Vous êtes sur la page 1sur 59

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT BURKINA FASO

Unité – Progrès – Justice


SUPERIEUR, DE LA RECHERCHE ET DE
L’INNOVATION
---------------
SECRETARIAT GENERAL
---------------
ECOLE SUPERIEURE POLYTECHNIQUE
DE LA JEUNESSE (ESUP-JEUNESSE)

AMENAGEMENT ET GESTION DU
TERRITOIRE

AUTEUR : ANNEE SCOLAIRE 2023-2024


Moussa Ousmane SAWADOGO
2

Géomètre-Expert Agréé
PLAN DU COURS

SIGLES ET ABREVIATIONS..................................................................................................3

INTRODUCTION GENERALE...............................................................................................4

CHAPITRE I : LA DEFINITION DES CONCEPTS..................................................................6


1.1. L’aménagement.....................................................................................................................6
1.2. Le territoire...........................................................................................................................7
1.3. L’aménagement du territoire.................................................................................................8

CHAPITRE II : LES POLITIQUES D'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE........................11


2.1. Les pays industrialisés........................................................................................................12
2.2. Les espaces communautaires..............................................................................................20
2.3. L'expérience du Burkina Faso.............................................................................................24

CHAPITRE III : LES INSTRUMENTS D’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE.................27


3.1. Le schéma national d’aménagement et de développement durable du territoire................28
3.2. Le schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire................29
3.3. Le schéma provincial d’aménagement et de développement durable du territoire............29
3.4. Les schémas directeurs d’aménagement et de développement durable du territoire..........30

CHAPITRE IV : LES ORGANES ET STRUCTURES D’AMENAGEMENT DU


TERRITOIRE.....................................................................................................................33
4.1. Le conseil national d’aménagement et de développement durable du territoire................33
4.2. La commission nationale d’aménagement et de développement durable du territoire......33
4.3. La commission régionale d’aménagement et de développement durable du territoire.....34
4.4. La commission provinciale d’aménagement et de développement durable du territoire. .34
4.5. La commission communale d’aménagement et de développement durable du territoire..34

CHAPITRE V : AMENAGEMENTS URBAINS ET RURAUX..............................................35


5.1. Les aménagements urbains.................................................................................................35
5.2. Les aménagements urbains.................................................................................................35

CHAPITRE VI : L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET LE FONCIER DANS LE


CONTEXTE DE LA DECENTRALISATION..................................................................37

CONCLUSION GENERALE..................................................................................................47
Bibliographie...............................................................................................................................50
3

SIGLES ET ABREVIATIONS

AVV : Autorité de l’Aménagement des Vallées des Voltas


CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CEE : Communauté Economique Européenne
CEEAC : Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
CNR : Conseil National de la Révolution
DAT : Direction de l’Aménagement du Territoire
DATAR : Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale
DFN : Domaine Foncier National
DGAT/DLR : Direction Générale de l’Aménagement du Territoire, du
Développement Local et Régional
DIACT : Délégation Interministérielle à l'Aménagement et à la Compétitivité
des Territoires
DPONAT : Déclaration de Politique Nationale d’Aménagement du Territoire
LOADDT : Loi d’orientation sur l’Aménagement et le Développement Durable
du Territoire
MAHRH : Ministère de l’Agriculture de l’Hydraulique et des Ressources
Halieutiques
PAS : Programme d’Ajustement Structurel
PDM : Partenariat pour le Développement Municipal
PFR : Plan Foncier Rural
PNAT : Politique Nationale d’Aménagement du Territoire
PNSFMR : Politique Nationale de Sécurisation Foncière en Milieu Rural
RAF : Réorganisation Agraire et Foncière
SCADD : Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable
SDEC : Schéma de Développement de l’Espace Communautaire
SNADDT : Schéma National d’Aménagement et de Développement
Durable du Territoire
SONATUR : Société Nationale d’Aménagement des Terrains Urbains
SPADDT : Schéma Provincial d’Aménagement et de Développement
Durable du Territoire
SRADDT : Schéma Régional d’Aménagement et de Développement
Durable du Territoire
4

SONATUR : Société Nationale d’Aménagement des Terrains Urbains


UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine
URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques
5

INTRODUCTION GENERALE

Historiquement, l’homme a toujours aménagé et approprié l’espace en fonction de


ses besoins. Bien avant la colonisation, dans les sociétés traditionnelles africaines,
l’occupation de l’espace était guidée, orientée et soutenue par des aspirations et
des besoins à satisfaire qui se résumaient à la recherche de terres cultivables, à la
recherche de sécurité, à la nécessité de mobilité et à d’autres considérations
d’ordre social et économique. Ces aménagements, en fonction des types de
sociétés, de leurs besoins et intérêts, des zones et des conditions de vie, prenaient
la forme d’espaces urbains (habitation, services) ou d’espaces ruraux (production
agro sylvo-pastorale), etc. (UEMOA, 2003).

Cette organisation issue de la colonisation fut à l’origine des divisions territoriales


qui eurent pour objectif principal, le contrô le administratif des hommes et de
l’espace (Abdoul Karim et al, 2006).

L’aménagement du territoire n’est donc pas une pratique récente dans le monde.
Depuis des siècles, il y a toujours eu des actions d'aménagement du territoire.
Toutefois, c’est pratiquement après la seconde guerre mondiale que cette matière
a été systématisée dans les politiques de développement de nombreux pays.

Dans la plupart des pays africains, c’est surtout après l’accession à l’indépendance
que l’aménagement du territoire a été codifié, reformé ou institutionnalisé pour
servir de cadre de référence à un développement socio-économique équilibré,
cohérent, harmonisé et durable avec la participation de l’ensemble des acteurs que
sont la population, l’Etat, les collectivités territoriales, la société civile, les
partenaires techniques et financiers, etc.

Au lendemain des indépendances, les Etats africains naissants, en grande majorité


ont conservé à l’intérieur de leurs frontières respectives les acquis de la
colonisation, tout en se lançant dans des réformes d’ordre administratif,
institutionnel et structurel visant plusieurs secteurs dont l’aménagement du
territoire. Ainsi, à la place d’une vision globale et unitaire de l’espace, la plupart
des nouveaux Etats africains ont développé une approche parcellaire, voire
sectorielle (Cluzet, 2008). Ces Etats ont été conseillés et appuyés par les pays
occidentaux et les grandes institutions techniques et financières du monde dans
les choix opérés. Chacun des Etats restant confinés dans son espace territorial et
dans sa souveraineté, l'aspect régional fut relégué au second plan pour faire place
à l’aspect national et local.
Ainsi, les économies des Etats furent organisées dans des perspectives nationales
plutô t que dans une optique de complémentarité régionale, ce qui dans le contexte
actuel ne favorise pas la consolidation des bases d'une économie régionale forte
(UEMOA, 2003).
6

Au fil des temps, les évolutions politiques, sociales et économiques vont


contraindre les Etats à entreprendre des réformes pour s’adapter aux différents
contextes.

Des réformes vont s’opérer dans plusieurs pays, remettant à l’ordre du jour les
questions foncières et d’aménagement du territoire dans les débats politiques. On
assiste alors à un regain d’intérêts sur les questions foncières et d’organisation de
l’espace (Tondé, 2009).

Ces questions sont préoccupantes aujourd'hui, car la croissance démographique, la


crise alimentaire, les changements climatiques, la mondialisation et
l'accroissement de la demande de biocarburants, font de la terre l'enjeu d'une
compétition acharnée mettant en exergue la question de l’aménagement du
territoire.

Ces pressions diverses ne risquent-elles pas de s'intensifier dans les années à


venir, et compromettre la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de
millions d’acteurs dont l'accès à la terre n’était auparavant pas menacé ? C’est en
cela que l’aménagement du territoire intervient pour corriger les éventuels
déséquilibres. En effet, l’aménagement du territoire est considéré comme un axe
fondamental de la politique de gestion de l’espace national (Bary et al, 2005).

Depuis quelques décennies, tenant compte de l’adage populaire qui dit que
« l’union fait la force », les pays en développement ont vu la nécessité de conjuguer
leurs efforts pour l’élaboration et la mise en œuvre de politiques communes
d’aménagement du territoire qui s’inscrivent dans le cadre de l’intégration
régionale ou continentale.

Aujourd’hui, aussi bien au niveau des Etats qu’au niveau communautaire ou


régional, ces politiques s’inscrivent dans un contexte nouveau marqué par la
décentralisation, la mondialisation et les crises financière, économique,
environnementale, sécuritaire, etc.

C’est pourquoi, l’aménagement du territoire est au centre des débats de l’ensemble


des acteurs et s’inscrit de plus en plus dans les politiques publiques de
développement.
7

CHAPITRE I : LA DEFINITION DES CONCEPTS

Traiter de l’aménagement et de la gestion du territoire nécessite préalablement


une clarification de certains concepts.

1.1. L’aménagement

Dans le langage courant, l'aménagement est l'action d'aménager. L'aménagement


est perçu comme une action de mise en ordre.

Selon le dictionnaire « Le Petit Robert » (1993), l'aménagement est l'action de


construire, d'agencer, d'arranger, de distribuer, de disposer, d'organiser.

Selon le dictionnaire « Larousse » (2003), aménager, c’est transformer, modifier


pour rendre plus pratique, plus agréable.

Pour les géographes, aménager l'espace, c'est lui donner un ordre ou disposer les
différents éléments de l'espace selon un ordre, un plan.

Que faut-il aménager et pourquoi ?

Génération après génération, les hommes ont été amenés à modifier le milieu
naturel dans le but de développer leurs activités. Ces aménagements peuvent avoir
plusieurs buts, qu’il s’agisse de se loger, de créer une activité, de protéger
l’homme, ses activités.

Si l'aménagement est cohérent et harmonieux, il contribue à une meilleure gestion


de l'espace urbain dans lequel les différents éléments sont en interrelation
dynamique.

Il ne s'agit donc pas de procéder à des aménagements tout azimut de l'espace


urbain pour satisfaire seulement les besoins en logements au détriment d'une
planification spatiale, car selon Claudius Petit1, l’aménagement vise une cohérence
et une adéquation entre ses différents éléments.

De ce fait, il est à la recherche d’une meilleure répartition spatiale des hommes en


fonction des ressources naturelles et des activités pour le bien-être et
l’épanouissement de la population. C'est pourquoi, l'aménagement urbain
constitue l'une des préoccupations majeures des gouvernants.

Ciparisse (2005) pense que l'aménagement doit être considéré comme un


instrument de correction des déséquilibres. Il voit aussi en l'aménagement une
1
Eugène Claudius-Petit (1907-1989) fut Ministre français de la reconstruction et de l’urbanisme de 1948 à 1953.
Il est considéré comme l’initiateur de la notion d’aménagement du territoire qu’il formula en 1950 à travers un
rapport intitulé « Pour un plan national d'aménagement du territoire » dans lequel il définit l’aménagement du
territoire et décline ses objectifs, ses orientations et ses principes.
8

action en vue d’optimiser le développement et l’organisation de l’espace national


par la planification spatiale.

Ces différents points de vue révèlent que l'aménagement doit être à la base d'un
développement harmonieux et cohérent de l'espace. De ce fait, les opérations
d’aménagement du territoire s’entendent donc, comme des opérations de
développement territorial réfléchies et programmées à une échelle donnée.

1.2. Le territoire

Le concept de territoire varie selon la diversité des situations rencontrées dans le


monde.

Le Conseil International de la Langue Française (1976) désigne le territoire


comme un espace limité, étendu, où vit une communauté humaine.

Le Berre (1992), abonde dans le même sens en disant que le territoire est une
portion de la surface terrestre que se réserve une collectivité humaine qui
l’aménage en fonction de ses besoins. En évoquant la dimension sociale, il faut
avoir à l’esprit l'idée d'appropriation et d'appartenance à un espace précis qui va
dans le sens que le territoire est un espace approprié, avec sentiment ou
conscience de son appropriation (Brunet et al, 1993).

Le territoire est donc un espace socialisé, approprié par ses habitants, quel que
soit sa taille. Il se distingue de l'espace par le fait qu'il est un construit social
(Ciparisse, 2005). Le territoire témoigne donc d’une appropriation par des
groupes d'individus qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes,
de leur histoire et de leur singularité (Di Méo, 1998).

En géographie, le territoire est considéré comme le résultat d’un processus par


lequel un individu ou un groupe d’individu, s’approprie une portion de l’espace et
la défend selon ses intérêts.

Gérer le territoire consiste pour les pouvoirs publics à l’établissement de règles,


normes et à la mise en place d’institutions chargées de leur mise en œuvre.

D'une façon générale, le territoire peut être défini comme l’espace où s’est
constituée et développée une société selon un processus historique bien
déterminé. L’ancrage historique et social qui consiste à prendre en compte le
facteur humain sous l’angle de la culture, de la société et de l’histoire constitue un
élément fondamental de l’aménagement du territoire (PNAT, 2006).
9

1.3. L’aménagement du territoire

La notion d’aménagement parait simple et compréhensible, mais lorsqu’on associe


le mot territoire, elle devient complexe en raison de la connotation politique qui
l’entoure.

La définition et le contenu de l’aménagement du territoire diffèrent d’un pays à un


autre en fonction des réalités politiques, sociales, économiques,
environnementales et d’autres facteurs intrinsèques.

Le territoire est à la fois un espace de manœuvre politique, de souveraineté mais


aussi un cadre d’exercice d’activités plurielles à diverses potentialités.
Ainsi, les Anglo-Saxons assimilent l’aménagement du territoire à la planification
régionale qu’ils présentent comme une simple technique de programmation alors
que pour les francophones, l’aménagement du territoire vise l’adéquation entre
trois éléments fondamentaux que sont l’homme, les ressources et l’espace.

Selon Philippe Lamour2, l’aménagement du territoire n’est pas la politique d’un


groupe, d’un gouvernement ou d’un régime. C’est l’œuvre de la nation, une œuvre
qui se veut permanente et qui se projette dans le futur. C’est la croisade de tous
pour la conquête et la construction de l’avenir (Pitte, 2002).

Selon Claudius Petit3, l’aménagement du territoire est la recherche dans un cadre


national d’une meilleure répartition des hommes en fonction des ressources
naturelles et des activités pour le bien-être et l’épanouissement de la population.

L’aménagement du territoire n’est pas seulement une technique, mais une


politique visant à rationaliser le développement territorial. Aménager le territoire,
c’est introduire une rationalité là où jouait de simples déterminismes naturels ou
des vouloirs individuels incoordonnées. Cette définition met en exergue l’essence
politique de la notion qui nécessite une prise de décision de nature politique et
présente l’aménagement du territoire comme un instrument de correction des
déséquilibres.

L'aménagement du territoire est une action visant l'organisation du territoire.


C'est l’action de l’autorité publique sur un territoire donné en vue d’optimiser le
développement et l’organisation de l’espace national par la planification spatiale
(Ciparisse, 2005).

2
?
Philippe Lamour (1903-1992) est considéré par certains auteurs comme le père et le précurseur de la politique française
d’aménagement du territoire. Il a joué un grand rôle dans la scène politique française par la promotion de l’intervention de
l’Etat dans l’aménagement du territoire et dans le développement massif de l’agriculture.
3
Eugène Claudius-Petit (1907-1989) fut Ministre français de la reconstruction et de l’urbanisme de 1948 à 1953. Il est
considéré comme l’initiateur de la notion d’aménagement du territoire qu’il formula en 1950 à travers un rapport intitulé
« Pour un plan national d'aménagement du territoire » dans lequel il définit l’aménagement du territoire et décline ses objectifs,
ses orientations et ses principes.
10

Organiser l’espace, c’est le mettre en état de fonctionnement, c’est le doter d’une


structure opérationnelle (Merenne-Schoumaker, 1994).

