle dont le vendeur est garant, tielle.
l'acheteur ne peut pas demander la résiliation du con-
trat ; il a seulement droit aux dommages-intérêts qui
résultent pour lui de l'éviction.
Toutefois, ü peut faire résilier la vente lorsque les
circonstances font présumer qu'il n'eût point acheté s'il
avait prévu l'éviction partielle.
Il doit alors rendre au vendeur la partie de la chose
dont il n'a pas été évincé, avec les profits qu'il en a
retirés dans l'intervalle.
1232 (243).
Le vendeur est tenu de garantir l'acheteur tant à ni. Garantie des M-
' fauts cachés.
raison des qualités promises qu'à raison des défauts qui 1. Objet de lu ga-
rantie.
enlèvent à la chose sa valeur ou son utilité prévue, ou
qui les diminuent sensiblement.
Il en est tenu, même s'il ignorait ces défauts.

1233 (244).
Toute clause qui supprime ou restreint la garantie 2. Garantie ex-
clue.
est nulle si le vendeur a frauduleusement dissimulé à
l'acheteur les défauts de la chose.

1234 (245).
Le vendeur n'est pas tenu des défauts que l'ache- 8. Garanti« pro-
mise.
teur connaissait au moment de la vente.
Il ne répond des défauts dont l'acheteur aurait pu
s'apercevoir lui-même avec une attention suffisante, que
s'il lui a affirmé qu'ils n'existaient pas.

1235 (246). 4. Procédure,


a. Avis obli-
L'acheteur doit vérifier l'état de la chose reçue gatoire et
suites de
l'omission.
aussitôt qu'il le peut d'après la marche habituelle des
124

affaires ; et, s'il découvre des défauts dont le vendeur


soit garant, il doit l'en aviser sans délai.
S'il néglige de le faire, la chose est tenue pour ac-
ceptée, à moins qu'il ne s'agisse de défauts que l'a-
cheteur ne pouvait découvrir à l'aide des vérifications
usuelles.
Si des défauts de ce genre se révèlent plus tard,
ils doivent être signalés immédiatement ; sinon la chose
est tenue pour acceptée, même quant à ces défauts-là.

1236 (247).
li. Suites de Le vendeur qui a sciemment induit en erreur l'ache-
l'omission
effacées teur ne peut se prévaloir de la limitation de garantie
(iar le dol
:iu ven- résultant de l'omission d'un avis (1133).
deur.

1237 (248).
Procedure Lorsque l'acheteur prétend que la chose expédiée
dans les
ventes a d'un autre lieu est défectueuse, il doit, si le ven-
distance.
deur n'a pas de représentant sur place, prendre pro-
visoiremeut des mesures pour en assurer la conser-
vation.
Il ne peut la renvoyer au vendeur sans autre for-
malité.
Il doit de plus faire constater l'état de la chose ré-
gulièrerement et sans retard, sous peine d'avoir à prou-
ver lui-même que les défauts allégués existaient déjà lors
de la réception.

1238 (240).
il. En particu- S'il est à craindre que la chose ne se détériore
lier, c|uaml
la chose est promptement, l'acheteur a le droit et même, lorsque l'in-
sujette à
dépérisse-
ment.
térêt du vendeur l'exige, l'obligation de la faire vendre,
avec le concours de l'autorité compétente du lieu où
elle se trouve.
126

II doit en aviser le plus tôt possible le vendeur,


sous peine de tous dommages-intérêts.

1239 (249),
Dans les cas de garantie à raison des défauts de 5. Objet <Je l'ac-
tion on garan-
la chose, l'acheteur a le choix ou de faire résilier la tie.
a. Késilintioii
vente par l'action rédhibitoire, ou de réclamer par l'action ou réduc-
tion du
en réduction de prix une indemnité pour la moins- prix.
value.
1240 (250).
Lorsque l'acheteur a intenté l'action rédhibitoire, le 6. Réduction
du prix
juge peut d'ailleurs, s'il estime que la résiliation n'est dans le cas
de rési li»-
pas justifiée par les circonstances, se borner à pronon- tiou
cer la réduction du prix.
1241 (251).
Si la moins-value est égale au prix de vente, l'ache- c. Réduction
du prix ex-
teur ne peut demander que la résiliation. clue.

1242 (252).
Lorsque la vente est d'une quantité déterminée de rf. Hemplacp-
meut do lu
choses fongibles, l'acheteur a le choix, soit de deman- chose ven-
du«.
der la résiliation ou la réduction du prix, soit d'exiger
d'autres choses recevables de même espèce.
Le vendeur peut également, s'il ne s'agit pas de
choses expédiées d'un autre lieu, s'affranchir de toute
réclamation de la part de l'acheteur en lui livrant sur-
le-champ des choses recevables de même espèce, et en
l'indemnisant de tout le dommage qu'il peut avoir éprouvé.

1243 (254).
La résiliation peut être demandée encore que la Résiliation
eu cas »le
chose défectueuse ait péri par suite de ses défauts, ou perce de la
chose.
par cas fortuit.
126

Dans ce cas, l'acheteur n'est tenu de rendre que ce


jui lui reste de la chose.

1244 (254, al. 3).


/. Résiliation Si la chose a péri par la faute de l'acheteur ou
exclue.
ju'il l'ait aliénée ou transformée, il ne peut demander que
la réduction du prix.
1245 (253).
fi. Effets delà ré- En cas de résiliation de la vente, l'acheteur est
siliation.
a. En général. tenu de rendre au vendeur la chose avec les profits
r|u'il en a retirés.
De son côté, le vendeur doit restituer à l'acheteur
le prix payé, avec intérêts, et, en outre, l'indemniser du
iommage résultant directement pour lui de la livraison
de marchandises défectueuses.
Les dommages-intérêts se calculent d'ailleurs comme
en matière d'éviction (1230).
1246 (255).
6. Bésiliation Lorsque la vente est de plusieurs choses à la fois
lorsque la
vente était ou d'un ensemble de pièces, et que certaines d'entre elles
de plu-
sieurs cho-
ses.
seulement ont des défauts, la résiliation ne peut être de-
mandée qu'à l'égard de ces dernières.
Toutefois, si la chose ou pièce défectueuse ne peut être
détachée de celles qui sont exemptes de défauts sans un
préjudice notable pour l'acheteur ou le vendeur, la rési-
liation doit s'étendre à tout ce qui a fait l'objet de la vente.
1247 (256).
c. Besiliation La résiliation de la vente à raison des défauts de
relative-
ment à lu la chose principale entraîne celle de la vente de la chose
chose prin-
cipale et à accessoire, même lorsqu'un prix distinct a été fixé pour
la chose ac-
cessoire. cette dernière.
Si la chose accessoire est seule défectueuse, on ne
peut demander la résiliation que par rapport à elle.
127

1248 (257).
Toute action en garantie à raison des défauts de 7. Prescription.
a. De l'action.
la chose se prescrit par un an à dater de la livraison
faite à l'acheteur, encore que celui-ci n'ait découvert les
défauts que plus tard ; il en est autrement si le vendeur
a promis sa garantie pour un délai plus long.

1249 (258).
Si l'avis prévu par la loi n'a pas été donné au ven- 6. Des excep-
tions.
deur dans l'année à compter de la livraison, l'acheteur
ne peut plus faire valoir les exceptions' dérivant des
défauts de la chose.
Si l'avis a été donné conformément à la loi (1235),
les exceptions résultant de la garantie subsistent en
faveur de l'acheteur.

1250 (259).
Le vendeur ne peut invoquer la prescription d'un c. En cas de
dol.
an (1248 et suiv.) s'il est prouvé qu'il a sciemment induit
l'acheteur en erreur.

1251 (260).
L'acheteur est tenu de payer le prix conformément C. Obligations de l'a-
cheteur.
aux clauses du contrat et d'accepter la chose vendue, I. Paiement du
prix et accepta-
pourvu qu'elle lui soit offerte dans les conditions con- tion de la chose.
venues.
Sauf usage ou convention contraire, la réception
doit avoir lieu immédiatement.

1252 (261).
Si l'acheteur a fait une commande ferme, mais sans II. Détermination
du prix.
indication de prix, la vente est présumée conclue |au 1. DTaprès le
cours du mar-
cours moyen du jour et du lieu de l'exécution. ' ché.
128

1253 (262).
•2. D'après le Lorsque le prix se calcule sur le poids de la mar-
poids.
chandise, le poids de l'emballage (tare) est déduit.
Demeurent réservés les usages particuliers du com-
merce, d'après lesquels le prix de certaines marchan-
dises se calcule sur le poids brut ou avec une déduction
fixe ou de tant pour cent.

1254 (263).
III. Demeure de l'a-
cheteur.
Si la chose doit n'être livrée qu'après paiement du
1. Droit de rési-
liation du Ten-
prix ou contre paiement et que l'acheteur soit en de-
deur dans les
cas de rente
meure d'acquitter ce prix, le vendeur peut se départir
an comptant. du contrat sans autre formalité.
Il est néanmoins tenu, s'il veut faire usage de ce
droit, d'aviser immédiatement l'acheteur.

1255 (264).
2. Résiliation Lorsqu'avant le paiement du prix la chose est passée
après livrai-
son de la
chose.
entre les mains de l'acheteur, la demeure de celui-ci
n'autorise le vendeur à se départir du contrat et à répé-
ter la chose que s'il s'en est expressément réservé le droit.

1256.

. Dommages- En matière de commerce, le vendeur a le droit de


intérêts et cal- réclamer de l'acheteur en demeure, à titre de dommages-
cul de ceux-ci
intérêts, la différence entre le prix de vente et le prix
pour lequel il a revendu la chose de bonne foi.
Lorsque la vente porte sur des marchandises cotées
à la bourse ou au marché, il peut se dispenser de les
revendre, et réclamer, à titre de dommages-intérêts, la
différence entre le prix de vente et le cours du jour au
moment fixé pour l'exécution.
129

1257 (265).
Sauf convention contraire, le prix est exigible aus- IV. Exigibilité d«
prix de vente
sitôt que la chose est passée entre les mains de l'ache-
teur.
1258 (266).
Indépendamment des dispositions sur la demeure V. Intérêts du prU
de vent«.
résultant de la seule échéance du terme (1126), le prix
de vente porte intérêts, même sans interpellation :
1° si tel est l'usage ;
2° si l'acheteur peut retirer de la chose des fruits
ou autres produits.

Chapitre lu.
De la vente d'immeubles.
1259.
Les ventes d'immeubles ne sont valables que si elles ,\. Forme du oontrut.
I. Contrat de vente
sont faites par acte authentique (654).

1260.
II. Contrats préa-
Les promesses de vente immobilière, de même que lables et stipu-
lations acocftsoi
les pactes de préemption et de rachat, sont valables res.
moyennant qu'ils soient constatés par écrit.
Il est néanmoins loisible à chacun des intéressés de
se dégager de la promesse de vente dans les trois jours,
en abandonnant la vingtième partie du prix à titre de dédit.
Les promesses de vente sont obligatoires pour six
mois, mais peuvent être renouvelées.

1261.
Les ventes d'immeubles ne peuvent être faites ni B. Vente condition-
nelle.
sous condition, ni avec réserve de propriété en faveur
du vendeur.
Feuille fédérale suisse. Année LVIL Vol. il. 9
180

Les promesses de vente conditionnelles sont licites.


1262.
('. fteTente d'exploi- Les cantons peuvent prescrire que celui qui achète
tations agricoles.
l'ensemble d'une exploitation agricole ne pourra en reven-
dre des parties avant l'expiration d'un délai de cinq ans
au plus dès le moment où la propriété lui a été trans-
férée.
Une vente faite au mépris de cette disposition est
nulle et ne peut être inscrite au registre foncier.
L'autorité compétente peut permettre une vente an-
ticipée lorsque l'opération est justifiée par les circons-
tances, notamment lorsqu'il s'agit de l'aliénation de ter-
rains à bâtir, de ventes par des héritiers de l'acheteur,
ou dans d'autres cas analogues ; les cantons édicteront
toutes dispositions complémentaires.

1263.
i). <;arimtie. Le vendeur d'un immeuble est tenu de garantir à
l'acheteur la contenance indiquée au registre foncier.
L'action en garantie à raison des défants cachés
d'un bâtiment se prescrit par cinq ans à compter du
transfert de la propriété.
1264.
K. l'rnfits et risques. Lorsqu'un terme a été fixé pour la prise de posses-
sion de l'immeuble vendu, les profits et les risques de la
chose sont présumés n'avoir passé à l'acquéreur que dès
î'échéance de ce terme.
126r,.
l'\ lt«nvoi aux dispo- Les dispositions concernant la vente mobilière
sitions concernant
la vente mobilière. s'appliquent d'ailleurs par analogie aux ventes d'im-
meubles.
131

Chapitre IV.

De quelques espèces de vente particulières.

1266 (267).
Dans la vente sur échantillon, celle des parties à A. tillon.
Vente sur échan-
qui l'échantillon a été confié n'est pas tenue de prouver 1. Fardeau de 1»
preuve.
l'identité de l'échantillon qu'elle représente avec celui
qu'elle avait reçu ; elle en est crue sur son affiirmation
personnelle en justice.
D en est de même lorsque l'échantillon a changé
de forme depuis qu'on l'a remis, si ce changement est
le résultat nécessaire de l'examen qui en a été fait.
Dans tous les cas, l'autre partie a la faculté de
prouver qu'il n'y a pas identité.

1267 (268).
Si l'échantillon s'est détérioré ou s'il a péri chez II. Perte del'éehan-
tillon.
i'acheteur, même sans la faute de celui-ci, le vendeur
n'a plus à prouver que la chose est conforme à l'é-
chantillon; c'est à l'acheteur de prouver le contraire.

1268 (269).
Dans la vente à l'essai ou à l'examen, l'acheteur B. Vente à l'essai on
est libre d'agréer la chose ou de la refuser. :'i l'examen.
I. Nature de la
vente.
Tant que la chose n'est pas agréée, le vendeur en
reste propriétaire, encore qu'elle fût passée entre les
mains de l'acheteur.
1269 (270).
Lorsque l'examen doit se faire chez le vendeur, 11. Examen' chez Ir
vendeur.
celui-ci cesse d'être lié si l'acheteur n'a pas agréé la
?a chose d.ins le délai fixé par la convention ou par
l'usage.
132

Faute d'un délai ainsi fixé, le vendeur peut, après


un laps de temps convenable, sommer l'acheteur de dé-
clarer s'il agrée la chose, et il cesse d'être lié si l'ache-
teur ne se prononce pas assitôt après.

1270 (271).
III. Examen chez Lorsque la chose a été remise à l'acheteur avant
l'acheteur.
l'examen, la vente est réputée parfaite si l'acheteur ne
déclare pas refuser la chose ou ne la rend pas dans
le délai fixé par la convention ou par l'usage, ou, à
défaut, immédiatement après la sommation du vendeur.
La vente est également réputée parfaite si l'ache-
teur paie sans réserves tout ou partie du prix, ou s'il
dispose de la chose autrement qu'il n'était nécessaire
pour en faire l'essai.

1271.
C. Pacte de préemp- Le pacte de préemption confère à l'un des contrac-
tion.
I. Effets envers tants le droit d'exiger le transfert de la propriété d'un
l'ayant droit.
corps certain, dès que l'autre partie en fera la vente
à un tiers.
La partie qui est au bénéfice du droit de préemp-
tion peut demander que la propriété lui soit transférée
au prix et sous les conditions déterminés dans le pacte,
ou, faute de convention sur ces points, dans le contrat
de vente passé avec le tiers.
Si elle ne peut s'acquitter des prestations promises
par le tiers, elle en doit la valeur au vendeur.
1272.
II. Restrictions de Le droit de préemption ne peut être exercé que dans
ce pacte.
le délai d'un mois à compter du jour où le fait de la
vente a été porté à la connaissance de l'ayant droit
par le vendeur ou le tiers acquéreur.
133

II n'est pas permis de le stipuler pour un terme


excédant dix années; sauf convention contraire, il est
héréditairement transmissible pendant le temps fixé pour
sa durée, mais il est incessible.

1273.
Le pacte de rachat confère au vendeur le droit de I). l'acte Ar radiât.
reprendre la chose vendue contre un certain prix, ou,
faute de convention sur ce point, contre paiement du
prix de vente, dans un délai fixé à cet effet.
Ce pacte ne peut être conclu pour un terme excé-
dant dix années.
1274.
Le contrat de vente en cas d'enchères forcées est E. Enchères.
I. Conclusion de la
conclu par le fait que le préposé aux enchères déclare vente.
accepter l'offre de l'acheteur conformément aux condi-
tions de vente.
En cas d'enchères publiques volontaires, le contrat
est conclu dès que l'offre est acceptée par le vendeur.
Lorsque le vendeur n'en a pas disposé autrement,
celui qui procède aux enchères est réputé avoir le droit
d'accepter l'offre la plus élevée.

1275.
Celui qui fait une enchère est lié par son offre dans II. Q,uuud l'auteur
do l'offre est lié.
les termes des conditions de vente.
A défaut d'une clause contraire, il est délié si une
surenchère est faite ou si son offre n'est pas acceptée
immédiatement après les criées ordinaires.

1270.
A défaut d'une clause contraire des conditions de III. Paiement comp-
tant.
vente, l'adjudicataire est tenu de payer comptant.
134

Le vendeur peut immédiatement se départir du con-


trat s'il n'est pas payé comptant on conformément aux
conditions de vente.

1277.
IV. Garantie. En l'absence de promesses formelles ou de manœu-
vres employées dans l'intention de tromper les amateurs,
il n'y a pas lieu à garantie dans les enchères forcées.
L'adjudicataire acquiert la chose dans l'état et avec
les droits actifs et passifs qui résultent soit des regis-
tres publics ou des conditions de vente, soit de la loi
elle-même.
Dans les enchères publiques volontaires, le vendeur
est tenu de la même garantie que dans les ventes ordi-
naires ; il peut toutefois, par une clause dûment publiée
des conditions de vente, s'affranchir de toute garantie,
sauf celle dérivant de son dol.

1278.
V. Transfert de la L'adjudicataire d'un meuble mis aux enchères en
• propriété.
acquiert la propriété dès l'adjudication ; en matière
d'immeubles, le transfert de la propriété ne résulte que
de l'inscription au registre foncier.
Le préposé aux enchères doit communiquer à fin
d'inscription, au conservateur du registre foncier, la mu-
tation de propriété constatée par le procès-verbal d'ad-
judication.
Chapitre V.
De l'échange.
1279 (272).
A. Renvoi aux règles Les règles de la vente s'appliquent, par analogie,
de la vente.
au contrat d'échange, en ce sens que chacun des coper-
mutants est traité comme vendeur quant à la chose
185

qu'il promet et comme acheteur quant à la chose qui


lui est promise.
1280 (273).
Le copermutant qui est évincé de la chose par lui B. Garantie.
reçue ou qui l'a rendue à raison de ses défauts peut, à
son choix, demander des dommages-intérêts ou répéter
la chose qu'il a donnée.

Titre trente-troisième.

De la doiiation.

1281.
La donation est une disposition par laquelle une A. Sini objet.
personne cède tout ou partie de ses biens à une autre,
sans contre-prestation correspondante.
Il n'y a pas de donation dans le fait de renoncer à
un droit avant de l'avoir acquis, ou de répudier une
succession (567 et suiv.).
L'accomplissement d'un devoir moral n'est pas envi-
sagé comme une donation.

1282.
Toute personne ayant l'exercice des droits civils peut H. Capacité.
I. De disposer.
donner ses biens, sauf les restrictions qui lui sont impo-
sées par le régime matrimonial ou le droit de succession.
Les 'biens d'un incapable ne peuvent être donnés
que sous réserve de la responsabilité de ses représen-
tants légaux et en observant les règles prescrites en
matière de tutelle.
Une donation peut être annulée à la demande de
136

l'autorité tutélaire, lorsque le donateur est interdit pour


cause de prodigalité et que la procédure d'interdiction
a été commencée contre lui dans l'année à compter de
la donation.
1283.
31. D« recevoir. Une personne privée de l'exercice des droits civils
peut accepter une donation et acquérir de ce chef, pour-
vu qu'elle soit capable de discernement.
Toutefois, la donation est non avenue ou révoquée
dès que le représentant légal défend de l'accepter ou
ordonne de restituer.

1284.
' . Forfee. La donation est consommée par la remise que le
I. Donation.
donateur fait de la chose donnée au donataire.
Lorsque la donation porte sur des immeubles ou des
droits réels sur des immeubles, elle n'est parfaite que
par l'inscription au- registre foncier.
L'inscription ne peut avoir lieu qu'en vertu d'une pro-
messe de donner valablement faite.

1285.
II. Promesse de don- La promesse de donner n'est valable que si elle est
mer.
constatée par écrit.
Toutefois, dès son exécution, la promesse de don-
ner est assimilée à, la donation.

1286.
III. Effets de l'acce |>- Celui qui, dans l'intention de donner, destine une
latlon.
chose à un tiers peut, même s'il l'a séparée effective-
ment du surplus de ses biens, revenir sur sa décision
aussi longtemps que son offre n'a pas été acceptée par
le donataire.
137

1287.
La donation peut être grevée de conditions ou T>. Conditions et char-
charges. I. De leur admiesi-
bilité.
Les donations dont l'exécution est ajournée au décès
du donataire sont soumises aux règles sur les disposi-
tions pour cause de mort.

. 1288.
Le donateur peut exiger, dans les termes du con- 0. De leur exécu-
tion.
trat, l'exécution de la charge acceptée par le donataire.
L'autorité compétente peut, à la mort du donateur,
poursuivre l'exécution d'une charge imposée dans l'in-
térêt public.
Le donataire est en droit de refuser l'exécution de
toute charge, dans la mesure où la valeur de la libéra-
lité n'en couvre pas les frais et où l'excédent ne lui
est pas remboursé.

1289.
Le donateur peut stipuler à son profit le retour des IH. Droit de retour.
objets donnés, pour le cas de prédédès du donataire.
Ce droit de retour peut être annoté au registre fon-
cier lorsque la donation comprend des immeubles ou des
droits réels sur des immeubles (998).

1290.
Le donateur ne répond envers le donataire du dom- K. Responsabilité un
donateur
mage causé par la chose donnée, qu'en cas de dol ou
de négligence grave.
Il n'est d'ailleurs tenu que de la garantie promise
pour la chose donnée ou la créance cédée.
138

1291.
i'. Révocation. Le donateur peut actionner le donataire en restitu-
I. Restitution îles
biens donnés. tion des biens donnés, dans la mesure de son enrichis-
sement actuel :
1. lorsque le donataire a commis un délit grave contre
le donateur ou l'un de ses proches ;
2. lorsqu'il a gravement failli aux devoirs que le droit
de famille lui impose envers le donateur ou un
membre de la famille de ce dernier ;
3. lorsqu'il mène une vie dissipée ou contraire aux
mœurs ;
4. lorsqu'il n'exécute pas, sans cause légitime, les
charges grevant la donation.

1292.
IL Caducité de la
promesse (le
L'auteur d'une promesse de donner peut en refuser
donner. l'exécution :
1. Refus d'exé-
cuter la do-
nution. 1. lorsqu'il existe des motifs pour lesquels la res-
titution des biens donnés peut être exigée (1291);
2. lorsque, depuis sa promesse, sa situation financière
s'est modifiée de telle sorte que la donation serait
extraordinairement onéreuse pour lui ;
3. lorsque, depuis sa promesse, il a dû assumer des
devoirs de famille qui n'existaient pas auparavant,
ou qui étaient sensiblement moins lourds.

1293.
2. Révocation Toute promesse de donner est révoquée lorsque le
par suite de
saisie ou de donateur tombe sous le coup d'un acte de défaut de
faillite.
biens ou d'une déclaration de faillite.
139

1294.
Le droit de faire révoquer une donation peut être 111. Prescription et
trasfert au x h-
exercé dans l'année à compter du jour où le donateur a ritiers.

eu connaissance de la cause de révocation.


Si le donataire meurt avant l'expiration de l'année,
son action passe à ses héritiers, qui peuvent l'intenter
jusqu'à la fin de ce délai.
Les héritiers pourront d'ailleurs faire annuler la do-
nation lorsque le donataire, avec préméditation et sans
droit, aura causé la mort du donateur ou l'aura empêché
de révoquer la libéralité.

1295.
A défaut de convention contraire, la donation qui a IV. Décès du dona-
teur.
pour objet des prestations périodiques s'éteint au décès
du donateur.

Titre trente-quatrième.
Du louage des choses.
Chapitre premier.

Du bail à loyer.
1296 (274).
Le bail à loyer est un contrat par lequel le bailleur A. Définition
s'oblige à céder l'usage d'une chose au preneur, moyen-
nant un loyer.

1297 (275).
Le bail à loyer n'est soumis à aucune forme B. Constitution An
bail.
spéciale.
HO

Toutefois, lorsque la chose louée est un immeuble,


les clauses arrêtées par les parties et qui dérogent
à la loi ou à l'usage local doivent être rédigées par
écrit.
1298 (276, 277).
0. Obligations du bail- Le bailleur est tenu de délivrer la chose dans un
leur
I. Délivrance de la état approprié à l'usage pour lequel elle a été louée,
chose.
1. En bon état. et de l'entretenir en cet état pendant toute la durée
du bail.
Si la chose est délivrée dans un état tel qu'elle
soit impropre à l'usage pour lequel elle a été louée,
ou que cet usage en soit notablement amoindri, le pre-
neur a le droit de se départir du contrat (1131 à 1134).
Lorsque les défauts de la chose louée constituent un
danger sérieux pour la santé du preneur, il peut se dé-
partir du contrat immédiatement, même s'il les a connus
lors de la conclusion du bail ou s'il a renoncé à se pré-
valoir des droits découlant, pour lui de ce danger.

1299 (277).
. Détérioration«. Lorsque la chose tombe, pendant le bail, dans un
état tel qu'elle ne peut servir à l'usage pour lequel elle
a été louée, ou que cet usage est notablement amoindri,
le preneur qui n'en est pas responsable a le droit d'exi-
ger une réduction proportionnelle du loyer, et même de
se départir du contrat si la chose n'est pas remise en
état dans un délai convenable.
Si le bailleur est en faute, le preneur a droit, en
outre, à des dommages-intérêts.

1300.
:t. Procédure en Le preneur peut remédier aux défauts de peu d'im-
«ae de défmitt»
de peu d'im- portance qui existaient déjà lors de l'entrée en jouis-
portance.
141

sance, ou qui sont survenus depuis cette époque, et qu'il


n'est pas tenu de supprimer à ses frais (1306); la dé-
pense sera supportée par le bailleur, si, informé des dé-
fauts, il n'y a pas remédié lui-même dans un délai con-
venable.
1301 (278).
Si, durant le bail, la chose louée a besoin de répara- 4. Réparation»
pendant 1«
tions urgentes, le preneur doit les souffrir, sans préju- bail.
dice de ses droits (1299, 1300).

1302 (279).

Le preneur qui, par sa propre faute ou par suite f>. Usufjfc impos-
sible par suite
d'un accident survenu dans sa personne, ne peut se d'an ucoident
survenu dan«
servir de la chose louée ou n'en peut faire qu'un usage lapereoanedu
preneur.
restreint n'en doit pas moins acquitter sa contre-pres-
tation tout entière, moyennant que le bailleur ait tenu
la chose à sa disposition pour l'usage convenu.
Demeure réservé le droit de résilier le bail à raison
de circonstances graves (1316).

1303 (280).
Si un tiers fait valoir sur la chose louée un droit II. Responsabilité
pour les trouble«
incompatible avec celui du preneur, le bailleur est de droit et de
fait.
tenu, sur l'avertissement du preneur, de se charger 1. Garantie.
du procès et, lorsque le preneur serait troublé dans sa
jouissance, telle que la détermine le contrat, de l'indem-
niser du préjudice éprouvé.

1304 (281).

Si, pendant la durée du bail, le bailleur aliène la ï. Aliénation do


la choselouée
chose louée, ou qu'elle lui soit enlevée par l'effet de
poursuites, de séquestre ou de faillite, le premier n'a
142

pas le droit d'exiger du tiers acquéreur la continuation


du bail, à moins que celui-ci ne s'y soit obligé ; il peut
seulement exiger du bailleur l'exécution du contrat, ou
des dommages-intérêts.
Toutefois, en matière de baux d'immeubles, le tiers
acquéreur peut, si le contrat ne permet pas une rés£
liation anticipée du bail, donner congé au preneur en
observant les délais prescrits par la loi (1314).
Demeurent réservées les dispositions spéciales con-
cernant l'expropriation pour cause d'utilité publique.

1305.
8. Effet réel par Le bail d'un immeuble peut être annoté au registre
«nue de l'ins-
cription au re- foncier, avec l'assentiment du propriétaire.
gietre foncier
L'effet de cette annotation est d'obliger tout acqué-
reur à laisser le preneur jouir de la chose louée confor-
mément au bail.
1306 (282).
111. Répartition des
frais, charges et
Le bailleur supporte les charges et impôts qui grè-
réparations. vent la chose louée.
Les menus travaux de nettoyage et de réparation
nécessaires pour l'usage ordinaire de la chose louée
sont à la charge du preneur et les grosses réparations
à la charge du bailleur ; le tout, suivant l'usage des lieux.

1307 (283).
1). Obligations du pre-
neur.
Le preneur est tenu d'user de la chose louée avec
I. Mode d'nser de
la chose.
tout le soin nécessaire.
1. En général. Le bailleur peut demander la résiliation immédiate
du bail avec dommages-intérêts si, nonobstant ses
protestations, le preneur emploie la chose à un autre
usage que celui pour lequel elle lui a été louée, ou si,
148

par un abus manifeste, il cause à la chose un dommage


durable.
1308 (284).
S'il y a lieu de procéder à des réparations incom- 2. Avis obliga-
toire pour les
bant au bailleur, .ou si un tiers élève des prétentions grosses répu
rations et les
sur la chose louée, le preneur est tenu d'en aviser im- troubles.
médiatement le bailleur, sous peine de tous dommages-
intérêts.
1309 (285).
Le locataire a le droit de sous-louer tout ou partie 3. Responsabilité
en cas de sous-
de la chose louée ou de céder son bail à un tiers, pour- location.
vu qu'il n'en résulte aucun changement préjudiciable au
bailleur.
Le locataire est garant envers le bailleur que le
sous-locataire n'emploiera la chose qu'à l'usage autorisé
par le bail principal.
Le bailleur peut aussi s'adresser directement au
sous-locataire à l'effet de l'y obliger.

1310 (286).
Le preneur est tenu de payer le loyer aux termes II. Paiement deR
loyers.
fixés par le contrat ou par l'usage local.
Si aucun terme n'est ainsi fixé, le loyer est payable
à la fin de chaque semestre, lorsque les baux ont été
faits expressément ou tacitement pour une ou plusieurs
années ou pour un ou plusieurs semestres ; à la fin de
chaque mois, lorsque les baux sont de plus courte durée,
et au plus tard à l'expiration du temps pour lequel le
bail est conclu.
1311 (281). E. Extinction du hail.
I. Preneur en de-
Lorsque, durant le bail, le preneur est en retard meure pour le
paiement des
pour le paiement d'un terme échu, le bailleur peut lui loyers.
144

assigner un délai de trente jours si le bail est d'un semes-


tre ou plus, et un délai de six jours si le bail est de
moindre durée, en lui signifiant qu'à défaut de paiement
le bail sera résilié & l'expiration du délai.
Le délai court du jour où le preneur a reçu l'avis
du bailleur.
Demeure réservée l'action du bailleur en dommages-
intérêts.
1312 (288).
II. Faillite dn pre-
neur.
En cas de faillite du preneur, le bailleur peut rési-
lier le contrat, à moins que, dans un délai convenable,
des sûretés ne lui soient fournies pour les termes arrié-
rés et ceux à échoir.

1313 (289).
IU. Oongé.
1. Droit de le
Lorsque la durée du contrat n'a été fixée ni expres-
donner. sément ni tacitement, chacune des parties peut mettre
fin au bail en donnant congé à l'autre.