Selon l’UEMOA (2003), l’aménagement du territoire communautaire vise à bâ tir,


un espace plus cohérent, plus solidaire, plus attractif et compétitif, intégré à la
CEDEAO, avec un marché régional où chaque Etat optimise dans la
complémentarité, ses vocations productives pour garantir à ses citoyens un niveau
de vie satisfaisant. Pour cela, il recherche des solutions adéquates à certaines
préoccupations communes, en introduisant et en renforçant, entre les différentes
politiques nationales et communautaires, la convergence, la cohérence et
l’harmonie nécessaires pour garantir à l’Union, un développement durable,
soutenu et équilibré.

La loi révisée n° 034-2012/AN du 02 juillet 2012 portant réorganisation agraire et


foncière (RAF) a adjoint à l’aménagement du territoire le concept de
développement durable pour tenir compte de l’évolution des contextes. Ainsi
l’article 4 de ladite loi définit le concept d’aménagement et développement durable
du territoire comme « la politique de planification spatiale qui consiste en une
meilleure répartition des populations et des activités en tenant compte des
potentialités du milieu naturel, des contraintes techniques, socio-économiques et
environnementales du territoire ».

Le concept de l’aménagement et du développement durable du territoire tient


compte des travaux de la commission mondiale sur l’environnement et le
développement qui a défini en 1987 dans le rapport Brundtland, le développement
durable comme « un développement qui répond aux besoins des générations du
présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux
leurs ».

Au Niger, l’article 2 de la loi d’orientation de la Politique d’Aménagement du


Territoire4 stipule que « l’aménagement du territoire est un outil qui traduit une
politique volontariste et concertée traduisant l’engagement de l’Etat de fixer les
conditions spatiales du développement de la société nigérienne. Cet outil est
constitué par un ensemble cohérent d’orientations, de stratégies et de mesures visant
à favoriser un développement durable et spatialement équilibré. Il vise à assurer une
bonne coordination dans le temps et dans l’espace des actions structurantes que
l’Etat et les régions sont amenés à entreprendre ».

Selon Jean Baptiste Humeau5, l’aménagement du territoire dans l’espace européen


est une démarche concertée et volontaire qui vise à :
- produire un certain ordre spatial par la réglementation et l’incitation ;

4
Loi n°2001-32 du 31 décembre 2001 portant orientation de la Politique d’Aménagement du Territoire de la République du
Niger.
5

?
Cours du professeur de géographie Jean Baptiste HUMEAU : Aménagement de l’espace en Europe. p.3.
11

- organiser des secteurs d’activités économiques ;


- traiter certains espaces particuliers identifiés comme fragiles, en retard de
développement ou disposant d’atouts spécifiques pour un développement et
la localisation d’équipements ;
- développer économiquement, socialement et culturellement un espace ;
- développer d’une façon soutenable (développement durable), c’est-à -dire
en maîtrisant et en conciliant par une gouvernance appropriée,
l’aménagement du territoire avec l’économie des ressources et la
satisfaction des besoins du plus grand nombre.

En France, l’article 1 de la loi d'orientation pour l'aménagement et le


développement durable du territoire de France6 dispose que :

« La politique nationale d'aménagement et de développement durable du territoire


concourt à l'unité de la nation, aux solidarités entre citoyens et à l'intégration des
populations ».

« Au sein d'un ensemble européen cohérent et solidaire, la politique nationale


d'aménagement et de développement durable du territoire permet un
développement équilibré de l'ensemble du territoire national alliant le progrès social,
l'efficacité économique et la protection de l'environnement. Elle tend à créer les
conditions favorables au développement de l'emploi et de la richesse nationale,
notamment en renforçant la solidarité des entreprises avec leur territoire
d'implantation, et à réduire les inégalités territoriales tout en préservant pour les
générations futures, les ressources disponibles ainsi que la qualité et la diversité des
milieux naturels ».

En Belgique, l'aménagement du territoire est défini comme étant à la fois une


discipline scientifique, une technique administrative et une politique publique,
conçu comme une approche interdisciplinaire et globale tendant à un
développement équilibré des régions et à l'organisation physique de l'espace
(Ciparisse, 2005).

Aux Etats-Unis, l'aménagement du territoire est considéré comme l'ensemble des


politiques mises en œuvre par les collectivités américaines sur le territoire
national. Il est le résultat d'actions réfléchies et choisies afin de réduire les
inégalités économiques ou sociales à l'échelle du pays (Brunet et al, 1993).

D’une manière générale, les termes et expressions « harmonie », « cohérence », «


équilibre », « disparités régionales », « développement durable », « développement
économique et social », sont constamment employés dans les concepts et
constituent les mots clés de l’aménagement du territoire.
6
Loi n° 99-533 du 25 juin 1999 d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire et portant
modification de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire.
12

CHAPITRE II : LES POLITIQUES D'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

Ce chapitre présente l'évolution des politiques d'aménagement du territoire dans


quelques pays du monde.

Aujourd'hui, l’aménagement du territoire montre de nouveaux enjeux


géographiques et institutionnels qui interpellent les politiques d’aménagement et
de développement des territoires (Tondé, 2011).

Les politiques d’aménagement du territoire sont un ensemble d'actions et


d'interventions, politiques ou techniques, volontaires et concertées, qui visent à
assurer dans le temps et dans l’espace, une répartition adéquate de la population,
des activités économiques et des équipements et infrastructures, tout en tenant
compte des contraintes naturelles et anthropiques à leur établissement. Ces
actions et interventions, bien que provenant des pouvoirs publics, visent à motiver
la mobilisation de tous les acteurs du territoire (Etat, acteurs économiques et
financiers, citoyens, différents groupes sociaux, élus locaux, société civile,…).

Les principaux objectifs poursuivis par ces politiques d’aménagement du territoire


sont un meilleur développement du cadre de vie des citoyens, une réduction des
disparités socio-économiques, une amélioration des conditions de vie et de bien-
être social des populations.

Fondées sur des visions à moyen et long terme de l'évolution souhaitée d’un pays
ou d’une région, les politiques d’aménagement du territoire intègrent aujourd’hui
le développement durable en assurant une répartition équilibrée des populations
et des activités sur l'ensemble d’un territoire. De ce fait, ces politiques privilégient
davantage les approches concertées et participatives, le renforcement du
partenariat public-privé, la valorisation et la préservation des ressources
naturelles (Giraut, Vanier, 2006).

L’aménagement du territoire n'est pas une pratique récente. Depuis la naissance


des Etats, il y a eu toujours des actions d'aménagement du territoire. La théorie et
la pratique de l’aménagement du territoire ont eu une évolution différenciée dans
le temps. L’aménagement du territoire s'est pratiqué pendant longtemps sans
qu'une doctrine d'ensemble n'ait été élaborée. Ce n'est qu’après la seconde guerre
mondiale que sa théorisation, voire son institutionnalisation est apparue dans
beaucoup de pays, notamment ceux du Nord (Diop, Miossec, 2009). Dans la
plupart des pays en voie de développement, l’aménagement du territoire est
apparu formellement après la période des Indépendances.

D’une manière générale les politiques d’aménagement du territoire sont fonction


des contextes et des problématiques qui varient d’un pays à un autre.
13

En France, l'aménagement du territoire cherche à résoudre le problème d'une


capitale trop peuplée et concentrant une trop grande part des activités
économiques du pays.

En Belgique, c’est la disparité de développement entre deux régions, que


l'aménagement du territoire vise à réduire. Il s'agit du contraste Flandre-Wallonie.

En Grande Bretagne, il s’agit pour l’aménagement du territoire de limiter les


déséquilibres régionaux et trouver des solutions aux vieilles régions industrielles
en crise.

Au Brésil, une large partie du territoire est très peu peuplée, mal desservie et très
peu exploitée. L’aménagement du territoire vise donc la mise en valeur de
l'intérieur du pays et le développement équilibré du pays.

En Indonésie, l’aménagement du territoire cherche à établir une meilleure


répartition de la population, où des îles presque vides se trouvent au voisinage
d'îles très peuplées.

En Egypte, tout comme au Pakistan, le développement économique par une


politique de grands travaux permettant d'étendre l'agriculture irriguée et de
fournir des matières premières à l'industrie sont les principaux enjeux de
l’aménagement du territoire.

En Mauritanie, le souci de cohésion nationale dans un pays hétérogène où se


juxtaposent des espaces très différents est la problématique de l’aménagement du
territoire.

La révolution industrielle qui a été le phénomène majeur du 19ème siècle, est


considérée comme l’un des éléments précurseurs de l’aménagement du territoire
dans les pays industrialisés.

2.1. Les pays industrialisés

La révolution industrielle, caractérisée par le passage d'une société à dominante


agraire à une société industrielle a profondément affecté la politique, l'économie,
la société et l'environnement du monde contemporain.

La Grande-Bretagne et la Belgique sont les premiers pays à s'être industrialisés


dans le monde à la fin du 18ème siècle, suivis de la France au début 19ème siècle. Par
la suite, l'Allemagne et les É tats-Unis, se sont industrialisés à partir du milieu 19ème
siècle, le Japon à partir de 1868 et l’URSS à la fin du 19ème siècle.
14

 La Grande Bretagne

Pionnière de la révolution industrielle, la Grande Bretagne a abordé la question de


l’aménagement du territoire en 1875 dans le but d’améliorer les conditions de vie
désastreuses de la population provoquées par la révolution industrielle de la fin
du 18ème siècle. Cette période était caractérisée par une désorganisation de la
société agraire ayant provoqué un déséquilibre économique et spatial avec une
urbanisation incontrô lée. Les premières mesures prises en 1875 par le pouvoir de
la Grande Bretagne visaient à corriger ces déséquilibres et amorcer une
planification urbaine pour une meilleure gestion du territoire (Nama, 2007).

Si la politique d’aménagement du territoire de la Grande Bretagne a obtenu après


la deuxième guerre mondiale des résultats encourageants en matière de
redistribution d’hommes et des activités, en matière de protection des ressources
naturelles, elle a cependant souffert du manque de coordination des activités sur le
plan régional (Moindrot, 1967).

Après 1945, l’économie de la Grande Bretagne est fragilisée et pour y remédier, le


pouvoir met en place dans les années 1970, la politique de l’Etat providence en
vue de soutenir par de fortes subventions les secteurs les plus touchés et favoriser
une meilleure gestion de l’espace. Mais, avec l’arrivée au pouvoir des
conservateurs en 1979, les stratégies d’aménagement du territoire vont être
délaissées au profit d’une systématisation des privatisations. La plupart des
activités économiques sont orientées vers la région Nord du pays qui regroupe les
grandes industries au détriment du Sud-est qui est la grande région agricole,
créant ainsi de sérieux déséquilibres (Merlin, 2002).

Aujourd’hui, les actions prises par le pouvoir public tendent à corriger ces
déséquilibres et à réduire les disparités par une réorganisation de l’espace et par
une meilleure intégration nationale et régionale.

 La Belgique

La Belgique fait partie des pays les plus urbanisés du monde. Les zones urbaines
sont situées essentiellement dans la partie nord du pays et accueillent environ
53% de la population totale. En Wallonie, on note une concentration de population
dans l’axe industriel tandis qu’en Flandre, le territoire est faiblement peuplé. Le
contraste entre le degré d’urbanisation en Wallonie et en Flandre s’observe
également au niveau de l’occupation du sol, de l’aménagement du territoire et des
problèmes d’environnement. Cette situation n’est pas seulement à l’origine du
morcellement du territoire, mais constitue également un pô le important
d’attraction de l’activité économique. C’est pour cela que la politique
d’aménagement du territoire définie par la loi nationale de 1962 est
essentiellement relative à l’urbanisme. Suite à la fédéralisation de 1980,
l’aménagement du territoire et la planification environnementale sont devenus des
15

matières qui entrent dans les attributions des régions, ce qui signifie qu’à partir de
cette date, ces dernières sont habilitées à mener leur politique propre et à légiférer
en matière d’aménagement du territoire et d’environnement suivant les principes
de base de développement durable, de diversité et de cohérence. Il s'agit à travers
cette vision de renouer avec la croissance de manière à réduire les inégalités et la
pauvreté sans détériorer l’environnement légué aux générations futures (Oris et
al, 2001).

 La France

En France, l'aménagement du territoire n'a trouvé une place officielle dans l'action
des pouvoirs publics qu’après la seconde guerre mondiale. Pourtant, dans les faits,
il a été pratiqué bien plus tô t, sans qu'on utilise cette expression. C'est à partir de
1945 que la France est passée du discours théorique sur l'aménagement du
territoire à la mise en application de la planification de l'aménagement du
territoire et de l'urbanisme (Mizrahi, 1998) et depuis lors, il a subi de nombreuses
évolutions.

- De 1945 à 1950 : c’est le début modeste de l’aménagement du territoire


marqué par deux faits majeurs :

Dans un premier temps, le pouvoir recherche l’équilibre et l’équité par la


construction politique de la société et de la nation française dans un contexte de
forte croissance économique7. La décentralisation industrielle reste l’objectif
principal et l’on cherche à industrialiser les territoires selon une division inter-
régionale du travail.

Dans un deuxième temps, on cherche à promouvoir l’idée de pô le de croissance en


accordant des aides aux territoires dynamiques pour accompagner leur expansion
et entraîner dans leur sillage leurs hinterlands ou arrière-pays.

C’est en 1950 que la notion d’aménagement du territoire fut clairement définie


avec ses objectifs, ses orientations et ses principes.

- De 1950 à 1975 : c’est l’â ge d’or ou la grande période de l’aménagement du


territoire.

Parti d’une approche sectorielle avec une série de mesures prises en 1954 et 1955,
la politique d’aménagement du territoire conduite à partir de 1960 change la
vision des choses avec le souci des pouvoirs publics de décentraliser les activités
de la région parisienne vers les territoires de provinces par une politique de
solidarité envers les zones fragiles ou excentrées.

7
Entre 1947 et 1975, c’est la période dite des 30 glorieuses où la France enregistrait une croissance économique de l’ordre de
5% par an.
16

La priorité est donnée au rééquilibrage du territoire. La politique des métropoles


d’équilibre vise une décentralisation qualitative par l’émergence de pô les
structurants sur l’ensemble du territoire national. Pour renforcer cette action,
l’Etat met en place en 1960, un comité interministériel d’aménagement du
territoire. En 1963, une structure dénommée Délégation à l'Aménagement du
Territoire et à l'Action Régionale (DATAR) est mise en place avec pour rô le de
mener la réflexion, d’impulser et d’animer les politiques de l’Etat français en
matière d’aménagement du territoire (Francois-Poncet, 2005).

Au début des années 1970, on note davantage une ferme volonté de l’Etat de
privilégier une politique équilibrée de développement du territoire. Cette situation
sera compromise quelques années plus tard suite à des évènements économiques
et politiques.

- De 1975 à 1995 : c’est la crise de l’aménagement du territoire. La première


crise pétrolière et les changements politiques survenus en France en 1974 8
ont provoqué une forte inflexion de la politique d’aménagement du
territoire.

Les nouveaux dirigeants politiques n’étaient pas convaincus de l’efficacité de


l’intervention de l’Etat en matière d’aménagement du territoire et estimaient que
le développement relevait des seules lois des marchés. La DATAR, créée pour
animer les politiques d’aménagement du territoire a été délaissée et ne jouait plus
son rô le (Nama, 2007).

A partir de 1984, la décentralisation reconnaît aux régions une compétence


particulière en matière de planification et d’aménagement du territoire.
En 1988, la nouvelle majorité élue va essayer de redéfinir une politique
d’aménagement du territoire qui tienne compte de l’ouverture de l’Europe de l’Est
et de l’intégration régionale.

A partir de 1990, des réflexions et des débats sont entrepris en vue de faire de
l’aménagement du territoire un outil essentiel de développement socio-
économique. Ainsi, en février 1995, une loi d’orientation et d’aménagement du
territoire (LOADT) est adoptée et va relancer la politique d’aménagement du
territoire. L’Etat va conférer aux acteurs locaux à travers les collectivités
territoriales la possibilité de conduire et de porter des projets adaptés aux
particularités et enjeux locaux.

- De 1995 à nos jours : c’est le renouveau de l’aménagement du territoire. Les


objectifs des politiques d’aménagement du territoire vont connaître des

8
En 1974, Valéry Giscard d'Estaing, jugé libéral prend le pouvoir un an après le choc pétrolier de 1973 et succède ainsi au
gaulliste Georges Pompidou à la présidence de la République.
17

évolutions jusqu’à se focaliser sur la compétitivité et l’attractivité du


territoire.

La loi de 1995 est modifiée par la loi n° 99-533 du 25 juin 1999 d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire, portant modification de
la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire. Les mesures et politiques conduites à l’échelle
nationale ou locale, accordent une place importante aux principes de compétitivité
et d’attractivité.

C’est pour cela que l’Etat à crée en décembre 2005 la Délégation Interministérielle
à l'Aménagement et à la Compétitivité des Territoires (DIACT), en remplacement
de la DATAR. Cette évolution traduit la volonté du gouvernement de promouvoir
l'attractivité et la compétitivité du territoire national. La DIACT a un champ
d'action plus large que celui de la DATAR.

C’est une administration de mission à vocation interministérielle qui a un


impératif de compétitivité et de cohésion. Elle prépare les orientations et met en
œuvre la politique nationale d’aménagement et de développement durable du
territoire et accompagne les mutations économiques en privilégiant une approche
offensive de la compétitivité.

 L’Allemagne

Selon la conception allemande, on entend par aménagement du territoire la


coordination et le contrô le, sur la longue durée, d'activités humaines ayant une
incidence sur l'environnement.

L'aménagement du territoire proprement dit en Allemagne remonte au début du


20ème siècle. Après s'être affirmé dans les années 1960, il a connu une crise à partir
du milieu des années 1970. Depuis les années 1990, la réunification des deux
Allemagnes et l'intégration européenne l'ont placées devant de nouveaux défis.

Du point de vue historique, les premières ébauches d'aménagement du territoire


ont commencé au moyen â ge avec la colonisation allemande de territoires à l'Est,
ainsi que la colonisation des terres incultes à l'intérieur même du pays au début de
l'époque moderne.

C’est véritablement dans les premières décennies du 20ème siècle, que


l’aménagement du territoire a commencé avec la croissance spontanée et
incontrô lée des grandes villes et la création de nouvelles agglomérations stimulées
par l'essor industriel rendant nécessaire la mise en place de mesures de
planification dépassant le niveau des collectivités locales. C'est ainsi, qu'ont vu le
jour les premiers bureaux d'urbanisme en 1911 et en 1920, dont la tâ che
consistait à établir des plans généraux, à planifier les transports régionaux et à
18

coordonner les travaux selon un schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme.


Ce type d'aménagement du territoire n'était pas encore du ressort de l'Etat, mais
constituait plutô t une forme de concertation intercommunale.

C'est la création de l'Office du Reich pour l'aménagement du territoire en 1935, qui


marque en Allemagne le début de l'aménagement du territoire sous la direction de
l'Etat. Mis à part les planifications réalisées en vue du peuplement des territoires
de l'Est, ces activités restèrent sans grands effets dans les années qui suivirent.
Au milieu des années 1950, la République Fédérale d'Allemagne s'efforça à
nouveau de développer l'aménagement du territoire. En 1955, on assiste à la
création d'une commission d'experts, qui recommanda en 1961 la mise en place
d'un programme d'aménagement du territoire par le gouvernement fédéral. Ainsi,
en 1965, la loi sur l'aménagement du territoire est adoptée et amendée par la suite
en 1998. Cette loi définit les objectifs, les schémas directeurs et les principes de
l'aménagement du territoire. Ses objectifs principaux sont, l'harmonisation des
conditions de vie sur tout le territoire de la république fédérale d'Allemagne, la
protection et la conservation des ressources naturelles, le renforcement de
l'intégration de l'Allemagne au sein de l'Europe.

A partir des années 1990, avec la réunification des deux Allemagnes, on assiste à
un renouveau des schémas d'aménagement du territoire reposant sur le principe
directeur d'un développement durable de l'espace et sur la participation à
l'élaboration d'une politique européenne dans ce domaine.

Au cours des dernières décennies, les régions allemandes ont su se forger un


profil, et leur vitalité suscite des espoirs de voir perdurer un système
d’aménagement cohérent et un développement équilibré du territoire (Krause,
Wiktorin, 2009).

 Les Etats-Unis

Avec plus de 9,6 millions de km², les Etats-Unis sont un pays immense dans lequel
les contraintes naturelles et les distances peuvent entraver l’aménagement du
territoire qui a toujours représenté un enjeu majeur pour le gouvernement. Depuis
la fin du 18ème siècle, les Etats-Unis sont une république fédérale composée de 50
Etats fédérés aux pouvoirs étendus et d'un gouvernement central situé dans la
capitale (Brunet et al, 1993).

Les Etats-Unis font partie des premiers pays au monde à s’intéresser à la


planification territoriale. Avant l’arrivée des Européens en 1492, les Amérindiens
qui y résidaient ont cherché à aménager leur espace pour les besoins de
l’agriculture et de la chasse. En 1787, le congrès américain a voté l’ordonnance du
Nord-Ouest qui consacre la formation du premier territoire organisé par les Etats-
Unis avec la proposition d’un plan d’organisation pour assurer la cohésion sociale
et limiter la spéculation foncière.
19

Avec la révolution industrielle, le gouvernement a mis en place en 1933 une


politique interventionniste pour lutter contre la crise économique de 1929. Divers
programmes furent mis en place et une politique de grands travaux et
d’équipements fut instaurée. A cet effet, le Bureau of Land Management (BLM) est
créé en 1946 avec pour missions principales la préservation des richesses et la
gestion durable des terres. Ces actions d’aménagement du territoire ont permis de
relancer l’économie américaine.

Bien que l’espace américain soit immense, il est bien mis en valeur au niveau des
ressources naturelles, de l’agriculture, et de l’industrie. Les réseaux de transport
très développés favorisent la mobilité des populations et des marchandises
produites. C’est pour cela que l’on dit que l’espace américain est bien maîtrisé et
les activités économiques sont en cohérence entre elles.

 Le Japon

Le territoire japonais est assez complexe. Avec une superficie de 378 000 km²,
90% du territoire est couvert de montagnes, rendant l’agriculture et la mobilité
difficiles. Le Japon exprime avant tout par sa géographie le contraste le plus
remarquable qui soit au monde entre un milieu naturel difficile qui n’offre à ses
habitants qu’une superficie cultivable infime (moins de 24 % de la superficie
totale) avec plus d’une centaine de millions d’habitants à nourrir. En dehors des
plaines littorales qui ont été aménagées pour la culture du riz, il y a peu de terres à
mettre en valeur et une faiblesse des ressources naturelles, si bien que l’essentiel
de l’économie japonaise est orientée vers les activités maritimes, commerciales et
industrielles.

Ruiné par la deuxième guerre mondiale et vaincu en 1945, le Japon demeura sous
la tutelle des Etats-Unis jusqu’à la signature du traité de paix de San Francisco en
1951. Grâ ce à l’aide financière américaine et à l’adoption d’une nouvelle
constitution, le Japon a connu une formidable croissance économique à partir des
années 1950 et c’est à cette période également que les bases de la politique
d'aménagement du territoire ont été posées par l’élaboration de plans
d'aménagement entre 1968 et 1972. Ces plans visaient à assurer une meilleure
occupation de l’espace pour faire face aux contraintes naturelles.

C'est en 1974, avec la création de l'agence foncière nationale que l’aménagement


du territoire va véritablement naître au Japon.
Cette agence est chargée de mener des actions prospectives en vue de trouver des
réponses aux contraintes naturelles et favoriser un développement économique de
l’archipel. Le contrô le des grandes opérations d’aménagement est du ressort de
l'Etat (Merlin, 1976).
20

Depuis cette période, les dispositifs réglementaires ont été affinés à plusieurs
reprises en vue d'obtenir des résultats significatifs (Farhi, 2001).

Avec la rareté des ressources naturelles9 et la montée des préoccupations liées aux
crises alimentaire et économique, le gouvernement a engagé des actions en
matière d’aménagement du territoire et de protection de l’environnement si bien
qu’aujourd’hui, le Japon a enregistré des progrès sensibles et est l'un des pays du
monde respectueux de la protection et de la préservation de l'environnement.

 L’URSS (actuelle Russie)

L’URSS était un pays immense avec un peuplement très inégal. C’était l’Etat le plus
vaste du monde avec une superficie de 17 millions de km2 partagé entre une
région européenne à forte concentration humaine où se développent l’essentiel
des activités économiques et une région asiatique plus ou moins délaissée à cause
des aléas climatiques.

L’URSS figurait parmi les premiers pays industrialisés au monde avec une
production industrielle et une agriculture organisée en système de fermes
collectives appelées kolkhozes et des fermes d’Etat dénommées sovkhozes
(Marchand, 1997).

Considérée comme ayant la plus vieille expérience en Europe en matière


d’aménagement de l’espace, c’est à partir de 1928 que l’URSS inscrit formellement
l’aménagement du territoire dans le développement économique. De 1928 à 1991,
le développement économique du pays fut guidé par l’élaboration de treize plans
quinquennaux qui combinaient à la fois planification sectorielle et aménagement
du territoire.

La question foncière et l'aménagement de territoire demeurent fondamentaux


pour la Russie. La période de la Pérestroïka10 a été riche en réformes agraires avec
l'adoption de plus de 150 lois (Duvalova, 1996).

Marquée par des bouleversements politiques avec de nombreuses réformes


politiques et législatives, l’URSS allait connaître un changement dès la fin de 1991
avec son éclatement en 15 Etats indépendants souverains, dont la Russie, qui a
hérité de l’ancienne superpuissance les 3/4 de son territoire, plus de la moitié de
sa population, les deux tiers de son industrie et la moitié de sa production agricole.
A partir du 12 décembre 1992, la Russie est passée à un régime démocratique de
type fédéral, avec l’instauration d’un système qui consiste à libéraliser l'économie,
en passant très rapidement du système communiste (appartenance à l'Etat,
9
Le Japon importe 85% de ses besoins énergétiques et importe plus de la moitié de ses besoins agricoles.

10
La Perestroïka signifie en russe : reconstruction, restructuration. C’est le nom donné aux réformes sociales et économiques
entreprises en Union soviétique par Mikhaïl Gorbatchev d'avril 1985 à décembre 1991.
21

planification centralisée,…) au système capitaliste (libéralisation). De nouvelles


dispositions d'aménagement du territoire sont prises dans la fédération de Russie
par la mise en œuvre du schéma général d'établissement des populations à
l’échelle nationale et le plan d’urbanisme à l’échelle locale pour renforcer le
développement économique du pays qui se manifeste de manière très inégalitaire
en fonction des régions (Lomakina, 2003).

2.2. Les espaces communautaires

L’espace communautaire concerne plusieurs pays d’un même espace régional, d’où
son caractère transfrontalier.

Aujourd'hui, l’aménagement du territoire montre de nouveaux enjeux


géographiques et institutionnels qui interpellent les politiques d’aménagement et
de développement des territoires. D’une part, les enjeux de recompositions
spatiales liées aux fortes dynamiques territoriales (croissance démographique,
urbanisation, productivité…) mettent en évidence de nouvelles échelles spatiales.
D’autre part, les contextes politique, social et institutionnel marqués par de
nouvelles formes de gouvernance (démocratie, décentralisation) posent le
problème de l’action territoriale en termes d’intervention de nouveaux acteurs
(Etat, collectivités locales, institutions d’intégration régionale, partenaires
techniques et financiers) (PDM, mars 2008).

Les défis de l’aménagement du territoire se déclinent aujourd'hui comme les défis


de l’intégration nationale et régionale. L’intégration s’entend au sens de la
complémentarité et de la solidarité entre les régions, les nations et les peuples. Les
effets des politiques d’aménagement dont l’aire d’influence déborde les limites des
territoires nationaux, donne la mesure de ces enjeux (Yapi-Diahou, 2005). C’est
pour cela qu’au niveau régional, des politiques communautaires sont mises en
place pour une meilleure prise en compte de l’aménagement du territoire et de
l’intégration des activités dans le développement socio-économique.

 L’espace communautaire européen

Le territoire européen se caractérise par une grande diversité qui constitue l’un
des principaux facteurs de croissance de l’Union Européenne. C’est pour cela que
les Etats membres de l’Union se sont entendus sur des objectifs spatiaux communs
et sur des lignes directrices spatiales communes en créant l'Union Européenne par
le Traité de Maastricht le 7 février 1992. Initialement constituée par les 12 Etats
membres de la CEE, l’Union Européenne est une union intergouvernementale et
supranationale composée aujourd’hui de 27 Etats. Par ce traité, l’Union
Européenne délègue l'exercice de certaines compétences à des organes communs
destinés à coordonner leur politique dans un certain nombre de domaines et
respecte le principe de la souveraineté internationale de ses membres.
22

Il faut noter que c'est avec le traité d’Amsterdam d'octobre 1997, que la dimension
proprement territoriale de l’objectif de cohésion est véritablement affirmée de
façon explicite par les Etats membres. Le traité de 1992 bien que mentionnant
l’objectif de cohésion est resté beaucoup vague et sans référence précise au rô le
des inégalités territoriales.

Durant la dernière décennie, on a observé une forte réduction des disparités entre
les Etats mais, le développement entre les régions n’affiche pas toujours et partout
cette même progression. Si dans certains cas les disparités se sont atténuées, il
n’en demeure pas moins que la convergence est lente et que de fortes disparités
persistent entre les régions d’un même pays ou de plusieurs pays différents. Dans
ce contexte, la recherche d’une meilleure cohésion territoriale devient une priorité
dans la plupart des pays européens.

Conscients du fait que l’aménagement du territoire peut s’avérer décisif pour


atteindre les objectifs de cohésion économique et sociale, les Etats membres de
l’Union ont approuvé en mai 1999 à Potsdam en Allemagne, le premier Schéma de
Développement de l’Espace Communautaire (SDEC) qui constitue une étape
importante dans la mise en place d’une politique communautaire d’aménagement
du territoire. L’adoption du SDEC marque une volonté des institutions
européennes de mettre en place une nouvelle politique d’aménagement du
territoire. Ce schéma est l’aboutissement d’un processus de réflexion d’une dizaine
d’années qui visait à répondre à l’objectif majeur d’assurer la cohésion territoriale
de l’Europe, dont les régions connaissaient des écarts de développement
considérables (Wollbrett, 2000).

La cohésion territoriale est placée au même titre que la cohésion économique et


sociale, ce qui signifie que les territoires ne sont plus considérés comme de
simples supports des stratégies de développement et de redistribution mais qu’ils
deviennent des acteurs de ces politiques (Cattan, Grasland, 2003).

Le SDEC se veut donc un document de référence et un cadre d’orientation


politique non contraignant et flexible visant à définir les grandes lignes directrices
d’une politique d’aménagement du territoire européen, afin d’améliorer la
coopération en matière de développement spatial entre les Etats membres d’une
part et entre leurs régions et collectivités locales d’autre part.

Les politiques d’aménagement du territoire sont actuellement considérées dans


l'Union, comme des opérations de développement territorial réfléchies et
programmées à une échelle donnée. Il incombe à chaque Etat de veiller à la mise
en œuvre de sa politique nationale d’aménagement du territoire avec les
instruments qui lui sont propres (Humeau, 2006).
23

 L’espace communautaire ouest africain

Créée le 10 janvier 1994 à Dakar, l'Union économique et monétaire ouest-africaine


(UEMOA) qui regroupe 8 Etats11, est une organisation sous-régionale dont l’une
des missions est la réalisation de l'intégration économique des Etats membres à
travers le renforcement de la compétitivité des activités économiques dans le
cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement juridique
rationalisé et harmonisé (UEMOA, 2003).