1314 (290).
•2. DéJaie. Sauf stipulation contraire, on observera pour donner
congé les délais ci-après :
1° S'il s'agit d'appartements non meublés ou de bu-
reaux, ateliers, boutiques, magasins, caves, gran-
ges, écuries, ou autres locaux analogues, le congé
ne peut être donné que pour le plus prochain
terme fixé par l'usage local et, à défaut d'usage,
pour la fin d'un terme de six mois ; dans les deux
cas, moyennant un avertissement préalable de
trois mois.
2° S'il s'agit d'appartements meublés, de chambres
isolées ou de meubles garnissant un logement, le
145

congé ne peut être donné que pour la fin d'un terme


mensuel, moyennant un avertissement préalable de
deux semaines.
e
3 S'il s'agit d'autres objets mobiliers, le congé peut
être donné pour toute époque, moyennant trois
jours d'avertissement.

1315 (291).

Si le bail a été fait pour un temps fixé et qu'à IV. Reconduction ta-
cite.
l'expiration de ce temps le preneur reste en jouissance
de la chose louée, au su du bailleur et sans opposition
de sa part, le bail, à moins de convention contraire, est
réputé renouvelé jusqu'à l'époque pour laquelle l'une des
parties donnera congé à l'autre en .observant les délais
prévus par la loi (1314).

1316 (292).

Les baux immobiliers dont la durée a été fixée par V. Résiliation,


l. En cas de cir-
les parties peuvent cètre résiliés par chaune d'elles constances
graves.
avant leur expiration normale s'il survient des circons-
tances graves qui lui en rendent la continuation intolé-
rable, à charge d'observer les délais prévus par la
loi (1314) et d'offrir à l'autre partie un dédommagement
complet.
Si les parties ne peuvent s'accorder sur la nature
ou l'importance de ce dédommagement, le juge prononce ;
mais l'indemnité ne peut, soit pour le bailleur, soit pour
le preneur, être inférieure au loyer d'un semestre
lorsque le bail est fait pour un an ou pour un terme
plus long.
Le preneur ne peut être contraint de délaisser
la chose louée tant que l'indemnité ne lui est pas payée.
Feuille fédérale suisse. Année LV1I. Vol. IL 10
146

1317 (293).
i. Mort du pre- En cas de mort du preneur, les'^baux d'une année
neur.
ou davantage peuvent être résiliés sans indemnité pour
le plus prochain terme, soit par ses héritiers, soit par
le bailleur, moyennant un congé donné en observant' les
délais prévus par la loi (1314).

1318.
îî. Sûretés insuf- Lorsque le preneur ne garnit pas les lieux loués de
fisantes.
meubles sur lesquels le droit de rétention'pourra^s'exer-
cer en garantie des loyers (1320), le bailleur peut exiger
de lui d'autres sûretés ou se départir du contrat si elles
ne lui sont pas fournies dans un délai convenable.
Le bailleur doit observer les mêmes délais que dans
le cas de résiliation "h. raison de circonstances graves.

1319.
K. Restitution de Ja Après la fin du bail, le preneur restituera la chose
chose louée.
louée dans l'état où il l'a reçue.
Il ne répond pas des changements et détériorations
qui résultent de son droit de jouissance exercé dans les
termes du contrat.
Le preneur est réputé avoir reçu la chose en bon état.

1320 (294, 295).


lì. Droit de rétention Le bailleur d'un immeuble a, pour garantie du
du bailleur.
I. Son objet et son loyer de l'année écoulée et de l'année courante, un droit
étendue.
de rétention sur les meubles qui garnissent les lieux
loués et qui servent soit à l'aménagement, soit à l'usage
de ceux-ci.
Le droit de rétention du bailleur s'étend aux meubles
apportés par le sous-locataire, jusqu'à concurrence des
droits que le locataire principal a contre ce dernier.
147

1321 (294).
Le droit de rétention du bailleur ne porte aucune II. Droit de réten-
tion exclu.
atteinte aux droits qui appartiennent à des tiers en
vertu des règles de la possession (972), notamment sur
des choses dont le bailleur savait ou devait savoir qu'elles
n'étaient pas la propriété du preneur (975),
Le droit de rétention ne s'étend pas aux meubles
insaisissables du preneur.

1322 (294).
En vertu de son droit de rétention, le bailleur peut, III. Effets du droit
de rétention.
avec l'assistance de l'autorité compétente, contraindre
le locataire qui veut déménager ou emporter les choses
garnissant les lieux loués, à y laisser autant de meubles
qu'il est nécessaire pour sa garantie.

Chapitre II.

Du bail à ferme.
1323 (296).
Le bail à ferme est un contrat par lequel le bail- A. Définition.
leur s'oblige à remettre au preneur ou fermier, pour
que celui-ci en perçoive les fruits ou les produits, un
immeuble ou un droit productif (droit de chasse ou de
pêche, brevet d'invention, etc.), moyennant un fermage
que le preneur s'oblige à lui payer.
Ce fermage peut consister soit en argent, soit en
une quote-part des fruits ou produits (colonage partiaire
métayage).
Les usages locaux demeurent réservés quant aux
droits du bailleur sur les fruits dans le colonage par-
tiaire ou le métayage.
148

1324.
B. Constitution du Les règles sur la formation du bail à loyer s'appli-
bail.
quent, par analogie, au bail à ferme (1297).

1325 (300).
C. Obligations du bail- Le bailleur est tenu de délivrer au fermier la chose,
leur. '
I. Délivrance delà ainsi que les objets mobiliers compris dans le bail, dans
chose. I
1. En bon état. un état approprié à l'usage et à l'exploitation prévus
par le contrat.
Faute par lui de satisfaire à cette obligation, les
dispositions sur la garantie due par le bailleur dans le
bail à loyer (1298 à 1302) s'appliquent par analogie.
1326 (301).
Si de grosses réparations deviennent nécessaires
2. Grosses répa- pendant la durée du bail, le bailleur est tenu de les
rations.
exécuter à ses frais aussitôt que le fermier lui en a fait
connaître la nécessité.

1327 (298).
3. .Touissanceim- Le fermier qui, par sa propre faute ou par suite
possible par
suite d'un ac- d'un accident survenu dans sa personne, ne peut se ser-
cident surve-
nu dans la per- vir de la chose louée ou n'en peut faire qu'un usage
sonne du fer-
mier. restreint, n'en reste pas moins obligé de payer le fer-
mage tout entier, pourvu que le bailleur ait tenu la
chose à sa disposition pour l'usage convenu.
Le droit de résilier le bail à raison de circonstances
graves demeure réservé (1339).

1328.
II. Responsabilité Les règles du bail à loyer (1303) s'appliquent pai-
pour les troubles
de droit et de analogie lorsque des tiers font valoir des droits sur la
fait.
chose affermée.
149

1329 (314).
Si, pendant la durée du bail, le bailleur aliène la III. Aliénation de la
chose affermée.
chose louée, ou qu'elle lui soit enlevée par l'effet de
poursuites, de séquestre ou de faillite, le preneur n'a
pas le droit d'exiger du tiers acquéreur la continuation
du bail, à moins que celui-ci ne s'y soit obligé ; il peut
seulement réclamer du bailleur l'exécution du contrat, ou
des dommages-intérêts.
Toutefois, à moins que le contrat ne permette de
résilier le bail plus tôt, le nouvel acquéreur doit obser-
ver, en donnant congé, le délai de six mois fixé par
la loi (1338).
Les effets de l'annotation du bail à loyer au regis-
tre foncier (1305) s'appliquent également au bail à ferme.

1330 (299).
Si des ustensiles, des bestiaux ou des provisions IV. Objets estimés il
l'inventaire.
sont compris dans le bail, chacune des parties est tenue
d'en remettre à l'autre un inventaire exact, signé d'elle,
et de se prêter à une estimation contradictoire de ces
objets.
1331 (302).
Le bailleur supporte les charges et impôts qui grè- V. Charges et im-
pôts.
vent la chose louée.
1332 (303).
Le fermier est tenu d'exploiter la chose louée avec D. Obligations du fer-
mi er.
le soin nécessaire, suivant l'usage auquel elle a été des- I. Mode de jouis-
sance,
tinée ; il doit notamment la maintenir en bon état de i. En général.
productivité.
Il n'a le droit d'apporter au mode d'exploitation
existant aucun changement essentiel dont les effets
puissent s'étendre au delà de la durée du bail.
150

1333 (304).
2. Entretien. Le fermier doit pourvoir au bon entretien de la
chose louée.
Il est tenu, conformément à l'usage des lieux, des
menues réparations, et en particulier, s'il s'agit d'un bien
rural, de l'entretien ordinaire des chemins, passerelles,
fossés, digues, haies et clôtures, toitures, aqueducs, etc. ;
il doit, en outre, remplacer les ustensiles et outils
de peu de valeur qui ont péri de vétusté ou par
l'usage.
1334 (305).
8. Ayis obliga- Si de grosses réparations deviennent nécessaires,
toire pour les
grosses répa- ou si un tiers élève des prétentions sur la chose louée,
rations et les
troubles. le fermier est tenu d'en aviser immédiatement le bail-
leur, sous peine de tous dommages-intérêts.

1335 (306).
II. Sous-affermage. Le fermier n'a pas le droit de sous-affernier la
chose sans le consentement du bailleur.
Toutefois il est libre de sous-louer les locaux qui
en dépendent, pourvu qu'il ne résulte de ce fait au-
cun changement préjudiciable au bailleur.
Dans la mesure où le sous-affermage et la sous-
location sont permis, les règles sur la sous-location s'ap-
pliquent par analogie (1309).

1336 (307).
in. Paiement des fer- Le fermier est tenu de payer le fermages aux ter-
mages.
l.En général. mes fixés par le contrat ou par l'usage local.
Si aucun terme n'est ainsi fixé, le fermage est payable
à l'expiration de chaque année de bail, et au plus tard
à l'expiration du temps pour lequel le bail est conclu.
151

Le bailleur a, pour la garantie de ses fermages, le


même droit de rétention qu'en matière de bail à loyer
(1320 à 1322).
1337 (308).
Le preneur d'un bien rural peut exiger une remise 2. Remise en CHS
d'accidents
proportionnelle du fermage si, par suite d'accidents ex- extraordi-
naires.
traordinaires, le rapport habituel du bien est notable-
ment diminué.
Une renonciation anticipée à ce droit n'est valable
que si l'éventualité de semblables accidents a été prise
en considération lors de la fixation du fermage, ou si
le dommage est couvert par une assurance.

1338 (308).
Sauf usage local ou convention contraire, chacune B. Extinction du bail.
1. Congé.
des parties a le droit de donner congé, à condition de
le faire au moins six mois à l'avance.
Si le bail concerne un bien rural, le congé ne peut
être donné, sauf convention contraire, que pour le terme
de printemps ou d'automne admis par l'usage local; il
peut l'être pour une époque quelconque de l'année lors-
que le bail porte sur d'autres biens.

1339 (310).
Si le bail est fait pour un certain nombre d'années, II.Résiliationeueas
de circonstances
et qu'il survienne des circonstances graves qui en ren- graves.
dent la continuation intolérable à l'une des parties, celle-ci
peut^donner congé avant l'expiration du temps convenu,
à charge par elle d'observer le délai de six mois prévu
par la loi et d'offrir à l'autre partie un dédommagement
complet (1338).
Si les parties ne peuvent s'accorder sur la nature
ou sur l'importance de ce dédommagement, le juge pro-
152

nonce, mais l'indemnité ne peut être inférieure au fer-


mage d'une année.
Le fermier ne peut être contraint de délaisser
la chose louée tant que l'indemnité ne lui est pas
payée.

1340 (311).
III. Reconduction ta- Si le bail a été fait pour un temps fixé et qu'à
cite.
l'expiration de ce temps le preneur reste en jouissance-
dé la chose louée, au su du bailleur et sans opposition
de sa part, le contrat, à moins de stipulation contraire,
est réputé renouvelé d'année en année, jusqu'à ce que,
par suite d'un congé donné six mois à l'avance, il soit
résilié pour la fin de l'année de bail courante.

1341 (312).
IV. Fermier en de- Si le fermier ne paie pas le 'fermage à l'échéance,
menre pour le
paiement des le bailleur peut lui assigner un délai de soixante jours,
fermages.
en lui signifiant qu'à défaut de paiement le bail sera
résilié à l'expiration de ce délai.
Le délai court du jour où le preneur a reçu l'avis
du bailleur.

1342 (318).
V. Droit de résilia- Le bailleur a le droit de résilier le bail sans autre
tion du bailleur.
formalité, si le fermier contrevient d'une manière grave
aux obligations que la loi lui impose pour l'exploitation
et l'entretien de la chose louée (1332, 1333), et si, no-
nobstant sommation, il ne s'en acquitte pas dans un délai
convenable fixé par le bailleur.
Les dispositions sur les fruits et les frais de cul-
ture s'appliquent également dans ce cas (1347).
153

•1343 (315).
En cas de faillite du fermier, le bail prend fin dès VI. Faillite du fer-
mier.
l'ouverture de la faillite.
Toutefois, si des sûretés suffisantes sont données
au bailleur pour le fermage courant et pour le montant
de l'inventaire, le bailleur est tenu de laisser subsister
le contrat jusqu'à la fin de l'année de bail.

1344 (316).
En cas de mort du fermier, ses héritiers et le bailleur VII. Mort du fermier.
ont ,1e droit de donner congé en observant le délai de
six mois prévu par la loi (1338).

1345 (317).
A la fin du bail, le fermier est tenu de restituer la E. Comptes
bail.
ii la fin du
chose louée, avec tous les objets portés à l'inventaire, 1. Obligation do
restituer.
dans l'état où ils se trouvent.
Il doit indemniser le bailleur des dégradations qu'il
aurait pu prévenir en donnant à la chose les soins
voulus.
Il n'a droit à aucune récompense pour les améliora^
tions qui ne sont que le résultat des soins qu'il devait
à la chose.
1346 (318).
Si, lors de l'entrée en jouissance, les objets portés II. Objets estimes ;i
l'inventaire.
à l'inventaire ont été estimés, le fermier sortant est
tenu de les restituer de même espèce et valeur, ou de
bonifier la moins-value.
Il ne doit aucune indemnité pour les objets à l'égard
desquels il prouve qu'ils ont péri par la faute du bail-
leur ou par force majeure.
Il a droit à récompense pour la plus-value qui pro-
vient de ses impenses et de son travail.
154

1347 (312).
lu. Fruits et frais de Lorsqu'il s'agit d'un bien rural, le fermier n'a aucun
culture à la un
du bail. droit aux fruits pendants lors de la résiliation.
En revanche, ses frais de culture lui sont boni-
fiés dans la mesure fixée par le juge, sauf à les com-
penser avec le fermage "courant.

1348 (319).
IV. Pailles et en- Le fermier sortant doit laisser sur le domaine les
Rrais.,
pailles et engrais de la dernière année.
S'il en a reçu moins lors de son entrée en jouis-
sance, il a droit à récompense pour l'excédent.

1349.
F. Bail à cheptel. Le cheptel, sous ses diverses formes, lorsqu'il ne
1. Usage des lieux.
se rattache pas au bail à ferme d'un bien rural, demeure
soumis à l'usage des lieux.
A défaut de convention ou d'usage local contraire,
les dispositions suivantes sont applicables.

1350.
II. Objet du contrat. Pendant toute la durée du cheptel, les produits du
bétail loué appartiennent au preneur.
Celui-ci a la charge des soins et de l'entretien du
bétail ; il paie au bailleur une redevance consistant en
argent ou en une part des profits.

1351.
ni. Hésiliatiou. Le contrat conclu pour une durée indéterminée peut
être dénoncé par les deux parties pour un terme quel-
conque.
155

La dénonciation doit cependant être faite de bonne


foi et ne pas avoir lieu à contre-temps.

1352.
Le preneur répond de tout le dommage subi par le IV. Responsabilité.
cheptel, à moins qu'il ne prouve n'avoir pu le détour-
ner malgré toute la diligence déployée dans les soins et
la garde du bétail.
Les frais d'entretien extraordinaires qui n'ont pas
été rendus nécessaires par le preneur lui-même sont à
la charge du bailleur.
Le preneur signalera les accidents ou les maladies
de quelque gravité aussitôt que possible au bailleur, afin
que ce dernier puisse prendre les mesures nécessaires.

Titre trente-cinquième.
Du prêt à usage.
1353 (321).
Le prêt à usage est un contrat par lequel le prê- A. Définition.
teur s'oblige à céder à l'emprunteur l'usage gratuit
d'une chose que l'emprunteur s'engage à lui rendre après
s'en être servi.
1354 (322).
L'emprunteur ne peut employer la chose prêtée qu'à bt. Effets.
I. Droits de l'em-
l'usage déterminé par le contrat ou, à défaut, par la prunteur.
nature de la chose ou par sa destination.
Il n'a pas le droit d'autoriser un tiers à s'en servir.
L'emprunteur qui enfreint ces règles répond même
du cas fortuit, à moins qu'il ne prouve que la chose
en eût été atteinte également s'il les avait observées.
156

1355 (323).
II. Frais (l'entretien. L'emprunteur supporte les frais d'entretien ordi-
naires, notamment les frais d'entretien des animaux
prêtés.
Il peut répéter les dépenses extraordinaires qu'il
a dû faire dans l'intérêt du prêteur.

1356 (324).
III. Responsabilité
eu cas de com-
Si plusieurs ont conjointement emprunté la même
modat fait à plu-
sieurs conjointe-
chose, ils en sont solidairement responsables envers le
ment. prêteur.
1357 (325).
C. Extinction.
I. En cas d'usage
Lorsque la durée du contrat n'a pas été fixée con-
convenu. ventionnellement, le prêt à usage prend fin aussitôt que
1. Expiration du
temps. l'emprunteur a fait de la chose l'usage convenu, ou
bien à l'expiration du temps dans lequel cet usage au-
rait pu avoir lieu.
1358 (326).
2. Kestitntioii Le prêteur peut réclamer la chose avant l'époque
anticipée.
fixée au précédent article si l'emprunteur en fait un
usage contraire à la convention, s'il la détériore, s'il
autorise un tiers à s'en servir, ou, enfin, s'il survient
au prêteur lui-même un besoin urgent et imprévu de
sa chose.
1359 (327).
II. En cas d'usage
indéterminé.
Si le prêt a été fait pour un usage qui n'est déter-
miné ni quant-à son but ni quant à sa durée, le prêteur
est libre de réclamer la chose quand bon lui semble.

1360 (328).
III. Mort de l'em- Le prêt à usage finit par la mort de l'emprunteur.
prunteur.
157

Titre trente-sixième.
Du prêt de consommation.
1361 (329).
Le prêt de consommation est un contrat par lequel A. Uùfinition.
le prêteur s'oblige à transférer la propriété d'une somme
d'argent ou d'autres choses fongibles à l'emprunteur, à
charge par ce dernier de lui en rendre autant de même
espèce et qualité.

1362 (330).
En matière non commerciale, le prêteur ne peut B. Effets.
I. Intérêts dus pav
réclamer des intérêts que s'ils ont été stipulés. l'emprunteur.

En matière commerciale, il en est dû même à défaut


de convention.

1363 (331).
Le droit de l'emprunteur d'exiger la délivrance de II. Obligations du
prêteur.
la chose promise et celui du prêteur d'en exiger l'accep- 1. Prescription
du droit de
tation se prescrivent par six mois à compter de la de-
meure de l'autre partie.

1364 (332).
Le prêteur peut se refuser à livrer la chose pro-
mise si, depuis la conclusion du contrat, l'emprunteur a
été l'objet de poursuites infructueuses, est tombé en
faillite ou a suspendu ses paiements.
Il a même ce droit en cas de poursuites infruc- 2. Insolubili ti),
de l'emprun-
tueuses, de faillite ou de suspension de paiement anté- teur.
rieures au contrat, s'il n'en a eu connaissance qu'après
s'être engagé.
158

1365 (333).
C. Papiers-valeurs ou Lorsque le prêt est d'une certaine somme d'argent
marchandises dé-
livrés au lieu de et que l'emprunteur reçoit, au lieu de numéraire, des
numéraire.
papiers-valeurs ou des marchandises, la somme prêtée
s'évalue d'après le cours ou le prix du marché, au
temps et dans le lieu de la délivrance.
Toute convention contraire est nulle.

1366 (334).
1). Règles coneernaut Si le contrat n'a pas fixé le taux de l'intérêt, le
les intérêts.
I. Taux de l'inté- prêt est censé fait au taux usuel pour les prêts de
rêt.
même nature, au- temps et dans le lieu où la chose a
été prêtée.
A défaut de convention contraire, le taux stipulé sera
celui de l'intérêt annuel.

1367 (335).
II. Prohibition de On ne peut convenir d'avance que les intérêts
l'anatocisme.
s'ajouteront au capital et produiront eux-mêmes des
intérêts.
Demeurent réservés les règles du commerce pour
le calcul des intérêts composés dans les comptes cou-
rants, ainsi que les autres usages analogues admis dans
les opérations des caisses d'épargne, de rentes, etc.

1368 (336).
Si le contrat ne fixe ni terme de restitution ni délai
E Extinction.
d'avertissement, et n'oblige pas l'emprunteur à rendre
la chose à première réquisition, l'emprunteur a six
semaines pour la restituer, à compter de la première
réclamation du prêteur.
159

Titre trente-septième.
Du louage de services.
1369.
Le louage de services est une convention par la- A. Définition.
quelle une personne promet, en qualité d'ouvrier, d'em-
ployé ou d'apprenti, à un maître ou patron, ses ser-
vices pour un temps fixé ou pour une durée indéter-
minée, contre paiement d'un salaire.
Il y a également louage de services lorsque le sa-
laire est promis en considération du travail livré et non
de la durée du contrat (travail aux pièces), dès l'instant
où le locateur est attaché au service du maître pour un
temps fixé ou pour une durée indéterminée.
Celui qui n'est pas attaché au service du maître
n'est un locateur de services que s'il est payé d'après
le temps consacré à son travail.

1370.
Sauf disposition contraire, le louage de services B. Formation du con-
trat.
peut se former par simple convention verbale. I. En général.

1371.
Celui qui, dans une exploitation industrielle, engage II. Lorsque le maî-
un nombre plus ou moins considérable d'ouvriers et leur tre occupe un'
certain nombre
impose des règles de travail uniformes ne peut valablement d'ouvriers.
obliger l'un ou l'autre d'entre eux à s'y soumettre que
si elles ont été rédigées par écrit et communiquées aux
ouvriers avant l'engagement.
1372.
Les contrats d'apprentissage passés avec des mi- III. Apprentissage.
neurs ne sont valables que s'ils ont été constatés par
160

écrit et signés tant par le maître que par le détenteur


de la puissance paternelle ou le tuteur, avec l'approba-
tion de l'autorité tutélaire (430).
Le contrat doit renfermer les clauses nécessaires
sur la durée de l'apprentissage et des services à
fournir, le nombre des heures de travail régulières, l'en-
tretien ou d'autres prestations.

1373.
C. Eft'ets. L'objet du contrat peut être fixé librement, pourvu
I. Objet du contrat.
qu'il ne soit contraire ni à la loi ni aux bonnes mœurs.
Les autorités cantonales compétentes peuvent, sur
la proposition de syndicats professionnels et d'associa-
tions d'utilité publique, rédiger des contrats-types pour
les diverses catégories de louages de services, et en
particulier pour l'apprentissage ; la teneur de ces con-
trats est réputée exprimer la volonté des parties, s'ils
ont été dûment publiés et s'il n'existe pas de convention
contraire.
Ces contrats-types sont soumis à l'examen et à
l'approbation du Conseil fédéral.

1374 (339).
II. Obligations du
locateur de ser-
Le locateur de services doit exécuter en personne le
vices.
1. Travail per-
travail promis, à moins que le contraire ne résulte de la
sonnel. convention ou des circonstances.
Le transfert des droits du maître à un tiers est in-
terdit sous les mêmes réserves.

1375.
2. Diligence à Le locateur de services est tenu d'exécuter avec
observer.
soin le travail promis.
Il répond du dommage qu'il cause au maître par
son dol ou sa négligence.
161

La mesure de la diligence à déployer dans le tra-


vail se détermine en vertu du contrat ; on tiendra compte
de l'instruction ou des connaissances techniques néces-
saires pour l'accomplissement des services promis, ainsi que
des renseignements que le maître possédait lors du con-
trat, ou aurait dû posséder s'il avait pris des informa-
tions avec le soin voulu sur les aptitudes de son ouvrier
ou de son employé.

1376.
Les règles du louage d'ouvrage (art. 1408 à 1415, 8. Travail aux
pièces.
1419, 1426, 1427) s'appliquent par analogie, en ce qui
concerne la responsabilité pour la matière fournie et
pour l'accomplissement du travail dans les termes du
contrat, au locateur travaillant aux pièces ou ayant en-
gagé ses services pour l'exécution d'un certain ouvrage.

1377.
Le maître paiera en monnaie du pays le salaire con- IJ.Ì. Obligations il"
maître.
venu ou fixé par des contrats-types ou des tarifs obliga- I. Salaire.
u. Montani cî
toires pour l'ouvrier. paiement.

La rémunération usuelle est réputée convenue lors-


que, d'après les circonstances, les services ne devaient
être rendus que moyennant salaire.
S'il est stipulé qu'une part des bénéfices doit s'ajouter
au salaire, le maître est tenu de fournir à l'autre par-
tie les renseignements nécessaires sur ses profits et ses
pertes.
1378.
L'ouvrier qui travaille aux pièces ou qui a loué l>. Droit à ru-
clamer du
ses services pour l'exécution d'un certain ouvrage a le travail.
droit d'exiger, pendant toute la durée du contrat, soit
du travail, soit une indemnité à raison du préjudice que
lui cause le chômage.
Feuille fédérale suisse. Année LVII. Vol. IL 11
162

1379 (340).
c. Paiement'. A moins que la convention ou l'usage ne prévoie un
règlement anticipé ou périodique du salaire, la rémuné-
ration n'est due qu'après que les services ont été rendus.
Lorsque le contrat est d'une durée indéterminée, le
terme pour lequel il aurait pu être dénoncé à compter
de l'entrée au service du maître, ou du dernier règlement,
est réputé jour du paiement.
Le salaire est toujours exigible à la fin de l'enga-
gement.
1380.
</. Avïuices. Le maître est tenu, dans tous les cas, de faire à
l'ouvrier, en proportion du travail déjà, exécuté ou
suffisamment assuré, les avances dont il a besoin pour
son entretien et celui de sa famille ou pour détourner
un dommage économique, si d'ailleurs le maître peut
faire ces avances sans danger pour lui-même.

1381 (341).
*. Salaire en
(•MB d'em-
pêchement Lorsque les services ont été convenus pour une cer-
«le travail-
ler. taine durée, le locateur ne perd pas son droit au salaire
s'il est empêché de les rendre, pendant un temps relative-
ment court et sans sa faute, par suite de maladie, ser-
vice militaire obligatoire ou telle autre cause analogue.
Ce temps s'apprécie non seulement eu égard au dé-
lai prévu pour donner congé, mais aussi à la durée
des services que l'ouvrier a d'ores et déjà rendus au
maître.
Le maître ne peut se libérer de cette obligation ;
toutefois, si l'interruption des services est due à la ma-
ladie, il est en droit de déduire, proportionnellement à la
valeur de sa contribution, les subsides versés par des
caisses de secours auxquelles il paie des cotisations.
163

1382.
Lorsque le locateur doit fournir plus de services /. Supplément
de salaire
que ceux prévus par le contrat ou réglés par l'usage, il pour sur-
croît de
n'en est pas moins tenu d'accepter ce surcroît de tra- travail.
vail, s'il peut s'en charger et si son refus était con-
traire à la bonne foi.
Le locateur a droit, pour ce surcroît de travail, à
une rémunération supplémentaire, fixée proportionnelle-
ment au salaire convenu et eu égard aux circonstances
particulières.

1383.
Le maître est tenu, en vertu du contrat d'appren- . instruc-
tion pro-
tissage, de faire tout son possible pour l'instruction pro- fession-
nelle de
fessionnelle de l'apprenti. l'apprenti.
Il doit lui permettre de fréquenter les écoles en
vue de compléter ses connaissances, pour autant du moins
que cela est compatible avec les usages de la maison,
les conditions du travail et les exigences de l'apprentissage.

1384.
Sauf convention ou usage contraire, le maître four- a. Outils et ma-
tériaux.
nit aux locateurs de services les outils et les maté-
riaux dont ils ont besoin pour leur travail.
Si le locateur les fournit en totalité ou en partie,
le maître doit l'en indemniser.

1385.

Le maître est tenu de veiller à ce que le travail H. Locaux et me-


sures protec-
puisse être exécuté dans des locaux convenables et sa- trices.
lubres.
Il prendra les mesures de sécurité indiquées par
l'état actuel de la science, eu égard aux conditions
164

particulières du travail et à la nature des services


promis.
1386.
Compensation Le maître ne peut compenser le salaire dû avec une
entre le sa-
laire et les créance qu'il a contre son ouvrier, à titre de dommages-
dommages-
intérêts ainsi intérêts par exemple, pour la part qui ne serait pas
que d'autres
créances. saisissable aux termes de la législation en matière de
poursuite et de faillite.

1387.
ô. Heures et Le maître est tenu d'accorder au locateur de ser-
ionrs de repos. vices les heures et jours de repos usuels.
Avant la fin du contrat, il doit lui laisser le temps
nécessaire pour chercher une autre occupation.
Dans tous ces cas, le locateur tiendra compte le
plus possible des intérêts du maître.

1388.
Obligation de A la demande du locateur, le maître lui délivrera
délivrer un
certificat. un certificat portant sur la nature et la durée des ser-
vices rendus.
1389.
III. Entretien et Sauf convention ou usage contraire, l'entretien et le
logement dans
la famille. logement dans la famille sont considérés comme faisant
partie du salaire pour les locateurs de services qui, tels
des domestiques, apprentis, ouvriers, vivent dans le mé-
nage de leur maître.
En pareil cas, le maître doit aussi pourvoir à l'en-
tretien, aux soins et aux secours médicaux nécessaires
lorsque la partie qui loue ses services est empêchée par
la maladie et sans sa faute de les rendre pour un temps
relativement court (art. 1381).
165

Au surplus, la situation du locateur qui vit dans la


maison du maître est soumise aux règles sur l'autorité
domestique (838 et suiv.).

1390.
Sauf convention ou usage contraire, le louage de I). l''in du «outrât.
I. Expiration du
services contracté pour une durée déterminée prend fin temps.
à l'expiration du temps fixé, sans qu'il soit nécessaire
d'un congé de part et d'autre.
1391 (342).
Lorsqu'un louage de services a été conclu pour une II. Reconduction
tacite.
année ou pour un terme plus court, il est réputé re-
nouvelé pour le même laps de temps s'il est tacite-
ment prolongé de part et d'autre.
Le renouvellement est présumé fait pour une année
lorsque le contrat était de plus longue durée.
Si, d'après la convention ou l'usage local, la ré-
siliation est subordonnée à un congé préalable, le con-
trat est réputé renouvelé par le fait qu'aucune des par-
ties n'a donné congé.