Le traité instituant l’UEMOA qui est entré en vigueur le 1er aoû t 1994 a affirmé
dans son préambule, la nécessité de renforcer la complémentarité des appareils de
production des Etats et de réduire les disparités de niveaux de développement
entre les Etats membres par la mise en place d’une politique d’aménagement du
territoire communautaire.

Les Etats membres de l’UEMOA se sont engagés, après les indépendances, dans des
politiques nationales isolées d’aménagement du territoire qui ont insuffisamment
pris en compte la vision globale communautaire (Paré, 2004). Ces pays se sont
dotés d’un appareil d’Etat relativement lourd comprenant un ensemble de
ministères sectoriels relayés par des structures déconcentrées et un ensemble de
sociétés, d’agences et d’offices publics. Ces politiques orientées vers des options
sectorielles de développement visaient prioritairement la recherche et le
renforcement de l’unité nationale aux dépens de l’équilibre spatial global.

Depuis la fin des années 1980, ce type d’organisation et ses différentes modalités
connaissent de profondes mutations avec l’ébranlement des appareils étatiques et
la mise en œuvre des politiques d’ajustement structurel et du processus de
démocratisation. Cette situation s’est traduite par l’effacement de l’Etat dans le
champ de l’aménagement du territoire et du développement dans la plupart des
pays. Ce recul de l’Etat, s’est accompagné d’une redistribution des rô les au profit
d’autres acteurs promus par les nouveaux modèles du développement durable et
de la bonne gouvernance prô née par les institutions financières mondiales dont
l’intervention s’est accrue (Giraut, Vanier, 2006).

Par la suite, les Etats se sont heurtés à certains facteurs qui ont entravé la mise en
œuvre des politiques d’ajustement structurel. Aussi, l’hétérogénéité des Etats, les
contraintes liées aux ressources naturelles, à l’environnement et aux ressources
financières, n’ont pas favorisé la mise en place de politiques cohérentes et efficaces
d’aménagement du territoire. C’est pour cela que ces dernières années, l’on note
l’intérêt des dirigeants des Etats ouest africains sur la nécessité d’élaborer des
politiques d’aménagement du territoire (Séré, 2009).

Cette volonté politique a été marquée au niveau de chaque Etat, soit par
l’élaboration d’une politique nationale d’aménagement du territoire (PNAT), soit
11
Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo.
24

par une déclaration de politique nationale d’aménagement du territoire


(DPONAT), soit par l’adoption d’une loi d’orientation de politique d’Aménagement
du territoire suivant les recommandations de l’Union. En raison de l’étroitesse de
la plupart des Etats, l’aménagement du territoire, ne pouvait véritablement jouer
son rô le qu’en allant au-delà des frontières héritées de la colonisation (UEMOA,
2003). S’il est vrai que chaque Etat dispose au moins d’une déclaration de politique
d’aménagement du territoire, il convient de noter que très peu de pays sont
avancés dans l’élaboration des instruments de mise en œuvre de ces politiques12.
Dans ce sens, l'UEMOA envisage l'élaboration d’un Schéma de Développement de
l’Espace Régional (SDER) qui permettra l’harmonisation et la mise en cohérence
des schémas et plans nationaux avec les politiques communes.

Les résultats mitigés des actions d’aménagement du territoire engagées dans les
approches nationales ont conduit certains Etats à envisager dorénavant
l’aménagement du territoire au-delà de leurs propres limites territoriales car la
nature des problèmes de développement ne permet pas de les résoudre
efficacement sur le plan purement national. C’est pour cela que l’UEMOA a
préconisé de formuler une politique régionale qui traite des préoccupations
communes de développement et qui vise le renforcement, la cohésion économique
et sociale des pays membres de l’Union.

Le document-cadre d’orientations générales de la politique d’aménagement du


territoire communautaire de l’UEMOA adopté en septembre 2003 sert à éclairer et
à faire prendre conscience des enjeux et des défis auxquels la sous-région est
confrontée et qu’une politique d’aménagement du territoire communautaire
conséquente pourrait aider à résoudre. C’est un outil de référence qui cherche à
corriger et prévenir les déséquilibres actuels ou futurs dans l’espace UEMOA, à
promouvoir la valorisation des potentialités spécifiques, à renforcer les échanges
au sein de l’Union, etc.

A terme, cette politique communautaire devrait permettre la construction d’une


nouvelle vision de l’Union pour mieux cadrer avec les exigences de son
développement, rechercher des solutions adéquates aux préoccupations
communes en introduisant et en renforçant entre les différentes politiques
nationales et communautaires, la cohérence et l’harmonie nécessaires pour
garantir un développement durable, soutenu et équilibré (UEMOA, 2003).

Aussi, le plan d’action pour la promotion de l’aménagement du territoire adopté le


19 octobre 2004 à Ouagadougou par les ministres des pays membres de l’UEMOA,
a réaffirmé la nécessité de la prise en compte d’une gestion rationnelle des
ressources dans le souci du développement durable, de remettre les questions

12
Au Sénégal, le SNAT est en cours d’actualisation, le Bénin et le Burkina Faso sont entrain d’élaborer leur SNAT, la Côte
Ivoire a élaboré des schémas régionaux en lieu et place d’un SNAT. Les autres Etats membres sont au stade de réflexions ou
d’élaboration de terme de référence à cet effet.
25

foncières au cœur des politiques d’aménagement du territoire et de promouvoir la


gestion environnementale et sociale dans chacun des Etats membres (Domingo,
2005).

2.3. L'expérience du Burkina Faso

Après l'indépendance, les autorités politiques du Burkina Faso ont compris la


nécessité d’introduire l’aménagement du territoire dans un système formel à
travers le système national de planification. Par cette volonté politique, il fallait
résoudre un certain nombre de problème de développement en prenant en
compte les réalités régionales dans les analyses. Il s'agissait aussi de mieux
localiser les projets d’investissement et d’apporter des réponses à l’exode rural et
ses conséquences, de même qu'à la répartition optimale des activités et des
populations sur le territoire (Porgo, 2006).

C’est pour renforcer ces actions et marquer la volonté du gouvernement d’utiliser


l’aménagement du territoire pour la conduite du développement que la Direction
de l’Aménagement du Territoire (DAT) a été créée en 1979 suivie plus tard par
d’autres services départementaux du Plan et de la Statistique.

Avant la création de la DAT, la pratique de l’aménagement du territoire par l’Etat a


été de type sectoriel avec une mise en œuvre assurée par certains ministères dont
ceux chargés de l’agriculture, de l’élevage, de l’environnement, de l’urbanisme, de
l’eau, des travaux publics, etc. Au regard du caractère lourd des actions qu’ils
entreprenaient et du fait que les actions sectorielles ne permettaient pas d’assurer
la synergie et la cohérence entre secteurs, les départements ministériels ont senti
tô t la nécessité de les inscrire dans un cadre de cohérence spatial par l’élaboration
de schémas directeurs d’aménagement.

Ainsi, la démarche de type global a été développée avec la création de la DAT et


des directions régionales du ministère chargé de la planification. Cela a permis
d’élaborer les programmes provinciaux de développement qui ont contribué, à
partir des années 1985, à assurer une animation de la vie économique des
provinces et à améliorer sensiblement les conditions de vie des populations (Cissé,
1998). C’est à partir de ce moment que le système national de planification s’est
enrichi d’une dimension spatiale.

L’indicateur le plus fort de cette volonté politique a été l’élaboration en 1984 de


l’Ordonnance n°084-050/CNR/PRES du 04 aoû t 1984 portant réorganisation
agraire et foncière au Burkina Faso et son décret d’application
n°085-404/CNR/PRES du 04 aoû t 1985 Foncière (RAF) qui fondent et légitiment
l’aménagement du territoire dans le pays et détermine les principes de gestion des
terres (PNAT, 2006). Cette loi trouve son fondement avec l’arrivée au pouvoir le 4
aoû t 1983 du Conseil National de la Révolution (CNR), qui a estimé que pour
26

atteindre l’autosuffisance alimentaire, il fallait procéder d’abord par un


changement radical du statut de la terre.

Pour traduire toute l’importance et la priorité accordées au problème de la terre,


la RAF décline sans la moindre ambiguïté, la maîtrise totale des terres par l’Etat à
travers la création du DFN qui devient une propriété exclusive de l’Etat et de ce
fait, inaliénable, imprescriptible et insaisissable. L’instrument juridique utilisé
pour parvenir à cette fin est la nationalisation des terres coutumières collectives et
la dissolution des titres fonciers des personnes physiques et morales de droit
privé.

Par ces mesures, la loi foncière établit pour la première fois dans le pays, un lien
direct et immédiat entre l’aménagement du territoire et la gestion des terres, bien
que le pays n’ait pas encore élaboré sa politique nationale d’aménagement
territoire.

Les premières expériences de gestion des terroirs voient le jour en 1986 avec la
mise en œuvre du programme national de gestion des terroirs.

La volonté des autorités politiques à gérer rationnellement le foncier à travers


l’aménagement du territoire s’est heurtée aux réticences des autorités
coutumières pour qui l’Etat veut leur retirer leurs prérogatives dans la gestion
ancestrale et traditionnelle du foncier, si bien que l’application de ladite loi était
rendue difficile, notamment en milieu rural.

En 1991, avec l’avènement de la démocratie et des mesures du PAS, les autorités


ont décidé d’adapter la législation foncière à l’évolution politique, économique et
institutionnelle du pays. La RAF de 1984 a été relue avec comme modification
majeure la réintroduction de la propriété privée à cô té de la propriété étatique.
Malgré cette relecture, la RAF de 1991 connaît elle aussi des problèmes de mise en
œuvre en milieu rural.

Aux constats des insuffisances de ces deux versions de la RAF, le Gouvernement a


procédé en 1996 à une nouvelle relecture des textes qui a abouti à l’adoption d’une
nouvelle RAF. Cette version de la RAF a apporté des innovations et des
modifications sur des questions importantes d’aménagement du territoire et de
gestion des terres.

Elle relève la nécessité d’assurer l’autosuffisance alimentaire, de freiner la


dégradation des conditions écologiques, de maîtriser les migrations et la
transhumance animale et d’adapter la gestion du DFN aux réalités socioculturelles,
historiques et économiques. Elle ouvre une porte à la propriété privée des terres
et intègre également le principe de décentralisation en matière de gestion des
terres du DFN et des ressources naturelles. Elle affirme que la terre doit être le
support d’un développement harmonieux et équilibré, d’où la nécessité d’en faire
27

un instrument de planification et de gestion rationnelle de toutes les activités qui


lui sont liées directement ou indirectement.

Etant donné le rô le important assigné à la terre dans la politique nationale de


développement du Burkina et particulièrement dans la politique d’aménagement
du territoire, il était impératif pour les autorités politiques de rechercher des
solutions à même de favoriser l’accès équitable de tous les acteurs ruraux à la
terre, leur sécurisation et la garantie des investissements (DGAT/DLR, SNAT Phase
II, 2008).

Dans ce sens, le gouvernement a initié dans les années 1999 des opérations pilotes
de sécurisation foncière ayant pour objectif de recenser toutes les formes de
tenures foncières, d’identifier leurs titulaires et de rechercher les voies et moyens
de concilier leur coexistence, de les valider juridiquement et favoriser une
meilleure occupation de l’espace.

Ces opérations se sont déroulées dans des zones aménagées (ex AVV) à travers le
Plan Foncier Rural (PFR) et dans des zones de terroirs à travers le PNGT et
d’autres projets de développement qui visaient une structuration et un
développement du territoire national (PNSFMR, 2007).

La campagne de lutte contre l’onchocercose débutée dans les années 1974 sur une
large partie du territoire du Burkina Faso visait le développement des
potentialités agricoles des zones concernées dans une perspective de sécurité
alimentaire et de réduction de la pauvreté. Ce grand projet a permis la mise en
valeur de plus 500 000 ha de sols alluviaux fertiles, grâ ce à la lutte contre la
trypanosomiase et l’onchocercose. L’éradication de ce fléau a permis de diriger et
d’organiser l’installation progressive de populations allochtones venant des
provinces du nord du pays et dans une moindre mesure de populations
autochtones qui avaient déserté les lieux à cause de la présence de la mouche Tsé-
tsé.

Des acquis importants ont aussi été enregistrés dans la coordination des actions et
la promotion du développement rural à travers les Organismes Régionaux de
Développement (ORD) qui travaillaient à coordonner les actions des ministères
sectoriels sur le terrain et à promouvoir un développement rural cohérent (PNAT,
2006).

Cependant, la mise en œuvre des opérations d’aménagement du territoire


entreprises par l’Etat a connu d’importantes entraves parmi lesquelles la question
foncière occupe une place prépondérante (Thiéba, Zongo, 2003).

Tenant compte des problèmes constatés dans la mise en œuvre de la RAF en


milieu rural, de l’organisation et du fonctionnement de l’espace et en vue
d’apporter des réponses appropriées, l’Etat a élaboré et adopté une politique
28

nationale d’aménagement du territoire suivant le décret n°


2006-362/PRES/PM/MEDEV/MATD/MFB/MAHRH/MID/MECV du 20 juillet
2006. Cette politique a formulé trois orientations fondamentales d’intervention
intimement articulées que sont, le développement économique, l’intégration
sociale et la gestion durable du milieu naturel.

De même, la RAF qui est une loi-cadre en matière foncière et d'aménagement du


territoire a été relue, adoptée par l’Assemblée Nationale le 02 juillet 2012 et
promulguée par décrets 2012-716/PRES du 06 septembre 2012. Elle vise à mieux
prendre en compte les différentes évolutions des contextes politiques,
économiques, sociales et environnementales afin de dégager les principes
fondamentaux qui orienteront l’action des structures sectorielles en matière
d’aménagement du territoire, de gestion des terres aussi bien rurales qu’urbaines
et des ressources naturelles.

Cette relecture a permis d'assurer la cohérence des textes sectoriels avec la RAF,
de garantir l’application effective des textes sur le terrain au regard des mutations
institutionnelles, de disposer de textes appropriés pour une meilleure prise en
compte de la question foncière et de l’aménagement du territoire dans le
développement socio-économique.

En plus, les réflexions ont permis l’élaboration de la loi n°024-2018/AN du 28 mai


2018 portant loi d’orientation sur l’aménagement et le développement durable du
territoire (LOADDT) au Burkina Faso. Cette loi définit les principes, les organes, les
structures et les instruments d’aménagement et de développement durable du
territoire.

CHAPITRE III : LES INSTRUMENTS D’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

Les instruments d’aménagement du territoire varient d’un pays à un autre en


fonction des politiques, des stratégies ou des options de développement mises en
place. Ici, nous nous intéresserons essentiellement au cas du Burkina avec les
instruments prévus par les textes en vigueur, notamment la loi portant LOADDT.

L’article 50 de ladite loi dispose que « L’aménagement et le développement durable


du territoire est conçu au moyen de schémas d’aménagement et de développement
durable du territoire.

Les schémas d’aménagement et de développement durable du territoire sont :

- le schéma national d’aménagement et de développement durable du


territoire ;
- le schéma régional d’aménagement et de développement durable du
territoire ;
29

- le schéma provincial d’aménagement et de développement durable du


territoire ;
- le schéma directeur d’aménagement et de développement durable du
territoire ;
- le schéma d’organisation fonctionnelle et d’aménagement ;
- la directive territoriale d’aménagement.

Nonobstant les schémas d’aménagement ci-dessus, des aménagements


transfrontaliers peuvent faire l’objet de schémas ».

L’aménagement et le développement durable du territoire est précisé par des


plans et des règlements d’aménagement.

Tout aménagement d’une partie du territoire fait l’objet d’un plan d’aménagement
conforme au schéma d’aménagement auquel il est immédiatement subordonné.
Les zones à vocation sont déterminées par les schémas d’aménagement.

Les schémas constituent donc les principaux outils d’organisation de l’espace et


des activités. Ils sont élaborés par des structures ad hoc selon les différentes
échelles de l’organisation de l’administration du territoire. Cadres de référence
pour l’élaboration des politiques publiques et la localisation des projets
d’investissement sur le territoire national, ils sont ordonnés dans une hiérarchie
verticale, les schémas de niveau inférieur devant être toujours conformes à ceux
de niveau supérieur.

3.1. Le schéma national d’aménagement et de développement durable du


territoire

Le schéma national d’aménagement et de développement durable du territoire fixe


les options de développement socio-économique et d’aménagement physique et
spatial à long terme du territoire national. Il contient les grandes orientations de
développement futur et leurs implications spatiales qui tiennent compte des
contraintes du passé et du présent pour assurer un développement durable.

Il détermine les principales actions de développement spatial afin d’assurer


l’utilisation optimale des ressources naturelles.

Le projet de schéma national d’aménagement et de développement durable du


territoire est élaboré par le ministère chargé de l’aménagement du territoire en
collaboration avec les différents départements ministériels concernés.

Le schéma national d’aménagement et de développement durable du territoire est


défini par la loi.
30

Le schéma national d’aménagement et de développement durable du territoire a


été élaboré et est en instance d’adoption par le conseil des Ministres.

3.2. Le schéma régional d’aménagement et de développement durable du


territoire

Le schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire


assure la cohérence entre les projets d’équipement et les politiques de l’Etat et
ceux des collectivités territoriales.

Il offre une évolution souhaitable de la région à long terme et peut recommander


la mise en place d’instruments de planification, d’urbanisme ou de protection de
l’environnement tels que le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme, la
directive territoriale d’aménagement et les plans d’aménagement forestiers.

L’initiative de l’élaboration du schéma régional d’aménagement et de


développement durable du territoire appartient à l’Etat ou à la région, collectivité
territoriale.

Le schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire est


examiné et adopté par le conseil régional, la commission régionale d’aménagement
du territoire et approuvé par décret pris en Conseil des ministres sur proposition
du ministre chargé de l‘aménagement du territoire.

Depuis 2017, le Gouvernement a véritablement engagé le processus d’élaboration


des SRADDT. C’est ainsi que les processus d’élaboration des schémas régionaux
d’aménagement et de développement durable du Centre, de l’Est, du Sahel, des
Hauts-Bassins, du Plateau Central, de la Boucle du Mouhoun, du Sud-Ouest et des
Cascades sont amorcés.
En 2022, il est attendu que l’élaboration du SRADDT du Centre-Sud et du Centre-
Ouest afin de doter ses régions de leur référentiel de coordination optimale et de
mise en cohérence des actions de développement sur l’ensemble des territoires
régionaaux concernés.

3.3. Le schéma provincial d’aménagement et de développement durable du


territoire

Le schéma provincial d’aménagement et de développement durable du territoire


assure la mise en cohérence et la coordination des aménagements des communes.

Le projet de schéma provincial d’aménagement et de développement durable du


territoire est élaboré par les services déconcentrés compétents du ministère
31

chargé de l’aménagement du territoire en collaboration avec les collectivités


territoriales et les services techniques compétents.

Le schéma provincial d’aménagement et de développement durable du territoire


est élaboré dans les mêmes formes que le schéma régional d’aménagement et de
développement durable du territoire.

De nos jours, seul le schéma provincial du Zoundwéogo a été adopté en décembre


2003. Les processus d’élaboration des schémas provinciaux du Bam, Kouritenga,
Yagha, Soum, Sanmatenga, Kouritenga ont connu un début, mais sont restés
inachevés.

3.4. Les schémas directeurs d’aménagement et de développement durable du


territoire

Les schémas directeurs d’aménagement et de développement durable du territoire


fixent les orientations fondamentales d’occupation et d’utilisation des terres et les
objectifs de l’aménagement d’un espace donné.

Les schémas directeurs d’aménagement et de développement durable du territoire


comprennent :

- le schéma directeur sectoriel ;


- le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme ;
- le schéma directeur d’aménagement et de développement durable de la
commune ;
- le schéma directeur de zone.

3.4.1. Le schéma directeur sectoriel

Le schéma directeur sectoriel traduit la contribution du secteur concerné à la mise


en œuvre des orientations du schéma national d’aménagement et de
développement durable du territoire.

Le projet de schéma directeur sectoriel est élaboré par le ministère chargé du


secteur concerné par l’aménagement en collaboration avec le ministère chargé de
l’aménagement du territoire.

Le projet de schéma directeur sectoriel est adopté par décret pris en conseil des
Ministres sur rapport du ministre chargé du secteur.

3.4.2. Le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme


32

Le schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme fixe les orientations du


développement des villes et localités.

Les modalités de son élaboration sont précisées par le code de l’urbanisme et de la


construction.

3.4.3. Le schéma directeur d’aménagement et de développement durable de la


commune

Le schéma directeur d’aménagement et de développement durable de la commune


organise l’utilisation de l’espace de la commune et l’implantation des
infrastructures. Il donne une structuration spatiale et l’horizon socio-économique
du développement durable du territoire communal.
L’initiative de l’élaboration du schéma directeur d’aménagement et de
développement durable de la commune appartient à la commune concernée
(article 134, décret d’application de la LOADDT), en étroite collaboration avec le
ministère chargé de l’aménagement du territoire.

Le schéma directeur d’aménagement et de développement durable de la commune


est élaboré par les services compétents du ministère chargé de l’aménagement du
territoire en collaboration avec la commune concernée et les services techniques
compétents.

Le schéma directeur d’aménagement et de développement durable de la commune


est adopté par le conseil municipal et approuvé par un arrêté du Haut-
commissaire de la province après avis conforme des commissions communale et
provinciale d’aménagement et de développement durable du territoire.
Dans les communes où il existe des agglomérations urbaines, le schéma directeur
d’aménagement et de développement durable de la commune fixe des orientations
pour leur aménagement.

3.4.4. Le schéma directeur d’aménagement de zone

Le schéma directeur d’aménagement et de développement durable de zone fixe les


orientations d’aménagement d’une zone donnée.
Il doit être conforme au schéma immédiatement supérieur.

L’initiative de l’élaboration du schéma directeur d’aménagement de zone


appartient, soit à l’Etat, soit à la collectivité territoriale concernée.

Le schéma directeur de zone est élaboré par le ministère ou la collectivité


territoriale en charge de l’aménagement concerné en collaboration avec le
ministère chargé de l’aménagement du territoire et les autres acteurs intervenants
dans les secteurs d’activités concernés (Article 143, décret LOADDT) et les
services techniques compétents.
33

Le projet de schéma directeur d’aménagement de zone est adopté, selon qu’il est
d’intérêt national ou d’intérêt local, soit par décret pris en Conseil des ministres,
soit par arrêté du gouverneur de région, sur rapport de l’autorité (Ministre chargé
du secteur d’activité concerné) l’ayant élaboré.

3.4.5. Le schéma d’organisation fonctionnelle et d’aménagement

Le schéma d’organisation fonctionnelle et d’aménagement traite de la


problématique de l’aire métropolitaine à l’échelle régionale, s’appuie sur ses
éléments constitutifs pour faire une lecture critique des déficits de l’organisation
spatiale et des potentialités de développement, en vue de proposer une
requalification, une restructuration fonctionnelle ou une stratégie d’aménagement.

L’initiative de l’élaboration du schéma d’organisation fonctionnelle et


d’aménagement (SOFA) est de la compétence de l’Etat. (Art 152 décret LOADDT).
Le SOFA , est élaboré par le ministère en charge de l’aménagement du territoire en
collaboration avec celui en charge de l’urbanisme et des autres ministères
concernés.

Le schéma d’organisation fonctionnelle et d’aménagement est approuvé par décret


pris en Conseil des ministres sur proposition du ministre chargé de
l’aménagement du territoire. (Art 155, décret LOADDT)
Les collectivités territoriales peuvent réaliser un schéma commun d’organisation
fonctionnelle d’aménagement et de développement durable.

3.4.6. La directive territoriale d’aménagement

La directive territoriale d’aménagement a pour vocation de couvrir certains


territoires stratégiques où existent des problèmes de mise en cohérence des
localisations de grands équipements de transports, d’équipements collectifs et où
s’exercent de fortes pressions démographiques, foncières ou écologiques.

La directive territoriale d’aménagement est élaborée par les ministères en charge


des secteurs concernés en collaboration avec les collectivités territoriales et les
partenaires locaux.

La directive territoriale d’aménagement est adoptée par décret pris en Conseil des
ministres sur rapport du ministre en charge du secteur principalement concerné.

Les modalités d’élaboration des instruments d’aménagement et de développement


durable du territoire suscités sont précisées par décret pris en Conseil des
ministres.
34

En outre, les aménagements transfrontaliers sont réalisés conformément aux


conventions et accords internationaux auxquels est partie le Burkina Faso.

Les schémas d’aménagement et de développement durable du territoire de niveau


inférieur et les différentes interventions des services de l’Etat, des collectivités
territoriales et des autres intervenants y relatives, doivent être conformes aux
orientations des schémas d’aménagement et de développement durable du
territoire de niveau supérieur.

CHAPITRE IV : LES ORGANES ET STRUCTURES D’AMENAGEMENT DU


TERRITOIRE

Il est créé, dans le cadre de l’aménagement et du développement durable du


territoire, les organes et structures d’aménagement et de développement durable
du territoire .
- un conseil national d’aménagement et de développement durable du
territoire ;
- un comité interministériel d’aménagement et de développement durable du
territoire ;une commission nationale d’aménagement et de développement
durable du territoire .

- des commissions régionales d'aménagement et de développement durable


du territoire ;
- des commissions provinciales d'aménagement et de développement durable
du territoire ;
- des commissions communales d'aménagement et de développement
durable du territoire.

LES ORGANES

4.1. Le conseil national d’aménagement et de développement durable du


territoire

Le conseil national d’aménagement et de développement durable du territoire est


chargé de formuler des avis et suggestions sur les orientations et les conditions de
mise en œuvre, par l’Etat et les collectivités territoriales, de la politique nationale
d’aménagement et de développement durable du territoire.
35

Il donne son avis sur les projets de programmation et les projets de loi de
programmation. Il peut se saisir de toute question relative à l’aménagement et au
développement durable du territoire et faire des recommandations.

4.2. Le comité interministériel d’aménagement et de développement durable


du territoire

Le comité interministériel d'aménagement et de développement durable du


territoire a pour mission d’examiner les questions d'aménagement et de
développement durable du territoire, en vue d’orienter les décisions du
gouvernement.

LES STRUCTURES

4.2. La commission nationale d’aménagement et de développement


durable du territoire

La commission nationale d’aménagement et de développement durable du


territoire est chargée :

- de l’examen et de l’adoption de l’avant-projet de schéma national, des


projets de schémas régionaux, provinciaux et directeurs d’aménagement du
territoire d’intérêt national, des projets de schémas d’organisation
fonctionnelle et d’aménagement ainsi que des directives territoriales
d’aménagement ;
- du suivi et de la mise à jour périodique desdits schémas et directives.

4.3. La commission régionale d’aménagement et de développement


durable du territoire

La commission régionale d’aménagement et de développement durable du


territoire donne son avis sur tous les schémas d’aménagement concernant la
région.

4.4. La commission provinciale d’aménagement et de développement


durable du territoire

La commission provinciale d’aménagement et de développement durable du


territoire donne son avis sur :

- l’avant-projet de schéma provincial, les avant-projets de schémas directeurs


d’aménagement des communes urbaines et rurales, des villes, villages et
localités ;
- tout projet de schéma d’aménagement intéressant la province.
36

4.5. La commission communale d’aménagement et de développement


durable du territoire

La commission communale d’aménagement et de développement durable du


territoire est une innovation de la loi portant RAF de 2012. La commission donne
son avis sur :
- le projet de schéma directeur d’aménagement ;
- tout projet de schéma d’aménagement intéressant la commune.

Les attributions, l’organisation, la composition et le fonctionnement des organes et


structures d’aménagement et de développement durable du territoire sont
précisés dansle décret d’application de la LOADDT.

Outre, les quatre (4) commissions citées, la loi portant LOADDT a innové avec la
création d’un comité interministériel d'aménagement et de développement
durable du territoire chargé d’examiner les questions relatives à l'aménagement
et au développement durable du territoire en vue d’orienter les décisions du
gouvernement.

Les attributions, l’organisation, la composition et le fonctionnement du comité


interministériel d’aménagement et de développement durable du territoire sont
fixés par décret pris en Conseil des ministres.
37

CHAPITRE V : AMENAGEMENTS URBAINS ET RURAUX

Au Burkina Faso, la loi portant LOADDT fait une classification des aménagements
en distinguant les aménagements urbains des aménagements ruraux.
Pour ce faire, le ministère en charge de l’administration territoriale et les
collectivités territoriales procèdent, pour les besoins de l'aménagement et du
développement durable du territoire, à la matérialisation des limites
administratives des collectivités territoriales déterminées par la loi.

5.1. Les aménagements urbains

Les aménagements urbains s’opèrent conformément aux dispositions du Code de


l’urbanisme et de la construction.

L’Etat et les collectivités territoriales peuvent acquérir des terrains à but


d’aménagement, par les procédures d’expropriation pour cause d’utilité publique
ou par l’exercice du droit de préemption.

Le ministère en charge de l’urbanisme, préalablement à l’élaboration du schéma


directeur d’aménagement et d’urbanisme, détermine les limites dudit schéma en
collaboration avec les ministères en charge de l’administration territoriale, de
l’environnement, de l’aménagement du territoire, de la promotion de la femme et
celui des droits humains.

5.2. Les aménagements ruraux

Les aménagements ruraux s'opèrent à travers des schémas directeurs


d’aménagement sectoriels.

Les différentes catégories d’aménagements ruraux sont :

- les aménagements agricoles ;


- les aménagements pastoraux ;
- les aménagements fauniques ;
- les aménagements forestiers ;
- les aménagements halieutiques ;
- les aménagements hydrauliques ;
- les aménagements miniers ;
- les aménagements touristiques ;
- et d’une manière générale, tout aménagement à vocation rurale.

Les zones rurales à vocation agricole, pastorale, forestière, faunique, hydraulique


et halieutique sont déterminées par le schéma national, les schémas régionaux,
38

provinciaux d’aménagement et de développement durable du territoire, les


schémas directeurs d'aménagement.
Les ministères en charge de l'agriculture, de l'élevage, des forêts, de la faune, des
pêches, de l'environnement, de l'hydraulique, des mines et des domaines
procèdent, préalablement à tout aménagement, à l'évaluation des potentialités et
des contraintes des zones concernées.

Le ministère en charge des domaines veille à l’immatriculation desdites zones.

Le ministère en charge de l’environnement veille à la réalisation d’une étude


d'impact sur l'environnement ou d’une notice d’impact sur l’environnement.

Le ministère en charge de l'agriculture veille à l’élaboration des cahiers des


charges généraux et spécifiques des zones aménagées pour culture pluviale, des
aménagements hydro-agricoles et de l’entrepreneuriat agricole.

Le ministère en charge de la promotion de la femme et le ministère en charge des


droits humains veillent au respect du principe de genre et du principe de respect
des droits humains.

Les types et conditions d'aménagement des zones pastorale, forestière, faunique,


hydraulique et halieutique sont précisés par les textes spécifiques en vigueur.