1392 (343).
Lorsque la durée du contrat n'est déterminée ni par I I I . CouK'ii et délais
légitux.
la convention ni par le but en vue duquel les services 1. Eu KûiuSnil.
ont été promis, chacune des parties peut donner congé
en observant les délais fixés par la loi ou l'usage.
A défaut de loi, convention ou usages particuliers,
la résiliation peut intervenir pour la fin de chacun des
mois de l'année civile, à la condition que le congé soit
donné au moins quinze jours à l'avance.
Si les services n'ont pas commencé exactement avec
le mois, le congé peut être donné au plus tôt pour la
fin du mois suivant.
166

1393.
2. Lorsque la Dans le cas d'un louage de services qui a duré plus
durée du con-
trat, excède un d'une année, chacune des parties peut résilier pour la fin
an.
du trimestre courant, moyennant un congé donné six
semaines à l'avance.
Ce délai peut être modifié conventionnellement, mais
il sera de quinze jours au moins et devra être donné
pour la fin du mois.
1894 (344).
8. Temps d'es-
sai.
Lorsqu'un temps d'essai a été convenu pour un lou-
age de services de plus d'un mois, le congé peut tou-
jours, sauf stipulation ou usage contraire, être donné,
pendant une durée maximale de deux mois, huit jours
a l'avance au moins et pour la fin d'une semaine.
Dans les louages de services conclus par des
ouvriers ou des domestiques, les deux premières semaines
sont considérées, sauf convention ou usage contraire,
comme un temps d'essai, en ce sens que, jusqu'à l'ex-
piration de ce temps, chacune des parties peut résilier
moyennant un avertissement de trois jours au moins.

1395 (345).
•J. Contrats pour Le louage de services conclu pour la vie d'une des
la durée de
la vie. parties, ou pour plus de cinq ans, peut être résilié en
tout temps, sans indemnité, moyennant un avertissement
préalable de six mois.

1396 (346).
IV. Bësiliation.
i. Pour de justes
Chacune des parties peut demander, en tout temps
motifs.
a. Droit de la
et sans avertissement préalable, la résiliation du con-
provoquer- trat pour de justes motifs.
Sont considérées en particulier comme de justes mo-
167

tifs toutes les circonstances d'une nature telle que, soit


pour des raisons d'ordre moral, soit en vertu des prin-
cipes de la bonne foi, la continuation du contrat ne peut
être imposée à celle des parties qui en demande la
résiliation.
Le juge apprécie s'il existe de pareils motifs, mais il
ne peut considérer comme tel un service militaire obli-
gatoire.
1397 (346).
Si les justes motifs consistent dans l'inobservation
6. l)oinma^e.-i-
des clauses du contrat par l'une des parties, et que iutérêts p?
salaire.
celle-ci soit en faute, elle doit la réparation entière du
dommage causé.
Au surplus, le juge apprécie les conséquences de
la résiliation anticipée d'après les circonstances et
l'usage des lieux.
1398.
Le locateur de services qui a sujet de craindre que 2. l'our cause
(l'insolvabi-
son salaire ne lui soit pas payé à l'échéance par suite lité du mailrcj
de l'insolvabilité du maître, peut résilier le contrat dès
l'instant où les sûretés suffisantes qu'il a demandées ne
lui sont pas fournies.
1399 (347).
Le contrat prend fin par le décès de celui qui a en-
gagé ses services. V. Docès

Il s'éteint par le décès du maître lorsqu'il a été


conclu essentiellement en considération de la personne de
celui-ci.
Dans ce cas, il y aura lieu de prendre équitable-
nient en considération, lors du règlement du salaire, le
dommage occasionné au locateur par le fait que la mort
du maître a déterminé la résiliation anticipée du contrat.
168

1400.
E. Prohibition defaire Dans les contrats de louage de services qui per-
concurrence au
maître. mettent au locateur de se renseigner sur la clientèle ou
1. Admissibilité.
de pénétrer dans le secret des affaires du maître, les par-
ties pourront convenir qu'après la fin du contrat le loca-
teur ne devra ni faire en son propre nom concurrence
au maître, ni entrer dans une maison concurrente comme
associé ou en quelque autre qualité.
Cette prohibition n'est valable que si elle est stipu-
lée pour un temps et un rayon limités d'une manière
appropriée aux circonstances, et si le locateur peut causer
un préjudice sérieux au maître en utilisant les rensei-
gnements et les secrets susmentionnés.

1401.
II. Effets des con-
traventions.
Celui qui contrevient à une prohibition de faire
concurrence à son ancien maître répond envers celui-ci
de tout le dommage en résultant pendant le temps fixé
pour la durée de cette prohibition.
Lorsque la prohibition est sanctionnée par une clause
pénale, le locateur peut s'en libérer en versant au maître
le montant de la peine conventionnelle.
Demeure réservée la faculté laissée au juge de ré-
duire les clauses pénales excessives (1189).

1402.
B U . Fin de lu prohi-
bition.
La prohibition de faire concurrence prend fin s'il est
établi que le maître n'a aucun intérêt à ce qu'elle soit
maintenue.
De plus, le maître ne peut actionner en vertu de la
contravention lorsqu'il a résilié le contrat sans raison
suffisante, ou lorsqu'il a donné au locateur, par sa propre
faute, un motif de résiliation anticipée.
1Ü9

1403 (348).
Les dispositions du présent titre s'appliquent égale- F. Professions libéra-
les.
ment., lorsque les éléments d'un louage de services s'y
trouvent réunis, aux contrats dans lesquels on promet,
contre paiement d'honoraires, des services qui supposent
une culture scientifique ou artistique spéciale (profes-
sions libérales).
1404 (349).
Le droit public de la Confédération et des cantons G. Réserve en faveur
du droit publie.
pour leurs fonctionnaires et leurs employés demeure
réservé.

Titre trente-huitième.

S)n louage d'ouvrage.


1405 (350).
Le louage d'ouvrage est un contrat par lequel l'en- A. Définition.
trepreneur s'oblige à exécuter un ouvrage, moyennant un
prix que le maître s'engage à lui payer.

1406 (351).
L'entrepreneur est tenu d'exécuter l'ouvrage en B. Effets On contrat.
1. Obligations de
personne ou de le faire exécuter sous sa direction per- l'entrepreneur.
1. Exécution per-
sonnelle. sonnelle des
travaux.
Il n'y a d'exception que si, d'après la nature de
l'affaire, les aptitudes personnelles de l'entrepreneur sont
sang importance.
L'entrepreneur répond de toute faute commise par
ceux qu'il charge du travail.
170

1407 (352).
i>. Garantie del.'i Dans la mesure où l'entrepreneur fournit la matière,
matière.
il est responsable envers le maître de la bonne qualité
de la matière fournie, et il lui doit de ce chef la même
garantie que le vendeur.
Si la matière est fournie par le maître, l'entrepre-
neur est tenu d'en user avec tout le soin voulu et de
rendre compte de l'emploi qu'il en a fait.
Il doit, en outre, restituer ce qui peut lui rester.

1408 (358).
si. .Engins et ou- Sauf usage ou convention contraire, il incombe à
tils.
l'entrepreneur de se procurer à ses frais les moyens,
engins et outils qu'exigé l'exécution de l'ouvrage.

1409 (354).
t. Commence- Si l'entrepreneur ne commence pas l'ouvrage à
ment clés tra- temps, s'il en diffère l'exécution contrairement aux clau-
vaux à temps.
ses de la convention, ou si, sans la faute du maître, il est
tellement en retard que, selon toute prévision, il ne
puisse plus l'achever pour l'époque fixée, le maître a le
droit de se départir du contrat (1131 à 1134) sans at-
tendre le terme prévu pour la livraison.
1410 (355).
fj. Execution
conforme au
Lorsqu'il est possible de prévoir avec certitude,
contrat. pendant le cours des travaux, que, par la faute de l'en-
trepreneur, l'ouvrage sera exécuté d'une façon défec-
tueuse ou contraire à la convention, le maître peut fixer
ou faire fixer à l'entrepreneur un délai convenable pour
y remédier ; il le prévient que s'il ne s'exécute pas dans
ce délai, les réparations à faire ou la continuation des
travaux seront confiées à un tiers, aux frais et risques
de l'entrepreneur.
171

1411 (356).
Si, dans le cours des travaux, la matière fournie 6. Avis (lue 1«
matière est dé-
par le maître ou le terrain désigné par lui est reconnu fectueuse.
défectueux, ou s'il survient telle autre circonstance de
nature à compromettre l'exécution régulière ou ponc-
tuelle de l'ouvrage, l'entrepreneur est tenu d'en infor-
mer immédiatement le maître, sous peine de supporter
lui-même les conséquences de ces faits.

1412 (357).
Après la livraison de l'ouvrage, le maître doit en 7. Uarantie des
défauts de
vérifier l'état aussitôt qu'il le peut d'après la marche l'ouvrage.
a. Vitrification
habituelle des affaires, et en signaler les défauts à et avis dont
le maître est
l'entrepreneur, s'il y a lieu. tenu.

Chacune des parties a le droit de demander que


l'ouvrage soit examiné par des experts et qu'il soit
dressé acte de leurs constatations, le tout à ses frais.

1413 (358).
Lorsque l'ouvrage est tellement défectueux ou si b. Droits du
maître en
peu conforme aux clauses de la convention que le maître cas d'exécu-
tion défec-
ne puisse en faire usage ou du moins être équitablement tueuse de
l'ouvras«.
contraint à l'accepter, il a le droit de ]e refuser, et même,
si l'entrepreneur est en faute, de demander des dom-
mages-intérêts.
Lorsque les défauts de l'ouvrage ou les infractions
au contrat sont de moindre importance, le maître peut
réduire le prix en proportion de la moins-value, ou obli-
ger l'entrepreneur à réparer l'ouvrage à ses frais si la
chose est possible sans dépenses excessives ; le maître
a, de plus, le droit de demander des dommages-intérêts
si l'entrepreneur est en faute.
S'il s'agit d'ouvrages faits sur le fonds du maître
172

et dont, à raison de leur nature, l'enlèvement présente-


rait des inconvénients excessifs, le maître ne peut prendre
que les mesures indiquées au deuxième alinéa du présent
article.

1414 (359).
Exceptions Le maître ne peut invoquer les droits résultant pour
dérivant du
propre fait lui des défauts de l'ouvrage (1418) lorsque l'exécution
du maître.
défectueuse lui est personnellement imputable, soit à
raison des ordres qu'il a donnés contrairement aux
avis formels de l'entrepreneur, soit pour toute autre
cause.
1415 (360, 361).
Dès l'acceptation expresse ou tacite de l'ouvrage
par le maître, l'entrepreneur est déchargé de toute res-
ponsabilité, à moins qu'il ne s'agisse de défauts qui ne
pouvaient être constatés lors de la vérification régulière
et de la réception de l'ouvrage ou qu'il aurait fraudu-
leusement cachés.
il. Libération
de l'entre-
11 y a acceptation tacite lorsque le maître omet la
preneur. vérification et l'avis prévus par la loi (1412).
Si les défauts ne se manifestent que plus tard, le
maître est tenu de les signaler à l'entrepreneur aussitôt
qu'il en a connaissance ; sinon, il est réputé avoir ac-
cepté l'ouvrage avec lesdits défauts.

1416 (362).
«.Prescription. Les droits du maître à raison des défauts de l'ou-
vrage se prescrivent suivant les mêmes règles que les
droits correspondants de l'acheteur (1248 et suiv.)
Toutefois, l'action du maître qui a commandé une
•onstruction ne se prescrit contre l'entrepreneur que par
173

cinq ans à compter de la réception de l'ouvrage; les


conventions contraires demeurent réservées.

1417 (363).
Le prix de l'ouvrage est payable au moment de la II. Obligations du
maître.
livraison. 1 Exigibilité du
prix.
Si l'on est convenu de livraisons et de paiements
partiels, le prix afférent à chaque partie de l'ouvrage
est payable au moment de la livraison de cette partie.

1418 (364).
Lorsque le prix a été fixé d'avance à forfait, l'en- 2. Forfait.
a. Eu général.
trepreneur est tenu d'exécuter l'ouvrage pour la somme
fixée.
1419 (364).
L'entrepreneur ne peut réclamer aucune augmenta- 6. Surcroît de
dépenses
tion en alléguant que l'ouvrage a exigé plus de travail causées ù
l'entrepre-
ou de dépenses qu'on ne l'avait prévu. neur.
Toutefois, si l'exécution de l'ouvrage est arrêtée ou
rendue difficile à l'excès par des circonstances extraor-
dinaires, impossibles à prévoir, ou exclues par les pré-
visions sur lesquelles les parties ont établi leur conven-
tion, le juge a la faculté d'accorder soit une augmen-
tation du prix stipulé, soit la résiliation du contrat.

1420 (364).
Le maître est toujours tenu de payer le prix inté- c. Dépenses in-
férieures au
gral, encore que l'ouvrage ait exigé moins de travail forfait.
qu'on ne le prévoyait.

1421 (365).
. Prix fixé d'a-
Si le prix n'a pas été fixé d'avance, ou s'il ne l'a été Srès 1» râleur
u travail.
174

fju'approximativeinent, il doit être déterminé d'après la


valeur du travail et les dépenses de l'entrepreneur.

1422 (366).
0. Fin ilu contrat. Lorsque le devis approximatif arrêté avec l'entre-
I. Droit du maître
de ee départir preneur se trouve, sans le fait du maître, dépassé dans
dit contrat.
une mesure excessive, le maître a le droit, soit pendant,
soit après l'exécution, de se départir du contrat.
S'il s'agit de constructions élevées sur le fonds du
maître, celui-ci peut demander une réduction du prix
des travaux ou, si la construction n'est pas achevée, en
interdire la continuation à l'entrepreneur et se départir
du contrat en payant une indemnité équitable pour les
travaux exécutés.

1423 (367).
1\. Perte de l'ou- Si, avant la réception, l'ouvrage périt par cas for-
vrage,
l. Cas fortuit. tuit, l'entrepreneur ne peut réclamer ni le prix de son
travail, ni le remboursement de ses dépenses, à moins
que le maître ne fût en demeure de prendre livraison.
La perte de la matière est, dans ce cas, à la charge
de la partie qui l'a fournie.

1424 (368).
2. Faute (lu maî- Si l'ouvrage a péri par suite d'un défaut de la ma-
tre.
tière fournie par le maître, ou du mode d'exécution
prescrit par lui, sans que l'entrepreneur ait contrevenu
à son obligation de l'aviser (1411), celui-ci peut^récla-
mer le prix du travail effectué et le remboursementjdes
dépenses non comprises dans ce prix.
L'entrepreneur a droit, en outre, s'il y a faute du
maître, à des dommages-intérêts, notamment à la boni-
fication du gain dont il a été privé.
175

1425 (369).
Tant que l'ouvrage n'est pas terminé, le maître peut III. Résiliation par le
maître moyen-
en tout temps se départir du contrat, en payant le nant désintéres-
ser l'autre par-
travail effectué et en indemnisant complètement l'entre- tie.
preneur.
1426 (370).
Si l'exécution de l'ouvrage devient impossible par IV. Impossibilité de
l'exécution im-
suite d'un cas fortuit survenu chez le maître, l'entre- putable nu maî-
tre.
preneur a droit au prix du travail effectué et au rem-
boursement des dépenses non comprises dans ce prix.
Si c'est par la faute du maître que l'ouvrage n'a
pu être exécuté, l'entrepreneur a le droit de réclamer,
en outre, des dommages-intérêts.

1427 (371).
Lorsque l'entrepreneur meurt ou devient, sans sa V. Mort de l'entre-
preneur.
faute, incapable de terminer l'ouvrage, le contrat prend
fin s'il a été conclu en considération des aptitudes per-
sonnelles de l'entrepreneur.
Le maître est tenu d'accepter la partie de l'ouvrage
qui est exécutée, si elle peut lui être utile, et d'en payer
le prix à proportion.

Titre trente-neuvième.
Du contrat d'édition.
1428 (372).
Le contrat d'édition est un contrat par lequel l'au- Définitiou.
teur d'une œuvre littéraire ou artistique ou ses ayants
cause s'engagent à la remettre à un éditeur, qui, de son
côté, s'oblige à la reproduire en un nombre plus ou moins
considérable d'exemplaires et à la répandre dans le public.
176

1429 (373).
B. Effets du contrat A défaut de stipulations particulières, le contrat
1. Trinsfnrt du
droit d'auteur. transfère à l'éditeur l'exercice du droit d'auteur en tant
et aussi longtemps que l'exécution de la convention
l'exige.
1430 (374).
U. Oarautie. Celui qui cède l'œuvre à publier doit avoir au mo-
ment du contrat le droit d'en disposer dans ce but ; il
est tenu à garantie de ce chef.
Si tout ou partie de l'œuvre a déjà été cédée à
un autre éditeur, ou si elle a été publiée au su du cé-
,dant, ce dernier doit le déclarer avant de conclure le
contrat.
1431 (375).
111. Droit de dispo-
sition de l'édi-
Tant que les éditions que 'éditeur a le droit de
teur.!
1. Prohibitions.
faire ne sont pas épuisées, l'auteur et ses ayants cause
ne peuvent disposer à son préjudice ni de l'œuvre entière,
ni d'aucune de ses parties.

1432 (376).
a. Hestrictions. Les articles de journaux et les articles isolés de
peu d'étendue insérés dans une revue peuvent toujours
être reproduits ailleurs par l'auteur ou ses ayants cause.
Les travaux faisant partie d'une œuvre collective
ou les articles de revue d'une certaine étendue ne
peuvent être reproduits par l'auteur ou ses ayants cause
avant l'expiration d'un délai de trois mois à partir
du moment où la publication en a été achevée.
1433 (377).
IV. Chiffre des édi- Si le contrat ne précise pas le nombre des éditions
tions.
à faire, l'éditeur n'a le droit d'en publier qu'une seule.
177

A défaut de convention, l'éditeur est libre, pour


«haque édition, de fixer le chiffre des exemplaires.
Il est tenu, si l'auteur l'exige, d'en faire imprimer
au moins un nombre suffisant pour donner à l'ouvrage
une publicité convenable ; une fois le premier tirage ter-
miné, il ne peut en faire de nouveaux.

1434 (378).
L'éditeur est tenu de reproduire l'œuvre sous une V. Reproduction et
Tente.
forme convenable, sans aucune abréviation, addition ou
modification qui n'ait été acceptée par l'autre partie; il
doit faire également les annonces nécessaires et pren-
dre les mesures habituelles pour assurer la vente.
C'est lui qui fixe les prix, sans toutefois pouvoir
les élever de façon à entraver l'écoulement de l'ouvrage.

1435 (379).
Tant que ses facultés le lui permettent, l'auteur Vi. Améliorations et
rectifications.
conserve le droit d'apporter à son œuvre les corrections 1. Droits de l'au-
teur.
et améliorations qu'il juge nécessaires ; s'il impose par
là des frais imprévus à l'éditeur, il lui en doit la
récompense.
Ce droit est personnel à l'auteur ; il ne passe pas
à ses héritiers.

1436 (379).
L'éditeur ne peut faire une nouvelle édition ou un 2. Droits de
nouveau tirage sans avoir mis, au préalable, l'auteur en l'éditeur.
mesure de procéder aux améliorations nécessaires.
Il conserve, au surplus, la faculté de s'opposer aux
changements qui porteraient atteinte à ses intérêts com-
merciaux ou à son honneur, ou qui augmenteraient sa
responsabilité.
Feuille fédérale suisse. Année LV1I. Vol. IL 12
178

1437 (380).

VII. Nouvelles Mi- Si la convention donne à l'éditeur le droit de faire


tions. plusieurs éditions ou toutes les éditions d'un ouvrage,
et qu'il néglige de préparer une édition nouvelle après
que la dernière est épuisée, l'auteur ou ses ayants cause
peuvent lui faire fixer par le juge un délai pour la
publication d'une nouvelle édition ; faute par l'éditeur
de s'exécuter dans ce délai, il est déchu de son droit.

1438 (381).
VIII. Editions d'en- L'éditeur qui aurait acquis le droit de publier sépa-
semble et publi-
cations séparées. rément différentes œuvres du même auteur n'a point,
pour autant, celui d'en faire une publication d'ensemble.
De même le droit d'éditer les œuvres complètes d'un
auteur, ou toute une catégorie de ses œuvres, n'implique
pas pour l'éditeur celui de publier séparément les divers
ouvrages qui y figurent.

1439 (382).

IX. Droit de traduc- Sauf convention contraire avec l'éditeur, le droit


tion. de traduction demeure exclusivement réservé à l'auteur
ou à ses ayants cause.

1440 (383, 384).

X. Honoraires de Celui qui donne une œuvre à éditer est réputé,


l'auteur.
1. Leur montant. même à défaut de stipulation expresse, avoir droit à
des honoraires lorsque les circonstances ne permettent
pas de supposer qu'il entendait renoncer à toute rému-
nération.
Le chiffre des honoraires est fixé par le juge, sur
l'avis d'experts.
Si l'éditeur a le droit de faire plusieurs éditions,
179

les stipulations relatives aux honoraires et, en général,


les diverses conditions fixées pour la première édition
sont présumées s'appliquer à chacune des suivantes.

1441 (385, 386).


Les honoraires sont exigibles dès que l'œuvre entière 2. Exigibilité et
décompte.
ou, si elle paraît par parties détachées (volumes, fasci-
cules, feuilles), dès que chaque partie est imprimée et
prête pour la vente.
1442.
Sauf convention contraire, l'auteur ou ses ayants 8. Exemplaires
gratuits.
cause ont droit au nombre d'exemplaires gratuits fixé
par l'usage.
Lorsque les contractants conviennent de faire dé-
pendre les honoraires en tout ou en partie du résultat
de la vente, l'éditeur est tenu d'établir selon l'usage
son compte de vente et d'en fournir la justification.

1443 (387).
Lorsque l'œuvre, après avoir été livrée à l'éditeur, C. Fin du contrat.
I. Perte de i 'œuvre
périt par cas fortuit, l'éditeur n'en est pas moins tenu
du paiement des honoraires.
Si l'auteur possède un second exemplaire de l'œuvre
qui a péri, il doit le mettre à la disposition de l'éditeur,
et s'il lui est facile de la refaire, il y est tenu, moyen-
nant une juste indemnité dans les deux cas.

1444 (388).
Si, antérieurement à la mise en vente, l'édition II. Perte de l'édi-
tion.
déjà préparée par l'éditeur périt en tout ou en partie
par cas fortuit, l'éditeur a le droit de faire rétablir à
ses frais les exemplaires détruits, sans que l'auteur
180

ou ses ayants cause puissent prétendre à de nouveaux


honoraires.
1445 (389).
III. Mort de l'auteur
et autres ob-
Le contrat s'éteint par le fait qu'avant l'achèvement
stacles à l'achè-
vement de l'œu- de l'œuvre l'auteur décède, devient incapable ou se
vre. trouve sans sa faute dans l'impossibilité de la terminer.
Exceptionnellement, si le maintien intégral ou par-
tiel du contrat paraît possible et équitable, le juge
a la faculté de l'ordonner et de prescrire les mesures
nécessaires.
1446 (390).
IV. Faillite de l'édi- En cas de faillite de l'éditeur, l'auteur ou ses ayants
teur.
cause peuvent remettre l'œuvre à un autre éditeur, à
moins qu'ils ne reçoivent des garanties pour l'accom-
plissement des obligations non encore exigibles du failli.

1447 (391).
D. Commande d'une Lorsqu'un ou plusieurs auteurs s'engagent à com-
œuvre par l'édi-
teur. poser un ouvrage d'après un plan que leur fournit l'édi-
teur, il ne peuvent prétendre qu'aux honoraires con-
venus.
L'éditeur jouit, dans ce cas, d'un droit de publication
illimité.

Titre quarantième.
Du mandat.
Chapitre premier.
Du mandat proprement dit.
1448 (392).
A. Définition. Le mandat est un contrat par lequel le mandataire,
qui l'accepte, s'oblige à gérer selon la volonté du man-
dant l'affaire dont il s'est chargé.
181

II n'est dû de rémunération (provision, honoraires)


au mandataire que si la convention ou l'usage lui en
assure une.
1449 (393).
A moins d'un refus immédiat, le mandat est réputé B. Formation du con-
trat.
accepté lorsqu'il se rapporte à des affaires pour la
gestion desquelles le mandataire a une qualité officielle,
ou qui rentrent dans l'exercice de sa profession, ou pour
lesquelles il a publiquement offert ses services.

1450 (394).
Faute de stipulation expresse, l'étendue du mandat C. Effets.
I. Etendue du man-
est déterminée par la nature de l'affaire à laquelle il se dat.
rapporte.
Le mandataire ne peut, sans un pouvoir spécial,
intenter un procès, transiger, compromettre, souscrire
des engagements de change, aliéner ou grever des im-
meubles, ni faire des donations.
La question de savoir s'il a besoin d'un pouvoir spé-
cial pour faire, dans le cours d'une instance, certains
actes ou certaines déclarations au nom du mandant,
se résout d'après les lois de la procédure fédérale ou
cantonale.
145l' (395).
Le mandataire qui a reçu des instructions précises II. Obligations du
mandataire.
ne peut s'en écarter qu'autant que les circonstances ne 1. Exécution con-
forme au con-
lui permettent pas de se faire autoriser par le mandant trat.
et qu'il y a lieu d'admettre que celui-ci l'aurait autorisé
s'il avait été au courant de la situation.
Lorsque, en dehors de ces cas, le mandataire s'ac-
quitte du mandat à des conditions plus défavorables que
celles qui lui étaient prescrites, le mandat n'est réputé
182

accompli que si le mandataire prend le préjudice à sa


charge.
1452 (396).
2. Responsalàlitù Le mandataire est responsable envers le mandant
en cas défauts.
o.En général. de la bonne et fidèle exécution de son mandat.
Il est tenu de l'exécuter personnellement, à moins
qu'il ne soit autorisé à le transférer à un tiers, qu'il
n'y soit contraint par les circonstances ou que l'usage
ne permette la substitution.

1453 (397).
b. En cas de Le mandataire répond, comme s'ils étaient siens,
substitution
des pouvoirs. des actes de celui qu'il s'est indûment substitué.
S'il avait reçu le pouvoir de se substituer quelqu'un,
il ne répond que du soin avec lequel • il a choisi le sous-
mandataire et formulé ses instructions.
Dans les deux cas, le mandant peut faire valoir
directement contre la personne que le mandataire s'est
substituée les droits que ce dernier a contre elle.

1454 (398).
Le mandataire est tenu, sur la demande du man-
8. Reddition de
compte. dant, de lui rendre en tout temps compte de sa gestion
et de lui faire raison de tout ce qu'il a reçu en vertu
de ladite gestion à quelque titre que ce soit.
Il doit l'intérêt des sommes pour le versement des-
quelles il est en retard.

1455 (399).
4. Transfert des Lorsque le mandataire acquiert en son propre nom,
droits acquis
par le manda-
taire.
pour le compte du mandant, des créances contre des
tiers, ces créances deviennent la propriété du mandant
183

dès qu'il a satisfait, de son côté, à ses diverses obli-


gations envers le mandataire.
Il peut faire valoir le même droit contre la masse,
si le mandataire tombe en faillite.
Le mandant a également le droit de revendiquer,
dans la faillite du mandataire, les objets mobiliers ac-
quis par ce dernier en son propre nom, mais pour le
compte du mandant ; sauf à la masse à exercer le
droit de rétention compétant éventuellement au man-
dataire.
1456 (400).
Le mandant doit rembourser au mandataire, en III. Obligations (lu
mandant.
principal et intérêts, les avances et frais que celui-ci a
faits pour l'exécution du mandat, et le libérer des obli-
gations par lui contractées.
Il doit aussi l'indemniser du dommage causé par
l'exécution du mandat, s'il ne prouve que ce dommage
est survenu sans sa faute.

1457 (401).
Lorsque le mandataire a été constitué par plusieurs IV. Responsabilité en
cas de mandat
personnes conjointement, elles sont tenues solidairement constitué oii ac-
cepté conjointe-
envers lui. ment.
Lorsque plusieurs personnes ont accepté de s'ac-
quitter conjointement d'un mandat, elles sont tenues so-
lidairement de l'exécuter, et les actes faits par elles
conjointement peuvent seuls obliger le mandant, à moins
qu'elles ne soient autorisées à transférer leur mandat
à un tiers (1452, 145S).

1458 (402).
Le mandat peut en tout temps être révoqué ou D. JTin du contrat.
I. Ré vocation et ré-
répudié. pudiation.
84

Toutefois, celle des parties qui renonce à contre-


emps au mandat doit indemniser l'autre du dommage
[u'elle lui cause.

J459 (403).

II. Mort, incapacité, Le mandat finit par la mort, l'incapacité ou la fail-


faillite.
ite soit du mandant, soit du mandataire, à moins que
e contraire n'ait été convenu ou ne résulte de la nature
ïe l'affaire.
Si cependant l'extinction du mandat met en péril
.es intérêts du mandant, le mandataire, ses héritiers ou
son représentant sont tenus de continuer la gestion de
l'affaire jusqu'à ce que le mandant, ses héritiers ou son
représentant soient en mesure d'y pourvoir eux-mêmes.

1460 (404).

III. Effets de l'ex-


tinction du man-
En ce qui concerne les opérations que le manda-
dat. taire a faites avant d'avoir connaissance de l'extinction
du mandat, le mandant ou ses héritiers en sont tenus
comme si le mandat eût encore existé.

1461 (405).

IV. Reserve concer-


nant les cour-
Celui qui s'engage à s'entremettre en vue de la
tiers, etc. conclusion d'un contrat, sans être au service de l'une
ou de l'autre des parties, est soumis aux dispositions
du présent chapitre.
Il n'est pas dérogé aux règles spéciales des législa-
tions cantonales sur les agents de change, courtiers ou.
autres personnes qui, par profession, servent d'intermé-
diaires dans les affaires.
185

Chapitre II.

De l'assignation.

1462 (406).
L'assignation est un contrat par lequel l'assignant A. Définition.
charge l'assigné de remettre à l'assignataire une somme
d'argent, des papiers-valeurs ou d'autres choses fon-
gibles, que celui-ci a mandat de percevoir en son pro-
pre nom.
1463 (407, 408).
Lorsque l'assignation a pour objet d'éteindre une dette B. Effets du contrat.
I. Assignation afin
contractée par l'assignant envers l'assignataire, cette dette de paiement.
n'est éteinte que par le paiement effectué par l'assigné.
Néanmoins, le créancier qui a accepté l'assignation
ne peut faire de nouveau valoir sa créance que si, ayant
demandé le paiement à l'assigné, il n'a pu l'obtenir à
l'expiration du terme fixé dans l'assignation.
Le créancier qui reçoit de son débiteur une assigna-
tion doit, s'il ne veut pas l'accepter, en prévenir celui-
ci sans délai, sous peine de dommages-intérêts.

1464 (409).
L'assigné qui a notifié son acceptation à l'assigna- II. Obligations de
l'assigne.
taire sans formuler aucune réserve, est tenu de le payer. 1. Du chef do
l'acceptation.
Il ne peut lui opposer que les exceptions résultant
de leurs rapports personnels ou du contenu de l'assigna-
tion, à l'exclusion de celles qui dérivent de ses rapports
avec l'assignant.
1465 (410),
Si l'assigné est débiteur de l'assignant, il est tenu a. En eas de dé-
légation.
de payer l'assignataire, jusqu'à concurrence du montant
186

de sa dette et en tant que sa situation ne s'en trouve


pas empireo.
Toutefois, même dans ce cas, il n'est pas obligé de
déclarer son acceptation antérieurement au paiement si le
contraire n'a pas été convenu entre lui et l'assignant.

1466 (411).
III. Avis U défaut fle Si l'assigné refuse le paiement que lui demande
paiement.
l'assignataire ou s'il déclare d'avance qu'il ne le paiera
pas, ce dernier doit en aviser sur-le-champ l'assignant,
sous peine de dommages-intérêts.

1467 (412).
C. Révocation. L'assignant peut révoquer l'assignation à l'égard
de l'assignataire toutes les fois qu'il ne l'a pas délivrée
dans l'intérêt de ce dernier et, notamment, pour s'ac-
quitter d'une dette envers lui.
Il peut la révoquer à l'égard de l'assigné tant
que celui-ci n'a pas notifié son acceptation à l'assi-
gnataire.
La faillite de l'assignant emporte révocation de l'as-
signation qui n'est pas encore acceptée.