Les types et conditions d'aménagement des zones à vocation agricole sont précisés
par décret pris en Conseil des ministres.
39

CHAPITRE VI : L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE ET LE FONCIER DANS LE


CONTEXTE DE LA DECENTRALISATION

On ne peut parler d’aménagement du territoire au Burkina Faso sans évoquer la


question foncière qui est le support de tout aménagement. L’aménagement du
territoire et le foncier au Burkina Faso s’exercent dans un nouveau contexte
marqué par la communalisation intégrale du territoire intervenue depuis 2006.

La prise de conscience et la volonté de mettre en œuvre des politiques


d’aménagement du territoire cohérentes sont perceptibles dans l’engagement de
la plupart des Etats africains à conduire une politique de décentralisation pour
servir de levier à leur politique foncière et d’aménagement du territoire (UEMOA,
2003).
Les nouvelles politiques d’aménagement émergent dans ce contexte et sont
fortement basées sur une approche territoriale du développement (Alvergne,
2008).

Le processus de décentralisation engagé au début des années 1990 participe de


l’aménagement du territoire en tant que démarche de structuration de l’espace qui
offre des cadres géographiques de référence pour l’identification, la mise en œuvre
et la coordination d’actions cohérentes en vue de promouvoir le développement
régional, local en adéquation avec les objectifs nationaux (Letaief et al, 2008).
Les processus de décentralisation se sont multipliés et intensifiés avec pour
principal enjeu, la démocratisation et la réappropriation des politiques de
développement par le niveau local.

Aujourd’hui, la quasi-totalité des pays en voie de développement sont engagés


dans des processus de décentralisation avec des niveaux différents dans la mise en
œuvre. Cette évolution s’accompagne d’un accroissement des responsabilités des
collectivités locales avec un renforcement de l’autonomie dans la majeure partie
du continent (PDM, mars 2008).

Les textes sur la décentralisation confèrent aujourd’hui aux collectivités locales un


champ de légitimité politique et de capacité de mobilisation des ressources. Cette
évolution des textes sur la décentralisation est en cohérence avec les tendances les
plus récentes des réformes foncières et des politiques d’aménagement du
territoire en cours dans plusieurs pays avec une reconnaissance de pouvoirs
fonciers locaux et la prise en compte de modalités innovantes de reconnaissance
des droits fonciers fondées sur les pratiques locales (Rochegude, 2007).

Malgré certains acquis, la décentralisation en matière de gestion locale du foncier


et des ressources naturelles, a montré un certain nombre d’obstacles qui entravent
la mise en œuvre du processus.
40

Beaucoup de pays éprouvent aujourd’hui des difficultés à mettre en œuvre le


processus.

Les transferts des compétences annoncés ne sont pas accompagnés de transferts


de ressources nécessaires. Les ressources humaines qualifiées font défaut dans les
administrations locales et l’accès des citoyens aux services publics locaux s’avère
également insuffisant.

Les moyens ne sont pas disponibles si bien qu’au niveau local, les collectivités ont
des difficultés pour assumer efficacement leurs responsabilités, notamment dans
le domaine de l’aménagement du territoire (Letaief et al, 2008).

Certains spécialistes estiment que dans les pays en voie de développement, la


décentralisation a été prématurée car on ne peut décentraliser efficacement
qu’après avoir mis en place un cadre déconcentré fonctionnel pour accompagner
le processus de décentralisation (DGAT/DLR, SNAT Phase II, 2008).

Si les communes doivent avoir des prérogatives en matière d’aménagement du


territoire et de gestion foncière, la détermination exacte de l’espace sur lequel
doivent s’exercer ces prérogatives devient importante (Lavigne-Delville et al,
2002).

Or, malgré deux décennies de mise en œuvre de la décentralisation, les territoires


communaux ne sont toujours pas délimités physiquement dans beaucoup de pays,
encore moins ceux des villages rattachés (Bouju, 1991).

Le découpage administratif territorial en collectivités de divers niveaux se


superpose à celui des circonscriptions administratives et pose d’énormes
problèmes de légitimité. Les frontières des collectivités territoriales sont calquées
le plus souvent sur celles des circonscriptions administratives de l’Etat si bien que
l’exercice des compétences des uns et des autres reste flou (Rochegude, 2002).
L’absence de délimitation des communes ne peut donc que faciliter et entretenir
aussi longtemps que possible des conflits fonciers et compromettre les objectifs de
l’aménagement du territoire (Crosnier, 1997).

Lors de certaines opérations d’aménagement, notamment dans les zones de bas-


fonds, on assiste souvent à des conflits fonciers liés à la non maîtrise des limites
territoriales ou des contradictions entre différents types de contrô le de l’espace.

C’est le cas par exemple au Burkina Faso où la commune de Pouytenga (Région du


Centre Est) et le village de Sapaga (Commune de Zorgho, dans la région du Plateau
Central) se disputent leurs limites territoriales.
41

Lorsqu’en 2004, la SONATUR13 a voulu entreprendre des travaux d’aménagement


et de viabilisation à Sapaga, elle s’est heurtée à des contestations de la part des
populations de Sapaga, des communes de Zorgho et de Pouytenga. Chaque acteur
estime que le site à aménager lui appartient. Les bornes de lotissement initiées par
la commune de Zorgho à Sapaga sont arrachées par des jeunes de Pouytenga en
signe de protestation contre le projet.

Fort heureusement, les différentes médiations tant coutumières


qu’administratives ont permis de calmer momentanément les tensions.

Le levier de bouclier entre les mêmes acteurs a été également observé au début du
mois d’octobre 2007, lors de la construction d’un poste de contrô le routier par le
ministère des Transports. L’implantation du poste de contrô le pour le compte de la
commune de Pouytenga a été vivement contestée par les populations des villages
de Sapaga et de la commune de Zorgho qui estiment que le bâ timent est implanté
sur leur espace foncier et coutumier sans leur autorisation.

Cette fois ci, le conflit entre les acteurs a obligé une délégation conduite par le
ministre de tutelle des collectivités territoriales en fin octobre 2007, à effectuer un
déplacement sur les lieux afin d’apaiser les tensions et prô ner la cohabitation
pacifique.

Est-ce en apaisant seulement les esprits des protagonistes que la question est pour
autant réglée ?
Cette situation n’est pas spécifique à Sapaga, un peu partout au Burkina Faso on
enregistre des cas similaires, d’où l’urgence pour les autorités politiques de
remettre à l’ordre du jour la question de la délimitation des communes.

La décentralisation étant au cœur de l’action publique, les politiques


d’aménagement du territoire et les politiques foncières doivent s’intégrer et
s’inscrire dans une perspective de décentralisation (Letaief et al, 2008).

Aujourd’hui, l’aménagement du territoire et le foncier sont codifiés dans la plupart


des pays avec des instruments de mise en œuvre et de structures de gestion.
Un examen des progrès réalisés par les Etats africains dans la formulation et la
mise en œuvre des politiques foncières et d’aménagement du territoire
appropriées révèle une grande diversité entre les pays africains en termes d’état
d’avancement.

Certains pays sont toujours à la phase initiale de formulation de leur politique


foncière ou d’aménagement du territoire, tandis que d'autres ont déjà formulé de

13
La Société Nationale d’Aménagement des Terrains Urbains (SONATUR), est une société d’Etat créée par décret
n°97-426/PRES/PM/MIHU du 13 octobre 1997. Elle répond au souci du gouvernement de dynamiser sa politique en matière
de logement, d’inciter le privé à intervenir davantage dans le domaine de l’immobilier, d’offrir aux populations un cadre de vie
décent, sécurisé, et à l’abri de toute spéculation foncière.
42

nouvelles politiques qui sont mises en application sur le terrain ou en voie de


l’être.

La lenteur observée par certains révèle de nombreux facteurs tels que le manque
d'engagement et de volonté politique, le manque d’expertise, de connaissance et
de ressources nécessaires, etc.

Les populations et les collectivités territoriales ont souvent été absentes des
débats sur les politiques foncières et d’aménagement du territoire parce qu’elles
n’y ont pas été impliquées ou parce qu’elles n’ont pas mené de réflexion interne
suffisante leur permettant de construire leur analyse et leurs propositions, et donc
de jouer pleinement leur rô le.

Une implication des populations est pourtant essentielle car elles doivent faire
valoir leurs visions, leurs points de vue, leurs priorités pour le développement
durable de leur collectivité. C’est seulement dans le débat autour de problèmes
concrets, dans l’expérimentation de solutions par les acteurs concernés, dans la
recherche de meilleurs compromis et de solutions concertées, que les réponses
consensuelles et appropriées peuvent émerger, servir de référence et favoriser
une meilleure formulation des politiques de développement (Grain de sel n° 36,
2006).

Constatant qu'il y a un foisonnement d’informations disponibles provenant des


résultats de recherches et de l'expérience des nombreux acteurs impliqués dans la
formulation et la mise en œuvre des d’aménagement du territoire sur le continent
et ailleurs, des institutions régionales et continentales, s’organisent de plus en plus
pour mettre en commun leurs forces. L'objectif visé est de développer des
mécanismes viables pour faciliter le flux des connaissances, le partage
d’expériences, le développement des stratégies innovatrices de mobilisation des
ressources, le renforcement de la volonté politique, autant d’éléments essentiels
pour accélérer les processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques et
des réformes législatives et institutionnelles sur le continent.

Grâ ce à l’intégration, on observe de plus en plus un renforcement de la


coopération entre les Etats dans la gestion commune partagée des ressources et
dans l’aménagement du territoire qui est perçu comme une technique
d’amélioration de l’offre de service public en matière foncière, en ce sens que la
question foncière est fondamentale dans l’organisation de l’espace. La prise en
compte du foncier est donc au cœur de toute démarche d’aménagement (Lavigne-
Delville et al, 2000), car tout aménagement intervient sur un espace où s’exercent
des droits (Zèba, 1978).

C’est pour cette raison que l’on considère la loi sur la terre comme une loi sur
l’aménagement de l’espace. La prise en compte de l’aspect foncier dans les actions
d’aménagement du territoire contribue d’une part à la réduction de nombreux
43

conflits entre individus, groupes, communauté, Etats, et d’autre part à la


sécurisation foncière des acteurs ruraux.

La participation et l’implication des populations sont un préalable pour la réussite


des opérations d’aménagement. Elles suscitent l’engagement des futurs usagers,
des communautés concernées et des autorités légitimes et compétentes. Les
aménagements ne seront légitimes que dans la mesure où ils auront été négociés
en s’adossant sur des principes et des autorités légitimes aux yeux de la
communauté locale. Ces règles doivent donc être négociées sur la base des
systèmes fonciers locaux (Lavigne-Delville, 2001).

Là où un aménagement implique une redistribution des droits, il peut provoquer


une spoliation partielle ou totale des ayants droits antérieurs. Par exemple, sur un
terrain dominé par des intérêts parfois antagonistes, la clarification et la
sécurisation des droits des uns risquent de se faire aux dépens de ceux des autres
(Ouédraogo et al, 2005).

Préalablement à tout aménagement du territoire, il importe donc dans un premier


temps, d’avoir une connaissance préalable du contexte foncier local en repérant
les pouvoirs qui s’exercent sur l’espace à aménager, en identifiant les ayants droits
actuels et en anticipant sur les impacts fonciers prévisibles. Dans un second temps,
il s’agit de négocier les règles d’accès et d’exploitation qui vont s’appliquer après
l’aménagement pour éviter des situations d’accès libre sur des ressources de
valeur qui peuvent aggraver la compétition, la surexploitation, et les conflits
fonciers.

Tout aménagement du territoire doit faire l’objet d’une réflexion sur les enjeux
fonciers et les règles d’accès et d’exploitation après aménagement. L’élaboration
de schémas et d’outils cartographiques relatifs à l’aménagement permet une
lecture aisée des enjeux fonciers de l’aménagement par les différents acteurs.

L’une des difficultés des politiques foncières et d’aménagement du territoire dans


les pays africains réside dans l’instabilité institutionnelle et le manque
d’autonomie des structures en charge de l’aménagement du territoire. Selon les
pays, les responsabilités relatives à la mise en application de ces politiques varient.

Si pour les politiques foncières africaines, les instances de gestion sont


généralement stables et rattachées à un seul ministère ou partagées entre divers
ministères sectoriels, celles concernant l’aménagement du territoire sont très
instables. Elles changent souvent de tutelle au gré des orientations politiques et
des remaniements ministériels, ce qui conduit à de perpétuelles reprises des
réflexions ou des actions engagées. Les structures responsables de l’aménagement
du territoire sont généralement rattachées aux ministères en charge du Plan, de
l’Urbanisme, de l’Intérieur, de l’Environnement, de l’Economie, dont les activités
44

principales occultent les préoccupations relatives à l’aménagement du territoire


(UEMOA, 2003).

Dans l’Union européenne également, la recherche d’une meilleure harmonisation


territoriale des politiques sectorielles a longtemps butté sur la faiblesse des
instances politiques d’aménagement du territoire face à des ministères ou des
directions spécialisées dans un domaine précis et jalouses de leur indépendance.
L’expérience a montré que ce n’est que lorsque ces instances sont rattachées
directement à la tête de l’exécutif et dotées de compétences transversales qu’elles
réussissent réellement à imposer des politiques efficaces et durables
d’aménagement du territoire (Cattan, Grasland, 2003).

Pendant longtemps, les bailleurs de fonds n’ont pas accordé beaucoup de


considération à l’aménagement du territoire. Ils ont privilégié les interventions
ponctuelles sectorielles aux dépens des actions à long terme d'où , une répartition
déséquilibrée des infrastructures qui ne répond pas souvent aux besoins des
populations.

Outre les difficultés évoquées, on relève aussi certaines insuffisances qui peuvent
compromettre une mise en œuvre efficace des politiques foncières et
d’aménagement du territoire aussi bien au niveau local, national que supra
national :

Au niveau africain :
- du manque de cohérence entre les politiques foncières et d’aménagement
du territoire d’une part et entre les différentes stratégies sectorielles
gouvernementales d’autre part ;
- de l’insuffisance des moyens techniques et financiers alloués à la mise en
œuvre des politiques foncières et d’aménagement du territoire ;
- de la faiblesse des systèmes d’informations et d’échanges de données sur
l’aménagement du territoire ;
- de la faible fonctionnalité des structures chargées des questions foncières et
d’aménagement du territoire ;
- de l’absence de concertation entre les différents acteurs dans l’élaboration
et la mise en œuvre des actions dans le domaine foncier et celui de
l’aménagement du territoire ;
- de l’inexistence des instruments d’aménagement du territoire que sont les
schémas ;
- de la persistance des droits fonciers coutumiers ou religieux en marge des
structures officiellement mise en place pour la gestion foncière ;
- de l’insuffisance de réglementations spécifiques de la gestion du foncier ;
- de la persistance des conflits fonciers liés à l’absence ou à l’inadéquation des
politiques foncières et d’aménagement du territoire ;
45

- de l’insécurité foncière qui limite les investissements et l’économie de


marché ;
- de la forte croissance démographique et de la pression sur les ressources
naturelles.

Au niveau européen :

- de l’existence de grandes disparités et inégalités territoriales entre les


régions d’un même pays ou de plusieurs pays différents ;
- de l’existence de fortes disparités spatiales des conditions de production ;
- de la faiblesse des budgets alloués aux actions d’aménagement du
territoire par rapport aux autres secteurs d’activités ;
- de la faiblesse des outils d’informations sur l’aménagement du territoire.

Malgré ces lacunes, le foncier et l’aménagement du territoire connaissent un


renouveau illustré par la multiplication d’instances nationales et sous régionales
chargées de la mise en œuvre de nouvelles politiques. Si la création de nombreuses
instances peut être bénéfique pour la mise en œuvre des politiques, il faut que
chaque organisation ait un but spécifique, contribuant au but général de
l’intégration et non aux ambitions d’hégémonie ou de souveraineté de chaque pays
(Coulibaly, 2004).

Par exemple, la création du NEPAD en 2001 par les Chefs d'Etats africains a pour
ambition de relever les défis du continent en matière de pauvreté, de
développement durable, dans le but de promouvoir un cadre socio-économique
intégré de développement pour l'Afrique. Ce partenariat s'inscrit dans les
différentes politiques régionales d'intégration et de développement promues par
les institutions régionales telles que la CEEAC, la CEMAC, la CEDEAO, l’UEMOA, etc.
Sa mise en œuvre s’appuie sur ces dernières qui sont considérées comme des
points focaux régionaux. Toutes ces politiques qui s’inscrivent dans le cadre de
l’intégration régionale ont une influence sur les pratiques foncières et les
politiques d’aménagement et de développement des territoires (PDM, octobre
2008).

De ce qui précède, on peut noter que la politique foncière et la politique


d’aménagement du territoire se conçoivent difficilement de façon séparée car elles
sont intimement liées. De même, elles ont des relations étroites avec d’autres
politiques de développement économique et social. Ce sont des politiques
intermédiaires, c’est-à -dire qu’elles sont elles-mêmes au service d’objectifs
politiques, économiques et sociaux plus larges (Renard, 2003).

Le foncier demeure une question centrale de l’aménagement du territoire, c’est


une question décisive du développement durable (DGAT/DLR, SNAT Vol 1, 2007).
De ce fait, l’aménagement du territoire ne doit pas se concevoir de façon isolée
46

mais s’articuler avec toutes les autres actions et politiques de développement, en


vue de favoriser une répartition harmonieuse des activités économiques sur
l’ensemble du territoire.

L’incertitude qui règne aujourd’hui dans la plupart des pays en voie de


développement en matière foncière est un véritable facteur de blocage du
développement socio-économique. Sans une véritable réglementation foncière
opérationnelle et acceptée par les populations, il n’y a pas d’action territoriale
possible et réciproquement l’aménagement du territoire ne peut atteindre son
objectif sans une prise en compte appropriée de la question foncière (DGAT/DLR,
SNAT Phase II, 2008).

Le foncier et l’aménagement du territoire sont l'affaire des techniciens dans la


préparation des projets et dans la mise en œuvre des actions retenues, mais la
décision appartient aux instances politiques. Celles-ci interviennent selon leurs
options idéologiques avec des modalités variables selon les pays. Là où l'Etat est
tout-puissant, ces questions sont pratiquées de façon autoritaire. C'est le cas dans
la majorité des pays en voie de développement où le volontarisme était extrême
sur ces questions avec parfois des effets négatifs sur les ressources naturelles et
l’économie nationale.

Dans les démocraties, la question foncière et l'aménagement du territoire sont


concertés et diverses instances permettent de confronter les points de vue à divers
niveaux, de concilier les intérêts divergents et de limiter les mécontentements.

Les Etats membres de l’Union Européenne se sont rendu compte à un certain


moment, qu’ils ne parlaient pas tout à fait de la même chose en matière
d’aménagement du territoire, car les différences de conception étaient grandes
d’un Etat à un autre. Ces écarts sont le résultat de problématiques différentes
relevant de la structure spatiale et géographique des différents pays, mais aussi de
la tradition historique, administrative et politique propre à chacun d'eux. Les
logiques de l’aménagement du territoire, le fonctionnement institutionnel, les
instruments de mise en œuvre, ainsi que l’interprétation du terme même,
dépendent en grande partie du contexte national. Les diversités d'approche qui
s’imbriquent les unes aux autres amènent les Etats à réfléchir de plus en plus à une
échelle régionale pour leur résolution (Guder, 2003).

Au moment où le processus d’intégration se poursuit, une meilleure organisation


et coordination des politiques d’aménagement du territoire paraît fondamental.
C’est pour cela que l’Union Européenne et l’UEMOA, au-delà d’une politique
commune d’aménagement du territoire, ont également élaboré ou sont en voie
d’élaboration d’autres politiques sectorielles (politique agricole commune,
politique de développement rural, etc.) qui concourent à une meilleure cohérence
des actions au sein de l’espace.
47

La politique foncière se doit d'être évolutive et cohérente avec les évolutions


économique, sociale et les différentes stratégies sectorielles gouvernementales.
Le rô le de l'Etat est avant tout de définir les grandes orientations politiques et un
cadre de participation des différents acteurs à la conception, à la mise en œuvre et
au suivi des stratégies en essayant en même temps de concilier les différents
intérêts en jeu (Coopération Française, 2000).

Si la question de l’aménagement du territoire est prise en compte dans les


politiques communautaires africaine et européenne, il n’en est pas de même pour
la question foncière. Certes, nous avons déjà signifié que des démarches et des
concertations sont en cours au sein de l’Union Africaine pour avoir une approche
commune face aux politiques foncières, mais le document en projet n’est pas
encore adopté officiellement par les chefs d’Etat.

L’un des objectifs majeurs des politiques foncières est la sécurisation foncière des
acteurs. Le foncier est considéré comme un enjeu stratégique de cohésion sociale
et de maintien de l’ordre public, car pour contrô ler la société il faut contrô ler
l’espace. De même, il faut maîtriser le foncier pour faire valoir ses droits et
affirmer son autorité (Boubou, 2001).

C’est vrai qu’il n’est pas toujours possible de sécuriser tous les acteurs du foncier.
Même avec une vision de « gagnant-gagnant », il y a parfois des acteurs qui se
sentiront toujours lésés et il y aura forcément des choix à faire (Lavigne-Delville et
al, 2002).

Comment négocier alors dans ce contexte, de nouvelles règles du jeu qui soient
autant profitable à tous dans un esprit de « gagnant-gagnant », et qui ne soient pas
fondées sur la force et sur l’exclusion de l’autre ?

Régler les questions foncières et d’aménagement du territoire demande donc à


faire des choix politiques, car une loi favorisera éventuellement tel ou tel type
d’acteur ou une catégorie sociale, au détriment d’autres. Il faudra alors mettre en
place des mécanismes appropriés pour atténuer les effets de ces choix (PGNT,
1993).

Pour aborder efficacement ces questions, il importe de se transposer dans une


approche qui mette constamment en relief la diversité des pratiques, la complexité
des facteurs en interaction, la multiplication des analyses et des solutions trouvées
(Cubrilo, Goislard, 1998).

L'horizon du foncier et de l’aménagement du territoire est si vaste et touche à


plusieurs disciplines que sont, le droit, la géographie, la sociologie, l'économie,
l'agronomie, etc (Ciparisse, 2005). L’analyse des politiques foncières et
d’aménagement du territoire fait apparaître les aspects transversaux,
pluridisciplinaires et multisectoriels de la question, de même que l’implication de
48

différents acteurs. Il s'avère donc indispensable de bâ tir un cadre commun


d’analyse sur les réformes nécessaires et aboutir à des solutions pertinentes et
efficaces. Certes des avancées ont été constatées dans ce sens, mais ces politiques
restent en constante évolution tant les théories, les concepts, les courants de
pensée, les approches ou les enjeux autour de ces questions connaissent des
mutations profondes.

De plus en plus, certains spécialistes s'intéressent au concept de management du


territoire, en intégrant aux politiques publiques de gestion territoriale, des
modèles, instruments et outils de management propres aux milieux privés afin de
favoriser un développement conciliant efficacité, équité, durabilité et créativité
(Decoutère, Ruegg, 1996).

Aujourd'hui, les mentalités ont évolué et les populations, les décideurs et les
bailleurs de fonds ont pris conscience de la nécessité d'adopter une approche, non
plus restrictivement économique mais de gestion en ce qui concerne le foncier et
l'aménagement du territoire.

L'organisation sociale et foncière, l’occupation spatiale et les rapports des hommes


aux ressources naturelles sont devenus des questions primordiales venant en
amont de toute action de développement durable (Barrière, 1997).
Les populations, les collectivités locales et l’Etat ont chacun un rô le vital à jouer
dans les politiques foncières et d’aménagement du territoire du fait de leurs
pratiques traditionnelles, de leurs connaissances du milieu et de leurs
prérogatives.

L’Etat devrait reconnaître aux populations et aux collectivités locales, leur identité,
leur culture, leurs intérêts, et leur accorder tout l'appui nécessaire pour leur
permettre de participer efficacement à la réalisation d'un développement socio-
économique durable14.

Maîtriser la question foncière et avoir l’esprit d’anticipation, est de notre point de


vue, la clé indispensable de la réussite d'un aménagement équilibré et harmonieux
du territoire.

14
Principe 22 de la déclaration de Rio de Janeiro (Brésil) sur l’environnement et le développement du 3-14 juin 1992
49

CONCLUSION GENERALE

De nombreux pays ont engagé dans diverses parties du monde aux cours des
dernières décennies des réformes foncières ou agraires, des politiques
d’aménagement du territoire, des expériences de gestion négociée et concertée des
ressources naturelles, etc.

Malgré la multitude des travaux de recherche, la question des politiques foncières


et d’aménagement du territoire demeure toujours controversée et complexe.
Alors que certains acteurs prô nent la privatisation des terres et le développement
du marché, d’autres défendent plutô t la reconnaissance des droits des
communautés locales.

Pendant que certains parlent de développement équilibré et cohérent des


territoires, d’autres privilégient la compétitivité et l’attractivité des territoires
nationaux.

Les choix politiques, institutionnels, opérationnels sont variés et plusieurs


disciplines sont concernées par ces questions (Grain de sel n° 36, 2006).

Les liens entre les politiques publiques s’affirment de plus en plus au détriment
d’une approche sectorielle qui a prévalu pendant longtemps. Aujourd'hui, une
meilleure articulation des politiques conduites aux différents niveaux de
gouvernance devient indispensable.

Pour coordonner, accompagner la mise en œuvre de ces politiques nationales et


impulser une dynamique de développement, l’Etat est amené à recentrer ses
actions sur ses missions régaliennes et déconcentrer ses services et structures afin
de mieux appuyer sur ses territoires le développement socio-économique.
L’aménagement du territoire est central dans cette évolution (Ministère des
Affaires Etrangères, 2006).

Le développement durable est un concept offensif qui prétend traiter les


problèmes au niveau des causes, alors qu’en visant seulement la réduction de la
pauvreté l’on se place dans une position défensive qui traite seulement des
conséquences. C’est pour cela, que la cohérence des politiques publiques
nationales passe par le choix de fil directeur et l’aménagement du territoire à
travers ses outils, est un cadre de référence approprié pour concilier ces concepts
(DGAT/DLR, SNAT Vol 1, 2007). Dans ce sens, l’approche territoriale permet de
mieux cerner la réorganisation spatiale (Alvergne, 2008).

Face à l'accélération des mutations rurales et urbaines, le foncier et


l’aménagement du territoire sont amenés à se placer dans le référentiel du
développement durable qui introduit des aspects temporels, des échelles spatiales
multiples, ainsi que la concertation basée sur l’information régulatrice. Cette
approche essaye de réduire sensiblement les conflits fonciers en favorisant une
50

implication et une participation plus ouverte aux acteurs concernés pour la


construction d'un consensus et d’une paix sociale durable.

Cependant, dans le souci d'acquérir la crédibilité nécessaire pour prendre part


efficacement au processus de décision, l'ensemble des acteurs participant à un
processus de gestion du territoire doit disposer d'un accès à l'information lui
permettant d'élaborer une vue d'ensemble des enjeux impliqués. Dans ce sens,
l’élaboration des schémas d’aménagement du territoire aux différentes échelles
spatiales contribuera de mieux structurer l’espace national et organiser les
activités socio-économiques (Joerin et al, 2001).

Toutefois, en amont de ces politiques, il y a des actions fondamentales à envisager


préalablement pour espérer atteindre les objectifs escomptés. Il faut en effet
œuvrer à une meilleure maîtrise des dynamiques démographiques, notamment
par une meilleure régulation de la croissance naturelle de la population et des flux
migratoires. Il s'agit aussi de renforcer la coopération régionale pour apporter des
réponses collectives et durables aux problèmes urgents auxquels sont confrontées
les populations. Aussi, faudra-t-il mettre à profit les complémentarités et les
diversités pour aller dans le sens d’un développement concerté et solidaire. Ce
sont des politiques foncières et d’aménagement de territoires intégrées que les
Etats doivent mettre en œuvre collectivement, de façon cohérente et concertée,
notamment dans le cadre des institutions d’intégration régionale existantes ou à
créer (PDM, 2008).

De tout ce qui précède, théoriquement on constate que l’aménagement du


territoire est un instrument de gestion du foncier en ce sens que les politiques et
législations en matière d’aménagement du territoire déclinent pour la plupart, les
principes d’aménagement et de gestion du foncier au niveau territorial. Les
questions foncières sont intégrées dans les politiques d’aménagement qui sont
considérées comme des cadres de référence de l’organisation et de gestion de
l’espace territorial, constituant de ce fait pour la puissance publique un outil
fondamental pour la promotion d’un développement socio-économique durable et
équilibré.

Dans la pratique, l’hypothèse selon laquelle l’aménagement du territoire est un


instrument de gestion du foncier est à relativiser compte tenu de la variabilité des
approches et des résultats mitigés observés lors de la mise en œuvre des
politiques foncières et d’aménagement du territoire.

Si dans certains pays, notamment ceux du Nord, l’aménagement du territoire a


permis d’organiser l’espace et de mettre en place des instances et des instruments
appropriés de gestion foncière, il n’en est pas de même dans beaucoup de pays en
voie de développement où les politiques foncières et d’aménagement du territoire
ne sont pas toujours bien articulées et mises en cohérence.
51

Malgré les résultats de nombreux travaux déjà effectuées sur le foncier et


l’aménagement du territoire, il est difficile de trouver des modèles types
opérationnels susceptibles d’être généralisés dans les politiques publiques de
développement pour servir de référence et d’aide à la décision (Lavigne-Delville et
al, 2002).

Par la volonté, la motivation et l’engagement soutenu des acteurs observés ces


dernières décennies et tenant compte aussi des avancées enregistrées et de la
constance dans les efforts, il est possible d’envisager des lendemains meilleurs
pour les politiques foncières et d’aménagement du territoire dans une perspective
d'un développement équilibré, économiquement prospère et socialement paisible.

C’est un processus itératif qu’il faut mettre en œuvre, où rien n’est gagné
définitivement. De ce fait, il faut dès à présent poser les jalons du futur parce que le
développement durable n’est pas ponctuel (Tondé, 1994). C’est un phénomène de
longue haleine qui ne peut se contenter de gérer seulement le présent, car tout
arrêt représente un recul.
52

Bibliographie

 Littérature scientifique

1. ALVERGNE C., 2008. Le défi des territoires. Comment dépasser les disparités
spatiales en Afrique de l'Ouest et du Centre ? Karthala. Paris. 264 p.

2. BARRIERE C., 1997. Le foncier-environnement : Fondements juridico-


institutionnels pour une gestion viable des ressources naturelles renouvelables
au Sahel. Editions FAO. Col. " Etudes législatives " n° 60. Rome. 119 p.

3. BARY H. et al., décembre 2005. Diagnostic de la situation de sécurisation


foncière en milieu rural. Rapport final. Cabinet Juridique DID International.
Burkina Faso. 66 p.

4. BOUBOU P., 2001. Pour un droit à la portée de tous. Guide juridique pratique.
Commission Justice et Paix/ SCAC. 255 p.

5. BOUJU J., 1991. Pouvoirs et légitimités sur le contrô le de l’espace rural.


L’exemple du Ganzourgou (Burkina Faso). In « D’un savoir à l’autre ». Ministère
de la Coopération et du développement. GRET. Paris. pp 60-70.

6. CATTAN N., GRASLAND C., janvier 2003. Un réseau de coopération pour un


meilleur aménagement du territoire. In « Territoires d’Europe/Territoires du
monde ». n°7. DATAR. pp 141-176.