1468 (413).
I). Assignation au por- L'assignation qui a été libellée au porteur est régie
teur et papiers-
ftlexirs. par les dispositions du présent chapitre ; tout porteur
ayant à l'égard de l'assigné la qualité d'assignataire, et
les droits qui naissent entre l'assignant et l'assignataire
ne s'établissant qu'entre chaque cédant et son cession-
naire.
Demeurent réservées les dispositions spéciales con-
cernant les assignations analogues aux effets de change
(1692 et suiv.) et le chèque (1709 et suiv.).
187

Chapitre III.

De la lettre et de l'ordre de crédit.

1469 (415).
Est soumise aux règles concernant l'assignation la A. Lettre de crédit.
I. Définition.Droit
lettre de crédit, par laquelle le destinataire est chargé, complémentaire.
avec ou sans fixation d'un maximum, de remettre à
une personne déterminée les valeurs dont celle-ci fera la
demande.
1470 (416).
Si aucun maximum n'est fixé et que le crédité fasse II. Obligations du
destinataire.
des demandes exagérées, en disproportion évidente avec
la position des intéressés, le destinataire doit prévenir
son correspondant et, jusqu'à ce qu'il en ait reçu des
instructions, surseoir au paiement.

1471 (417).
L'assignation contenue dans une lettre de crédit III. Acceptation.
n'est censée acceptée que si l'acceptation énonce une
somme déterminée.

1472 (418).
Lorsqu'une personne a reçu et accepté l'ordre B. Ordro°dc crédit.
1. Définition ; res-
d'ouvrir ou de renouveler, en son propre nom et pour ponsabilité com-
me en matière de
son propre compte, un crédit à un tiers sous la res- cautionnement.
ponsabilité du mandant, celui-ci répond de lajdette du
crédité, à l'égal d'une caution, en tant que le manda-
taire ou créditeur n'a pas outrepassé son mandat.
Toutefois le mandant n'encourt. cette responsabilité
que si l'ordre a été donné par écrit.
188

1473 (419).
11. Exception fon- Le mandant ne peut exciper contre le créditeur
dée sur l'incapa-
cité de s'obliger du fait que le crédité est personnellement incapable de
an crédité.
s'obliger.
1474 (420).
III. Délais accordés Le mandant cesse d'être responsable de la dette
arbitrairement.
lorsque le créditeur a accordé de son chef des délais
au crédité, ou négligé de procéder contre lui aux termes
des instructions qu'il avait reçues du mandant.

1475 (421).
IV. Rapports juridi- Les rapports juridiques entre le mandant et le cré-
ques entre man-
dant et crédité dité sont régis par les dispositions relatives à ceux qui
existent entre la caution et le débiteur principal.

Titre quarante et unième.


Des fondés de procuration, des représentants ou
mandataires commerciaux et des voyageurs
de commerce.
1476 (422).
A. Fondé de procura- Le fondé de procuration est la personne qui a reçu,
tion.
I. Béfinition ; cons- du chef d'une maison de commerce, d'une fabrique ou
titution des pou-
voirs. de tout autre établissement exploité en la forme com-
merciale, l'autorisation expresse ou tacite de gérer ses
affaires et de signer par procuration en se servant de
la signature de la maison.
Le chef de la maison doit pourvoir à l'inscription
de la procuration au registre du commerce ; mais il est
lié, dès avant l'inscription, par les actes de son repré-
sentant.
189

Lorsqu'il s'agit d'autres espèces d'établissements ou


d'affaires, le fondé de procuration ne peut être constitué
que par inscription au registre du commerce.

1477 (423).
Le fondé de procuration est réputé, à l'égard des II. Etendue de la
procuration.
tiers de bonne foi, avoir la faculté de souscrire des en-
gagements de change pour le chef de la maison et de
faire au nom de celui-ci tous les actes que peut com-
porter le but du commerce ou de l'entreprise.
Le fondé de procuration ne peut aliéner ou grever
des immeubles, s'il n'en a reçu le pouvoir exprès.
Nulle autre restriction de ses pouvoirs n'est oppo-
sable aux tiers de bonne foi.

1478 (424).
lia procuration peut être donnée à plusieurs per- III. Procuration col-
lective.
sonnes à la fois, sous condition qu'elles signent conjoin-
tement (procuration collective).
Dans ce cas, là signature de chacune d'elles ne
vaut qu'autant qu'elle est accompagnée de celle des
autres.
1479 (425).
Ea révocation de la procuration doit être inscrite IV. Révocation.
au registre du commerce, encore qu'il n'y ait point eu
d'inscription quand la procuration a été conférée.
Tant qu'elle n'a pas été inscrite et publiée, la révo-
cation n'est pas opposable aux tiers de bonne foi.

1480 (426).
lie représentant ou mandataire commercial est la B. Autres mandatai-
res généraux.
personne qui, sans avoir la qualité de fondé de procu-
190

ratioD, est chargée de représenter le chef d'une maison de


commerce, d'une fabrique ou de tout autre établissement
exploité en la forme commerciale, soit pour toutes les
affaires formant l'objet de son commerce ou de son en-
treprise, soit pour certaines opérations spécialement
déterminées ; ses pouvoirs s'étendent à tous les actes
que comportent habituellement ce commerce, cette entre-
prise ou ces opérations.
Toutefois le mandataire commercial ne peut sous-
crire des engagements de change, contracter des em-
prunts ni soutenir un procès qu'en vertu d'une autori-
sation expresse.
1481 (429).
C. Voyageurs de com- Tout voyageur de commerce qui fait pour un éta-
merce.
blissement déterminé des affaires en dehors du lieu ou
il a son siège, est réputé avoir les pouvoirs nécessaires
pour toucher le prix des ventes conclues par lui au nom
du chef de l'établissement, pour en donner quittance ou
pour accorder des délais au débiteur.
Kes restrictions apportées à, ces pouvoirs ne sont
pas opposables aux tiers qui n'en ont pas connais-
sance.
1482 (427).
i). Prohibition de faire Ile fondé de procuration et le mandataire com-
concurrence.
mercial qui a la direction de toute la maison ou qui.
est au service du chef de l'entreprise ne peuvent, sans
l'autorisation de celui-ci, faire pour leur compte per-
sonnel ni pour le compte d'un tiers des opérations
rentrant dans le genre d'affaires de la maison.
S'ils contreviennent à cette disposition, le chef a
contre eux une action en dommages-intérêts et il peut
prendre à son compte les opérations ainsi faites.
191

1483 (428).
La procuration et le mandat commercial sont révo- E. Fin de la procura-
tion et des antres
cables en tout temps, sans préjudice des droits qui peu- mandats commer-
ciaux.
vent résulter du louage de services, du contrat de so-
ciété, du mandat ou des autres relations juridiques
existant entre parties.
La mort du chef de la maison n'entraîne l'extinc-
tion ni de la procuration, ni du mandat commercial.

Titre quarante-deuxième.

Du contrat de commission.
1484 (430, 431).
Le commissionnaire est celui qui se charge d'opérer, A. Définition. —Droit
complémentaire.
sous son propre nom, mais pour le compte du com-
mettant, la vente ou l'achat de choses mobilières
ou de papiers-valeurs, moyennant un droit de commission
ou provision.
Les règles du mandat sont applicables au contrat
de commission, sauf les dérogations résultant du présent
titre.
1485 (432).
Le commissionnaire doit, autant que cela est néces- B. Effets du contrat.
I. Obligations du
saire, tenir le commettant au courant de ses actes et, commission-
naire.
notamment, l'informer sans délai de l'exécution de la 1. Avis obliga-
toire et assu-
commission. rance.

Il n'a l'obligation d'assurer les marchandises ou


titres en commission que si le commettant lui en a
donné l'ordre.
192

1486 (433).

2. Soins'à donner Si la marchandise expédiée en commission pour être


aux marchan- vendue se trouve dans un état visiblement défec-
dises en com-
mission. tueux, le commissionnaire doit veiller au maintien des
a. Avis des
avaries droits de recours contre le voiturier, faire constater les
constatées,
etc. avaries, assurer de son mieux la conservation de la
chose et avertir sans retard le commettant.
Sinon, il répond du préjudice causé par sa négli-
gence.
1487 (434).
S.Vente néces- Lorsqu'il est à craindre que la marchandise expé-
saire.
diée en commission pour être vendue ne se détériore
promptement, le commissionnaire a le droit et même,
si l'intérêt du commettant l'exige, l'obligation de la
faire vendre avec l'assistance de l'autorité compétente
du lieu où elle se trouve.

1488 (435).
3. Obligation de
se conformer
Ee commissionnaire qui a vendu au-dessous du
aux ordres du
commettant.
prix minimal fixé par le commettant est tenu envers
a. Vente au-
dessous du
lui de la différence, s'il ne prouve pas .qu'en vendant
prix. il a préservé le commettant d'un dommage et que les
circonstances ne lui ont plus permis de prendre ses
ordres.
S'il est en faute, il doit réparer en outre tout le
dommage résultant de l'inobservation du contrat.

1489 (436).
b. Achat ou
vente à des
Ee commissionnaire qui achète à plus bas prix ou
conditions
plus avanta-
qui vend plus cher que ne le portaient les ordres du
geuses. commettant ne peut bénéficier de la différence, mais
doit en tenir compte à ce dernier.
193

1490 (437).
Ee commissionnaire agit à ses risques et périls s'il 4. Avances de
fonds et crë
fait crédit ou s'il avance des fonds à un tiers sans le dits.
consentement du commettant.
A moins d'instructions contraires du commettant,
le commissionnaire peut toutefois vendre à crédit si tel
est l'usage du commerce dans le lieu de la vente.

1491 (438).

Sauf le cas dans lequel le commissionnaire fait 5. Ducroire.


crédit sans en avoir le droit, il ne répond du paiement
ou de l'exécution des autres obligations incombant à
ceux avec lesquels il a traité que s'il s'en est porté
garant ou si tel est l'usage du commerce dans le lieu
où il est établi.
Le commissionnaire qui se porte garant de celui
avec lequel il traite a droit à une commission spéciale
(ducroire).
1492 (439).
Ee commissionnaire a droit au remboursement, avec 11. Droits du com-
missionnaire.
intérêts, de tous les frais, avances et débours faits en 1. Rembourse-
ment des
vue de l'opération dont il a été chargé. avances et
frais.
Il peut aussi porter en compte une indemnité pour
le magasinage et les moyens de transport, mais non le
salaire de ses employés.

1493 (440).
Ea provision est due au commissionnaire, lorsque 2. Provision.
a. Droit de la
l'opération dont il était chargé a reçu son exécution ou réclamer.
n'a pas été exécutée pour une cause imputable au com-
mettant.
Quant aux affaires qui n'ont ipu être faites pour
Feuille fédérale suisse. Année L VIL Vol. II. 13
194

d'autres causes, le commissionnaire n'a droit qu'a


une indemnité pour ses démarches, selon l'usage de la
place.
1491 (441).
6. Déchéance. Le commissionnaire perd tout droit à la provision
s'il s'est rendu coupable d'actes de mauvaise foi envers
le commettant, notamment s'il a porté en compte un
prix supérieur à celui de l'achat ou inférieur à celui de
la vente.
En outre, dans ces deux derniers cas, le commettant
a le droit de tenir le commissionnaire lui-même pour
acheteur ou vendeur.

1495 (442).
:!. Droit de ré- Le commissionnaire a un droit de rétention sur les
tention et
transfert (les marchandises ou titres en commission, ou sur le prix
créances.
qui a été réalisé.
Les règles du mandat (1455) sont applicables aux
créances acquises pour le compte du commettant.

1496 (443).
•J Demeure du
commettant «t
Si les marchandises ou titres n'ont pu se vendre
mesures con-
servatoires.
ou si l'ordre de i vente a été révoqué par le commettant,
et que celui-ci tarde outre mesure à reprendre ces choses
ou à en disposer, le commissionnaire peut en poursuivre
la vente aux enchères devant l'autorité compétente du
lieu où elles se trouvent.
Lorsque le commettant n'est ni présent ni repré-
senté sur la place, la vente peut être ordonnée sans
qu'il ait été entendu.
Mais un avis officiel doit lui être adressé préala-
blement, à moins qu'il ne s'agisse de choses exposées
à une prompte dépréciation.
195

1497 (444).
Le commissionnaire chargé d'acheter ou de vendre 5. Commission-
naire se por-
des marchandises, des effets de change ou d'autres pa- tant person-
nellement
piers-valeurs dont le prix est coté à la bourse ou sur le acheteur ou
vendeur.
marché, peut, à moins d'ordres contraires du commet- a.Elëments et
effets (lu con-
tant, livrer lui-même comme vendeur la chose qu'il devait trat.
acheter, ou conserver comme acheteur celle qu'il devait
vendre.
En pareil cas, le commissionnaire doit compte du
prix d'après la cote de la bourse ou du marché au temps
de l'exécution du mandat.

-1498 (445).
Si le commissionnaire use de la faculté qui lui est l>. Contrat par-
ticipant de
accordée par l'article précédent, il a droit à la provi- la commis-
sion et de la
sion ordinaire et peut porter en compte les frais d'usage vente.
en matière de commission.
Pour le surplus, l'opération est assimilée à une
vente.
1499 (446).
Lorsque le commissionnaire peut se porter person- c. Acceptation
du commis-
nellement acheteur ou vendeur (1498) et qu'il annonce au sionnaire
comme ache-
commettant l'exécution du mandat sans lui désigner une teur ou ven-
deur.
autre personne comme acheteur ou vendeur, il est censé
avoir lui-même assumé les obligations qui incomberaient
à l'un ou à l'autre.

1500 (447).
Ee commissionnaire n'est plus admis à se porter ä. Révocation
du mandat.
personnellement acheteur ou vendeur, si le commettant
a révoqué son ordre et que la révocation soit parvenue
chez le commissionnaire avant qu'il ait expédié l'avis
de l'exécution du mandat.
196

1501 (448).
C Du commissionnai- lie commissionnaire-expéditeur ou agent de trans-
re-expéditeur.
port qui, moyennant salaire et en son propre nom, se
charge d'expédier ou de réexpédier des marchandises
pour le compte de son commettant est considéré comme
voiturier et soumis, comme tel, aux dispositions du titre
quarante-troisième.

Titre quarante-troisième.
Du contrat de transport.
1502 (449, 450).
A. Définition. —Droit Le voiturier est celui qui se charge d'effectuer le
compierne!! taire.
transport des choses moyennant salaire.
Le contrat de transport est régi par les règles
du mandat, sauf les dérogations résultant du présent
titre.
1503 (451).
B. Effets dn contrat.
1. Obligations de
L'expéditeur doit indiquer exactement au voiturier
l'expéditeur.
l.Iudicationsné-
l'adresse du destinataire et le lieu de la livraison, le
•cessaires. nombre, le mode d'emballage, le poids et le contenu des
colis, le délai de livraison et la voie à suivre pour le
transport, ainsi que la valeur des objets de prix.
Le dommage qui résulte de l'absence ou de l'inexac-
titude de ces indications est à la charge de l'expé-
diteur.
1504 (452).
2. Emballage. L'expéditeur doit veiller à ce que la marchandise
soit convenablement emballée.
Il répond des avaries provenant de défauts d'em-
ballage non apparents.
197

Ee voiturier, de son côté, est responsable des ava-


ries provenant de défauts d'emballage apparents, s'il a
accepté la marchandise sans réserves.

1505 (453).
L'expéditeur a le droit de retirer la marchandise 3. Droit de dis-
poser des ob-
tant qu'elle est entre les mains du voiturier, en indem- jets expédiés.
nisant celui-ci de ses débours et du préjudice qu'il établit
avoir subi par suite de ce retrait ; toutefois, ce droit ne
peut être exercé :
1° lorsqu'une lettre de voiture a été créée par l'ex-
péditeur et remise au destinataire par le voi-
turier ;
2° lorsque l'expéditeur s'est fait délivrer un récépissé
par le voiturier et qu'il ne peut pas le restituer ;
3° lorsque le voiturier a expédié au destinataire un
avis écrit de l'arrivée de la marchandise, afin qu'il
ait à la retirer ;
4° lorsque le destinataire, après l'arrivée de la mar-
chandise dans le lieu de destination, en a demandé
la livraison.
Dans ces cas, le voiturier doit se conformer uni-
quement aux instructions du destinataire ; dans l'espèce
prévue sous chiffre 2, il ne doit le faire, avant l'arrivée
de la marchandise dans le lieu de destination, que si le
récépissé a été remis au destinataire.

1506 (454).
Lorsque la marchandise est refusée, ou que les frais II. Obligations du
voitiirier.
et autres réclamations dont elle est grevée ne sont pas t. Soins à donner
aux marchan-
payés, ou lorsque le destinataire ne peut être découvert, dises.
a. Cas d'empê-
le voiturier doit aviser l'expéditeur et garder provisoi- chement de
livrer.
198

rement la marchandise en dépôt ou la déposer chez un


tiers, aux frais et risques de l'expéditeur.
Si l'expéditeur ou le destinataire ne dispose pas de la
marchandise dans un délai convenable, le voiturier, à
l'égal d'un commissionnaire (1496), peut la faire vendre,
pour le compte de qui de droit, avec l'assistance de l'au-
torité compétente du lieu où elle se trouve.

1507 (455).
S. Vente néces- Si la marchandise est exposée à une prompte dété-
saire.
rioration ou si sa valeur présumée ne couvre pas les
frais dont elle est grevée, le voiturier doit sans délai
faire constater officiellement ces circonstances; il peut
ensuite faire vendre la marchandise ainsi qu'il est dit
à l'article précédent.
Les intéressés seront, autant que possible, infor-
més de l'ordre de vente.

1508 (456).
c. Garantie. Le voiturier, en exerçant les droits qui lui compétent
sur la marchandise à transporter (1506,1507), doit veiller
de son mieux aux intérêts présumés du propriétaire; en
cas de négligence constatée, il est passible de dommages-
intérêts.
1509 (457).
2. Responsabilité
du voiturier.
Si la marchandise périt ou se perd, le voiturier en
a. Perte de la
marchan-
doit la valeur intégrale, à moins qu'il ne prouve que
dise. la [perte ou la destruction résulte soit de la nature
même de l'objet transporté, soit d'un événement de force
majeure, soit d'une faute imputable à l'expéditeur ou
au destinataire, soit des instructions données par l'un
ou par l'autre.
199

Est considéré comme une faute de l'expéditeur le


fait qu'il a négligé d'informer le voiturier de la valeur
particulièrement élevée de la marchandise à transporter.
Demeurent réservées toutes conventions fixant des
dommages-intérêts supérieurs ou inférieurs à la valeur
intégrale de la marchandise.

1510 (458).
Le voiturier est responsable, comme en cas de perte (i. Retarci, »va-
ries, des-
(1509), de tout dommage résultant de la livraison tar- truction
partielle.
dive, de l'avarie, ou de la destruction partielle de la
marchandise.
A moins de convention spéciale, l'indemnité ne
peut excéder celle qui serait accordée en cas de perte
totale.
1511 (459).
Le voiturier répond de tous accidents survenus et c.Kcsponsabi-
Jité pour lea
de toutes fautes commises pendant le transport, soit intermédi-
aires.
qu'il l'ait effectué lui-même jusqu'à destination, soit qu'il
en ait chargé un autre voiturier ; sous réserve, dans ce
dernier cas, de son recours contre celui auquel il a remis
la marchandise.
1512 (460).
Aussitôt après l'arrivée de la marchandise, le voi- a. Avis obliga-
toire
turier doit aviser le destinataire.

1513 (461).
Lorsque le destinataire conteste les réclamations dont 4.Droit de réten-
tion.
la marchandise est grevée, la livraison ne peut lui être
refusée s'il consigne en justice le montant contesté.
La somme consignée prend la place de la marchan-
dise au point de vue du droit de rétention appartenant
au voiturier.
200

1514 (462).
5. Fin dejl'action L'acceptation sans réserves de la marchandise et le
en responsa-
bilité.
«.Déchéance
paiement du prix de transport éteignent toute action
par suite du contre le voiturier, sauf dans les cas de dol ou de
paiement
des frais et faute grave.
del'accepta-
tiondesmar-
chandise«. En outre, le voiturier reste tenu des avaries non
apparentes si le destinataire les constate dans le délai
où, d'après les circonstances, la vérification pouvait ou
devait se faire et s'il informe le voiturier aussitôt après
les avoir constatées.
Cet avis doit néanmoins être donné au plus tard
dans les huit jours qui suivent la livraison.

1515 (463).
6.Procédure Toutes les fois qu'il y a litige, l'autorité compétente
en cas de
contesta- du lieu où se trouve la marchandise peut, à la demande
tions.
de l'une des parties, en ordonner le dépôt en main
tierce ou, au besoin, la vente, après avoir, dans ce
dernier cas, fait constater l'état de la marchandise.
La vente peut être prévenue par le paiement ou la
consignation du montant de toutes les créances que l'on
prétend garanties par la marchandise.

1516 (464).
c. Prescrip- Les actions en dommages-intérêts contre le voitu-
tion.
rier se prescrivent par une année à compter, en cas
de destruction, de perte ou de retard, du jour où la
jivraison aurait dû avoir lieu, et, en cas d'avarie, du
lour où la marchandise a été livrée au destinataire.
Ee destinataire ou l'expéditeur peut toujours faire
valoir, par voie d'exception, ses droits contre le voitu-
rier, pourvu que la réclamation ait été formée dans
201

le délai d'un an et que l'action ne soit pas déjà éteinte


par suite de l'acceptation de marchandise (1514).
Demeurent réservés les cas de dol ou de faute grave
du voiturier.
1517 (465, 466).
Les entreprises de transport dont l'exploitation est C.Entreprisesdetrans-
port de l'Etat ou
subordonnée à l'autorisation de l'Etat, ne peuvent, par autorisées par ce
dernier.
des règlements ou par des conventions particulières,
s'affranchir d'avance, en tout ou en partie, de l'applica-
tion des dispositions légales sur la responsabilité des
voituriers.
Toutefois les parties peuvent convenir de déroger
à ces règles dans la mesure permise par le présent
titre.
Les transports par la poste, les chemins de fer et
les bateaux à vapeur sont soumis à des lois spéciales.

1518 (467).
lie voiturier ou le commissionnaire-expéditeur qui L>. Emploi du chemin
île fer i>onr letrans-
emploie un chemin de fer pour effectuer le transport port.
dont il s'est chargé, ou qui coopère à l'exécution d'un
transport entrepris par un chemin de fer, est soumis
aux dispositions spéciales qui régissent les transports
par chemins de fer.
Demeurent réservées toutes conventions contraires
entre le voiturier ou le commissionnaire-expéditeur et
le commettant.
Le présent article n'est pas applicable aux camion-
neurs.
1519 (468).
Le commissionnaire-expéditeur qui emploie le che- E. Responsabilité da
commissionnaire
min de fer pour effectuer un transport ne peut décli- en cas de perte de
son recours.
202

ner sa responsabilité pour défaut de recours co


chemin de fer, si c'est par sa propre faute que le i

1520 (469).
oits et obliga-
n du gérant, Celui qui,
1 1 sans mandat, , gère
o l'affaire d'à
Exécution ae tenu de la gérer conformément aux intérêts <
tentions probables du maître.

1521 (470).
Responsabilité. Le gérant répond de toute négligence.
Sa responsabilité doit toutefois être appr<
moins de rigueur quand il a géré l'affaire du m
prévenir un dommage dont ce dernier était n
S'il n ent repris la gestion contre la *7

lois, ni aux bonnes mœurs, il est tenu même d


fortuits, à moins qu'il ne prouve qu'ils seraient
survenus sans son immixtion.

1522 (471).
m. incapacité du Si le gérant était incapable de s'obliger p
gérant. , . . , , , ,, ^
trat, il n est responsable de sa gestion que jusqu
currence de ce qui a tourné à son profit ou du 1
dont il s'est dessaisi de mauvaise foi.
Demeure réservée la responsabilité plus éten
gérant qui s'est rendu coupable d'actes illicites.
203

1523 (472).
Lorsque l'intérêt du maître commandait que la ges- B. Droits et obliga-
tions du maître.
tion fût entreprise en toute bonne foi, le maître doit rem- 1. Gestion néces-
saire.
bourser au gérant, en principal et intérêts, toutes ses
dépenses utiles ou nécessaires justifiées par les circons-
tances, ainsi que le décharger dans la même mesure de
tous les engagements qu'il a pris et l'indemniser de
tout autre dommage dans la mesure fixée par le juge.
Cette disposition peut être invoquée par le gérant
qui a donné à sa gestion les soins voulus, encore que
l'avantage espéré ne se soit pas réalisé.
A l'égard des dépenses qu'il n'est pas admis à répé-
ter, le gérant a le droit d'enlèvement prévu en matière
de possession (977 et suiv.).
1524 (473).
Si l'affaire n'a pas été entreprise dans l'intérêt du II. Affaire sóroe
dans l'intérêt du
maître, celui-ci n'en a pas moins le droit de s'approprier gérant.
les avantages qui en découlent.
Mais il n'est tenu d'indemniser ou de donner dé-
charge au gérant que jusqu'à concurrence de ce qui a
tourné à son propre avantage.
1525 (474).
Si les actes du gérant ont été ratifiés par le maître, III. Approbation du
la gestion.
les règles du mandat deviennent applicables.

Titre quarante-cinquième.
Du dépôt.
1526 (475).
Le dépôt est un contrat par lequel le dépositaire A- ^}.d(Sl'6t eu *énC'~
s'oblige ° envers le déposant à recevoir une chose mobi- 1. Définition.
lière que celui-ci lui confie et à la garder en lieu sûr.
204

Le dépositaire ne peut exiger une rémunération que


s'il l'a expressément stipulée, ou si, eu égard aux cir-
constances, il pouvait s'attendre à en recevoir une.

1527 (477).
II. Obligations du Le déposant est tenu d'indemniser le dépositaire
déposant.
du dommage occasionné par le dépôt, s'il ne prouve que
ce dommage s'est produit sans aucune faute de sa
part.
Il doit également lui rembourser les dépenses que
l'exécution du contrat a rendues nécessaires.

1528 (476).
III. Obligations du
dépositaire.
Le dépositaire ne peut, sans la permission du dépo-
1. Défense de so
servir de la
sant, se servir de la chose déposée.
chose déposée.
S'il enfreint cette règle, il doit au déposant une
juste indemnité, et il répond, en outre, du cas fortuit,
à moins qu'il ne prouve que la chose eût été atteinte
de même s'il ne s'en était pas servi.

1529 (478).
a. Restitution. Ee déposant peut réclamer en tout temps la chose
«.Droits du dé-
posant. déposée, avec ses accroissements, encore qu'un terme
ait été fixé pour la durée du dépôt.
Il est néanmoins tenu de rembourser au déposi-
taire les frais faits par lui en considération du terme
convenu.
1530 (479).
6. Droits du dé-
positaire.
Le dépositaire ne peut rendre le dépôt avant le
terme fixé, à moins que des circonstances imprévues ne
le mettent hors d'état de le garder plus longtemps sans
danger pour la chose ou sans préjudice pour lui-même.
205

A défaut de terme fixé, il peut restituer en tout


temps.
1531 (480).
La restitution s'opère aux frais et risques du e. Lien de lu
restitution.
déposant, dans le lieu même où la chose a dû être
gardée.
1532 (481).
Lorsque plusieurs personnes ont reçu le dépôt con- 3. Kespousabili-
té eu cas de dé-
jointement, elles sont solidaires. pôt reçu con-
jointement.

1533 (482).
Si un tiers se prétend propriétaire de la chose dépo- 4. Droits de pro-
priété préten-
sée, le dépositaire n'en est pas moins tenu de la resti- dus par des
tiers.
tuer au déposant, tant qu'elle n'a pas été judiciairement
saisie ou que le tiers n'a pas introduit contre lui sa
demande en revendication.
En cas de saisie ou de revendication, il doit immé-
diatement avertir le déposant.

1534 (483).
liiorsque deux ou plusieurs personnes déposent entre IV. Séquestre.
les mains d'un tiers une chose litigieuse ou contentieuse,
en vue de garantir leurs droits, le dépositaire ou sé-
questre ne peut la restituer que du consentement de
toutes les parties, ou sur un ordre du juge.

1535 (484).
S'il a été convenu expressément ou tacitement que B. Dépôt irrégnlier.
1. Numéraire.
le dépositaire d'une somme d'argent serait tenu de res-
tituer, non les mêmes espèces, mais seulement la même
somme, il en a les profits et les risques.
206

Une convention tacite se présume, dans le sens du


présent article, lorsque la somme a été remise non scellée
et non close.
1536 (485).
II. Autres choses Si le dépôt consiste en d'autres choses fongibles
i'ongibles et pa-
piers-valeuvs. ou en papiers-valeurs, une semblable convention ne peut
se déduire des circonstances.
Le dépositaire n'a le droit de disposer de la chose
qu'autant qu'il y a été expressément autorisé par le
déposant.
1537.
0. Du contrat d'entre-
pôt.
L'entrepositaire qui offre publiquement de recevoir
I. Droit d'émettre
des papiers-va-
des marchandises en dépôt peut requérir de l'autorité
leurs. compétente le droit d'émettre des récépissés pour le
objets entreposés.
Ces récépissés sont des papiers-valeurs permettant
d'exiger la livraison des marchandises entreposées.
Ils peuvent consister en titres nominatifs, à ordre ou
au porteur.

1538.
JT. Obligation de L'entrepositaire est tenu, comme le serait un com-
garde de l'entre-
positaire. missionnaire (1486 et suiv.), de recevoir et de garder
les marchandises qui lui sont confiées.
Il avise le déposant lorsque des changements sur-
venus à la chose lui paraissent appeler d'autres me-
sures.
Il ne pourra jamais lui interdire de vérifier les mar-
chandises, de procéder à des essais pendant le temps
consacré aux affaires, ni de prendre les mesures conser-
vatoires indispensables.
207

1539.
L'entrepositaire n'a la faculté de procéder à un mé- III. Mélange de cho-
ses entreposées.
lange de choses fongibles avec d'autres de même espèce
et bonté, que si elle lui a été expressément accordée.
Tout déposant pourra réclamer, à titre de copro-
priétaire, sur des choses ainsi mélangées, une part pro-
portionnelle à sa contribution.
L'entrepositaire peut alors lui assigner sa part, sans
le concours des autres déposants.
1540.
L'entrepositaire a droit à la taxe d'entrepôt conve- IV. Droits del'entre-
posttaire.
nue ou usuelle, ainsi qu'au remboursement de toutes
les dépenses qui n'ont pas été causées par la garde
même des marchandises (frais de transport, de douane,
d'entretien).
Ces dépenses doivent être remboursées sans délai;
la taxe d'entrepôt est payable après l'expiration des
trois mois qui suivent le dépôt, et, dans tous les cas,
lors de la reprise totale ou partielle des marchandises.
Les créances de l'entrepositaire sont garanties par un
droit de rétention sur les marchandises, aussi longtemps
qu'il peut disposer de celles-ci directement ou au moyen
du titre qui les représente.

1543.
L'entrepositaire est tenu de restituer les marchan- V. Restitution de
marchandises.
dises comme dans le cas d'un dépôt ordinaire ; il doit néan-
moins les garder jusqu'à l'expiration du temps convenu,
même si un dépositaire était autorisé à en faire la restitu-
tion anticipée par suite d'événements imprévus (art. 1530).
Lorsqu'un titre représentatif des marchandises a été
émis, l'entrepositaire ne peut ni ne doit les rendre qu'au
créancier légitimé par ce titre.
208

1542 (486).
D. Dépôt d'hôtellerie. Les aubergistes ou hôteliers sont responsables de
I. Responsabilité
des hôteliers. toute détérioration, destruction ou soustraction des effets
1. Conditions et
étendue. apportés par les voyageurs qui logent chez eux, à moins
qu'ils ne prouvent que le dommage est imputable soit
au voyageur lui-même, soit à l'une des personnes qui
l'accompagnent ou qui sont à son service, ou qu'il résulte
d'un événement de force majeure ou de la nature même
de la chose déposée.
Cette responsabilité cesse, notamment, lorsque le
voyageur néglige de confier à la garde de l'hôtelier des
sommes d'argent ou des titres d'une valeur supérieure
à mille francs ou d'autres objets de grand prix.
Même dans ce cas, l'hôtelier est tenu tant de sa
propre faute que de celle des gens à son service.

1543 (487).
2. Fin de la res-
ponsabilité.
Les droits du voyageur s'éteignent s'il ne signale
pas à l'hôtelier le dommage éprouvé aussitôt après l'avoir
découvert.
L'hôtelier ne peut s'affranchir de sa responsabilité
(1542) en déclarant, par des avis affichés dans son éta-
blissement, qu'il entend la décliner ou la faire dépendre
de conditions spéciales.

1544 (488).
a. Responsabili- Ceux qui tiennent des écuries publiques sont res-
té de ceux qui
tiennent des ponsables, dans la même mesure que les hôteliers pour
écuries publi-
ques. les objets apportés par les voyageurs (1542, 1543), des
animaux et voitures, ainsi que des harnais et autres
accessoires remisés chez eux, ou reçus par eux ou par
leurs gens.
209

1545.
Les aubergistes, les hôteliers et ceux qui tiennent II. l)roit Je réten-
tion.
des écuries publiques ont, sur les choses apportées ou
remisées chez eux par les voyageurs ou les voituriers,
un droit de rétention en garantie de leurs créances pour
frais d'hôtel et de garde.
Les dispositions concernant le droit de rétention du
bailleur (art. 1320 et suiv.) sont applicables par analogie.

Titre quarante-sixième:
Ou cautionnement,.
1546 (489).
Le cautionnement est un contrat par lequel une A. Définition.
personne s'engage envers le créancier à exécuter une
obligation si le débiteur ne l'exécute pas lui-même.

1547 (490).
Toute personne capable selon le présent code de B. Conditioua.
I. Capacité.
s'obliger par contrat peut se rendre caution.

1548 (491).
Le contrat de cautionnement, pour être valable, doit II. Forme.
être fait en la forme écrite.

1549 (492).
Le cautionnement ne peut exister que sur une obli- III. Obligation prin-
cipale.
gation valable.
On peut cautionner une obligation future ou condi-
tionnelle pour l'éventualité où elle sortirait effet.
Feuille fédérale suisse. Année LV1I. Vol. II. 14
210

La dette résultant d'un contrat qui, par suite d'er-


reur ou d'incapacité, n'oblige pas le débiteur principal,
peut être valablement cautionnée si la caution, au mo-
ment où elle s'est engagée, connaissait le vice dont le
contrat était entaché du chef du débiteur principal.

1550 (493).
C. Diverses espèces de Le paiement ne peut être exigé de la caution simple
cautionnement.
I. Cautionnement que si, après qu'elle s'est engagée, le débiteur principal
simple.
est tombé en faillite, si les poursuites exercées contre lui
sont demeurées infructueuses sans la faute du créancier
ou si le débiteur ne peut plus être recherché en Suisse.

1551 (494).
II. Cautionnement liiorsqu'avant le cautionnement, ou en même temps,
d'une dette ga-
rantie par gage. le créancier a été garanti par des gages, la caution
simple peut exiger qu'il se paie d'abord sur eux, à
moins que le débiteur principal ne soit en faillite ou
que les gages ne puissent être réalisés sans faillite.

1552 (495).
III. Cautionnement Si la caution s'oblige avec le débiteur principal en
soudai re.
prenant la qualification de caution solidaire, de codébi-
teur solidaire, ou toute autre équivalente, le créancier
peut la poursuivre avant de s'adresser au débiteur prin-
cipal et de réaliser ses gages.
Les dispositions du présent titre sont d'ailleurs ap-
plicables à ce cautionnement.

1558 (496).
IV. Cautionnement Lorsque plusieurs personnes ont cautionné conjointe-
conjoint.
ment une même dette divisible, chacune d'elles est obli-
211

gée comme caution simple pour sa part et comme cer-


tificateur de caution pour les parts des autres.
Si les cautions se sont expressément obligées comme
cautions solidaires, soit avec le débiteur principal, soit
entre elles, chacune d'elles répond de la dette entière,
«auf son recours contre les autres pour leurs parts et
portions.
1554 (497).
Le certificateur de caution, qui garantit à l'égard V. Certificateur de
! caution.
du créancier l'engagement de la caution, est tenu à
côté de celle-ci de la même manière qu'une caution
simple à côté du débiteur principal.

1555 (498).
La contre-caution est garante envers la caution qui VI. contre -caution
a payé du. recours qui appartient à celle-ci contre le
débiteur principal.
1556 (499).
La caution est tenue du montant de la dette prin- Ü. Responsabilité (le
la caution.
cipale, ainsi que des suites légales de la faute ou de la 1. Son étendue.
demeure du débiteur.
Elle ne doit les frais des poursuites ou actions di-
rigées contre le débiteur principal que si elle a été mise,
en temps utile, à même de les prévenir en désintéres-
sant le créancier.
Lorsqu'il y a des intérêts stipulés, la caution répond,
sauf convention contraire, des intérêts courants et des
intérêts échus d'une année.

1557 (500).
La caution ne peut être contrainte à payer avant II. Exigibilité du
eau tionnement.
Je terme fixé pour le paiement de la dette principale,
encore que l'exigibilité en fût avancée par suite de la
faillite du débiteur.
212

Si la dette principale n'est exigible que moyennant


un avertissement préalable, cet avertissement doit auss
être donné à la caution.
Le délai d'avertissement court pour la caution du
jour où elle a été avisée.

1558 (501).
E. Extinction du cau- La caution est libérée par le fait que la dette prin-
tionnement.
I. Extinction! de lu cipale est éteinte pour quelque cause que ce soit.
dette principale

1559 (502).
II. Cautionnement La caution qui ne s'est engagée que pour un temps
pour un temps
déterminé déterminé est libérée si le créancier ne poursuit pas
juridiquement l'exécution de ses droits dans les quatre
semaines qui suivent l'expiration de ce temps et s'il ne
continue pas ses poursuites sans interruption notable.

1560 (503).
111. Cautionnement Si le cautionnement a été donné pour un temps in-
pour un temps
indéterminé. déterminé, la caution peut, lorsque la dette principale
devient exigible, réclamer du créancier qu'il poursuive-
juridiquement, dans le délai de quatre semaines, l'exé-
cution de ses droits et qu'il continue ses poursuites
sans interruption.
S'il s'agit d'une dette dont l'exigibilité peut être
déterminée par un avertissement du créancier, la cau-
tion a le droit, un an après qu'elle s'est engagée envers
le créancier, de réclamer de lui qu'il donne cet avertis-
sement et que, l'exigibilité étant acquise, il poursuive ju-
ridiquement l'exécution de ses droits comme il est dit
ci-dessus.
La caution est libérée, si le créancier ne satisfait
pas à cette sommation.
213

1561 (504).
La caution est subrogée aux droits du créancier F. Recours de la cau-
tion.
jusqu'à concurrence de ce qu'elle lui a payé. I. Contre le débi-
teur grincipal.
1. Subrogation
Demeurent toutefois réservées les actions et excep- aux droits du
créauncier.
tions dérivant des relations de droit qui peuvent exister
entre la caution et le débiteur principal.

1562 (505).
Hormis les cas dans lesquels elles sont exclues par 2. Exceptions de
la caution
la nature de son engagement (1549, alin. 3), la caution a
le droit et l'obligation d'opposer au créancier toutes
les exceptions qui appartiennent au débiteur principal.
La caution qui néglige de les opposer est déchue de
son recours, en tant que ces exceptions l'auraient dis-
pensée de payer, si elle ne prouve pas qu'elle les igno-
rait sans qu'il y eût faute de sa part.

1563 (506).
Ea caution perd également son recours si, faute 8. Avia du paie-
ment opéré
par elle d'informer le débiteur du paiement qu'elle a par la caution,
effectué, le débiteur a payé une seconde fois.
Elle peut seulement actionner le créancier en res-
titution de ce dont il s'est illégitimement enrichi.

1564 (507).
Le créancier est tenu de remettre à la caution qui II. I)Droits de la cau-
tion contre Je
•le désintéresse les titres qui peuvent l'aider à exercer créancier
1. Remise dos ti-
son recours et les gages dont il est nanti. tres, etc.

Si la dette était garantie par un gage immobilier,


le créancier doit remplir les formalités prescrites pour
le transfert du droit de gage.
214

1565 (508).
2. Responsabili- Ee créancier ne peut, sans engager sa responsabi-
té du créancier
qui ne remplit lité envers la caution, ni diminuer au préjudice de celle-
pas ses obli-
«ations envers ci les sûretés garantissant la dette au moment où le cau-
la caution.
tionnement a été fourni ou obtenues, postérieurement du
débiteur principal, ni se dessaisir des moyens de preuve
qui sont à sa disposition.
Il est également responsable lorsqu'il a négligé
d'exercer à l'égard du débiteur la surveillance à laquelle
il était tenu et que, de ce chef, la dette a augmenté
dans des proportions qu'elle n'eût pas atteintes.

1566 (509).
3. Droit tic con-
traindre le
Dès que la dette est exigible, la caution peut con-
créancier
d'accepter le
traindre en tout temps le créancier d'en accepter le
paiement, et
libération de
paiement ou de renoncer au cautionnement.
la caution eu Si le créancier n'accepte pas le paiement ou refuse
cas de refus.
de lui transférer les sûretés dont il jouit, la caution est
déchargée de plein droit.

1567 (51U).
4. Intervention
du créancier
Si le débiteur principal tombe en faillite, le créan-
dans la faillite
du débiteur.
cier est tenu de produire sa créance dans la faillite.
Il doit aussi porter la faillite à la connaissance de
la caution dès qu'il en est informé lui-même.
Sinon, il perd ses droits contre celle-ci jusqu'à con-
currence du préjudice résultant pour elle de cette
omission.
1563 (511).
Hl. Droit pour la
caution d'exiger
La caution peut requérir des sûretés du débiteur
des sflretés. principal, et, si la dette est exigible, réclamer sa libé-
ration :
215

1° lorsqu'il contrevient aux engagements qu'il a pris


envers elle, notamment à sa promesse de la dé-
charger dans un délai donné ;
2° lorsqu'il est en demeure ;
3° lorsque, soit à raison des pertes qu'il a subies dans
sa fortune, soit par suite d'une faute par lui
commise, la caution court des risques sensiblement
plus considérables qu'au moment où elle s'était
engagée.

Titre quarante-septième.
Du jeu et du pari.
1569 (512).
Le jeu et le pari n'engendrent aucun droit de A. Jeu ut pari.
I. Les dettes on ré-
créance. sultant ne don-
nent pas d'action
Il en est de même des avances ou prêts faits sciem- en justice.
ment en vue d'un jeu ou d'un pari, et des marchés à
terme sur des marchandises ou valeurs .de bourse lors-
qu'ils présentent les caractères du jeu ou du pari.

1570 (513).
Nul ne peut faire valoir une reconnaissance de dette II. (Jus dettes no
peuvent ótre va-
ou une obligation de change souscrite à titre de cou- lablement recon-
nues.
verture par l'auteur du jeu ou du pari, lors même qu'il
.se serait dessaisi du titre qui la constate.
Demeurent réservées les règles spéciales en matière
de droit -de change.
1571 (514).
Il n'y a lieu à répétition de ce qu'on a payé volon- 111. Répétition ex-
clue.
tairement que si l'exécution régulière du jeu ou du pari
216

a été empêchée par un cas fortuit ou par le fait même


de l'autre partie, ou si cette dernière s'est rendue cou-
pable d'un acte déloyal.

1572 (515, 516).


B, Loteries. Les loteries et tirages au sort n'engendrent un droit
de créance qu'à la condition d'avoir été permis par l'au-
torité compétente.
A défaut d'autorisation, les règles concernant les
dettes de jeu sont applicables (1571).
lua loi n'accorde en Suisse aucune protection aux
loteries ou tirages au sort autorisés à l'étranger, à moins
que l'autorité suisse compétente n'ait permis la vente
• des billets.

Titre quarante-huitième.

De la rente viagère
et du contrat d'entretien viager.

1573 (517).
A. Contrat île rente La rente viagère peut être constituée sur la tête
viagère.
I. Son objet, du créancier, du débiteur ou d'un tiers.
i. Durée des
prestations. A défaut de stipulation précise, elle est présumée
constituée sur la tête du créancier.

1574 (517). .
2. Transfert aux La rente constituée sur la tête du débiteur ou sur
héritiers (lu
créancier. celle d'un tiers passe, sauf convention contraire, aux héri-
tiers du créancier.
217

1575 (518).
Le contrat de rente viagère n'est valable que s'il a 11. Fovm« ecciti'.
été fait en la forme écrite.

1576 (519).
La rente viagère est, sauf convention contraire, III. ExiRibilito e.t
paiement anti-
payable par semestre et d'avance. cipé.

Si la personne sur la tête de qui elle est constituée


vient à mourir avant la fin de la période pour laquelle
la rente est payable d'avance, le débiteur doit le terme
tout entier.

1577 (520).
Le créancier peut céder ses droits à autrui, sauf IV. Nature de la
rente.
convention contraire. 1. Cession.

1578 (521).
Celui qui constitue à titre gratuit une rente en fa- -'. Stipulation
u'insaisissubi-
veur d'un tiers a le droit de stipuler, en même temps, litó.
que ce tiers ne pourra en être dépouillé au profit de
ses créanciers ni par l'effet de poursuites ou de séques-
tre, ni en cas de faillite.

1579 (522).
Si le débiteur tombe en faillite, le créancier peut H. Realisationen
Cfis (le faillite
faire valoir ses droits en réclamant un capital équivalent
à celui qu'exigerait, au moment de l'ouverture de la fail-
lite, la constitution d'une rente égale auprès d'une
société d'assurances solidement établie.
218

1580.
B. Contrat d'entretien Dans le contrat d'entretien viager, l'une des parties
viager.
1. Son objet. s'oblige envers l'autre à lui transférer sa fortune ou cer-
1. En général.
tains de ses biens, contre l'engagement de l'entretenir et
de la soigner sa vie durant.
Si le débiteur est l'héritier institué du créancier,
le contrat est régi par les dispositions relatives au pacte
successoral.
1581.
«.Vie dans le mé- Lorsque le créancier vit dans le ménage du débi-
nage du rtébi-
leur. teur, celui-ci est tenu de lui fournir l'entretien et les
soins que la valeur des biens reçus et sa condition so-
ciale antérieure lui permettent équitablement d'exiger.
Il doit lui fournir une nourriture et un logement con-
venables ; en cas de maladie, il lui doit les soins néces-
saires et l'assistance du médecin.
Des asiles fondés en vue de pourvoir à l'entretien
viager de leurs pensionnaires peuvent déterminer ces
prestations d'une manière obligatoire pour tous, dans
des règlements qui seront approuvés par les autorités
compétentes.
1582.
11. Sa formation. Le contrat d'entretien viager est reçu dans la forme
prescrite pour les pactes successoraux, même s'il n'im-
plique pas une institution d'héritier.
Une simple convention écrite suffit, lorsque le con-
trat est conclu avec un asile reconnu par l'Etat et aux
conditions fixées par l'autorité.

1583.
III. Sftrcité». Le créancier qui remet un immeuble à l'autre
partie y acquiert une hypothèque légale pour la ga-
rantie à.3 ses droits.
219

1584.
Le contrat d'entretien viager peut être dénoncé en IV. Extinction.
1. Dénonciation.
tout temps six mois à l'avance par l'une ou l'autre des
parties, lorsque les prestations conventionnelles de l'une
sont loin d'équivaloir à celles de l'autre, sans que celle
qui reçoit le moins ait contracté dans l'intention de donner.
On tiendra compte, à cet égard, de la proportion
entre le capital et la rente viagère, d'après les tarifs
d'une société d'assurances solidement établie.
Les prestations faites au moment de la résiliation
sont restituées, sauf compensation entre elles pour leur
valeur en capital et intérêts.

1585.
Les héritiers du créancier peuvent attaquer le con- . Rescision,
a. Pour cause
trat, si la valeur des prestations du débiteur est telle- de Icsioii de
lu réserve.
ment inférieure aux contre-prestations de l'autre par-
tie que le débiteur paraît avantagé dans une mesure
excédant la quotité disponible.
Toutefois, l'adhésion des héritiers réservataires au
contrat d'entretien, du vivant du créancier, emporte re-
nonciation de leur part à l'action en réduction.

1586.
Un contrat d'entretien viager peut être attaqué par li.l'uur cause
d'Inexécu-
les personnes auxquelles la loi donne une action alimen- tion de l'o-
liliKUtion a-
taire contre le créancier, lorsque celui-ci s'est dépouillé, linteulaire.
par la convention, des moyens d'accomplir son devoir
d'assistance.
Dans ce cas, le juge peut, au lieu d'annuler le con-
trat, obliger le débiteur à fournir des aliments aux ayants
droit, sauf à imputer ces prestations sur celles dont
il est tenu envers le créancier.
•J20

1587.
y. Inobservation Chacune des parties est autorisée à résilier unilaté-
;ln contrat et
.justes motifs. ralement le contrat, soit lorsque la continuation en est
devenue intolérable à raison d'une violation des devoirs
qu'il impose, soit lorsque de justes motifs rendent cette
continuation impossible, ou onéreuse à l'excès.
Si le contrat est annulé pour l'une de ces causes,
la partie coupable, outre la restitution de ce qu'elle a
reçu, doit payer une indemnité équitable à celle qui n'a
aucune faute à se reprocher.
Le juge peut, au lieu d'annuler le contrat, ne pro-
noncer que la cessation de la vie en commun et allouer-
au créancier une rente viagère à titre de compensation.

1588.
V. Intransmissibili- Les droits du créancier sont incessibles.
té et réalisation
en cas défaillit«.
Il peut, en cas de faillite du débiteur, intervenir pour
une créance équivalente au capital qui serait nécessaire
pour la constitution, auprès d'une société d'assurances soli-
dement établie, d'une rente viagère représentant la va-
Leur des prestations à lui fcwrnir.

1589.
VJ. Mortduäebitenr. Au décès du débiteur, le créancier peut demande)'
la continuation du contrat par les héritiers, ou sa rési-
liation.
Dans ce dernier cas, il a le droit de faire valoir
contre eux une créance du même montant que celui pour
lequel il serait autorisé à produire dans la faillite du dé-
biteur (1588).
221

Titre quarante-neuvième.
De la société simple.
1590 (524).
La société est un contrat par lequel deux ou plu- A. Definition.
sieurs personnes conviennent d'unir leurs efforts ou leurs
ressources en vue d'atteindre un but commun.
La société est une société simple, dans le sens du
présent titre, lorsqu'elle n'offre pas les caractères dis-
tinctifs d'une autre espèce de société.

1591 (525).
A défaut de stipulations contraires dans le contrat B. Rapports desaaso-
cios entre eux.
de société, les rapports des associés entre eux sont dé- I. Stipulations des
associas réser-
terminés par la loi. vées.

1592 (526).
Chaque associé doit faire un apport. II. Apports.
1. Nature et vu-
Il n'est pas nécessaire que les apports soient de leur.
a. Fixation
même nature et valeur ; ils peuvent consister en argent, contrac-
tuelle.
en créances, en d'autres biens ou en industrie.

1593 (027).
Sauf convention contraire, les apports doivent être £>. De par lu loi.
égaux, et de telle nature et importance que l'exige le but
de la société.
1594 (528).
En ce qui concerne les risques et la garantie dont i. Garantie îles
apports.
chaque associé est tenu, les règles du bail à loyer sont
applicables par analogie lorsque l'apport consiste dans la
jouissance d'une chose, et les règles de la vente lorsque
l'apport est de la propriété même de la chose.
222

1595 (529).
III. Part aux béné- Chaque associé est tenu de partager avec ses coas-
fices et aux per-
tes. sociés tout gain qui, par sa nature, doit revenir à la
1. Obligation de
partager les société.
bénéfices.
1596 (530).
2. Répartition
convention-
Les parts des associés dans les bénéfices ou les
nelle. pertes peuvent être stipulées inégales.
A défaut de stipulation sur ce point, chaque asso-
apcié a une part égale dans les bénéfices et dans les
pertes, quelles que soient la nature et la valeur de son
apport.
Si la convention ne fixe que la part dans les béné-
fices ou la part dans les pertes, cette détermination est
réputée faite pour les deux cas.

1597 (531).
3. Exclusion de Il peut être valablement stipulé qu'un associé qui
tonte partici-
pation aux apporte son industrie est dispensé de contribuer aux
pertes.
pertes, tout en prenant une part dans les bénéfices.

1598 (532).
IV. Décisions de 1» Les décisions de la société ne peuvent être prises
société.
que du consentement de tous les associés.
Si, aux termes du contrat, c'est la majorité qui pro-
nonce, cette majorité se compte d'après le nombre des
personnes.
1599 (533).
V. Administration. Tous les associés ont le droit d'administrer, à moins
1. Droit d'admi-
nistrer. que le contrat ou une décision de la société ne l'ait con-
féré exclusivement soit à un ou plusieurs d'entre eux,
soit à des tiers.
223

1600 (534).
Lorsque le droit d'administrer appartient à tous les 2. Compétences
îles gérants.
associés ou à quelques-uns d'entre eux, chacun de ceux-
ci peut agir sans le concours des autres.
Chacun des autres associés administrateurs a néan-
moins le droit de s'opposer à l'opération avant qu'elle
soit consommée.
1601 (535).
Le consentement de tous les associés est nécessaire .4. Mesures ex-
traordinaires.
pour nommer un mandataire général, ou pour procéder
à des actes juridiques allant au delà de ce que com-
portent les opérations ordinaires de la société ; à moins
toutefois qu'il n'y ait péril en la demeure.

1602 (536). .
Aucun associé ne peut faire pour son compte per- VI. Responsabilité
des associés en-
sonnel des affaires qui paralyseraient ou compromet- tre eux.
i. Défense de
traient celles de la société. faire concur-
rence a la so-
ciété.
1603 (537).
Si l'un des associés a fait des dépenses ou assumé 2. Dépenses, ob-
ligations as-
des obligations pour les affaires de la société, les autres sumées, avan-
ces et travail.
associés en sont tenus envers lui ; ils répondent égale-
ment des pertes dérivant directement de sa gestion ou
des risques qui en étaient inséparables.
L'associé qui fait une avance de fonds à la société
peut en réclamer les intérêts, à compter du jour où il
l'a faite.
Il n'a droit à aucune indemnité pour son travail per-
sonnel.
1604 (538).
Chaque associé doit apporter aux affaires de la so- !!. Degré de dili-
gence requise.
224

ciété la diligence et les soins qu'il consacre habituelle-


ment à ses propres affaires.
Il est tenu envers ses coassociés des dommages
qu'il leur a causés par sa faute, sans pouvoir compen-
ser avec ces dommages les profits que sa diligence a pro-
curés à la société dans d'autres affaires.

1605 (539).
Vil. Révocation du Le pouvoir d'administrer conféré à l'un des associés
pouvoir (l'admi-
nistrer. par le contrat de société ne peut être révoqué ni res-
treint par les autres associés sans de justes motifs.
S'il y a de justes motifs, la révocation peut être
faite par chacun des autres associés, encore que le con-
trat de société en dispose autrement.
On doit notamment considérer comme un juste mo-
tif le fait que l'associé administrateur a gravement
manqué à ses devoirs ou qu'il est devenu incapable
de bien gérer.
1606 (540).
VIII. Rapports entre A moins que le présent titre ou le contrat de so-
les gérants et les
autres associés ciété n'en ordonne autrement, les rapports des associés
1. Gestion.
administrateurs avec les autres associés sont régis par
ies règles du mandat.
Lorsqu'un associé, sans posséder de pouvoirs à cet
äffet, agit pour le compte de la société, ou lorsqu'un
administrateur outrepasse ses pouvoirs, on- applique les
règles de la gestion d'affaires.

1607 (541).
2. Droit de se Tout associé, encore qu'il ne soit pas administra-
renseigner sur
les affaires de teur, a le droit de se renseigner personnellement sur la
1.1- société.
narche des affaires sociales, de consulter les livres et
225

les papiers de la société, ainsi que de dresser, d'après


ces données et pour son usage particulier, un état som-
maire de la situation financière de la société.
Toute clause contraire est nulle.

1608 (542).

Aucun associé ne peut introduire un tiers dans la ÏX. Admission de


nouveaux asso-
société sans le consentement des autres associés. ciés.

Lorsque, de son propre chef, un associé intéresse


un tiers à sa part dans la société ou qu'il lui cède cette
part, ce tiers ne devient pas pour autant l'associé des
autres associés.
Il n'acquiert pas, notamment, le droit de se rensei-
gner sur les affaires de la société (1607).

1609 (543).
L'associé qui traite avec un tiers pour le compte C. Rapports des asso-
ciés envers les
de la société, mais en son nom personnel, devient seul tiers.
1. Reurosontatiou.
créancier ou débiteur de ce tiers.
Lorsqu'un associé traite avec un tiers au nom de la
société ou de tous les associés, les autres associés ne
deviennent créanciers ou débiteurs de ce tiers que con-
formément aux règles relatives à la représentation.
Un associé est présumé avoir le droit d'obliger en-
vers les tiers la société ou tous ses coassociés, dès qu'il
est chargé d'administrer.

1610 (544).
La propriété qui a été acquise au nom de la so- II. Eft'ets de la re-
présentation.
ciété ou qui lui a été tranférée appartient en commun
aux associés.
Si des créances ont été acquises au nom de la so-
FeuMe fédérale suisse. Année LV1I. Vol. II. 15
226

ciété ou transférées à cette dernière, chaque associé est


créancier du débiteur dans la mesure de sa part de liqui-
dation.
Les associés sont tenus à titre solidaire des enga-
gements qu'ils ont assumés envers les tiers, soit en
agissant conjointement, soit par l'entremise d'un repré-
sentant.

D Fin de la société. 1611 (545).


I. Causes de disso-
lution. La société finit :
1. En généra].
l°,,~par le fait que le but en vue duquel elle a été for-
mée est atteint ou que la réalisation en est deve-
nue impossible ;
2° par la mort de l'un des associés, à moins qu'il
n'ait été convenu antérieurement que la société
continuerait avec ses héritiers ;
3° par le fait que l'un des associés est sous le coup
d'un acte de défaut de biens, d'une faillite ou d'une
interdiction ;
4° par la volonté unanime des associés ;
5° par l'expiration du temps pour lequel la société a
été contractée, à moins que les associés ne la con-
tinuent tacitement ; dans ce cas, la société est conr
sidérée comme ayant désormais une durée illimitée ;
6° par la volonté qu'un des associés exprime de
n'être plus en société, si ce droit de renonciation
a été réservé par le contrat ou si la société a été
formée soit pour une durée illimitée, soit pour
toute la vie de l'un des associés ;
7° par suite d'un jugement (1613).

1612 (546).
2. Dénonciation. Lorsqu'une société a été formée pour une durée
illimitée ou pour toute la vie de l'un des associés,.
227

chacune des parties peut en provoquer la dissolution,


moyennant un avertissement donné six mois à l'avance.
La dénonciation doit avoir lieu de bonne foi et ne
pas être faite à contretemps.
Si les comptes se règlent par année, la dissolution
de la société ne peut être demandée que pour la fin
d'un exercice annuel.

1613 (547).
La dissolution peut être demandée, pour de justes • 3. Justes motifs.
motifs, avant le terme fixé par le contrat ou, si la so-
ciété a été formée pour une durée illimitée, sans aver-
tissement préalable.
1614.
Lorsque la société est dissoute pour une autre cause II. Continuation des
affaires après la
que la dénonciation du contrat, le droit d'un associé de dissolution.
gérer les affaires de la société ne subsiste pas moins en
sa faveur jusqu'au jour où il a connu la dissolution, ou
aurait dû la connaître en déployant l'attention com-
mandée par les circonstances.
Lorsqu'elle est dissoute par le décès d'un associé,
l'héritier de ce dernier portera sans délai le décès à la
connaissance des autres associés ; il continuera, d'après
les règles de la bonne foi, les affaires précédemment
gérées par le défunt, jusqu'à ce que les mesures néces-
saires aient été prises.
Les autres associés continueront de la même ma-
nière à gérer provisoirement les affaires de la société.

1615 (548).
Dans la liquidation à laquelle les associés doivent III. Liquidation,
l. Des apports.
procéder entre eux après la dissolution de la société,
228

l'associé qui a fait un apport en propriété ne le re-


prend pas.
Toutefois il a droit au prix pour lequel son apport
a été accepté.
Si ce prix n'a pas été déterminé, la restitution se
fait d'après la valeur qu'avait la chose au moment de
l'apport.
1616 (549).
2. Des bénéfices
et des pertes.
Si, après avoir tenu compte des dettes sociales, le
remboursement des dépenses et avances faites par chacun
des associés et la restitution des apports, il reste un
excédent, cet excédent constitue un bénéfice qui se répar-
tit entre les associés.
Si, après le paiement des dettes, dépenses et avan-
ces, l'actif social n'est pas suffisant pour rembourser les
apports, la différence constitue une perte qui se répartit
entre les associés. >
1617 (550).
3. Droit de pro-
céder à la li-
La liquidation qui suit la dissolution de la société
quidation. doit être faite en commun par tous les associés, y com-
pris ceux qui avaient été exclus de l'administration des
affaires sociales.
Toutefois, si le contrat de société n'avait trait qu'à
des opérations spéciales, que l'un des associés devait
faire en son propre nom pour le compte de la société, cet
associé est tenu, même après la dissolution de la société,
de la terminer seul et d'en rendre compte à ses coassociés.

1618 (551).

IV. Besponaabilité La dissolution de la société ne modifie en aucune façon


envers les tiers.
les engagements contractés envers les tiers.
229

Titre cinquantième.
De la société en nom collectif.
1619 (552).
La société en nom collectif est celle que contrac- A. Définition et cons-
titution.
tent deux ou plusieurs personnes en vue de faire le com- I. Société commer-
ciale et non com-
merce, d'exploiter une fabrique ou d'exercer en la forme merciale.
commerciale une industrie quelconque, sous une raison
sociale et sans limiter leur responsabilité.
Les membres d'une société de cette espèce sont
tenus de la faire inscrire au registre du commerce
comme société en nom collectif.
Toute société peut devenir une société en nom col-
lectif, encore qu'elle ait un autre but que ceux indiqués,
à la condition de se faire inscrire comme telle au re-
gistre du commerce.
1620 (553).
L'inscription doit se faire dans le lieu où la société II. Inscription,
l. Lieu et objet.
a son siège, et mentionner :
1e le nom et la demeure de chaque associé ;
2° la raison sociale et le lieu où la société a son siège ;
3° l'époque à laquelle la société commence ;
4° lorsqu'il est convenu que l'un ou plusieurs des as-
sociés seulement représenteront la société, celui
ou ceux qui ont été désignés à cet effet et, s'il y
a lieu, la circonstance que ce droit ne peut être
exercé que collectivement.

1621 (554).
Les -demandes d'inscription (1620) ou leurs modi- 2. Formes & ob-
server.
fications ultérieures doivent être signées par tous les
230

associés personnellement en présence du fonctionnaire


préposé au registre, ou lui être remises dûment légali-
sées.
Elles seront intégralement transcrites dans le registre.
Les associés chargés de représenter la société ap-
posent personnellement la signature sociale et leur pro-
pre signature en présence du fonctionnaire préposé au
registre, ou les lui remettent dûment légalisées.