7. CHAUVEAU J-P., LAVIGNE-DELVILLE P., 2002. Quelles politiques foncières


intermédiaires en Afrique de l'Ouest francophone. In « Comment réduire
pauvreté et inégalités en Afrique. Pour une méthodologie des politiques
publiques ». IRD-Karthala. Paris. pp 211-239.

8. CLUZET A., juin 2008. Changer de modèle : oser le "ménagement" territorial. In


« Pouvoirs locaux ». n° 77. pp 43-48.

9. COULIBALY C., mai 2004. Enjeux fonciers en Afrique de l’Ouest : Problématique


Démocratie / Développement. Les enjeux fonciers dans un contexte de
libéralisation et de décentralisation. UMB. Bamako. 6 p.

10.DECOUTERE S., RUEGG J., 1996. Le management territorial. Pour une prise en
compte des territoires dans la nouvelle gestion publique. Presses
Polytechniques et Universitaires Romandes. Lausanne. 320 p.

11.DUVALOVA O., octobre 1996. La situation des campagnes russes dans la


période de transformations économiques. In
« (http://base.d-p-h.info/fr/corpus_auteur/fiche-auteur-1051.html) ».
53

12.GIRAUT F., VANIER M., 2006. Etude comparée des politiques d’aménagement
du territoire et de développement régional dans les pays du Sud. Direction
générale de la Coopération internationale et du développement du Ministère
des Affaires Etrangères. Paris. 133 p.

13.GUDER U., octobre 2003. L’aménagement du territoire et la politique régionale


en Allemagne : Vers une européanisation en douceur ? Document de travail. 46
p.

14.JOERIN F. et al., 2001. L’aménagement du territoire. Potentiels des instruments


d’aide à la décision. In « Revue internationale de géomatique ». Volume 11. n°
3-4. pp 309-332.

15.KRAUSE H., WIKTORIN D., 2009. L'aménagement du territoire : schémas


directeurs, objectifs, instruments. Textes Géographiques Virtuels (TGV) sur
l’Allemagne. In « (http://www.v-g-t.de/francais/brd/module/m3/u5.htm) ».

16.LAVIGNE-DELVILLE P., BOUJU J., Le ROY E., octobre 2000. Prendre en compte
les enjeux fonciers dans une démarche d’aménagement : Stratégies foncières et
bas-fonds au Sahel. GRET. Paris. 128 p.

17.LETAIEF M.B. et al., 2008. Cités et gouvernements locaux unis : La


décentralisation et la démocratie locale dans le monde. Premier rapport
mondial. pp 23-52.

18.LOMAKINA D., 2003. Planification urbaine et aménagement des territoires dans


la Fédération de Russie. Ministère de l'Equipement. Centre de documentation
de l'urbanisme. Paris-La-Défense. France. 46 p.

19.MERLIN P., décembre 1976. Aménagement régional et urbain et villes


nouvelles au Japon. Cahiers de l'IAURIF. Vol. 44. France. 95 p.

20.MERLIN P., 2002. L’aménagement du territoire. Collection Premier cycle. PUF.


448 p.

21.MOINDROT C., 1967. L’aménagement du territoire en Grande Bretagne.


Association des Publications de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de
l’Université de Caen. 299 p.

22.ORIS M. et al., 2001. Démographie, aménagement du territoire et


développement durable de la société belge. Contrat de recherche
n°HL/DD/018. Programme « Leviers d’une politique de développement
durable ». Rapport final. 119 p.
54

23.OUEDRAOGO H. M. G. et al., janvier 2005. Etude comparative de la mise en


œuvre des Plans Fonciers Ruraux en Afrique de l’ouest : Bénin, Burkina Faso,
Cô te d’Ivoire. Etudes juridiques de la FAO. 41 p.

24.PITTE J-R., 2002. «Philippe Lamour, 1903-1992, Père de l’aménagement du


territoire en France» Résumé. 6 p.

25.RENARD V., 2003. L’improbable convergence des systèmes fonciers : de la


difficulté de transférer des outils de politiques foncières d’un pays à un autre.
Etudes Foncières. n° 100. 5 p.

26.ROCHEGUDE A., 2002. Foncier et décentralisation. Réconcilier la légalité et la


légitimité des pouvoirs domaniaux et fonciers. Cahiers d’Anthropologie du
Droit. pp 15-43.

27.ROCHEGUDE A., mai 2007. Décentralisation et gouvernance territoriale des


terres et des ressources naturelles : cadre institutionnel, enjeux politiques,
pratiques. LAJP. Paris 1 Panthéon-Sorbonne. 12 p.
28.THIEBA D., ZONGO M., mars 2003. Enjeux fonciers et développement durable
dans les zones libérées de l’onchocercose au Burkina Faso. GRAF. 18 p.

29.YAPI-DIAHOU A., 2005. D’hier à demain : Les défis de l’aménagement du


territoire en Afrique de l’Ouest. In « L’aménagement au défi de la
décentralisation en Afrique de l'Ouest ». Collection « Villes et Territoires ».
PUM. Toulouse. pp 39-58.

 Littérature institutionnelle et administrative

1. Constitution du Burkina Faso du 02 juin 1991, révisée par la loi 001-2002/AN


du 22 janvier 2002. Edition d'avril 2002. 62 p.

2. Ordonnance n° 84-050/CNR/PRES du 04 Aoû t 1984 portant Réorganisation


Agraire et Foncière au Burkina Faso.

3. Décret n° 85-404/CNR/PRES du 04 Aoû t 1985 portant application de la RAF au


Burkina Faso.

4. ZATU n° AN-VIII-0039 Bis/FP/PRES du 04 juin 1991 portant Réorganisation


agraire et foncière au Burkina Faso.

5. KITI n° AN-VIII-0328 TER/FP/PRES/PLAN-COOP du 04 juin 1991 portant


application de la RAF au Burkina Faso.

6. Loi 014/96/ADP du 23 mai 1996 portant Réorganisation Agraire et Foncière au


Burkina Faso.
55

7. Décret n° 97-054/PRES/PM/MEF du 06 Février 1997 portant conditions et


modalités d'application de la RAF au Burkina Faso.

8. Loi n° 055-2004/AN du 21/12/2004 portant Code Général des Collectivités


Territoriales au Burkina Faso.

9. Décret n° 2006-362/PRES/PM/MEDEV/MATD/MFB/MAHRH/MID/MECV du
20 juillet 2006 portant adoption de la politique nationale d’aménagement du
territoire (PNAT) au Burkina Faso.

10.Décret n° 2007-610/PRES/PM/MAHRH du 04 octobre 2007 portant adoption


de la politique nationale de sécurisation foncière en milieu rural au Burkina
Faso.

11. Loi 034-2009/AN du 16 juin 2009 portant régime foncier en milieu rural au
Burkina Faso.

12.Décret n° 2009-500/PRES du 13 juillet 2009 promulguant la loi n°


034-2009/AN du 16 juin 2009 portant régime foncier en milieu rural au
Burkina Faso.

13.Loi n° 99-533 du 25 juin 1999 portant orientation pour l'aménagement et le


développement durable du territoire et portant modification de la loi n° 95-115
du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du
territoire en France.

14.Décret n° 2005-1791 du 31 décembre 2005 transformant la DATAR en DIACT.


15.Loi n° 95-115 du 4 février 1995 d’orientation pour l’aménagement et le
développement du territoire en France.
Loi n°024-2018/AN du 28 mai 2018 portant loi d’orientation sur l’aménagement
et le développement durable du territoire au Burkina Faso
Décret
n°2020-1048/PRES/PM/MINEFID/MATDC/MUH/MAAH/MEEVCC/MRAH/ME
A/MMC determinant les conditions et les modalités d’application de la LOADDT
16. Loi n° 2001-32 du 31 décembre 2001 portant orientation de la Politique
d’Aménagement du Territoire de la République du Niger.

17.Conseil International de la Langue Française (CILS), 1976. Vocabulaire de


l'environnement. Hachette. Paris. 144 p.

18.Coopération française, septembre 2000. La dimension foncière du


développement rural en Afrique de l'Ouest Note DCT N° 14 / 00. 17 p.
56

19.DGAT/DLR, juin 2007. Etude du Schéma National d’Aménagement du territoire


du Burkina Faso « Bilan-Diagnostic-Orientations ». Rapport de première phase.
Volume 1 : Synthèse. 317 p.

20.DGAT/DLR, juin 2007. Etude du Schéma National d’Aménagement du Territoire


du Burkina Faso « Bilan-Diagnostic-Orientations ». Rapport de première phase.
Volume 3 : Analyses thématiques et sectorielles. 214 p.

21.DGAT/DLR, juin 2008. Etude du Schéma National d’Aménagement du Territoire


du Burkina Faso « Elaboration du SNAT ». Deuxième phase. Rapport provisoire
de phase II.
422 p.

22.Ministère des Affaires Etrangères (France). Direction Générale de la


Coopération Internationale et du Développement, 2006. La politique
d’aménagement et de développement durable du territoire en France. 100 p.

23. PDM, mars 2008. Les impacts territoriaux des projets du NEPAD en Afrique de
l’ouest et du Centre : Perspectives d’aménagement du territoire en Afrique de
l’ouest et du Centre. Résumé-Synthèse de l’étude. 49 p.

24. PDM, octobre 2008. Les impacts territoriaux des projets du NEPAD en Afrique
de l’ouest et du Centre : Perspectives d’aménagement du territoire en Afrique
de l’ouest et du Centre. Résumé des principales conclusions et
recommandations de l’étude. 10 p.

25.PNGT, février 1993 : Atelier national sur la problématique foncière et la


décentralisation. Document de synthèse. Bobo-Dioulasso. 41 p.

26.UEMOA, Département de l’Aménagement du Territoire Communautaire, des


Infrastructures, des Transports et des Télécommunications, septembre 2003.
Document cadre d’orientations générales de la Politique d’Aménagement du
Territoire Communautaire de l’UEMOA., 53 p.

 Littérature grand public

1. BRUNET R., FERRAS R., THERY H., 1993. Les mots de la géographie.
« Dictionnaire critique». La Documentation Française. Reclus. Paris. 518 p.

2. CIPARISSE G (dir)., 2005. Thésaurus multilingue du Foncier. Version française.


Deuxième édition. FAO. Rome. 246 p.

3. CUBRILO M., GOISLARD C., 1998. Bibliographie et lexique du foncier en Afrique


Noire. Coopération française. Edition Karthala. Paris. 415 p.
57

4. Dictionnaire « Le Larousse ». Edition 2003.

5. Dictionnaire « Le Petit Robert ». Edition 1993.

6. DI MEO G., 1998. Géographie sociale et territoires. Nathan.

7. LE BERRE M., 1992. Encyclopédie de la géographie. Economica.

8. MARCHAND P., 1997. L’agriculture post-soviétique, la crise sans mutation ?


Annales de géographie. n° 597. pp 459-478.

9. MERENNE-SCHOUMAKER B., 1994. Didactique de la géographie. Nathan


pédagogie. 255 p.

10. Revue Grain de sel. Septembre - novembre 2006. N° 36. Quels enjeux fonciers,
p 12-26

 Mémoires

1. CISSE A. N., 1998. Mise en œuvre des programmes de développement et


problématique de l’aménagement du territoire. Mémoire de maîtrise en droit
public. Faculté de droit et de science politique. Université de Ouagadougou. 61
p.

2. CROSNIER Y., octobre 1997. Problématiques foncières en Afrique : Des outils


sont disponibles. Mémoire de Master spécialisé en aménagements fonciers et
systèmes cadastraux. CNAM/ESGT-CEMAGREF. 21 p.

3. PARE O., 2004. L’aménagement du territoire communautaire dans l’espace


UEMOA. Mémoire de maîtrise en droit Public de l’UFR/SJP. Université de
Ouagadougou. 50 p.

4. PORGO A., 2006. L’aménagement du territoire au Burkina Faso : contribution


du Fonds de l’Eau et de l’Equipement Rural (FEER). Mémoire de fin d’études
cycle A ENAM. 60 p.

5. SERE S., 2009. Contribution de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africain


(UEMOA) à l’aménagement du territoire : les enjeux pour le Burkina Faso.
Mémoire de fin d’études cycle A ENAM. Ouagadougou. 56 p.

6. TONDE A.J., 1994. Rô le, importance et gestion des espaces verts dans la ville de
Ouagadougou. Mémoire de maîtrise. Département de Géographie. Université de
Ouagadougou. 86 p.
58

7. TONDE A.J., 2009. Le foncier rural dans l’aménagement du territoire. Master de


recherche en géographie. Option Aménagement du territoire. Département de
Géographie. Université de Ouagadougou. 83 p.

8. TONDE A.J., 2011. Les changements de destination de terrain dans la commune


de Ouagadougou (Burkina Faso). DESS en Planification Régionale et
Aménagement du Territoire. Institut panafricain pour le développement
Afrique de l’Ouest/Sahel (IPD/AOS). Ouagadougou. 84 p.

 Colloques, séminaires, conférences, communications, rapports, cours.

1. ABDOUL KARIM M., BRETEL J-M., CHABBERT J., 2006. Les frontières de la
question foncière : Processus d’élaboration et de mise en œuvre du Code Rural
au Niger (Bilan et perspectives). Colloque International. Montpellier. 15 p.

2. DIOP A., MIOSSEC J-M., avril 2009. Comparatisme en aménagement du


territoire : mimétisme et spécificité en Afrique de l’Ouest, Maghreb, France.
Colloque international organisé par l’équipe de recherche Gestion des Sociétés
des Territoires et des Risques (GESTER). Université Paul Valéry. Montpellier.
France. 11 p.

3. DOMINGO E., février 2005. La problématique de l’environnement dans le


littoral ouest africain : Réflexions à partir du cas du Bénin. Communication
effectuée lors du séminaire de Bamako le 16 février 2005. PDM. Université
d’Abomey-Calavi (Bénin). 11 p.

4. FARHI R., aoû t 2001. Gestion de l'eau et aménagement du territoire au Japon.


Résumé de cours. 28 p.

5. FRANCOIS-PONCET J., mars 2005. L’évolution de la politique de l’aménagement


du territoire en France. Communication au colloque inter académique de Caen
le 10 mars 2005.

6. HUMEAU J-B., 2006. Aménagement de l’espace en Europe. Cours de géographie.


13 p.

7. LAVIGNE-DELVILLE P., OUEDRAOGO H. M. G., TOULMIN C., mars 2002. Pour


une sécurisation foncière des producteurs ruraux. Actes du séminaire
international d'échanges entre chercheurs et décideurs de Ouagadougou. GRAF,
GRET, IIED. 179 p.

7. MIZRAHI R., 1998. Rapport du Comité Interministériel d'Aménagement et de


Développement du Territoire (C.I.A.D.T.) sur la Complémentarité des politiques
d'aménagement du territoire dans le bassin méditerranéen européen. 7 p.
59

8. NAMA R., 2007. Les fondements historiques de l’aménagement du territoire.


Année scolaire 2007-2008. Cours. Cycle A ENAM. Ouagadougou. 64 p.

9. ZEBA I., 1978. Rô le de l’aménagement du territoire dans le développement


économique et social de la Haute Volta (cas des AVV). Mémoire de maîtrise.
Faculté de droit et des Sciences économiques. Yaoundé. 69 p.

10.WOLLBRETT J-F., 2000. Vers une politique communautaire d’aménagement du


territoire ? Mémoire de master. 62 p.

 Sites Internet

1. www.amenagement-afrique.com
2. www.dgatdlr.bf
3. www.apad.revues.org
4. www.apm-monde.com
5. www.fao.org
6. www.foncier-developpement.org
7. www.gret.org
8. www.hubrural.org
9. www.iamm.fr
10. www.icarrd.org
11. www.ird.fr
12. www.pdm-net.org
13. www.uemoa.int
14. www.uneca.org
15. www.wikipedia.org

Vous aimerez peut-être aussi