1622 (555).
B. Eapports des asso-
ciés entre eux.
Les rapports des associés entre eux sont déterminés
I. Liberté au con-
trat et renvoi
en première ligne par le contrat de société.
aux règles du la A défaut de stipulations à cet égard, il y a lieu
société simple.
d'appliquer les règles concernant les sociétés simples
(1592 à 1608), sauf les modifications qui résultent des
articles suivants.
1623 (556).
II. Inventaire et bi-
lan.
A la fin de chaque exercice annuel, il doit être
dressé un inventaire et un bilan de l'avoir social, sur la
base desquels sont calculés les bénéfices ou les pertes de
l'année, ainsi que la part y afférente de chaque associé.
On bonifie à chaque associé, sur les bénéfices, en
tant qu'ils y suffisent, le quatre pour cent de son apport
en capital ; l'excédent est réparti par tête.
Lorsqu'il s'agit de déterminer les bénéfices ou les
pertes, les honoraires prévus dans le contrat pour le
travail des associés sont considérés comme une dette de
la société.
1624 (557).
lu. Droit aux béné- Chaque associé a le droit de retirer de la caisse so-
fices et honorai-
res. ciale sa part dans les bénéfices et ses honoraires de
l'année écoulée.
231

S'il n'exerce pas ce droit, son apport est augmenté


d'autant, à moins que ses coassociés ne s'y opposent.

1625 (557).
Si des pertes antérieures ont diminué l'apport de IV. Keconstitutiou de
r l'apport diminué
l'un des associés, celui-ci ne peut retirer sa part de bé- par des pertes.
néfices avant que son apport ne soit reconstitué.
Sauf ce cas, aucun associé n'est tenu de compléter
son apport réduit par des pertes, ni de l'élever à un
chiffre supérieur à celui qui est prévu par le contrat..

1626 (558).
Un associé ne peut, sans le consentement des autres, V. Prohibition de
faire concur-
faire, pour son compte ou pour le compte d'un tiers, rence.
des affaires de même nature que celles de la société,
ni s'intéresser comme associé en nom collectif ou com-
manditaire dans une entreprise analogue.

1627 (559).
La société en nom collectif peut, sous sa raison C. Kapports de la so-
ciété envers les
sociale, devenir créancière et débitrice, ester en juge- tiers.
I. Capacité d'ac-
ment et acquérir des droits de propriété ainsi que quérir, de s'ob-
liger et d'ester
d'autres droits réels, même sur des immeubles. en jugement.

1628 (560).
Si le registre du commerce ne renferme aucune II. Keiirésentiition.
l. Droit de
mention contraire relativement aux pouvoirs des asso- l'exercer.
ciés, les tiers sont fondés à admettre que chaque asso-
cié a le droit de représenter la société.
1629 (561).
Chaque associé autorisé à représenter la société a S. Etendue et
restrictions.
le droit de faire au nom de celle-ci tous les actes juri-
232

cliques et toutes les affaires que peut comporter le but


de la société.
Toute clause qui limiterait ses pouvoirs est nulle
et de nul effet à l'égard des tiers de bonne foi.
Est excepté le cas dans- leqnel il résulte de l'ins-
cription au registre du commerce, qu'un associé repré-
sente exclusivement une succursale ou que la société ne
peut être engagée que par la signature collective de
plusieurs des associés, ou d'un associé et d'un fondé de
procuration.
1630 (562).
3. Nomination et La nomination d'un fondé de procuration exige le
révocation
d'un fondé de consentement de tous les associés autorisés à. repré-
procuration.
senter la société.
En revanche, chacun d'eux peut révoquer valable-
ment la procuration à l'égard des tiers.

1631 (563).
I. Opérations La société devient créancière ou débitrice par l'effet
faites pour la
société. des actes accomplis en son nom par un associé autorisé-
à la représenter.
Il importe peu que ces actes aient été faits expres-
sément au nom de la société ou que l'intention d'agir
pour elle ressorte seulement des circonstances.

1632 (564).
III. Responsabilité Les associés sont tenus, solidairement et sur tous
<1« la société et
de ses membres. leurs biens, des engagements de la société.
1. En général.
Toute clause contraire est nulle et de nul effet à
l'égard des tiers
On ne peut néanmoins rechercher un associé per-
sonnellement, à raison d'une dette sociale, que lorsque la
société a été dissoute ou qu'elle a été l'objet de poursuites
infructueuses.
233

1633 (565).
Celui qui entre comme associé dans une société en 2. Nouveaux as-
sociés.
nom collectif déjà existante, est tenu solidairement même
des dettes antérieures à son entrée, que la raison sociale
ait ou non subi une modification.
Toute clause contraire est nulle et de nul effet à l'é-
gard des tiers.
1634 (566).
En cas de faillite de la société en nom collectif, . Faillite île la
société.
les créanciers de la société sont payés sur ses biens «.Exclusion
des créan-
à l'exclusion des créanciers personnels des associés. ciers per-
sonnels-

1635 (567).
Les associés en nom collectif ne sont pas admis à />."Exclusion
des associés.
concourir dans la faillite de la société pour le montant
de leurs apports, mais ils peuvent faire valoir comme
tous autres créanciers les créances qu'ils ont contre la
société à quelque autre titre que ce soit.

1636 (568).
Lorsque les biens de la société sont insuffisants t. Faillite des
associés.
pour désintéresser complètement ses créanciers, ceux-ci
ont le droit de poursuivre le paiement du solde de leurs
créances sur les biens personnels de chacun des asso-
ciés, en concurrence avec les créanciers particuliers de
ces derniers.
1637 (569, 570).
Les créanciers personnels d'un associé n'ont, pour 5. Droitsdescré-
anciers per-
se faire payer ou pour obtenir des sûretés, aucune ac- sonnels d'un
associé.
tion sur les biens, créances ou droits compris dans l'actif
social.
234

1638 (571).
6/Compensation. Le débiteur de la société ne peut opposer la com-
pensation de ce que lui doit l'un des associés person-
nellement.
De même, l'un des associés ne peut opposer la
compensation de ce que son créancier doit à la société.
Toutefois, un créancier de la société qui est en
même temps débiteur de l'un des associés peut opposer
la compensation à ce dernier s'il avait le droit de le
poursuivre directement (1632, al. 2).

1639 (572).
D. Dissolution et sor- La société en nom collectif est dissoute par sa
tie.
I. Causes de flisso-
lution.
faillite.
On applique d'ailleurs à la dissolution d'une société
en nom collectif les règles établies pour la société simple
(1611 à 1618), en tant qu'elles ne sont pas modifiées par
les dispositions du présent titre.

1640 (573).
II. Jusqu'à la liqui- La faillite de la société en nom collectif peut être
dation.
déclarée même après la dissolution, tant que le partage
n'est pas terminé.
La faillite de la société n'entraîne pas de plein
droit la faillite personnelle des associés.
De même, la faillite de l'un des associés n'entraîne
pas de plein droit celle de la société.

1641 (574).
III, Dissolution pro- Lorsqu'un associé est tombé en faillite, sa masse
voquée par la
masse d'un asso- peut, après un avertissement donné au moins six mois
cié.
235

à l'avance, exiger la dissolution de la société, que celle-


ci soit d'une durée limitée ou illimitée.
Tant que la dissolution n'est pas accomplie, la so-
ciété ou les autres associés peuvent néanmoins, en dé-
sintéressant la masse, prévenir l'effet de cet avertisse-
ment.
1642 (575).
S'il a été convenu, avant la dissolution, que, nonobs- IV. Continuation de
la société après
tant la retraite d'un ou de plusieurs des associés, la so- la sortie d'un ou
de plusieurs as-
ciété continuerait entre les autres, celle-ci ne finit qu'à sociés.
l'égard des associés sortants.
Elle subsiste d'ailleurs' avec les mêmes droits et
les mêmes obligatipns que du passé.

1643 (576).
Lorsque les motifs pour lesquels la dissolution peut V. Exclusion d'un
associé.
être demandée (1613) se rapportent essentiellement à la 1. Conditions.
personne de l'un des associés, l'exclusion de cet as-
socié peut être prononcée sur la requête de tous les
autres.
1644 (577).
Si un associé est déclaré en faillite, les autres as- 2. En cas de fail-
lite d'un asso-
sociés peuvent l'exclure et lui rembourser en espèces cié.
sa part dans l'avoir social.

1645 (577, 578).


Si la société n'est composée que de deux associés, 3. Quand la so-
ciété se com-
celui qui n'a pas donné lieu à la dissolution peut, de la pose de deux
associés seu-
même" manière, désintéresser son coassocié et continuer lement.
les affaires pour son compte personnel, en se chargeant
de la totalité de l'actif et du passif.
Le juge peut en ordonner de même lorsqu'il y a
236

eu, pour demander la dissolution, quelque autre motif


se rapportant essentiellement à la personne de l'un des
associés.
1646 (579).
VI. Inscription. La dissolution de la. société, la retraite ou l'exclu-
sion d'un associé, ainsi que la continuation des affaires
par l'un des associés, seront inscrites au registre du
commerce.
Les associés autorisés à représenter la société doi-
vent porter aussitôt que possible ces faits h la connais-
sance du préposé au registre.
L'inscription aura lieu même si la société a pris fin
par l'expiration du temps pour lequel elle avait été
constituée.
1647.
E. Liquidation et pres-
cription.
La dissolution de la société entraîne sa liquidation,
J. Liquidation.
1. Conditions.
à moins qu'un autre mode de partage n'ait été convenu
entre les associés ou qu'il n'y ait déclaration de faillite.
Lorsque la société est dissoute par suite de la
faillite d'un associé, la liquidation ne peut être évitée
qu'avec l'assentiment de l'administrateur de la faillite.

1648 (580).
-'. Désignation En cas de liquidation, les associés gérants continuent,
des liquida-
teurs. sauf empêchement personnel, à représenter la société dis-
soute en qualité de liquidateurs.
Chaque associé a néanmoins le droit de demander
la nomination d'autres liquidateurs, qui, en cas de con-
testation, sont désignés par le juge.
La nomination des liquidateurs doit être inscrite
au registre du commerce, si elle a pour effet de mo-
difier la représentation de la société.
237

1649 (581).
Les héritiers d'un associé doivent se faire représenter ». Kepre'seiita-
tion dos héri-
dans la liquidation par un mandataire commun. tiers d'un as-
socié.

1650 (5g2).
Les liquidateurs ont pour mission de terminer les 4. Etendue dea
pouvou'S des
affaires courantes, d'exécuter les engagements et de liquidateurs.
faire rentrer les créances de la société dissoute, ainsi
que de réaliser l'actif social.
Ils représentent la société, peuvent plaider, transi-
ger, compromettre pour elle et même entreprendre de
nouvelles opérations en vue d'en terminer d'anciennes
encore pendantes.
Les ventes d'immeubles doivent, sauf le consente-
ment unanime des associés, être faites aux enchères
publiques.
1651 (583).
Les capitaux sans emploi pendant la liquidation sont 6. Emploi des ca-
pitaux.
distribués provisoirement entre les associés.
Les liquidateurs retiennent les sommes nécessaires
pour payer les dettes sociales non encore exigibles et
pour rembourser à chaque associé les créances qu'il peut
faire valoir dans la liquidation.
1652.
Les liquidateurs dressent un bilan au début et à ü. Partage.
la fin de.la liquidation.
Toutes dettes payées, l'excédent actif est réparti
entre les associés proportionnellement au capital de leurs
apports constatés par le bilan final.
Si ce règlement donne lieu à des contestations, le
juge prononce.
238

1653.
7. Radiation de Une fois la liquidation terminée, les liquidateurs pro-
l'inscription ;
conservation tent à la connaissance du préposé au registre du com-
des livres et
pièces justifi- merce le fait que la raison sociale est éteinte.
catives.
Les livres de la société dissoute et les pièces justi-
ficatives sont conservés dans un lieu désigné par les
associés ou par le juge.
Les associés et leurs héritiers ont le droit de prendre
connaissance de ces documents.

1654 (585).
II. Prescription des
HCtionscontreles
Les actions contre un associé, à raison de dettes
associés.
l.Otyetetdnrée.
sociales, se prescrivent par cinq ans à compter soit
de la dissolution de la société, soit de la retraite
ou de l'exclusion de cet associé ; sauf néanmoins si la
créance, par sa nature, était soumise à une prescription
plus courte.
La prescription de cinq ans n'est pas applicable aux
actions des associés les uns contre les autres.

1655 (586).
2. Début de la La prescription commence à courir du jour où la
prescription.
dissolution de la société, la retraite ou l'exclusion d'un
associé a été inscrite au registre du commerce.
Si la créance n'est devenue exigible que postérieu-
rement à cette inscription, la prescription court dès
l'époque de l'exigibilité.

1656 (587).
3. Exclusion de
la prescrip- S'il reste encore des biens de la société non par-
tion. tagés, la prescription de cinq ans n'est point opposable
au créancier qui n'exerce ses droits que sur ces biens.
289

L'associé qui a repris la suite des affaires en se


chargeant de l'actif et du passif, ne peut opposer la
prescription de cinq ans.

1657 (588).
Ea prescription au profit de l'associé qui s'est 4. Interruption.
retiré 'jde la société ou qui en a été exclu, n'est point
interrompue par [des actes juridiques faits contre la
société qui a continué d'exister ou contre un autre as-
socié.
1658 (589).
Avant l'expiration du délai de prescription, l'associé S. Libération an-
ticipée.
sortant ou exclu n'est libéré de la responsabilité qui lui
incombe pour les dettes sociales, que par la renonciation
expresse ou présumée des créanciers.

Titre cinquante-et-unième.
De la société en commandite.
1659 (590).
Ea société en commandite est celle que contractent A. Définition et cons-
titution.
deux ou plusieurs personnes qui s'unissent sous une 1. Société commer-
ciale et non com-
même raison sociale en vue de faire le commerce, d'ex- merciale.
ploiter une fabrique ou d'exercer en la forme commer-
ciale une industrie, lorsque l'une d'elles au moins est
indéfiniment responsable tandis que les autres, les com-
manditaires, n'entendent être responsables que jusqu'à
concurrence d'un apport déterminé (commandite).
Les membres d'une société de cette espèce sont tenus
de la faire inscrire au registre du commerce comme so-
ciété en commandite.
240

Toute société, encore qu'elle ait un autre but que


ceux indiqués ci-dessus, peut devenir une société en com-
mandite à la condition de se faire inscrire comme telle
au registre du commerce.

1660 (591).
II. Inscription au L'inscription doit se faire dans le lieu où la société
registre du com-
merce, a son siège et indiquer :
i. Lien et objet.
1° le nom et la demeure de chaque associé indéfini-
ment responsable :
2° le nom et là demeure de chaque associé comman-
ditaire et le montant de son apport ;
3° la raison sociale et le lieu où la société a son siège ;
4° l'époque à laquelle la société commence.

1661 (592).
2. Formes. Les demandes d'inscription (1660) ou leurs modifica-
tions ultérieures doivent être ou bien signées person-
nellement par tous les associés, même simples comman-
ditaires, en présence du fonctionnaire préposé au registre,
ou lui être remises dûment légalisées.
Elles seront intégralement transcrites au registre.
Les associés indéfiniment responsables, qui sont
chargés de représenter la société, apposent personnelle-
ment la signature sociale et leur propre signature en
présence du fonctionnaire préposé au registre, ou les
lui remettent dûment légalisées.

1662 (593).
III. Plusieurs asso-
ciés en nom.
Lorsqu'il y a plusieurs associés indéfiniment respon-
sables, la société est en même temps à leur égard so-
ciété en nom collectif.
241

1663 (594).
Les rapports des associés entre eux sont détermi- B. Rapporta des awo-
ciés entre eni.
nés en première ligne par le contrat de société. I. Liberté du coa-
tr»t.
A défaut de stipulations sur ce point, il y a lieu
d'appliquer les règles concernant les sociétés en nom
collectif (1592 à 1608 et 1623 à 1626), sauf les modifi-
cations résultant des articles suivants.

1664 (595).
Ea société est gérée par l'associé ou les associés II. Gestio».
indéfiniment responsables.
Le commanditaire n'a ni le droit ni l'obligation de
gérer les affaires de la société.
Il ne peut pas non plus s'opposer aux actes de la
gérance.
1665 (596).
Le commanditaire n'est passible des pertes que III. Bénéfices et per-
tes.
jusqu'à concurrence de l'apport qu'il a déjà fait ou qu'il
est encore tenu de faire.
La part des bénéfices revenant à un commandi-
taire ne s'ajoute au capital de sa commandite que si
le montant de l'apport stipulé n'est pas atteint.
Au surplus, sa quote-part dans les bénéfices ou les
pertes est fixée par le juge à défaut de conventions
particulières sur ce point.

1666 (597).
La société en commandite peut, sous sa raison so- C. Kapports de la so-
cic'te envers les
ciale, devenir créancière et débitrice, ester en jugement, tiers.
I. Droit d'acqué-
et acquérir des droits de propriété et d'autres droits rir, de s'obliger
et d'ester en ju-
réels, même sur des immeubles. gement.
Feuille fédérale suisse. Année LVII. Vol. IL 16
242

1667 (598).
11. Représentation. La société en commandite est représentée par les
associés indéfiniment responsables.
L'étendue de leurs pouvoirs se règle d'après les
dispositions relatives aux sociétés en nom collectif.

1668 (598).
3Ii. Responsabilité Le commanditaire qui fait des affaires pour la so-
1. Da commandi-
taire à raison ciété, sans déclarer expressément qu'il n'agit qu'en qua-
de ses opéra-
tions faites lité de fondé de procuration ou de mandataire, est tenu
pour la so-
ciété. des engagements qui résultent de ces affaires comme s'il
était un associé indéfiniment responsable.

1669 (599).
2. Cas d'une ins- Lorsque la société en commandite a été formée.sans
eription inex-
acte. inscription au registre du commerce, chaque comman-
ditaire est tenu envers les tiers, comme un associé in-
définiment responsable, des obligations que la société a
contractées antérieurement à l'inscription, à moins qu'il
ne prouve que ces tiers avaient connaissance de sa qua-
lité de simple commanditaire.

1670 (600).
3. Cas an nom du Le commanditaire dont le nom figure dans la rai-
commandita-
re figurant son sociale est responsable envers les créanciers de la
dans la raison
sociale. société comme un associé en nom collectif.

1671 (602).
•!, IM comman- Le commanditaire est obligé envers les tiers jus-
dite.
a.Etendue de
la responsa-
qu'à concurrence de la somme inscrite au registre du
bilité. commerce.
Il est obligé au delà s'il a déclaré à des tiers, par
circulaire ou autrement, une commandite plus élevée.
243

1672 (608).
Les créanciers de la société n'ont, tant qu'elle sub- b, Droits des
créanciers
siste, aucune action directe contre le commanditaire. sociaux.
Quand la société finit autrement que par la faillite,
ils n'ont une action directe contre le commanditaire que
pour le montant de la commandite qui n'a pas été versé
ou qui a été retiré.
Si la société tombe en faillite, ses créanciers peu-
vent seulement demander la remise à la masse du mon-
tant de la commandite non versé ou retiré.

1673 (604).
Si, par une convention avec les associés indéfini- c. Responsabi-
lité restrein-
ment responsables ou par des prélèvements anticipés sur te.
l'actif social, le commanditaire a diminué le montant de
la commandite qu'il a inscrit ou déclaré d'une autre
manière, cette réduction n'est opposable aux tiers que
lorsqu'elle a été inscrite au registre du commerce et
dûment publiée (1722).
Les obligations contractées par la société avant cette
publication demeurent garanties par le montant intégral
de la commandite originaire.

1674 (601).

L'associé indéfiniment responsable ne peut être 5. Responsabili-


té des associée
poursuivi personnellement pour une dette sociale, que en nom.
lorsque la société a été dissoute ou qu'elle a été l'objet
do poursuites infructueuses.

1675 (605).
D ne peut être payé d'intérêts an commanditaire, IV. Droit de préle-
ver des intérêts
même lorsqu'ils auraient été prévus par une convention et des.bénéflces.
244

particulière, que s'il n'en résulte aucune diminution du


capital de la commandite.
Le commanditaire ne peut toucher ni intérêts ni
bénéfices tant que le capital de la commandite diminué
par des pertes n'a pas été reconstitué.
Si des paiements ont été opérés contrairement à
ces dispositions, le commanditaire est tenu des obliga-
tions de la société jusqu'à concurrence des sommes à
lui payées, mais il ne peut être astreint à restituer les
intérêts et les bénéfices qu'il a reçus de bonne foi en
vertu d'un bilan régulier.

1676 (606).

V. Entrée dans une Celui qui entre comme commanditaire dans une so-
société déjà
existante. ciété en nom collectif ou en commandite déjà existante,
est tenu jusqu'à concurrence de sa commandite des obli-
gations antérieurement contractées, que la raison sodalo
ait ou non subi une modification.
Toute clause contraire est nulle et de nul effet à
l'égard des tiers.
1677 (607).

VT. Droits des cré-


Les rapports entre la société et les créanciers par-
anciers particu- ticuliers d'un associé indéfiniment responsable sont sou-
liers.
mis aux règles de la société en nom collectif (1637).
Les créanciers particuliers d'un commanditaire ne
peuvent saisir que sa part éventuelle de liquidation.
Le créancier de la société, qui est en même temps
débiteur particulier du commanditaire, ne peut opposer
la compensation à ce dernier que dans la mesure où les
créanciers ont une action directe contre lui (1672, al. 2).
245

1678 (608).

Dans la faillite de la société en commandite, les VII. Faillite do la so-


ciété et des as-
créanciers de la société sont payés sur l'avoir social à sociés,
l. De la société.
l'exclusion des créanciers personnels des différents as-
sociés.
Le montant de la commandite fait partie de l'avoir
social.

1679 (609).

Eorsque l'avoir social est insuffisant pour désinté- S. Des associés


en nom.
resser intégralement les créanciers, ils ont le droit de
poursuivre le paiement de ce qui leur reste dû, sur les
biens personnels de chacun des associés indéfiniment
responsables, en concurrence avec les créanciers parti-
euliers de ces derniers.

1680 (610).

Eee créanciers de la société et la société ou sa masse 8. Du comman-


ditaire.
ne jouissent dans la faillite du commanditaire d'aucun
droit de préférence par rapport aux créanciers particuliers
de ce dernier.

1681 (611).

Les règles concernant la société en nom collectif D. Dissolution et pres-


cription des ac-
(1689 à 1646) sont applicables à la dissolution et à la tions.
liquidation des sociétés en commandite, ainsi qu'à la
prescription des actions contre les associés.
La société n'est toutefois pas dissoute par la mort,
la faillite ou l'interdiction d'un commanditaire.
246

Titre cinquante-deuxième.
Des papiers-valeurs.
Chapitre premier.

Dispositions générales.

1682.
A. Définition. Les papiers-valeurs, dans le sens de la présente loi,
sont tous les titres auxquels le droit qu'ils constatent est
si intimement lié qu'on ne peut, indépendamment du
titre, ni l'exercer contre le débiteur, ni le transférer.

1683.
B. Obligations déri- Le débiteur d'un papier-valeur n'est tenu de payar
vant des papiers-
valeurs. que sur présentation et contre remise du titre.
Lorsque le créancier accepte un paiement intégral
avant l'échéance, le débiteur peut exiger la remise du
titre non acquitté.
Les dispositions spéciales sur le gage immobi-
lier s'appliquent aux paiements opérés 'par le débi-
teur d'une cédule hypothécaire ou d'une lettre de rente
(847 et suiv.).

Chapitre EL

Des titres nominatifs.

1684.
A. Définition et trans- Les papiers-valeurs sont des titres nominatifs lors-
fert.
qu'étant au nom d'une personne déterminée ils ne sont
ni créés à ordre, ni désignés comme titres b ordre par
la loi.
247

Leur transfert ne peut s'opérer que par la cession


du droit et par la remise du titre.
La cession confère au cessionnaire contre le cédant
une action personnelle en délivrance du titre, et la re-
mise de celui-ci une action de même nature en pas-
sation d'un acte régulier de cession contre l'auteur de
la remise.
1685.
Le débiteur n'est tenu de payer qu'entre les mains B. Preuve des droits
du créancier.
de celui qui est le détenteur du titre et qui justifie de I. Droits et obli-
gations du débi-
sa qualité de créancier ou d'ayant cause de celui-ci. teur.

Si le débiteur paie sans que cette preuve lui soit


fournie, il n'est pas libéré envers un détenteur du titre
qui établirait sa qualité de créancier.

1686.
Lorsque le débiteur s'est réservé dans le titre le 11. Réservé faite de
pouvoir s'acquit-
droit de pouvoir valablement s'acquitter entre les mains ter envers le dé-
tenteur du titre.
de tout détenteur, il se libère en payant de bonne foi
ce dernier, même s'il n'en a pas exigé la preuve de sa
légitimation comme créancier.
Il n'est pas obligé néanmoins de reconnaître, à dé^
faut de cette preuve, tout détenteur du titre pour son
créancier.
Un papier-valeur de cette nature est d'ailleurs régi
par les dispositions applicables aux titres nominatifs.

1687.
Un titre an porteur ne peut être transformé en titre III. Transformation
nominatif que si le débiteur le permet et si son assen- d'un titre au por-
teur en titre no-
timent est constaté dans le titre. minatif.
248

Faute de le constater, la transformation n'a d'effet


qu'entre le créancier qui l'a opérée et son ayant cause-
immédiat.
1688.
C. Annulation du titre Le créancier d'un titre nominatif peut en demander
nominatif.
l'annulation en cas de perte.
A défaut de dispositions spéciales, les règles sur
l'annulation des titres au porteur (1701 et suiv.) sont
applicables en l'espèce.

Chapitre III.
Des titres à ordre.
1689.
A. lu général.
Un papier-valeur est un titre à ordre lorsqu'il est créé
à ordre ou désigné comme tel par la loi.
La lettre de change est un titre à ordre, même si
elle n'est pas expressément créée à ordre.
Elle est régie par les dispositions relatives au droit
de change.
1690.
B. Exceptions du dë- Le débiteur d'un titre à ordre ne peut faire valoir
toitenr.
que les exceptions dérivant du titre même ou de son con-
tenu, et les exceptions personnelles qu'il a directement
contre le demandeur.
1691 (838, 840).
C. Titres analogues
Les billets à ordre qui, sans porter dans leur texte
aux effets de chan- les mots « de change », sont néanmoins expressément
I. Promesses de créés à ordre et répondent d'ailleurs aux conditions
paiement.
exigées par la loi pour le billet de change, sont, d'une
manière générale, assimilés à ce dernier.
Ne leur sont pas applicables les règles concernant
le recours pour obtenir des sûretés, l'acceptation et le
paiement par intervention, ni les dispositions relatives
249

à l'inadmissibilité des exceptions soulevées par le débi-


teur au cours de l'exécution forcée, ni celles relatives à
la poursuite et à la procédure en matière de change.
1692 (839).
Les assignations qui, sans porter dans leur texte les II. Assignation«.
1. En général.
mots « de change » ou sans être qualifiées chèques, sont
néanmoins expressément créées à ordre et renferment
d'ailleurs les énonciations exigées par la loi pour la lettre
de change, sont assimilées à cette dernière, sauf les dé-
rogations qui peuvent résulter des articles suivants.

1693 (841).
Les assignations à ordre ne sont pas présentées à !. Présentation Ji
l'acceptation.
l'acceptation.
Si elles sont néanmoins présentées, l'assigné n'est
pas tenu de déclarer qu'il les accepte ou les refuse, et,
faute d'acceptation ou de déclaration de sa part, le
porteur n'est pas autorisé à faire dresser protêt ou à
exercer un recours.
1694 (841).
Lorsqu'une assignation à ordre à été acceptée vo- S.Encasd'aocep-
tatlon.
lontairement, l'accepteur est obligé comme s'il s'agissait
d'une lettre de change acceptée.
Toutefois, ni le premier porteur, ni aucun des en-
dosseurs ne peuvent exercer à raison de la solvabilité
insuffisante de l'accepteur les droits qui dérivent de
l'acceptation en matière de change.

1695 (842).
Les règles du droit de change concernant les excep- 4. Exclusion de
la rigueur dn
tions soulevées par le débiteur au cours de l'exécution for- droit de chan-
ge.
cée, de même que les dispositions relatives à la pour-
250

suite et à la procédure en matière de change ne sont


pas applicables pour l'exercice des droits résultant d'une
assignation à ordre.

1696 (843).

D. Aul;res titres en-


dos.sables.
Les titres par lesquels le souscripteur s'oblige à li-
I. lienr endosse-
ment.
vrer dans un lieu et un temps déterminés une certain«
somme d'argent ou une certaine quantité de choses fon-
gibles, peuvent être transmis par endossement, s'ils sont
expressément créés à ordre.

1697 (844).

H. Application du Les titres à ordre mentionnés à l'article précédent


Aroit de change.
et tous autres titres transmissibles par endossement
(certificats de dépôt, warrants, bulletins de chargement,
etc.) sont régis par les dispositions relatives aux lettres
de change, en ce qui concerne la forme de l'endosse-
ment, la justification du droit de propriété du porteur,
l'annulation et l'action en restitution.
Les règles concernant les titres au porteur s'appli-
quent toutefois à l'annulation des actions transmissibles
par endossement, si les statuts de la société ne pres-
crivent pas un mode spécial de procéder.

1698 (845).

III. Inadmissibilité Les dispositions concernant le recours en droit de


de la procédure
de droit de change ne sont pas applicables aux titres à ordre ou
change.
autres titres endossables qui ne répondent pas aux con-
ditions exigées pour les lettres de change, les chèques
ou les papiers à ordre analogues aux effets de change.
251

Chapitre IV.
Des titres au porteur.
1699 (846).
Un papier-valeur est un titre au porteur, lorsqu'il A. Désignation d«
crélnciur.
résulte de son texte que tout détenteur aura le droit
d'en réclamer le paiement.
Toutefois, le débiteur ne peut, même alors, valable-
ment se libérer entre les mains du porteur si une dé-
fense de payer lui a été faite par les autorités judici-
aires ou de police, ou s'il sait d'ailleurs que le porteur
n'est pas le légitime créancier.

1700 (847). . '

Le débiteur ne peut opposer à la demande fondée H. Exceptions da dé-


biteur.
sur un titre au porteur que les exceptions dirigées contre
la validité du titre, ou tirées de son texte même, et celles
qu'il a personnellement contre le porteur.
n'a pas le droit de se prévaloir du fait que le
titre a été négocié contre son gré.
Il ne peut, en particulier, dans le cas de coupons
d'intérêts au porteur, exciper de ce que la dette prin-
cipale est éteinte.
1701 (849, 850).

Les dispositions qui suivent régissent l'annulation C. Annulation.


1. Titres su por-
des titres au porteur, y compris les feuilles de coupons teur en gênerai.
1. Justification
ou talons. . delademuide.
Le demandeur est tenu de rendre vraisemblable, de-
vant le juge du domicile du débiteur, le fait qu'il a pos-
sédé le titre et qu'il l'a perdu.
Lorsqu'il -a perdu seulement la feuille de coupons
252

on le talon correspondant à son titre, il n'a besoin de


produire à l'appui de sa demande d'annulation que le
titre même.
1702 (851).
Ì. Sommation an Si le juge tient pour dignes de foi les allégations
détenteur et
défense an dé- du demandeur touchant la possession et la perte du titre,
klteur de
fayer. il somme, par un avis public, le détenteur inconnu de
produire ce titre dans un délai de trois ang au plus,
à dater de la première publication, faute de quoi l'annu-
lation en serait prononcée.
A la requête du demandeur, le juge peut interdire
au débiteur du titre d'en payer le montant, sous peine de
payer deux fois.
S'il s'agit de l'annulation de feuilles de coupons, on
applique par analogie, quant aux coupons devant-échoir
pendant le cours de la procédure, les règles concernant
l'annulation des coupons d'intérêts (1706).

1703 (852).
9. Mode de pu-
blicité.
La sommation de produire le titre doit être publiée
trois fois dans la Feuille officielle du commerce.
Le juge peut, en outre, prescrire telles autres me-
sures de publicité qu'il croirait utiles.

1704 (853).
4. Production du
titre.
Si, par suite de cette publication, le titre perdu
est produit, un délai convenable est fixé au deman-
deur pour en vérifier l'identité et l'authenticité et pren-
dre telles conclusions qui lui paraîtraient nécessaires,
spécialement pour obtenir des mesures provisionnelles
en vue d'un procès en revendication ou d'une poursuite
pénale.
253

S'il n'est pris dans ce délai aucunes conclusions


tendant à provoquer d'ultérieures décisions de sa part,
le juge ordonne la restitution du titre produit, lève
la défense de payer et rejette la demande d'annu-
lation.

1705 (854, 855, 856).

Lorsque le délai fixé dans la sommation est expiré 5. Mesures judi-


ciaires.
sans que le titre ait été produit, le juge peut en pro-
noncer l'annulation ou ordonner, s'il y a lieu, d'autres
mesures.
L'annulation d'un titre au porteur est immédiate-
ment rendue publique par voie d'insertion dans la
Feuille officielle du commerce et par tels autres moyens
que le juge estime convenables.
Une fois l'annulation prononcée, celui qui l'a pour-
suivie a le droit d'exiger qu'il lui soit remis, à ses frais,
un titre nouveau et, suivant les circonstances, une nou-
velle feuille de coupons, ou enfin que paiement lui soit
fait si la créance est exigible.

1706 (857).

Lorsque les titres perdus sont des coupons isolés, II. Coupona.
le juge du domicile du débiteur peut, à la requête de
la personne qui rend vraisemblable le fait qu'elle a pos-
sédé et perdu les coupons, ordonner que la somme à
payer sera consignée en justice soit immédiatement,
soit à l'échéance, suivant qu'elle est échue ou non.
Si aucun ayant droit ne s'est présenté dans l'inter-
valle pour réclamer le paiement, le montant du titre
est délivré au demandeur, sur l'ordre du juge, après
l'expiration d'un délai de trois ans à compter de
l'échéance.
354

1707 (858).
in. Billets de ban- Lorsqu'il s'agit de billets de banque ou d'autres
que, bons de
cuisse, etc. titres au porteur analogues, émis en grande quantité,
payables à vue et représentant par eux-mêmes une va-
leur déterminée (bons de caisses de l'Etat, des com-
munes, etc.), il n'y a pas lieu d'en faire prononcer l'an-
nulation.
1708.
B. Reserve concer- Les titres au porteur garantis par gage immobilier
nant les cédules
hypothécaires et sont régis par les dispositions concernant les cédules hy-
les lettres de rente.
pothécaires et les lettres de rente (829 et suiv., 883 et
suiv., 840 et suiv., 862 et suiv.).

Chapitre V.

Du chèque.

1709.
A. Le contrat de obè- Ee contrat de chèque est une convention par la-
que.
quelle le débiteur s'oblige à payer, moyennant qu'une
provision lui soit fournie et sans acceptation spéciale,
les assignations que le créancier émet sur lui sous forme
de chèques.
Le créancier est tenu d'observer la plus grande vi-
gilance dans l'exercice de ses droits, notamment en ce
qui concerne la garde des formulaires de chèques à lui
délivrés.
1710 (830).
B. Forme du chèque. Le chèque doit contenir les énonciations essentielles
qui suivent :
1° la qualification de « chèque » ;
2° l'indication, en toutes lettres, de la somme à payer
265

3° la signature du tireur, c'est-à-dire son nom ou sa


raison de commerce ;
4° l'indication du lieu où le chèque est créé, ainsi que
l'année, le mois et le jour de sa création ;
5° le nom ou la raison de commerce de la personne
qui doit payer ;
6° l'indication du lieu où doit s'effectuer le paiement.
Le lieu désigné à côté du nom ou de la raison
de commerce du tiré est réputé, en matière de chèque,
être tout à la fois le lieu du paiement et le domicile
du tiré.

1711 (831, 837).


Le chèque ne peut être émis qu'autant que le tireur 0. Provision.
a le droit de disposer immédiatement chez le tiré de la
somme indiquée.
Le tireur qui émet un chèque sans posséder chez le
tiré une couverture pour la somme indiquée, est tenu
de bonifier au porteur cinq pour cent du montant du
chèque, sans préjudice de la réparation du dommage
causé.
1712 (832).
Le chèque peut être émis au porteur, en faveur D. Désignation du cré-
ancier.
d'une personne déterminée ou à l'ordre de cette per-
sonne.
Si le chèque n'indique pas la personne à qui le
paiement doit être fait, il est censé être au porteur.

1713 (833).
Le chèque est payahle à présentation, encore qu'il E. Echéance.
indique une autre échéance ou n'en indique aucune.
256

1714 (834).
F. Acceptation exclue. H n'y a lieu, pour les chèques, ni de les présenter
à l'acceptation ni de les accepter.

1715 (834, 835).


G. Délai ponr présen- Ee délai pour la présentation au paiement est de
e ter : effets du re-
tard. cinq jours, si le chèque est tiré sur la place même ;
de huit jours, s'il est tiré d'une place sur une autre.
Le porteur d'un chèque qui n'en réclame pas le
paiement dans ledit délai perd son recours contre les
endosseurs ; il le perd aussi contre le tireur dans la
mesure où, faute de présentation, celui-ci a subi un pré-
judice du chef du tiré.

1716.
H. Faillite du tireur. Le chèque n'est pas révoqué par suite de la faillite
du tireur.
1717 (836).
1. Application dn droit Les dispositions sur la lettre de change sont aussi
de change.
applicables aux chèques, en tant qu'elles ne sont pas
contraires à celles du présent titre.
TROISIÈME PARTIE.

DU REGISTRE DU COMMERCE, DES


RAISONS DE COMMERCE ET DES
LIVRES DE COMPTABILITÉ.

Titre cinquante-troisième.

Du registre du commerce.

1718 (859).
Il est tenu dans chaque canton un registre du com- A. But et organisa-
tion du registre du
merce, dans lequel doivent être faites les inscriptions commerce.
I. Jfin général.
prescrites par la législation fédérale.
La législation cantonale désigne les autorités char-
gées de la tenue et de la surveillance du registre du
commerce.
Chaque canton est libre d'instituer des registres
particuliers pour chaque district et d'en confier à des
fonctionnaires spéciaux la tenue et la surveillance.
Feuille fédérale suisse. Année LV1I. Vol. IL 17
258

1719.
II. Ordonnances du Le Conseil fédéral édicté les règles concernant l'or-
Conseil fédéral.
ganisation, la tenue et le contrôle des registres du com-
merce, la procédure à suivre en matière d'inscriptions,,
les émoluments à payer, les voies de recours, ainsi que
l'organisation de la Feuille officielle du commerce.

1720 (860).
B. Suites (lu défaut Celui qui a omis de faire une inscription à laquelle
d'inscription.
il était tenu, est responsable de tout dommage pouvant,
résulter de cette omission.

1721 (861).
C. Modifications à Ins-
crire.
Toute modification se rapportant aux faits dont la
loi ordonne l'inscription au registre du commerce est
également sujette à inscription.
Si cette inscription supplémentaire a été faite, les
tiers auxquels elle est opposable (1723j ne peuvent se
prévaloir de ce qu'ils auraient ignoré la modification
survenue.
Si l'inscription a été omise, celui que la modi-
fication concerne ne peut l'opposer à un tiers que s'il
prouve que ce tiers en a eu connaissance d'autre part.

1722 (862).
II. Publication des
inscriptions.
Le registre du commerce est public.
Les inscriptions, doivent être publiées intégralement
et sans retard par la Feuille officielle du commerce, en
tant que la loi ou les règlements ne prévoient pas une
publication partielle ou par extrait.
L'autorité préposée au registre est chargée d'office
259

de veiller à cette insertion et de prendre les mesures


nécessaires contre les retardataires.

1723 (863).
Les inscriptions au registre du commerce ne sont E. Momentàpartir du-
quel les inscrip-
opposables aux tiers qu'à partir du moment où ils ont tions sont opposa-
bles aux tiers.
pu en avoir connaissance par la publication officielle qui
en à été faite.
Toutefois, il n'est pas dérogé par le présent article
aux dispositions spéciales en vertu desquelles la simple
inscription au registre produit immédiatement des effets
à l'égard des tiers.

1724 (864).
Lorsque, d'après la loi, les intéressés sont tenus de F. Intervention d'of-
fice.
faire procéder eux-mêmes à l'inscription, le fonctionnaire
préposé au registre doit prononcer d'office contre les
contrevenants une amende de 10 à 500 francs.
Si une personne ou une société tenue de se faire
inscrire au registre du commerce ne remplit pas cette
formalité, le préposé au registre doit l'inscrire d'office,
ou sur réquisition.

Titre cinquante-quatrième.
Des raisons de commerce.
1725 (865).
Toute personne capable de s'obliger par contrat a A Droit et obligation
d'inscrire une rai-
le droit de se faire inscrire dans le registre du com- son de commerce.
I. Droit àTinscrip-
merce de son domicile. tion.
Celui qui, sous une raison spéciale, exerce un com-
merce, une profession ou une industrie a le droit de
260

faire inscrire cette raison dans le registre du com-


merce du lieu où il a son principal établissement.
S'il a une succursale dans un autre lieu, il peut
de même y faire inscrire sa raison, une fois que l'ins-
cription en a été faite dans le lieu du principal établis-
sement.
1726 (865, al. 3).
II. Obligation d'ins- Quiconque fait le commerce, exploite une fabrique
crire.
ou exerce en la forme commerciale une industrie quel-
conque est tenu de se faire inscrire dans le registre du
commerce du lieu où il a son principal établissement.
S'il a une succursale dans un autre lieu, l'inscrip-
tion doit également y être faite.
Le Conseil fédéral prend les mesures nécessaires en
vue d'assurer l'accomplissement uniforme de l'obligation
de se faire inscrire au registre du commerce.

1727 (866).
B. Radiation. Lorsque la maison au nom de laquelle l'inscription
a été faite cesse d'exister, la radiation de l'inscription
doit être requise par son ancien chef ou, en cas de
décès, par ses héritiers.
Lorsqu'elle est cédée à un tiers, c'est également à
son ancien chef, ou à ses héritiers, qu'il appartient d'en
requérir la radiation.
1728 (867).
C. Forrnation des rai-
sons de commerce
Celui quî est seul à la tête d'une maison, sans avoir
et autres.
I. Raisons indivi-
ni associé en nom collectif, ni commanditaire, ne peut
duelles. prendre pour raison que son nom de famille avec ou
sans prénoms.
Il ne peut y ajouter aucune mention faisant présu-
mer l'existence d'une société.
261

Toutefois, il lui est loisible d'y adjoindre d'autres


indications de nature à désigner d'une façon plus pré-
cise sa personne ou le genre de ses affaires.

1729 (868).
Lorsqu'une raison est inscrite au registre du com- II. Défense de pren-
dre une raison
merce, un autre chef de maison ne peut en user dans inscrite.
la même localité, encore qu'il porte personnellement le
nom de famille qui constitue cette raison.
Il est tenu, en pareil cas, de faire à son nom une
adjonction qui le distingue nettement de la raison déjà
inscrite.
1730 (869).
La raison d'une société en nom collectif doit ren- III. Raisons des so-
ciétés.
fermer les noms de tous les associés ou tout au moins 1. Société en nom
collectif.
le nom de l'un d'eux avec une adjonction indiquant l'exis-
tence d'une société.

1731 (870). '


La raison d'une société en commandite doit renfer- 2. Société en
commandite.
mer le nom de l'un au moins des associés indéfiniment
responsables, avec une adjonction indiquant l'existence
d'une société.
1732 (871).
La raison d'une société en nom collectif ou en com- 8. Uéfense d'y
introduire des
mandite ne doit contenir aucun autre nom que ceux noms étran-
gers.
d'associés indéfiniment responsables.
Aucune société en nom collectif ou en commandite
ne peut prendre la qualification de société par actions,
encore que le capital social soit, en tout ou en partie,
divisé en actions.
262

1738 (872).
4. Modification Lorsqu'un associé dont le nom figure dans la raison
en cas de chan-
gement de d'une société en nom collectif ou en commandite cesse
nom.
de faire partie de la société, son nom ne peut être
maintenu dans la raison sociale, même avec son consen-
tement ou celui de ses héritiers.

1734 (873).
». Société par ac- Les sociétés anonymes, les sociétés en commandite
tions et asso-
ciations. par actions et les associations sont libres de choisir
leur raison sociale comme elles l'entendent, à charge
d'y ajouter, en toutes lettres, les dénominations de « so-
ciété anonyme », « société en commandite par actions »
ou « association ». ^
Elles doivent se distinguer de toute autre raison
de commerce déjà inscrite.

1735 (874).
IV. Reprise d'un éta- Celui qui acquiert ou reprend un établissement déjà
blissement déjà
existant. existant est soumis aux dispositions régissant la forma-
tion et le maintien d'une raison de commerce (1728 à
à 1734).
Il peut toutefois indiquer dans sa raison à qui il
succède, s'il y est autorisé expressément ou tacitement
par son auteur ou par les héritiers de celui-ci.

1736 (875).
V. Contrôle des au- Les autorités préposées au registre doivent exiger
torités préposées d'office que les intéressés se conforment aux dispositions
au registre.
du présent titre sur l'inscription, la radiation ou le chan-
gement des raisons de commerce.
263

1737 (876).
Dès que la raison d'un particulier ou d'une société VI. Protection dos
raisons de com-
a été inscrite au registre du commerce et publiée dans merce .
la Feuille officielle du commerce conformément aux pres-
criptions du présent titre, nulle autre personne n'a le
droit de s'en servir.
Celui au préjudice duquel un tiers se servirait in-
dûment de cette raison peut lui en faire interdire l'u-
sage et, en cas de faute, l'actionner .en dommages-in-
térêts.

Titre cinquante-cinquième.
Des livres de comptabilité.
1738 (877).
Le titulaire d'une raison inscrite au registre du com- A. Obligation de te-
nir des Jivres de
merce est obligé d'avoir des livres de comptabilité régulière- comptabilité.
ment tenus, indiquant sa situation de fortune, ainsi que
ses dettes et créances qui se rattachent à ses affaires
professionnelles.
Celui qui contrevient à cette obligation est passible
d'une amende qui peut s'élever jusqu'à cinq cents francs.
Toutes poursuites pénales demeurent réservées.

1739 (878).
Les personnes astreintes à tenir des livres doivent B. Obligation de les
les conserver pendant dix ans, à partir de la dernière conserver.
inscription qu'elles y ont faite.
Les lettres et télégrammes d'affaires reçus doivent
également être conservés pendant le même laps de
temps, à partir du jour de leur arrivée ; cette disposition
s'applique aussi aux copies de lettres.
264

Toute contravention est passible d'une amende qui


peut s'élever jusqu'à cinq cents francs.

1740 (879).
C. Obligation de les En cas de contestations relatives à l'exploitation
produire enjustice.
d'un commerce ou d'une industrie, les personnes astrein-
tes à tenir des livres peuvent être obligées de les pro-
duire, ainsi que les lettres ou télégrammes d'affaires,
qu'elles ont reçus, et leurs copies de lettres.
Titre final.

De la promulgation et de l'application du
Gode civil suisse.

CHAPITRE 1er
De l'application du droit national et du droit étranger.

1741.
Les Suisses à l'étranger et les étrangers en Suisse A.Principes génërmix.
I. Truites et loie.
sont régis par la législation que les traités internatio-
naux leur déclarent applicable.
A défaut de traités, ils sont régis par les disposi-
tions suivantes.
Les personnes dont la nationalité ne pourra être
établie seront assimilées aux ressortissants du pays-de
leur dernier domicile.
1742.
Les juges suisses appliquent d'office, en tant qu'ils II. Droit étranger.
le connaissent, le droit étranger aux causes par lui
régies.
S'ils ne le connaissent pas, ils pourront exiger que
l'existence et la teneur des lois étrangères soient éta-
blies par celle des parties qui s'en prévaut.
266

Ils appliqueront le droit suisse, si cette preuve n'est


pas faite.
1743.
m. For. Lorsque la loi n'en dispose pas autrement, les tri-
bunaux suisses sont compétents toutes les fois qu'ils
doivent appliquer le droit national.
Les Suisses à l'étranger, en tant qu'ils sont régis
par leur droit national, sont actionnés, en principe,
devant le juge de leur lieu d'origine.

1744.
B. Drei t des personnes,
de famille et de suc-
Les Suisses, même domiciliés à l'étranger, sont
cession. soumis à leur loi nationale dans les matières qui con-
I. Règle générale.
1. Concernant les
Suisses à J'é-
cernent le droit des personnes, de famille et de suc-
tranger. cession.
Ils sont toutefois régis, même en Suisse, par la loi
de leur domicile lorsque le droit étranger leur déclare
cette loi applicable.
Ils demeurent soumis à leur droit national en ce qui
concerne leurs immeubles situés en Suisse, même s'ils
sont régis à d'autres égards par le droit étranger.

1745.
S. Concernant les Le droit suisse est applicable aux étrangers, dans
étrangers en
Suisse. les matières qui concernent le droit des personnes, de
famille et de succession, lorsqu'ils sont nés en Suisse et
qu'ils y ont leur domicile.
Les autres étrangers sont soumis au droit que leur
législation nationale leur déclare applicable.
II. Jouissance et exer- 1746.
cice des droits ci-
vils.
1. Exercice des Les étrangers qui ne possèdent pas l'exercice des
droits civils par
les étrangers en droits civils et contractent des engagements en Suisse, ne
Suisse.
267

peuvent y exciper de leur incapacité si, aux termes de


la loi suisse, ils étaient capables à l'époque où ils se
sont obligés.
Cette règle ne s'applique ni aux actes rentrant dans
le droit de famille et de succession, ni aux actes em-
portant disposition d'un immeuble situé à l'étranger.

1747.
Un étranger peut être déclaré absent, en confor- 2. Déclaration d'ab-
sence.
mité de la loi suisse, pour les droits subordonnés à son
décès, lorsque ces droits sont soumis à la loi suisse ou
se rapportent à des biens situés en Suisse.
Une femme étrangère, de nationalité suisse avant
son mariage, peut demander que son mari soit déclaré
absent à teneur de la loi suisse, lorsqu'elle était domi-
ciliée en Suisse à l'époque où il a disparu sans lais-
ser de ses nouvelles.
Dans ce cas, les effets de la déclaration d'absence au
point de vue du mariage sont régis par la loi suisse.

1748.
Les personnes morales qui ont leur siège à l'étran- 8. Personnalité civile
des personnes mo-
ger peuvent prétendre en Suisse à la personnalité civile rales étrangères en
Suisse.
dans la mesure où elle leur est conférée par la loi étran-
gère, mais elles n'y ont droit, en aucun cas, au delà
de ce qui est prévu par la loi suisse.
L'acquisition d'immeubles, par les personnes mora-
les étrangères de droit public, est subordonnée à l'au-
torisation du Conseil fédéral.

1749.
La validité d'un mariage célébré entre personnes III. Mariage.
l. Droit applicable.
dont l'une ou toutes deux sont étrangères, est régie
pour chacune d'elles par sa loi nationale.
268

Les formes à suivre pour la célébration d'un ma-


riage en Suisse sont celles de la loi suisse.

.1750.
2. Publication de irm- Tout Suisse habitant l'étranger peut se marier en
r.iage pOHrnu Suisse
il l'étranger. Suisse.
Il requiert, à cet effet, les publications nécessaires
de l'officier de l'état civil de son canton d'origine.
1751.
3. Publication et célc-
tiration du mariage
L'étranger habitant la Suisse, qui veut s'y marier,
d'un étranger en
Unisse.
requiert les publications nécessaires de l'officier de
l'état civil de son domicile, après avoir reçu du gou-
vernement du canton où il est domicilié l'autorisation
de faire célébrer son mariage.
Cette autorisation ne peut être refusée, lorsque
l'Etat d'origine déclare qu'il reconnaîtra le mariage de
son ressortissant ainsi que tous les effets de ce ma-
riage; elle peut être accordée, d'ailleurs, même à dé-
faut de cette déclaration.
La célébration du mariage d'un étranger non domi-
cilié en Suisse peut avoir lieu en vertu d'une autorisa-
tion du gouvernement du canton où il doit y être pro-
cédé, s'il résulte d'une déclaration de l'Etat d'origine ou
s'il est établi d'une autre manière que le mariage, avec
tous ses effets, sera reconnu dans le pays d'origine.
1752.
4. Validitédemariages La validité d'un mariage célébré à l'étranger en
étrangers.
conformité des lois qui y sont en vigueur, est recon-
nue en Suisse.
Le mariage célébré à l'étranger ne pourra être
annulé en Suisse que si la nullité résulte aussi bien
de la loi étrangère, et de la loi nationale des conjoints,
que de la loi suisse elle-même.
269

1753.
Le conjoint suisse habitant l'étranger peut inten- [V. .Divorce.
1. Action d'un Suis-
ter une action en divorce devant le juge de son lieu se domicilié à
l'étranger.
d'origine.
Lorsque le divorce d'époux suisses habitant l'étran-
ger a été prononcé par le juge compétent aux termes
des lois de leur domicile, ce divorce est reconnu en
Suisse, même s'il n'est pas justifié à teneur de la lé-
gislation fédérale.
1754.
Un époux étranger, qui habite la Suisse, a le droit '2. Action d'un étran-
ger domicilié en
d'intenter son action en divorce devant le juge de son Suisse.
domicile, à la condition de prouver que, d'après les lois
ou la jurisprudence de son pays d'origine, la cause de
divorce invoquée est admise et la juridiction suisse re-
connue.
La cause de divorce qui date d'une époque où les
conjoints étaient régis par une loi différente de leur loi
actuelle, peut être invoquée seulement si elle est admise
comme telle par la législation sous l'empire de laquelle
cette cause s'est produite.
Le divorce d'époux étrangers est prononcé d'ail-
leurs selon la loi suisse lorsque ces conditions se trou-
vent accomplies.

1755.
Les actions et les jugements relatifs à des étran- 8. Divorce et sépara-
tion de corps.
gers en Suisse ou à des Suisses à l'étranger peuvent,
suivant la loi applicable, tendre au divorce ou à la sé-
paration de corps.
La loi qui régit le divorce s'applique également à
la séparation de corps comme à toute autre institution
équivalente du droit étranger.
270

1756.
Vt .Régime matrimo- Le régime matrimonial sous lequel vivaient les époux
nial.
l. Domicile trans- n'est point modifié par le fait qu'ils ont transféré leur
féré en Suisse.
domicile de l'étranger en Suisse ou qu'ils se sont fait
naturaliser suisses.
Un régime matrimonial étranger n'est toutefois op-
posable aux tiers que s'il a été inscrit au registre des
régimes matrimoniaux du domicile suisse.
Les conjoints qui vivent en , Suisse sous un ré-
gime matrimonial étranger demeurent néanmoins sou-
mis, aussi longtemps qu'ils habitent la Suisse, à la loi
de ce pays pour la conclusion d'un contrat de mariage
ainsi que pour leur séparation de biens légale ou judi-
ciaire.
1757.
2. Donneilo transféré Lorsque des époux quittent la Suisse et transfèrent
à l'étranger.
leur domicile!^ l'étranger, la question de savoir si leur
régime matrimonial antérieur subsiste se décide d'après
la loi du nouveau domicile.

1758.
VI. filiation légitime. La filiation légitime d'un enfant se détermine d'après
1. Naissance.
la législation à laquelle le père était soumis, au jour de
la naissance, pour le règlement de ses droits de famille

1759.
i'. Légitimation et La légitimation'"et l'adoption d'un enfant régi par
ridoptiou. le droit étranger ne peuvent avoir lieu que si elles ne
sont pas prohibées par la loi d'origine de l'enfant.
Elles ne peuvent être faites par des étrangers do-
miciliés en Suisse que si la loi d'origine de ceux-ci ne
prohibe pas ces actes.
271

Un enfant de nationalité suisse ne peut, en tout cas,


être légitimé ou adopté par un père soumis au droit
étranger que si les prescriptions de la loi suisse ont été
observées.

1760.
Les effets de la filiation illégitime sont régis par la VU. Filiation illégi-
time.
loi à laquelle la mère, l'enfant et le père sont soumis 1. Droit applica-
ble.
pour le règlement de leurs droits de famille, si la même
loi leur est applicable.

1761.
Lersque ces personnes ne sont point régies par la 2. Prestations pécu-
niaires ; condition
même loi, les prestations pécuniaires en faveur de la de l'enfant.
mère et de l'enfant se déterminent d'après la législa-
tion applicable à ces derniers.
L'enfant ne suit la condition du père que si la loi
de l'un et de l'autre le permet.
En particulier, la paternité d'un étranger domicilié
en Suisse ne peut être déclarée avec ses conséquences
d'état civil que s'il est établi que ces conséquences sont
admises par la loi d'origine du père et de l'enfant.

1762.
Les Suisses domiciliés à l'étranger ne peuvent être VOI. Tutelle.
1. Du Suisse à
placés sous tutelle en Suisse que pour les causes pré- l'étranger.
vues par leur loi nationale et que si l'Etat étranger
reconnaît la tutelle du pays d'origine, ou qu'il existe
des biens situés en Suisse.
La mise sous tutelle a lieu, en pareil cas, dans la
commune d'origine.
272

1763.
2. De l'étranger en Des étrangers domiciliés en Suisse peuvent être mis
Suisse.
sous tutelle au lieu de leur domicile pour les causes pré-
vues par la loi suisse ou par leur loi nationale (1745).
Si l'autorité du lieu d'origine réclame la tutelle, il
est fait droit à sa demande, sous réserve de réciprocité
de la part de l'Etat étranger.
Dans ces circonstances, les autorités suisses n'en
prennent pas moins toutes les mesures provisoires qui
paraissent nécessaires.

1764.
ï. Curatelle. La curatelle est ordonnée, aussi bien envers les
étrangers domiciliés en Suisse qu'à l'égard des Suisses,
par l'autorité tutélaire du domicile.

1765.
IX. Successions.
1. Ouverture.
La succession d'un Suisse domicilié à l'étranger est
régie, même s'il y décède, par la loi suisse (1744) pour tous
ses biens, y compris les immeubles situés à l'étranger.
Lorsqu'un étranger domicilié en Suisse y décède et
qu'il est d'ailleurs soumis à la loi suisse (1745), sa suc-
cession s'ouvre au lieu de son domicile.
Si l'Etat d'origine du défunt n'admet pas que la
succession se soit ouverte en Suisse, elle ne s'ouvre pas
moins au lieu du domicile suisse pour tous les biens,
meubles et immeubles, qui ne se trouvent pas dans le
pays d'origine.

1766.
2. Capa.cité de dispo- La capacité de disposer pour cause de mort est ré-
ser pour cause de
mort et quotité dis- gie par les lois successorales auxquelles était soumis
ponible.
273

le disposant à la date où il les a faites ou révo-


quées.
La quotité disponible se détermine selon le droit
applicable au disposant lors de son décès.

1767.
Un testament est valable dès que sa forme répond s. Formo des testa-
ments.
aux exigences des lois en vigueur :
lors de sa rédaction, soit au lieu où il a été fait,
soit au domicile ou dans le pays d'origine de son au-
teur, ou
lors du décès de ce dernier, à son domicile ou dans
son pays d'origine.
1768.
Les dispositions de la loi suisse concernant la pro- C. Droits réels.
priété et les autres droits réels s'appliquent, sous réserve
de prescriptions spéciales, à tous les biens situés en
Suisse.
Sont considérés, dans tous les cas, comme des biens
situés en Suisse, les meubles à regard desquels l'ayant
droit peut s'inscrire dans un registre tenu par une au-
torité suisse, ou ceux à l'égard desquels les tribunaux
suisses sont compétents pour prononcer sur les droits y
prétendus.
1769.
Lorsqu'il n'y a pas lieu d'admettre une intention con- 0. Droit des obliga-
tions.
traire des parties, les dispositions du Code civil concer-
nant les obligations régissent tous les contrats dont l'exé-
cution doit avoir lieu en Suisse.
Les créances dérivant d'actes illicites commis en
Suisse sont régies par la loi suisse.
Feuille fédérale suisse. Année LV1I. Vol. II. 18
274

1770.
E. Règles d'ordre pu- Les règles du Code civil suisse édictées dans
blie.
l'intérêt de l'ordre public et des bonnes mœurs sont
applicables, d'une manière absolue et exclusive, devant
les tribunaux suisses.
1771.
F. Porrne des actes. La loi applicable à l'objet de l'acte, l'est égale-
I. Formes prescri-
tes. ment pour décider si la validité de cet acte dépend de-
l'observation d'une forme déterminée.

1772.
II. Accomplisse- Les formes employées en pays étranger et satisfaisant
ment des formes
prescrites. aux exigences de la loi qui y est en vigueur, sont assi-
milées aux formes correspondantes du droit suisse.
Les formes de la loi étrangère ne peuvent être sub-
stituées à celles que le Code civil suisse a établies dans
un intérêt d'ordre public.

1773.
G. Droit de rétorsion. Le Conseil fédéral, autorisé à cet effet par l'Assem-
blée fédérale, peut décréter à l'encontre d'un Etat étran-
ger, de ses ressortissants ou de leurs ayants cause, l'ap-
plication de règles dérogeant du présent Code.

CHAPITRE II.
De l'application du droit ancien et du droit nouveau,
1774.
A. Principes géné- Les effets juridiques de faits antérieurs à la pro-
raux.
1. Non-rétroacti- mulgation du Code civil suisse continuent à être régis
vité des lois.
par les dispositions du droit fédéral ou cantonal sous
l'empire duquel ces faits se sont passés.
275

En conséquence, la force obligatoire et les effets


juridiques des actes accomplis avant cette date restent
soumis, même postérieurement, à la loi en vigueur à l'é-
poque où ils ont eu lieu.
Au contraire, les faits qui se sont passés à une
date ultérieure sont régis par le présent Code, sous ré-
serve des exceptions prévues par la -loi.

1775.
Les dispositions du Code civil suisse édictées dans II. Rétroactivité dans
l'intérêt de l'ordre
l'intérêt de l'ordre public et des bonnes mœurs sont public et des bon-
nes moeus
applicables, dès leur entrée en vigueur, à tous les faits
que la loi n'a pas exceptés de cette règle.
Sont virtuellement abrogées, en conséquence, les
prescriptions de l'ancien droit qui, dans l'esprit du droit
nouveau, sont contraires à l'ordre public ou aux bonnes
mœurs.
1776.
Les cas réglés par la loi indépendamment de la vo- II. Règles de droit
strict et droits non
lonté des parties sont régis par la loi nouvelle, après acquis.
la promulgation du Code civil suisse, même s'ils re-
montent à une époque antérieure.
Les effets juridiques de faits qui se sont passés
sous l'empire de la loi ancienne, mais dont il n'est pas
encore résulté de droits acquis avant la promulgation
du Code civil suisse, sont régis par la loi nouvelle dès
son entrée en vigueur.

1777.
L'exercice des droits civils est régi, dans tous les B.Droit des personnes.
I. Exercice des
cas, par les dispositions de la présente loi. droits civils.
Toutefois, les personnes qui, à teneur de la loi an-
276

tienne, étaient capables d'exercer leurs droits civils lo.rs


de la promulgation de la loi nouvelle, mais qui ne le
sont plus en conformité de cette dernière, ne subissent
aucune diminution de leur capacité civile.

1778.
U. Déclaration d'ab-
sence.
La déclaration d'absence est régie par la loi nou-
velle dès la promulgation du Code civil suisse.
Les déclarations de mort ou d'absence prononcées
sous l'empire de la loi ancienne déploient, après l'entrée
en vigueur du présent Code, les mêmes effets que la dé-
claration d'absence de la loi nouvelle ; les effets qui se
sont produits auparavant, en conformité de la loi an-
cienne, tels que la dévolution de l'hérédité ou la disso-
lution du mariage, ne subissent d'ailleurs aucun chan-
gement.
Si une procédure à fin de déclaration d'absence
est en cours lors de l'entrée en vigueur du Code civil,
elle sera reprise dès l'origine aux termes des dispositions
de ce Code, sauf à imputer le temps qui s'est écoulé
dans l'intervalle; il sera loisible néanmoins de la conti-
nuer, avec l'assentiment des intéressés, en observant les
formes et délais de la loi ancienne.

1779.
IlIJPersonnesmorales. Les groupes de personnes organisés corporative-
ment, les établissements et les fondations qui ont acquis
la personnalité civile en vertu de la loi ancienne, la
conservent sous l'empire du présent Code même quand
ils n'auraient pu l'acquérir à teneur de ses dispositions.
Les personnes morales existantes, dont la loi nou-
velle subordonne la constitution à une inscription dans
un registre public, n'en doivent pas moins accom-
277

plir cette formalité, même si la loi ancienne ne la pré-


voyait pas, et cela dans les cinq ans à compter de la
promulgation du Code civil suisse; si elles négligent de
s'inscrire dans les cinq ans, elles perdent leur qualité
de personnes morales.
L'étendue de la personnalisation est déterminée, dans
tous les cas, par la loi nouvelle, aussitôt après l'entrée
en vigueur du présent Code.

1780.
Dès la promulgation du Code civil suisse, la célé- C. Droit de famille.
I. Célébration et dis-
bration et la dissolution du mariage, ainsi que les effets solution du ma-
riage ; effets au
du mariage au point de vue de la personne des époux, point de vue de
la personne des
sont régis, d'une manière absolue, par la loi nouvelle. époux.
La loi ne retroagii pas à l'égard des mariages va-
lablement célébrés ou dissous aux termes de la loi an-
cienne.
Les mariages qui ne seraient pas valables à teneur
de la loi ancienne ne peuvent plus, dès la promulgation
du présent Code, être annulés qu'en conformité de ses
dispositions ; néanmoins, la supputation des délais s'opère
en tenant compte du temps qui a couru dans l'inter-
valle.
1781.
Les effets du mariage, au point de vue des intérêts II. Régime matrimo-
nial.
pécuniaires des conjoints, sont régis par la loi nouvelle
dès l'entrée en vigueur du présent Code.
Les époux peuvent, par contrat de mariage, con-
server leur régime légal antérieur ; mais ce contrat n'est
opposable aux tiers qu'à, la condition d'être commu-
niqué à l'autorité compétente, avant la promulgation
du Code civil suisse, en vue de son inscription dans
le registre des régimes matrimoniaux.
278

Un contrat de mariage déjà passé lors de l'entrée


en vigueur de la loi nouvelle demeure valable, même
postérieurement; il n'est toutefois opposable aux tiers
qu'à la condition d'avoir été communiqué, avant ladite
époque, à l'autorité compétente, en vue de son inscrip-
tion dans le registre des régimes matrimoniaux.

1782.
III Droits des parents
et des enfants.
La loi nouvelle est applicable, dès l'entrée en vi-
gueur du présent Code, aux droits des parents et des
enfants.
La perte de la puissance paternelle encourue sous
l'empire de la loi ancienne déploie ses effets, même pos-
térieurement, à moins qu'une décision contraire ne soit
rendue, sur la requête de l'un des parents, à teneur des
dispositions du Code civil.
Les enfants placés sous tutelle lors de l'entrée en
vigueur du Code civil, mais qui, à teneur de celui-ci,
doivent être sous puissance paternelle, rentrent sous la
puissance de leurs père et mère ; toutefois, la tutelle
subsiste jusqu'à ce que les autorités compétentes en
aient opéré le transfert.

1783.
TV. Filiation illégi- La filiation illégitime est régie par la loi nouvelle
time.
dès la promulgation du présent Code.
La mère d'un enfant naturel né avant cette époque
et l'enfant lui-même ne peuvent faire valoir contre le
père que les actions fondées sur le droit de famille qui
leur appartenaient en vertu de la loi ancienne.
La reconnaissance émanant du père a lieu en con-
formité des dispositions du Code civil suisse, même si l'en-
fant est né avant l'entrée en vigueur de la loi nouvelle.
279

1784.
Les tutelles sont régies par la loi nouvelle dès la V. Tutelle.
promulgation du présent Code.
Une mise sous tutelle antérieure à cette époque
continue à déployer ses effets ; toutefois, les conditions
en seront réglées d'après le Code civil, par les soins des
autorités compétentes.
Les tutelles commencées sous l'empire de la loi an-
cienne,- mais qui ne sont plus admissibles à teneur
de la loi nouvelle, doivent prendre fin ; elles ne cessent
pas toutefois avant d'avoir été levées.

1785.
La succession d'un père, d'une mère, d'un conjoint D. Successions.
I. Héritiers et ' dé-
décédé avant la promulgation du présent Code est ré- volution de l'hé-
réditd.
gie, même postérieurement, par la loi ancienne ; il en
est de même des effets du régime matrimonial qui
sont juridiquement inséparables de l'hérédité et qui
résultent du décès.
Cette règle s'applique aussi bien aux héritiers qu'à
la dévolution de l'hérédité.

1786.
Lorque les dispositions pour cause de mort ont été II. Dispositions pour
cause de mort.
faites ou révoquées avant l'entrée en vigueur du pré-
sent Code, ni l'acte, ni la révocation émanant d'une per-
sonne capable de disposer ne peuvent être attaqués pos-
térieurement, pour le motif que leur auteur est mort
sous l'empire de la loi nouvelle et n'était pas capable
de disposer à teneur de cette loi.
Un testament n'est point annulable pour vice de
forme, s'il satisfait aux prescriptions légales en vigueur
280

à l'époque où il a été rédigé, ou à la date du décès de


son auteur.
L'action en réduction ou l'action fondée sur l'inad-
missibilité du mode de disposer est réglée par le pré-
sent Code, à l'égard de toutes les dispositions pour cause
de mort, si c'est après la promulgation de-ce Code que
leur auteur est décédé.

1787.
B. Droits réels. Les droits réels existant lors de l'entrée en vigueur
I. En général.
du Code civil sont maintenus, sous réserve des pres-
criptions légales concernant le registre foncier.
A défaut d'une exception faite dans le présent Code,
la propriété et les autres droits réels sont régis toute-
fois, quant à leur étendue, par la loi nouvelle dès son
entrée en vigueur.
Ils continuent à être régis par la loi ancienne si
leur constitution n'est plus possible aux termes de la
loi nouvelle.
1788.
II. Droits personnels Lorsqu'une action personnelle tendant à la consti-
et droits fondés sur
un contrat. tution d'un droit réel est née avant la promulgation du
Code civil, elle subsiste moyennant qu'elle réponde aux
conditions de forme de la loi ancienne ou de la^loi nou-
velle.
L'ordonnance relative à la tenue du registre fon-
cier déterminera le mode de la justification à produire pour
l'inscription de droits nés sous l'empire de la loi an-
cienne.
Lorsqu'un droit réel a été établi par le fait de
l'homme avant la promulgation du présent Code, il ne
subit aucun changement du chef de la loi nouvelle, dès,
l'instant qu'il n'est pas incompatible avec celle-ci.
281

1789.
La prescription acquisitivi est réglée par la loi HI. Prescription ac-
(juisitive.
nouvelle dès l'entrée en vigueur du Code civil.
Le temps écoulé jusqu'à cette époque est propor-
tionnellement imputé sur le délai de la loi nouvelle si
une prescription, qu'elle admet aussi, a commencé à
courir sous l'empire de la loi ancienne.

1790.
Les anciens droits de propriété constitués sur des IV. Arbres plantés
flans le fonds
arbres plantés dans le fonds d'autrui sont maintenus d'autrui.
dans les termes de la législation cantonale.
Les cantons ont la faculté de les restreindre ou de
les supprimer.
1791.
Les servitudes foncières constituées avant l'entrée V. Servitudes fon-
cières.
en vigueur du Code civil subsistent, même sans inscrip-
tion, après l'introduction du registre foncier ; toutefois,
elles ne peuvent être opposées aux tiers de bonne foi
qu'après leur inscription.

1792.
Les titres hypothécaires existant avant l'entrée en VI. Gage immobilier.
1. Reconnaissance
vigueur du présent Code sont reconnus, et il n'est pas dee titres hypo-
thécaires ac-
nécessaire de les adapter à la loi nouvelle. tuels.'
Les cantons ont néanmoins la faculté de prescrire
que les titres hypothécaires actuels seront établis, dans
un délai déterminé, conformément aux dispositions de la
loi nouvelle.
1793.
Les gages immobiliers constitués après la promul- 3. Constitution de
droits de gage.
gation du Code civil ne peuvent l'être que suivant les
formes prévues par la loi nouvelle.
282

Les formes prévues par les anciennes lois cantonales


demeurent toutefois en vigueur jusqu'à la mise en acti-
vité du registre foncier.
1794.
3. Titres acquittés. Toutes les opérations destinées à l'acquittement ou
à la modification d'un titre, à l'extinction d'un gage ou
à d'autres buts analogues, sont régies par la loi nou-
velle après la promulgation du présent Code.
Les formes à observer sont toutefois réglées par
le droit cantonal, jusqu'à l'introduction du registre
foncier.
1795.
4. Etendue du gage. L'étendue de la charge hypothécaire se détermine,
pour tous les gages immobiliers, conformément à la loi
nouvelle.
Lorsque néanmoins certains objets ont été, par con-
vention spéciale, valablement affectés de gage avec l'im-
meuble grevé, cet état de choses n'est pas modifié par-
la loi nouvelle, même si ces objets ne peuvent être
engagés dans ces conditions à teneur du Code civil.

1796.
5. Droits et obligations En tant qu'effets juridiques de nature contractuelle,
dérivant du gage.
a. En général. les droits et obligations du créancier et du débiteur se
règlent, pour les gages immobiliers existant à l'époque
de la promulgation du présent Code, en conformité de
la loi ancienne.
En revanche, la loi nouvelle est applicable à ceux de
ces effets juridiques qui -naissent de plein droit et qui ne
peuvent être modifiés par la convention des parties.
Si le gage porte sur plusieurs immeubles, ceux-ci
demeurent grevés à teneur de la loi ancienne.
283

1797.
Les droits du créancier, pendant la durée du gage, ft. Mesures de sûreté.
spécialement la faculté de prendre des mesures con-
servatoires, sont régis par la loi nouvelle, pour tous les
gages immobiliers, à compter de l'entrée en vigueur
du Code civil; il en est de même pour les droits du
débiteur.
1798.
La dénonciation des créances garanties par des c. Dénonciation.
gages immobiliers et le transfert des titres sont régis
par la loi ancienne, pour tous les droits de gage consti-
tués avant la promulgation du présent Code ; demeurent
réservées les prescriptions de droit strict édictées par la
loi nouvelle dans un intérêt d'ordre publie.

1799.
Jusqu'à l'immatriculation des immeubles dans le d. Bans et case hy-
pothécaire.
registre foncier, le rang des gages immobiliers se règle
d'après la loi ancienne ; toutefois, sous le régime du
registre foncier, les droits des créanciers entre eux seront
déterminés en considération de la foi publique attachée
au registre par la loi nouvelle.
La question de savoir s'il existe une case fixe ou
un droit du créancier de modifier son rang sera décidée
d'après la loi nouvelle, sous réserve des droits particu-
liers garantis au créancier.
Les cantons peuvent édicter des dispositions tran-
sitoires complémentaires, qui doivent être approuvées
par le Conseil fédéral.

1800.
Les prescriptions du Code civil restreignant, d'après 7. Limitation dérivant
de lai valeur esti-
la valeur estimative des immeubles, la faculté de créer mative.
284

des gages immobiliers s'appliquent exclusivement à la,


constitution de gages futurs.
Les cases hypothécaires valablement constituées aux
termes de la loi ancienne sont maintenues jusqu'à ra-
diation, même si elles ne peuvent plus être établies à
teneur de la loi nouvelle.
En conséquence, les lettres de rente cantonales
subsistent et peuvent être renouvelées sans égard aux
dispositions restrictives de la loi nouvelle.

1801.
8. Assimilation entre Les lois cantonales d'introduction du Code civil peu-
droits de gage île
l'ancienne et de la vent prescrire, d'une manière générale ou pour certains
nouvelle loi.
cas déterminés, que telle forme de gage de la loi ancienne
est assimilée à l'une des formes de la loi nouvelle.
Les dispositions du Code civil s'appliquent, dès lem-
entrée en vigueur, à ceux des gages immobiliers pour
lesquels cette assimilation a été prévue.
Les prescriptions y relatives du droit cantonal sont
soumises à l'approbation du Conseil fédéral.

1802.
VII. Gages mobiliers. La validité des gages mobiliers constitués après
1. Formes.
l'entrée en vigueur du présent Code est subordonnée à
l'observation des formes prescrites par la loi nouvelle.
Les gages constitués antérieurement et selon d'au-
tres formes s'éteignent après l'expiration d'un délai de
six mois ; ce délai commence à courir, pour les créances
exigibles, dès la promulgation de la loi nouvelle, et pour
les autres dès le moment de leur exigibilité ou dès la
date pour laquelle leur remboursement peut être dé-
noncé.
285

1803.
Les effets du gage mobilier, les droits et les obli- 2. Effets.
gations du créancier gagiste, du constituant et du dé-
biteur sont déterminés, à partir de l'entrée en vigueur
du Code civil, par les dispositions de la loi nouvelle,
encore que le gage ait pris naissance auparavant.
Tout pacte commissoire conclu antérieurement est
sans effet dès la promulgation du présent Code.

1804.
Les droits de rétention reconnus par la loi nou- Vili. Droit (le réten
tiou.
velle s'étendent également aux objets qui, avant son
entrée en vigueur, se trouvaient à la disposition du
créancier.
Ils garantissent de même les créances nées anté-
rieurement à ladite époque.
Les effets des droits de rétention qui sont nés sous
l'empire de la loi ancienne sont réglés par le Code
civil.

1805.
La possession est régie par la loi nouvelle dès sa IX l'ossession.
promulgation.

1806.
Le registre foncier sera établi pas les soins du Con- X. Registre foncier.
1. Etablissement du
seil fédéral, après entente avec les cantons. registre foncier
et du cadastre
Les registres et les plans cadastraux actuels seront hydrographique.
conservés dans la mesure du possible.
Il en sera de même pour le cadastre, hydrogra-
phique.
286

1807.
2. Introduction du Le registre foncier peut, avec l'assentiment du Con-
registre foncier
avant la cadas- seil fédéral, être introduit avant que la cadastration ait
tration.
eu lien, s'il existe d'autres plans suffisants.

1808.
3. Cadastration. Le temps consacré à la cadastration sera déter-
miné en tenant équitablement compte de la situation des
cantons.
La cadastration et l'introduction du registre foncier
pourront avoir lieu successivement dans les divers ar-
rondissements d'un canton.
Il sera procédé à une cadastration sommaire,
suffisante cependant, pour les territoires dont la loi
permet de dresser les plans sans mensuration géométri-
que (forêts, alpages et pâturages d'une étendue considé-
rable) ; l'autorisation du Conseil fédéral demeure ré-
servée.
1809.
4. Trais de la c;v-
clastration.
Les frais de la cadastration seront supportés en ma-
jeure partie par la Confédération.

1810.
5. Inscription des
droits réels.
Après l'introduction du registre foncier, les droits
réels antérieurement constitués devront être inscrits
pour bénéficier de la foi publique attachée au registre.
A cet effet, une sommation publique invitera tous les
intéressés à faire connaître les droits réels existants et
à les faire inscrire en conformité de la loi nouvelle.
Les droits réels que l'on n'aura ni fait connaître, ni
fait inscrire ne sont pas moins valables; mais ils ne
287

peuvent être opposés aux tiers qui. s'en seront remis


de bonne foi aux énonciations du registre foncier.

1811.
Les droits réels qui ne peuvent plus être constitués 6. Droits réels abolis.
à teneur des dispositions relatives au registre foncier
ne seront pas inscrits.
L'existence et l'objet en seront néanmoins indiqués
d'une manière süffisante dans les annotations (étages
d'une maison appartenant à divers propriétaires, pro-
priété d'arbres plantés dans le fonds d'autrui, droits
de gage grevant la jouissance d'une chose, etc.).
Lorsque ces droits exceptionnels s'éteignent pour une
cause quelconque, ils ne peuvent plus être rétablis.

1812.
L'introduction du registre foncier prévu par le 7. Ajournement de l'in-
troduction du regis-
présent Code peut être ajournée à une époque déter- tre foncier.
minée ou indéterminée par les gouvernements can-
tonaux, avec l'autorisation du Conseil fédéral ; à la
condition toutefois que les formes de publicité de la
législation cantonale, complétées ou non, suffisent pour
consacrer les effets que la loi nouvelle attache au
registre.
Celles des formes de la loi ancienne qui doivent rem-
plir cette fonction seront exactement désignées.

1813.
Les dispositions du Code civil concernant les droits 8. Entrée en vigueur
du droit des choses
réels sont applicables, d'une manière générale, même avant avant l'établisse-
ment du registre
l'établissement du registre foncier. foncier.
288

1814.
9. Formes du droit Les cantons peuvent, dès que les dispositions con-
cantonal.
cernant les droits réels seront entrées en vigueur et
avant l'introduction du registre foncier, désigner les for-
mes susceptibles de produire immédiatement les effets
attachés à la publicité du registre.
Les formes des législations cantonales (homologa-
tion, inscription dans un protocole foncier, ou dans un
registre des hypothèques et des servitudes) doivent être
établies de telle sorte que la constitution, le trans-
fert, la modification et l'extinction des droits réels en-
gendrent les effets attachés au registre foncier, avant
ou sans même qu'il ait été introduit dans le canton.
En revanche, les effets attachés au registre en fa-
veur des tiers de bonne foi (1011) ne sont pas recon-
nus, aussi longtemps que le registre foncier lui-même
ou un autre moyen de publicité équivalent n'a pas été
introduit dans un canton.

1815.
F. Droit des obliga- Lorsque le Code civil introduit une prescription de
tions.
I. Prescription. cinq ans ou plus, il est tenu compte du temps écoulé
pour les prescriptions commencées avant la promulgation
de la loi nouvelle ; ces prescriptions ne sont toutefois
considérées comme accomplies que deux ans au moins
à partir de cette date.
Les délais plus courts fixés par le présent Code en
matière de prescription ou de déchéance ne commen-
cent à courir que dès l'entrée en vigueur de la loi
nouvelle.
Au surplus, la prescription est régie, dès cette époque,
par les dispositions du Code civil.
289

1816.
Les contrats conclus avant la promulgation du Code II. Formes de con-
trats.
civil demeurent valables, même si les formes observées
ne correspondent pas à celles de la loi nouvelle.

1817.
Les effets d'un cautionnement sont régis par la loi III. Cautionnement.
nouvelle, même si la caution s'est valablement engagée
sous l'empire de la loi ancienne.

CHAPITRE III.

Mesures d'exécution.
1818.
Sauf dispositions contraires du présent Code, toutes A. Abrogation du droit
cirU fédéral et
les lois civiles de la Confédération et des cantons sont cantonal.
abrogées à partir de la promulgation de la loi nouvelle.

1819.
Les cantons édicteront les dispositions complémen- B. Dispositions com-
plémentaires des
taires prévues pour l'application du Code civil, notam- cantons.
I. Droits et obli-
ment en ce qui concerne les compétences des autorités, gations des can-
tons.
l'organisation des offices de l'état civil, des tutelles et
du^registre foncier, ainsi que la sphère d'action de ces
diverses autorités.
Ils sont tenus de les édicter, et ils peuvent procéder à
cet égard par voie d'ordonnances d'exécution, toutes les
fois que les règles complémentaires du droit cantonal
sont nécessaires pour l'application du Code civil.
Ils soumettront à l'examen et à l'approbation du
Conseil fédéral les dispositions complémentaires qu'ils
édicteront.
Feuille fédérale suisse. AnniSe LVII. Vol. II. 19
290

1820.
II. Dispositions édic- Si un canton ne satisfait pas à cette obligation en
tées par le pou-
voir fédéral, ai temps utile, le Conseil fédéral rend en son lieu et place
défaut des can-
tons. les ordonnances nécessaires et porte le fait à la con-
naissance de l'Assemblée fédérale.
Les dispositions du Code civil suisse font règle pour
les matières dans lesquelles des prescriptions complémen-
taires ne sont pas indispensables et lorsqu'un canton,
n'a pas exercé son droit d'en édicter.
1821.
C Désignation des Toutes les fois que le Code civil parle de l'autorité
axitorités cornue-
tentes. compétente, les cantons la désignent parmi les autorités
existantes ou celles qu'ils jugent à propos d'instituer.
Lorsque le présent Code ne fait pas mention expresse
du juge ou d'une autorité administrative, les cantons
ont la faculté de désigner comme compétente, à leur choix,
une autorité de l'ordre administratif ou judiciaire.
Les cantons règlent la procédure à suivre devant
l'autorité compétente.
1822.
D.Forme authentique. Les cantons peuvent déterminer, pour leur territoire,.
'.es modalités de la forme authentique.

1823.
E Réserves en faveur Le Code civil ne modifie pas la législation spéciale
de la législation
spéciale. le la Confédération en matière de chemins de fer, de
postes, de télégraphes, de téléphones, de travail dans les.
'abriques et de responsabilité civile.
Demeurent également en vigueur toutes les lois fédé-
•ales promulguées en plus du Code fédéral des obliga-
ions et concernant les matières des obligations et des
.ransactions mobilières.
291

1824.
Dans le commerce des bestiaux (chevaux, ânes, F. Législation concer-
nant les vices ré-
mulets, bêtes bovines, moutons, chèvres et porcs), on dhibitoires dans le
commerce dubétall.
appliquera en matière de vices rédhibitoires les lois
cantonales ou le concordat actuellement en vigueur,
jusqu'à la promulgation d'une loi fédérale sur ces
objets.
Le Code civil régit néanmoins tous les cas dans
lesquels les lois cantonales ou le concordat précités sont
inapplicables.
1825.
Les dispositions spéciales des droits cantonaux rela- G. Législation rela-
tive au contrat d'as-
tives au contrat d'assurance restent en vigueur jusqu'à surance.
la promulgation d'une loi fédérale sur la matière.

1826.
La loi fédérale du 11 avril 1889 sur la poursuite pour H.Revision de la loi
fédérale sur la
dettes et la faillite s'applique à tous les cas dans lesquels poursuite pour
dettes.
il y aura lieu de réaliser des créances régies par le Code
civil ; sous réserve toutefois des modifications suivantes :
Art. 37, nouveau : L'expression „ hypothèque ", dans le
sens de la présente loi, comprend les hypothèques propre-
ment dites, les cédules hypothécaires, les lettres de rente,
les charges foncières, les privilèges spéciaux sur certains
immeubles, de même que le gage sur les accessoires d'un
immeuble.
L'expression „ gage mobilier " comprend aussi le droit
de rétention, l'engagement des créances et d'autres droits,
l'hypothèque mobilière et le prêt sur gages.
L'expression „ gage " employée seule comprend les
gages mobiliers et immobiliers.
Art. 46, alin. 3, nouveau : Le for de la poursuite est,
pour les indivisions en participation, au domicile du chef de
l'indivision ou d'un membre de celle-ci ayant qualité pour
la représenter.
292

Art. 49, nouveau : Aussi longtemps que le partage


n'est pas opéré ou qu'une indivision en participation n'a
pas été constituée, la succession est poursuivie au lieu où
le défunt pouvait être lui-même poursuivi à l'époque de son
décès et selon le mode qui lui était applicable.
Art. 59, alin. 2, modifié en conséquence de la manière
suivante : La poursuite commencée avant le décès peut être
continuée contre la succession conformément à l'article 49.
Art. 65, alin. nouveau : Lorsque des poursuites sont
dirigées contre une indivision en participation, les actes de
poursuite sont notifiés à l'un des indivis ayant qualité
pour la représenter; si elles sont intentées contre une suc-
cession non partagée, et non point contre l'un des héritiers
tenus solidairement, les actes de poursuite sont notifiés au
représentant désigné de la succession ou à tous les héri-
tiers.
Art. 94, dernier alinéa, modifié comme suit : Sont
réservés les droits que l'article 794 combiné avec l'article 637,
alinéa 3, du Code civil suisse attribuent aux créanciers ga-
rantis par des gages immobiliers.
Art. 96, alin. 2 nouveau: Sous réserve des effets de la
possession acquise par les tiers de bonne foi, les actes de
disposition accomplis par le débiteur sont nuls, dans la me-
sure où ils lèsent les droits que la saisie a conférés aux
créanciers.
Art. 101, nouveau : La saisie d'un immeuble en déter-
mine l'indisponibilité : elle est communiquée par l'office au
conservateur du registre foncier, avec indication de la
somme pour laquelle la saisie a eu lieu.
Art. 102, nouveau : La saisie d'un immeuble a lieu sous
réserve des droits que les créanciers garantis par gage
immobilier ont sur les fruits et les autres produits.
L'office porte le fait de la saisie à la connaissance des
créanciers garantis par gage immobilier, ainsi que, le cas
échéant, à celle des locataires et fermiers.
Art. 111, alin. 1, modifié comme suit : Le conjoint, les
enfants, les pupilles du débiteur et les personnes ^placées
sous sa curatelle ont le droit de participer à la saisie, sans
poursuite préalable et durant un délai de quarante jours, à
293

raison de leurs créances résultant du mariage, de la puis-


sance paternelle ou de la tutelle. Les enfants majeurs peu-
vent exercer le même droit en vertu de leurs créances
fondées sur l'article 342 C. civ. s. Les autorités tutélaires peu-
vent aussi participer à la saisie au nom des enfants, pupilles
et personnes placées sous curatelle.
Art. 135 : Suppression des mots „ en conformité du
droit cantonal. "
Art. 136, alin. 2, abrogé.
Art. 136*, ajouté : Les droits de l'acquéreur ne pourront
être contestés qu'au moyen d'une plainte tendant à la révo-
cation de l'adjudication.
Art. 137, nouveau : Lorsqu'un terme a été accordé pour
le paiement, l'immeuble est géré par l'office, aux frais,
risques et périls de l'adjudicataire, jusqu'à l'acquittement du
prix de vente. Aucune inscription ne peut être faite au
registre foncier, dans l'intervalle, sans l'autorisation de
l'office, qui peut d'ailleurs exiger des sûretés spéciales pour
la garantie du prix de vente.
Art. 141, complété comme suit : Lorsqu'un immeuble a
été grevé d'une servitude sans le consentement d'un créan-
cier hypothécaire inscrit, ce dernier a le droit de demander
la mise aux enchères du fonds avec ou sans indication de
la charge nouvelle. Si le prix d'adjudication de l'immeuble
vendu avec la servitude ne suffit pas pour payer le créan-
cier, celui-ci peut requérir la radiation de cette charge au
registre foncier, dès l'instant où, par ce fait, l'immeuble
devient réalisable à un prix supérieur. L'excédent, une fois
le créancier désintéressé, est destiné en toute première ligne
à indemniser l'ayant droit à la servitude jusqu'à concur-
rence de la valeur estimative de celle-ci.
Art. 150. L'expression „ gage immobilier " est substituée
à celle d'„ hypothèque. "
La réserve faite en faveur du droit cantonal au premier
alinéa de cet article est supprimée.
Art. 152, avec l'adjonction suivante : L'office avisera
les locataires ou les fermiers de la poursuite, lorsque l'im-
meuble sera grevé de droits réels du chef d'un contrat de
bail à loyer ou à ferme.
294

Art. 153, alin. 3, nouveau : Lorsque la purge hypothé-


caire des art. 815 et 816 G. civ. s. a été commencée, l'im-
meuble ne peut être réalisé que si le créancier poursuivant
fournit à l'office, après la fin de la procédure de purge,
la preuve qu'il possède encore sur ledit immeuble un gage
immobilier garantissant la créance qui a fait l'objet de ses
poursuites.
Art. 165, alin. 2, substituer aux mots „ à moins que la
dette ne soit réputée éteinte suivant la législation hypothé-
caire cantonale ", les mots : „ à moins qu'il ne s'agisse
d'une lettre de rente ou d'une autre charge foncière. "
Art. 193, complété comme suit : Demeurent réservées
les règles du droit de succession concernant la liquidation
d'hérédités non obérées.
Art. 219, alin. 3, modifié comme suit : L'ordre des créances
garanties par un droit de gage immobilier, de même que
l'extension de cette garantie aux intérêts et autres acces-
soires, sont réglés par les dispositions sur le gage immobilier.
La „ deuxième classe ", lit. a, est définie comme suit :
Les créances des personnes dont la fortune se trouvait
placée sous l'administration du débiteur, en vertu de la
tutelle ou de la puissance paternelle, ou sous son contrôle
en qualité de membre d'une autorité de tutelle, pour le
montant de ce qui leur est dû de ce chef.
Ces créances ne sont admises par privilège que si la
faillite a été déclarée soit pendant l'administration tutélaire
ou paternelle, ou pendant le contrôle exercé par le débiteur
en qualité de membre d'une autorité de tutelle, soit pendant
l'année qui suit. La durée d'un procès ou d'une poursuite
n'entre pas en ligne de compte.
La „ quatrième classe " est définie comme suit : La
moitié de la créance que la femme du failli a le droit de
faire valoir pour ceux de ses apports soumis au régime de
l'union des biens et qui ne sont pas représentés, à moins
que cette moitié de sa créance ne soit déjà couverte par
suite de l'exercice de ses reprises ou par des sûretés à elle
fournies.
Art. 258, adjonction : L'article 141 est également appli-
cable.
Art. 259, ajouter article 136", après article 136.
Il y aura lieu de substituer aux dispositions citées du
295

Code fédéral des obligations dans les art. 39,47, 86, 108, 151,
178, 182, 183, 192, 210, 211, 215, 232, 283, 293, les dispositions
correspondantes du Code civil.

1827.
Les lois fédérales du 24 décembre 1874 concernant J A brogatlon du Code
fédéral des obliga-
l'état civil et le mariage, et du 22 juin 1881 sur la tions et d'autres lois
fédérales.
capacité civile, de même que les titres un à vingt-cinq,
vingt-huit et trente jusqu'à trente-trois (art. 1 à 611,
716 à 719 et 830 à 880) du Code fédéral des obligations,
du 14 juin 1881, sont abrogés à partir de la promulga-
tion du Code civil suisse.
Les titres vingt-six et vingt-sept du Code fédéral
des obligations (art. 612 à 715) forment, à compter de
la même époque, une loi civile spéciale intitulée : « Loi
fédérale sur les sociétés anonymes et les associations »,
et comprenant 104 articles.
Le titre vingt-neuvième (art. 720 à 829) forme
également, dès la promulgation du présent Code, une
loi civile spéciale intitulée: « Loi fédérale sur le droit
de change », et comprenant 110 articles.
Les dispositions transitoires du Code fédéral dos
obligations demeurent en vigueur, dans la mesure où
celles du Code civil suisse ne les ont pas abrogées pour
les matières auxquelles ces dernières sont applicables.
La loi fédérale du 25 juin 1891 sur les rapports de
droit civil des citoyens établis ou en séjour reste en
vigueur dans les matières qui appellent l'application de
droits cantonaux différents.

Disposition finale.
Le Code civil entrera en vigueur le Entróe en vigueur du
Code civil.
Schweizerisches Bundesarchiv, Digitale Amtsdruckschriften
Archives fédérales suisses, Publications officielles numérisées
Archivio federale svizzero, Pubblicazioni ufficiali digitali

Message du Conseil fédéral à l'Assemblée fédérale concernant le projet de loi destiné à


compléter le projet de Code civil suisse (droit des obligations et titre final). (Du 3 mars
1905.)

In Bundesblatt
Dans Feuille fédérale
In Foglio federale

Jahr 1905
Année
Anno

Band 2
Volume
Volume

Heft 13
Cahier
Numero

Geschäftsnummer ---
Numéro d'affaire
Numero dell'oggetto

Datum 22.03.1905
Date
Data

Seite 1-295
Page
Pagina

Ref. No 10 076 251

Das Dokument wurde durch das Schweizerische Bundesarchiv digitalisiert.


Le document a été digitalisé par les. Archives Fédérales Suisses.
Il documento è stato digitalizzato dell'Archivio federale svizzero.

Vous aimerez peut-être aussi